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Point de presse de Mme Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques

Version finale

Thursday, September 29, 2016, 11 h 31

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures trente-deux minutes)

Mme Massé : Alors, bonjour, tout le monde. Alors, après deux semaines d'allégations, de révélations, d'apparences de conflit d'intérêts, ce qui nous intéresse, à Québec solidaire, plus que jamais, ce n'est pas réellement de jugement de M. Lessard, mais bel et bien celui de M. Philippe Couillard lui-même en personne. Dans le fond, la question qui me vient très spontanément, c'est : Quelle sorte de premier ministre est-il pour continuer à avoir une confiance aveugle à un ministre qui n'arrive même pas à comprendre c'est quoi, le concept de conflit d'intérêts ou d'apparence de conflit d'intérêts?

M. Couillard continue de pavoiser, de dire qu'il a même confiance, hein? Pas plus tard que ce matin, il a encore réitéré la confiance en son ministre. Alors, moi, la question qui me vient, c'est : C'est quoi, le point limite de M. Couillard? C'est quoi, son seuil de tolérance? C'est à partir de quel moment, pour M. Couillard, que l'apparence de conflit d'intérêts nécessite son intervention?

Puis je vais vous avouer que c'est très préoccupant parce qu'en matière de jugement je me rappelle, par exemple, que M. Couillard, par le passé, ne nous a pas nécessairement toujours réservé de beaux jours. Je repense, par exemple, à sa confiance qu'il a quelques fois réitérée à M. Arthur Porter, par exemple, en décidant même d'être en affaires avec lui, de partir en affaires avec lui. Je vais vous avouer que la confiance du premier ministre, parfois, me paraît manquer un peu de jugement.

Je me suis dit aussi, tantôt, en écoutant les réactions en Chambre : Ou bien le premier ministre n'a pas pris la peine de vérifier des choses concernant M. Lessard, concernant, par exemple, toute la question que l'opposition soulevait, les différentes questions qui ont été soulevées hier et aujourd'hui, mais soit qu'il ne les a pas vérifiées ou qu'il est au courant. Je reviens toujours un peu à cette boucle-là, c'est : ou bien ce premier ministre là nomme des ministres... et pas seulement des ministres, des gens qui occupent des postes, comme la nouvelle révélation de ce matin, M. MacKay, aussi, qui a été nommé. Ça me rappelle constamment, de ce gouvernement-là, que la culture du post-it n'est pas terminée.

Puis là je reviens sur un autre dossier sur lequel j'intervenais dernièrement, on finit par se dire qu'on ne l'aura jamais, cette vérité-là, par rapport à RONA. C'est un autre exemple où on voit que ce gouvernement-là se protège, tout le monde se protège entre eux.

Alors, pour moi, pour nous, à cette étape-ci, on le voit, le problème est gros et cyclique. Je peux comprendre que le premier ministre n'est pas intéressé à tasser un troisième ministre, mais là, présentement, la preuve est étalée publiquement, et je ne comprends pas où est le seuil de tolérance, où se situe le seuil de tolérance du premier ministre. J'aimerais bien qu'il nous l'explique.

M. Bovet (Sébastien) : Quelle est la faute la plus grave de M. Lessard?

Mme Massé : En fait, moi, ce que je vous dis aujourd'hui, c'est que la faute la plus grave, c'est ce premier ministre qui revient constamment avec des ministres qui laissent entendre… Sa faute la plus grave…

M. Bovet (Sébastien) : Mais à M. Lessard, pas à M. Couillard, M. Lessard. Pourquoi ça justifie qu'il doive se retirer de ses fonctions? Je m'excuse de vous interrompre.

Mme Massé : Oui, oui, bien, je comprends. Bien, en fait, nous, ce qu'on dit depuis une semaine, et cette demande, on l'a faite dans un premier temps à M. Lessard même, c'est qu'on n'est pas à juger de M. Lessard à cette étape-ci, ce qu'on dit, juste, c'est : Le conflit d'intérêts et l'apparence de conflit d'intérêts, c'est égal quand tu es rendu ministre surtout et ministre d'un ministère qu'on sait qu'il est problématique, qu'on sait qu'il nécessite une... le mot ne me vient pas, un Conseil des ministres... un ministre, pardon... un ministère, voyons, qui nécessite quelqu'un qui lave plus blanc que blanc. C'est la seule expression qui me vient, que je trouve parfois un peu bizarre, mais vous comprenez ce que je veux dire. Alors, c'est plus dans la perspective de dire : Puisqu'il y a apparence de conflit d'intérêts, puisque les Québécois et Québécoises en ont assez de ce que le ministère du Transport... ce qui se passe là n'est pas mis à jour, puisque cette culture du copinage et du post-it que les différents gouvernements libéraux nous ont habitué dans les dernières années semble se perpétuer — et on le voyait encore avec les révélations de ce matin — on se dit : Non, là, c'est assez, c'est assez. Et c'est pour ça qu'on interpelle le premier ministre et son jugement.

M. Bovet (Sébastien) : Sur les révélations de ce matin, il y a deux choses ce matin, dont une, qui est que M. Nadeau, Yvon Nadeau, et M. Lessard auraient fait des pressions sur le titulaire de la SHQ, la Société d'habitation du Québec, pour obtenir des logements dans la circonscription de M. Lessard. Est-ce que ça vous est déjà arrivé, vous, de faire pression sur le titulaire d'une charge publique pour faire avancer des dossiers?

Mme Massé : Bien, c'est-à-dire, faire pression est une chose, échanger sur un dossier en est une autre. Effectivement, moi, je concède que notre rôle de député, c'est de s'assurer qu'il y a des dossiers qui sont dans nos circonscriptions... et j'en ai quelques-uns actuellement dans ma circonscription, en culture, dans différents dossiers... dans différents secteurs, je veux dire, et c'est sûr...

M. Bovet (Sébastien) : Alors, en quoi il y a une faute pour M. Lessard de faire ça?

Mme Massé : C'est-à-dire que moi, je réitère, je ne suis pas à juger qu'il y a faute ou non. Ce que je dis, c'est que l'addition des choses qui créent ce sentiment de conflit d'intérêts, cette apparence de conflit d'intérêts, c'est à ça qu'on interpelle M. Lessard lui-même et qu'on interpelle le premier ministre, c'est de dire : C'est tellement essentiel dans ce ministère-là, qu'on le sait parce que la commission Charbonneau nous a laissé savoir, parce que M. Poëti nous a laissé savoir, nous savons qu'il y a un problème au niveau de ce ministère-là, et donc on trouve essentiel que la personne qui en a la responsabilité soit loin de tout ce qui pourrait ressembler à du conflit d'intérêts.

M. Rémillard (David) : M. Khadir, hier, faisait référence à une espèce de commission d'élus qui pourrait passer au peigne fin, là, tous les dossiers qui ont cheminé chez les libéraux et même tous les élus, surtout pour ce qui est des ministres. À ce niveau-là, est-ce que vous avez encore confiance en qui que ce soit, dans ce gouvernement-là, qui pourrait prendre le ministère des Transports? Je pense à M. Poëti, par exemple.

Mme Massé : Bien, c'est-à-dire que la proposition de mon collègue, on est en train de l'étudier très sérieusement. Pourquoi? Bien, c'est parce que c'est tout un système. Il me semble que ce n'est pas nouveau pour Québec solidaire de faire ces liens-là entre les différents dossiers, entre les façons de faire du gouvernement. On l'a fait au niveau des prête-noms il y a plusieurs années, ensuite on l'a fait au niveau des portes tournantes. On continue de le répéter. On le voit quand M. Charest, par exemple, et un des lobbyistes de TransCanada... et intervient, alors qu'il connaît très bien les règles, auprès des commissaires de l'ONE. C'est tout ce système-là, les post-it, etc. C'est ça que mon collègue dit, il faut trouver une façon la plus efficace possible pour nous assurer qu'on va essayer de défaire l'ensemble de ces liens-là. Alors, on est à regarder quelle est la meilleure façon, et, je pense, vous allez nous voir venir sous peu là-dessus, là.

M. Rémillard (David) : Mais avez-vous confiance que quelqu'un peut prendre ce ministère-là sous ce gouvernement-là?

Mme Massé : Bien, ce qu'on dit, c'est qu'il faudrait en faire l'étude. Je pense, nous, dès le début, on a questionné : Pourquoi M. Poëti a été tassé? Retournez par le passé, on s'est posé des questions. Pourquoi a-t-il été tassé? Pourquoi n'a-t-il pas pu aller au bout de son mandat? Bon, ça, c'est un exemple. Mais ceci étant dit, je vous dirais, laissez-nous un peu travailler, donnez-nous un petit peu de temps, c'est le dossier de mon collègue aussi, puis on va vous revenir avec ces choses-là.

M. Rémillard (David) : Mais, à court terme, il y a quand même des gros dossiers au ministère des Transports, il y a Uber, et tout ça, donc il faut quand même que quelqu'un prenne la place si jamais M. Lessard est appelé à quitter, là.

Mme Massé : Tout à fait, tout à fait, et on souhaiterait bien... Mais vous dites M. Poëti, ça peut être une piste. Je pense qu'on l'a même déjà évoquée lorsqu'il était question du départ de M. Daoust.

Écoutez, ça fait deux fois depuis que M. Poëti a été démis qu'il a la possibilité de revenir, que le premier ministre a la possibilité de le remettre sur rails pour faire le ménage au ministère du Transport. Il ne le fait. Est-ce qu'il le fera cette fois-là? Je ne sais pas. Voilà l'idée de la question du jugement du premier ministre.

M. Bovet (Sébastien) : Robert Poëti et Québec solidaire, même combat.

Mme Massé : En fait, je ne le sais pas parce que M. Poëti n'a pas pu aller... M. Poëti a fait un pas, hein, et ensuite on n'a pas su la suite de l'histoire.

M. Bovet (Sébastien) : C'est votre homme. C'est votre homme au PLQ. Tu sais, c'est celui qui peut changer les choses.

Mme Massé : C'est celui qui nous a donné le plus d'espoir, je dirais, en matière du ministère du Transport du Québec.

Ceci étant dit, je réitère : Pour Québec solidaire, le copinage, les façons de faire du Parti libéral... Vous savez autant que moi, ce premier ministre-là a voulu, dès le début de son mandat, se placer comme étant le premier ministre de la transparence, faire rupture avec le passé du Parti libéral du Québec. Et ce qu'on voit depuis plusieurs mois, c'est qu'il n'arrive pas à faire cette coupure-là. Et, dans le cas de M. Lessard, on est encore là.

M. Rémillard (David) : Peut-être une petite question de troisième lien. On a entendu M. Couillard, hier, favoriser le troisième lien. Vous, de votre côté, d'entendre que le premier ministre, maintenant, se range, là, sans avoir nécessairement vu toutes les études, qu'en pensez-vous?

Mme Massé : Bien, écoutez, pour nous, d'une certaine façon, à Québec solidaire, vous savez, le troisième lien, d'une certaine façon, existe déjà, c'est celui du transport collectif. Par contre, actuellement, ce gouvernement-là n'a pas de plan de développement, n'a pas de vision globale en matière de développement du transport collectif, du transport en commun. Il y va à la pièce : le projet, oui, O.K., sur Montréal, on fait le REM; ici, sur Québec, peut-être, oui, bon, non, on ne le sait pas trop.

Alors, nous, ce troisième lien là, ce qu'on aimerait voir arriver, sincèrement, c'est, premièrement, un plan de développement global sur l'ensemble du Québec au niveau du transport collectif. Parce que ce n'est pas le cas actuellement. Il y a même le bureau du ministre qui a dit qu'il n'y en a pas, de plan, puis ce n'est pas dans les plans d'en avoir un sous peu. Et, deuxièmement, c'est que, le transport collectif... Vous savez que le réseau électrique Montréal, c'est 2,5 milliards d'argent collectif qui sera investi du gouvernement du Québec et canadien, et, dans ce sens-là, pour nous, il y a un certain nombre de questions à se poser, notamment sur la question de l'équité interrégionale. Et nous pourrions améliorer de façon importante le transport entre la Rive-Sud et la Rive-Nord ici même, à Québec, mais, pour ça, ça prend un plan, ça prend une vision. Et, je vous dirais par expérience, quand on développe un réseau routier, ce que les 40 ans d'histoire du Québec nous rappellent, c'est qu'au bout de six, sept ans, cinq, six, sept ans, ce même passage autoroutier que nous sommes si fiers, bien, il est aussi congestionné.

Alors, si on veut, un, décongestionner les transports Rive-Sud—Rive-Nord, si on veut limiter l'étalement urbain, si on veut s'assurer de rencontrer nos responsabilités face aux changements climatiques, je pense que le troisième lien s'appelle le transport collectif.

M. Bovet (Sébastien) : Un mot sur la Protectrice du citoyen, si vous me permettez, qui est plutôt critique à l'égard du gouvernement et du réseau de la santé, qui est plus dans une logique administrative, si on veut, que de dispensation de soins. Les gestionnaires sont souvent pris dans cette logique administrative plutôt que de donner des soins. Comment vous qualifieriez le rapport de la protectrice?

Mme Massé : Bien, écoutez, je l'ai lu en diagonale. Je dois avouer cette faute en partant. Mais cette lecture en diagonale et, je dirais, les réponses que j'ai entendues en Chambre, je trouve ça très préoccupant, le déni de ce gouvernement face aux impacts des choix économiques et donc, par conséquent, des choix politiques qu'ils ont faits dans les dernières années. J'ai encore entendu ce matin la ministre Charlebois réitérer qu'il n'y a pas eu de coupures au niveau de la santé. Mais ce que la Protectrice du citoyen nous dit, c'est : Oui, il y a des gens qui avaient des services, historiquement, qui n'en ont plus. Et ça, c'est problématique.

Au niveau de l'aide sociale, c'est la même chose. Alors, qu'on est en train de discuter du projet de loi n° 70, où on pointe du doigt les personnes assistées sociales, où on leur dit : On va vous couper si vous ne voulez pas participer à des mesures d'insertion à l'emploi. On apprend, dans le rapport de la Protectrice du citoyen que, de façon illégale, le gouvernement du Québec court après des personnes assistées sociales pour des remboursements.

Alors, je me dis, voyez-vous, on va l'étudier profondément. Mais ce gouvernement, en paroles, dit qu'il prend soin de bien lire et écouter les recommandations de la Protectrice du citoyen et pourtant — ça fait deux ans et demi que je suis députée — chaque dépôt du rapport de la protectrice nous rappelle comment les coupures dans les services sociaux ont des impacts sur la population du Québec, et ça, pour Québec solidaire, c'est inacceptable. C'est ce qu'on ne cesse de répéter depuis deux ans et demi.

La Modératrice : En anglais.

Mme Johnson (Maya) : Thank you. Why bring up Arthur Porter today?

Mme Massé : Oh! It's because, you know, when… all about Mr. Lessard, what we observe it's maybe we can change the Minister of the «ministère des Transports», but at the same time we have questions about the Premier and his capacity to judge the people around him. And that's why I remembered to everyone that the confidence that he gives again this morning to Mr. Lessard we have to remember that he gave the same confidence to Mr. Arthur Porter at one point in his life. So that's why we question the Premier's capacity to judge his belongings… «son entourage».

Mme Johnson (Maya) :OK. The people surrounding him.

Mme Massé : Yes, surrounding him.

Mme Johnson (Maya) : And so, at this point, you don't see any other alternative than removing Mr. Lessard from cabinet.

Mme Massé :Yes, that's what we ask, I mean my colleagues, Amir Khadir, and myself, and Françoise for the last 10 days. It's not… I don't know how to say that in English, you will help me… It's not… ce n'est pas le conflit d'intérêts comme tel, c'est l'apparence de conflit d'intérêts.

Mme Johnson (Maya) : The appearance of a conflict of interest is enough, in your view?

Mme Massé : Yes, exactly. I'm sorry, I'm a little bit sick, and it's hard for me.

Mme Johnson (Maya) : Merci. So, can you maybe just repeat that for me, to explain why you think even the appearance, just the appearance alone of a conflict of interest is enough to merit that kind of a drastic action?

Mme Massé : Yes. For us, the appearance of the conflict, the interest conflict, it's at this Ministry, it's important because we know that the «ministère du Transport», it's a place where the «gouvernement du Québec» gives a lot of contracts. So, the appearance of an interest conflict, it's the same thing of to have interest conflict. That's why we say that it's important that Mr. Lessard just gets out, because we need to have someone there who is very clean. Merci.

Mme Johnson (Maya) : Merci beaucoup.

(Fin à 11 h 50)

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