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Point de presse de M. François Paradis, porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière de santé et de services sociaux

Version finale

Tuesday, October 4, 2016, 13 h 15

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures quinze minutes)

M. Paradis (Lévis) : Merci, tout le monde, d'être là. Je pense que, ce matin, vous avez eu une présentation du ministre de la Santé concernant le taux d'inscription et les taux d'assiduité. Eh bien, je pense que le constat est très clair, hein? C'est un échec annoncé, et le ministre le montre très bien, graphiques à l'appui, au niveau du taux d'inscription. On a de sérieux problèmes à ce chapitre-là, il le démontre, la cible intermédiaire le prouve et la tendance n'est pas joyeuse.

Évidemment, on parle du taux d'assiduité, mais là il y a une réalité, parce que le taux d'assiduité, ça ne veut pas dire l'efficacité du système. Et comprenons bien qu'au moment où l'on se parle un citoyen qui a besoin d'un rendez-vous avec son médecin omnipraticien, son médecin de famille aura du temps à attendre. Moi, j'ai des gens qui m'appellent et qui me disent : À partir du moment où on prend un rendez-vous, on peut attendre trois, quatre, six, huit semaines. Alors, l'efficacité, c'est-à-dire la rapidité pour voir son médecin de famille, pour l'instant, bien, elle n'est pas non plus au rendez-vous. Cependant, lorsque le médecin aura vu ce patient-là, le taux d'assiduité est à 100 %. Alors, ce n'est pas le portrait et ce n'est pas la réalité terrain que ce taux-là.

Cependant, on voit fort bien qu'au chapitre de l'inscription on a des problèmes, des problèmes majeurs, et je pense que le ministre devra faire en sorte aussi maintenant de comprendre le message et de prendre part à la rectification des choses, si rectification est possible. On est bien en dessous de la cible fixée par le ministère.

Vous savez, il y a des façons de mieux faire également. Et je la rappelle, celle-là, je vous l'ai déjà dit, mais on l'a proposé aussi, et d'ailleurs c'était aussi, à travers l'épopée du ministre de la Santé en 2012, une de ses visions, celle de revoir le mode de rémunération des médecins également. On est encore à un mode de rémunération à l'acte, 70 %-30 % à peu près dans les statistiques. Nous continuons à penser qu'on doit avoir le courage de modifier le mode de rémunération des médecins pour arriver à un équilibre permettant une meilleure prise en charge, ce qui n'est pas le cas présentement. Alors, plus ça va, plus ça nous coûte cher. Plus les médecins posent des actes, plus ça coûte cher aux contribuables québécois. Et, au chapitre des dépenses et de l'argent dépensé, bien, vous savez déjà ce que ça donne.

Alors, écoutez, c'est très simple, sinon que de dire : Il y a un constat là qui est inquiétant pour la population et, au-delà de ça, il y a une réalité patients qui ne se définit pas et qui ne se retrouve pas dans la notion d'assiduité lorsqu'on dit qu'on atteint les objectifs, notamment du fait que, pour des milliers et des milliers de patients, on a encore la tendance puis on va encore à l'urgence en journée, on va encore dans des cliniques sans rendez-vous tôt le matin ou sinon on attend plusieurs semaines avant d'avoir notre rendez-vous. Alors, au moment où l'on se parle, où nous sommes rendus, c'est aujourd'hui, pour le citoyen, un constat d'échec.

M. Chouinard (Tommy) : M. Paradis, pour bien vous suivre, vous dites : Avant de frapper le mur, dans le fond, la mesure à prendre, c'est de changer le mode de rémunération des médecins. C'est ça qui va donner des résultats.

M. Paradis (Lévis) : Ça va être un élément qui va nous permettre de faire en sorte qu'on puisse avoir et de l'accessibilité puis une qualité de soins accrue. Et cette même proposition là, dans cette redistribution-là, entre le paiement à l'acte et la prise en charge, était aussi une proposition faite par l'actuel ministre lui-même en 2012, noir sur blanc et de façon très concrète. Et je pense que ça prend aussi ce courage-là, de faire en sorte qu'on révise ces mesures-là pour arriver, encore une fois, avec l'objectif ultime de mieux traiter, de mieux soigner, de faire en sorte que les patients du Québec puissent avoir un accès facile, un accès rapide également à ces médecins, ce qu'on ne vit pas actuellement.

Moi, c'est drôle, parce que j'écoutais le ministre dire : Taux d'assiduité, ça va, on est dans les normes, l'inscription, on a des problèmes. Mais il y en a, des problèmes, là. La multidisciplinarité, dont on parle depuis tellement longtemps, on en a parlé tout le temps, là, c'est un mot qui revient — on s'est tous pratiqués à bien le dire parce qu'on peut s'enfarger dedans, mais on l'a tellement pratiqué — alors, la multidisciplinarité, aujourd'hui, on a des difficultés, là.

Les infirmières, qu'on souhaite plus présentes, on a appris il y a quelques semaines qu'on avait des problématiques à faire en sorte qu'elles puissent avoir davantage de pouvoirs, trouver leur place. Et pourtant les infirmières que je rencontre sont prêtes à faire davantage. Ça fait partie d'un paquet de trucs à faire qui ne sont pas faits présentement.

Et, je vous dirais, quand on dit que l'assiduité, ça donne l'impression que tout est beau parce que le médecin voit son patient, bien, encore ce matin, je m'informais à des gens autour et je disais : Bon, ça a pris combien de temps pour avoir ton rendez-vous chez l'omnipraticien, qui mènera peut-être avec un médecin spécialiste? Huit semaines. Huit semaines, c'est long. Huit semaines, c'est énorme.

M. Caron (Régys) : Mais, M. Paradis, comment pouvez-vous demander à des médecins de travailler plus en les payant moins? Vous voulez changer le mode de rémunération, ils vont forcément, c'est ce qu'évoque le ministre, être payés moins, et vous leur demandez de travailler plus.

M. Paradis (Lévis) : C'est-à-dire que le médecin va travailler différemment. Actuellement, le médecin est rémunéré à l'acte et il y a un paiement en fonction du nombre d'actes posés. On pourrait être ensemble dans un cabinet, puis, si j'en pose 10, je serai facturé sur 10 actes différents. Si je vois 15 patients dans ma journée, j'aurai pu charger 150 actes à la RAMQ, ce qui fait que la facture augmente. Si on rééquilibre la notion de rémunération en fonction de la prise en charge de son patient versus le nombre d'actes, on ne va pas moins bien soigner, on va simplement moins payer puis on va s'attarder davantage au patient qui est devant soi.

M. Chouinard (Tommy) : Donc, valoriser davantage la prise en charge des patients dans un délai...

M. Paradis (Lévis) : Absolument. Ça fait partie...

M. Chouinard (Tommy) : Mais pourquoi cette donnée-là... Demandez-vous à ce qu'elle soit calculée, cette donnée, au moment de la prise de rendez-vous — et là je me demande la faisabilité de ça, là — le coup de fil passé au cabinet puis le moment de la visite médicale? Parce que, là, vous évoquez des cas, c'est des cas vécus, mais on n'a pas de données tangibles, là, par rapport à ça.

M. Paradis (Lévis) : Bien, regardez, le mode de rémunération, à la base, là, ça va faire en sorte de créer un équilibre qui n'existe pas, O.K., ça va requestionner le système, combien ça nous coûte aujourd'hui puis pourquoi la facture est toujours aussi importante pour les contribuables. Ça, c'est une base. Au-delà de tout ce qui se fait, je pense que c'est une mesure qui va nous permettre d'avoir une qualité de soins, une quantité de soins puis permettre également aux médecins comme aux patients d'avoir un meilleur service. Oui, ça demande un certain courage, oui, ça demande une modification, oui, ça demande de rééquilibrer le pourcentage d'actes par rapport aux paiements pour la prise en charge. C'est une chose.

Au-delà de ça, dans les donnés du ministre, actuellement, le taux d'inscription qui n'est pas au rendez-vous. La tendance qui se maintient, ça augure mal pour les deux prochaines années, ça, même le ministre l'a dit aussi, là. Puis le taux d'assiduité, quand on dit : Bien, voyez-vous, là, on est rendus, moi, tout ce que je dis, c'est que ça ne reflète pas la réalité du patient sur le terrain au moment où l'on se parle parce que le patient qui, aujourd'hui, pour demain, demande un rendez-vous avec son médecin, là, il ne l'a pas rapidement. Pour plusieurs d'entre eux, ce n'est pas...

M. Chouinard (Tommy) : Oui, le point est intéressant parce que le taux d'assiduité, là, on s'est aperçu que, dès la signature de l'entente... Dans le fond, on avait manifestement surestimé le problème d'assiduité, puisque la cible, au moment de la signature de l'entente, elle est 10 points de pourcentage inférieure à la réalité. Donc, on était déjà au-dessus et largement de la cible qui était fixée.

M. Paradis (Lévis) : Le médecin voit son patient.

M. Chouinard (Tommy) : C'est ça.

M. Paradis (Lévis) : C'est sûr. À partir du moment où il est vu, là, vous avez 100 % dans le cahier, O.K.? J'ai vu mon patient puis j'ai 100 %.

M. Chouinard (Tommy) : C'est le délai, le problème.

M. Paradis (Lévis) : Le problème, c'est le délai, c'est le délai. Combien de personnes vont dire : À partir du moment où j'attends huit semaines, ils vont décider, au-delà de ça, plutôt que de rester à la maison dans une condition qui demande à être traitée, hein... Si tu prends un rendez-vous, là, au-delà de savoir si ta pression est bonne.... Alors, si je décide de ne pas attendre ce huit semaines là, qui sont des cas réels, là, si je décide de ne pas attendre, je fais quoi? Je vais à l'urgence, je vais dans une clinique sans rendez-vous.

M. Chouinard (Tommy) : Ce qui va jouer dans le taux d'assiduité, par ailleurs.

M. Paradis (Lévis) : Oui, parce qu'il n'ira pas, mais là les gens attendent, ils vont voir leur médecin, il y a un délai d'attente qui, pour le citoyen, est difficilement supportable. Et, dès qu'on l'aura vu une fois, bien, on est à 100 % du taux d'assiduité. Mais attaquons-nous à l'efficacité du système. Ça prend combien de temps aujourd'hui pour avoir un rendez-vous avec son médecin omnipraticien? Combien de semaines qu'il faudra attendre? Il est là, le véritable objectif, il est là, là. Pour parler d'efficacité, c'est là qu'il faut aller.

M. Chouinard (Tommy) : Mais est-ce qu'il y a des patients qui sont lésés à cause de ça ou est-ce ne s'opère pas une priorisation des cas, là?

M. Paradis (Lévis) : Écoutez, moi, je pense que le patient qui attend plusieurs semaines... Puis j'ai des cas en mémoire, là, puis, comme je vous dis, ce que je vous dis est fréquent puis facilement vérifiable, bon, les patients le racontent. Je pense qu'à partir du moment où tu dois attendre plusieurs semaines pour rencontrer ton médecin omnipraticien parce que tu juges que cette rencontre-là est importante, que, dans ton histoire de santé, c'est une rencontre importante puis que tu as un délai d'attente qui atteint ces semaines-là supplémentaires, je pense que le patient n'est pas bien servi.

M. Caron (Régys) : On va revenir à la rémunération des médecins. Est-ce que les médecins gagnent tellement d'argent qu'ils travaillent moins pour avoir le même niveau de vie ou encore faut-il qu'ils changent leur culture de travail, comme l'évoque le ministre? Il a même parlé des Gaulois de la médecine qui refusent de changer leur pratique. Ce n'est pas méprisant, ça?

M. Paradis (Lévis) : Oui, les médecins ont un travail à faire, assurément, les médecins ont un travail à faire, là. Bien, c'est-à-dire que, pour certains d'entre eux, on devra revoir la pratique. Nous, ce qu'on dit, c'est qu'on pourrait le faire différemment. C'est-à-dire que tu fais de l'argent à poser des actes. Puis on pense que, s'il y avait une rémunération adéquate et équilibrée sur la prise en charge, tu n'aurais pas besoin de faire en sorte de ne faire que de l'acte et d'aller chercher davantage d'argent au-delà de ça, au-delà de ça. Mais, bon, le médecin devra revoir sa façon de faire pour arriver à ne serait-ce que de faire tomber l'attente dont on parle ensemble aujourd'hui.

Mais le ministre, il a aussi une responsabilité là-dedans, là. C'est son plan de match, là. Tu sais, c'est le coach sur le bord de la ligne qui présente le plan de match. Ah! lui, il a une responsabilité de ce que l'on vit aujourd'hui, c'est-à-dire de se rendre compte qu'au niveau de l'inscription on a une problématique, puis on s'en va vers un échec, puis ça va être dur à rééquilibrer s'il n'y a pas de quoi qui est fait tout de suite. Puis, au niveau de l'assiduité, bien, je vous l'ai dit, c'est le fun de dire que ça fonctionne, mais ce n'est pas le portrait réel sur le terrain de l'attente des citoyens qui souhaitent avoir un rendez-vous avec leur médecin de famille.

M. Caron (Régys) : Mais l'échéance ultime de ça, c'est des sanctions financières prévues dans la loi n° 20. Pensez-vous que ça va régler le problème? Parce que, dans le fond, c'est ce que le ministre brandit, là. Ultimement, s'ils ne livrent pas, on va les pénaliser financièrement. Une fois que ça va arriver, ça, pensez-vous que ça va régler le problème?

M. Paradis (Lévis) : Bien, écoutez, moi, je vais vous dire une chose, c'est que — et puis le ministre utilise cette façon de faire là — dans ma tête à moi, il y a là un élément de confrontation, un élément de coercition, puis, dans ma tête, encore une fois, à moi, ce n'est pas la façon idéale de faire avancer les choses. Je pense qu'il y a moyen, et je l'ai toujours dit, de travailler davantage en collaboration que d'imposer. Il y a moyen d'avoir davantage de cohésion et d'objectifs à atteindre quand on travaille tous puis qu'on pousse tous de la même façon que d'avoir soudainement la crainte d'avoir un effet négatif sur une rémunération ou ce que vous voudrez.

Mais on est encore au moment où on dit : Là, si vous ne faites pas l'affaire, là, on va vous taper dessus. Je ne pense pas que, dans une famille, par exemple, tu fasses avancer beaucoup ton enfant en ayant des mesures coercitives. Je pense qu'en faisant comprendre le bien-être de la population dans un dossier comme celui-là, il y a moyen de travailler en collaboration. Encore faut-il que le ton le permette. Je ne suis pas sûr que le ton du ministre permet toujours ça.

M. Caron (Régys) : Le ministre se plaint des transferts fédéraux. Est-ce qu'Ottawa devrait dire à M. Barrette : Donnez moins d'argent aux médecins puis mettez-le plutôt dans les services aux citoyens?

M. Paradis (Lévis) : Bien, je pense que le gouvernement, puis je pense que M. Barrette... Puis on en est, hein, les transferts de santé fédéraux doivent être, à nos yeux, maintenus à 6 %, et non pas diminués à 3 %. Au-delà de ça, l'argent qui est donné au gouvernement du Québec, de quelle façon le gouvernement en disposera, je pense que l'histoire fait en sorte qu'on est capables de prendre de bonnes décisions, ce qu'on souhaiterait faire, nous, également. Mais, à ce niveau-là, je ne pense pas qu'il y ait une directive du gouvernement fédéral qui oblige le gouvernement à faire une action ou une autre. Merci.

(Fin à 13 h 27)

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