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Point de presse de Mme Diane Lamarre, porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé et d’accessibilité aux soins, et M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Thursday, October 6, 2016, 9 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Neuf heures trente-deux minutes)

M. Champagne (Martin A.) : Bonjour. Je suis ici ce matin pour exprimer ma solidarité envers les technologistes médicaux. D'abord, il faut savoir que le laboratoire est au coeur de la vie hospitalière. En fait, il sert pour le diagnostic et le traitement de tous les patients. Tout le monde, dans notre vie, on a des analyses sanguines, ou des analyses d'urine, ou des biopsies. Présentement, les laboratoires du Québec offrent un service de qualité qui est efficace à la grandeur du Québec.

Si on fait des changements, il faut être sûrs que ceux-ci amènent une amélioration au niveau des services. Les médecins spécialistes, les biochimistes cliniques, les experts de laboratoire ont mis en garde à plusieurs reprises le ministère de la Santé contre la précipitation dans un dossier aussi complexe qu'Optilab. Nous avons offert notre collaboration à de multiples reprises. Présentement, le projet semble aller de l'avant, et on exprime beaucoup d'inquiétudes parce qu'on a l'impression que les choses ne sont pas en place encore pour assurer la sécurité de nos patients.

La Modératrice : Merci. Maintenant, M. Yvon Soucy, préfet de la MRC de Kamouraska et vice-président de la FQM.

M. Soucy (Yvon) : Bonjour à tous. Je joins ma voix aujourd'hui à celles de centaines de travailleurs en région qui craignent de perdre leur emploi avec la réforme Optilab annoncée par le ministre de la Santé la semaine dernière. En tant que préfet de la MRC de Kamouraska et vice-président de la Fédération québécoise des municipalités, je suis particulièrement inquiet de voir de telles décisions être prises sans tenir compte des impératifs prévus à la loi pour assurer l'occupation et la vitalité des territoires. Des décisions de ce type ont pour effet de centraliser l'administration publique et parapublique dans des centres urbains au détriment des communautés régionales du Québec.

La FQM demande donc au gouvernement de mettre sur pied un comité permettant de déterminer l'impact du projet d'Optilab sur l'occupation et la vitalité des communautés touchées. Nous tenons également à ce que la FQM puisse y être représentée au nom des 1 000 municipalités et municipalités régionales de comté qu'elle représente. Enfin, nous demandons que le gouvernement du Québec reporte l'implantation du projet Optilab au moins jusqu'à ce que les travaux du comité soient menés à terme et rendus publics.

Pour des régions comme la mienne, je suis du Bas-Saint-Laurent, des pertes d'emplois de qualité comme celles occasionnées par le projet Optilab peuvent avoir des conséquences lourdes et insoupçonnées. Le ministre Barrette doit prendre acte des critiques provenant des régions du Québec et imposer un moratoire sur le projet Optilab comme l'ont demandé clairement des centaines de municipalités réunies en assemblée générale de la fédération samedi dernier. Merci.

La Modératrice : Merci. Maintenant, Mme Carolle Dubé, présidente de l'APTS.

Mme Dubé (Carolle) : Merci. M. Soucy et Dr Champagne viennent de vous présenter les conséquences dans nos régions, les conséquences pour la santé de la population de ce projet Optilab. Je vais vous parler, moi, des conséquences de ce projet-là sur les technologistes médicaux qui oeuvrent dans les centres partout à travers la province.

Donc, vous savez probablement que le projet Optilab, c'est dans les discussions du ministère depuis de nombreuses années. Depuis toutes ces années-là, comme organisation syndicale, on demande au ministère, on demande à nos employeurs de nous informer, de nous consulter sur ce projet-là. Je vous dirais que ça a été, pendant ces années-là, à peu près un silence radio. La semaine dernière, partout en même temps au Québec, les établissements ont convoqué les syndicats à 11 heures pour parler aux technologistes à 11 h 30. C'est une première, ça. Je n'ai jamais vu ça, moi, un projet de cette envergure-là sur lequel le ministère réfléchit tout seul dans son coin depuis plusieurs années, tout d'un coup il y a urgence en la matière pour rencontrer, partout en même temps dans la province, les intervenants, les syndicats.

Dans le cadre de ces rencontres-là, nos membres ont appris plusieurs choses. Ils ont appris, entre autres, qu'à partir du 1er avril il y aurait encore une fois un changement d'employeur. Les gens ont appris qu'ils seraient probablement transférés, délocalisés. Et les gens ont aussi appris que ce projet-là allait probablement occasionner des pertes d'emploi... pas probablement, aurait apporté des pertes d'emplois de l'ordre de 10 % à 20 %. Ça, sur 5 000 technologistes, là, ça veut dire des pertes possibles de 500 à 1 000 postes de technologistes médicaux.

Je vous dirais que, sur le terrain, bien, ça crée énormément d'inquiétudes, ça crée aussi de la panique chez les technologistes médicaux. On leur annonce qu'à partir du 1er avril il y aura cette réforme-là, qu'ils vont changer d'employeur pour une réforme qui va s'appliquer dans les trois et cinq prochaines années. Donc, ça, là, on inquiète les gens aujourd'hui sur un projet qui va trouver application dans trois ans puis dans cinq ans.

Actuellement, au Québec, on a des maisons d'enseignement qui forment des technologistes médicaux par centaines. On a des jeunes qui partent des régions pour venir à Québec, pour venir à Montréal prendre une formation, et ces gens-là retournent dans leur région par la suite pour apprendre, bien, que les possibilités d'emploi, là, à Rimouski, puis à Gaspé ou à Chicoutimi, bien, on n'est plus dans ça. On n'est plus dans ça parce que le ministère met en place un projet qui va totalement changer la donne dans les services.

Je vous dirais que les gens, par centaines, je vous dirais, plusieurs technologistes m'ont fait part de leurs inquiétudes. Les gens sont en colère, les gens sont très inquiets. Et, vous savez, quand on étudie pour être technologiste médical, bien, on étudie pour travailler dans le réseau de la santé, puis on a à coeur les soins, et on a à coeur le travail que l'on fait. Et là, actuellement, les gens se sentent totalement dévalorisés, et on ne tient pas compte de leur expertise et de leurs connaissances, et ça, je vous dirais que c'est pris très durement pour les gens.

Donc, M. Barrette, je vous annonce aujourd'hui qu'on va passer dans un autre mode aussi à l'APTS. Je vous annonce qu'on ne vous laissera pas traiter nos gens de la façon dont vous le faites. Nos gens ne sont pas des pions qu'on peut bousculer, qu'on peut démobiliser et déplacer comme ça sans rien dire, et on va agir, M. Barrette. À l'APTS, je vous dis, on a pris la décision de changer de mode de contestation. En fait, on va passer dans un mode de contestation juridique. On a des recours qui sont prévus. On a, au Québec, une loi qui s'appelle le Code du travail, qui vient encadrer les relations patronales-syndicales. Parce que, là, on n'est plus du tout dans ça, là. Là, actuellement, on a un ministère puis on a des employeurs qui ne tiennent pas compte du contexte syndical puis des lois qui nous régissent. On va entreprendre des recours en vertu du Code du travail. M. Barrette, je vous rappelle qu'on a une convention aussi qu'on a signée ensemble. Dans cette convention-là, il y a des dispositions qui permettent, qui nous obligent, et qui vous obligent, et qui obligent des employeurs à s'asseoir avec les organisations syndicales quand on est dans une transformation, et là on est dans ça, dans cette transformation-là. Donc, ça aussi, on a des dispositions qui vont nous permettre de contester ça et on va l'appliquer.

Vous savez, dans le réseau de la santé, là, des réorganisations qui impliquent des mouvements de personnel, on en a vécu plus qu'une. Je vous dirais qu'à chaque fois on a été capables de s'asseoir, de participer à cette consultation-là, de trouver des solutions ensemble pour faire face aux nouvelles réalités. On est capables de faire de le faire, M. Barrette. Il faut s'asseoir avec les organisations, il faut s'asseoir avec les gens qui travaillent sur le terrain, il faut écouter le monde. Ce matin, là, on a quelqu'un qui vient de la Fédération des municipalités, on a Dr Champagne, qui est ici pour parler au nom des médecins, on a nos députés qui sont ici, je suis là pour représenter 5 000 technologistes médicaux qui travaillent dans le réseau. M. Barrette, on vous demande de nous écouter. Merci.

La Modératrice : Merci, Mme Dubé. Et maintenant, député de Mercier et porte-parole en santé pour Québec solidaire, Amir Khadir.

M. Khadir : Alors, très brièvement, moi, ce matin, je veux intervenir à la fois à titre de député de Québec solidaire, mais aussi à titre de médecin spécialiste de laboratoire. Je suis microbiologiste-infectiologue, alors, comme mon collègue Dr Champagne, je m'occupe, comme lui, il s'occupe d'hématologie, d'une des trois dimensions principales des laboratoires, c'est-à-dire les laboratoires de microbiologie. Et ce qu'est en train de faire, comme on l'a vu, le ministre de la Santé et le gouvernement libéral... Et ce qui est plus pathétique dans tout ça, c'est que c'est deux médecins qui détiennent les principaux pouvoirs au sein de ce gouvernement, dont le premier ministre Couillard, qui est lui-même un médecin. Alors c'est d'autant plus révoltant de voir qu'ils agissent avec autant d'inconsidération à la fois pour les travailleuses et les travailleurs concernés, à la fois pour les régions touchées, comme a témoigné M. Soucy, en termes d'accessibilité, mais à la fois également pour les principes qui gouvernent, les principes modernes de services à la population et de services médicaux tournés alentour de concepts comme le «point of care», qui fait que, depuis les 20 dernières années — moi, je suis actif dans le réseau — toute notre attention a été portée de s'assurer graduellement de faire en sorte que les services sont organisés en fonction des patients à l'endroit où le service est donné, le plus proche possible du patient, que ça soit dans l'évaluation, dans le suivi, dans les traitements administrés, mais également dans le diagnostic. En fait, l'idéal serait qu'on puisse, pour un certain nombre de diagnostics, de manière légère, même faire les diagnostics au chevet même des patients dans les endroits où ils habitent.

Or, Optilab, c'est quoi? Ça n'a peut-être pas été mentionné. Optilab, c'est une terrible concentration des laboratoires médicaux, des fois à des échelles inimaginables sur le plan du territoire, hein? Des échantillons prélevés à Gaspé doivent maintenant se rendre, on a dit, à Rimouski, je ne sais pas ça fait quoi, 300 kilomètres, 400 kilomètres, sur des distances énormes, ou prenons le cas, par exemple, de la Montérégie ou de la région de Lanaudière, Laval et Laurentides, qui sont regroupées. Je vous rappelle, Lanaudière, Laval et Laurentides, c'est 1,3 million d'habitants. Personne de sérieux dans le monde médical n'accepterait qu'on puisse affirmer que concentrer le laboratoire diagnostique, les services diagnostiques de 1,4 million d'habitants, ça correspond à la médecine moderne, ça correspond aux standards des traitements modernes.

Donc, dans tout ça, le gouvernement agit de manière tout à fait irresponsable et de manière tout à fait insensible à la fois aux besoins de la population, de leur accessibilité, aux besoins des régions d'avoir des emplois de qualité et une activité sociale, économique et des services qui assurent la pérennité et la vitalité des régions, à la fois pour les gens qui vont perdre leur emploi, comme en a témoigné Mme Dubé, mais aussi simplement à la fois pour le simple bon sens et les principes élémentaires de médecine contemporaine.

La Modératrice : Merci, M. Khadir. Et maintenant, pour conclure, la députée de Taillon et porte-parole du Parti québécois en matière de santé et d'accessibilité aux soins, Diane Lamarre.

Mme Lamarre : Alors, bonjour. C'est certain que, dans le projet Optilab, de la façon dont le ministre l'impose, avec précipitation, avec, je vous dirais, la culture du secret, où on n'arrive pas à savoir ce qui va se passer, comment ça va se passer, quelles sont les étapes, c'est ça qui préoccupe. Quand on entend les gens, que ce soit Dr Champagne, que ce soit l'APTS ou que ce soit M. Soucy, les gens comprennent qu'une certaine centralisation des laboratoires peut être intéressante et apporter certaines économies, et on n'est pas contre ça. Mais la façon dont le ministre l'impose, d'une façon complètement anarchique, d'une façon où deux enjeux ne sont pas garantis, la sécurité et la traçabilité des spécimens... On ne parle pas de transporter des petits gâteaux Vachon, on parle de transporter des spécimens qui incarnent parfois un diagnostic, qui représentent un diagnostic grave pour des gens ou un suivi particulier dont ils auront besoin. Donc, cette notion de sécurité et de traçabilité des spécimens, elle n'est pas garantie, actuellement. On n'a pas le profil, et ça, ça préoccupe énormément les gens.

Et on se questionne aussi sur les pseudo-économies. On a vu le ministre nous en annoncer des multitudes depuis qu'il est là sans jamais se donner la peine après de les revalider. Alors, actuellement, il parle parfois de 75 millions, 100 millions d'économies, mais les coûts de transport, les pertes d'emplois, les pertes d'expertise locale dans les régions, les délais au niveau des régions, les délais de diagnostic, le fait qu'il y a des patients qui accompagnent… par exemple, les proches aidants qui vont accompagner des patients vont devoir retourner deux fois pour avoir le résultat le lendemain si l'échantillon a dû être envoyé d'Abitibi à Montréal, eh bien, tout ça, ça n'est pas estimé, ça n'est pas évalué. Et, clairement, nous, ce qu'on demande, c'est que l'INESSS, l'Institut national d'excellence en santé et en services sociaux…

Vous savez, en fait, celui qui devrait s'intéresser à ça, c'est le Commissaire à la santé et au bien-être. C'était vraiment dans son mandat d'évaluer la pertinence des programmes, la pertinence des décisions politiques et leur impact pour les patients, pour les citoyens, pour les professionnels, pour les employés, pour les professionnels de la santé qui sont impliqués, mais aussi les enjeux économiques. Et donc le ministre a aboli le commissaire en nous promettant que, dans le fond, ses fonctions seraient relocalisées au sein de l'INESSS ou de l'INSPQ. Alors, cette fois-ci, c'est vraiment à l'INESSS que revient la responsabilité de documenter et de garantir à la population, au niveau de la sécurité du transport, au niveau de l'efficacité, au niveau des choix qui vont être faits, comment on décide que 35 % des technologues ou des examens vont continuer à se faire dans un hôpital. On veut de la transparence à ce niveau-là. On veut comprendre les décisions du ministre pour que les gens qui sont concernés, les professionnels puissent guider, réorienter, corriger, et on veut donc que l'INESSS s'intéresse à ça.

Et l'INESSS a aussi une dimension d'évaluer les impacts économiques réels, les coûts, les coûts évités, mais aussi les coûts ajoutés à cette façon de faire pour trouver le juste milieu et faire en sorte qu'on ait vraiment la qualité, la sécurité des gens et des économies réelles.

La Modératrice : Merci, Mme Lamarre. Pour la période des questions, on vous demande, par respect pour nous invités, de rester sur le sujet, et de vous présenter, et d'adresser votre question.

Mme Prince (Véronique) : Bonjour. Véronique Prince, TVA. Bien, ma question s'adresse peut-être aux acteurs du milieu, M. Champagne puis Mme Dubé. Je voudrais savoir, juste pour comprendre, comme journaliste... Parce que ce projet-là, Optilab, a débuté en 2011. Donc, ça a débuté sous le gouvernement Charest, ça s'est poursuivi avec le gouvernement Marois, et là ça se poursuit avec le gouvernement Couillard. Qu'est-ce qui fait que, là, ça devient particulièrement critique et que vous sortez, vous avez besoin d'entreprendre des moyens juridiques? C'est-u parce qu'il y a eu un genre d'accélération ou parce que l'entente de départ a changé? Pourquoi?

Mme Dubé (Carolle) : Bien, il n'y a jamais eu d'entente de départ. En fait, comme je disais tout à l'heure, ça fait plusieurs années qu'on interroge le ministère parce que c'est des travaux qui sont faits au niveau... cette réflexion-là, elle est faite au ministère et qu'on interroge le ministère parce qu'il y a des choses qui circulent dans les établissements. Nos gens nous interpellent, interpellent les gestionnaires, ont très, très peu de réponses.

Ce qui justifie aujourd'hui qu'à l'APTS on va entreprendre des recours, bien, c'est qu'officiellement, la semaine dernière, les employeurs ont rencontré nos gens pour leur dire qu'Optilab allait finalement se mettre en place par un changement d'employeur au 1er avril et par l'annonce, sans qu'on ait une vision globale de ce projet-là... mais le ministère et les établissements ont déjà identifié un pourcentage de pertes d'emploi. On ne sait même pas sur quelle base c'est identifié. On ne connaît même pas, en termes d'examens, ce qui sera réellement transféré d'un établissement. Mais, surprise, ils sont capables d'évaluer, par exemple, le nombre de postes qui seront abolis.

Donc, on a des processus qui sont prévus dans nos conventions collectives quand on est dans des transformations qui impliquent des mouvements de cette façon-là. Et, à partir du moment où les employeurs nous annoncent officiellement ces transferts-là sans que ça ait fait l'objet de consultations et de travail syndical... On a des dispositions, on a une loi qui oblige les employeurs à travailler avec les organisations syndicales. Ça ne se fait pas actuellement, c'est décidé par le ministre puis imposé aux établissements. C'est comme ça que ça fonctionne actuellement avec M. Barrette.

Mme Prince (Véronique) : Est-ce que vous seriez d'accord qu'à certains endroits il pourrait peut-être y avoir quand même une centralisation? Est-ce que vous avez fait, par exemple, des propositions au ministère pour dire : À certains endroits, on vous donne raison, peut-être qu'effectivement on pourrait regrouper des laboratoires, mais pas partout? Tu sais, y a-tu des endroits où il pourrait?

Mme Dubé (Carolle) : Bien, pour pouvoir faire des propositions, comme vous dites si bien, bien, il faut pouvoir s'asseoir puis pouvoir les présenter, ces propositions-là, ce qu'on n'a même pas la chance puis l'opportunité de faire actuellement, contrairement... Parce que des transformations puis de l'évolution technologique, dans notre milieu, là, je ne dirai pas que c'est notre quotidien, là, mais c'est quelque chose auquel on fait face régulièrement. C'est constant depuis toujours, ça fait qu'on est dans ça. C'est pour ça que, dans nos conventions, on a des moments de prévus pour discuter ensemble de changements technologiques, de quand on doit se... Écoutez, dans les années 90, là, on a fermé sept établissements à Montréal, on a transformé des établissements. Bien, on a été capables de s'asseoir, les syndicats, pour trouver des solutions parce que l'employeur s'est assis avec nous, nous a consultés, puis on a trouvé des solutions pour faire face à ça. Là, on n'est pas dans ça, là. Même si ça fait trois, quatre ans, cinq ans que ça se discute au ministère, il n'y a aucune consultation, là. Ça fait que, oui, nos gens en ont, des choses à dire, auraient probablement des propositions. On va en trouver, des solutions, mais, pour ça, il faut qu'on soit consultés puis qu'on soit partie prenante.

Mme Prince (Véronique) : Mais actuellement est-ce que vous seriez capables de dire s'il pouvait, à certains endroits, y...

Mme Dubé (Carolle) : Sûrement.

M. Khadir : Moi, j'aimerais dire : Ça dépend c'est quoi, l'objectif. Si l'objectif du gouvernement est uniquement faire des économies, oui, mais il faut admettre qu'à ce moment-là il y a un coût, il y a un prix à payer. Le coût à payer, le prix à payer, c'est : on diminue l'accessibilité, on diminue la rapidité de l'information, donc on diminue la qualité du service. Parfois, la rapidité de l'information a un impact sur le fait qu'on sauve un patient ou pas. Je pense aux hémocultures, je pense aux INR, c'est le cas, je pense... Il y a un tas d'examens de laboratoire qu'on a besoin de savoir le plus rapidement possible pour mieux agir. Donc, ça dépend c'est quoi, l'objectif du gouvernement. Si c'est juste épargner ici pour donner encore plus d'avantages à des compagnies minières, à des banques et des rabais d'impôt, oui, c'est ça qu'il faut faire, il faut centraliser. Si c'est pour offrir le meilleur service aux points où on offre les services aux patients, le principe de «point of care», c'est excessivement important, puis ça, ça entraîne des coûts, de la même manière que, comme société, on a accepté de traiter nos patients qui ont des cancers puis à leur offrir le meilleur soin, donc, sans égard aux coûts. On offre plein de traitements qui sont coûteux, oui, mais ça dépend donc des priorités d'une société.

Là, le gouvernement, comme un matamore que le ministre de la Santé est, agit sans considération pour aucun de ces principes-là. Et sa seule vision, c'est une vision comptable. À la fin, je veux faire des économies sans égard à tout ce qui peut arriver.

M. Vigneault (Nicolas) : Nicolas Vigneault de Radio-Canada. En fait, Dr Barrette vient tout juste de dire que ça va lui générer des économies de 75 millions et que, depuis 2011, il y en a, des consultations. Qu'est-ce que vous répondez?

M. Khadir : Juste une réponse à ça, là : Il n'est pas crédible, ce gouvernement-là. Des économies, on lui a montré comment en faire dans le domaine de l'informatique juste dans le domaine de la santé depuis des années. Il n'a rien fait de concret. Moi, ça fait des années que je propose qu'on fasse des économies dans le coût des médicaments en négociant mieux les prix. Là, il arrive avec un projet de loi qui a un objectif 10 fois moindre que ce qui est accessible. Ce qui est accessible comme économie, c'est 1,5 milliard. Comparez ça à ses 75 millions. Donc, la priorité du gouvernement est mal placée. On a besoin de ces laboratoires-là dans les régions. Ça offre de bons emplois et de bons services là où notre population vit, un point c'est tout.

M. Vigneault (Nicolas) : Mais est-ce qu'effectivement il y en a, de la consultation?

M. Champagne (Martin A.) : Bon, en 2011, le ministère a circulé auprès des médecins spécialistes experts du laboratoire des listes d'analyse. Nous avons fait plusieurs recommandations. Et pourtant le ministère, malgré tout, revient toujours avec la même liste de 2011, qui n'a jamais été améliorée, malgré nos suggestions.

Alors, le projet Optilab, en fait, c'est qu'on considère qu'un laboratoire est une usine de parapluies qui va rouler 24 heures par jour, sept jours par semaine. Mais, dans la pratique des faits, il y a des choses qui font qu'on ne peut pas retarder une analyse. Si vous prenez un anticoagulant... 3 % des gens de 75 ans et plus prennent des médicaments pour éclaircir le sang en raison de leur condition médicale. On donne comme instruction au patient : Vous prenez votre médicament en soirée ou en fin d'après-midi. Pourquoi? Parce que le patient a son prélèvement le matin. Et, si l'anticoagulation est excessive, je peux toujours appeler, quand j'ai le résultat sous la main, le patient pour faire les ajustements à sa médication. Si le tube est parti puis il est analysé en plein milieu de la nuit, et le résultat est un résultat qu'on appelle critique, en dehors des valeurs thérapeutiques, qui va-t-on appeler? Est-ce qu'on va appeler le médecin responsable du laboratoire? Le médecin du laboratoire va appeler un patient de 82 ans en plein milieu de la nuit pour lui dire : Regardez, là, je vous ai tiré du lit, il ne faudrait pas prendre votre Coumadin ce soir parce que vous avez un résultat critique, saignez-vous, etc.? Alors, il y a des choses, effectivement, qui peuvent être transférées, mais qui n'ont pas de sens d'un point de vue médical.

Pour répondre à votre question, Mme Prince, il y a des analyses qui sont déjà en ce qu'on appelle la hiérarchisation, mais il y a des analyses même spécialisées qui doivent demeurer de proximité. Si vous êtes un centre où il se fait du traitement de la leucémie, vous voulez faire les analyses et avoir la réponse en dedans de quelques heures pour commencer le traitement adéquat à votre patient rapidement. Vous ne pouvez pas envoyer le tube à Tombouctou puis attendre 48 heures alors que le patient peut développer des complications dans l'attente de son traitement. Alors, c'est que, nous, on a offert plusieurs fois notre collaboration au ministère de la Santé. Ces offres-là sont restées sans écoute, le dossier n'a pas évolué. On a une très grande préoccupation en termes de sécurité envers les patients puis je pense que le ministre Barrette a été très mal conseillé à cet égard dans ce dossier-là par les gens avec qui il travaille.

M. Vigneault (Nicolas) : Mais, pour revenir à la question de ma collègue, justement, j'entendais Mme Lamarre, vous êtes quand même ouverts à une certaine modernisation du système. Je parlais à des gens, et on me disait que c'est en place depuis longtemps dans la région de Québec. À Portneuf, il y a certaines analyses qui sont restées localement dans Portneuf, mais d'autres, transférées à Québec.

M. Champagne (Martin A.) : Alors, il y a des préalables à ça. Si, demain matin, vous avez une biopsie pour déterminer si vous avez un cancer, O.K., ce spécimen-là peut être analysé en dehors de mon centre hospitalier. Ça se peut bien, oui, c'est des choses qui peuvent se faire, mais je veux m'assurer que le spécimen ne dorme pas sur une tablette pendant 24 heures avant d'être transporté, que le transporteur, lui, ça n'a pas gelé dans son container parce qu'il faisait moins 40° dehors. Je veux m'assurer qu'il y ait un système informatique qui permette de vous identifier. Mon système informatique de mon hôpital n'est pas celui de l'hôpital qui va recevoir votre échantillon, alors il y a les risques d'erreur d'échantillonnage. Je veux être sûr, quand vous allez revenir me voir, que le résultat de la biopsie, donc, il est probant, que la biopsie ne s'est pas détériorée et que je m'adresse bien à la bonne personne. Ça, c'est le genre d'exemple concret.

Il y a des solutions à ça, elles existent. Nous, on a fait une liste de préalables : un système informatique unique pour le Québec qui permette la traçabilité des échantillons, un système de transport adéquat, un service de proximité pour toutes les choses qui sont pertinentes et urgentes. Mais tout ça est resté lettre morte.

On vient de définir, par les annonces du 28 septembre un contenant dont on ne connaît pas le contenu. On ne magasine pas une auto deux portes quand on a quatre enfants. Alors là, présentement, on ne sait pas qu'est-ce que va nous offrir le gouvernement dans ce plan de contingence là, parce que c'est un plan de contingence. Alors, nous, on est prêts à collaborer. Ça fait plusieurs fois qu'on offre notre collaboration. On est toujours à l'écoute. Mais là, présentement, il y a une précipitation qui n'est pas justifiée par ce dossier-là. Les laboratoires au Québec sont efficaces et de qualité. Alors, il n'y a pas d'urgence en la matière. Prenons le temps de s'asseoir et d'assumer, donc, la sécurité de nos patients.

M. Vigneault (Nicolas) : Est-ce que, Mme Dubé, vous allez manquer de temps dans vos recours? Parce qu'on sait que ça peut prendre quelques années. Là, on veut mettre ça en place d'ici trois ans. Est-ce que vous ne risquez pas de vous retrouver, par exemple, avec une décision des tribunaux dans trois ans alors que tout est déjà en place au Québec?

Mme Dubé (Carolle) : Bien, écoutez, on a des processus qui sont longs, mais il y en a qui peuvent être plus rapides aussi, en termes de recours. C'est ce qu'on est à évaluer, parce qu'il y a quand même des annonces qui sont faites et on veut éviter, naturellement, les impacts que ça pourrait occasionner à nos technologistes médicaux et médicales. Donc, oui, on est en train de regarder pour ne pas que ce soit une décision qui soit rendue dans quelques années, là.

M. Vigneault (Nicolas) : Injonction?

Mme Dubé (Carolle) : On est en train de regarder tout ça, là, en termes de moyens à notre disposition, pour s'assurer de protéger les droits et que nos gens soient respectés dans ce processus-là, parce que ce ne l'est pas du tout, actuellement.

La Modératrice : Merci beaucoup, Mme Dubé.

Mme Lamarre : Juste pour finir, on est en mode solution. La proposition que nous, on fait, au Parti québécois, c'est de dire : Donnez un mandat clair, urgent à l'INESSS pour avoir l'heure juste et pour donner la sécurité qui est requise par les spécialistes, les professionnels, pour donner également l'heure juste sur les économies. Je vous le dis : Trop souvent, depuis deux ans et demi, le ministre nous a promis des économies qui ne se concrétisent pas. Et il faut tenir compte des coûts. Quand on va avoir des coûts de transport, quand on va devoir maintenir... Parce que Dr Champagne a bien expliqué, on va devoir maintenir quand même des laboratoires dans les hôpitaux régionaux, et donc il va falloir maintenir du personnel, il va falloir maintenir les équipements. Alors, comment le ministre justifie? Et qu'il nous décline, qu'il nous ventile avec précision ses économies de 75 à 100 millions, parce qu'on n'y croit plus et il doit vraiment en faire la preuve.

Alors, c'est facile de lancer des centaines de millions, mais là il doit nous démontrer clairement qu'est-ce que ça va donner, et, concrètement, pour les patients, encore la notion de traçabilité. On le voit, les gens ne sont pas opposés à toute forme de centralisation, mais la précipitation, le manque d'écoute, je vous dirais, ça finit par se traduire par un manque de respect envers l'ensemble des citoyens du Québec, actuellement.

La Modératrice : Merci beaucoup.

(Fin à 9 h 59)

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