(Quinze heures dix-huit minutes)
M. Gaudreault
: Alors,
bonjour. Je tiens d'abord à faire ressortir un élément important. Vous avez vu
que M. Lisée a insisté, dès sa première question — et c'est pour ça
qu'on est ici également aujourd'hui, Sylvain Roy, député de Bonaventure, et
moi — sur les enjeux touchant les régions, les régions ressources en
particulier, les régions du Québec. Et c'est un message fort que notre chef a
voulu envoyer dès aujourd'hui, à sa première question, et c'est pour ça
également qu'on est intervenus, dans un deuxième temps, un peu plus tard dans
la période de questions, sur les négociations qui, à notre avis, sont négatives
pour le Québec concernant l'industrie du bois d'oeuvre.
Je veux vous rappeler que déjà il y a des
usines dans l'industrie des pâtes et papiers, celle de Dolbeau au Lac-Saint-Jean,
dans le comté du premier ministre, et celle de Jonquière, dans ma circonscription,
l'usine de Kénogami, avec une surtaxe sur le papier surcalandré. Alors,
imaginez, considérant l'inaction du gouvernement libéral, si, en plus, on se
retrouve avec une autre crise concernant celle du bois d'oeuvre. Ça veut dire
que l'ensemble de l'industrie forestière et de ses dérivés, à ce moment-ci,
serait victime, de façon importante, et ça affecterait... évidemment, ça va
affecter les emplois et les usines dans les régions ressources du Québec.
On a appris aujourd'hui que le gouvernement
a nommé un négociateur, M. Raymond Chrétien, dans le dossier du bois d'oeuvre.
Nous sommes obligés de constater et de vous dire aujourd'hui que c'est une nomination
qui arrive trop tard, c'est une nomination qui arrive un an trop tard. Le délai
de grâce, depuis la fin de l'entente sur le bois d'oeuvre, a pris fin la
semaine passée. Le gouvernement avait un an pour agir. Alors là, ce n'est même
pas minuit moins cinq, ce n'est même pas minuit moins une, on est rendus à
minuit et cinq, et le gouvernement décide de nommer Raymond Chrétien. Sylvain
va vous en parler un peu plus, mais je veux terminer, avant de lui laisser la
parole, en vous disant qu'on va revenir à la charge dès demain concernant la
défense des régions avec une motion du mercredi sur, justement, les impacts de
l'inaction du gouvernement dans les régions ressources du Québec. Sylvain.
M. Roy
: Merci,
Sylvain. Écoutez, de manière rétrospective, on peut dire que l'industrie
forestière a perdu tout près de 20 000 jobs, emplois, depuis 2005, et ce
qui s'en vient dans le futur, ce n'est pas de bon augure.
Tout à l'heure, Sylvain a parlé des
quotas. Écoutez, j'écoutais le point de presse, tout à l'heure, de M.
Blanchette ainsi que de M. Chrétien, et M. Blanchette s'est avancé en disant que
nous allons faire reconnaître le nouveau régime québécois qui vient, je dirais,
mettre sur le marché du bois à une juste valeur pour satisfaire les Américains,
et M. Chrétien est arrivé en arrière et a dit : Non, non, nous devons
négocier à l'intérieur d'un cadre canadien.
Ce que ça veut dire, c'est que le ministre
s'est avancé pour une négociation individuelle pour le Québec et il s'est fait
ramener à l'ordre par le nouveau négociateur. Ce n'est pas rien. Ça, ça veut
dire que le régime québécois ne sera pas reconnu, c'est clair, et que
nous allons nous faire imposer des quotas à l'exportation. On parle de passer
de 33 % à 22 %. Ce sont des milliers d'emplois que nous allons perdre
au Québec. Ce sont des villages qui vont fermer. C'est des gens de ma famille
qui vont perdre leurs flottes de camions ou qui se sont endettés de manière
très significative à aller chercher. C'est des gens qui vont vivre des choses
extrêmement difficiles.
Ça fait que, là, on est dans une situation
où effectivement le négociateur aurait dû être nommé il y a un an et on sent
que la négociation va se faire plutôt avec la Colombie-Britannique qui
probablement peut être favorisée dans l'enjeu de négociation avec les
Américains, et ça, avec le grand accord du gouvernement fédéral qui ne semble pas
s'intéresser outre mesure à notre régime, aux efforts que nous avons faits et à
notre volonté de garder nos emplois dans nos régions. Donc, on est dans une
situation qui est catastrophique et qui ne peut mener qu'à des fermetures de villages
et à des milliers de pertes d'emploi. Voilà. Merci.
M. Lecavalier (Charles) :
Je veux juste être bien sûr de comprendre. Si le Parti québécois était au pouvoir,
il ferait bande à part, il ne négocierait pas avec le Canada et il essaierait
de négocier tout seul avec les États-Unis?
M. Gaudreault
:
Bien, il faut bien comprendre une chose, c'est que, premièrement, on n'aurait
pas attendu un an avant de faire ces négociations-là. Moi...
M. Lecavalier (Charles) :
Je le sais, mais sur ce point spécifique là.
M. Roy
: Écoutez,
ça fait depuis que je suis porte-parole en matière de forêts, là, je demande au
ministre des Forêts de valoriser la forêt au niveau du gouvernement fédéral. Je
vais vous donner un exemple. Programme d'investissements sylvicole, le Québec
mettait 5 millions, et le fédéral mettait 5 millions, 5 ou
6 millions, j'ai oublié le... O.K. on est prêts, là. Et ce que les
intervenants sur le terrain nous ont dit, c'est qu'à un moment donné le fédéral
ne mettait plus l'argent, et ce qu'on nous a dit, c'est que le gouvernement du
Québec ne faisait même plus la demande au gouvernement fédéral.
Donc, le gouvernement du Québec ne demande
à peu près rien au gouvernement fédéral, c'est une absence de revendications
pour notre développement économique. Quelques enjeux émergent ici et là, mais,
au niveau de la forêt, là, il n'y a pas eu beaucoup de travail qui s'est fait,
et ces gens-là ont été sensibilisés par ceux qui criaient le plus fort et
probablement la Colombie-Britannique.
M. Lecavalier (Charles) :
Mais vous reprochez au ministre... bon, vous dites que M. Chrétien a
rappelé que ça allait se négocier dans l'ensemble canadien, mais c'est ce qui
arriverait aussi avec le Parti québécois, c'est-à-dire que c'est un accord qui
se négocie avec le... c'est le fédéral qui négocie avec les États-Unis. Le
Québec ne va pas négocier directement avec les Américains.
M. Gaudreault
:
Veux-tu y aller? Bien, écoutez, c'est sûr qu'on préférerait, et vous le savez,
être un pays pour être assis à la table de négociation, mais présentement, ce n'est
pas la situation malheureusement. Donc, il faut absolument que le gouvernement
du Québec, et il aurait dû le faire depuis un an, c'est ce que Sylvain vient de
dire, faire reconnaître le régime particulier du gouvernement du Québec, du
Québec, concernant l'industrie forestière, qui est modifié depuis les
années 2010, 2008, 2010, avec un régime de libre marché à... c'était la
demande des Américains. Le gouvernement libéral a laissé faire ça littéralement.
Et l'autre chose également qu'on déplore,
c'est le fait que les négociations... le gouvernement se vante d'avoir nommé
Raymond Chrétien. Je veux bien, là, M. Chrétien est un diplomate de carrière
réputé, je n'ai pas de problème avec ça, mais cependant, il part avec la base
de négociation des quotas. Donc, c'est déjà un aveu qu'on est en bas de ce
qu'on a présentement. Alors, c'est déjà une perte pour l'industrie forestière
du Québec. C'est ça qu'il faut comprendre. Ça veut dire que ce qui s'est passé
depuis un an à aujourd'hui, c'est que le gouvernement du Québec a laissé filer
la notion des quotas. Ce n'est pas inutile de parler des quotas, ce n'est pas
purement technique. C'est concret, avec des conséquences pour l'industrie
forestière au Québec. Je veux dire, on peut bien négocier, vous et moi, mais,
si au point de départ on met le niveau qu'on s'entend à partir de ce niveau-là,
bien, ça veut dire qu'on a tout perdu ce qui est au-dessus. Alors, c'est exactement
ce qui est en train de se produire.
Alors, M. Chrétien va négocier dans
un cadre où le Québec a déjà admis, a déjà consenti à baisser avec des quotas
de 22 % dans un contexte où, face à la Colombie-Britannique, on a une... l'industrie
forestière de la Colombie-Britannique est puissante et forte et a un avantage
que le Québec n'a pas, c'est qu'il est collé sur le Pacifique puis il peut
exporter dans le marché asiatique, la Chine en particulier qui a beaucoup de
demande en matière de bois. Nous, on n'a pas ça. Alors, c'est un contexte
particulier, et visiblement le gouvernement québécois n'a pas fait le travail
qu'il aurait dû faire depuis un an.
M. Vigneault (Nicolas) :
Bien, par exemple, est-ce que c'est une bonne chose, cette nomination-là? À
partir du moment où on a un état de fait, la situation actuelle, elle est ce
qu'elle est, le Québec est dans un environnement canadien, doit se conformer à
ce cadre-là, qu'est-ce que vous faites, vous, par exemple, demain matin, si
vous êtes au pouvoir, pour changer la donne et réussir à...
M. Gaudreault
:
Mais c'est parce que c'est une question qui est hypothétique. On a un gouvernement
qui n'a pas agi assez rapidement depuis la dernière année et qui est en train
de nommer M. Chrétien à minuit et cinq alors qu'il fallait agir à minuit
moins... à 11 h 30 ou à 11 h 5, avant d'arriver à minuit.
Alors...
M. Roy
: 365 jours...
M. Gaudreault
:
Oui, 365 jours plus tôt. Et je veux juste vous rappeler... J'ai beaucoup
de respect pour M. Chrétien comme diplomate, mais souvenez-vous que
M. Charest l'avait nommé comme négociateur pour obtenir un train grande
vitesse vers New York, et on n'a toujours pas le train. Donc, il faut en
prendre puis en laisser, là, dans les bénéfices ou les avantages reliés à ce
négociateur.
Des voix
: Merci.
(Fin à 15 h 26)