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Point de presse de Mme Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques

Version finale

Thursday, October 20, 2016, 11 h 53

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures cinquante-quatre minutes)

Mme Massé : Alors, bonjour, tout le monde. Merci d'être là.

En fait, je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais ce que je remarque, c'est à partir du moment où une, deux, trois, quatre personnes osent sortir de l'ombre en matière d'agression sexuelle, ça ouvre un pan, et là de plus en plus de monde sont en mesure de sortir de l'ombre et de s'affirmer. J'étais là hier soir et, bien sûr, c'est ce que j'ai vu, constaté encore une fois.

Comme féministe, c'est sûr que ce n'est pas la première fois que je vois ce type d'affaires là. Rappelons-nous d'ailleurs, à #agressionnondénoncée, hein, il y a déjà presque deux ans maintenant, ça a été le même phénomène.

Alors, ce que je souhaite dire à l'agresseur... pas à l'agresseur... oui, à l'agresseur, j'aimerais lui dire : Rends-toi donc à la police, s'il vous plaît, pour qu'on puisse avancer dans ce dossier-là, pour qu'il y ait des gens blessés qui puissent guérir. Ça, c'est une chose.

Ce que je veux surtout dire aux victimes de Laval, mais particulièrement à cette victime qui a pris la parole hier concernant un député de l'Assemblée nationale, c'est que je t'encourage vraiment à poursuivre. Même si l'écoute n'a pas toujours été facile, va voir, il existe des groupes de femmes. Je pense notamment, ici à Québec, à Viol-secours. Va te faire soutenir et continue ce travail-là, on en a besoin, si c'est possible, si tu te sens capable. Pour moi, je ne te tordrai jamais le bras parce que je sais que ce sont des choses qui sont difficiles à faire.

Ceci étant dit, le focus se met, et on se rend compte que l'enceinte de l'Assemblée nationale n'est peut-être pas protégée. Bien, pour nous, c'est une évidence. C'est une évidence parce qu'encore une fois on a dit à une victime : Hi! pas sûr que ce serait une bonne idée de dénoncer, tu vas briser des carrières. Ce que j'entends depuis 53 ans, c'est : Hum! Pas sûr que c'est une bonne idée de dénoncer, tu vas briser ta famille, tu vas briser ton couple, ça va déséquilibrer avec les accusations de ton grand-père. Les agressions sexuelles, ce discours-là de banalisation, on l'entend. On l'a entendu aussi de la bouche de mon collègue député de Dubuc, et c'est triste parce que cette banalisation fait en sorte que, pour les femmes, c'est de plus en plus difficile de dénoncer. Alors, vous comprendrez pourquoi que cette idée que dénoncer brise des carrières, c'est ne pas reconnaître que l'abus sexuel brise des vies, et, si vous étiez là hier soir, vous le savez.

M. Robitaille (Antoine) : Mais c'est les policiers qui auraient dit ça. Ces policiers-là aujourd'hui sont chargés de l'enquête. Est-ce qu'il n'y a pas une espèce de conflit d'intérêts ou de problème de ce côté-là?

Mme Massé : C'est-à-dire que l'urgence que nous avons, c'est de... Parce que ce constat-là a été fait dans le cadre du bilan de la politique en matière d'agression sexuelle voilà deux ans. Nous savons que les policiers manquent de formation, manquent de sensibilité à qu'est-ce que ça veut dire, ne pas banaliser les violences faites aux femmes. Je ne dis pas tous les policiers, mais partout où on a été au Québec, on a entendu ce même discours là. Alors, ce qu'il faut, c'est que ça... Et là on a vu que l'Assemblée a adopté de façon unanime que la stratégie en matière de lutte aux agressions sexuelles, aux violences faites aux femmes, aux violences sexuelles faites aux femmes va être déposée sous peu, ce qu'on attend depuis un an. Soit. Mais ce qui est le plus important, et je veux revenir à la situation qui concerne peut-être un de mes collègues ici, à l'Assemblée nationale, qui concerne un de mes collègues à l'Assemblée nationale, c'est que ce matin j'ai demandé au président de l'Assemblée nationale de convoquer de toute urgence les quatre partis pour que nous puissions discuter ensemble de ce qui se passe parce que nous avons une responsabilité. La police a une responsabilité d'accueillir les plaintes, d'accompagner les plaignantes, les victimes. Nous avons une responsabilité d'envoyer un message politique fort.

Le président m'a dit qu'il trouvait cette idée-là intéressante, et donc je compte sur lui pour que l'ensemble des partis… et je compte surtout sur la collaboration de mes collègues pour que, rapidement, on s'assoie. Pour parler de quoi? Pour dire : O.K., on peut-u arrêter de banaliser, là? Est-ce que nos députés ou le personnel de nos bureaux manquent de formation à ce que ça veut dire, l'égalité entre les hommes et les femmes, à ce que ça veut dire, le rapport égalitaire entre les hommes et les femmes? Donnons-en, de la formation. Et, bien sûr, pour voir qu'est-ce que notre propre politique, que nous avons adoptée en grande trompe au printemps dernier… voir où elle en est rendue, cette politique-là.

M. Dutrisac (Robert) : Maintenant, est-ce que vous, vous avez été témoin ou entendu parler de harcèlement, de comportements inappropriés de la part de collègues députés?

Mme Massé : Lorsque nous avons, les quatre partis ensemble, travaillé la politique contre le harcèlement sexuel à l'Assemblée nationale, bien sûr que nous avons, entre députés, échangé sur des comportements qu'on veut voir arrêter, notamment la banalisation. Et un des éléments… Premièrement, on s'est donné cette politique-là pour donner aux whips de chacun des partis un outil… en fait, non, pour donner aux femmes, premièrement, victimes de harcèlement sexuel ou d'agression sexuelle un outil, mais pour donner aux whips un outil pour être en mesure d'intervenir auprès de leurs collègues, tant députés que personnel de leur…

Alors, oui, je regarde, par exemple, moi, comme féministe, là, un propos comme M. Simard a tenu, c'est clair que c'est un propos qui banalise. Banaliser la violence faite aux femmes, la violence sexuelle, c'est de dire : Bien, dans le fond, vous savez, on n'est pas obligés de la croire, cette fille-là, puisque la majorité du monde ne reconnaissent même pas leur maire. C'est ça. Et, dans ce sens-là, ce type de propos… On a une première responsabilité, comme élus, qui croyons… Parce que je l'entends régulièrement à tous les jours qu'on veut que ça cesse. Bien, si on veut que ça cesse, c'est qu'il faut que, premièrement, nous, on arrête de le faire, et que, lorsqu'on l'entend, on dit à la personne qui l'a dit : C'est assez, on n'en a plus de ça ici.

M. Dutrisac (Robert) : Vous parlez de banalisation, mais moi, je vous parle plutôt de gestes ou de harcèlement véritable et non pas des propos sur quelque chose.

Mme Massé : Au niveau sexuel?

M. Dutrisac (Robert) : Oui.

Mme Massé : Au niveau sexuel, moi, personnellement, Manon Massé, je n'ai pas vu et entendu ça, là, autour de moi dans ma formation politique. Par contre, ce que je sais, dans ce comité-là, c'est que ça a été reconnu que ça existe, que ça existe. Et ce ne serait pas surprenant, ça existe partout dans la société. Et je vous donne juste un exemple : hier, pendant qu'ici, à Laval, on était en train d'offrir notre solidarité aux filles de la résidence, au Chili et en Argentine il y avait des marches dans la rue de dizaines de milliers de personnes parce que, là-bas aussi, les agressions sexuelles, c'est quelque chose qui est un fléau et que la population commence à dire : C'est assez!

M. Lacroix (Louis) : Qu'est-ce que l'Assemblée nationale doit faire, là? Parce qu'aujourd'hui, là, potentiellement, au salon bleu, il y a une personne qui est soupçonnée d'agression sexuelle, qui siégeait en même temps que l'ensemble des députés. Alors, qu'est-ce qu'on peut faire pour éviter une situation comme celle-là partir de mardi?

Mme Massé : Bien, écoutez, moi, je pense, déjà, qu'on en parle, c'est extraordinaire. Moi, je salue le courage des femmes hier, jeunes et moins jeunes d'ailleurs, qui sont venues dénoncer ce qu'elles ont vécu comme victimes d'agression sexuelle. Mais moi, je pense que ce qu'il faut, c'est que, rapidement, le président... Parce que, vous savez, le président de l'Assemblée nationale est responsable de tous les députés, et c'est à ce titre que nous l'avons interpellé ce matin, comme responsable de tous les députés, pour ne pas que ça reste dans un parti, mais que ce soit une responsabilité vraiment collective, qu'il assoie ensemble les quatre partis et qu'on discute sincèrement de ces questions-là.

M. Croteau (Martin) : Qu'est-ce qu'il faut faire de ce député-là? Qu'est-ce que l'Assemblée nationale doit faire face à ça?

Mme Massé : Écoutez, la loi est claire, il y a une enquête qui doit être faite, les allégations... Le processus judiciaire, c'est une chose. Et vous pourrez aller le vérifier, mais, à ma connaissance, ici, à l'Assemblée nationale, si un député est soupçonné d'agression sexuelle, à ma connaissance, je vous invite vraiment à le vérifier avec le secrétaire de l'Assemblée, il perd son poste. Ce n'est pas comme les gens des mairies, etc., le règlement est différent.

M. Croteau (Martin) : Pardonnez-moi, je vais juste vous demander d'être précise, là. C'est quoi, le seuil? C'est le dépôt d'accusation, c'est la confirmation qu'il y a une enquête...

Mme Massé : Écoutez, en toute humilité...

M. Croteau (Martin) : ...un geste questionnable, mais pas nécessairement... Et qu'est-ce qu'il faut faire et à partir de quoi, finalement?

Mme Massé : O.K. Moi, si vous me parlez de la situation, parce que, là, on est partis de la situation où il y a des allégations, où il y a eu une plainte de portée, etc., ça, c'est la justice, c'est par là que ça doit passer. Il y a des failles, oui, mais il faut les régler. Si vous me parlez en général, et je termine cette situation-là, je ne peux pas aller plus vite que le système de justice, O.K.? Alors donc, ça, c'est mon premier point.

Mon deuxième point, c'est par rapport à qu'est-ce qu'on fait pour d'autres cas potentiels. Ce que moi, je vous dis, c'est, si j'ai bien compris, et je vous invite vraiment... parce que j'ai l'humilité de vous dire que je ne connais pas le règlement de l'Assemblée nationale sur le bout de mes doigts, mais je sais que le règlement de l'Assemblée nationale en matière d'agression sexuelle ou de harcèlement sexuel est différent de celui qui gère les municipalités. Parce qu'on a, entre autres, le cas de ce maire, sur la Côte-Nord, qui peut continuer d'être maire même s'il a été accusé formellement d'agression sexuelle. Ici, à l'Assemblée, c'est un petit peu différent.

Là, je sens l'autre bout de votre question, c'est : Jusqu'à quand qu'il faut... à quel point ça en est puis ça n'en est pas? Moi, je vous dis, là, allez voir notre politique sur le harcèlement sexuel, c'est très clair.

M. Vigneault (Nicolas) : Mais l'Assemblée nationale, qu'est-ce c'est qu'ils devraient faire, là? Parce que vous demandez de rencontrer le président. Une fois que la rencontre a eu lieu, et tout ça, qu'est-ce qu'on fait avec cette situation-là?

Mme Massé : Bien, rappelez-vous, ici, à l'interne, nous avons une politique. En même temps ça pourrait être intéressant de faire le bilan après quelques mois d'application : Où est-ce que c'est rendu? Est-ce qu'il y a eu des plaintes? Est-ce que les formations qui devaient se donner dans le cadre de cette politique-là ont été données? Bon, faire un petit peu le point là-dessus, ça ne serait pas inintéressant et ça relève du BAN de faire ça, et, nous, c'est le BAN qu'on veut qu'ils s'assoient ensemble.

L'autre élément, c'est qu'on puisse se parler entre quatre yeux, là. Peu importe le parti, est-ce que les allégations d'agression sexuelle sont prises au sérieux ou on essaie de cacher ça en dessous du couvercle?

M. Lacroix (Louis) : Je comprends, tu sais, ce que vous dites, là, c'est l'ensemble d'une politique, mais, dans le cas précis qui nous occupe, de ce député qui est soupçonné, en ce moment, d'agression sexuelle, le président, le BAN devraient faire quoi dans ce cas précis là? Je comprends, là, toute la question de la politique, là.

Mme Massé : Écoutez, ce que je réitère : Ça relève de la justice, O.K.? Et moi, moi, là, je ne me mettrai pas à savoir c'est qui, O.K.? Nous, là, on a un message à envoyer. Nous, notre rôle, il n'est pas judiciaire et policier, notre rôle, il est politique. On a des jeunes filles qui ont été agressées dans leur milieu de vie, leurs résidences. On a un recteur qui a pris un certain temps à dire : Ça n'a pas de bon sens. Ici, hier soir, on entend qu'il y a une allégation. Quel temps on va pendre... Je pense qu'aujourd'hui on a tous et toutes dit : Ça n'a pas de bon sens. Moi, ce que je dis, c'est : Maintenant, il faut qu'on se donne de réels moyens. Déjà, on en avait dans le passé. Puis, dans le futur, ça s'appelle remettre... Je vais dire ce que j'ai dit hier soir : Où sont les cours d'éducation sexuelle?

M. Lacroix (Louis) : Alors, je vais vous poser la question autrement, là : Mardi prochain, si jamais ce député-là ne n'est pas avancé lui-même, n'a pas reconnu qu'il était la personne visée, est-ce que vous allez être à l'aise de siéger en Chambre avec quelqu'un qui est présumé ou qui est soupçonné d'agression sexuelle? Parce que c'est à ça que ça va revenir mardi prochain, là.

Mme Massé : Oui. Moi, je réitère sincèrement, je ne veux pas jouer le rôle de la police. Moi, là, ce que je souhaite, c'est que plus jamais ça n'arrive, et, pour ça, il faut que l'Assemblée nationale, d'une seule voix, pas juste en paroles mais concrètement... et ça commence dans nos partis, avec nos députés, avec nos équipes de travail, il faut qu'on dise : La violence, l'agression sexuelle, tolérance zéro.

M. Boivin (Simon) : D'un point de vue peut-être un peu plus philosophique, là, comment on réconcilie, à l'heure actuelle, la nécessaire crédibilité qu'il faut donner aux témoignages des gens qui disent être agressés puis le principe de présomption d'innocence, qui reste fondamental dans le système de justice?

Mme Massé : Oui, je pense que c'est vrai que c'est un point de vue philosophique, mais, je dirais, c'est un point de vue très important parce que, dans les faits, comme féministe, ça fait tellement longtemps... Moi, je vous jure, là, je pense que c'est cette cause-là qui m'a amenée à prendre conscience des rapports inégaux entre les hommes et les femmes, c'est les agressions sexuelles. Et donc ça fait plus de 30 ans maintenant qu'on redit et redit que les victimes, il faut les croire. Alors, philosophiquement, comment se fait-il que, 30 ans et plus longtemps — il y a des féministes plus âgées que moi — on ne les croit toujours pas, on met toujours en doute leur parole? Alors, oui, la présomption d'innocence, dans la mesure où on avance dans le système, et tout ça. Mais, quand tu te fais répondre, peu importe par qui : Hi! Ne fais pas ça parce que tu risques de briser une carrière, tu risques de briser ta famille, on n'est plus dans la présomption d'innocence, on est dans le fait qu'on ne croit pas la personne qui le vit. Et ça, à mon sens, on a énormément de travail d'éducation à faire, et c'est pourquoi je réitère encore aujourd'hui que, si on veut que ça s'améliore dans cinq, 10, 15 ans, il faut remettre dès aujourd'hui les cours d'éducation sexuelle et aux saines relations du primaire au secondaire, ça urge.

Mme Plante (Caroline) : Mrs. Massé, does the National Assembly have enough tools as it is to deal with potential cases of sexual assault?

Mme Massé :Absolutely. Last year, we developed here, at the National Assembly, a politic against sexual harassment, and all the parties said that they agree with this politic. So, we have this tool inside of the Parliament. But what happened now, it's a little bit different because it's someone outside the Parliament who said : I've been aggressed... assaulted…

Mme Plante (Caroline) :Assaulted.

Mme Massé : …yes, I've been assaulted by a Member of Parliament. But this woman, she's covered by the law because it's criminal in Québec, in Canada to aggress a woman. So, it's a little bit different.

Mme Plante (Caroline) : And so we have a policy, and you've talked about an upcoming strategy. Can you talk a little bit about that?

Mme Massé : Yes. It's the political strategy against… Oh! I don't know the name in English. Je vais le dire en français, O.K.? It's «la stratégie contre les agressions sexuelles et les violences sexuelles envers les femmes». This politic, we wait for it since one year now, and it's a strategy where the Government of Québec says what he's going to do to prevent the aggression, the assault. So, we'll wait for it. And this morning, in the room, all the parties said that now we're ready to receive this politic. And the Government said : Yes, we'll depose it pretty soon.

Mme Plante (Caroline) : So, right now, for the specific case of this woman who alleges she was sexually assaulted by an MNA, there's not much the National Assembly and the Speaker can actually do about the situation, right?

Mme Massé : You know, it's criminal. So, it's another… it's «judiciaire». But here, what we can say, and this is our point in Québec solidaire, we asked to the Chairman of the Assembly…

Mme Plante (Caroline) : The Speaker.

Mme Massé : … — the Speaker, thank you — we asked to the Speaker of the Assembly to get together all the four parties because we have to discuss about it. So we have to send a very strong political message to say : A woman assault, sexual assault, it's not tolerable.

Mme Plante (Caroline) : Do you expect that this MNA will be expelled, kicked out of the National Assembly?

Mme Massé : I mean, if the policemen do their job, I pretend that it could happen because I think that we have a… I'm not sure of that… that we have… «un règlement» here, in the National Assembly, which says that, if we are involved in a sexual assault, we have to stop to be a Member of Parliament. But I'm not sure of that one. We have to check on it.

Mme Plante (Caroline) : Thank you very much.

Mme Massé : You're welcome.

(Fin à 12 h 12)

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