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Point de presse de Mme Hélène David, ministre responsable de l’Enseignement supérieur

Version finale

Thursday, October 20, 2016, 14 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Quatorze heures neuf minutes)

Mme David (Outremont) : Alors, bonjour à tous. Au cours des dernières semaines, des voix se sont élevées pour dénoncer des propos et des gestes sexuels dégradants ainsi que des actes de violence sexuelle qui ont été commis sur des campus du Québec. Depuis samedi dernier, c'est toute la population qui s'élève contre les gestes et les agressions à caractère sexuel qui sont survenues à l'Université Laval.

Si j'ai tenu à être présente sur le campus de l'Université Laval durant les derniers jours et à assister, hier soir, à la vigile, c'est pour offrir mon soutien et celui de notre gouvernement aux victimes ainsi qu'à toute la communauté universitaire. Les événements qui se sont passés depuis un certain temps sur les campus universitaires choquent le Québec. Comme vous, j'ai été touchée profondément par les révélations qui ont été faites par les victimes d'agression.

Je souhaite maintenant que le Québec tienne un véritable débat de société sur le grave problème que constituent les violences sexuelles dans les cégeps, les collèges privés et les universités. J'annonce donc aujourd'hui la tenue de quatre journées de réflexion avec les partenaires, que ce soient les dirigeants, les professionnels des bureaux de prévention, les associations étudiantes ainsi que toutes les communautés collégiales et universitaires afin de convenir ensemble de moyens pour mieux prévenir et contrer les violences à caractère sexuel sur les campus universitaires et les collèges du Québec. Ces journées de réflexion se tiendront à Montréal, à Québec, à Gatineau, à Saguenay d'ici le mois de mars 2017. Pour ces journées, je serai accompagnée des partenaires des réseaux. J'appelle tous les acteurs du milieu à travailler ensemble pour trouver des solutions durables qui feront en sorte que les violences à caractère sexuel seront éradiquées.

Nous désirons, par ce processus, faire en sorte de développer des balises et des pratiques communes qui seront enchâssées dans une politique-cadre ou dans une loi-cadre. Nous voulons devenir, avec ces mesures, parmi les plus engagés, parmi les plus progressistes en Amérique du Nord, en offrant à nos étudiantes et nos étudiants les meilleures conditions pour poursuivre leurs études dans des établissements exempts de violence à caractère sexuel. Je demande par ailleurs à tous les établissements d'organiser leurs propres démarches de réflexion avant ces quatre journées afin de définir, avec les membres de leurs communautés, au premier titre les étudiantes et les étudiants, les balises et les orientations qui pourraient être recommandées au gouvernement. Plusieurs d'entre eux ont déjà des politiques ou règlements concernant le harcèlement sexuel. Je les invite à me soumettre les améliorations qui devraient y être apportées en se basant sur les meilleures pratiques.

Au terme de ces réflexions que nous mènerons ensemble, nous serons en mesure d'adopter des solutions encadrantes qui constitueront une réponse ferme et claire à la violence à caractère sexuel qui est perpétrée dans les établissements d'enseignement supérieur du Québec. Je défendrai sans réserve le principe fondamental qui est la pierre d'assise de toute société : tous les étudiants et toutes les étudiantes ont droit au respect de leur dignité et de leur intégrité.

Je souhaite qu'aujourd'hui marque un moment fort de notre réflexion et de notre engagement à enrayer la violence à caractère sexuel dans les collèges et les universités du Québec. La violence à caractère sexuel, peu importe la forme prise, est inacceptable. La réponse que nous devons donner ensemble doit être forte et c'est à cette tâche que je nous convie tous. Merci beaucoup.

Le Modérateur : Merci. On va passer à la période des questions, micro de droite, puis je vous demande de limiter vos interventions, s'il vous plaît, à une question, sous-question.

M. Chouinard (Tommy) : Bonjour, Mme David. Tommy Chouinard, LaPresse. D'abord, une question qui s'impose : Que savez-vous de l'état d'avancement des vérifications qui sont faites, au sein de la députation libérale, quant à l'identité du présumé agresseur?

Mme David (Outremont) : Ah! écoutez, le premier ministre s'est prononcé là-dessus, je pense qu'il a été très, très ferme et il a été aussi ferme sur les mesures qu'il entend prendre, si jamais il y avait des fondements aux allégations.

M. Chouinard (Tommy) : Donc, à ce jour, personne ne s'est manifesté, à votre connaissance?

Mme David (Outremont) : À ce jour, je pense que les travaux sont en cours.

M. Chouinard (Tommy) : D'accord. Maintenant, sur ce que vous proposez, vous promettez donc une loi-cadre.

Mme David (Outremont) : Ça peut aller jusqu'à une loi-cadre, une politique-cadre ou une loi-cadre...

M. Chouinard (Tommy) : Précisément sur...

Mme David (Outremont) : Sur la prévention pour contrer les violences à caractère sexuel dans les établissements collégiaux et universitaires. Il y a l'Ontario, il y a le Manitoba qui ont adopté de telles lois.

Une loi, qu'est-ce que ça veut dire? Ça veut dire qu'il y a des grands principes émis, enchâssés dans une loi. Ça veut dire quelque chose, une loi, ça veut dire une reddition de comptes, ça veut dire qu'il y a des balises communes à tous les établissements collégiaux, universitaires. Ça veut dire qu'il doit y avoir des mesures de sécurité, des mesures de prévention, des mesures de soutien en cas d'agression sexuelle, et ça peut aller évidemment à déférer à des avocats pour des plaintes et à la police pour des plaintes criminelles, mais ça prend, je dirais, toute une armature de services, autant de soutien, de prévention, parce qu'il faut aussi faire de la prévention dans ces événements-là, dans toute la question de ce que les gens ont dit être une culture plutôt malsaine, dans certains cas, et ça comprend aussi toutes les questions qui entourent les initiations, l'alcool.

Alors, je veux être bien claire qu'on ne parle pas que pour encadrer les agressions sexuelles, qui, elles, évidemment, sont enchâssées dans d'autres lois criminelles, mais c'est aussi une loi qui va pouvoir baliser et encadrer les activités d'accueil et d'intégration.

M. Chouinard (Tommy) : Pour bien comprendre, est-ce que vous considérez qu'il y en a une, culture malsaine dans nos institutions universitaires, collégiales?

Mme David (Outremont) : Écoutez, je dirais surtout que les associations étudiantes, les bureaux, les règlements que la plupart des universités et des collèges ont déjà marquent une sensibilité à la situation. On ne part pas de zéro. Il y a eu un rapport remis vendredi dernier par le Bureau de coopération interuniversitaire pour prévenir et contrer... Il y a plusieurs recommandations déjà assez structurantes. Ce sont des recommandations. Je veux aller beaucoup plus loin et je veux faire ce débat, justement, dans quatre régions du Québec où il y a des pôles collégiaux et universitaires, de là les choix. Je veux entendre les gens. Je veux que les gens puissent s'exprimer et qu'on arrive à un encadrement significatif.

Le Modérateur : Micro de gauche.

M. Bellerose (Patrick) : Bonjour, Mme David. Patrick Bellerose du Huffington Post Québec. Ce matin, l'amie d'Alice Paquet a révélé que l'agression aurait été violente, aurait nécessité des points de suture par la suite. En tant que députée libérale, êtes-vous à l'aise de siéger aux côtés d'un homme sur qui pèsent de telles allégations?

Mme David (Outremont) : Écoutez, les choses sont en cours. Il y a des vérifications qui sont faites, et c'est évident que, s'il y avait quelqu'un qui était accusé de quelque agression sexuelle que ce soit, ça serait intolérable de siéger avec quelqu'un comme ça. On n'en est pas là. Il y a des travaux qui se font. Le premier ministre a été ferme, il a dit exactement la même chose. Donc, attendons, et je pense qu'ils sont en train de travailler assez activement.

M. Bellerose (Patrick) : Est-ce que vous souhaitez que le député se retire le temps que la lumière soit faite sur les allégations?

Mme David (Outremont) : Écoutez, le premier ministre a les choses bien en main. Je pense qu'il ne peut pas être plus ferme qu'il ne l'a été. C'est inacceptable, si des faits sont avérés, que ce soit pour n'importe qui, qu'il soit du plus riche au plus pauvre, de celui qui a le plus de pouvoir à tous les membres de la société. C'est inacceptable.

Alors, je voudrais répéter aussi qu'il y a des... la grande majorité sont des femmes, il y a aussi des hommes. Je suis en support à toutes les victimes d'agression sexuelle, hommes ou femmes, et quelle que soit, justement, l'agression, à partir du moment où c'est une agression avérée par l'État de droit, disons-le comme ça, c'est totalement inacceptable, et j'appelle tous les membres de la société... Vous étiez peut-être là hier soir, où on écoute les déclarations de tout le monde. Il faut appuyer ce mouvement-là. Je porte fièrement le macaron Sans oui, c'est non! et j'ai tellement... Je suis intervenue plusieurs fois depuis le mois de septembre. Quand ce n'est pas une université, c'est une autre, une activité, une autre, là. J'ai quitté, c'était le nouveau président de l'Université d'Ottawa qui intervenait.

Vous savez, ce n'est pas propre au Québec, hein? Mais pourquoi le Québec ne pourrait pas être à l'avant-scène, à l'avant-garde, être le plus progressiste? On s'est montrés très progressistes dans plusieurs, plusieurs dimensions de la société. On est rendus là pour les collèges, les universités, et je vais porter jusqu'au bout cette démarche.

M. Bellerose (Patrick) : Mais vous souhaitez que la lumière soit faite rapidement, j'imagine, dans le cas du député?

Mme David (Outremont) : Pardon?

M. Bellerose (Patrick) : Mais vous souhaitez que la lumière soit faite rapidement, j'imagine, dans le cas du député?

Mme David (Outremont) : Bien, tout le monde souhaite que la lumière soit faite rapidement, c'est évident.

Le Modérateur : Merci. Micro de droite.

Journaliste : Bonjour, Mme David. Vous étiez présente à la vigile hier, donc vous étiez présente lors du témoignage de la présumée victime. Comment avez-vous réagi sur le coup, là?

Mme David (Outremont) : J'étais présente pour l'ensemble des témoignages. J'étais présente pour d'autres témoignages. J'étais à plusieurs émissions de télévision. J'ai rencontré Mélanie, Kimberley, Ariane, les trois qui… Demain, d'ailleurs, je serai avec elles au lancement de leur site, de leur mouvement, Québec sans violence sexuelle. Et donc j'ai parlé avec elles, j'ai entendu tous les commentaires. Je pense, j'ai été assez bouleversée et que je l'ai dit assez clairement. Alors, que ça soit une agression sexuelle ou une autre, toutes les agressions sexuelles n'ont pas de place dans notre société.

M. Dutrisac (Robert) : Mais le fait que ce soit un de vos collègues, présumément, est-ce que ça vous a…

Mme David (Outremont) : Il n'y a pas de bonne agression sexuelle et de mauvaise agression sexuelle. Il y a une agression sexuelle et que la personne...

M. Dutrisac (Robert) : Mais vous avez dû être choquée, sur le coup, d'apprendre ça.

Mme David (Outremont) : Il n'y a pas d'agression sexuelle bonne ou mauvaise, il y a une agression sexuelle, quelle que soit la personne qui perpètre l'infraction. Alors, je le redis, c'est extrêmement important de prendre ça très au sérieux. Que ça soit un collègue, que ça soit dans nos milieux de travail, que ça soit dans notre famille, dans notre entourage, il n'y a aucune raison pour ne pas dénoncer. Et je répète encore une fois, je l'ai dit, je salue le courage de ces femmes.

Dans ce cas-ci, ce sont, je pense, à peu près toutes des femmes, actuellement, qui ont ce courage de dénoncer. Vous n'étiez peut-être pas là hier, mais il y en avait une autre qui parlait de quelqu'un qui était dans la foule et qui avait été… en tous cas, elle a raconté son épisode. Il y a eu des épisodes vraiment assez dramatiques pendant cette soirée-là, et nous sommes de tout cœur avec ces femmes et ces hommes qui peuvent être victimes.

M. Dutrisac (Robert) : La décision que vous annoncez, les quatre journées, cette décision-là, ça peut… Quand est-ce que, justement, cette décision-là a été prise, là? Ça a-tu été ratifié par le conseil des ministres ou…

Mme David (Outremont) : Bien, écoutez, moi, je… 22 février 2016, j'arrive au ministère de l'Enseignement supérieur. Ça ne fait pas si longtemps, le temps passe vite, mais… et là il y a eu plusieurs événements, les uns après les autres, ETS entre autres...

M. Dutrisac (Robert) : Oui, les initiations…

Mme David (Outremont) : Non, non, même avant ça, même avant ça. ETS, John-Abbott. On est au mois de mai, on est au mois de juin, juillet… Le 12 août, je demande à mon attaché politique de dire : Écoute, j'ai assez vécu longtemps dans les universités, là. Depuis deux ans, là, je suis à la culture, j'ai quitté le milieu, mais le début d'année, des fois, là, attention. Où on en est dans l'encadrement des activités d'accueil et d'intégration, qu'on peut appeler aussi initiations?

Donc, on a le courriel. On a écrit à tous les collèges, les universités et toutes ont collaboré, nous ont répondu : Voici nos politiques, voici comment on fait ça. Et je suis allée, j'oserais dire, de bonne surprise en bonne surprise, parce qu'il y a de l'encadrement, il y a la formation des nouveaux présidents, vice-présidents, des officiers, qu'on appelle, des associations étudiantes. Il y a des balises claires : pas de nudité, pas de consommation excessive d'alcool, vous êtes toujours représentant votre université si c'est une activité autour d'activités d'accueil et d'initiation.

Alors, il y a vraiment les associations... n'oubliez pas qu'il y avait en même temps la campagne Sans oui, c'est non!, qui a été initiée vraiment par les étudiants, la FAECUM en particulier, et les bureaux de prévention de harcèlement. Donc, ils ont parti cette campagne-là, tout le monde a adhéré, toutes les universités, les collèges sont en processus pour adhérer. Et donc, dès le mois d'août, je me disais : Comment va se passer le début d'année? Bien, j'ai été servie, savez-vous quoi, parce que je ne pensais jamais que je me retrouverais, depuis à peu près le jour du forum des idées...

Souvenez-vous, Philippe Lessard, qui écrit cet article, et tout de suite j'ai réagi, j'ai donné une entrevue dès l'après-midi et, depuis ce temps-là, écoutez, je m'aperçois que tout n'est pas pour le mieux, et là c'est moi qui suis la ministre de l'Enseignement supérieur, c'est moi qui ai, à tout le moins, au moins, le pouvoir de changer un certain nombre de choses, si tant est qu'on a la possibilité, quand on est au gouvernement, puis je ne suis pas venue en politique pour rester passive à regarder les choses. Donc là, je me suis dit : Hélène, c'est le temps, tu vas faire quelque chose, si tu peux laisser un petit peu ta trace de ton rôle à l'Enseignement supérieur en disant : Ça, on va essayer d'avancer, bien, me voilà avec ça. Donc, ça ne fait pas d'hier que je pense à ça, mais là, vraiment, on va y aller de façon très, très, très structurante, et je pense qu'on pourra tous être fiers d'un encadrement qui répond aux meilleures pratiques mondiales.

Le Modérateur : Merci. Micro de gauche.

M. Boivin (Simon) : Bonjour, Mme David. Simon Boivin du Soleil. La situation est pire que ce à quoi à vous vous attendiez, c'est ce que je comprends de vos propos.

Mme David (Outremont) : Bien, c'est-à-dire que chaque année, hein, revoyez vos entrées universitaires ou collégiales depuis 10, 15 ans, à peu près toutes les institutions, quand ce n'est pas une association étudiante, un party ici, un party là...

M. Boivin (Simon) : Mais par rapport à vos attentes à vous.

Mme David (Outremont) : Mais là, moi, c'est la première fois que j'entre comme ministre de l'Enseignement supérieur, avec, j'oserais dire, le privilège et le poids de la responsabilité. Donc, j'ai un regard extrêmement ouvert là-dessus et vigilant et donc je me suis dit : Là, il me semble que c'est inacceptable. Je l'ai dit dès le samedi d'il y a trois semaines, je pense, là, le forum des idées — un mois, ça passe vite — j'ai dit : C'est inacceptable, j'ai l'impression qu'on n'a pas avancé, malheureusement.

M. Boivin (Simon) : Et par rapport à hier, à partir du moment où vous avez entendu la jeune femme faire son témoignage, qu'est-ce que vous avez fait? Est-ce que vous avez prévenu le bureau du premier ministre de ce que vous veniez d'entendre? Qu'est-ce que vous avez fait avec ce témoignage?

Mme David (Outremont) : Bien, écoutez, je pense que ce n'est pas moi, là. Moi, j'étais là, devant, et on est restés jusqu'à la fin, moi et mes collègues, et il y a certainement eu rapidement une information qui a été envoyée. Donc, c'est tout ce que je peux vous dire.

M. Boivin (Simon) : Et sur la politique-cadre que vous prévoyez mettre en place, qui dit…

Mme David (Outremont) : Ou loi, ou loi.

M. Boivin (Simon) : …ou une loi, qui dit loi, dit souvent sanctions pour ceux qui ne la respectent pas. Je comprends que vous pouvez déférer aux autorités policières des agissements de nature criminelle, mais il y a d'autres choses dans les initiations qui ne sont pas nécessairement criminelles, mais que…

Est-ce que les universités sont assez sévères? Est-ce que c'est l'approche punitive, dissuasive que vous allez suggérer aux universités et aux établissements d'enseignement pour…

Mme David (Outremont) : Bien, je vais vous dire deux choses à ce sujet-là puis je vous remercie de me faire penser à des aspects dont je voulais parler avec vous, discuter. Je vais soutenir financièrement, ils sont déjà avertis, et je l'ai dit publiquement, l'organisation de cette campagne Sans oui, c'est non!. C'est une belle organisation, fantastique, tripartite : associations étudiantes, responsables des bureaux de prévention et de harcèlement et les dirigeants universitaires, et je vais demander qu'ils me donnent un rapport rapidement sur la question des initiations. Qu'est-ce qu'on peut faire…

Parce que moi, je suis de celles qui pensent que tu arrives à l'université, tu es jeune puis tu as le goût de t'intégrer, de connaître tes collègues. Puis ça date de siècles, là, ça fait très longtemps que les initiations existent. Ce n'est pas nécessaire d'être dégradants. Ce n'est pas nécessaire d'être idiots — je le dis vraiment — et d'avoir des activités qui sont vraiment, là, d'un ridicule consommé, où il y a consommation d'alcool, souvent, un peu trop et où il y a des espèces de jeux sexuels que, ma foi, je ne pensais plus qui existaient, honnêtement. Et, bon, ça existe et, s'il y a quelque chose qu'on aura fait cet automne et qu'on va continuer cette année par cette loi, c'est bien de faire prendre conscience à tout le monde et que tout le monde, collectivement, se disent : On arrête ça là, c'est terminé. On en fait, des activités d'accueil et d'intégration, on peut appeler ça initiation, mais on le fait dans le respect d'un certain nombre de balises, et c'est ce vers quoi je veux aller.

M. Boivin (Simon) : Je vous parlais de l'aspect punitif, des expulsions, des sanctions. C'est de l'aspect punitif dont je vous parlais.

Mme David (Outremont) : Écoutez, les associations étudiantes sont déjà très impliquées, forment les nouveaux dans les responsables d'associations étudiantes sectorielles, parce que tu as les associations mères, si vous voulez, comme la FAECUM, mais il y a peut-être 48 associations étudiantes : sciences politiques, droit, psychologie, sociologie, anthropologie. Donc, il faut les former et leur dire : Attention, vous avez une certaine vigilance et, oui, peut-être une certaine imputabilité. C'est peut-être le genre de chose qui pourra être mise dans les balises, et puis à ce moment-là, à partir du moment où il y a de l'imputabilité, bien, il peut y avoir des conséquences s'il y a des choses malheureuses qui se passent. Et je pense que…

Ce que j'apprécie et que je trouve extraordinaire de courage… Prenez l'exemple de la faculté de droit, il y a toujours bien des étudiants qui sont venus se plaindre puis il y a des étudiants qui ont accepté d'écrire dans le journal. Mais, pour ça, il fallait que des mains se lèvent, que des voix s'élèvent pour dire : C'est ridicule, on a été soumis à ça. Il y en a d'autres, à l'UQO, qui ont mis sur Facebook qu'est-ce que c'était, les 12 travaux d'Hercule. Vous les avez sûrement regardés, vous avez dit : Mon Dieu, ce n'est pas possible. On a vu, à l'Université d'Ottawa, l'histoire des pyramides des Vet's, quelque chose, là, des... Alors, chacun a ses choses comme ça, et c'est ce genre de choses qu'on ne veut plus retrouver.

Le Modérateur : Micro de droite.

M. Foisy (Philippe-Vincent) : Philippe-Vincent Foisy de Cogeco. Quel message ça envoie quand un député ex-ministre semble banaliser un peu les allégations, que le premier ministre, qui est le patron de celui qui est présumément agressé, dit : On ne se mettra pas à jouer aux enquêteurs ici? Quel message ça envoie?

Mme David (Outremont) : Bien, écoutez, je ne sais pas si vous faites référence au collègue de Dubuc ou à d'autres choses parce que c'est des propos qui sont vraiment déplorables, je le dis. Mais il s'est excusé, et c'est tout à son honneur. Le premier ministre a été ferme, il a dit : Je vais agir, je vais agir rapidement, et toute situation inacceptable ne sera pas tolérée.

M. Foisy (Philippe-Vincent) : Juste pour m'assurer que j'ai bien compris, tantôt vous avez dit : Si un de vos collègues devait être accusé d'agression sexuelle, ce serait intenable ou inacceptable de siéger avec lui. C'est ça?

Mme David (Outremont) : Bien, écoutez, s'il était accusé et trouvé coupable d'agression sexuelle, d'abord, je pense qu'il ne serait plus député de toute façon. S'il était trouvé coupable, il serait... vous savez, c'est une infraction au Code criminel.

M. Foisy (Philippe-Vincent) : Mais donc, le seuil pour l'expulsion du caucus, c'est quoi? C'est les accusations? C'est...

Mme David (Outremont) : Écoutez, un, ce n'est pas moi, le premier ministre; deux, on a un premier ministre qui prend les choses très au sérieux, qui travaille, en ce moment même, à regarder, à faire un peu enquête, et il prendra les décisions, et je pense que les lignes directrices qu'il a partagées avec vous ce matin étaient assez fermes. En tout cas, je vous...

M. Foisy (Philippe-Vincent) : C'est parce que tantôt vous avez dit «accusé». Là, vous dites «reconnu coupable». Juste m'assurer... C'est quoi, votre position?

Mme David (Outremont) : Reconnu coupable, reconnu coupable.

M. Foisy (Philippe-Vincent) : Pour quitter le caucus.

M. Lecavalier (Charles) : Bonjour, Mme David. Charles Lecavalier, Journal de Québec. Comme ministre, est-ce que vous croyez qu'il y a une culture du viol sur les campus, comme certains groupes féministes le disent?

Mme David (Outremont) : Bien, écoutez, on parle de violence à caractère sexuel. Vous allez dire «violence», il y a le mot «viol», mais ce ne sont pas tous des viols et heureusement. Mais j'inclus dans les violences à caractère sexuel... «À caractère sexuel», c'est toute cette hypersexualisation de certaines activités où il y a carrément des gestes dégradants. Il y a eu des exemples de gens qui ont témoigné d'ailleurs à Tout le monde en parle ou à d'autres émissions, à J.E., etc.

Donc, ça, ce sont des violences à caractère sexuel, qui ne sont pas nécessairement des viols, on s'entend, mais c'est aussi inacceptable. C'est inacceptable d'avoir des comportements comme ça, et je pense qu'en 2016, bientôt 2017, on pourra se dire qu'on ne l'accepte plus jamais.

M. Lecavalier (Charles) : Et je ne sais pas si vous abordez cette question-là, mais un débat qui fait rage... je sais qu'aux États-Unis, par exemple, il y a des universités qui ont interdit des professeurs d'avoir des relations même consentantes avec leurs étudiantes, parce que, bon, parfois, on donne les bourses, on est employeurs, il peut y avoir une relation malsaine. Est-ce que ce ne serait pas une réflexion qu'on devrait avoir au Québec?

Mme David (Outremont) : Écoutez, peut-être que c'est quelque chose qui va arriver. Moi, j'étais professeur à l'université, dans les années où les gens commençaient à en parler plus, des étudiantes commençaient à dévoiler, ou des étudiants, c'étaient plus des étudiantes, encore une fois. Mais ça concerne toutes les relations de pouvoir, et être un professeur, c'est être en pouvoir. Tu évalues ton étudiant, tu lui fais passer son doctorat ou pas, sa maîtrise. Tu es vraiment dans une relation où il faut faire attention parce que les étudiantes, disons, ou étudiants sont majeurs, mais, quand on est dans une relation de pouvoir, disons qu'on doit se garder... pas une petite gêne, une grosse, grosse gêne.

Et il y a carrément des lieux, comme les ordres professionnels, par exemple, les médecins... Il y a un article d'Yves Boisvert, récemment, là, sur un... dans le Collège des médecins, un médecin qui a été radié, qui avait une réflexion là-dessus. Quand on est un professionnel avec une relation de pouvoir, bien, il y a des choses qui ne se font pas et il y a des radiations et des sanctions. Ça, ce sont les ordres professionnels.

Quand on est à l'université, c'est une relation de pouvoir qui n'est pas sanctionnée par un ordre, ce sont des adultes dits consentants ou pas consentants, mais il y a quand même une relation de pouvoir, donc, je dirais, prudence, grande prudence. Merci.

(Fin à 14 h 32)

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