(Neuf heures trente-huit minutes)
M.
Bonnardel
:
Le sujet de notre interpellation ce matin est un sujet extrêmement important :
la situation des appareils de loterie vidéo au Québec. J'en ai fait, si on peut
dire, presque un enjeu personnel, mais un enjeu pour ma formation politique. Le
27 septembre dernier, je posais ma première question en Chambre sur la situation
des appareils de loterie vidéo et je demandais au gouvernement de réduire de 1 600
appareils, donc le nombre de ces appareils dans tous les bars et restaurants du
Québec. Le gouvernement n'a pas agi rapidement, n'a pas répondu, et, par la
suite, le ministre nous a dit : Bien, peut-être qu'on va réduire ce nombre
de 1 000, ça reste à savoir.
Deuxième point important, je leur ai dit
que c'est certain que, si on baissait de 1 600 appareils, c'est des
revenus de moins pour Loto-Québec. On parle d'à peu près 77 millions de
dollars. Deuxième point en importance, il faut revoir le taux de retour. Donc,
en bon français, rendre la machine moins payante. Passer ce taux de retour de
92 % à 91 %, ça mènerait à des revenus additionnels de
114 millions, donc on compense la perte de 77.
Et ça m'emmène au troisième point important,
c'est la Fondation Mise sur toi, la Fondation Mise sur toi qui avait été créée
en 2009, qui est là pour assurer elle-même la recherche sur le jeu de hasard, a
comme été mise de côté par Loto-Québec trois ans plus tard, où on a donné à une
vice-présidente déjà responsable la gérance, si on peut appeler ça ainsi, de la
Fondation Mise sur toi. Et aujourd'hui que Loto-Québec s'autoréglemente
elle-même, c'est un problème majeur. C'est comme si on disait à Rambo... C'est
comme si on mettait Rambo en charge de la lutte contre l'intimidation. Et dans
les circonstances aujourd'hui, ce qui est important pour nous, c'est de
remettre sur pied la Fondation Mise sur toi, son financement de 6 millions
de dollars, qu'elle soit un organisme autonome qui va nécessairement elle-même
étudier, donc, les comportements des Québécois pour contrer le jeu
pathologique.
Et, vous savez, hier, j'entendais la
ministre parler de la politique gouvernementale de prévention en santé, où,
dans l'orientation n° 4, on dit : «Mettre en place une stratégie
intégrée [qui vise] à réduire la consommation d'alcool et de drogues et la
pratique des jeux de hasard et d'argent...» Bien, je pense que la Fondation
Mise sur toi pourrait être sous l'égide, donc, de la ministre des Services
sociaux.
Alors, j'espère ce matin... et je termine en
vous disant que j'ai demandé un mandat d'initiative aussi le 5 octobre dernier
à la Commission des finances publiques. La commission n'a toujours pas été
appelée pour étudier, donc, cette demande que j'ai faite. J'ose croire ce matin
que le ministre va donner son aval pour dire aux députés libéraux qui siègent
sur cette commission qu'on a besoin d'étudier, tout comme Loto-Québec l'a déjà
demandé auparavant. Merci.
M. Vigneault (Nicolas) : Pour
vous, donc, ce que le gouvernement propose ou le discours, en fait, de Carlos
Leitão de dire : Il va y avoir diminution, on se dirige vers ça, ce n'est
pas suffisant, le discours actuel?
M.
Bonnardel
:
Bien, on va le croire quand on va le voir. Et, deuxièmement, le ministre n'agit
pas assez rapidement dans ce dossier. Je ne suis pas le seul, il y a eu des
médias qui en ont parlé à gauche et à droite. C'est un fléau social, les
appareils de loterie vidéo au Québec, et on doit agir rapidement, comme je le
mentionnais, donc, de réduire ce nombre d'appareils. Je pense qu'à 10 000
on réussirait à trouver un équilibre pour contrer le crime organisé. On ne veut
certainement pas que le crime organisé entre donc dans la gestion des
opérations de ces appareils.
Deuxièmement, voir taux de retour. Quand
je disais tantôt, la machine est-u payante ou non, bien, si on rabaisse...
C'est une moyenne canadienne, hein, ce fameux 92 %. Si on le ramène à
91 %, elle va être légèrement moins payante. C'est ce que certaines études
demandaient aussi. On pourrait utiliser cet argent, donc ce 47 millions
additionnels, pour contrer le jeu pathologique et remettre sur pied, là, point
majeur, remettre sur pied la Fondation Mise sur toi. Si on a fait la même chose
du côté d'Éduc'alcool avec la SAQ, bien, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait
pas le faire avec Loto-Québec et la Fondation Mise sur toi.
M. Vigneault (Nicolas) :
Bon, vous dites 1 600, c'est ça, de moins. De votre côté, votre chef a
déjà dit aussi, à l'heure de la période de questions : On devrait les
éliminer, quant à moi. Même, la position de la CAQ, c'est carrément... on
voudrait quasiment les éliminer, ces appareils-là.
M.
Bonnardel
:
Bien, ce serait extrêmement difficile. C'est certain que d'éliminer ce nombre
d'appareils complètement, bien, malheureusement, le crime organisé pourrait
amener certains appareils dans des bars, dans des restaurants, puis ce n'est
pas ça qu'on veut. On sait que Loto-Québec va chercher à peu près 800 millions
de dollars par année.
Moi, ce que je dis, il faut réduire ce
nombre d'appareils, il faut surtout mieux les cibler dans différents endroits
et bars du Québec. Malheureusement, plus souvent qu'autrement, on voit une
concentration de ces appareils dans des milieux plus défavorisés. Alors, je
pense que, dans ces conditions, le ministre doit s'y attaquer rapidement. On a
vu les médias, dans les dernières semaines, en parler ouvertement, dénoncer des
situations, autant avec la RACJ qu'avec Loto-Québec elle-même.
Donc, j'espère, ce matin, que le ministre
va être assez ouvert d'esprit pour dire : On a un plan de match, là, voici
le plan de match, d'ici Noël, on va réduire x nombre d'appareils. J'ose croire
qu'on pourra aller aussi loin que le 1 600 qu'on demande, revoir le taux
de retour, mais surtout, surtout, surtout, là, c'est de revoir la Fondation
Mise sur toi. Que Loto-Québec s'autoréglemente elle-même, c'est majeur, je le
répète. C'est comme, encore une fois, c'est l'image de Dracula qui gère la
banque de sang. Ça n'a aucun sens. Donc, j'espère que, dans ces conditions, le
ministre va être ouvert à notre proposition pour qu'on soit capable d'avoir un
organisme qui va, par lui-même, chapeauter, gérer donc la recherche sur le jeu
pathologique. Merci.
(Fin à 9 h 44)