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Point de presse de Mme Kathleen Weil, ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion

Version finale

Thursday, October 27, 2016, 13 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Treize heures treize minutes)

Mme Weil : Oui, bonjour, tout le monde, bon après-midi. Alors, ce matin, j'ai eu le grand plaisir de déposer le Plan d'immigration du Québec pour l'année 2017. Ce plan confirme les orientations de la planification pluriannuelle de l'immigration pour la période 2017‑2019 qui ont été soumises à une consultation cet été et qui ont recueilli une vaste adhésion de l'ensemble des acteurs consultés. Il faut comprendre que l'immigration a, de tout temps, contribué au développement économique culturel et social du Québec. Le contexte dans lequel le Québec évolue exige néanmoins, actuellement, une action rapide, structurée et efficace.

Alors, j'aimerais vous parler un peu du contexte dans lequel on dépose ce plan. C'est un contexte d'une grande réforme, qui est vraiment différente des autres expériences personnelles et d'autres ministres qui ont fait des planifications. Alors, c'est une grande réforme en immigration afin de nous assurer que l'immigration puisse continuer de répondre à nos besoins, contribue à notre prospérité.

Alors, vous vous rappellerez que nous avons dévoilé, au mois de mars dernier, une nouvelle politique en matière d'immigration de participation et d'inclusion intitulée Ensemble, nous sommes le Québec, accompagnée d'une stratégie d'action dotée d'un budget de 42,5 millions sur cinq ans qui vise à mieux sélectionner, mieux intégrer et mieux vivre ensemble. Nous avons aussi, au mois d'avril dernier, adopté une nouvelle loi sur l'immigration au Québec, la loi n° 77, qui fournit les assises pour la mise en place d'un nouveau système d'immigration novateur, rapide, flexible qui permettra, et c'est ça le coeur, vraiment, de ce projet de loi, une adéquation optimale entre les candidats sélectionnés et les besoins de notre marché du travail. Et nous travaillons d'ailleurs actuellement à la mise en place de ce nouveau système qui s'appuiera sur des portraits régionalisés de ces besoins. Ça, c'est une nouveauté qui permettra au système d'immigration, finalement, de sélectionner des gens qui pourraient répondre à des besoins dans nos villes et régions... et ce nouveau système qui serait en place au cours de la seconde moitié de 2017.

La nouvelle politique, la nouvelle loi et les orientations déposées aujourd'hui prennent toutes racine dans les consensus qui ont émergé des trois larges consultations parlementaires de l'ensemble des acteurs concernés et intéressés par l'immigration, notamment les acteurs économiques, syndicaux, communautaires, universitaires, municipaux et régionaux.

Et je voudrais rajouter, sur une note personnelle, pour moi, c'est un grand privilège d'avoir pu être à l'écoute, honnêtement, dans ce processus quand même assez exceptionnel, trois grandes consultations parlementaires, et je voudrais souligner que cet exercice qu'on a fait de consultations parlementaires... et on a inscrit dans la loi que ce serait toujours des consultations générales, ce qui veut dire tous les gens qui veulent venir se prononcer viennent se prononcer. C'est un exercice démocratique unique. On n'a pas trouvé d'autres gouvernements qui font cet exercice, et je pense, personnellement, que c'est extrêmement important pour avoir toujours, en temps constant, une bonne compréhension des enjeux, des défis qu'on a à relever, mais aussi que les gens comprennent, et que nous, comme gouvernement, et les parlementaires puissent sentir aussi une adhésion à nos orientations.

Donc, qu'est-ce que nous avons entendu lors de ces consultations? Un, tout d'abord, nous avons constaté l'adhésion envers la sélection d'une immigration jeune — c'est l'orientation 6 — dont le profil est bien arrimé avec les besoins du marché du travail. Alors, le nouveau système de sélection basé sur la déclaration d'intérêts jouera donc un rôle clé dans la réalisation de cette orientation et de nous assurer — l'autre orientation — que 70 % de nos travailleurs qualifiés détiennent une formation en demande sur le marché du travail. Évidemment, pour un système d'immigration qui cherche à contribuer à l'économie du Québec... Évidemment, c'est tous les immigrants qui contribuent au marché du travail, mais cette orientation est très, très importante parce qu'elle est stratégique. C'est des talents qui sont recherchés et que nos entreprises cherchent un peu partout dans le monde.

Donc, nous porterons aussi l'immigration économique à 63 % de l'ensemble des admissions d'ici 2019 — ça, c'est l'orientation 2 — afin de soutenir la croissance de nos entreprises et pallier aux besoins de main-d'oeuvre qui se font sentir dans plusieurs régions. Et cette orientation a été accueillie, évidemment, favorablement entre autres par la Fédération québécoise des municipalités, qui souhaite évidemment jouer... Les acteurs régionaux souhaitent jouer un rôle important dans la détermination de leurs besoins. Et vous l'avez vu dans le projet de loi n° 70 de mon collègue François Blais, que la Commission des partenaires du marché du travail travaille justement sur cet angle-là, qui est une nouveauté. Ça peut sembler assez élémentaire, mais c'est une nouveauté. Ils ne pouvaient pas, avant, déterminer les besoins sur une base régionalisée.

Nous avons aussi entendu que la stabilisation des niveaux d'immigration à 51 000 immigrants par année pour 2017 et 2018 puis à 52 500 immigrants en 2019 faisait consensus parmi tous les acteurs. Et, je vous dirais, le commentaire... Évidemment, les acteurs économiques, eux, ils sentent la pression de la pénurie de main-d'oeuvre, ils le sentent et ils souhaiteraient... Puis c'est différent. En 2011, quand on a fait la consultation où, vraiment, certains demandaient 60 000, là ils comprennent qu'on est dans une période de transition. Et, quand on amène une réforme aussi importante et complexe que cette réforme, la pire des choses, c'est de mettre une pression additionnelle sur le système même de sélection. Donc, il faut s'assurer que ce système va être capable, avec toute, toute la réglementation qui va accompagner, toute la mobilisation des acteurs, que tout soit bien mis en place pour avoir un système, donc, qui fonctionne bien. Donc, ils attendent la modernisation puis ils sont très contents qu'on modernise nos façons de faire en matière d'immigration.

Aussi, l'importance de miser sur le potentiel des étudiants étrangers et des travailleurs temporaires. Évidemment, je n'ai pas à le répéter, je pense que vous l'avez bien compris, s'il y a bien une mesure qui est allée chercher l'adhésion de tout le monde, tout le monde, tout le monde, c'est que c'est important. C'est des gens qui sont déjà ici dans nos universités, dans nos entreprises, qui parlent français, qui aiment le Québec. Ils sont bien ici, ils veulent rester. Alors, on se donne comme objectif que 40 % de nos travailleurs qualifiés seraient issus de ce mouvement de l'immigration temporaire. Donc, je vous dirais que ça, c'est une des orientations des plus stratégiques. Et vous avez vu l'annonce de ma collègue Hélène David aussi dans la mise à jour économique pour l'attraction de ces étudiants étrangers. Et l'avantage aussi de cette mesure, c'est que ça bénéficie à toutes les régions du Québec. Il y a des cégeps, il y a des universités un peu partout. Et j'ai regardé les chiffres tout récemment pour voir le taux de rétention pour ce qu'on appelle notre programme PEQ, c'est quand même bon. C'est quand même bon un peu partout. Alors, c'est des gens qui peuvent être ancrés dans leur milieu, et on va miser sur ça quand on va parler d'intégration en emploi pour être sûrs que ces personnes-là trouvent un emploi et vraiment fassent leur vie ici.

En ce qui concerne l'enjeu fondamental de la vitalité du français, les consultations ont aussi révélé un fort consensus sur l'importance que l'immigration contribue à la vitalité du français par la sélection même de personnes francophones. Alors, notre objectif, c'est que 85 % de nos travailleurs qualifiés connaissent le français à leur arrivée, puisque la connaissance du français est la clé de voûte de l'intégration en emploi. Il y a eu des discussions sur cet enjeu, certains qui disent : Bon, sélection, mais à tout le moins francisation. Mais je vous dirais que moi, je considère, et mon ministère aussi, qu'il faut aussi aller très fort sur la sélection. La sélection de personnes qui parlent français, ça veut dire qu'ils vont trouver un emploi plus rapidement et le taux de rétention est plus élevé. Alors, je constate que c'est stratégique. Il faut faire les deux, il faut agir sur les deux fronts. Mais, si les travailleurs qualifiés, c'est à peu près 60 % de notre immigration, c'est là qu'on va chercher l'immigration francophone.

Parallèlement, tous les acteurs se sont montrés en accord avec la nécessité de poursuivre les investissements stratégiques réalisés par le gouvernement en matière d'intégration, notamment en francisation, et j'y reviendrai dans quelques instants.

Nous avons aussi constaté que l'accueil des personnes réfugiées et la poursuite de l'engagement humanitaire du Québec sont en phase avec les valeurs de solidarité, de respect des droits et libertés de la personne, d'équité, de générosité des Québécois, comme l'a clairement démontré la mobilisation exceptionnelle de la société pour accueillir les personnes réfugiées syriennes. C'est un engagement qui se poursuit pour les prochaines années, puisqu'avec les personnes issues du regroupement familial et les autres personnes immigrantes les réfugiés contribuent au développement économique du Québec et à la richesse de notre diversité sociale et culturelle. Nous avons eu l'occasion d'entendre, lors des derniers mois, plusieurs histoires à succès qui corroborent la capacité incroyable des personnes réfugiées à rebâtir leur vie et à participer pleinement en français au développement du Québec.

J'ai parlé, il y a quelques instants, de l'importance de l'intégration. Notre gouvernement croit profondément à la contribution de l'immigration à la prospérité du Québec et la vitalité du français. Et cette intégration passe par une mobilisation accrue au chapitre de l'accompagnement des personnes immigrantes. Et je parle de mobilisation non seulement gouvernementale, tous les acteurs gouvernementaux, mobilisation de la société civile, mobilisation des acteurs économiques, évidemment des organismes communautaires, mais je vous dirais qu'ils sont très mobilisés. C'est nos partenaires, nos premiers partenaires au ministère de l'Immigration.

Nous annonçons donc aujourd'hui la création d'un comité interministériel sur l'intégration afin d'assurer un accompagnement continu des personnes immigrantes, de l'étranger jusqu'à leur insertion en emploi. Ce comité veillera à l'amélioration de la coordination, de la continuité et de l'efficacité de l'offre de services destinés aux personnes immigrantes. Le mandat et la composition de ce comité feront l'objet d'une annonce publique dans les prochaines semaines.

J'ai parlé de la contribution de l'immigration à la vitalité du français, je vous ai dit que c'est fondamental, cela passe par une offre vigoureuse de francisation adaptée aux besoins des personnes immigrantes. Nous multiplions les efforts de francisation sur tous les fronts grâce à une offre élargie et bonifiée de francisation à temps plein, à temps partiel, en ligne et en milieu de travail. De nouveaux services ont été ajoutés, pensons à l'accès aux cours de français en ligne pour les étudiants étrangers et les travailleurs temporaires, et d'autres seront ajoutés dans les prochains mois, notamment l'enrichissement de la francisation à visée professionnelle.

Vous savez aussi que mon ministère mène depuis cet été une campagne de promotion des services de francisation afin de rejoindre les personnes immigrantes qui ne connaissent pas le français. Notre gouvernement fait de la francisation une priorité et nous investissons cette année des sommes supplémentaires de 31 millions de dollars en francisation, portant le total des investissements qui y sont consacrés à 168 millions de dollars. Ces sommes concrétisent notre engagement à répondre adéquatement aux besoins variés et évolutifs des personnes immigrantes. Nous répondons ainsi aux attentes de la population québécoise, qui veut une immigration qui s'intègre et participe en français à la société québécoise.

En conclusion, avec le Plan d'immigration du Québec pour 2017 et les orientations retenues pour la période 2017‑2019, nous sélectionnerons des personnes jeunes, qualifiées, qui connaissent le français, ce qui contribuera à accroître la population en âge de travailler et à répondre aux besoins actuels et futurs du Québec. Par notre grande réforme, l'immigration continuera d'apporter son importante contribution sociale et économique. D'ailleurs, dans un sondage récent, Environics, une nette majorité de Québécois, 76 %, comme les Canadiens, sont d'avis que l'immigration a un impact positif sur l'économie.

On ne peut passer sous silence l'amélioration marquée de cette perception au cours des 20 dernières années, marquée par la pleine possession des pouvoirs de sélection en matière d'immigration économique et de l'entière responsabilité de l'accueil et de l'intégration des nouveaux arrivants par le Québec dans le cadre de l'accord Canada-Québec. Cela, selon moi, n'est pas désincarné aussi de nombreux efforts déployés par les gouvernements, tous les acteurs du milieu de l'immigration et par les personnes immigrantes elles-mêmes pour réussir pleinement l'intégration.

Avec notre réforme, nous voulons aller plus loin, et je suis confiante que nos actions porteront fruit au cours des prochaines années. Nous avons un plan crédible, fondé sur un consensus fort, reconnu à la fois à l'international et par l'ensemble des acteurs du milieu de l'immigration, un plan qui a été qualifié comme étant le bon plan par les économistes réputés Pierre Fortin, Brahim Boudarbat et Gilles Grenier, un plan qui cible clairement les défis, qui propose des solutions novatrices et structurantes et qui mobilise l'ensemble de la société afin de s'assurer que tous les Québécois puissent réaliser leur plein potentiel et participer activement à faire du Québec une société prospère, francophone, diversifiée et engagée à favoriser le dynamisme de ses régions parce que tous ensemble, nous sommes le Québec. Merci de votre attention.

La Modératrice : Merci beaucoup, Mme Weil. On va commencer la période de questions. Je vous demanderais de vous identifier. On va commencer avec le micro de droite.

M. Salvet (Jean-Marc) : Bonjour, Mme la ministre. Jean-Marc Salvet, du Soleil. Excusez-moi, je ne retrouve pas le chiffre dans le document, mais, tout à l'heure, j'ai cru voir que, pour 2017, on souhaitait sélectionner à peu près 57 000 personnes, mais que l'accueil est moindre. Est-ce que...

Mme Weil : 51 000.

M. Salvet (Jean-Marc) : 51 000, mais, dans les sélections, on ne veut pas sélectionner davantage?

Mme Weil : C'est toujours l'admission, hein, le plan, c'est toujours l'admission, c'est pour ça que c'est toujours un peu confondant, hein? Honnêtement, c'est compliqué parce que l'admission, il y a la sélection, ça peut être très rapide, la personne peut arriver en six mois — c'est le cas des travailleurs temporaires et les étudiants étrangers — ça peut prendre deux, trois ans. Donc, nous, évidemment, avec l'information qu'on a, bien, on est capables de prévoir l'admission.

M. Salvet (Jean-Marc) : Donc, c'est pour ça qu'on sélectionne plus, on prévoit sélectionner plus, mais pour accueillir, en définitive, 51 000 personnes.

Mme Weil : Sélectionner plus. C'est-à-dire qu'on veut que le pourcentage des personnes qui seront admises... Dans l'admission, quand on parle de sélectionner plus de personnes qui parlent français, plus de personnes issues de l'immigration temporaire, oui, c'est vrai, c'est plus de CSQ qui vont être émis, mais, dans l'admission, ça va se refléter dans l'admission, éventuellement. Donc, le plan, c'est toujours l'admission, mais basé sur la sélection qui s'est passée juste avant.

La grande différence avec la façon de fonctionner ces dernières années, où ça pouvait prendre quelques années, dans le nouveau système, qui sera bien implanté, je vous dirais, dans la deuxième moitié de 2017, c'est vraiment presque en temps réel.

M. Salvet (Jean-Marc) : Sur l'année en cours, 2016, il y a plus d'admissions que prévu de façon assez importante?

Mme Weil : Tout à fait, oui. C'est les réfugiés, donc, c'est les réfugiés syriens. Donc, les réfugiés, à peu près 1 500 prévus pour 2015, mais qui sont arrivés, donc, en 2016. Donc, le plan, c'était 3 650 en 2015, 3 650 en 2016, mais évidemment, donc, la plupart sont venus, arrivés en 2015, mais il restait un 1 500. C'est ça qui fait la différence, donc.

M. Salvet (Jean-Marc) : Moi, j'avais compris qu'il y avait des vases communicants, c'est-à-dire que, plus il y en aurait une année, moins on admettrait de gens dans d'autres catégories pour ne pas dépasser le plafond. Ce n'est pas ce qui avait été dit à un moment?

Mme Weil : Il y a une fourchette. Je vous dirais que tous concordent que c'était une année exceptionnelle, hein, l'arrivée des réfugiés syriens. Et il y a eu, évidemment, cet effort monumental d'accueillir 25 000 personnes en l'espace de, vraiment, quelques mois. Au début, on prévoyait ça pour le mois de décembre au niveau canadien. Donc, c'est exceptionnel. Généralement, la fourchette, on est capables de la respecter. Mais c'est vraiment le débordement, si vous voulez, de ces réfugiés syriens qui sont arrivés en janvier qui fait la différence en 2016.

Mais, pour les années à venir, la fourchette fonctionne très bien pour nous, je vais vous dire pourquoi. Parce que le gouvernement fédéral va toujours nous aviser, et on va toujours dire au gouvernement : Voici notre plan pour... Alors, ils savent quel est notre plan. Bien, une fois que c'est déposé, on leur dit : Voici notre plan pour 2016. Ils sont capables d'ajuster. Il y a des années, par exemple, un débordement, on l'a vu aussi pour l'année dernière, c'est le regroupement familial. Il y a un inventaire important au gouvernement fédéral, et ça, c'est vraiment de compétence fédérale, ils ont traité ces inventaires qui ont fait qu'il y a plus de gens qui sont arrivés ici pour se réunir avec leurs familles. Mais ils essaient d'ajuster pour qu'on puisse respecter. Ils le font, notre plan.

M. Salvet (Jean-Marc) : Très bien, merci.

La Modératrice : Micro de gauche.

M. Vigneault (Nicolas) : Nicolas Vigneault, Radio-Canada. Mme Weil, est-ce que 31 millions, c'est suffisant pour, justement, franciser ces nouveaux arrivants? Parce qu'une des grandes problématiques en immigration, c'est la rétention. Bien, on prend l'exemple des réfugiés syriens, ici, à Québec, la plupart sont retournés du côté de Toronto, notamment, parce qu'ils retrouvent leur communauté là-bas. Est-ce que 31 millions, c'est suffisant?

Mme Weil : Moi, je vous dirais que, pour moi, il y a deux facteurs. C'est la sélection, l'importance d'une sélection de travailleurs qualifiés qui parlent français. Les gens vont arriver très déçus, frustrés même, s'ils ne peuvent pas trouver un emploi, et c'est un peu la réalité qu'on constate. Donc, le taux de rétention va être amélioré par plus de gens qui parlent français.

Mais il faut rajouter à ça, il y a les travailleurs temporaires qui sont ici, et eux, ils apprennent la langue. Donc, eux, ils peuvent transiter assez rapidement vers l'immigration permanente. Donc, c'est pour ça qu'on mise aussi, pour être stratégiques, pour être sûrs que c'est équilibré par rapport à nos besoins économiques, sur ces travailleurs qualifiés.

Maintenant, la francisation, c'est pour tout le monde. Pour les réfugiés syriens, il n'y a pas de temps d'attente, tout le monde... C'est presque 80 %. Je pense que c'est entre 75 % et 80 % qui sont en francisation. Sinon, c'est un des parents qui reste à la maison avec l'enfant. Et à peu près un quart, c'est des enfants dans tout ça. Et, je vous dirais, globalement, en immigration, à peu près un quart de tous ces chiffres, c'est des enfants qui sont à l'école, d'où l'importance de ce qui a été rapporté aujourd'hui, annoncé par le ministère de l'Éducation. Il fallait ouvrir des classes d'accueil et plus de francisation pour ces enfants. Donc là, ça répond tout à fait à la demande.

Donc, je vous dirais, c'est un jeu des deux, vous avez raison. Pour moi, je trouve que c'est très important qu'on investisse efforts, énergies. Il faut que le taux de rétention soit un objectif. Ça a toujours été à peu près 80 % au fil des années. On comprend, il y a du mouvement entre les provinces et ça joue sur l'économie, et tout, mais, si on baisse en dessous de 80 %, moi, je considère qu'il faut travailler là-dessus.

M. Vigneault (Nicolas) : Et quelle est la mesure dans votre politique qui fait en sorte qu'on aura vraiment un taux de rétention…

Mme Weil : Plus élevé? C'est ce 85 % de travailleurs qualifiés qui parlent français à l'admission, c'est les travailleurs temporaires et les étudiants étrangers qu'on veut attirer chez nous, c'est-à-dire attirer et retenir chez nous, parce qu'ils parlent déjà français. Donc, ils sont allés, la plupart, beaucoup dans des universités francophones, mais aussi les travailleurs qualifiés, et on leur donne accès, pendant l'année où ils sont ici, aux cours de francisation.

Donc, ils sont en train de franciser, vous comprenez, et ils ont un statut temporaire. C'est vraiment une nouveauté. Moi, je vous dirais que ça fait longtemps que je demande ça, mais là c'est une nouveauté parce que c'est tellement stratégique, cette immigration, c'est des gens déjà intégrés, ils sont déjà en emploi, les employeurs veulent les garder, tout le monde veut les garder. Il manquait ce bout-là pour certains. Alors là, on pourra les franciser avant. C'est sûr qu'il y en a beaucoup qui ont déjà la connaissance du français, puis, si leur français est moyen, ils vont être capables de passer... Ils doivent passer un test, hein, dans le cas de ces travailleurs temporaires et étudiants étrangers, ils doivent passer le test, donc on confirme qu'ils parlent français. Ceux qui sont issus des universités francophones, non, parce qu'on présume qu'ils parlent le français, mais les travailleurs temporaires, oui.

La Modératrice : Merci beaucoup. Micro de droite, s'il vous plaît.

M. Gagnon (Marc-André) : Bonjour. Marc-André Gagnon, Journal de Québec. Bon, les seuils sont essentiellement ceux que vous nous aviez présentés en juin dernier. Il y a des nouvelles sommes pour la francisation. Est-ce que ce n'est pas en quelque sorte un constat d'échec pour la capacité du Québec à bien intégrer et franciser les nouveaux arrivants quand on voit que le seuil d'immigration demeure relativement le même, là?

Mme Weil : Ce n'est pas un échec. L'immigration n'est jamais un échec, jamais, jamais. C'est des gens qui, dans certains cas, cinq ans après leur arrivée, ils trouvent un emploi, la majorité des immigrants trouvent un emploi, et ça, c'est la réalité de l'immigration depuis toujours.

L'important, c'est qu'on s'attarde plus finement à la coordination entre tous les acteurs. Je vous dirais que c'est le morceau, là... L'annonce de ce comité interministériel est extrêmement stratégique. Pensez au ministère de l'Emploi, du Travail et de l'Emploi, c'est un gros ministère. Le ministère de l'Immigration sélectionne, oui, donne des cours de francisation, etc., mais ensuite c'est l'intégration en emploi. Et qui travaille avec des entreprises? Ce n'est pas évident, hein? Donc, comment est-ce qu'on mobilise tous les acteurs dans une société? C'est ça qu'on veut faire, et évidemment, vous le savez, le rendez-vous sur l'emploi, qui est un dossier extrêmement important pour le premier ministre, on est tous en train de travailler pour qu'on ait cette vision, par la formation dans nos universités et dans nos cégeps, dans nos écoles, pour les métiers et les professions, qu'on élimine, premièrement, les barrières de la reconnaissance d'acquis, justement, pour les professionnels et la formation, mais la sélection et l'accompagnement des immigrants fait partie de ce grand portrait pour répondre aux pénuries de main-d'oeuvre à l'avenir.

M. Gagnon (Marc-André) : O.K. Mais ces nouveaux millions de dollars là pour la francisation, est-ce que ce n'est pas la preuve qu'il y avait, à quelque part, un rattrapage nécessaire? Et, si la volonté de votre gouvernement est d'augmenter les seuils d'immigration, est-ce qu'il ne faudrait pas, au contraire, en mettre encore davantage en matière de francisation?

Mme Weil : Bien, moi, j'avais annoncé, dans le budget, finalement, c'est un 6 millions de plus que le ministère de l'Immigration a. Je suis allée chercher cet argent. Pourquoi? Parce que je crois tellement à la francisation, je pense que c'est une mission fondamentale du gouvernement. Donc, ça, il y avait ça. C'est sûr que, par le passé, on a toujours pu aller chercher des argents additionnels au fil des années, mais la nouveauté, c'est qu'on fait une promotion, on fait une campagne de promotion.

Pour ce qui est de l'éducation, évidemment, l'éducation... et je travaille beaucoup avec mon collègue Sébastien Proulx parce que la planification nous dit l'avenir, hein? Vous regardez les chiffres dans la planification, vous voyez le nombre de réfugiés, vous voyez, on a le portrait et on sait qu'à peu près un quart, c'est des enfants. On est capables de bien faire les choses et de planifier. Donc, le ministre de l'Éducation et le système d'éducation répondent toujours à la demande en ouvrant des cours et des classes d'accueil, notamment, et dans les commissions scolaires pour les cours de francisation.

Mais, je vous dirais, ce n'est pas un échec, c'est toujours une question de s'assurer que les services publics sont au rendez-vous. Je vous dirais que — je pense que tout le monde a fait le constat — on sait qu'en tout temps il y a beaucoup de gens qui sont ici, sur le territoire, qui ne parlent pas français, hein, parce que c'est le regroupement familial, bien qu'au fil des années, parce que l'immigration est plus francophone, on a plus de Français et plus de Maghrébins, etc., on a vu qu'au fil des années, comparé à il y a 20 ans, le regroupement familial, les membres du regroupement parlent plus le français. Bon, ça, c'est des choses de statistiques.

Ceci étant dit, il faut que le gouvernement soit proactif en la matière. C'est ce que je vous dis, j'y crois. Moi, j'ai été francisée parce que j'ai eu des parents qui y croyaient. Un père américain, une mère très, très, très francophile, mais je ne serais pas ici aujourd'hui... bien, peut-être que oui, mais pour participer vraiment, là... Donc, peut-être que je suis très, très sensible à la question, et ce n'est pas juste un niveau de français correct, là, il faut avoir une francisation qui permet... Vous avez vu l'étude de la Chambre de commerce de Montréal au printemps dernier, donc certains qui ont de la misère à graviter au sein de l'entreprise parce qu'il manque cette coche supérieure de compétence.

Alors, tout ça pour dire que le gouvernement est mobilisé — et voici mon collègue le ministre de l'Éducation — autour de cette question. Et la création de ce comité, le rendez-vous sur l'emploi, c'est un enjeu fondamental. Pour répondre aux besoins du marché du travail, il faut qu'on soit tous mobilisés actifs autour de ces questions.

La Modératrice : Micro de gauche, s'il vous plaît.

M. Dutrisac (Robert) : Bonjour. Robert Dutrisac du Devoir. Bonjour, Mme Weil. Je remarque que les personnes réfugiées qu'on va admettre, on va en admettre davantage, 2 000 de plus qu'en 2016, un petit peu moins que l'an passé. Donc, on va continuer de faire un effort particulier pour accueillir des réfugiés en 2017. C'est quoi, les perspectives, de ce côté-là?

Mme Weil : C'est que, bon, vous voyez aussi les personnes, la catégorie de personnes en situation semblable, vous savez ce que c'est, c'est les demandeurs d'asile. Alors, il y a une augmentation aussi de ce nombre-là. Donc, c'est des personnes qui deviennent des réfugiés avec tous les droits, évidemment. Les perspectives, c'est... Évidemment, il y a cette crise qui continue, mais je vous dirais que les gens... Nous, en disant qu'on souhaiterait augmenter à 63 % la part de l'économie, à partir de 2019, on va voir la part de l'économie reprendre plus de présence au sein du total. C'est ça qui est important. Oui, dans ce sens-là — quelqu'un avait parlé de vases communicants — il y a des vases communicants, donc, entre ces trois catégories.

M. Dutrisac (Robert) : Maintenant, pour ce qui est de la proportion des immigrants qui connaissent le français, on est passé, en 2014, de 59 %, on est à 51 %, donc il y en a moins. On sait que, bon, selon les chiffres mêmes du ministère, il y a à peu près 60 % des immigrants qui ne connaissent pas le français, qui ne suivent pas le cours de français. Donc, ça veut dire qu'il y en aurait 15 000 qui nous arrivent, année après année, qui ne suivent pas de cours de français et qui ne savent pas le français. Vous me parlez de promotion. C'est quoi, vos objectifs par rapport à ces gens-là?

Mme Weil : Écoutez, basé sur la dernière fois que le ministère a fait une campagne de promotion, ça a donné de très bons résultats. Je n'ai pas de chiffre en tête c'est quoi, l'objectif, mais je le redemande à peu près toutes les semaines : Comment va la campagne? Quels sont les résultats? Et on va voir les résultats, c'est important de poursuivre. Là, on rentre dans une deuxième phase de la campagne où on associe les acteurs sur le terrain, les organismes communautaires qui sont vraiment proches de ces communautés pour en faire vraiment la promotion.

Maintenant, il y en a aussi, il faut le savoir, qui sont déjà en emploi, beaucoup, beaucoup. Donc là, il faut bonifier l'offre en milieu de travail. C'est une autre stratégie. Alors, c'est tout ça, la politique, parce que toutes ces mesures sont dans la politique d'immigration, participation, inclusion pour qu'on puisse regarder ces choses et de vraiment voir quelle est la meilleure offre pour ces personnes-là. Mais il y en a du regroupement familial qui sont, en effet, au travail. Donc, mobiliser le milieu des entreprises pour offrir la francisation sur le site même.

M. Dutrisac (Robert) : Vous annoncez un rétablissement des dépenses en matière de la francisation, bon, essentiellement au ministère de l'Éducation, mais aussi vous aviez eu un 4 millions supplémentaire cette année.

Mme Weil : Six, en fait.

M. Dutrisac (Robert) : Six? Très bien. Maintenant, il y a eu aussi des compressions, des coupures, des coupes qui ont été imposées aux groupes d'intégration, à différents programmes d'intégration...

Mme Weil : Non, pas chez nous, pas chez nous.

M. Dutrisac (Robert) : Pas chez vous? Pas chez vous. Peut-être une dernière question. Au fédéral, il y a eu une étude, récemment, qui disait 461 000, je pense, immigrants qu'on devrait accueillir au Canada. On en accueille déjà 350 000...

Mme Weil : Oui, 450 000, c'était ça, la recommandation.

M. Dutrisac (Robert) : Oui, 450 000 à peu près... 450...

Mme Weil : C'est ça.

M. Dutrisac (Robert) : 100 000 de plus que l'objectif présent. Mais, même à l'objectif présent, pour maintenir le rythme, le Québec devrait avoir des seuils à 70 000. C'est quoi, votre...

Mme Weil : Bien, ma réaction... Premièrement, assez rapidement, le ministre fédéral John McCallum m'a dit : Non, on n'ira pas dans ce sens-là parce que ça coûte de l'argent, hein? On peut imaginer que c'est juste ici que ça coûte de l'argent, ça coûte de l'argent pour toutes les provinces de bien accueillir, bien intégrer, bien angliciser ou franciser, dans leurs cas. C'est vrai pour nous aussi. Mais je vous dirais que moi, je suis très sereine par rapport à notre plan et nos actions. Je comprends l'enjeu de notre poids relatif, démographique, c'est important. C'était un enjeu dans l'accord Meech, c'était un gain important pour Robert Bourassa, mais, dans le contexte où on est, il faut bien faire les choses. Alors, pour moi, je suis vraiment centré sur la réforme, bien faire les choses. Et, une fois qu'on est sûrs d'avoir un bon système, on pourra réévaluer les options. Mais, quand même, le gouvernement fédéral, les échos que j'ai, c'est qu'ils vont rester plus conservateurs que l'inverse.

La Modératrice : Merci. Micro de droite.

M. Chouinard (Tommy) : Bonjour. Tommy Chouinard, LaPresse. C'est très détaillé, toutes les cibles pour l'admission, c'est extrêmement détaillé. Par contre, les chiffres sur le suivi qu'on peut faire des personnes qu'on accueille, combien ils ont suivi de cours de francisation, pendant combien de temps, est-ce que ces cours-là ont été abandonnés, dans quelle mesure est-ce que ces gens-là se trouvent effectivement du travail ou pas, combien, parmi eux, qui ont été accueillis l'année dernière, ont quitté entre-temps, tous ces éléments-là ne sont pas connus ou très peu. Est-ce qu'on doit comprendre qu'avec le comité que vous formez, qui vise un accompagnement continu des personnes qui sont admises au Québec, il va y avoir, si on veut, une forme de reddition de comptes claire quant à ceux qui vont dans les classes pour la francisation, ceux qui parviennent à se trouver du travail, quelles sont les personnes qui quittent entre-temps le... Vous voyez? Ce portrait-là qu'on n'a pas ou qu'on doit chercher à avoir de façon détournée, contrairement à tout ce qui est ici pour l'admission des personnes... Mais, une fois ici, là, il n'y a pas de suivi. Allez-vous faire quelque chose à ce sujet-là?

Mme Weil : Bon, premièrement, le ministre de l'Immigration, évidemment... Un résident permanent a toutes les libertés de mobilité que tous les résidents permanents, hein? Donc, à un moment donné, c'est très difficile pour une société démocratique de suivre à la trace chaque personne. Je ne pense pas qu'on voudrait vivre dans une société comme ça. Mais je comprends votre question. Non, je comprends votre question. Et je vous dirais que c'est la question que je me pose tous les jours : Comment peut-on vraiment suivre? Bon. Et c'est à tout ça qu'on est en train de regarder, et, oui, ce comité est beaucoup pour ça.

Quand on dit «accompagner», comment vraiment avoir une offre de services qui est très complète, qui fait en sorte qu'on prend en charge la personne qui souhaite l'être, mais avant même l'arrivée, hein? Nous, on est capables de le faire, on le fait déjà, le ministère de l'Immigration, justement ceux qui sont destinés aux ordres professionnels, et ça fonctionne très bien parce qu'ils veulent aller pratiquer dans un domaine particulier. Et je vous dirais que les ordres professionnels ont fait beaucoup de progrès à cet égard parce qu'il y a un système informatique qui est capable de les aider, et ensuite on les envoie là où ils devront aller.

Mais, bon, vous, c'est une question précise sur comment suivre à la trace les gens. Le ministère de l'Immigration le fait par d'autres types de données. Pour la rétention, c'est ceux qui sont inscrits à l'assurance maladie, notamment. Alors, je vous dirais que le ministère de l'Emploi et le ministère de l'Immigration travaillent très fort actuellement sur cet enjeu, comment peut-on bien suivre ces personnes pour un accompagnement très serré, si vous voulez. Ça ne pourrait pas nominaliser, ça ne peut pas être, hein, par personne. Mais, en gros, je comprends le sens de votre question. Et vous avez raison, le sens de ce comité, c'est vraiment ça.

M. Chouinard (Tommy) : Est-ce que c'est comme ça qu'on peut mesurer si les efforts et aussi l'argent consenti donnent des résultats?

Mme Weil : C'est ça. Donc, je vous dirais que moi, j'ai lancé toutes sortes de travaux, actuellement, au ministère sur la francisation, d'avoir un genre d'engagement ferme et une meilleure maîtrise de qu'est-ce que la personne a besoin en arrivant, mais les travaux ne sont pas complétés. Mais vous avez les objectifs. Et les objectifs, oui, il y a une reddition de comptes, il y a une obligation avec ces objectifs, et le ministère ne met pas ces objectifs à la légère.

M. Chouinard (Tommy) : Vous savez, c'est connu, vous avez déjà commenté ça, mais vous parlez des cibles comme étant une chose qui… Ces cibles ont fait consensus, dites-vous, dans le cadre des consultations. Il reste qu'il y a quand même deux autres partis à l'Assemblée nationale qui ne sont pas du tout d'accord avec ces cibles-là.

Mme Weil : Mais on ne sait pas d'où ça vient, honnêtement. Et là, quand on regarde le sondage, la majorité des Québécois, une nette majorité croit que l'immigration contribue à l'économie du Québec. Moi, je vais partout sur le terrain. Mon collègue François Blais est en train de faire le tour des régions et il entend exactement les mêmes choses que moi. La pénurie frappe, frappe partout.

M. Chouinard (Tommy) : Mais qu'est-ce qui motive ces deux partis-là?

Mme Weil : Il faudrait que vous leur demandiez. Tout ce que je peux vous dire : C'est complètement déconnecté de ce qu'on entend. Et là je vous parle des acteurs économiques, même les syndicats, Mme Chabot de la CSQ, elle-même a dit : Non, je suis d'accord avec les seuils. Tout le monde était d'accord pour dire qu'on ne peut pas rendre la francisation obligatoire, tout le monde. Nathalie Roy a posé la question à plusieurs intervenants de différents milieux, autant économiques que les syndicats, que les organismes communautaires. Tout le monde prône l'approche qu'on a de promotion, mais promotion... vraiment une action proactive du gouvernement et l'investissement. Je vous dirais, c'est ça aussi, le consensus. Les économistes aussi... Il faut investir dans tout ça. Mais l'argent seul ne produira pas les fruits. Il faut qu'on ait une action coordonnée.

Donc, c'est le travail de ce comité. C'est la politique, en fait, c'est la politique qu'on a annoncée. Il y a à peu près 10 ministères et organismes qui sont inclus dans cette politique. Alors, ces prochaines années, c'est des années de réforme pour réformer tant la sélection, le système de sélection, et tout ce qui se fait par la suite. Mais globalement le Québec est perçu comme une société qui réussit son immigration. Vous parlez à n'importe quel expert partout dans le monde, j'étais à la conférence de Montréal, l'OCDE, le Migrant Policy Institute, ils nous ont félicités pour notre approche et ils ont souligné le fait qu'on était la seule société qui non seulement voulait mettre les employeurs, les entreprises en action en amont du processus de sélection, donc offres d'emploi validées avec des points additionnels, la personne rentre tout de suite, bon, dans ce nouveau système, mais ils ont salué le fait que, dans notre politique, on s'attaque à la discrimination et l'exclusion. Donc, c'est qu'on travaille sur les deux.

M. Chouinard (Tommy) : C'est ça. Mais comment se fait-il qu'on reçoive autant de fleurs, mais que deux partis politiques disent...

Mme Weil : Bien, c'est la politique. Je pense que c'est la seule réponse que je peux vous donner, c'est la politique.

M. Chouinard (Tommy) : La politique, mais ce n'est pas conforme au sondage.

Mme Weil : Mais une chose que moi, j'aimerais dire sur le sondage, je le sens sur le terrain, l'importance d'avoir un discours vrai, réaliste et collé à la réalité, la réalité de ce que les gens observent, l'importance... Et je pense que, depuis 20 ans, surtout, je pense, au gouvernement du Québec très largement, avec les pouvoirs qu'on a, ça nous a beaucoup aidés, d'avoir ces pouvoirs-là parce que je pense que les gens sont réconfortés, qu'on a le contrôle des leviers. Oui, ce n'est pas parfait, mais la vie n'est pas parfaite, et c'est dur, et les gens reconnaissent que ce n'est pas facile pour les immigrants. Écoutez, c'était la moitié qui croyait que ça contribuait, maintenant on est rendu aux trois quarts. Donc, il y a quelque chose qui fait que, selon moi, c'est tous ces intervenants qui sont actifs en immigration, intéressés par l'immigration qui fait en sorte que la mentalité, les mentalités changent, les gens ont moins peur aussi de l'immigration, ils côtoient la diversité plus, de plus en plus. Regardez la jeune génération dans les écoles, nos écoles, il y a peut-être l'effet de la loi 101 là-dedans aussi. Donc, nos jeunes grandissent avec des jeunes qui viennent de partout. Ils ne font pas la différence entre la couleur de la peau, la langue, l'accent. Pour eux, c'est des amis, c'est des collègues de classe. Alors, on s'en va vers ça. On a tellement bien évolué, la société québécoise.

Et il y a d'autres choses dans ce sondage qui, selon moi, quand je regarde les sondages, je sais que la société québécoise est une société ouverte, je sais, je l'ai vu dans la réaction par rapport aux réfugiés syriens. J'ai été absolument épatée par la réaction des Québécois dans ce dossier-là. Jamais ils n'ont posé de questions. Ils veulent bien faire, ils ont appelé : Qu'est-ce qu'on peut faire? Et ça, c'est partout, partout au Québec.

Donc, ça, c'est un signal d'une société quand même qui comprend que l'être humain, tous les êtres humains, hein, sont égaux et sont pareils, et tout le monde a sa contribution, et je pense que c'est comme ça qu'il faut voir l'immigration.

La Modératrice : Merci. Micro de gauche.

M. Authier (Philip) : Good afternoon. Phil Authier, Montreal Gazette. We don't have this number here, but, when Mr. Legault was saying there were too many immigrants coming to Québec, a number that was floated around is the actual retention rate. Could you give us that number today? What is Québec's actual retention rate?

Mme Weil : Globally, it's under 80%, but what's interesting, if you look at it more closely, you do see a reflection of where they came from. I don't have the list in front of me, but the retention rate for French from France is very high.

M. Authier (Philip) : What is it?

Mme Weil : It's above 80%, I think it's about 85%, 86%. We have all those numbers if you want them. But of course, when you have people who don't speak French, it's going to be more difficult, right? So, that's why that issue is an important issue. If we want to retain people, we want them to contribute to the economy and we want them to have jobs, they need to speak French and, in some cases, need to master French.

M. Authier (Philip) : It's just that the number is important because it skews the argument that too many are coming, because in reality the number that actually set up shop here is actually less than your 51,000 a year.

Mme Weil : You're right, you're right, the number is less than that. But, from my perspective as Minister of Immigration, my responsibility is to make sure that we raise that retention rate. Overall, in the last years, it's always been around 80 %, it's dropped in certain sectors. There are different factors. The economy is a big factor. When you have a slowdown of the economy, of course, you know, many of them might end up in Toronto.

But I think the most important point that I would like to make is that the fact that he wants to lower… he pulled that number out of a hat. I have done three consultations and I feel very privileged to have done these three general consultations. Nobody ever asked that we lower the number. People just want to make sure that you've got a plan, that you've got a good plan, that you're going to invest in integration, you're going to invest in French language courses and that you're going to work to make sure these people find a job. They want to see the unemployment rate drop. So, that's the perspective that I took as I approached this whole operation. So, I feel extremely confident that we have the right plan and we have the right approach.

M. Authier (Philip) : And, in a few minutes, the CAQ representative will come out and say you're welcoming too many. Do you have a response to that already?

Mme Weil : That it's based on nothing. That, if they look at all of the testimonials during the three different consultations we had, not one organization asked for that. If anything, some, mostly, I would say, those who represent employers but also community organizations, there were two things that were expressed : One, what are we going to do about replacing the working-age population, that was a concern. There is a shortage of skills in our regions, how are we going to respond to that? We understand, Mme la ministre, that you've got a reform, we'll be patient. You know, that was their message. But there is another group that's worried about the question that was raised by Le Devoir, which is our relative weight in the federation. I would tell you, la TCRI, that was a big preoccupation for them. They don't like to see that I'm imbalanced, but I explained to them that, right now, we're in the process of doing a reform, it's not a good time to put additional pressure, we want to make sure our public services are well organized and coordinated.

M. Hicks (Ryan) : Ryan Hicks, CBC News. The qualified workers that you want to bring in, do you know what sectors or what the targets…

Mme Weil : Oh, there is a lot, yes, information technology, everything from the… there's very high-end skills in Québec City, Montréal, you saw the gaming industry, video games, information technology generally, engineering, many in the health care sector as well, in finance sector, just about all the sectors. And it's a list that is sort of annualized, but now the difference is we're going to have it by region, so we will be able to actually… Emploi-Québec will be able to say : OK, there's a shortage of this skill, this skill in that region. So, when we do our selection, actually what it is, is first come, first served. So you can have, you know, quite a number of people waiting in line to come in, but will their profile respond to the actual job market needs? That's the problem with the actual system. In this new system, you can tell that person : Well, listen, there's a need for your profile, we will select you based on that, and connect that person to the region to the extent that we can. This is what we're working on now. So, rather than the person going to Montréal, the person goes directly to that region because that region is looking for their skills.

M. Hicks (Ryan) : So, they're connected with a potential employer in that region?

Mme Weil : Yes. There's going to be a job bank. They put their names in the job bank, they consent to putting their names in a job bank and then, you know, employers can have access to that job bank. It's not exclusively people that have a job offer that are selected, but, if you have a job offer, as you do now, you get a lot of points for that. So, this is the system that we're putting in place. We'll have an option to make further announcements as we drill down a little more into how this system will look.

M. Hicks (Ryan) : Yesterday, the House of Commons passed a motion to do something about the Yazidi refugee crisis that's happening and they're going to put in place a plan within four months. Have you been asked to take any action on that? And is there anything in the future when it comes to Québec and Yazidi refugees?

Mme Weil : Well, I've asked my Ministry to look at that. There have been exchanges between the federal Government and the provincial Government. Anything to do with humanitarian immigration is of utmost importance to us and to Québec, and I particularly have preoccupation… I follow the news internationally, I follow the horror stories, I've followed this file since the previous Government was there, in Ottawa. So we're waiting to see, we're waiting to see. We know we have some Yazidis here, in Québec. So, we're looking at what is the situation. That's what we're looking at right now. We can keep you informed as this file evolves.

M. Hicks (Ryan) : You cited that poll, the Environics poll that said that 76 % of Quebeckers feel that immigration has a positive impact on the economy and then one of my colleagues brought that there are two opposition parties that, really, are very skeptical of immigration. Are you worried about how far their rhetoric will go and whether that could damage Québec's reputation in terms of attracting immigrants?

Mme Weil : Yes, it's worrisome. Yes, it's worrisome. And I think it's irresponsible. It's irresponsible if it's based on hot air. They don't have any statistics to support it, they haven't done… They participated in the consultation and come out saying the opposite, so what is that? I find that it lacks integrity, really. But, we're the Government and it's important that we have the right discourse and that we have an action that is based on real hard facts : what are our needs, what are our shortages, what do our employers needs, what do our community organisations say that we need so that they can help these people integrate, how much money we're going to invest in all these things. That's what my responsibility is, along with the rest of the Government.

La Modératrice : Merci beaucoup.

(Fin à 14 h 1)

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