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Point de presse de Mme Diane Lamarre, porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé et d’accessibilité aux soins

Version finale

Monday, October 31, 2016, 11 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures trente-trois minutes)

Mme Lamarre : Bonjour. Alors, ce matin, on a la confirmation de ce qu'on dénonce depuis deux ans. Est-ce que M. Barrette est apte à négocier avec les médecins? La réponse est non. La réponse est non aujourd'hui, et la réponse était non en 2014, et on a la preuve aujourd'hui de l'échec de ce qu'il appelait être des négociations, mais qui, dans le fond, étaient des négociations qui ne tenaient pas compte de la capacité des Québécois et des Québécoises à payer et qui, surtout, ne tenaient pas compte de l'amélioration des services à la population.

Alors, clairement, la négociation de 2014... On va vous remettre les chiffres de l'Institut canadien d'information en santé, les résultats de 2012‑2013 et 2013‑2014. Alors, ce sont des résultats qui... Évidemment, 2012‑2013 porte sur l'année précédente, puisque ce sont les rémunérations qui ont été données. 2013‑2014 porte sur les rémunérations de 2012 et 2013. Donc, on voit que déjà, en 2012‑2013, compte tenu du 10 % d'écart entre le Québec et l'Ontario au niveau du coût de la vie, il y avait déjà un rattrapage, il y avait déjà une équivalence. Et, quand le ministre a négocié en 2014, quand il est arrivé au pouvoir, clairement, il avait des chiffres en main qui montraient que déjà la rémunération moyenne était de 28 000 $ de plus, alors qu'elle aurait dû être même de 10 % de moins que le 302 000 $ qui était là.

On ne veut pas viser la rémunération des médecins comme telle. Ce qu'on se dit, c'est que c'est le ministre qui a la responsabilité de bien gérer les sommes d'argent que les Québécois lui confient. Il touche, dans son ministère, la moitié, presque, du budget du Québec et, on le voit, il n'a pas été capable d'avoir une négociation qui servait la population. Depuis 2006, quand il parle de 2006, ce qui a été donné par les médecins dans les autres provinces, puisqu'il en a fait amplement référence à l'Ontario, ça donnait des garanties d'accès en échange. Ces garanties d'accès là, pendant que le ministre considérait seulement l'argent, l'argent, l'argent, bien, les services et l'accès ne s'amélioraient pas au Québec, alors qu'en Ontario ça s'est amélioré. Ça s'est amélioré, et on n'a pas mis tout l'argent sur les médecins, on en a mis sur les IPS, 2 300 IPS contre 300 au Québec.

Alors, c'est cette objectivité-là qu'on attend du ministre, et le ministre nous a démontré maintenant qu'il n'est pas capable d'avoir cette objectivité-là à l'endroit... quand il négocie avec les médecins, d'où notre demande, la semaine dernière, de dire : On gèle la rémunération des médecins et, deuxièmement, depuis quelques mois, on demande déjà qu'il y ait un groupe d'experts qui supervisent les négociations parce qu'il n'est pas capable d'avoir lui-même les garanties appropriées pour une garantie de services à la population.

Juste vous dire, on n'aurait jamais eu non plus les chiffres qu'on a eus sans le rapport de la Vérificatrice générale. Alors, le mode de négociation en catimini qu'on a actuellement ne nous aurait pas permis d'avoir les montants d'étalement. Vous savez que, la semaine dernière, le gouvernement a annoncé un retour de 100 millions pour 2016 puis 300 millions par année pour les trois prochaines années. Ils ont présenté ça comme si c'était une nouvelle extraordinaire pour les Québécois. Or, il faut regarder, et c'est pour ça que, ce matin, il est vraiment confronté devant l'impossibilité de ce qu'il avait négocié en étalement. La Vérificatrice générale nous dit, dans son rapport d'automne 2015, que, pour l'année prochaine, c'est 526 millions qui est déjà prévu, réservé pour les médecins, 830 millions pour 2018‑2019, et 1 038 000 000 $ pour 2019‑2020, 1,3 milliard pour 2020‑2021. Alors, ça montre l'absurdité de cette... l'incompatibilité de cette négociation-là par rapport à la capacité de payer du Québec, et ça, c'est un médecin qui se prétend être gestionnaire, être un ministre capable, expert dans les négociations, qui nous a présenté ce type d'étalement là.

Alors, ça nous montre qu'il n'est pas fort. Il n'est pas fort en négociation et il n'est pas fort du côté de l'économie et surtout, surtout, en priorité, pas fort pour donner des services aux patients. Alors, c'est ça que la population veut maintenant.

M. Laforest (Alain) : Vous êtes ministre de la Santé, demain matin, Mme Lamarre, vous faites quoi?

Mme Lamarre : On gèle. On gèle, on l'a dit la semaine dernière. On gèle la rémunération parce qu'on dit : Un instant, ça prend un plan d'organisation. Ce n'est pas vrai que tout doit être géré comme le ministre le gère actuellement. C'est ses erreurs à lui, hein?

M. Laforest (Alain) : ...deux projets de loi, là. Il est en train de changer... obliger les médecins à donner plus de services aux patients, rendre accessible au niveau des spécialistes.

Mme Lamarre : 450 000 personnes malades actuellement sur un guichet d'accès en médecine de famille. Non, le taux d'inscription qui augmente ne donne absolument pas la garantie que les gens malades sont suivis actuellement et sont pris en charge parmi la population que les médecins prennent en charge. Il y en a, c'est sûr.

Et, encore une fois, les médecins ne sont pas à blâmer dans ce dossier-là. C'est vraiment la négociation qui a été mal faite. Et je le dis, je le dis sincèrement aux médecins qui nous écoutent, là : Vous avez été coincés dans un système, et ce que le ministre fait avec le projet de loi n° 10... En fait, je vais vous dire, moi, j'ai accueilli, en fin de semaine, des citoyens en assemblée citoyenne, et les préposés actuellement sont dans un contexte d'épuisement total. Il y a des démissions. Les gens sont obligés d'être en congé de maladie.

Alors, il a tellement, tellement, coupé dans les hôpitaux, c'est plus de 900 millions de dollars qui ont été coupés dans les hôpitaux. Ces gens-là se retrouvent démunis, et c'est pour ça qu'on a autant de scandales dans les CHSLD actuellement.

M. Chouinard (Tommy) : Le gel devrait durer combien de temps?

Mme Lamarre : Pardon?

M. Chouinard (Tommy) : Au fond,  le gel devrait durer combien de temps? Au fond, à quelle hauteur doit-être la rémunération...

Mme Lamarre : Moi, je vais vous dire, quand on va arriver au pouvoir en 2018, on va avoir un plan d'organisation des soins. Il est où, ce plan d'organisation des soins là, actuellement? On ne le voit pas. On ne l'a pas. On fait des négociations...

M. Chouinard (Tommy) : Mais c'est parce que vous parlez d'un gel. Si on gèle, c'est parce qu'on dit : Bon, bien, à l'heure actuelle, c'est assez. Mais là le gel dure combien de temps? À quel moment on dit que : Ah! là, la rémunération ne correspond plus à ce qu'il faut. Quel est ce niveau souhaitable?

Mme Lamarre : Alors, ce qu'on va faire, c'est qu'on va regarder où sont les besoins de la population et on va commencer par mettre de l'argent dans la mesure où ça répond aux besoins des patients. Alors, si l'argent, il doit aller à des IPS qui sont disponibles les soirs et les fins de semaine, on va en donner aux IPS et on en redonnera aux médecins qui seront disponibles en équivalent de deuxième ligne, si c'est ça qu'il faut. Mais faisons un vrai plan d'action, un vrai plan d'organisation des soins.

Alors, ce gel-là, il n'est pas infini. Il va évoluer, probablement, mais sur de la reddition de comptes. C'est ça que les gens disent. Ils disent... ils veulent de la reddition de comptes.

M. Chouinard (Tommy) : Parce que votre chef, pendant la course à la direction, disait : Bon, bien, le gel durerait de cinq à 10 ans, le temps qu'on trouve une norme québécoise tenant compte de la part de la richesse que la société consent à verser à ses médecins, c'est-à-dire qu'en fonction de la richesse collective du Québec versus les autres provinces, on établirait une norme. Là, est-ce que c'est de ça qu'on parle...

Mme Lamarre : Bien, moi, ce que je veux vous dire là-dessus, c'est qu'actuellement le système qu'on a pour la rémunération a fait qu'on a des médecins qui bénéficient des avantages d'être des salariés de l'État puisqu'ils ont eu la clause remorque à 3 % et des avantages de l'entrepreneuriat, l'entrepreneuriat étant... par exemple, vous savez qu'ils ont 30 % pour des frais de cabinet. On a vu récemment, là, il y a au moins 10 % de ces frais de cabinet là qui ne sont pas redonnés aux gestionnaires des cliniques médicales qui restent. Alors, ça, normalement, c'est un pourcentage d'entrepreneur.

Alors, il faut nettoyer ça. Il faut avoir un système de rémunération mixte qui reconnaît l'intensité des actes mais qui les prévoit, c'est-à-dire que ce n'est pas parce qu'un médecin a envie de faire une clinique de vaccination contre la grippe que c'est ça qui est le plus rentable, et le plus économique, et le plus performant pour les Québécois actuellement.

M. Laforest (Alain) : Les médecins sont des bébés gâtés?

Mme Lamarre : Non, ils ne sont pas des bébés gâtés. Ils ont essayé de manoeuvrer à l'intérieur d'ententes qui n'étaient pas cohérentes avec un vrai plan d'organisation. On commence par faire le plan puis, après ça, on dit ce qu'on va payer à qui. Nous, on fait l'inverse depuis trop d'années, et c'est ça qu'il faut renverser maintenant.

M. Caron (Régys) : Pour bien vous comprendre, Mme Lamarre, quand vous dites geler la rémunération, l'enveloppe rémunération des médecins va continuer à augmenter, là. Dans le fond, on a encore beaucoup... on est en surplus, ça va continuer encore 10 ans.

Mme Lamarre : Exactement. Il n'est pas question de...

M. Caron (Régys) : Donc, le nombre de médecins va continuer à augmenter. Vous voulez geler leur rémunération individuellement, c'est bien ça? Pour combien de temps?

Mme Lamarre : Ce qu'on veut faire, c'est qu'on veut regarder l'enveloppe. On va regarder cette enveloppe et on va regarder où sont les primes, où sont les bonus, où sont les primes de garde — il y en a eues, qui ont été évoquées — comment se répartissent ces sommes d'argent là, et on va faire en sorte qu'elles soient orientées vers le patient, vers ce qu'il y a de mieux pour le patient et non pas strictement pour le médecin.

Et il y a beaucoup de médecins qui sont coincés actuellement, puis on le voit, là, l'entente actuelle, elle crée un effet très difficile pour les médecins, parce que, pour un médecin, actuellement, elle crée une tentation beaucoup plus grande, pour ce médecin-là, de prendre un père de famille qui a 45 ans puis qui est en santé, avec ses deux adolescents de 15 ans et 18 ans qui sont en santé, que de prendre deux personnes âgées vulnérables. Pourquoi? Parce qu'il va être puni si ces gens-là se rendent à l'urgence. Il y a bien moins de chances qu'un père de famille de 40 ans avec deux enfants de 18 et 15 ans se rendent à l'urgence.

Alors, c'est des effets pervers qui ne sont pas la responsabilité des médecins. Ils sont la responsabilité du ministre qui a fait des, je vous dirais, des façons de négocier qui n'ont pas de bon sens et qui ne sont pas documentées. Ce n'est pas un modèle de négociation, ce qu'il a fait.

M. Caron (Régys) : Pourtant, le ministre a blâmé souvent les médecins. Il répète à l'envi qu'ils doivent ajuster leur niveau de services. Et, quand on regarde les statistiques du ministère de la Santé, on se rend compte que la rémunération a monté, mais le nombre d'actes médicaux a presque plafonné, a peut-être même diminué individuellement.

Est-ce que les médecins n'ont pas un examen de conscience à faire? Est-ce qu'ils n'ont pas eu trop d'argent, qui les a incités à travailler moins, par exemple? C'est ce que dit le ministre.

Mme Lamarre : Bien, ça, c'est exactement la conséquence d'une mauvaise négociation. Si vous donnez plus de rémunération puis que vous ne demandez pas les bonnes garanties en échange, bien, le commun des mortels, c'est ce qu'il va faire, il va dire : Moi, je peux gagner 50 000 $ de plus puis je peux baisser mes heures. C'est ce que je vais faire. Moi, 250 000 $ par année, j'en ai assez, alors, si on m'en donne 300 000 $, je vais travailler 30 heures au lieu de 35 heures.

Ce n'est pas ça qui se passe toujours sur le terrain, puis je veux être très prudente là-dessus, parce qu'il y a des médecins qui, vraiment, se donnent beaucoup. Mais il reste que le modèle que le ministre préconise depuis des années, c'est un modèle orienté sur l'argent, et il l'a clairement dit dans son point de presse. Il a dit : C'est normal que les deux fédérations, que les syndicats fassent ça, c'est leur raison d'être. C'est ça qu'il a dit.

M. Caron (Régys) : C'est un incitatif à travailler moins?

Mme Lamarre : Pardon?

M. Caron (Régys) : C'est un incitatif à travailler moins?

Mme Lamarre : Bien, il y a cet effet secondaire là, je vous dirais, d'une négociation qui n'est pas orientée sur les patients.

M. Caron (Régys) : Bon, maintenant, si l'entente qui a cours présentement, là, reste telle quelle, il va arriver quoi, là, d'après vous?

Mme Lamarre : L'entente telle quelle?

M. Caron (Régys) : Oui. L'étalement, là, qui va être versé tel que prévu.

Mme Lamarre : On va être obligés de couper pour les patients. On va être obligés de couper pour les patients. Si on investit 300 millions l'année prochaine en santé, mais qu'on en a déjà 580 millions qui sont promis aux médecins, je ne sais pas comment on va réussir à équilibrer tout ça.

Et, quand on parle aux médecins, les médecins, ce qu'ils nous disent sur le terrain, c'est qu'ils veulent plus d'heures de bloc opératoire, ils veulent avoir du soutien autour, des plateaux techniques. C'est ça qu'ils veulent, ces médecins-là, et ils ont raison, mais ce n'est pas ça qu'on retrouve dans les négociations. Et comme je vous dis, moi, ce que je pense, c'est que le ministre est incapable de négocier seul avec les deux fédérations. Ça prend un groupe d'experts, des experts en système de santé qui vont être présents, et ces experts-là, on en a besoin. C'est non négociable.

M. Caron (Régys) : Le ministère a-t-il cette expertise-là?

Mme Lamarre : Actuellement, je pense que ça nous prend des experts qui vont être centrés vraiment sur une connaissance précise des besoins des patients. Et, pour l'instant, avec les expériences qu'on a pu voir récemment et l'autorité que le ministre exerce, je suis convaincue qu'on ne peut pas permettre à ce ministre de faire la négociation seul la prochaine fois.

Alors, ça prend des groupes d'experts. On en a des experts en système de santé. On peut même faire venir des gens de Suède, parce qu'eux, ils ont bien réussi à renverser la vapeur, et il y en a ailleurs dans le monde, mais il y en a aussi au Québec qui sont des personnes capables... et certainement un mode de rémunération mixte qui tienne compte d'une imputabilité de la population. Tout ce que le ministre a mis en place, c'est toujours une imputabilité médecin par rapport à un patient. Or, ça prend une imputabilité de prendre en charge l'ensemble de la population et d'inclure la prévention et la santé publique dans ça.

M. Bovet (Sébastien) : Est-ce qu'il n'y a pas une pondération quand un médecin prend en charge quelqu'un qui n'est plus... un cas plus lourd, là? Il n'y a pas une pondération financière qui lui rapporte plus que pour quelqu'un qui a 18 ans?

Mme Lamarre : Oui, il y a une légère pondération, mais la pondération, elle est juxtaposée au fameux taux d'assiduité, ce taux d'assiduité qui fait que le médecin risque d'être pénalisé de 30 %, sa rémunération risque d'être baissée de 30 % si ce patient... un nombre de patients qui va trois fois à l'urgence ou même deux fois à l'urgence sur cinq rendez-vous...

M. Bovet (Sébastien) : Même si c'est un cas lourd.

Mme Lamarre : Le cas lourd ferait exception, mais vous comprenez, pour le médecin, là, qui est dans son bureau, il ne sait pas là, qu'est-ce qui va arriver avec son patient. Est-ce qu'il va rentrer dans la catégorie lourd ou pas lourd? C'est très compliqué pour un médecin.

Alors, c'est la preuve que ce mécanisme-là que le ministre a inventé, parce qu'il l'applique d'une façon... il y a quelques endroits dans le monde où il y a des taux d'assiduité, mais c'est dans des contextes de salariat, c'est dans d'autres contextes. Mais le modèle, tel qu'il l'a imposé, il est le seul à l'avoir fait comme ça, et ce n'est pas un modèle qui fonctionne, qui a des effets, en tout cas, très, très pervers, qui a des effets à haut risque que la population la plus vulnérable soit laissée pour compte.

M. Bovet (Sébastien) : C'est quoi un IPS ou une IPS?

Mme Lamarre : Infirmière praticienne spécialisée, alors l'équivalent des super infirmières qui ont quand même cinq ans d'université, et on l'a vu avec la clinique SABSA, dans la région de Québec, qui ont pu traiter 95 % des cas de première ligne qui s'étaient présentés à eux et qui ont référé 5 %.

Alors, le meilleur professionnel au bon endroit, le plus proche possible, le plus efficace possible, le plus disponible possible, au meilleur coût, et je pense qu'à ce moment-ci les médecins seraient très heureux aussi d'avoir une approche, un système qui est beaucoup plus fonctionnel. Je ne suis pas sûre que le médecin veut voir tous les petits cas nécessairement qui lui sont présentés. Alors, il y a une façon de bien rémunérer les activités en fonction de leur coefficient de difficulté et en fonction de la disponibilité qui est nécessaire.

Et on ne baissera jamais les temps d'attente aux urgences si on ne rend pas notre première ligne plus efficace.

M. Caron (Régys) : Mais est-ce qu'on est dans une situation où, vous, vous proposez le gel, où le ministre pourrait demander aux médecins de revenir, de rouvrir l'entente pour réduire la rémunération? Est-ce que le ministre est rendu là?

Mme Lamarre : Écoutez, s'il le fait, moi, je pense que ce qu'on doit avoir comme garantie, c'est que la population va être gagnante. Et jusqu'à maintenant, la négociation de 2006 ne nous a pas montré que la population était gagnante, la rémunération de 2014 non plus. Il n'a pas mis la population au coeur.

C'est pour ça que je vous dis : Ça prend des experts, parce que ces gens-là, ils vont lever la main, ils vont dire : Écoute, ça, ça arrange peut-être, là, les médecins, mais nous, on vous le dit, là, on a des patients, et ces patients-là, ils ne trouvent pas que c'est gagnant pour eux d'avoir ça. Et c'est ça qu'il faut. il faut cette réflexion orientée vers le patient. Est-ce que c'est la bonne idée de couper des préposés sur des étages de 28 patients en CHSLD? Ça en prend peut-être deux, il faut penser à les mettre là. Et ça va peut-être faire qu'on va avoir besoin de déranger le médecin moins souvent puis que ça va nous coûter moins cher éventuellement. Mais là...

M. Caron (Régys) : Connaissant l'influence des médecins, pensez-vous qu'ils vont accepter ça de bon gré, soit un gel ou un refus de leur entente salariale?

Mme Lamarre : Bien, moi, je peux vous dire que j'ai beaucoup de médecins qui m'écrivent et qui me disent comment ils sont déçus actuellement de ce que le ministre amène comme commentaires à leur endroit. Je suis sûre que les chiffres que j'ai présentés la semaine dernière, là, le 180 millions, les médecins ne sont pas au courant de ça, parce que les médecins ont choisi de travailler dans un système public parce qu'ils sont conscients qu'il faut le protéger, ce système public là, et que les décisions du ministre menacent ce système public là.

Alors, les médecins veulent, la grande majorité des médecins... puis j'ai plusieurs associations de médecins d'ailleurs qui sont sortis avec moi dans les frais accessoires, vous l'avez vu, l'Association médicale du Québec, le Regroupement ROME, les médecins pour le régime public, alors il y a beaucoup de médecins, mais je pense qu'on les a conscientisés, là, dans les dernières semaines, à la disproportion qui frôle le scandale. Mais ça relève d'un ministre qui est vraiment toujours concentré sur l'argent, l'argent, l'argent, alors que les médecins nous disent : Nous, on veut aussi avoir une pratique appropriée, avec les outils appropriés qui nous permettent de bien servir nos patients.

M. Hicks (Ryan) : Why do you think that the Minister isn't apt at negotiating with the doctors?

Mme Lamarre : Because he failed. He failed at least at two different moments. He failed in 2006, and he failed in 2014, and, in 2014, he really knew at this moment, with the ICIS report, that the remuneration of physicians was already superior at the one in Ontario, for example. So he failed. He failed also and probably mostly because his negotiations are not on patient focus, they were on physician focus, and we now must focus on patients, patient care, and there are many ways of doing that. And Ontario, even between 2006 and 2014, they gave money to physicians, but they received services and access, a better access for patients, which didn't happen in Québec. So Quebeckers paid and they didn't get what they deserved to receive in return.

M. Hicks (Ryan) : So, when you say that the negotiations should be more patient focused, you mean that there be results for more access to services?

Mme Lamarre : More access, more proximity. So services must be closer to patients, they should be done by health professionals that are able, competent to give these services, but sometimes at a lower cost. I gave the example of vaccination for which nurses can very well do this kind of services, and it may let physicians be free to see more patients with emergencies. So there is a lot of new ways of helping our health system. And, during all these years — and Dr. Barrette said that he was responsible for these negotiations, he clearly assumed that he did that — he was always focused on money for physicians instead of services and access for Quebeckers.

M. Hicks (Ryan) :And why do you want to see a salary freeze, «un gel»? Why a freeze and what would that do?

Mme Lamarre : Because, for now, we don't have enough return on our investments, so we have to make it on pause and look first right and a real organization plan for our health system. We don't have that. We don't have that. Even if the Minister said : I will give $60 million for home health care, for example, where will it be done? Who will be the lucky one who will get this money? We didn't have any plan.

So he has to give us plan, clearly plan, because it's not his money, it's Quebeckers' money. So, first, a plan, and then it will be easier to negotiate and to see what needs a more certain health professional instead of others, what needs higher remuneration and mainly who is taking care, who feels responsible of all the population, of filling all the population needs.

For now, we have just relationship between one health professional and one patient. We need some information in the negotiation, we need to have an imputability about taking care of population.

M. Hicks (Ryan) : Did you see the story in the MontrealGazette about a source telling them that the Government told them, the MUHC, that they are taking too many patients? And what's your reaction to that?

Mme Lamarre : I know that MUHC had a lot of good services at the emergency room and they were penalized because there were not maybe this kind of access somewhere else. And it was sometimes, probably, a part of responsibility of the «projet de loi n° 10», which makes a lot of people, you know, unable to coordinate quickly, as quickly as the Health Minister asked them to do, the emergency services.

For sure, we would like each CISSS and CIUSSS responsible of population of its territory. This is one part of what I said, but I don't think that we have to penalize and «culpabiliser» MUHC because they received patients in emergencies. I don't know exactly if they had a lot of elective surgeries. If it's the case, I think that elective surgeries should be made in other hospitals. But, if it's mostly emergency, it's because they made their emergency room very efficient, and they should not be penalized. They should be a model, a reference.

(Fin à 11 h 58)

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