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Point de presse de M. François Legault, chef du deuxième groupe d'opposition, M. Simon Jolin-Barrette, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de justice, et Mme Claire Samson, porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière de culture et de communications et pour la protection et la promotion de la langue française

Version finale

Tuesday, November 1, 2016, 11 h 15

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Onze heures dix-sept minutes)

M. Legault : Oui. Bonjour, tout le monde. Hier, on a appris, donc, que le service de police de Montréal avait espionné Patrick Lagacé pendant des mois. Ce matin, on apprend que d'autres journalistes auraient également été sous surveillance. Ça fait suite, évidemment, là, à la perquisition de l'ordinateur d'un journaliste du Journal de Montréal il y a quelques semaines. Donc, ça fait plusieurs cas et ça devient très inquiétant. Dans chacun des cas, les raisons qui ont été invoquées ne justifient en aucune façon pareille intrusion dans la liberté de presse, et je rappelle que cette liberté de presse, c'est un des fondements des démocraties modernes. S'attaquer à la liberté de presse, c'est s'attaquer à la démocratie.

J'espère donc que le premier ministre, M. Couillard, va prendre très au sérieux ces atteintes graves à notre système démocratique et je demande au premier ministre d'instituer très rapidement une enquête publique sur l'espionnage des journalistes par les services policiers. Cette enquête devrait permettre d'abord d'examiner chacun des cas que je viens de vous mentionner et les autres qui viendront à notre connaissance au cours des prochains jours. Cette enquête permettrait aussi de revoir les lois et les règles provinciales et fédérales qui permettent à un juge de donner un mandat de surveillance à la police au sujet du travail d'un journaliste et cette enquête devrait permettre aussi d'assurer la liberté de presse et la protection des sources. Il en va de la confiance du public à l'égard de nos institutions et de nos services policiers.

Donc, encore une fois, j'espère que M. Couillard prend très au sérieux ces problèmes qu'on a vécus au cours des derniers jours, des dernières heures, et j'avoue que j'ai été très déçu de sa réaction tantôt à Laval. Il avait l'air d'un chef de l'opposition et il nous a dit, là, qu'il dénonçait ce qui était arrivé en termes d'espionnage avec M. Lagacé, mais il n'a proposé aucune action. Moi, j'aimerais savoir si M. Couillard a toujours confiance à M. Pichet, le directeur du SPVM. Je rappelle que le chef de la police de Montréal est recommandé par le maire de Montréal, mais nommé par le Conseil des ministres, et le ministre de la Sécurité publique peut démettre le chef du SPVM.

Donc, je répète ma question. M. Couillard doit faire preuve de leadership. Il doit nous dire comment il trouve le comportement de M. Pichet. J'ai écouté le point de presse de M. Pichet hier, et il ne semblait pas avoir pris la pleine mesure des allégations qui sont portées contre son service policier. Ce sont des allégations qui sont très graves, et je crois que M. Pichet devrait réfléchir sérieusement à donner sa démission.

La Modératrice : Merci. On va prendre les questions, commencer par Martin Croteau, LaPresse.

M. Croteau (Martin) : Bonjour à tous. Bonjour, M. Legault. Pourquoi dire : Il devrait réfléchir à, plutôt que tout simplement réclamer sa démission?

M. Legault : Bien, pour l'instant, là, de façon évidente, il a pris à la légère la situation. Hier, on l'écoutait, là, il semblait dire que tout est parfait. Maintenant, bon, on demande une enquête publique. Le ministre de la Sécurité publique nous a dit hier qu'il voulait avoir des vérifications. C'était avant le point de presse de M. Pichet. J'aimerais savoir ce que M. Couillard pense du point de presse de M. Pichet. Moi, je pense qu'actuellement la confiance de la population à son égard est ébranlée.

M. Croteau (Martin) : Quel est le degré de responsabilité des différents acteurs dans ça? Il y a M. Pichet, il y a M. Coderre qui a recommandé sa nomination, il y a le gouvernement qui l'a autorisée, cette nomination. Donc, qui est responsable ultimement de ce qui s'est passé?

M. Legault : Bien, il y a plusieurs acteurs, effectivement. M. Pichet, qui l'a autorisé? M. Couillard qui est le... M. Coderre qui est le patron de M. Pichet, le Conseil des ministres qui a accepté la nomination de M. Pichet, le ministre de la Sécurité publique qui a le pouvoir de démettre M. Pichet. Qu'est-ce que la juge de paix aussi a fait? Quelles sont les procédures qui ont été ou non suivies? Quelles sont les lois qu'on doit peut-être changer au provincial, au fédéral?

Donc, il y a plusieurs intervenants, mais, de toute évidence, là, M. Pichet a pris le dossier beaucoup trop à la légère. C'est très grave d'attaquer le droit des journalistes à avoir des sources puis à protéger ces sources.

M. Croteau (Martin) : Qu'en est-il de la juge de la paix qui a autorisé la police à espionner M. Lagacé? Que feriez-vous de cette juge et considérez-vous qu'elle a pris la bonne décision?

M. Legault : Bien, en tout cas, ça pose beaucoup de questions. Évidemment, si on avait... Puis moi, je demande rapidement à M. Couillard d'instituer une enquête publique. Ça nous permettrait de voir quel est le processus qui a été suivi par cette juge de paix. Bon, on a vu la Cour du Québec émettre rapidement un communiqué de presse hier en disant qu'essentiellement la formation était à la fine pointe.

Donc, j'aimerais savoir qu'est-ce qui a été présenté par les policiers exactement? Donc, moi, je pense que ça prend une enquête publique pour comprendre les problèmes qu'on a vécus, autant du côté de la direction de la police que du côté des juges. Puis je veux en profiter aussi pour dire, là, moi, j'ai très confiance dans les policiers sur le terrain, là, mais là il semble y avoir un problème à la direction.

M. Croteau (Martin) : Mais peut-être juste pour être clair, est-ce que vous considérez que la juge de paix a erré en accordant ce mandat au SPVM?

M. Legault : On n'a pas assez d'information pour le savoir.

M. Croteau (Martin) : Mais vous avez une préoccupation à cet égard.

M. Legault : J'ai une préoccupation. C'est pour ça qu'on demande une enquête publique.

La Modératrice : Merci beaucoup. Marc-André Gagnon, Le Journal de Montréal, de Québec, comme tu veux.

M. Gagnon (Marc-André) : Bonjour, M. Legault. Donc, vous ajoutez votre voix à ceux qui demandent une enquête publique, mais j'aimerais vous entendre sur la façon avec laquelle vous imaginez la composition de cette commission d'enquête. Qui on devrait y entendre? Qui pourrait diriger ce genre d'enquête là?

M. Jolin-Barrette : Bien, en fait, nous, dans notre perspective de l'enquête publique, on voudrait un expert du monde journalistique, du monde des médias et un expert du monde juridique pour éventuellement avoir des conclusions de cette enquête publique là et des recommandations qui pourraient faire en sorte qu'on pourrait moderniser nos lois, notamment relativement à l'obtention des mandats de perquisition à la fois au provincial pour la sphère qui nous occupe, mais à la fois également pour la sphère fédérale. Je pense que c'est important d'avoir un expert du monde médiatique et un expert du monde juridique, une co-commission, deux coprésidents qui pourraient présider cette commission-là pour donner de la crédibilité à cette enquête-là et que, dans le fond, l'ensemble des intervenants dans le dossier puissent être impliqués.

M. Gagnon (Marc-André) : M. Legault, vous vous dites déçu, donc, de la réaction préliminaire, là, pour l'instant, de Philippe Couillard, parce qu'il nous a dit qu'il allait nous en reparler un peu plus tard. Est-ce que vous croyez que M. Couillard, le premier ministre, donc devrait lui aussi demander à M. Pichet de démissionner et peut-être de faire la même chose à l'endroit de la juge qui a émis les mandats? C'est un peu délicat.

M. Legault : Écoutez, c'est toujours la même chose avec M. Couillard, hein? Manque de leadership, c'est un peu comme s'il était un observateur. Il a l'air d'un chef de l'opposition qui dénonce un problème, alors que c'est lui le premier ministre. Donc, qu'est-ce qu'il pense de M. Pichet? Est-ce qu'il entrevoit... Est-ce qu'il pense que c'est nécessaire de revoir nos lois, nos règles? Pour l'instant, on ne sait rien, là. Tout ce qu'il nous dit, c'est qu'il trouve ça bien effrayant puis il dénonce, mais, pour l'instant, il n'a rien, rien proposé, jamais d'action avec M. Couillard. On dirait que c'est comme un touriste, un observateur.

La Modératrice : Alain Laforest, TVA.

M. Laforest (Alain) : Madame, messieurs. M. Legault, on va remonter un petit peu dans le passé, là. On sait qu'à Montréal il y a eu énormément de problèmes, entre autres sous Gérald Tremblay, où il y avait des fuites, où ça a conduit à ce qui s'est passé à Montréal. Est-ce que vous avez l'impression qu'il y a quelqu'un qui a commandé ça pour éviter de se retrouver dans la même situation?

M. Legault : Écoutez, c'est troublant. C'est très troublant. Moi, je n'en reviens pas de la réaction de M. Pichet hier. Bon, M. Pichet, son patron s'appelle Denis Coderre, et puis sa nomination vient du Conseil des ministres, et puis il peut être démis par le ministre de la Sécurité publique. Donc, moi, je pense que les questions, il faut d'abord les poser à M. Coderre puis à M. Couillard. Qu'est-ce qu'ils pensent, eux autres, de M. Pichet? Mais moi, a priori, là, j'ai un problème avec la façon dont il a réagi hier, comme s'il prenait ça à la légère puis qu'il trouvait que tout a été géré correctement.

M. Laforest (Alain) : Est-ce qu'il y avait une commande politique selon vous, d'agir de la sorte, selon vous, là, avec ce qui s'est passé dans le passé?

M. Legault : Je n'ai pas assez d'informations pour le savoir, mais la question se pose et puis il faut la poser à M. Coderre, il faut la poser à M. Couillard. Il y a deux grands responsables, là, au-dessus de la tête de M. Pichet.

M. Laforest (Alain) : Dans un autre dossier, très, très rapidement, là, Pétrolia, hier, a déposé un recours judiciaire où on dit qu'il y a de l'hostilité et de l'ingérence de la part du premier ministre dans le dossier du pétrole d'Anticosti, de l'exploration du pétrole d'Anticosti. Quelle est l'analyse que vous en faites de ce dossier à ce stade-ci, là?

M. Legault : Écoutez, M. Couillard est devenu la risée de tout le monde des affaires actuellement. Les gens parlent continuellement de ce dossier-là. Ça fait longtemps qu'on n'a pas vu un gouvernement ne pas respecter un contrat qui a été signé par le gouvernement. On a l'air d'une république de bananes. On envoie un très mauvais message non seulement à Pétrolia, mais à tous les investisseurs potentiels au Québec. Moi, je ne comprends pas que M. Couillard, là, depuis qu'il est allé à Paris, qu'il est devenu l'homme vert qui est contre tout projet. Il a peur de découvrir du pétrole en explorant Anticosti, alors qu'on importe 10 milliards de pétrole par année. Quelle hypocrisie!

La Modératrice : Merci beaucoup. Alexandre Robillard, LaPresse canadienne.

M. Robillard (Alexandre) : Allo, M. Legault. Qu'est-ce qui vous fait penser que la surveillance de journaliste, c'est un phénomène qui a peut-être plus d'ampleur que ce qu'on a constaté dans les cas qui ont été rapportés dernièrement?

M. Legault : Bon, d'abord, il y a trois cas différents... bien, trois cas, on nous dit qu'il y a d'autres journalistes. Il y a M. Nguyen, il y a M. Lagacé. S'il y en avait juste un cas, ce serait inquiétant, puis ce qui est surtout inquiétant, c'est la réaction de M. Pichet hier, qui semblait banaliser cette situation puis qui ne s'était pas informé, hein? Les journalistes lui demandent : Est-ce qu'il y a d'autres cas? Je ne le sais pas. Il me semble qu'avant d'aller faire le point de presse, je me serais informé, est-ce qu'il y a d'autres cas, puis d'avoir fait le tour de la question, mais non, on dirait qu'on prend ça à la légère, puis il essaie de défendre l'intervention.

M. Robillard (Alexandre) : Hier, on entendait la réaction de M. Goodale à Ottawa, qui semblait quand même assez clair sur quelles sont les attentes du gouvernement fédéral en la matière. Est-ce que vous craignez qu'il y ait une culture de la surveillance des médias au Québec qui soit à l'oeuvre?

M. Legault : Bien, déjà, la réaction de M. Goodale est peut-être un peu plus en action que celle de M. Couillard ce matin. M. Goodale a dit qu'il n'excluait pas de revoir les lois. Bien, c'est ça, là, il faut commencer à se pencher, est-ce que le problème, ce sont les acteurs ou ce sont les lois et les règles. Mais, je pense, M. Couillard, là, a une responsabilité de rassurer la population, rassurer les journalistes. Il ne peut pas juste agir en observateur, comme il fait actuellement.

M. Robillard (Alexandre) : Mais êtes-vous en mesure de dire si, d'après vous, il y a une culture de ce type-là?

M. Legault : On voit quelques cas qui sont déjà inquiétants. Est-ce qu'il y en a d'autres? Je n'ai pas plus d'information que vous.

La Modératrice : Merci beaucoup. Dernière question en français, Mathieu Dion, Radio-Canada.

M. Dion (Mathieu) : Oui, rapidement. Pensez-vous que ça peut être aussi large qu'avec la Sûreté du Québec? Dans une commission d'enquête, est-ce qu'on parlerait seulement du SPVM ou on élargirait même à la Sûreté du Québec?

M. Jolin-Barrette : Oui, bien, je pense que c'est important de viser tous les corps de police, dans le fond, qui ont accès à demander un mandat de perquisition. Donc, l'enquête ne doit pas se limiter uniquement au SPVM, mais, dans le fond, sur les sources journalistiques parce que ce n'est pas uniquement l'apanage du Service de police de la ville de Montréal, mais c'est également le cas d'un policier qui peut aller faire une dénonciation devant un juge de paix magistrat. Ça couvre, dans le fond, tous les corps de police, tous les individus qui ont accès à ce type de mandat de surveillance là. Donc, oui, ça pourrait couvrir la Sûreté du Québec également.

La Modératrice : Merci beaucoup. On va passer aux questions en anglais. Maya Johnson, CTV.

Mme Johnson (Maya) : Good morning, Mr. Legault. What kind of action can elected officials take to deal with the protection of journalistic sources?

M. Legault : I think, first, we have to admit that it's an important problem. And, second, I would have expected that Mr. Couillard would have proposed already some action.

What we propose right now is a public inquiry. We think it's important that we look at the rules, the laws that are applicable, but we have to protect journalistic sources. So right now, clearly, Mr. Pichet, chief of the SPVM, has not taken the matter seriously enough, and I would like to know if Mr. Couillard has still all confidence in Mr. Pichet.

Mme Johnson (Maya) : And you suggested earlier that he should consider stepping down as police chief in light of these revelations?

M. Legault : Yes. I think that, right now, Mr. Pichet, yesterday, instead of… yesterday, requesting that maybe rules be reviewed, he said that all rules were followed and he didn't see any problem with what happened to Mr. Lagacé. So, I think, right now, there is a breech of confidence and I think, right now, Mr. Pichet must think about resigning.

Mme Johnson (Maya) : And, when you talk about a public inquiry, that would be to look into how or why the police obtained these search warrants to get into Mr. Lagacé's phone?

M. Legault : Yes. We have to look at what happened and what is suggested also by experts, journalists and juridical people. They have to make proposals maybe about changing laws, changing rules, but it's unacceptable, what happened.

Mme Johnson (Maya) : Can you talk a little bit about the role of investigative journalism, and how important that is in our society, and what this kind of situation could do to deter sources from going to journalists with important stories?

M. Jolin-Barrette : I think it's really important in our democracy because, you know, it's the… the work of the journalist is the fourth power, and that's really important that we let the journalists do their job, and we have to put some regulations, and the fact that the judge will apply that regulation to protect the work of the journalists, also the source of the journalists, because, if the journalists can not work free as they want, we will not have all the information, and all the scandals will not go over the light, and that's really important that journalists can do their job without any boundary.

Des voix : Merci.

(Fin à 11 h 34)