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Point de presse de M. Jean-François Lisée, chef de l’opposition officielle, M. Stéphane Bergeron, porte-parole de l’opposition officielle en matière de sécurité publique, et M. Pascal Bérubé, leader parlementaire de l’opposition officielle

Version finale

Thursday, November 3, 2016, 8 h 45

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Huit heures quarante et une minutes)

M. Lisée : Alors, bonjour. Chaque jour qui passe nous amène des nouvelles informations troublantes sur le fait que les journalistes sont beaucoup trop intéressants à notre goût pour les corps policiers. Nous demandons une enquête depuis plusieurs jours, et on voit, à mesure que les nouvelles informations nous parviennent, que la réponse du gouvernement est extraordinairement modeste par rapport à l'importance des faits, l'importance des enjeux. Et donc, pour nous, raison de plus, à chaque jour qui passe, pour demander au Bureau des enquêtes indépendantes — le mot clé, c'est «indépendantes» — de faire cette enquête et de retourner dans le passé, sur les 20 ans s'il le faut, pour voir s'il y a eu d'autres cas, récents ou moins récents, et nous donner le récit exact des événements et que les parlementaires puissent avoir accès au récit exact des événements.

Mon collègue Stéphane a été mis en cause hier, et donc nous avons répondu à vos questions là-dessus. Ce matin, Stéphane a communiqué avec moi, je vais lui laisser la parole.

M. Bergeron : Alors, bonjour, tout le monde. Lundi... en fait, mardi, si je ne m'abuse, on a fait un certain nombre de propositions, trois propositions très solides pour faire face à la situation actuelle : un comité d'experts indépendants nommés par chacune des formations politiques présentes à l'Assemblée nationale, une enquête du Bureau des enquêtes indépendantes permettant d'aller au fond des choses et la suspension temporaire du chef de police de Montréal.

J'ai bien conscience, depuis hier, d'être devenu, bien malgré moi, une distraction qui empêche qu'on prête toute l'attention requise à ces trois propositions solides. J'ai donc offert ce matin au chef du Parti québécois de me retirer de mes fonctions de porte-parole en matière de Sécurité publique.

J'aimerais terminer simplement en disant que c'est la troisième fois que j'occupe des fonctions en lien avec la sécurité publique. J'ai précédemment, vous le savez, évidemment, été ministre de la Sécurité publique et, avant cela, porte-parole de l'opposition officielle en matière de sécurité publique. J'ai toujours salué le travail des journalistes d'enquête, j'ai souvent fait du pouce sur le travail des journalistes d'enquête à l'Assemblée nationale et je dois vous dire que ce qui me mortifie aujourd'hui, c'est qu'on ait pu laisser entendre que j'avais quoi que ce soit à voir avec le fait qu'on ait épluché les registres d'appel des journalistes. Voilà. Merci.

M. Lisée : Alors, j'ai accepté la proposition, qui est tout à l'honneur de Stéphane. J'ai demandé à Pascal Bérubé, qui est notre leader, de prendre le dossier de la sécurité publique jusqu'à ce que la lumière soit faite. Et Pascal, qui connaît bien le dossier, qui l'a déjà eu... ce qui montre bien la profondeur de la compétence que nous avons sur le banc du Parti québécois pour traiter de ces questions.

Maintenant, je dois dire deux ou trois choses sur le récit des événements. La version des faits qu'a donnée hier, en toute franchise et en toute candeur, Stéphane Bergeron, est corroborée par notre connaissance des faits au moment où on se parle. D'abord, M. Prud'homme, ce matin, dans des entrevues, a confirmé... D'abord, il faut le dire que Stéphane a demandé une enquête. Lorsque Stéphane et M. Prud'homme ont parlé à M. Laprise, M. Laprise a dit : J'ai ouvert une enquête. L'enquête était déjà ouverte. Il est faux de dire que Stéphane a parlé à Michel Arsenault. M. Arsenault a envoyé une lettre. Il est faux de dire que c'est la lettre de M. Arsenault qui a déclenché l'enquête puisque l'enquête était déjà ouverte lorsque M. Prud'homme et Stéphane ont parlé à M. Laprise. Il est faux de laisser entendre que Stéphane a voulu ou fait en sorte que des journalistes soient sous enquête. Aucun témoignage, aucun début de preuve ne peut corroborer cette version des faits.

Alors, moi, j'ai très hâte qu'un bureau d'enquêtes indépendantes voie tous les témoins, regarde toutes les preuves, lise toutes les lettres, épluche tous les courriels et nous revienne avec ce dont j'ai l'absolue conviction, une confirmation de la version de Stéphane.

Une raison supplémentaire pour laquelle je crois la version de Stéphane, c'est que je l'ai vu pendant les 18 mois de gouvernement Marois avec cette équipe qui a travaillé pour rétablir l'intégrité des institutions québécoises, que ce soit avec la loi n° 1 pour faire en sorte que toutes les entreprises du Québec ne puissent avoir des contrats sans démontrer leur intégrité, avec la réforme du financement des partis municipaux et provinciaux et avec l'action de Stéphane.

Qu'a fait Stéphane? Il a créé le Bureau des enquêtes indépendantes pour faire en sorte que les policiers arrêtent d'enquêter sur les policiers. Il a permis à l'UPAC d'avoir la totalité des sommes qu'elle réclamait pour faire des enquêtes. Nous avons vu une accélération des enquêtes de l'UPAC et de la SQ sous sa gouverne. Nous avons vu aussi qu'avec Bertrand St-Arnaud à la Justice il n'y avait pas de délai à la direction des enquêtes criminelles et civiles. Les dossiers de l'UPAC montaient, les procureurs travaillaient, il y avait des arrestations. Gilles Vaillancourt, dont on disait que jamais il ne pourrait être arrêté, a été arrêté. Michael Applebaum a été arrêté.

Et ce que je suis content de pouvoir vous dire ce matin, avec la permission de Stéphane, c'est que, pendant ces 18 mois, il travaillait aussi sur une proposition pour rendre indépendante la nomination de tous les chefs de police au Québec. Alors, moi, le Stéphane Bergeron que j'ai vu, c'est le Stéphane Bergeron qui voulait mettre une distance entre la police et la politique, entre la police et la police, et qui a travaillé avec nous tous au rétablissement de l'intégrité de l'État québécois.

Maintenant, nous avons entendu votre collègue Louis Lacroix, ce matin, déposer une pièce au dossier. Certains d'entre vous ont également retrouvé des déclarations de l'ancien ministre Dutil sur l'enquête Davidson qui avait aussi porté sur des journalistes. Ça, c'est au cours de 20 dernières années. Donc, ce que le ministre Coiteux a dit hier, qu'il y avait un cas en 20 ans, est, de toute évidence, inexact.

Alors, on voit bien que, dans ces cas, le travail même du ministère de la Sécurité publique doit être sous enquête. Il doit y avoir des questions posées aux anciens ministres, aux anciens sous-ministres de la Sécurité publique. Il devient donc complètement inacceptable que la proposition gouvernementale de demander au ministère de la Sécurité publique... enquête sur lui-même, bon, ou que la SQ enquête sur elle-même, ou que la police de Montréal enquête sur elle-même.

Lorsque le Bureau des enquêtes indépendantes a été proposé par notre gouvernement et par Stéphane, dans la discussion de sa loi, il a été question spécifiquement de l'affaire Davidson. Spécifiquement. À quoi servirait ce bureau? À voir, lorsqu'il y a des agents de la paix qui, dans l'exercice de leurs fonctions, utilisent leur arme, oui, mais aussi dans des cas où il y a des questions posées sur des enquêtes policières qui pourraient déborder sur des fuites, sur des journalistes, et c'était une des raisons pour lesquelles le bureau a été créé.

Alors, encore une fois aujourd'hui, je redemande au gouvernement : Qu'est-ce qui les embête avec l'indépendance et la transparence? Pourquoi maintiennent-ils une volonté de contrôle et d'opacité? Merci.

La Modératrice : Nous allons passer à la périod des questions. Je vous prierais de respecter la règle en vigueur de la question, sous-question, s'il vous plaît. Merci. M. Laforest.

M. Laforest (Alain) : Juste avant, M. Lisée, j'aurais une question pour M. Bergeron, si vous me permettez. M. Bergeron, au cours des dernières 24 heures, vous êtes dans le tumulte. Bon, vous maintenez que vous n'étiez pas au courant qu'il y avait des enquêtes sur des journalistes. Vous avez certainement parlé à des gens. Est-ce qu'il y a des gens dans votre entourage, du cabinet, à l'époque, qui étaient au courant de ces enquêtes?

M. Bergeron : Je n'ai aucune raison de penser que quiconque de notre entourage était au courant du fait qu'on avait épluché les registres téléphoniques des journalistes.

En fait, pour dire le vrai, c'est que, dès le moment où a su qu'il y avait enquête, pour nous, l'histoire était close, là. Il y a une enquête, il doit y avoir un mur de Chine entre le ministre et les enquêtes, et c'est là que la discussion a pris fin avec M. Laprise. Et je n'ai jamais réentendu parler du contenu, du déroulement de ces enquêtes jusqu'à hier.

M. Laforest (Alain) : À la lumière des faits aujourd'hui, est-ce vous considérez que vous avez outrepassé ce que vous auriez dû faire et ne pas vous ingérer après avoir reçu la lettre de M. Arsenault?

M. Bergeron : Alors, je réitère que ce qui me préoccupait, c'était que des fuites à l'interne puissent faire dérailler des enquêtes criminelles, et je pense qu'il est du devoir du ministre de la Sécurité publique de s'assurer qu'il ne puisse y avoir d'enquête criminelle qui dérape.

Ceci dit, je me permets de signaler aujourd'hui, comme je l'ai fait hier, qu'il est inadmissible qu'on ait épluché les registres téléphoniques des journalistes parce que ce n'était pas eux qui étaient sous enquête.

La Modératrice : M. Bélair-Cirino.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Oui. M. Bergeron, est-ce que votre conduite était exemplaire? Auriez-vous fait les choses différemment à la lumière des faits qui ont été révélés au cours des derniers jours?

M. Bergeron : Je crois que je viens de répondre à cette question.

M. Bélair-Cirino (Marco) : M. Lisée…

M. Lisée : Je vais vous aider là-dessus. Il semble… Moi, j'ai été journaliste, mais je me sens encore journaliste, O.K., et j'ai été conseiller de deux premiers ministres. Il semble y avoir une fausse perception que jamais le ministre de la Sécurité publique ne doit parler au directeur de la SQ. C'est absurde. La question, c'est : De quoi doit-il lui parler? Il ne doit jamais lui parler du contenu des enquêtes, il ne doit jamais essayer de savoir ce qui se passe dans les enquêtes, mais il doit voir à la bonne marche de la sécurité publique. Et, lorsqu'il lit dans le journal, parce qu'il lit le journal, que, grâce à votre excellent travail, on sait qu'un ministre libéral est intervenu dans une enquête et l'a fait dérailler quelques années auparavant, son travail, le ministre de la Sécurité publique, c'est de dire : Est-ce que quelqu'un s'occupe de ça? Est-ce que la police fait son travail?

Il a demandé : Qu'est-ce que vous faites avec ça? Réponse : On s'en occupe très bien. Si le directeur de la SQ lui avait dit : Ça ne nous intéresse pas, bien, le ministre de la Sécurité publique aurait dit : Bien, pourquoi ça ne vous intéresse pas? Vous avez une enquête importante qui a déraillé à cause de cette information qui circule. Faites votre travail. C'est tout ce qu'il a à dire.

Alors, il était exemplaire qu'il se renseigne à savoir si une question… D'ailleurs, vous les journalistes lui posiez des questions, comme ministre de la Sécurité publique, à savoir qu'est-ce qui se passe. L'opposition posait des questions à savoir qu'est-ce qui se passe. Et le ministre de la Sécurité publique doit pouvoir dire : J'ai parlé au directeur de la Sûreté du Québec. La Sûreté du Québec fait enquête, fait son travail. C'est tout.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Puis il n'y a pas une pression, là, du ministre de la Sécurité publique lorsqu'il demande au chef, au directeur général de la Sûreté du Québec, s'il fait enquête, une pression... Le directeur de la Sûreté du Québec sait très bien que, s'il répond non, il va devoir faire enquête dès qu'il raccroche la ligne.

M. Lisée : Le ministre de la Sécurité publique doit, par sa fonction, s'assurer que la police fait son travail. Alors, sa pression permanente, c'est de dire : Si vous ne faites pas votre travail, vous ne faites pas votre travail. On vous a embauché, on vous a nommé pour faire votre travail. Alors, une fois de temps en temps, je vérifie si le travail est fait. Oui? Le travail est fait? Très bien.

C'est la même façon lorsque, nous, on a posé beaucoup de questions à savoir pourquoi est-ce que les dossiers de l'UPAC qui sont montés à la direction des poursuites, pourquoi il ne se passe rien. Bien, la ministre de la Justice appelle au DPCP puis dit : Qu'est-ce qui se passe? Ils disent : On est dans les délais, on s'en occupe. O.K. Ils me répondent, ils sont dans les délais, ils s'en occupent. Mais si, à un moment donné, on se rend compte qu'il y a un problème de gestion interne qui fait que le travail ne se fait pas, bien, c'est la responsabilité du politique de dire : Bien, on va faire des changements de processus ou de personnel pour faire en sorte que le travail se fasse. Mais on n'a pas à s'ingérer dans la qualité du travail, la nature du travail, la nature des enquêtes.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Selon votre réflexion, est-ce que M. Couillard et M. Coderre protègent un ami en maintenant en poste Philippe Pichet à la tête du SPVM?

M. Lisée : Moi, je veux rester proche des faits. Les faits sont que M. Pichet admet avoir autorisé l'émission de 22 mandats pour espionner Patrick Lagacé. Pour moi, ces faits sont inadmissibles, et donc il doit y avoir une enquête indépendante, et M. Pichet doit être suspendu pendant l'enquête.

Qui a le pouvoir légal de suspendre M. Pichet? Ce n'est pas Denis Coderre, ce n'est pas le conseil municipal, ce n'est que le gouvernement du Québec. C'est le seul à pouvoir le nommer, à pouvoir le démettre ou à pouvoir le suspendre. Alors, qu'il prenne ses responsabilités et qu'il le suspende.

La Modératrice : M. Robillard, question, sous-question, s'il vous plaît.

M. Robillard (Alexandre) : M. Bergeron, j'aimerais ça savoir, quand vous avez parlé avec M. Laprise en septembre 2013, est-ce que c'était la première fois que vous utilisiez ce type de façon d'entrer en contact avec lui sur la gestion de la SQ?

M. Bergeron : Non. On avait déjà eu l'occasion de se parler à maintes reprises sur une foule de questions, mais ces questions sont aussi diverses que le plan de réorganisation, sur le plan financier, de la Sûreté du Québec, que de discuter des mesures de sécurité qui doivent être mises en place à la demande des autorités françaises lors de la visite du premier ministre de France.

Alors, oui, les communications avec le directeur de la Sûreté du Québec sont, sans dire fréquentes, je dirais régulières, et, oui...

M. Robillard (Alexandre) : À quelle fréquence à peu près?

M. Bérubé : Mégantic et L'Isle-Verte aussi.

M. Bergeron : Bien, exactement.

M. Robillard (Alexandre) : À quelle fréquence?

M. Bergeron : Bien, ça dépend. Ça dépend des événements, ça dépend des circonstances.

M. Robillard (Alexandre) : Bien, c'est-u une fois par mois, une fois par semaine?

M. Bergeron : Bien, des fois, c'était une fois par mois; des fois, c'était une fois par deux mois; puis des fois, c'était deux fois par semaine. Alors, ça dépend des fois.

M. Robillard (Alexandre) : O.K. M. Lisée, j'aimerais ça savoir... Hier, M. Coiteux a dit que le BEI, son rôle, c'est de faire des enquêtes de nature criminelle portant sur des individus, pas quelles sont les pratiques d'un corps policier. Donc, est-ce que la loi est assez précise concernant les mandats qui peuvent être confiés au BEI?

M. Lisée : Bien, j'ai cité l'article de loi à l'Assemblée nationale hier, la Loi de la police, qui est la loi qui a... que Stéphane et notre gouvernement avons introduit dans la Loi sur la police pour créer le Bureau des enquêtes indépendantes et qui indique que le ministre peut donner tout mandat qu'il juge opportun pour faire enquête sur...

M. Robillard (Alexandre) : Sa réponse, c'est ça. Vous en pensez quoi?

M. Lisée : Je pense qu'il fait volontairement une mauvaise interprétation de la Loi sur la police et du bureau parce qu'il ne veut pas utiliser cet instrument. Pour l'instant, ce que nous savons, c'est que M. Coiteux et M. Couillard refusent de donner à une instance indépendante la responsabilité de cette enquête, et ce refus est déplorable.

Et encore hier, d'ailleurs, je déplore le fait que le directeur de la SQ, M. Prud'homme, a demandé une enquête d'un tiers indépendant — ce sont ses termes — et le ministre Coiteux est sorti en disant : Il a demandé une enquête administrative. Non, M. Prud'homme n'a pas demandé d'enquête administrative, il a demandé l'enquête d'un tiers indépendant. Bien, il en existe un, qui est le Bureau des enquêtes indépendantes.

La Modératrice : M. Bellerose.

M. Bellerose (Patrick) : Bonjour, M. Lisée. Avec l'enquête administrative qui a été annoncée hier, avez-vous l'impression que le gouvernement tente de circonscrire la période sur laquelle portera l'enquête?

M. Lisée : Écoutez, la nature même de l'enquête… M. Coiteux a expliqué qu'il veut enquêter sur les processus. Bien, c'est bien, mais ce n'est pas suffisant. Il faut enquêter sur les faits. On veut avoir le récit, qui a demandé quoi, à qui, pour quelle raison, dans quel contexte, qui dit la vérité, qui ne dit pas toute la vérité, et qu'on puisse en tirer des conséquences. Est-ce qu'il y a des gens qui ont mal agi et qui doivent être sanctionnés? Est-ce qu'il y a des gens qui ont bien agi et qui doivent être récompensés? Est-ce qu'il y a des gens qui ont fait des erreurs de jugement, qui ont mal appliqué la jurisprudence? C'est ça qu'on doit savoir, et on doit le savoir dans le cas de M. Pichet, on doit le savoir dans le cas de M. Laprise, on doit le savoir dans le cas de M. Dutil. On doit le savoir. Moi, je pense qu'il faut poser cette question.

Et, lorsque je dis que je suis prudent dans la demande d'une grande enquête publique tout de suite, c'est que je veux que le BEI nous dise : Écoutez, c'est circonscrit à quatre cas en 20 ans. Très bien. Ou on a l'impression que c'est plus profond que ça et ça demande une enquête publique, mais je veux savoir ça dans quelques mois.

M. Bellerose (Patrick) : Mais croyez-vous que le gouvernement cible particulièrement l'époque du gouvernement Marois et du prédécesseur de M. Prud'homme?

M. Lisée : Bien là, ils sont pris avec l'époque du gouvernement Couillard, avec M. Pichet, qu'ils ont nommé et qu'ils refusent de suspendre. Et ça, c'est leur responsabilité. Alors, moi, je demande que le BEI ait la capacité de remonter aussi loin dans le temps qu'il le désire, à partir des événements qui sont maintenant connus. Puis, je veux dire, je pense qu'il faut leur donner cette liberté à eux.

M. Gagnon (Marc-André) : M. Bergeron, je me trompe ou on vous sent ébranlé ce matin?

M. Bergeron : Pardon?

M. Gagnon (Marc-André) : On vous sent ébranlé.

M. Bergeron : Pas plus qu'hier.

M. Gagnon (Marc-André) : Pas plus qu'hier?

M. Bergeron : Ce qui se passe, c'est que, moi, ce qui m'importe, c'est qu'on aille au fond des choses. C'était ma position mardi, c'est la même aujourd'hui, sauf qu'hier, vous aurez bien compris que ce n'est pas tout à fait des propositions dont on a fait l'annonce mardi dont on discutait. Alors, parce que j'ai bien compris que j'étais un élément de distraction qui permettait qu'on ne discute pas du fond de l'affaire, mais de quelque chose qui m'apparaît, somme toute, assez anecdotique, dans la mesure où cette version que je vous ai livrée hier, c'est la version que je livre depuis le jour un.

Plusieurs d'entre vous m'ont entendu dire cela à l'époque où j'étais ministre de la Sécurité publique. Ce n'est pas la première fois que j'explique ça, là, sauf que ça revient périodiquement, et je n'ai pas de problème à ce qu'on en parle. J'ai l'habitude même qu'on en parle. Mais ce qui m'embête, c'est que, pendant qu'on parle de ça, on ne discute pas du fond des choses, on ne discute pas des propositions que nous avons mises de l'avant et qui sont à ce point importantes que je juge qu'il faille me retirer de mes fonctions de porte-parole en matière de sécurité publique.

M. Gagnon (Marc-André) : O.K. Pour reprendre vos termes d'hier, lorsque vous avez demandé qu'est-ce que c'est que ça à la Sûreté du Québec, à quoi vous vous attendiez? Si ce n'est pas à une chasse aux sources, c'est visiblement, minimalement, une chasse aux fuites. Est-ce qu'il aurait été plus acceptable, par exemple, que ce soient les registres téléphoniques de policiers qui soient consultés plutôt que ceux de journalistes?

M. Bergeron : Écoutez, moi, je ne suis pas un spécialiste d'enquête, mais une chose que je sais, cependant...

M. Gagnon (Marc-André) : Vous êtes un spécialiste de sécurité publique...

M. Bergeron : Oui, mais je ne suis pas un spécialiste des enquêtes. Par la force des choses, je ne suis pas un spécialiste des enquêtes. Ce que je sais, cependant, c'est que ceux qui étaient sous enquête, dans mon livre à moi, c'étaient ceux qui étaient à l'origine des fuites à l'interne. Et d'aucune façon, peu importe ce qui a été décidé, d'aucune façon on n'aurait dû mettre les journalistes sous enquête, et c'est ce qui s'est passé et c'est ce que je déplore.

Le Modérateur : M. Gagnon, on va terminer avec...

M. Gagnon (Marc-André) : Mais, pour répondre à ma question, là, donc de... juste pour répondre à ma question, de consulter les registres téléphoniques des policiers, est-ce que ça aurait été plus acceptable, ça?

M. Bergeron : Je vous ai répondu. Je ne peux pas répondre...

M. Gagnon (Marc-André) : Dites oui ou non.

M. Bergeron : Je ne peux pas répondre spécifiquement à cette question-là.

La Modératrice : On va terminer en français avec M. Croteau.

M. Lavallée (Hugo) : Aïe! Ici.

Des voix : Ha, ha, ha!

M. Lisée : Restez poli. Restez poli.

M. Lavallée (Hugo) : C'est ce que je fais. Sur un autre sujet, M. Lisée, on apprend ce matin, de la part de nos collègues de l'émission Enquête, qu'il y a des organisateurs libéraux qui auraient bénéficié de ristournes via des transactions à la Société immobilière du Québec dans les années 2000. Qu'est-ce que ça vous dit sur le Parti libéral, ces nouvelles révélations?

M. Lisée : Bien, ça confirme un certain nombre de... ça vient s'ajouter à un dossier qui était déjà extrêmement épais, extrêmement épais, des personnes qui étaient très proches du Parti libéral, d'ailleurs un qui était l'organisateur de M. Couillard dans son comté, dans Jean-Talon, des gens qui étaient des rouages essentiels du Parti libéral de l'époque. Où sont-ils maintenant? Que font-ils maintenant? Ont-ils été exclus du Parti libéral? Font-ils toujours partie du réseau? Ce sont des questions auxquelles M. Couillard devrait s'attarder immédiatement. Et je vais laisser Pascal terminer.

M. Bérubé : Quelques mots là-dessus. Bien, d'abord, oui, je suis de retour à la sécurité publique, et ça commence en force ce matin avec ce qui va se passer à Enquête ce soir. Concernant les allégations très, très importantes à l'égard de M. Rondeau, de M. Fava, de M. Bartlett, de M. Fortier, force est de constater qu'encore une fois le dénominateur commun semble être le financement du Parti libéral du Québec.

Alors, on va écouter le reportage de ce soir, mais il est clair qu'à la lumière des informations qu'on a présentement, qui s'ajoutent à des informations qu'on reçoit régulièrement et qui, évidemment, parfois, concordent avec les autres, on revient encore une fois à cette propension que, lorsqu'on parle d'éthique et de financement, il y a souvent un problème au Parti libéral. Alors, on va analyser ça avec beaucoup d'attention et, chose certaine, à Québec, parce que ça se passe beaucoup à Québec et aux Bahamas, on va tirer l'affaire au clair.

M. Lavallée (Hugo) : Que doit faire, donc, M. Couillard précisément?

M. Lisée : On va écouter Enquête ce soir. Mais moi, ce qui m'a toujours frappé avec M. Couillard, c'est qu'il n'a jamais fait d'enquête interne, hein? Quand Claude Ryan est arrivé à la direction du Parti libéral du Québec après M. Bourassa, il y avait un certain nombre d'allégations à l'époque. Il a fait un ménage complet. Il y avait un code d'éthique immédiat, tu sais, il y avait un avant et il y avait un après. Mais, avec M. Couillard, il n'y a pas eu un avant et un après. Il n'a pas décidé de faire place nette. Et pourquoi est-ce que l'ombre de Jean Charest et de cette équipe-là est toujours avec lui, c'est qu'il n'a jamais exorcisé le Parti libéral de ce qui existait avant qu'il arrive

et c'est probablement la plus grande faute politique qu'il ait commise dans sa carrière, M. Couillard. C'est, lorsqu'il a été élu chef, il avait une fenêtre d'opportunité pour changer la culture du PLQ, changer le personnel, il ne l'a pas fait et il paie pour ça depuis.

M. Croteau (Martin) : Bonjour à tous. Ma question est pour M. Bergeron, si vous permettez. Vous maintenez que vous n'étiez pas au courant, vous n'avez jamais demandé à la SQ d'espionner des journalistes ou vous ignoriez ce que la SQ faisait.

M. Bergeron : Je n'ai même jamais demandé à la SQ de faire enquête sur ce qui se passait.

M. Croteau (Martin) : Exactement. Mais craignez-vous que votre appel à M. Laprise ait pu être interprété par la SQ comme une forme de feu vert pour espionner des journalistes?

M. Bergeron : Bien, écoutez, moi, je ne peux pas répondre à cette question-là. Ce que je peux dire cependant, c'est qu'au moment où Martin Prud'homme et moi avons parlé à Mario Laprise, celui-ci nous a informés qu'il avait déclenché une enquête, et dès lors, pour nous, ça s'arrêtait là.

M. Croteau (Martin) : Mais le fait que le ministre appelle, est-ce que, du point de vue de la SQ, est-ce que ça ne met pas en relief l'importance d'aller rapidement débusquer ces taupes, finalement, au sein de la SQ? Est-ce que, de ce point de vue là, la SQ, a posteriori aurait pu se sentir légitimé d'aller...

M. Bergeron : J'espère... Si vous me le permettez, j'espère que le directeur de la Sûreté du Québec trouve ça à ce point préoccupant qu'il n'ait pas besoin de l'appel du ministre pour intervenir pour éviter les fuites à l'interne, parce que ce qui pose problème, ce n'est pas les sources journalistiques, ce qui pose problème, c'est que des indiscrétions de policiers aux journalistes, certes, mais surtout à un membre de l'exécutif ait pu faire capoter, ait pu faire dérailler une enquête criminelle. Et ça, c'est extrêmement préoccupant.

M. Croteau (Martin) : Comment qualifiez-vous la conduite de M. Laprise dans cette enquête?

M. Bergeron : Écoutez, sur la question des journalistes, j'ai déjà eu l'occasion de le signaler, je le réitère aujourd'hui, c'est une situation qui m'apparaît totalement inacceptable, parce que ce ne sont pas les journalistes qui étaient sous enquête. Alors, ça n'aurait jamais dû se produire.

La Modératrice : On va passer en anglais maintenant.

M. Hicks (Ryan) : Good morning. Ryan Hicks, CBC. Mr. Lisée, I just want go get your initial reaction to this story that allegedly Québec Liberal Party fundraisers received payouts from what's an alleged real estate fraud.

M. Lisée : Well, we'll be looking forward to the full report tonight. Of course, this simply piles on another layer of allegations around financing of the Liberal Party and its principal players in that. One of them was an organizer for Mr. Couillard in Jean-Talon at the time. I think it poses the greater question of why didn't Mr. Couillard, when he became leader of the Liberal Party, why didn't he clean house? He had an opportunity to say : That was then, this is now, I don't want the same players, I want an ethical code that's beyond reproach, I'm going to be in front of this parade, I'm going to do my own internal investigation and I'm going to give the police everything I find. And he chose not to do that and, by choosing not to do that, he tied himself to everything that happened then and is still coming to haunt him now.

M. Hicks (Ryan) : Now, based on things that the Premier has said in the past, he might say today : Well, you know, I've been the leader for three years, this stuff happened way before I became leader and, you know, that's in the past, it has nothing to do with now and the future. What's your reaction to that?

M. Lisée : Well, we want to know what was the role played by these fellows in the current Liberal Party. Have they been involved in any other activities? Have they organized anything? Were they present at cocktails? We know that Marc-Yvan Côté, for instance, was still active with Sam Hamad recently, you know. He should never have been allowed near a minister of the Couillard Government.

Now, clearly, the memo wasn't sent by Couillard : Don't even talk to these people of the Charest past. So we'll see if these people were still around, are still around, are still members of the Liberal Party, are still helping the financing, and these are questions that will down Mr. Couillard because he didn't have the judgment and the guts to clean house when he arrived.

La Modératrice : Mme Johnson.

Mme Johnson (Maya) : Good morning. Mr. Bergeron, I'd like to start with you. Can you explain why you contacted Mr. Laprise after Mr. Arsenault got in touch with you?

M. Bergeron : In fact, I wasn't quite preoccupied by what Mr. Arsenault was worried about. What preoccupied me at that time was that a leak from the SQ might have led to a failure of an investigation, and I wanted to know, from the SQ, what was going on there. And when we called, Mr. Prud'hommme and myself, Mr. Laprise, Mr. Laprise just told us that he launched an inquiry on that, so the story was over for us.

Mme Johnson (Maya) : But you've been accused of, perhaps indirectly, authorizing this by virtue of that phone call.

M. Bergeron : No. The fact is that the journalists weren't under investigation, and, that being said, it was unacceptable that we had a look, that they had a look in their call registers. There was someone within the SQ that was under investigation and it should never have led to what happened with these six journalists.

Mme Johnson (Maya) : And you maintain your story, you say you've been telling the same story since day one, but you've decided today to withdraw from your role as Public Security critic. Why is that? Why have you made that decision?

M. Bergeron : Because I understand, I realize that, since yesterday, we're not discussing at all about the three solid propositions that we put forward on Tuesday and, as long as I also want to go to the bottom of that, I realize that I'm quite, let's say, a distraction in this story. So I wanted to focus and I wanted everybody to focus on the three propositions that we made on Tuesday, so this is why I proposed Mr. Lisée to withdraw from my responsibility as Official Opposition spokesperson for Public Security in order to allow all the spots on the three propositions instead of me.

La Modératrice : Merci, Mme Johnson. On va passer à notre collègue.

Mme Fletcher (Raquel) : Mr. Lisée, you are proposing an independent investigation, but how far do you want that investigation to go?

M. Lisée : As far as they deem necessary. Of course, they have to start with now and go back in time as far as they deem necessary. What we need from them is to know if there are three, four, five, six cases that went beyond what was acceptable, who made these decisions, were there infractions committed, just lack of judgement? Why was that lack of judgement? We need the full narrative, who said what to whom at what point, and who made the decisions. Were there good guys who said : Don't do that? And why weren't they heard?

And, when we have this narrative, we can see if we have a number of isolated cases or a culture that needs to be uprooted, and I want, in a few months, this report given to parliamentarians, and then we can decide if it warrants a full inquiry, two years, $20 million, whatever, or… but at least we can have stopgap measures with this independent inquiry.

What is completely, I hope… I just can't wrap my mind around the fact that the premier and the minister Coiteux don't see that the administrative inspection that they propose is just not up to the task, and now that we know that ministers and department heads are now the focus of an investigation that should happen, that it should be met, questions should be asked, well… Furthermore, the department cannot inspect the department, so it should go to the Bureau of independent investigations.

La Modératrice : Last question.

Mme Fletcher (Raquel) : But what you are also asking is for an investigation on your own MNAs?

M. Lisée : Absolutely. I mean, let's have the full… I'm completely confident that Stephane's version of events is truthful, but let's check it out. Let's have the inquiry ask Stephane, ask Mr. Prud'homme, ask Mr. Laprise, see if there's a paper trail. Let's do the same for Mr. Dutil, the former Liberal Minister on the Davidson affair, let's see what happen with Mr. Pichet. Were there conversations with the office of the mayor or not, when and where? We want the facts and, given the facts, we'll see if there were persons who did not act properly and how to fix it. Merci beaucoup.

Des voix : Merci.

(Fin à 9 h 15)