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Point de presse de M. François Legault, chef du deuxième groupe d'opposition

Version finale

Tuesday, November 8, 2016, 11 h 15

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Onze heures dix-neuf minutes)

M. Legault : Oui, bonjour, tout le monde. La semaine dernière, nous avons appris que la plus grande fraude de l'histoire du Québec aurait été commise par des collecteurs de fonds du Parti libéral du Québec. L'émission Enquête a découvert que des gestionnaires d'immeubles de la Société immobilière du Québec ont versé des centaines de milliers de dollars à trois collecteurs de fonds du Parti libéral du Québec : William Bartlett, Charles Rondeau et Franco Fava.

Il faut rappeler qu'à la commission Bastarache Charles Rondeau s'était déjà vanté de collecter 1,5 million de dollars par année pour le Parti libéral du Québec. Il faut se rappeler aussi que l'ex-président de la SIQ, Marc-André Fortier, a déjà dit, et je le cite : «[Les intentions de Rondeau et Fava], c'était de savoir si on avait des gros projets qui s'en venaient. Et puis eux autres, en tant que solliciteurs, avaient des demandes : "Est-ce qu'on peut penser éventuellement à des retours d'ascenseur?"» Fin de la citation. Donc, c'est une fraude qui n'aurait pas été possible sans la grande proximité puis l'influence de ces trois collecteurs de fonds auprès du gouvernement libéral.

Les faits rapportés par Enquête sont très graves. Et moi, j'ai été déçu de la réaction de M. Couillard. Encore une fois, il a commencé par nous dire : Il ne faut pas faire de culpabilité par association. Ensuite, il nous a dit, et je le cite : Le parti libéral est «largement irréprochable». Donc, s'il croit que le parti libéral est largement irréprochable, je suppose que c'est parce qu'il a fait des vérifications. Les Québécois sont dégoûtés, ils veulent avoir du leadership de la part de leur premier ministre, que leur premier ministre leur dise est-ce qu'il y a effectivement des enquêtes qui ont été faites au Parti libéral, entre autres pour tous les fonds qui ont été ramassés par ces trois collecteurs de fonds. M. Couillard ne peut pas agir comme un touriste, là, c'est le premier ministre, c'est le chef du Parti libéral du Québec. J'espère qu'il est gêné puis j'espère qu'il a commencé à passer à l'action parce que les Québécois sont insultés.

Et, comme si ce n'était pas assez indécent, on apprend que le Parti libéral a mis de côté 300 000 $ pour fêter le Parti libéral puis convaincre les Québécois de voter libéral en 2018. Ça ne s'invente pas, là. Fêter l'anniversaire du Parti libéral avec de l'argent sale, c'est incroyable!

Donc, aujourd'hui, le Parti libéral a de l'argent sale dans ses comptes de banque, a de l'argent sale aussi dans la valeur de ses immeubles, et ce sont des montants qui ont été, entre autres, collectés par William Bartlett, Charles Rondeau, Franco Fava, et, si je me fie au témoignage de M. Fortier, là, c'est de l'argent qui a été collecté en échange de retours, donc, d'ascenseur dans des deals frauduleux à la SIQ.

Donc, Philippe Couillard se doit immédiatement d'ordonner au Parti libéral une vérification de tous les montants qui ont été collectés par William Bartlett, Charles Rondeau et Franco Fava, et il doit mettre cet argent-là en fidéicommis. Puis je demande encore à Philippe Couillard d'ordonner au Directeur général des élections de cesser les paiements de 3,8 millions de dollars qui sont faits à chaque année au Parti libéral jusqu'à ce qu'on ait fait toute la lumière sur les fonds qui ont été collectés par ces trois collecteurs de fonds.

La Modératrice : Merci. On va commencer par Nicolas Vigneault, Radio-Canada.

M. Vigneault (Nicolas) : Justement, M. Legault, cette réaction-là, ça vous a surpris, de M. Couillard, de dire et de vous reprocher, en fait, comme opposition, de faire des associations douteuses.

M. Legault : Bien, écoutez, là, moi, je n'en reviens pas. Puis qu'il dise, à part de ça : Le Parti libéral est «largement irréprochable», bien là qu'il soit transparent puis qu'il nous donne l'analyse qui a été faite au Parti libéral de tous les fonds collectés par Bartlett, Rondeau et Fava. Mais je n'en reviens pas. Puis là il dit : On fait de la culpabilité par association. Écoutez, là, il y a de l'argent, actuellement, dans le compte de banque du Parti libéral, qui est utilisé pour les élections générales, pour les élections partielles, de l'argent qui est sale, de l'argent qui a été collecté par des gens qui ont fraudé à la SIQ. Ce n'est quand même pas rien, là. Ce n'est pas par association, c'est le chef du Parti libéral qui a, dans ses comptes de banque aujourd'hui, de l'argent qui a été collecté en échange de retours d'ascenseur.

M. Vigneault (Nicolas) : Comment vous accueillez la réaction ou les propos de Monique Jérôme-Forget, qui disait que la SIQ, ça ne l'intéresse pas puis que, finalement, bien, c'est une gang de pas bons?

M. Legault : Bien, écoutez, c'est désolant. Quand on est ministre puis qu'on a la responsabilité d'un organisme comme la SIQ, qu'on aime ça ou qu'on n'aime pas ça, on doit s'en occuper, on est responsable. On ne peut pas dire : C'est une gang de pas bons qui sont sur le conseil d'administration. Si c'est des pas bons, bien, qu'on en mette des bons, et, s'il faut les payer mieux, on les paie mieux, mais on ne peut pas laisser des dizaines, des centaines de millions mal gérés. On parle, là, d'une perte de 60 millions de l'argent des Québécois parce qu'il y a eu de la fraude dans la façon dont les loyers ont été donnés, que les bâtisses ont été vendues.

La Modératrice : Merci. Alain Laforest, TVA.

M. Laforest (Alain) : ...parler d'un autre dossier avec vous, qu'on a parlé abondamment la semaine passée. Qu'est-ce que vous pensez de l'attitude du citoyen Coderre dans le dossier des enquêtes journalistiques?

M. Legault : Bien, écoutez, encore là, on voit le manque de leadership du gouvernement Couillard. Comment se fait-il que Denis Coderre donne un mandat pro bono à M. Gallant, hein, dont ce n'est pas la responsabilité, d'aller enquêter sur les liens entre les policiers puis les journalistes, là, alors qu'il y a déjà une enquête qui, on l'espère, bientôt, va être déclenchée par le gouvernement du Québec? Moi, je demande à M. Couillard de parler avec Denis Coderre, d'arrimer leurs flûtes. Et puis on va voir ce que l'enquête va nous dire sur les liens exacts entre Denis Coderre et M. Pichet ou Denis Coderre et les policiers en général.

M. Laforest (Alain) : Juste une précision là-dessus, là. Vous dites : M. Coderre a clairement dit hier qu'il avait parlé à son chef de police, et c'est le citoyen Coderre qui a parlé et non pas le maire de Montréal. Vous en dites quoi, de ça?

M. Legault : Bien, écoutez, moi, je veux qu'il y ait une enquête, là. Comment le policier l'a perçu? Est-ce qu'il l'a perçu comme un citoyen ou comme un maire? Ça va faire partie de l'enquête du gouvernement libéral. Mais comment se fait-il, là, qu'on confie une enquête qui va faire la même chose, mais avec M. Gallant qui va faire ça pro bono à temps perdu? Je suppose que M. Gallant, il est occupé à temps plein, là. Je ne comprends pas.

M. Laforest (Alain) : Il y a une élection américaine aujourd'hui, vous n'êtes pas sans le savoir. Êtes-vous inquiet par rapport à ce qu'il pourrait y avoir comme impact pour l'économie québécoise?

M. Legault : Bien, je suis inquiet de la montée du protectionnisme aux États-Unis chez les deux partis, chez les deux candidats. On le sait, le Québec a déjà une balance commerciale négative de 20 milliards. Ça veut dire que, déjà, on importe 20 milliards de plus que ce qu'on exporte. Donc, il faut augmenter nos exportations. Évidemment, si on a un gouvernement qui est encore plus protectionniste, qui met en place des «Buy America Act» à la tonne dans les États, bien, c'est très inquiétant. Évidemment, je pense, c'est encore plus inquiétant si c'était M. Trump, qui a l'air radical, qui veut même abolir l'ALENA, mais j'ai des inquiétudes aussi avec Mme Clinton.

La Modératrice : Merci beaucoup. Marco Bélair-Cirino, Le Devoir.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais, justement, pouvez-vous préciser vos inquiétudes concernant une éventuelle élection de Mme Clinton?

M. Legault : Bien, Mme Clinton, déjà, a dit qu'elle n'était pas d'accord avec le TPP. Donc, les échanges internationaux, là, au Québec, il y a une grande tradition, hein, ça part de M. Bernard Landry, qui avait été un des grands promoteurs, entre autres, de l'ALENA. Et on a besoin que le Québec exporte beaucoup plus que ce qu'on voit actuellement. On a un dollar qui est à 0,75 $, donc il est avantageux pour les exportations. Donc, ce n'est pas le temps de commencer à bloquer, aux États-Unis, les exportations du Québec vers les États-Unis.

Et, dans certains discours, bien, j'ai vu Mme Clinton souhaiter protéger les emplois américains. Bien, ça devrait être nous qui sommes inquiets, là, c'est nous qui avons une balance commerciale négative de 20 milliards. Il va falloir que le gouvernement du Québec et du Canada, là, cessent d'être naïfs et puis qu'on commence à prendre au sérieux, là, les conflits, comme sur le bois d'oeuvre et sur tout ce qui concerne les exportations de produits du Québec et du Canada.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Vous avez réagi assez, bon, fortement au reportage d'Enquête diffusé jeudi soir dernier. Comment expliquez-vous que le Directeur des poursuites criminelles et pénales n'ait toujours pas porté d'accusations dans ce dossier-là?

M. Legault : Bien, écoutez, ça va faire partie de l'enquête publique. Quelle a été la demande qui a été faite exactement par les policiers? Il y a beaucoup, beaucoup de questions, dont celle-là, pour lesquelles on n'a pas de réponse. Puis c'est pour ça qu'on souhaite que l'enquête se mette en branle le plus rapidement possible.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Attendez, je parle du cas de la SIQ, là. Vous parlez d'enquête publique.

M. Legault : Oui, bon, écoutez, il y a deux choses, là, hein, il semble y avoir des gens qui ont parlé à des journalistes d'Enquête parce que ça n'avançait pas assez vite. On nous dit que c'est en cours, actuellement, chez les policiers. Effectivement, ça semble lent comme déroulement, là. Quand je vois les preuves qui ont été mises sur la table par les gens d'Enquête, entre autres des copies de chèques dans des comptes de banque aux Bahamas, etc., je pense que, comme tous les Québécois, on se demande comment ça se fait que l'enquête n'a pas encore abouti du côté des policiers. Est-ce que c'est parce qu'il y a des informations qui sont bloquées? On pose des questions, mais, pour l'instant, on n'a pas de réponse.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Estimez-vous qu'au Québec il y a une réticence à poursuivre des hommes politiques ou des alliés d'hommes politiques devant les tribunaux?

M. Legault : Bien, écoutez, quand on voit, là, que les hommes politiques, les deux derniers... premier ministre, première ministre du Québec insistent rapidement pour nommer un nouveau D.G. à la SQ, c'est normal que tout le monde se pose ce genre de questions.

La Modératrice : Alexandre Robillard, LaPresse canadienne.

M. Robillard (Alexandre) : Bonjour, M. Legault. Comment pensez-vous que MM. Rondeau et Fava ont pu récolter des fonds illégaux relativement à la fraude alléguée à la SIQ?

M. Legault : Bien, écoutez, l'ancien président de la SIQ, Marc-André Fortier, qui était ami avec M. Rondeau, M. Fava, a dit à la commission Bastarache : «[Les intentions de Rondeau et de Fava], c'était de savoir si on avait des gros projets qui s'en venaient et puis eux autres, en tant que solliciteurs, avaient des demandes : "Est-ce qu'on peut penser éventuellement des retours d'ascenseur?"» Ça ne peut pas être plus clair, là, hein? La SIQ donne des contrats, puis MM. Fava puis Rondeau vont chercher des retours d'ascenseur puis ils collectaient 1,5 million par année pour le Parti libéral du Québec. C'est extrêmement troublant.

M. Robillard (Alexandre) : Mais donc vous pensez que les entreprises qui étaient impliquées auprès de la SIQ ont fait des dons illégaux?

M. Legault : Bien, il y a une possibilité. Puis, moi, si je m'appelais M. Philippe Couillard puis que j'étais chef du Parti libéral... Il faut qu'il aille au bout du dossier. Le 1,5 million qu'ils ramassaient à chaque année, il faudrait aller voir, là, il venait de qui, puis d'abord identifions les montants qui ont été reçus d'entreprises qui ont fait affaire avec la SIQ. Déjà, ça commencerait à nous donner une bonne indication. Mais, pour l'instant, là, c'est très inquiétant, très troublant. Et puis, écoutez, quand on voit la proximité, M. Fava, M. Rondeau avaient l'air à être ceux qui faisaient nommer les administrateurs des sociétés publiques comme la SIQ puis, en échange, ils collectaient des fonds.

M. Robillard (Alexandre) : Est-ce que c'est une job pour le DGE ou le DGE peut avoir raison d'attendre que l'enquête policière se termine?

M. Legault : Moi, je pense que c'est d'abord une job pour Philippe Couillard. Si Philippe Couillard avait un petit peu d'honneur, là, puis qu'il voulait vraiment faire le ménage dans le financement du parti politique, là...

M. Robillard (Alexandre) : Mais le DGE a déjà fait des mandats comme ça.

M. Legault : Oui, mais le DGE n'a peut-être pas accès à toute l'information, de savoir qui est ami avec qui, qui a eu des contrats de la SIQ, qui a eu des contrats. Moi, je pense que le DGE peut faire son travail, mais, par leadership, Philippe Couillard devrait déjà avoir fait le ménage. Comment ça se fait que Philippe Couillard ne semble pas intéressé d'aller voir l'argent qui a été collecté par Rondeau et Fava? Comment ça se fait, là, qu'il a l'air d'un touriste? Il n'a pas l'air d'un chef du Parti libéral du Québec, là.

La Modératrice : Philippe-Vincent Foisy, Cogeco.

M. Foisy (Philippe-Vincent) : Juste revenir sur l'élection américaine. Outre le protectionnisme, est-ce qu'il y a des choses qui vous inquiètent dans l'élection d'un ou l'autre des candidats, le populisme, certains propos qu'on a pu entendre, des idées autres que le protectionnisme?

M. Legault : Bien, écoutez, si vous écoutez M. Trump, vous pouvez vous demander : Demain matin, est-ce qu'il va y avoir des nouvelles barrières tarifaires? Il dit qu'il veut renégocier l'ALENA.

M. Foisy (Philippe-Vincent) : Oui, mais, outre ça, est-ce qu'il y a d'autres choses qui vous inquiètent?

M. Legault : Bien, de façon générale, c'est un esprit, hein? On se dit, quand on écoute les discours : Il semble qu'il y a des emplois qui ont été exportés à l'extérieur des États-Unis puis qu'on voudrait ramener aux États-Unis. Je comprends qu'on vise peut-être plus le Mexique puis la Chine que le Canada ou le Québec, mais il reste que, quand même, si on revoit l'ALENA, si on commence à mettre des barrières, bien, c'est inquiétant parce que le Québec, là, actuellement, il faut qu'il aille chercher 20 milliards de plus d'exportations. On ne sera jamais riches au Québec tant qu'on n'ira pas chercher 20 milliards de plus d'exportations pour équilibrer notre balance commerciale.

M. Foisy (Philippe-Vincent) : Puis pensez-vous qu'on pourrait avoir quelqu'un comme Trump comme politicien québécois qui pourrait avoir une aussi grande faveur populaire? Est-ce que ce phénomène-là pourrait se produire au Québec?

M. Legault : Bien, comme je l'ai déjà dit, si on parle de l'immigration, moi, je pense que ça devient urgent d'encadrer l'immigration, d'encadrer les tests à l'entrée, d'encadrer les signes religieux chez les personnes en autorité, d'encadrer le nombre d'immigrants qu'on est capables d'intégrer, de bien intégrer. Puis, tant qu'on n'aura pas mis ce cadre, il y aura un risque pour qu'il y ait de l'abus, du dérapage à la Donald Trump. Contrairement à certains, là, comme M. Couillard, qui pense qu'il faut mettre ce sujet-là en dessous du tapis, moi, je pense qu'il faut l'encadrer, puis je pense que c'est une grave erreur, après 10 ans, de toujours ne pas avoir donné de suites au rapport Bouchard-Taylor.

La Modératrice : Merci beaucoup. Simon Boivin, Le Soleil.

M. Boivin (Simon) : Bonjour, messieurs. La semaine dernière, le premier ministre a dit que M. William Bartlett était un bénévole dans la circonscription de Jean-Talon en 2007. À quelle question le premier ministre doit-il répondre en ce qui a trait à sa connaissance de M. Bartlett puis des liens qui ont pu l'unir à...

M. Legault : Bien, moi, je voudrais le savoir, là, hein? On sait que M. Couillard allait à la pêche avec M. Porter. Bon. Quelle était, effectivement, la relation entre Philippe Couillard puis William Bartlett? Combien de fois se sont-ils rencontrés? Quelle est la dernière fois qu'ils se sont rencontrés? Puis, moi, si j'étais à la place de Philippe Couillard, j'irais tout de suite voir combien d'argent William Bartlett a ramassé pour le Parti libéral du Québec. Il ne faut pas oublier que Philippe Couillard, là, il était là dans le temps des ministres à 100 000 $ par année, puis William Bartlett était dans Jean-Talon comme organisateur de Philippe Couillard. Donc, je pense qu'il y a plein de questions, là, sans réponse pour l'instant.

M. Boivin (Simon) : Je voudrais vous entendre aussi dans le dossier de la Davie. On voit que la facture pour les traversiers est en train de doubler. Qu'est-ce qu'il faut faire, là, pour se sortir de ce dossier-là? La Société des traversiers, est-ce qu'il faut... Qu'est-ce qu'on fait pour faire la lumière, là, sur ce qui se passe là-dedans, là?

M. Legault : Bien, encore de la mauvaise gestion libérale. J'étais content de voir, là, qu'on semble vouloir mettre en place une enquête, mais il faut savoir pourquoi que le prix a doublé, hein, un excédent de 100 %. À un moment donné, là, comment ça se fait qu'on n'est jamais capables de ne rien bien gérer au Québec, là? On a besoin d'avoir un gouvernement qui gère mieux que ça. Et il faut aller au fond des choses pour savoir pourquoi que le prix a doublé. Ce n'est quand même pas rien, doublé.

La Modératrice : Merci beaucoup. Charles Lecavalier, LeJournal de Québec.

M. Lecavalier (Charles) : Bonjour, M. Legault. Juste pour être bien sûr de comprendre de quelle façon, par exemple, les fonds récoltés par Franco Fava avec l'histoire de la SIQ, là, l'argent qui a été transféré dans son compte aurait pu être donné au Parti libéral? De quelle façon ça pourrait se faire?

M. Legault : Bien, je relis ce que Marc-André Fortier a dit, ex-président de la SIQ et ami de Fava et Rondeau, il dit : «[Les intentions de Rondeau et Fava], c'était de savoir si on avait — à la SIQ — des gros projets qui s'en venaient. Et puis eux autres, en tant que solliciteurs, avaient des demandes : "Est-ce qu'on peut penser éventuellement à des retours d'ascenseur?"» Puis, devant la commission, Charles Rondeau a dit : Moi, je collectais 1,5 million par année pour le Parti libéral dans l'Est du Québec. Donc, quelle partie de l'argent...

Puis là, écoutez, là, Bartlett, Rondeau et Fava, là, à l'émission Enquête, on a identifié qu'ils ont reçu, dans leurs comptes de banque, des centaines de millions de dollars, puis la référence, c'était suite à des deals avec la SIQ. Ça commence à être difficile de nier qu'il n'y a pas quelque chose de grave là.

Donc, moi, je pense que M. Couillard, il doit faire une enquête, puis sortir tous les montants qui ont été collectés par ces trois personnes, puis voir qui a donné cet argent-là. Est-ce que ce sont des personnes qui sont liées à des acheteurs, des locateurs de bâtisses à la SIQ? Parce que c'est ce que M. Fortier semble dire.

M. Lecavalier (Charles) : Sur M. Trump, quels éléments du discours de M. Trump sur l'immigration vous dérangent, M. Legault?

M. Legault : Ah bien, écoutez, quand on est rendus qu'on parle de bâtir des murs puis d'expulser tous les musulmans, là, je pense qu'on exagère, là.

M. Lecavalier (Charles) : Ça, ça vous dérange?

M. Legault : Oui, ça me dérange, absolument, puis c'est ça qui m'inquiète au Québec. Si on n'encadre pas le nombre d'immigrants, les signes religieux qui sont portés par les personnes en autorité, la nécessité d'avoir des tests de français puis de valeurs, bien, il y a un risque de dérapage partout dans le monde, incluant au Québec, puis là on l'a vu avec M. Trump aux États-Unis.

La Modératrice : Merci beaucoup. Robert Dutrisac, Le Devoir.

M. Dutrisac (Robert) : Bonjour, M. Legault. Sur cette question-là, Trump, sa base électorale, on dit que c'est les «white working class», là. Donc, l'engouement pour Trump est basé sur l'insatisfaction de cette classe-là. Est-ce que vous pensez que ça pourrait se transposer ici, au Québec? Puis est-ce que la CAQ ne serait pas le parti, justement, pour tirer parti de cette insatisfaction-là?

M. Legault : Jamais. Moi, je vois que les Québécois sont accueillants à l'égard des nouveaux arrivants. Je souhaite que les Québécois continuent d'être accueillants à l'égard des nouveaux arrivants. Pour ça, il faut mettre des règles, il faut accueillir un nombre qu'on est capables d'intégrer, à qui on est capables de trouver un emploi, d'apprendre à parler français, pour bien s'intégrer à notre société. Donc, jamais, à la CAQ, on va aller dans ce sens-là.

Mais c'est important d'encadrer, c'est urgent d'encadrer. M. Charest, Mme Marois, M. Couillard se sont traîné les pieds sur les signes religieux. Les Québécois veulent qu'on définisse un cadre pour les signes religieux, pour les accommodements raisonnables ou les accommodements religieux. Ça traîne depuis 10 ans, c'est dangereux.

M. Dutrisac (Robert) : Mais je pensais moins à l'immigration qu'à la mondialisation, parce que ces électeurs-là qui soutiennent Trump sont les victimes, en quelque sorte, des fermetures d'usine, de la mondialisation, de la délocalisation des emplois. Est-ce que c'est un phénomène qui pourrait survenir, justement, ici, au Québec?

M. Legault : Bien, c'est un phénomène qui arrive déjà. On a perdu, hein, je vous ai souvent donné l'exemple de l'usine d'Electrolux dans mon comté, 1 300 emplois à 25 $. L'usine n'a pas été transférée en Chine ou au Mexique, elle a été transférée à Memphis, Tennessee, en échange d'une subvention. Donc, tous les États dans le monde essaient d'attirer des usines, donc des entreprises du secteur manufacturier parce que ce sont, un, des emplois mieux payés puis, deux, c'est là qu'on a la majeure partie, là, 88 % des exportations.

Donc, pour enrichir une société, un État, un pays, très important, le secteur manufacturier. Puis là, bien, il y a une compétition dans le monde. Puis il ne faut pas être naïfs, hein? Quand on voit les discours et de M. Trump et de Mme Clinton puis qu'on a un gouvernement qui n'est même pas capable de réaliser l'importance de protéger ses sièges sociaux, bien, moi, je trouve que M. Couillard est très, très, très naïf, ou ne connaît pas l'économie, ou ne connaît pas les enjeux de protectionnisme.

La Modératrice : Merci beaucoup. Martin Croteau, LaPresse.

M. Croteau (Martin) : Bonjour, M. Legault. Peut-être une précision, là. Vous avez été questionné tantôt sur la conduite du maire Coderre en lien avec l'espionnage de M. Lagacé, là. J'ai entendu votre critique du gouvernement, mais que pensez-vous de la conduite du maire lui-même, qui a contacté le chef de police pour se plaindre d'une situation, et, peu après, on apprend que la police espionnait un journaliste? Est-ce que le maire a une responsabilité là-dedans à vos yeux?

M. Legault : C'est inquiétant, hein, la façon dont on apprend les conversations, les liens entre le maire de Montréal puis la police. C'est inquiétant. C'est pour ça que l'enquête doit être faite pour aller au bout du dossier, mais ce n'est pas une enquête qui doit être faite pro bono par M. Gallant. Ça doit être fait par le gouvernement… bien, par le gouvernement… par des personnes indépendantes nommées par le gouvernement du Québec. Puis nous, on a été les premiers à le dire, ça prend trois représentants, trois commissaires : un qui représente le juridique ou la magistrature, un qui représente les médias puis un qui représente les policiers. Donc, c'est important que ces trois personnes-là enquêtent sur les conversations qu'il y a eu entre Denis Coderre puis le chef de police de Montréal.

M. Croteau (Martin) : La semaine passée, vous avez appelé à la démission de M. Pichet, en lien avec l'espionnage de M. Lagacé. Là, ce qu'on découvre, c'est qu'en fait M. Parent, qui était le prédécesseur de M. Pichet, était également… en fait, est peut-être à l'origine d'une enquête qui a mené à l'espionnage de M. Lagacé, lui aussi. Donc, voyez-vous là peut-être un phénomène qui dépasse le chef de police? Qu'est-ce que vous pensez de ça? Est-ce que vous pensez que le problème réside peut-être avec le maire plutôt qu'avec le chef de police?

M. Legault : Bien, ça pose beaucoup de questions, c'est inquiétant, et c'est pour ça que ça prend une enquête rapide par trois personnes indépendantes, pas par M. Gallant.

M. Croteau (Martin) : J'aimerais vous entendre sur ce document interne, là, du Parti libéral, où on fait état d'une base militante en chute libre, où on fait état de dysfonctionnements importants au sein du Parti libéral. Que pensez-vous de ça?

M. Legault : Bien, écoutez, hein, ça fait longtemps, on a entendu ça par Robert Benoit, l'ancien président du Parti libéral, des gens qui nous disent : Le Parti libéral n'est plus une machine à idées, c'est une machine à ramasser de l'argent. Quand je vois les millions qui sont ramassés par le Parti libéral, je peux comprendre que ce n'est peut-être pas ce que souhaitent les militants. Évidemment que les militants doivent aussi ramasser de l'argent, mais il ne faut pas que ça soit l'obsession, comme ça semble l'être au Parti libéral.

M. Croteau (Martin) : Est-ce qu'il y a là une ouverture pour votre parti? Peut-être un…

M. Legault : Ah bien, écoutez, moi, je pense qu'actuellement… On va avoir un congrès en fin de semaine prochaine. Vous avez vu qu'il y a déjà des résolutions qui circulent, qui ont été faites par des militants un peu partout au Québec. On va être des centaines à débattre de ça en fin de semaine prochaine. Je pense qu'on a un parti qui est jeune, qui va fêter son cinquième anniversaire la semaine prochaine, et puis, quand vous regardez les montants qui sont collectés par la CAQ, on ne peut pas dire que c'est notre obsession.

M. Croteau (Martin) : Non, mais pardonnez-moi si j'ai mal formulé ma question, mais diriez-vous que le mécontentement d'une certaine base militante au Parti libéral pourrait représenter une opportunité pour votre parti?

M. Legault : Oui. Je pense qu'il y a des gens... On a fait une proposition en fin de semaine pour redéfinir l'article 1 de notre programme, qui spécifie clairement que notre projet est à l'intérieur du Canada. Donc, les militants du Parti libéral qui souhaitent défendre un projet qui est à l'intérieur du Canada, bien, évidemment, ils sont bienvenus à la CAQ.

M. Croteau (Martin) : Donc, la CAQ est une alternative fédéraliste intéressante pour ces militants-là?

M. Legault : Je refuse le mot «fédéraliste» parce que le mot «fédéraliste» est associé au statu quo. Nous, on a déposé un document d'une vingtaine de pages qui explique clairement qu'on veut demander plus de pouvoirs en matière de langue, plus de pouvoirs en matière d'immigration, qu'on veut aussi mieux utiliser les pouvoirs qu'on a déjà pour défendre notre langue. On va d'ailleurs déposer un document, ma collègue Claire Samson va déposer ça dans les prochains jours. Donc, on veut aussi un parti qui est nationaliste, nationaliste à la Jean Lesage, pas nationaliste à la Philippe Couillard, qui est plutôt aplaventeriste, quelque chose comme ça, devant Ottawa.

La Modératrice : On va passer aux questions en anglais. Caroline Plante, Montreal Gazette.

Mme Plante (Caroline) :Hi, Mr. Legault. Bill 62 hearings are wrapping up today. Are we any closer to a consensus on religious neutrality, religious accommodations?

M. Legault : Not at all, not at all. I think that, right now, the proposal with Bill 62 is that religious signs will be permitted, including chador, for all people, including people in authority position like policewomen, like teachers. So, we think it's unacceptable and it doesn't go far enough. And people, like the teachers, came and said, in the last few weeks, that the rules to decide if it's a reasonable accommodation or not are not enough in detail.

Mme Plante (Caroline) : Do you plan to oppose the bill?

M. Legault : Of course we will oppose the bill. We're not in a tactic like Mr. Lisée.

Mme Plante (Caroline) :OK. Because the Liberals are a majority government, we can assume that the bill will eventually pass. What next? Will things be clearer in Québec? What should happen after Bill 62?

M. Legault : Not at all. If we continue to have people in authority wearing hijabs or chadors, I think that's not what people want in Québec, including English-speaking people in Québec. So, I think it doesn't go far enough and it doesn't meet the recommendation of Bouchard-Taylor, which is a consensus in Québec for about 80% of the people. Merci.

(Fin à 11 h 49)

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