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Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Tuesday, November 8, 2016, 13 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures trente-quatre minutes)

M. Khadir : Alors, je voudrais vous parler d'une motion qu'on présente pour demander au gouvernement de revoir... en fait, d'accepter de revoir les nominations que fait le bureau du premier ministre depuis une vingtaine d'années.

Mais avant je voudrais mentionner deux mots sur les infirmières de Sainte-Justine, les infirmières de la salle d'accouchement de Sainte-Justine, qui ont témoigné hier, qui ont tiré la sonnette d'alarme sur la situation dans le réseau. Au même moment, moi, je me trouvais à mon hôpital et je peux vous dire que c'est vraiment la pointe de l'iceberg. Spontanément, les infirmières de la clinique externe de mon hôpital sont venues me dire : Ce que vous avez entendu ce matin, là, nous aussi, on pourrait dresser une liste puis vous montrer toutes les choses qui vont croche à cause des coupures du gouvernement.

Et moi, ce matin, j'ai été saisi du lien, et ça, c'est ressenti par les gens, et il y a eu quelques patients, en fait, des parents de jeunes enfants qui m'ont croisé et à qui j'ai parlé là-dessus. Les gens se disent : Mais, bon sens, avec l'argent gaspillé par le gouvernement, dans les avantages qu'il accorde comme dans le scandale de la vente des bâtiments par la société d'investissement du Québec, à cause de l'influence des «bagmen» du Parti libéral, c'est scandaleux qu'aujourd'hui on assiste à des coutures puis on entende ce qui se passe dans le réseau. Et je pense que tout le monde convient de le dire.

Maintenant, je pense que l'ensemble du Québec a été révolté par les révélations à la fois sur l'espionnage des journalistes et sur ce qu'on a entendu sur l'influence des organisateurs proches de M. Couillard et des «bagmen» libéraux sur des décisions importantes qui ont coûté au moins 47 millions de dollars à l'État québécois dans la vente de trois immeubles à rabais, à des intérêts privés, à des proches du Parti libéral.

Maintenant, on comprend aussi que ça, c'est en lien direct parce que la boucle est ainsi bouclée. Comment se fait-il que tous les journalistes qui ont été espionnés, c'est des journalistes d'enquête sur la corruption politique? C'est des journalistes d'enquête qui mettent le nez non pas dans les crimes de violence urbaine, ou de vente de drogue, ou de meurtre à la petite semaine, mais sur des orientations et des décisions problématiques du pouvoir municipal ou du pouvoir national ici, à Québec?

Quand on voit par ailleurs qu'un enquêteur de la pointure de celui qui a témoigné à l'émission d'Enquête nous dire indirectement que je fais ça, que je vous parle, que je prends la liberté de parler à vous de tout ça, parce que je ne veux pas que le travail des enquêteurs de l'UPAC soit gaspillé, il est évident qu'il agit là comme sonneur d'alarme, comme les infirmières agissent comme sonneurs d'alarme, comme les sources des journalistes agissent comme des sonneurs d'alarme.

Alors, aujourd'hui, je voudrais demander au ministre Barrette et au gouvernement Couillard d'être cohérents. Ils ont dit qu'ils étaient préoccupés par l'espionnage ou les tentatives d'étouffer des affaires, d'espionnage des journalistes et la tentative d'étouffer ces affaires à l'entour de ces mandats donnés... et demander donc au ministre Barrette, plutôt que de déplorer que des gens dans l'intérieur du réseau sonnent l'alarme, déplorent ce qui se passe, de s'attarder à régler les problèmes, mais surtout encourager tous les acteurs du réseau, y compris les directeurs des CISSS, auxquels j'ai écrit une lettre tout à l'heure, que je vais envoyer aujourd'hui, pour leur demander de donner la pleine possibilité à leur personnel de venir sur la place publique, de s'adresser directement au public pour dénoncer ce qui se passe actuellement dans le réseau.

Mais on va demander au gouvernement d'être conséquent également. Donc, par motion, en Chambre, on va demander au gouvernement d'accepter une motion qui confie une mission à la Commission des institutions de l'Assemblée nationale de revoir tous les processus de nomination par les bureaux des premiers ministres. Vous savez que les premiers ministres, bon an, mal an, nomment 300 personnes à différents postes : juges, tribunal administratif, à la direction des grandes sociétés d'État, sur des C.A. des sociétés parapubliques. Ces gens-là prennent des décisions, comme on l'a vu avec Franco Fava à l'intérieur du conseil d'administration du CSST. Donc, on demande un mandat donné à la Commission des institutions de revoir tout ça de 1996 à 2012. On ne vise pas uniquement le Parti libéral, on s'intéresse vraiment au processus pour s'assurer que dorénavant ce processus est exempt de toute influence indue par des «bagmen» qui ont comme tâche de ramasser de l'argent pour les partis qui arrivent au pouvoir.

M. Lacroix (Louis) : M. Khadir, il y a déjà le rapport Perrault, là, qui avait été fait sous Pauline Marois en 2013, qui traîne sur une tablette quelque part. Est-ce qu'il n'y a pas lieu de s'inspirer de ce qui avait déjà fait par M. Perrault à l'époque?

M. Khadir : M. Perrault n'est pas allé assez loin, à mon humble avis. Je me souviens maintenant de ce rapport qui pourrait constituer une base, mais il est clair que, pour qu'on puisse aller aussi loin que j'estime nécessaire d'y aller, il faut d'abord que les deux partis qui se sont échangé le pouvoir montrent la transparence nécessaire en nous dressant la liste de toutes les personnes qui ont agi pour eux comme principaux collecteurs de fonds. Je parle vraiment de ceux qui agissaient au niveau, là, de régions. Vous savez qu'au Parti libéral il y avait des divisions régionales : l'Est-du-Québec, Montréal, etc.

Donc, il faut qu'on ait une liste qui va au-delà de ceux qu'on connaît déjà, hein? Au Parti libéral, on connaît Marc Bibeau, Franco Fava, Charles Rondeau. Au Parti québécois, on connaît Marcel Melançon et Me Michel Hébert. Il y en a d'autres, d'accord? On voudrait avoir cette liste et que la commission ait tous les pouvoirs d'une commission de l'Assemblée nationale pour mandater le personnel de l'Assemblée nationale de fouiller toutes les nominations qui sont associées, de l'examiner, de le mettre cartes sur table, aux yeux du public et des journalistes, pour qu'on puisse juger de ce qui a été fait, parce qu'ensuite il faut aussi éclairer les décisions que prennent certaines personnes.

Aujourd'hui, là, moi, je vous ai posé la question : Pourquoi est-ce que les mandats ont été octroyés par des juges? Comment se fait-il que des juges aussi bien formés au Québec… On a un des meilleurs systèmes judiciaires, paraît-il, au monde, sauf les problèmes d'accessibilité qu'on connaît, hein, qui créent tout le désarroi. Comment ça se fait que ces juges ont octroyé ces mandats? Est-ce que ça peut être en lien avec des nominations?

On se rappellera de la controverse qui avait entouré la nomination de M. Marc Bisson, de Me Marc Bisson comme juge. Vous rappelez-vous, hein? Norman MacMillan avait admis qu'il avait poussé le nom, d'accord? Franco Fava admet qu'il dresse des listes pour le bureau du premier ministre Charest qui nomme les personnes, qui nomme ces juges-là. Alors, est-ce qu'il y a un lien? On voudrait le savoir parce que c'est lui qui a autorisé, qui a donné le mandat pour Patrick Lagacé.

Donc, oui, on va utiliser ça, mais ça ne va pas assez loin. Il faut aller beaucoup plus loin.

M. Vigneault (Nicolas) : Comment vous réagissez, d'abord, quand vous entendez le premier ministre dire que les oppositions, finalement, lancent des accusations par association?

M. Khadir : Bien, alors, cette commission va permettre de faire la distinction entre des associations gratuites par association... je veux dire, des accusations gratuites par association puis ce qui a lieu d'être fondé.

Mais je signale à M. Couillard que, là, sa cassette commence à être usée. À chaque fois qu'on dit qu'il y a un problème au Parti libéral… puis on voit la trace des gens qui sont proches de lui, que ce soit M. Bartlett, que ce soit M. Hans Black, que ce soit Arthur Porter. Il nous sert ça, mais au bout d'un moment, il y a lieu de questionner : Comment cela se fait-il que M. Couillard, il est toujours entouré et associé à des gens qui se trouvent à avoir des comportements éthiquement, moralement inacceptables?

M. Lacroix (Louis) : M. Legault, tout à l'heure, a fait le lien direct, lui, sur le reportage d'Enquête, là, avec les fonds qui reviendraient, selon ce qu'il dit, dans les coffres du Parti libéral. Est-ce que vous faites ce lien-là, vous?

M. Khadir : Je n'ai aucun doute là-dessus. C'est les pratiques du type de parti qu'a été le Parti libéral déjà. M. Couillard dit que le Parti libéral n'est plus comme ça, mais, en tout cas, on est certains… Il suffit de lire le rapport de la commission Charbonneau, et, pour moi, le rapport de la commission Charbonneau, c'est la version de la juge et non de la dissidence de M. Renaud, qui a été complètement discrédité. D'accord?

Alors, la juge Charbonneau dit clairement qu'il y a un lien entre le financement du Parti libéral, et les contrats, et les orientations du gouvernement libéral. En fait, même M. Renaud reconnaît ça. Et ce mécanisme, dans tous les pays où ça a agi — on connaît le cas de la France, aux États-Unis, c'est clair — les intermédiaires se mettent de l'argent dans les poches. D'accord? Mais cet argent dans les poches, qui est mis dans la poche des intermédiaires, s'il n'y a pas un lien entre cet argent-là et le financement des partis, les partis ne prendraient pas les risques qu'ils prennent. C'est des risques énormes.

Donc, le Parti libéral, jusqu'à preuve du...

M. Lacroix (Louis) : Mais il n'y a pas de «smoking gun»...

M. Khadir : Excusez-moi, je vais juste finir. Jusqu'à preuve du contraire, cet argent-là est allé dans la caisse du Parti libéral, à moins que M. Couillard nous prouve le contraire. Le fardeau de la preuve aujourd'hui, avec tout ce qu'on connaît depuis autant d'années avec la commission Charbonneau, le fardeau de la preuve est sur les épaules du Parti libéral et de M. Couillard. Jusqu'à preuve du contraire, une preuve claire, l'argent qui a été soudoyé, l'argent qui a été mis dans la poche de M. Fava et M. Rondeau, une partie a dû finir dans la caisse du Parti libéral.

M. Lacroix (Louis) : O.K. Mais il n'y a pas l'élément qui permet de le démontrer, la preuve irréfutable.

M. Khadir : C'est à M. Couillard de nous le démontrer. C'est à M. Couillard de nous ouvrir tous les livres comptables du Parti libéral, tous les comptes. Puis ça, ça n'a pas besoin d'être devant moi, ça peut être devant une commission indépendante.

M. Lacroix (Louis) : Donc, le fardeau de la preuve est sur ses épaules à lui.

M. Khadir : C'est sur ses épaules.

M. Robitaille (Antoine) : Si on s'arrête à ce qu'on a, là, comme informations, là, le Parti libéral vend un immeuble, fait un gros gain en capital et ensuite se dépêche de le dépenser en achetant deux autres immeubles, que pensez-vous d'un parti qui fait dans l'immobilier? Son siège social...

M. Khadir : Son siège social récemment, celui qui était sur la rue Waverly, là?

M. Robitaille (Antoine) : Oui. Que pensez-vous de ça?

M. Robitaille (Antoine) : Waverly est vendu; après ça, ils ont acheté la rue Queen; et ensuite, à Québec, ils ont acheté aussi un siège social à 950 000 $.

M. Khadir : M. Robitaille, j'ai honte de mon ignorance. Dans la position où je suis, je suis à l'affût de ces informations-là, et, s'il y a là-dedans une partie de cet argent qui a servi à acheter d'abord l'immeuble et maintenant de faire des gains en capitaux pour en acheter d'autres, c'est immoral parce que c'est avec cet argent mal acquis puis ensuite acquis par des procédures, comme on dit, de capitalisme primaire, spéculatives. C'est sûr que ça prouve encore une fois que le pouvoir actuel, au Québec, est rendu illégitime par les moyens que prennent les partis pour se ramasser du cash.

M. Vigneault (Nicolas) : Sur les élections américaines, est-ce que l'élection de M. Trump vous fait peur? Est-ce que vous craignez l'élection de M. Trump, par exemple?

M. Khadir : Bien sûr, comme l'ensemble de la planète. Mais ce qui est désolant, c'est qu'on est tous conscients à quel point c'est inadmissible que la plus grande puissance mondiale n'offre à sa population comme choix que M. Trump et Mme Clinton, impossible pour cette puissance d'offrir une voix, par exemple, à un Bernie Sanders, mais, dans le fond, de ne pas reconnaître que, si on en est rendus là, c'est à cause d'un désabusement de la population. Si autant de gens haïssent à la fois Mme Clinton et M. Trump, c'est à cause d'un désabusement de la population devant les promesses non tenues de tant de partis qui sont arrivés au pouvoir et qui se sont dépêchés de briser toutes leurs promesses et de, par l'exemple des politiques et des orientations prises, démontrer au jour le jour qu'ils s'intéressent peu, pratiquement plus, au sort de leurs concitoyens. Ils sont simplement là pour exercer le pouvoir et agir dans l'intérêt des plus nantis.

M. Vigneault (Nicolas) : Est-ce que c'est un danger, l'élection de M. Trump? Iriez-vous aussi loin que ça? Est-ce que c'est un danger, pour vous, l'élection de M. Trump?

M. Khadir : C'est un danger pour la planète. C'est un danger pour, d'abord, la société américaine, pour les citoyens d'origines diverses, pour les citoyens latinos, c'est un danger pour tous les pays qui ont à oeuvrer avec les États-Unis dans des accords internationaux, par exemple, pour la protection du climat ou dans des accords internationaux pour la protection des populations vulnérables, pour le financement de projets, des projets de santé, des projets de protection. C'est sûr, M. Trump ne sera pas là en plus du fait qu'il va avoir une attitude unilatérale avec, à sa disposition, la plus grande armée, la plus grande puissance économique du monde et la plus grande puissance monétaire du monde.

M. Lecavalier (Charles) : M. Khadir, pour revenir sur la SQI, que pensez-vous de la sortie de Mme Jérôme-Forget à l'émission Enquête, sur le fait qu'elle n'a pas suivi ce qui se passait à la SQI parce que ça ne l'intéressait pas? Est-ce que vous croyez que ça ternit aussi l'image du politique puis du rôle...

M. Khadir : Bien, cette attitude désinvolte puis cette réponse désinvolte, en soi, est inacceptable et ternit, comme vous dites, la réputation de la fonction même de ministre responsable. Mais moi, je ne la crois pas une seconde. Elle était au centre de ces opérations. C'était une ministre à 100 000 $ elle-même du gouvernement Charest. Elle était complice du suspect numéro un du scandale de la corruption au Québec. Elle était une ministre séniore du gouvernement Charest, qui est le suspect numéro un de la commission Charbonneau.

Alors, pour moi, pour moi, Mme Jérôme-Forget, avec quelques autres ministres séniors, comme quelques-uns qui sont ici, les Sam Hamad, les Jean-Marc Fournier de ce monde, avec Nathalie Normandeau, constituent le noyau dur de ce qui a consisté à la bande organisée de ministres qui autorisaient des gens comme Franco Fava, Charles Rondeau, de dicter les nominations, de financer le Parti libéral, de les aider à arriver au pouvoir puis ensuite prendre des décisions aussi malheureuses à l'encontre de l'intérêt public, c'est-à-dire de remercier leurs amis, d'offrir des immeubles sur des plateaux d'argent, avec des avantages cumulant 47 millions de dollars à des amis du pouvoir. Donc, elle est responsable, je dirais, de cette honte et de cette corruption des décisions politiques en premier lieu. C'était la ministre responsable.

M. Lecavalier (Charles) : Qu'est-ce que ça vous dit quand Mme Jérôme-Forget dit que le bureau du premier ministre arrive, lui dit : C'est lui que vous allez embaucher à la tête de la SQI, qu'elle-même considère que ce n'est pas quelqu'un qui est très bon, elle va l'embaucher quand même parce que le bureau du premier ministre lui dit de l'embaucher? Qu'est-ce que ça vous dit sur… Je veux dire, quels sont les talents dans…

M. Khadir : Je vais peser mes mots, M. Lecavalier, mais, dans n'importe quel groupe de malfaiteurs, il y a un chef puis il y a aussi des complices. Et, quand les complices décident d'obéir au chef, ils sont complices et ils sont autant responsables que le premier suspect. Et Mme Forget faisait partie d'un groupe de ministres obéissant à un premier ministre qui est le premier suspect du scandale de la corruption dans l'octroi des contrats publics dans le domaine de la construction et dans les décisions du gouvernement libéral.

Des voix : Merci.

(Fin à 13 h 49)

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