(Onze heures quarante et une minutes)
Mme Massé : Eh bien, bonjour, tout
le monde. Écoutez, on trouvait ça important aujourd'hui de venir rappeler que,
considérant la situation qui se passe à Val-d'Or et ce que nous apprenait hier
le CDCP, que notre grande préoccupation à Québec solidaire, c'est vraiment de
s'assurer que la situation qu'on vient de vivre à Val-d'Or ne se répète pas.
Pourquoi? Parce qu'on le sait que la
situation des autochtones, on le sait que les relations entre les corps
policiers et les autochtones ici, au Québec, partout à travers le Canada mais
ici aussi, au Québec, posent différents types de problèmes, et c'est pourquoi
que, dès le début, nous avons exigé à Québec solidaire qu'une enquête
indépendante des relations entre les autochtones et les corps policiers, pas
seulement la SQ, l'ensemble des corps policiers au Québec, soit une
enquête indépendante.
Et c'est super important, parce que vous
comprendrez que, dans la situation qui nous occupe présentement, on va attendre
demain ce que le CDCP a à nous raconter, mais, ceci étant dit, on le sait bien
qu'en matière d'agressions sexuelles et d'abus sexuels, déjà, dénoncer n'est
pas facile; déjà, faire en sorte que les femmes soient crues ce n'est pas
facile; déjà, c'est, disons, un défi collectif qu'on a à relever. Mais en
matière des relations entre les non-autochtones et les autochtones, surtout les
corps policiers, on est aux côtés des Premières Nations pour exiger une
commission indépendante sur ces relations-là.
Et vous savez, depuis la Commission vérité
réconciliation qu'on a vécu ici, au Québec, et à travers le Canada, on le sait
maintenant que nous avons des années de… d'avoir intégré des rapports
inégalitaires entre nous et les premiers peuples, et je pense que ce serait la
moindre des choses, pour nous assurer que justice soit faite globalement, qu'on
lance cette commission d'enquête là.
M. Khadir
: Juste sur
un autre sujet, vous indiquer que nous donnons, à Québec solidaire, tout à fait
raison à M. Legault de questionner le gouvernement sur un autre scandale du
palmarès des scandales politico-financiers du Parti libéral depuis 15 ans, depuis,
enfin, 2003. Et M. Legault a raison de demander au ministre des Finances, M.
Leitão, de prendre ses responsabilités puis d'au moins réévaluer le contrat qui
lie pour le bail très avantageux obtenu par un ami du pouvoir grâce au «bagmen»
du Parti libéral qui finançaient illégalement le Parti libéral.
Mais, ceci étant dit, j'aimerais rappeler
simplement à M. Legault et au public qu'il s'agit là de quelque chose, d'un
geste très cohérent posé par le gouvernement libéral de Charest, avec Mme
Jérôme-Forget, en continuité de ce que le PQ, avec Sylvain Simard au Conseil du
trésor, avait commencé dès le début des années 2000, c'est-à-dire revoir les
propriétés de l'État. C'est la privatisation des avoirs et des services de
l'État commencée sous le règne péquiste avec M. Bouchard. C'est des
partenariats public-privé, mais Mme Jérôme-Forget n'a pas mal agi suivant la
doctrine, cette doctrine des partenariats public-privé. Dans leur tête à eux,
là, de ces gens-là, et M. Legault faisait partie de cette culture politique, de
cette génération de politiciens à la fin des années 90, au début des années
2000, qui voulaient privatiser l'État et ont mentionné les partenariats
public-privé, qui est d'abord sorti des cartons du Parti québécois au pouvoir,
alors qu'il était ministre du Parti québécois.
Donc, Mme Jérôme-Forget a juste donné le
mandat le plus rapidement possible de se départir, et là, bien sûr, les
profiteurs, les hommes malhonnêtes qui agissaient sous les commandes de M.
Charest, ces «bagmen» du Parti libéral, bien, s'en sont donné à coeur joie,
comme on l'a vu dans plusieurs dossiers, y compris le dossier de la Société
immobilière du Québec.
M. Lecavalier (Charles) : Est-ce
que vous croyez que les policiers n'ont rien à se reprocher à Val-d'Or? Est-ce
qu'ils ont été blanchis, selon vous, avec l'enquête?
Mme Massé : Bien, on le verra
demain. Ce qu'on sait, les fuites qui ont fui — je ne sais pas si on
dit ça — mais les fuites nous disent qu'il n'y a pas de poursuite.
Ceci étant dit, ma préoccupation, elle est
double. D'une part, et ça, ce n'est pas moi qui le dis, c'est l'ensemble du
mouvement des femmes, et on l'a vu dans le cadre de la politique... du plan
d'action, pardon, pour contrer les agressions sexuelles, c'est qu'on a un défi,
dans notre système de justice et incluant notre système policier, pour
accompagner les femmes qui sont victimes d'abus sexuel et d'agression sexuelle,
de façon générale. Et l'autre élément que nous sommes aussi très conscients et
conscientes depuis la Commission vérité et réconciliation, c'est que les
autochtones, à travers le Canada, sont traités de façon différente, notamment
par le système carcéral et le système judiciaire.
Alors, moi, je ne peux pas... moi, je
n'étais pas là, là, je n'étais pas à l'enquête, je n'ai pas fait l'enquête. Ce
que je sais juste, c'est, quand j'additionne ces informations-là et quand je
vois que, depuis le début, nous le disons haut et fort, que l'enquête de la
police par la police n'est pas quelque chose qui donne lieu de rassurer la
population et surtout pas la population autochtone... On le sait que les
conflits, les défis, les relations entre les peuples autochtones et les corps
policiers exigent une enquête publique indépendante.
Alors, c'est tout ça mis dans ça qui fait
dire : Moi, je ne suis pas à me substituer à ce qu'on apprendra demain,
mais je soulève ces questions-là et je rappelle surtout la grande
responsabilité que nous avons, comme peuple québécois, d'offrir tout ce qu'il
est possible aux peuples autochtones pour nous assurer de passer au travers les
situations difficiles, dont celle-là.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Je
veux bien vous comprendre. Vous dites qu'il a été démontré que les femmes
autochtones étaient traitées différemment dans le système de justice et
carcéral canadien. Est-ce que vous dites que le DPCP aurait sans doute porté
des accusations, s'il avait devant lui des femmes blanches?
Mme Massé : Bien, ce que...
peut-être que c'est des liens dont... vous venez de faire un lien. Moi, ce que
je dis juste, c'est : Retournez voir... Et d'ailleurs pourquoi vous pensez
que le gouvernement canadien a finalement accepté de lancer la commission sur
la question des femmes autochtones disparues et assassinées? C'est parce qu'on
fait un constat, au Canada, c'est que, oui, les autochtones sont traités
différemment. Est-ce que, dans la situation qui nous occupe là... ce que je
vous dis : Je n'en sais pas plus que vous, O.K., mais, ceci étant dit, il
faut reconnaître ça. Et, dans la mesure... et c'est pour ça qu'on souhaiterait
vraiment que le gouvernement prenne acte des défis, des relations qu'il y a
entre les autochtones, les peuples autochtones et les différents corps
policiers à travers le Québec et qu'il enclenche...
Rappelez-vous, pas plus tard que l'année
passée... bien, il y a quelques mois, pardon, la Protectrice du citoyen nous
arrivait aussi avec un rapport accablant de comment on traite les autochtones,
dans ce cas-là les Inuits, dans le Nord. Voyez-vous, c'est tout ça qu'on
additionne, et, en bout de ligne, on se dit : Bien, ne serait-il pas
temps... parce que, oui, la commission canadienne va regarder la situation des
relations concernant les femmes disparues et assassinées, mais il n'y aura pas
possibilité ni de rouvrir des mandats... des dossiers, tu sais, juste de
recevoir, d'accueillir, si j'ai bien compris ce mandat-là.
Nous, on pense qu'ici, au Québec, on est
responsables de la SQ, on est responsables du SPVM, on est responsables d'un
paquet de corps policiers municipaux. On serait capables, je pense, d'assumer
nos responsabilités face aux premiers peuples.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Que dites-vous aux femmes qui ont fait des témoignages, notamment à
Radio-Canada et aux corps de police, qui se disent victimes d'agressions
sexuelles de la part de policiers de la Sûreté du Québec et face à, sans doute,
l'embauche ou la réembauche de ces policiers-là au cours des prochaines
semaines, puisqu'il n'y a pas d'accusation portée contre eux, et qui vont
peut-être faire face à ces policiers-là à Val-d'Or ou dans la région?
Mme Massé : Vous savez, ce que
mon 35 ans de pratique m'a appris clairement, c'est que — j'ai envie
de dire du fond de mon cœur — on les croit. On les croit. On les
croit et on le sait aussi qu'elles vivent une double et une triple
stigmatisation parce qu'elles sont femmes, parce qu'elles sont autochtones et,
comme on le sait que vivent plusieurs personnes autochtones, elles vivent dans
des contextes extrêmement difficiles, donc très pauvres, etc., etc.
Alors donc, on les croit, et il va falloir
les soutenir. Je sais que, présentement, elles sont ensemble, elles sont en
train de se soutenir pour accueillir cette nouvelle-là. C'est ce que le Centre
d'amitié m'a confirmé. Ceci étant dit, pour toutes les femmes… Et c'est ce que
je dis, c'est fou, là, c'est ce que je dis depuis, en fait, plusieurs semaines
maintenant en ligne : C'est ensemble qu'on va déconstruire la culture du
viol.
Je ne sais pas s'il y a eu un viol ou non.
Je ne sais pas… Ça, ce n'est pas… Je ne suis pas la police. Ce que je sais,
c'est que l'abus, les abus sexuels… Moi, mon camp est fait, je crois les
personnes. Et c'est à force de déconstruire chacun des petits boulons qui
tiennent ensemble cette culture-là, y compris la discréditation… Parce que ça
aussi, on l'a entendu durant la commission, qui a fait le tour du Québec, sur
la question des agressions sexuelles, comment les femmes sont questionnées et
discréditées dans leur… comme témoins non crédibles, comme… Ça va de toutes
sortes d'ordres. On l'a entendu durant la commission parlementaire, et je pense
que la ministre l'a aussi reconnu, puisqu'au sein de la politique il y a des
objectifs qui s'adressent spécifiquement à la formation…
M. Khadir
: Je
voudrais juste ajouter que, comme Manon l'a dit, la commission d'enquête
publique canadienne l'a démontré, le système, dans le centre de nos
institutions, particulièrement le système policier et judiciaire, ne fonctionne
pas pour les autochtones. Ce n'est pas prévu pour fonctionner pour eux, d'être
attentif à leur situation.
En tout cas, le DPCP, vendredi, est mieux
d'être convaincant pour nous dire pourquoi le DPCP ne croit pas ces femmes-là.
Nous, on les croit. Pourquoi le DPCP ne trouve pas ces arguments-là? Moi, j'ai
vu le DPCP lancer des accusations très facilement et même perdre, souvent...
prendre le risque de perdre dans des dossiers mineurs, lorsqu'il s'est agi, par
exemple, de quelques étudiants qui ont attaqué des bureaux de ministres du
gouvernement dans le conflit étudiant.
Comment ça se fait que le DPCP, dans ces
circonstances-là, est aussi incapable de monter des dossiers solides et de
croire des femmes... parce que, là, ces femmes-là, elles ne sortent pas de
nulle part, là, ce n'est pas comme si c'était un État d'exception, au Québec,
puis tout d'un coup on apprenait que seulement au Québec et seulement à
Val-d'Or il se passe des choses comme ça.
M. Robillard (Alexandre) :
Est-ce qu'il n'y a pas un décalage, compte tenu des conclusions auxquelles on
s'attend vendredi, là, avec les informations qui circulent, est-ce qu'il n'y a
pas un décalage entre ce qui semble être les conclusions de la police et la
réaction de Mme Thériault, à l'origine, qui avait suivi les témoignages des
femmes autochtones de Val-d'Or.
Mme Massé : Bien, oui, il y a
un décalage, mais je pense que le bout qu'il faut reprendre... parce que ces
femmes-là, elles vont accueillir ce qu'on va leur dire vendredi, hein, elles
n'auront pas le choix. Mais, ceci étant dit, ces femmes-là continuent d'être
blessées.
Alors, qu'est-ce qu'on a comme répondre à
leur offrir, à elles et à plus large qu'elles? Et c'est ce que mon collègue
vous dit qui est important, c'est-à-dire que Val-d'Or n'était que la pointe de
l'iceberg. Retournez voir, là, on disait ça beaucoup à ce moment-là, mais cette
pointe d'iceberg là, c'est nous comme peuple non autochtone sur ce territoire-là.
On veut être capables de regarder ces gens-là dans les yeux. Bien, la seule
façon d'y arriver, c'est de mettre sur pied cette commission d'enquête
indépendante. Et je pense que le gouvernement libéral, peut-être à cause de ce
décalage-là, pourrait réconforter les autres femmes qui vivent des situations
comme celle-là et permettre éventuellement, pas seulement aux femmes
autochtones mais aux femmes en général et en particulier, de croire qu'on peut
avoir confiance dans notre système judiciaire.
M. Robillard (Alexandre) : M.
Khadir, sur la SIQ, est-ce que le mandat au VG, ça va être suffisant pour... ça
va être satisfaisant selon vous, là? Êtes-vous satisfait de ça? Est-ce que ça
va permettre de faire toute la lumière?
M. Khadir
: Bien, je
pense que c'est un moyen parmi d'autres de forcer les choses, les craques à
laisser la lumière entrer, pour prendre les paroles de Leonard Cohen citées par
ma collègue et par un député libéral. Il faut faire des craques dans ce système
qui protège cette information. Les libéraux ont magouillé, des amis du pouvoir,
des «bagmen» du Parti libéral s'en sont mis plein les poches. Des proches de M.
Couillard ont profité de ça. Et on veut savoir, donc tous les moyens sont bons,
le Vérificateur général…
Mais ce qui serait satisfaisant, c'est que
ce gouvernement qui gouverne par mensonge, qui utilise les biens publics au
profit de ses amis et de ses proches, au profit de sa caisse, probablement, vraisemblablement,
soit, une fois pour toutes, balayé de la carte aux prochaines élections. C'est
ça. Regardez, je ne peux pas vous dire autre chose, parce que tout ça, c'est
des, je dirais, c'est des expédients en attendant vraiment de sanctionner un gouvernement
qui démontre que ce n'était pas juste de M. Charest, là, c'est tout l'appareil
du Parti libéral et son héritage qui est en cause.
M. Lecavalier (Charles) : Bien,
dans le scandale de la SIQ, est-ce que M. Gantcheff est une victime ou c'est quelqu'un
qui a profité du système?
M. Khadir
: Je ne
connais pas assez M. Gantcheff. On n'a pas, nous, eu l'occasion de se pencher
sur son dossier. Mais la victime dans tout ça, ce n'est ni M. Gantcheff, ni
aucun député, ministre qui pousse des holà. Là, la vraie victime de tout ça, c'est
le contribuable québécois, et c'est l'honneur, et c'est, je dirais, la
réputation de l'institution, du gouvernement, de l'État et du Parlement. C'est
contre ce déshonneur que nous devons nous lever. Actuellement, c'est l'argent
des contribuables qui, pendant des années, a été ainsi gaspillé, et la victime là-dedans,
c'est M. et Mme Tout-le-monde, ceux qui paient leur impôt.
M. Lecavalier (Charles) : Et est-ce
qu'avec les événements... possibles actuellement, il y aurait moyen de briser
les contrats de... les baux qui bénéficient largement aux entreprises de M.
Larochelle?
M. Khadir
: Un État
est souverain. Un État qui se donne... Même, on nous invoque souvent l'État de
droit, mais je vous signale que l'État de droit permet à des minières de
déposséder des citoyens de Malartic et de les déplacer de leur zone en vertu de
principes que l'État est souverain et peut décider que son sous-sol appartient
à des minières plutôt qu'à ses citoyens ou à sa ville.
Alors, si l'État québécois, le
gouvernement libéral, pense que des minières ont des droits sur notre sous-sol
à ce niveau-là, moi, je pense que l'État québécois a le droit de protéger le bien
public et de rouvrir les contrats, considérant maintenant ce qu'on sait,
c'est-à-dire toute l'enquête menée par les enquêteurs de l'UPAC, que les
ententes signées ont été entachées d'irrégularités et de trafic d'influence.
Je vous rappelle qu'il y a des États dans
le monde qui ont effacé une partie de leurs dettes en rouvrant des contrats
avec des banques quand ils ont pu démontrer et ils ont eu suffisamment
d'informations pour démontrer que ces dettes-là ont été contractées en raison
du trafic d'influence de certaines personnes au profit d'intérêts privés.
Mais malheureusement, on ne peut pas
s'attendre de ça de M. Couillard, là. Malheureusement, ce premier ministre d'un
gouvernement qui règne par mensonges au profit des amis du parti,
malheureusement, je crois, on ne peut pas avoir une telle attente, qu'il puisse
avoir la volonté, voire la nécessité de s'attaquer aux intérêts de ses amis.
M. Dion (Mathieu) : Vous dites
que tous les moyens sont bons, mais est-ce que l'enquête de la Vérificatrice
générale... est-ce que ce sera suffisant? Est-ce que ce sera...
M. Khadir
: Non, non,
ça ne peut pas être suffisant. Bien non. Nous, on aimerait entendre...
M. Dion (Mathieu) : Pourquoi?
C'est vraiment une institution aussi, quand même.
M. Khadir
: Oui, oui,
mais il n'y a pas uniquement les questions comptables, parce que la
Vérificatrice générale va regarder, voir si les immeubles ont été vendus à vils
prix ou aux prix qui étaient raisonnables de s'attendre, d'accord, puis ensuite
vérifier si tout ça balance ou pas et dans quel contexte ont été signés ces
contrats-là, en vertu de quel principe.
Mais, une fois ceci dit, il y a des
responsabilités politiques. On veut savoir si les «bagmen» ont retourné une
partie de cet argent-là dans la caisse du Parti libéral du Québec, puis ça, ce
n'est pas l'enquête de la Vérificatrice générale qui va permettre de le
démontrer.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Est-ce que la firme Raymond Chabot Grant Thornton a la crédibilité nécessaire
pour passer au peigne fin les 900, 960 baux qui lient présentement l'État du
Québec?
M. Khadir
: Vous
pouvez la question à moi?
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui.
M. Khadir
: Je pense
qu'il est permis de dire aujourd'hui que toutes ces grandes firmes de
comptables ont été des complices des artisans du pouvoir qui ont tout opéré ça.
Je vous rappelle, KPMG, Raymond Chabot Thornton ont des contrats par millions
de dollars au cours des 15 dernières années de ce gouvernement libéral. Alors,
c'est sûr que c'est comme la police qui enquête sur la police. C'est ça, le
malheur, on est pognés avec ça.
Alors, moi, je dis à mes concitoyens :
Bien, on va voir le résultat, mais, si on arrive encore à essayer de vouloir
noyer le poisson, hein, noyer l'iceberg qu'on a parlé de la situation, c'est
toujours la même chose. C'est que l'ultime juge dans tout ça, c'est
l'opposition, c'est les journalistes et c'est l'opinion publique. On ne peut
pas compter sur des firmes comptables qui ont des contrats par centaines de millions
de dollars de ce gouvernement-là pour venir jeter le blâme sur le gouvernement
du Parti libéral.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Dernière question. Vous évoquez, jour après jour, les magouilles du
gouvernement libéral et du Parti libéral, puis c'est vous qui êtes accusé par le
président de l'Assemblée nationale, Jacques Chagnon, d'insulter l'Assemblée
nationale. Vous ne trouvez pas ça un peu frustrant comme parlementaire?
M. Khadir
: C'est pour
ça que j'invite mon ami Jacques de laisser de côté un peu les formalités, puis
les apparences, puis les parures puis de s'attaquer au fond des choses. Quand
il permet à des ministres de dire n'importe quoi en réponse à des questions très
précises posées, quand il leur permet de continuer, il ne les interrompt pas,
il ne les rappelle pas à l'ordre, qu'en vertu des règlements de l'Assemblée
nationale ils sont supposés de répondre aux questions, c'est ça qui insulte
l'intelligence du public, ce qui insulte les parlementaires qui posent des
questions et qui insulte l'Assemblée nationale. Et ça va finir par jeter le
discrédit sur tous nous autres.
M. Robillard (Alexandre) :
Est-ce que c'est deux poids, deux mesures?
M. Khadir
: Bien, je
ne veux pas juger... Je pense que Jacques agit au meilleur de ses, je dirais,
de ses capacités, et de ses connaissances, et des contraintes dans lesquelles
il travaille. Mais j'appelle tout parlementaire, y compris la présidence, de
s'élever au-dessus de la situation.
M. Robillard (Alexandre) :
Est-ce qu'il a toutes les capacités de gérer ces situations-là?
M. Khadir
: Je ne le
sais pas. Ça va être l'histoire qui va nous le dire. Mais j'appelle Jacques,
j'appelle les autres vice-présidents de s'élever au-dessus des intérêts partisans,
d'être capable, dans des moments où le Québec en a besoin, l'Assemblée
nationale en a besoin, de rappeler à l'ordre le gouvernement et dire que ce qui
entache la dignité de l'Assemblée nationale, c'est un gouvernement qui règne
par mensonges, c'est des ministres qui évitent de répondre à la question, c'est
des ministres qui tournent en dérision l'Assemblée nationale par leur mauvaise
foi absolument évidente pour tout le monde.
M. Lecavalier (Charles) :
Est-ce que M. Chagnon... Là, vous dites qu'il doit s'élever au-delà des
intérêts partisans...
M. Khadir
:
Malheureusement, ce n'est pas la question qu'il est neutre. Il est prisonnier
d'une vision dépassée de la politique et de, je dirais, de l'honneur des
institutions. L'honneur des institutions ne tient pas dans la cravate.
L'honneur des institutions ne sera pas mieux protégé en bannissant des mots à
l'Assemblée nationale, comme «voleur», comme «mensonge», comme bon, tout ce
qu'on sait, hein? La malhonnêteté qu'on connaît, caractéristique de ce
gouvernement, ce n'est pas en évitant de prononcer les mots que l'honneur va
être lavé. L'honneur va être lavé si les présidents, des membres de la
députation libérale, parce qu'il y a bien des collègues du parti qui ont en
sainte horreur ce qu'ils entendent. Moi, j'aimerais ça qu'ils puissent s'élever
aussi au-dessus de la mêlée puis rappeler à l'ordre leur parti puis avoir le
courage ici de défendre les députés qui posent des questions et de forcer les
ministres à répondre.
M. Robillard (Alexandre) :
Est-ce qu'il fait preuve de partisanerie?
M. Khadir
: Je ne
pense pas. Il est prisonnier.
M. Robillard (Alexandre) :
O.K. Parce que vous dites : Il faut qu'il s'élève au-dessus de la
partisanerie. Ça veut dire qu'il est partisan?
M. Khadir
: Non, il
s'élève au-dessus de la partisanerie qui a entraîné l'Assemblée nationale dans
cette culture mièvre de respect d'une respectabilité de façade. La
respectabilité de façade ne nous avance à rien. L'honneur de cette institution,
de l'institution de l'État, que ça soit l'Assemblée nationale, le gouvernement,
est mise à mal par les pratiques de ce pouvoir.
Des voix : Merci.
(Fin à 12 h 3)