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Point de presse de Mme Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques

Version finale

Tuesday, November 22, 2016, 10 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Dix heures trois minutes)

Mme Massé : Oui. Alors, bonjour, tout le monde. Merci d'être avec nous. Il y a comme un petit son... Oui, merci.

Alors donc, je suis contente d'être là aujourd'hui, accompagnée de mes soeurs autochtones, puisque, comme vous le savez, depuis une semaine et demie, deux semaines, le Québec tout entier est ébranlé par ce qui se passe à Val-d'Or et, je vous dirais, par ce que ça éveille comme prise de conscience chez les autochtones et les non-autochtones. Et en ce sens, ce matin, nous trouvions important de venir vous présenter nos soeurs qui comptent sur nous pour que le gouvernement du Québec prenne à bras-le-corps le défi, relève le défi de mettre sur pied une commission d'enquête, mais je vais...

Vous m'avez largement entendue la semaine dernière. Je vais les laisser parler. Seulement, avant, je vous dirais que ce week-end, comme vous le savez, Québec solidaire était en conseil national, et nous avons adopté à l'unanimité une motion qui réitère notre solidarité avec les peuples autochtones, qui exige d'agir de façon urgente concernant le racisme systémique et qui demande au gouvernement québécois de poser des gestes de réparation envers les Premières Nations. Je laisse donc la parole maintenant aux femmes autochtones.

Le Modérateur : J'invite maintenant Mme Pénélope Guay, qui est coordonnatrice à la Maison communautaire autochtone Missinak, à prendre la parole.

Mme Guay (Pénélope) : Merci, Nicolas. Kwe, bonjour. Tout d'abord, je remercie les Huron-Wendat de nous accueillir sur leur territoire jamais concédé et je remercie les journalistes présents de votre considération pour notre cause. Je suis ici ce matin pour joindre ma voix à celle de mes soeurs de Val-d'Or qui ont osé briser le silence. Bravo, mesdames, pour votre courage. Bravo de lever le voile sur des pratiques inhumaines encore présentes en 2016. Votre témoignage et ceux de partout au Canada retentissent pour dire : C'est assez, assez des cures géographiques, assez d'abus de toutes sortes, assez de préjugés, assez de mépris, assez de silence.

Depuis vendredi passé, nous avons appris que la justice québécoise n'avait pas assez de preuves pour agir dans le dossier spécifique de Val-d'Or. On conclut toutefois qu'il y a lieu de se pencher sérieusement sur la question du racisme systémique qui, avec les années, s'est installé bien confortablement dans l'indifférence et l'ignorance générale. Il est grand temps d'oser regarder ensemble ces pratiques qui, en plus de faire souffrir les autochtones, choquent les allochtones, et je sais qu'ils sont nombreux et nombreuses à l'être. Ce ne sera pas une tâche facile car il y a beaucoup de blessures chez les miens. Toutes les statistiques et recherches depuis la commission royale d'enquête de 1992 le disent. Il est maintenant temps de parler de guérison, mais, pour y arriver, il faut prévoir parler et être entendu.

Je souligne d'ailleurs la présence de mes frères et soeurs du lac Barrière qui sont dehors ce matin pour dénoncer l'occupation de leur territoire par une compagnie minière qui n'a pas pris la peine de les consulter. C'est aussi ça, le racisme systémique. Je demande que le gouvernement reconnaisse cette discrimination systémique qui entache la société québécoise et qu'il prenne dès maintenant les moyens pour écouter ce que nous avons à dire. Il est urgent d'unir les efforts de tous, les nôtres, mais les vôtres. Merci, dans la paix et l'amitié.

Le Modérateur : Merci, Mme Guay. J'invite maintenant Mme Donna Larivière de Femmes autochtones du Québec à prendre la parole.

Mme Larivière (Donna) : Kwe. Bonjour. Je remercie aussi la nation wendat pour nous laisser parler sur leur territoire.

Des femmes autochtones de Val-d'Or ont eu le courage de dénoncer les abus, les agressions et leurs agresseurs. À la suite de l'annonce de la décision de la DPCP vendredi dernier, nos femmes se sont senties trahies, humiliées, coeurs brisés en mille morceaux, pas d'importance devant la justice de ce pays ou de cette province, pas été écoutées, la rage, le découragement, la crainte d'être jugées et traitées de menteuses, la peur du retour des policiers suspendus, leurs peurs de représailles, leurs peurs pour leur propre sécurité, et j'en passe. C'est ça qui était dans les nouvelles vendredi dernier.

Le système judiciaire n'a pas pu protéger nos femmes autochtones de Val-d'Or, un système judiciaire qui protège les policiers et non les victimes d'agression sexuelle, un système qui ne porte aucune accusation contre les policiers de Val-d'Or, un système qui dit que certains faits étaient davantage apparentés à des fautes civiles ou déontologie et non des actes criminels, un système qui déclare : pas assez de preuves. Pas assez de preuves, cela veut dire que les policiers suspendus sont coupables car il y a quand même des preuves. Si nos femmes s'en rappellent, des dates des agressions, il doit y avoir un registre qui indique quel policier était en service. Je ne peux pas croire qu'il n'y a pas assez de preuves. Il y a la moindre preuve, c'est considéré comme un acte criminel, et, si j'étais une femme non autochtone qui aurait dénoncé des actes d'agression par des policiers, je suis convaincue, la décision du DPCP n'aurait pas pris le même dénouement.

Dans La Presse publiée le 21 novembre, le grand chef Matthew Coon Come «a souligné que les allégations d'agression sexuelle commises par un député envers une femme ont mené à une stratégie de cinq ans et [deux] millions de dollars pour lutter contre le phénomène de la violence à caractère sexuel, alors la découverte de l'espionnage de journalistes par des policiers a entraîné, dans les jours suivants, la création d'une commission d'enquête publique. "Le double standard ne pourrait être plus frappant", a laissé tomber M. Coon Come.»

Au moins, il y a le… et, oui, il y a le racisme systématique à Val-d'Or et aussi dans plusieurs communautés et autres milieux autochtones. J'ai vécu personnellement le racisme à Val-d'Or. Je suis de Val-d'Or. Je sais c'est quoi qu'elles vivent, nos femmes, à Val-d'Or. Nous revendiquons fortement encore à ce jour une enquête indépendante pour faire la lumière sur les discriminations vécues par nos femmes autochtones, les actes d'abus et d'agression, une enquête indépendante qui viendrait mettre la lumière sur la situation relationnelle entre les femmes autochtones et les services de police et ainsi le système de justice raciste et discriminatoire qui ne protège pas les femmes victimes d'abus et de violence. Nous exigeons le gouvernement provincial, le ministre Couillard, M. Kelley, de faire une enquête indépendante. C'est votre responsabilité. On croit en vous, nos femmes autochtones, nos sœurs. Meegwetch.

Le Modérateur : Merci, Mme Larivière. Maintenant, Mme Marielle Vachon, conseillère au Conseil des Innus de Pessamit sur la Côte-Nord.

Mme Vachon (Marielle) : Kwe. Bonjour. Je m'appelle Marielle Vacon, je suis conseillère politique de la communauté de Pessamit. Les statistiques affirment que nous, les autochtones, vivons trois fois plus de violence, mais qui est violent? Les femmes de Val-d'Or agressées, à qui on reproche d'avoir parlé? Ces jeunes Innus qui n'ont plus le droit de parler leur langue maternelle dans les centres jeunesse? Les autochtones du Dakota, ceux du lac Barrière, qu'on n'a pas consultés et qui dénoncent en ce moment même la présence de compagnies minières sur leur territoire? Tous nos patients qui ne peuvent recevoir de soins de santé équivalents aux vôtres à cause du manque de financement? Qui est violent, dites-moi?

Tous ces manques de considération font de nous des citoyens de seconde zone, entendez-le. Les révélations des femmes de Val-d'Or viennent malheureusement renforcer ce fait. Cette violence, quand elle est tolérée par le système social, la rend systémique et nous détruit petit à petit. Considérez-nous comme un peuple qui ne se taira plus. Nous allons reprendre notre juste place, défendre nos droits et être respectés.

Je suis fière d'être ici, en support aux femmes qui vivent ces tragédies. La confiance sera difficile à ramener, et elles garderont de lourdes séquelles de ces abus de pouvoir. Ça ne devrait pas être le cas. À toutes les autochtones, unissons-nous et ne baissons plus les bras. Merci.

Mme Massé : Alors, comprenez-vous, ça ressemble étrangement à ce que je vous disais la semaine dernière. Le gouvernement du Québec a une responsabilité et il doit agir rapidement pour reconstruire ces ponts-là. La confiance est complètement brisée, les Premières Nations, les femmes en particulier, ont besoin que le gouvernement du Québec envoie des signaux clairs, et le premier signal qui peut être envoyé, ce n'est pas de leur dire que la commission d'enquête publique n'est pas une bonne idée. C'est ça qu'ils et elles demandent.

Alors, j'espère que M. Couillard aura entendu le cri du coeur. J'espère que M. Kelley va se faire porteur des préoccupations des femmes et des hommes autochtones, et mes frères et soeurs sont assurés que nous, à Québec solidaire, sans contredit, on sera toujours à leurs côtés.

Le Modérateur : Merci. On va prendre les questions. Je vous demande de vous présenter. D'abord, M. Vigneault.

M. Vigneault (Nicolas) : Qu'est-ce que vous diriez... peut-être entendre les femmes qui sont avec vous, Mme Massé. Qu'est-ce que vous dites à M. Kelley qui dit qu'un comité mis sur pied immédiatement agit plus rapidement et ça peut régler les problèmes? J'aimerais vous entendre, les gens des communautés, là-dessus.

Mme Vachon (Marielle) : Étant représentante du Conseil des Innus de Pessamit, on en a discuté avec M. le chef René Simon, et, quand on a entendu parler de la création d'un comité, nous n'étions vraiment pas d'accord car on n'a jamais été entendus même par tous les comités qui ont été créés. Nous n'avons jamais été consultés, et il n'y a rien qui a avancé depuis.

M. Vigneault (Nicolas) : Oui. Mme Massé, pour vous, ce comité-là, est-ce que M. Kelley n'a pas raison de dire, par exemple, qu'une commission d'enquête pourrait prendre plusieurs mois, alors qu'effectivement un comité pourrait agir rapidement? Est-ce que cet argument-là...

Mme Massé : M. Kelley n'a pas besoin d'un comité pour faire ce que demandent ces personnes. Depuis 1992, il y a une commission d'enquête canadienne qui nous l'a dit, la Commission vérité et réconciliation nous l'a dit. Nous savons tout ce qu'il y a à faire. Ça prend la volonté politique et ça prend de l'argent.

Ceci étant dit, sur la question du comité, les Premières Nations nous disent : Ce n'est pas de cela que nous avons besoin. Nous avons besoin que ce geste de reconnaissance des fossés qui nous séparent s'exprime, dans un premier temps, par la mise sur pied d'une enquête indépendante qui nous permettra de voir comment le racisme systémique opère sur l'ensemble du territoire québécois. Je pense que nos soeurs nous disaient... et c'est ce premier pas là qui va nous permettre, les autres, parce que ce n'est pas seulement l'enquête qui va tout guérir, nous avons un long cheminement à faire, mais il faut commencer quelque part.

M. Vigneault (Nicolas) : Le signe que vous portez, c'est quoi exactement? Peut-être l'expliquer.

Mme Guay (Pénélope) : Le signe qu'on porte, c'est pour honorer nos soeurs qui sont disparues ou assassinées. Je pense que c'est important de le porter de plus en plus, puis, oui, on le porte tous, la gang, puis je pense que c'est bon.

Le Modérateur : Je vais vous demander de vous présenter. Nos intervenantes, nos invités ne vous connaissent pas tous. Merci.

M. Laforest (Alain) : Oui. Il n'y a pas de problème. Alain Laforest, TVA. J'aimerais juste que vous vous approchiez, toutes les trois, Mme Massé pourra réagir après.

Parce que Mme Massé vient de dire quelque chose, là : Nous savons tout ce qu'il y a à savoir, il faut de l'argent. Qu'est-ce qu'une commission d'enquête changerait de plus? Ce que ça vous prend, dans le fond, c'est des budgets, plus de policiers, plus d'interventions. La commission d'enquête, ça va changer quoi? Parce que Mme Massé vous avez dit vérité et réconciliation.

Y a-tu quelqu'un qui veut réagir à ça? Parce qu'il y en a eu plusieurs enquêtes, là, on arrive très souvent toujours au même résultat. Qu'est-ce que celle-là amènerait de plus?

Mme Larivière (Donna) : Il y a l'enquête nationale au travers le Canada, mais ici, au Québec, c'est des femmes qui ont dénoncé, tandis que dans l'Ouest, il n'y a pas eu de dénonciation comme on a eu à Val-d'Or. Et je trouve, c'est la responsabilité du provincial de faire une enquête indépendante plus pointue parce que c'est des actes criminels et non pour une enquête nationale. Oui, on va être dans l'enquête nationale aussi, dans le rapport et tout, mais ici, c'est vraiment la justice, c'est vraiment de... Rendez justice à nos femmes autochtones. Et c'est la responsabilité du provincial parce que c'est la SQ.

M. Laforest (Alain) : Je comprends ça, là, mais qu'est-ce que l'enquête changerait par rapport à ce qu'on sait déjà? Vous avez des problèmes au niveau du financement pour l'aide au niveau de la violence, madame a dit : Il y a trois fois plus de violence qu'ailleurs, il y a moins de services pour l'école, il y a plus de décrochage, il y a plus de problèmes de drogue, il y a des problèmes au niveau de l'habitation. Qu'est-ce que ça prend? Une commission d'enquête, ça change... On va arriver au même constat, non? Qu'est-ce que ça prend?

Mme Guay (Pénélope) : Bien, moi, je pense que... Écoutez, quand on parle de violence, de racisme systémique, je pense que ça peut changer des choses, là, hein? Regardons tout ce qu'on vous a dit, là, ici, là, qu'on dénonce, que partout il y a du racisme systémique. Personne ne demande l'avis avant de faire de quoi sur notre territoire. Personne ne nous demande : C'est quoi les services que vous avez besoin? Personne ne nous demande... qu'on vit encore sous la tutelle du fédéral. Personne ne nous demande des choses qui se passent dans nos communautés et en milieu urbain.

Je pense que ça, ça aurait la chance de le faire. Puis aussi pourquoi ne pas sensibiliser la population en général? Tu sais, quand on parle... même la recommandation des pensionnats, c'était de... Écoutez, dans toutes nos écoles, pourquoi qu'on ne parle pas de notre histoire, mais la vraie histoire? Pourquoi qu'on ne le dit pas, ça, hein? Peut-être qu'il y aurait quelque chose qui changerait dans notre société. Quand on est vus puis... Moi, des fois, je vais à l'université, je parle, là, je pose des questions. Savez-vous pourquoi les autochtones restent dans les réserves? Il n'y a pas une personne sur 170 personnes qui est là, qui se lève la main pour savoir qui on est, hein? Moi, je trouve qu'on habite dans le même pays.

En tout cas, moi, je pense, ça changerait des choses si on investirait l'argent aussi à la bonne place. Ça fait que, moi, ça, c'est ma réponse.

M. Laforest (Alain) : Précisez, là. L'argent va à une place. Où? Qu'est-ce qui manque?

Mme Guay (Pénélope) : Bien, qu'est-ce qui manque, bien, je viens de tout le dire. Je pense que, si on investirait, genre, dans l'éducation, si on investirait dans la santé... On a des situations difficiles. Juste la langue, moi, là, des fois... j'ai une maison d'hébergement ici, on me téléphone pour me dire : Écoute, il y a une femme autochtone qui est à l'hôpital l'Hôtel-Dieu, elle ne sait pas parler le français. Demain, on l'opère, il n'y a personne qui peut...

Il y en a des besoins. Il y en a, puis on a la capacité dans nos communautés, on a des travailleurs, on a des gens formés. Bien, pourquoi ne pas nous engager? Puis ce qui se passe présentement à Betsiamites, quand on parle la langue… J'ai été, moi, travailler à Betsiamites, j'y ai travaillé trois ans. Quand on parle d'un centre jeunesse où est-ce qu'ils accueillent nos jeunes, puis qu'ils ne parlent pas la langue, c'est une grande difficulté, hein?

Puis la culture, il ne faut pas oublier ça, il y a la langue et la culture. On ne nous connaît pas. C'est différent dans notre façon d'être, notre façon de penser. Puis pourquoi ne pas engager des éducatrices spécialisées dans notre communauté? On en a à Betsiamites. Pourquoi ne pas les engager? Il y en a, des solutions, puis je pense, c'est ça qui ferait qu'on pourrait se parler pour en trouver, pour essayer de dialoguer, pour essayer de trouver des solutions ensemble. Ça, c'est juste ma parole, mais je suis sûre que mes gens, dans les communautés, ils ont d'autres solutions.

M. Laforest (Alain) : J'en ai peut-être une petite dernière, juste avant de finir. Mais vous voulez répondre, Mme Massé?

Mme Massé : Bien, en fait, ce que je veux vous dire, c'est que ce qu'on entend… Les besoins sont connus. L'enjeu, c'est que, si on veut agir sur le racisme systémique, il faut le reconnaître d'entrée de jeu. À part Manon Massé à l'Assemblée nationale, avez-vous entendu d'autres personnes parler du racisme systémique vécu par les Premières Nations?

Alors, on aura beau entendre l'ensemble de leurs demandes, etc., mais, si on ne reconnaît pas, en arrière, qu'il y a un système qui maintient ce double standard, bien, ça ferait qu'on va se surprendre, nous, Québécois, en apprenant dans les nouvelles qu'il y a des jeunes qui ne peuvent pas parler leur langue parce que les intervenants ne parlent pas leur langue. On va s'en surprendre. Alors, c'est dans ce sens-là que ce travail-là doit commencer par cette reconnaissance-là.

M. Laforest (Alain) : Une petite dernière. Ce soir, à l'émission J.E., il y a les policiers de la Sûreté du Québec de Val-d'Or qui vont venir s'expliquer et expliquer leur point de vue. Qu'est-ce que vous en pensez?

Mme Larivière (Donna) : Bien, je crois qu'ils ont aussi leur, comment je dirais ça, leur… pas leur chance, mais leur droit aussi, comme les femmes autochtones, d'aller s'exprimer, qu'est-ce qu'eux aussi ont vécu. Et peut-être aussi, par l'émission, nous autres aussi, on va voir qu'est-ce qu'ils pensent, c'est quoi, la situation au service de police à Val-d'Or, c'est quoi qu'ils vivent eux autres aussi.

M. Laforest (Alain) : Ça ne vous fâche pas, là? Vous êtes…

Mme Larivière (Donna) : Moi, personnellement, ça ne me fâche pas parce que… Je pense que je l'écouterai religieusement juste pour savoir c'est quoi qui passe dans la tête des policiers de Val-d'Or.

Le Modérateur : Merci. M. Lacroix.

M. Lacroix (Louis) : Bonjour…

Mme Massé : Mais ils doivent reconnaître le racisme systémique parce que ce n'est pas eux... Je ne sais pas... N'oubliez pas, là, le racisme systémique, ce n'est pas chaque personne qui est raciste, c'est un système, c'est le fait qu'on ne sache même pas que les personnes autochtones n'ont pas les mêmes droits ici, au Québec, que l'ensemble des Québécois et Québécoises. C'est ça, le racisme systémique, et, dans ce sens-là, bien, j'espère qu'il y aura minimalement cette reconnaissance-là.

M. Lacroix (Louis) : La semaine dernière, en fait, il y a eu un communiqué qui a été émis, parce que le gouvernement a dit qu'il y a déjà l'enquête, évidemment, du fédéral qui va commencer, dont les audiences vont commencer bientôt, là. Ils ont émis un communiqué, les commissaires, en disant que, dans le fond, ce que vous demandez, c'est inclus dans leur mandat. Ils disent ceci à la toute fin : «La situation à Val-d'Or est exactement le genre de situation qui sera examinée dans le cadre de l'enquête nationale. Les services de police constituent un service gouvernemental essentiel qui relève du mandat de l'enquête.»

En fait, ce qu'ils disent, c'est qu'ils vont déjà faire ce que vous demandez. Moi, ce que je comprends, c'est que vous avez peur que toute la problématique que vous dénoncez soit perdue un peu dans le cadre plus large, si on veut, de la commission. C'est ça?

Mme Guay (Pénélope) : Moi, je pense que la commission n'aura pas... Écoutez, on parle du Canada dans son ensemble, on ne parle pas d'une province comme ici, à Québec. Ils vont avoir un travail à faire puis ils n'ont pas juste les femmes de Val-d'Or aussi, on parle des enfants qui sont disparus à Pakuashipi, qui ne sont jamais revenus chez eux. Il va falloir qu'ils fassent des enquêtes. Les Attikameks, il y a cinq personnes, là, qui sont décédées, on ne sait pas qu'est-ce qui s'est passé, il n'y a jamais eu d'enquête là-dessus. Il y a énormément de travail au Canada.

Mais je peux vous donner un exemple. Quand on dit : Ils ne régleront pas tout, ils sont... ne pensez pas à ça, là, ne pensez pas à ça dans les deux ans qu'ils ont à faire, on en a déjà de passés, mais... Excusez, mais à Vancouver, parce que j'ai une amie qui habite à Vancouver, juste pour vous montrer un exemple que la province de Vancouver... excuse, de Colombie-Britannique a misé de l'argent, a donné de l'argent pour faire une enquête sur le monsieur que j'ai de la misère à dire, Pickton, en tout cas, ce monsieur-là, eux autres, ils ont pris de l'argent, ils ont dit : On va investir, on n'attend pas l'enquête nationale parce que je le sais que ce n'est pas assez pointu. Ils l'ont fait, eux autres. Ils ont investi de l'argent au niveau de la province pour faire l'enquête sur ce monsieur-là qui en a quand même tué pas mal. Ça fait que... Puis n'attendez pas qu'ici, au Québec, on puisse faire autant, là, c'est impensable, impensable.

M. Lacroix (Louis) : O.K. Donc, votre crainte, si je traduis bien, là, c'est que les conclusions de l'enquête nationale, en fait, la portion qui va concerner le Québec, la question de Val-d'Or, tout ça, vous craignez que ce soit submergé dans toutes les problématiques nationales et que finalement ça n'ait pas suffisamment d'impact pour régler les problèmes que vous dénoncez. C'est un peu ça, là?

Mme Larivière (Donna) : Non, non. C'est ça que je vous dis. En plein ça. Comme j'ai mentionné tantôt, il y a l'enquête nationale. C'est une enquête à travers le Canada et ce n'est pas nécessairement une enquête qui rend justice aux policiers, comme on a vécu à Val-d'Or. Val-d'Or, c'est la première fois que des femmes viennent témoigner, dénoncer leurs agresseurs qui, malheureusement, ont été des policiers de Val-d'Or, la SQ.

Et je trouve que notre province a besoin de faire une enquête indépendante plus pointue, parce que c'est criminel, parce que l'enquête nationale, c'est pour voir aussi un peu la situation des femmes autochtones qui sont disparues et assassinées. Je ne sais pas si vous pouvez aller sur leur site et voir c'est quoi, mais ici, nous, en tant que femmes autochtones, on exige une enquête indépendante plus pointue pour...

M. Lacroix (Louis) : Mais vous ne voulez pas qu'on refasse l'enquête policière en tant que telle, là.

Mme Larivière (Donna) : Oui.

M. Lacroix (Louis) : Qu'on refasse l'enquête policière du SPVM?

Mme Larivière (Donna) : Parce que nous, on n'a pas confiance en la police présentement, puis ça va prendre du temps. Et enquêter... policier pour policier, ça, on ne le prend pas.

M. Lacroix (Louis) : Mais Mme Lafontaine a déjà... L'observatrice indépendante a déjà dit que l'enquête, selon elle, avait été faite selon les standards, qui avaient été bien faits, de façon impartiale, avec les bonnes ressources.

Mme Larivière (Donna) : Oui. Oui, puis je la félicite pour l'avoir fait comme ça, mais ça ne veut pas dire, je ne sais pas, moi, ici... parce que je sais qu'il y avait des personnes qui ont venues à Val-d'Or pour encore rencontrer les femmes puis on ne sait pas c'est quoi qui s'est passé avec ces femmes-là, avec les investigateurs à Val-d'Or.

Mme Massé : Puis je vous rappelle que Mme Lafontaine a aussi dit : L'enquête a pu aller jusque-là, mais il existe quelque chose qu'il va falloir regarder, qui s'appelle le racisme systémique. Elle l'a dit noir sur blanc, elle l'a dit à la télévision, et c'est de ça qu'on parle.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Marco Bélair-Cirino du Devoir. Comment interprétez-vous le refus du gouvernement du Québec d'acquiescer à votre demande et de tenir une commission d'enquête?

Mme Guay (Pénélope) : Bien, moi, je dirais, comme… je trouve ça vraiment aberrant, d'abord. Premièrement, je me dis : on devrait faire une enquête… Le refus, je ne le prends pas comme haineux, je ne le prends pas comme… Je ne sais pas s'il comprend la situation. Je ne sais pas si… Moi, je pense, c'est le temps qui… faudrait vraiment qu'il s'assoie, qu'il vienne s'asseoir avec nous autres. Il faudrait qu'il arrête, là, il faudrait qu'il sorte puis qu'il vienne nous rencontrer, nous autres.

Je pense, c'est important, ce qu'on a à dire. C'est important, ce qu'on fait. C'est important de toutes… Moi, je pense que c'est le temps qu'il devrait sortir, venir nous parler parce qu'on a des choses à lui dire. On a des solutions, puis je pense que, s'il ne sort pas, je trouve ça un petit peu... je ne dirais pas peureux, ce n'est pas le mot que je voudrais dire, mais je trouve ça indigne, pour nous autres.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Le ministre responsable des affaires autochtones, Geoffrey Kelley, est en poste depuis plus de deux ans. Il est… puis il sort de son bureau, j'imagine. Donc, est-ce qu'il est l'homme de la situation, selon vous?

Mme Guay (Pénélope) : Moi, je croirais que oui, mais c'est un... on va le rencontrer, là. On le rencontre très bientôt pour justement jaser de cette situation-là.

M. Laforest (Alain) : …le rencontrer aujourd'hui?

Mme Guay (Pénélope) : M. Kelley? Oui, on va rencontrer M. Kelley.

M. Laforest (Alain) : Aujourd'hui?

Mme Guay (Pénélope) : Non, pas aujourd'hui. Excusez, pas aujourd'hui. Je n'ai pas dit aujourd'hui, là, mais on va le rencontrer, c'est sûr. Je pense que c'est important d'aller le voir puis d'aller le voir dans son bureau pour…

M. Laforest (Alain) : ...renchérir sur ce que Marco dit, mais ça, c'est... le ministre propose une table. Il vous en propose une… Le ministre propose une table, mais vous dites : Il faut qu'il vienne nous rencontrer, et vous allez le rencontrer. On essaie de comprendre. Il vous rencontre déjà.

Mme Tremblay (Caroline) : C'est parce que monsieur… Caroline Tremblay. Je travaille à Missinak.

M. Laforest (Alain) : Pardon?

Mme Tremblay (Caroline) : Je travaille à Missinak avec les filles. Bon, M. Kelley, on va le rencontrer dans le cadre, justement, de développer des services en lien avec notre organisme à Québec parce que notre expérience a Québec, c'est que les autochtones qui arrivent hors communauté vivent bien souvent le racisme systémique. Tu sais, juste à dire ton nom puis va chercher un logement, bonne chance. On a de la misère à les relocaliser, ne serait-ce qu'à cause de ça, à cause de l'ignorance.

Je n'appelle même pas ça de la mauvaise volonté. Parce que, si je vous dis qu'à l'hôpital, ce que je j'entends, c'est que les autochtones, on les pique avec des plus grosses aiguilles. C'est pourquoi? Tu vas dans les bars… Moi, puis ce que je vous dis, je l'ai entendu, là, tu vas dans les bars, puis il y a des autochtones, la chicane pogne, mêle-toi en pas, c'est des autochtones. Pourquoi? Voyons. On vit ensemble depuis des millénaires. Comment ça se fait qu'on est aussi... comment ça se fait que la situation est aussi camouflée, est aussi taboue, est aussi par en dessous? Bien, c'est ça, c'est le racisme systémique, c'est que les gens tolèrent des choses que...

M. Laforest (Alain) : Mais la table, ce n'est pas assez, ça...

Mme Tremblay (Caroline) : Non, non, non. La table, elle va ouvrir, peut-être... elle va ouvrir des dossiers, l'enquête nationale va ouvrir des dossiers aussi qui vont soulever encore des coins de couverture sur les situations. Vous allez en entendre d'autres, là.

Puis là ce qu'on entendu à Val-d'Or, moi... en tout cas, ce que je pense, puis les autres pourront le dire, c'est qu'il va y avoir d'autre chose qui va sortir. Là, est-ce que le gouvernement va tenir la ligne de dire : Bien non, je n'ai pas de preuve?, ou de dire : Écoutez, il y a comme quelque chose de majeur qui se passe dans la société québécoise? Parce que c'est quand même une différence historique par rapport à la société canadienne, là. Je ne fais pas d'allégeance politique ici, mais, bon, le ROC puis le Québec...

Ça fait que, le Québec, ça pourrait approfondir notre situation puis permettre au gouvernement de mieux enligner, par la suite, les choses, parce qu'on va savoir vraiment que, qu'est-ce que tu veux, il y a des autochtones qui sont moins bien servis pour les soins de santé. Madame me disait : Il y a des autochtones que, pour se faire soigner, avoir la dialyse, il faudrait qu'ils déménagent à Québec, le logement n'est pas payé. Ça fait que, là, qu'est-ce que tu fais? Bien, il y en a qui préfère rester chez eux puis attendre la mort parce qu'il n'y a pas ça. Vous comprenez?

Ça fait que c'est toutes ces petites choses-là que, là, il faut... ça serait le temps, en tant que société, de regarder ça puis de dire : Bien, écoutez, non, ça ne marche pas, là, c'est le temps... ça s'est fait avec les Noirs, avec les homosexuels, ça s'est fait... bien là, c'est le temps des autochtones. Je vous remercie.

Le Modérateur : On va reprendre les tours de parole habituels, s'il vous plaît. On va terminer avec Marco, on va alterner ensuite. Vous savez comment on tient au décorum à QS. Marco.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mme Larivière, je voulais savoir, depuis la diffusion du reportage d'Enquête, depuis la mise au jour des allégations d'agressions sexuelles perpétrées par des policiers de la Sûreté du Québec, est-ce que le racisme systémique que vous dénoncez a reculé à Val-d'Or?

Mme Larivière (Donna) : Non.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Non, ce n'est pas amélioré depuis...

Mme Larivière (Donna) : Non, parce que, moi, je viens de là-bas, ma famille vit là-bas, j'ai des personnes, des femmes que je connais depuis qu'elles sont venues au monde, qui ont dénoncé l'abus des policiers, et, à chaque fois que je vais à Val-d'Or, quand tu rentres dans un magasin... Moi, je me suis fait arrêter avec ma soeur une fois. On rentre dans le magasin, on regarde les choses. Ah! c'est des autochtones, videz vos sacs.

Est-ce que c'est le racisme systématique? Moi, quand on sort dans les bars, moi, je ne sors plus toute seule. J'ai trop peur. J'ai trop peur que la police ou peut-être des taxis, je ne sais pas... j'amène toujours quelqu'un, de préférence quelqu'un comme mon frère pour sortir parce que, moi, je ne veux pas me faire ramasser. Puis je ne suis pas une alcoolique, là, je n'ai pas de problème de consommation. Je sors pour le plaisir et j'ai peur. Alors, à Val-d'Or, où que tu marches, où que tu vas, tu vas toujours sentir ce racisme-là tout le temps. Tu te poses tout le temps la question : Bon, est-ce que cette personne-là va dire quelque chose? Tu vas au restaurant, tu vas te faire servir après les autres ou ils t'ignorent? C'est quoi? C'est-u du racisme systémique?

Alors, ça, ça n'a pas reculé. Des fois, je trouve que ça a comme empiré depuis que les femmes ont dénoncé. Ce n'est pas vrai, avec le maire de Val-d'Or, quand il dit : On va être en relation et tout. Non, tu vois, un an après, les dénonciations, on vit encore ça, ce racisme-là, cette discrimination-là à Val-d'Or.

Le Modérateur : M. Croteau.

M. Croteau (Martin) : Bonjour. Martin Croteau de LaPresse. Je veux juste clarifier, puis pardonnez-moi si je ne comprends pas vite. Je comprends que vous réclamez une enquête publique. Je comprends que vous avez expliqué que l'enquête fédérale est peut-être un peu trop vaste pour se pencher spécifiquement sur les cas, par exemple, de Val-d'Or. J'aimerais juste comprendre qu'est-ce que vous souhaitez... quelle forme souhaitez-vous que cette enquête publique prenne et que souhaitez-vous qu'elle étudie exactement. Bonjour. Madame, votre nom, c'est?

Mme Hervieux (Jenny) : Moi, mon nom, c'est Jenny Hervieux. Je suis coordonnatrice de la maison d'hébergement. Je pense que, premièrement, il faut entendre que la langue française, c'est déjà quelque chose, c'est un frein à notre compréhension aussi. (S'exprime dans une langue autochtone).

Ça fait que je pense que vais traduire. Je pense que ce qui s'est passé avec le DPCP, tout le monde est perdu un petit peu. Je pense que, premièrement, je ne sais pas comment ça s'est déroulé, toute cette enquête-là, mais nous, on se tient vraiment. Quand on s'est assis avec ces femmes-là... là, ce soir, on va entendre les policiers. On parle de racisme systémique depuis tantôt, je pense que le racisme systémique, déjà, au départ, on va le voir ce soir. On entend les policiers, mais est-ce qu'on a entendu les femmes aussi suite au dévoilement de ce qui s'est passé vendredi? Je pense qu'il faut partir de là aussi, connaître, nous connaître aussi, nos réalités. Ça fait que je pense, chaque communauté, elle est différente, chaque communauté a son histoire.

M. Croteau (Martin) : Mais, pardonnez-moi, donc vous souhaitez que l'enquête publique étudie spécifiquement l'enquête policière sur les allégations à Val-d'Or. C'est le champ que vous souhaitez... Vous souhaitez que ce soit circonscrit là-dedans.

Mme Hervieux (Jenny) : Oui, ça inclusivement, mais tout aussi les institutions autour, parce qu'on gravite quand même autour. Moi, je suis en milieu urbain depuis une dizaine...

M. Croteau (Martin) : Autour de Val-d'Or, précisément.

Mme Hervieux (Jenny) : Oui.

M. Croteau (Martin) : Pas, par exemple, une autre communauté qui est située... strictement sur Val-d'Or?

Mme Hervieux (Jenny) : Parce que ce qu'on va découvrir à Val-d'Or, on va découvrir aussi ce qui se passe à Manouane, à Saint-Michel-des-Saints, ce qui se passe à Sept-Îles, dans la ville de Sept-Îles, mais qui est entourée quand même de deux communautés. Ça fait qu'on a affaire quand même à... à prendre considération de tout ça.

Puis la réalité d'un autochtone, bien, juste... Je vais reprendre les paroles de mon grand-père. À un moment donné, il disait (S'exprime dans une langue autochtone). Le gouvernement, il est intelligent, il faut qu'il développe d'autres stratégies pour essayer d'aller voir plus loin, parce que cette enquête-là, je pense qu'il ne faut pas que ça s'arrête là. Il faut aller plus loin. Je pense qu'on... On est humains, hein? Il faut aller... qu'est-ce qui n'a pas marché, qu'est-ce qu'on n'a pas réussi à découvrir. Est-ce que, moi, je suis en... Quand je suis avec vous autres, je suis en contexte d'autorité, hein? Parce que vous êtes quand même la population qui est... Moi, je suis une minorité à côté de vous autres. Ça fait que je pense, si on part de là, de la méconnaisse, je dirais, à la reconnaissance, je pense qu'on va avoir des bonnes bases.

M. Croteau (Martin) : Donc, l'enquête va se pencher sur l'enquête policière, donc strictement les processus policiers dans les rapports entre les policiers et les autochtones. C'est bien... Je ne vous mets pas de mots dans la bouche.

Mme Guay (Pénélope) : Je pense qu'il y a de l'insatisfaction. On est vraiment des femmes...

M. Croteau (Martin) : Je comprends ça.

Mme Guay (Pénélope) : Les femmes ici sont des femmes émotionnées, puis on... Ce qu'on a vu, là, hein : un non-respect envers les femmes de Val-d'Or, un non-respect parce qu'on ne la sait pas, la vraie... Nous, ce qu'on a entendu...

Puis encore une chance qu'il y a eu Enquête... en tout cas... comment tu as dit?

Mme Massé : L'émission Enquête.

Mme Guay (Pénélope) : L'émission Enquête, excusez. On cherche nos mots, mais ce n'est pas parce qu'on n'est pas intelligentes, hein, c'est parce qu'on est émotionnelles, ça nous fait de quoi. Mais encore une chance qu'il y a eu ça. Tu sais, quand on dit : prendre la parole, là, hein, on a peu d'espace pour la prendre. Puis quand on la prend, on se fait toujours dire : On sait bien, encore, ils sont en train de manifester dans les rues, puis ils ont tout, puis ils ne paient pas de taxes, puis... Ils ne nous connaissent vraiment pas, parce que je peux vous faire... Moi, j'enseigne l'histoire pendant trois heures de temps, hein? Ça fait qu'il y en a, des histoires de ce qui se passe dans nos communautés, il y a des histoires du colonialisme qui existent, il y a tout ça.

Moi, je pense qu'à quelque part... parce que je pense qu'on est à connaître, je pense qu'on est, à quelque part... prendre la parole, pour nous, c'est vraiment... c'est parce qu'on a tous nos frères et nos soeurs en arrière de nous. On n'est pas juste moi, Pénélope Guay. J'ai mes frères du lac Barrière qui sont là-bas, qui manifestent parce qu'il se passe de quoi. J'ai mes soeurs de Val-d'Or parce qu'elles souffrent, puis ma soeur Donna, elle a raison de dire... Moi, j'y ai été, à Val-d'Or aussi. Maintenant, les femmes qui ont dénoncé, là, elles sortent deux par deux, elles ne sortent même plus toutes seules puis elles sont cachées dans leurs communautés, puis ça, on n'en parle plus, là, tu sais, puis tout ce qui s'est passé, oui, elles ont été... il y a eu des agressions sexuelles, mais tout le racisme qu'elles ont subi, allez, on les amène loin, on ôte leurs souliers puis on les fait marcher dans la neige. Bien oui, c'est vraiment génial, ça, comme policier, tu sais.

Il y a quelque chose qui est là, là. On n'en parle plus, ça. J'ai bien hâte, moi, de les entendre aussi les policiers. Ce n'est pas parce que... J'ai hâte de voir qu'est-ce qu'ils vont dire puis j'espère que ça va être intelligent aussi. Je ne veux pas dire que le monde n'est pas intelligent, mais intelligent en paroles pour demander des excuses ou faire quelque chose pour les femmes.

M. Croteau (Martin) : Qu'est-ce qui va arriver si le gouvernement persiste à refuser d'instituer une enquête publique?

Mme Guay (Pénélope) : Bien, moi, je pense qu'on ne lâchera pas, là. Moi, je pense que... On prend la parole. Marielle, elle a dit : Il faut continuer. Je pense que, si ça ne marche pas, oui, on peut le faire, le comité de la rencontre, la table, mais l'enquête, il faut que ça se fasse parce que ça, c'est important pour nous. Moi, je ne pense pas qu'on lâche. Je ne pense pas que Femmes autochtones du Québec va lâcher, puis nous autres, de la Maison communautaire Missinak, on est là, puis je pense que Québec solidaire est là aussi.

Si on est tous unis puis si on leur demande puis sans arrêt... Je veux dire, ce n'est pas la dernière semaine que vous allez nous entendre parler. Je pense qu'on va continuer. On va continuer. On est tannées un peu, là, on est tannées. Ça fait qu'il faut qu'on continue la lutte puis il faut qu'on... Puis je pense que Marielle l'a dit tantôt, tous unis, les autochtones ne lâcheront pas. On le voit partout, là, présentement, puis je suis tellement heureuse. J'étais vraiment heureuse que les gens des États-Unis, les Sioux se tiennent debout devant l'armée pour sauver notre Terre mère, mais ce n'est pas fini. Vous n'aurez pas... On va y aller puis on va la demander, l'enquête, parce que c'est important. C'est important pour mes soeurs de Val-d'Or, mais c'est important pour toutes les femmes ici.

Le Modérateur : Mme Fletcher.

Mme Fletcher (Raquel) : Bonjour. Merci, mesdames, pour être venues. Je m'appelle Raquel Fletcher, je suis journaliste à Global télévision. Vous m'entendez?

Une voix : Yes.

Mme Fletcher (Raquel) : O.K. Puis je veux savoir si vous parlez anglais aussi.

Mme Larivière (Donna) : I speak English.

Mme Fletcher (Raquel) :O.K. Merci. You mentioned that Aboriginal women are three times more… they are victims of three times more violence than the non-Aboriginal Québécoises. I also know that these as women say that three quarters of Aboriginal women have been victims of sexual assault. That's true?

Can you speak to what the reality is among Aboriginal women who are victims of sexual assault in such great numbers? Is there a collective trauma? What has that done to the solidarity of Aboriginal women?

Mme Larivière (Donna) : You'd have to start by the community. If you have a healthy community, I don't think you would see so many missing, murdered women. In every aspect, education, health, housing, if the community was healthy, then we would see less. But now, these days, we even get cut for housing, and health issues, and education. And the reason why women are so vulnerable is because they leave their communities thinking for a better life, and, when they come out to the urban area, that's when it gets ugly. They start like prostitution, drinking, they get caught up in human trafficking. So that is what happening now. And you see, in the last year, Thunder Bay, they stopped some human trafficking in mostly were Native women.

Mme Fletcher (Raquel) : You said yourself you're scare to go out. Why?

Mme Larivière (Donna) : I'm afraid to go out because I'm afraid, if I walk alone at night in Val-d'Or, I would be afraid to be picked up. Maybe not now, maybe because this is a big issue right now, but I'm afraid I might get picked up because I know some get picked up. When you're all alone and when you think… And what do they think when you're all alone at 2 :00 or 3 :00 o'clock in the morning on 3rd Avenue in Val-d'Or? You're out drinking, you're out going looking for fun time and all that, and then you walk home because mostly Native women don't have cars, don't have sometimes not money to take taxis, so they walk or else they drink too much and the sober dumb bring them out of the town so they can walk back. So that's why I'm afraid in Val-d'Or now more than ever.

Mme Fletcher (Raquel) : So you're afraid of being picked up by police or you're afraid of being kidnapped?

Mme Larivière (Donna) : I'm afraid of being picked up by police. I'm afraid of people that don't understand or not agreeing what's happening in Val-d'Or because of the racism. I'm afraid some might come and beat me up just because I'm Native, just because my skin is brown, darker than theirs.

So I pass downtown Val-d'Or into my car and it's not the same. Even in the day, you're always there thinking : What are they going to think about me? And I lived that when I was young. And I wish all this could stop, I wish there would be justice for our women that denounced, because Val-d'Or always has been like that. Val-d'Or, the 3rd Street is the main for bars, but now, today, there is mostly restaurants, but in my time it was bars, and one of the victims, it was in that time that she got assaulted and when she said she got assaulted at the police station, can you imagine, at the police station… I wouldn't want to be picked up by the police, and, no, you don't know what going to happen. That's how the trust is not there anymore, and I'm afraid for my nieces, my sisters when they go out.

So I think this has to stop, and we need justice for whoever did this to our women in Val-d'Or, girls, not only women but young women. I don't think its fair for us, and we don't have the respect from other people just because we're «sauvages», you know. So I don't feel safe anymore in Val-d'Or.

Mme Fletcher (Raquel) : So people call you «sauvages»?

Mme Larivière (Donna) : No. A few, maybe.

Mme Fletcher (Raquel) : Bien, Mme Larivière, vous dites oui, les gens vous appellent «sauvages»?

Mme Guay (Pénélope) : Les gens nous appellent «sauvages»? Bien oui qu'ils nous appellent «sauvages»!

Mme Larivière (Donna) : If you go on the... you know, when the news come out on the media, on the Internet, when you see the comments of the news, I know some journals had to close down some of their comments sections because it was too racial and it gets… It ticks you off because you see all these people, anonymous people saying what they really think about Natives, and that is unacceptable. I don't go around and say, you know, Québécois are… I don't do that because I respect the people, the province where I stay.

Mme Fletcher (Raquel) : Why do you think there's a resistance from the Government then to have this inquiry?

Mme Larivière (Donna) : Pardon?

Mme Fletcher (Raquel) : Why do you think there is resistance from the Government to have an inquiry?

Mme Larivière (Donna) : I think it's just a tip of the iceberg in Val-d'Or, because there are other communities. Look in Schefferville, they arrested two policemen. I think it's just the tip of the iceberg, and they're shutting their eyes, and they don't want to see what's really happening, because I'm sure, in Val-d'Or, there's not only the ones that… there are a lot of women who would like to speak out, but they're too afraid now because of the report that came out. I would be afraid to speak out…

Mme Fletcher (Raquel) : Thank you very much.

Le Modérateur : Merci beaucoup à tout le monde. Ce sera la fin. Merci.

(Fin à 10 h 53)

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