(Treize heures trente-cinq minutes)
M. Khadir
:
Bonjour. Je suis content d'accueillir à l'Assemblée nationale des citoyens et
citoyennes, d'abord des régions du Québec, qui sont affectés directement par
des projets miniers d'importance. Je voudrais donner immédiatement la parole à
Priscille Trudel, qui se fait porte-parole aujourd'hui du comité des citoyens
de la zone sud de Malartic, qui vient d'être à nouveau, disons, interpellé dans
la ville de Malartic, qui vient d'être dérangée, chamboulée dans sa quiétude,
dans sa qualité de vie, par le projet d'expansion d'une grande minière qui
exploite l'or qui nous appartient. Et ensuite j'aimerais que M. Thusky, M. Michel
Thusky, qui est porte-parole pour la nation algonquine du lac Barrière... de
nous expliquer un peu la situation de sa communauté et comment, sous des beaux
discours d'acceptabilité sociale, le gouvernement actuel ne fait rien pour
s'assurer que le projet de développement minier dans la zone du lac Barrière
respecte les normes minimums mêmes du gouvernement, d'acceptabilité sociale,
qui seraient de d'abord impliquer dans les décisions, en amont, non pas après
coup, les peuples autochtones dans les décisions qui touchent leur territoire.
Alors, Priscille, s'il te plaît.
Mme Trudel (Priscille) :
Bonjour. Merci d'être présents puis merci à l'équipe de Québec solidaire de
nous appuyer dans nos démarches. Je m'appelle Priscille Trudel. Je suis
résidente de Malartic et membre du comité de la zone sud de Malartic, la zone
la plus rapprochée de la mine à ciel ouvert de Canadian Malartic. Cette zone
regroupe près de 700 maisons, de logements et de commerces, tous situés à
l'intérieur d'un rayon de 800 mètres de la mine.
Bien que nous soyons pour le développement
économique de notre communauté, nous vivons de graves problèmes de qualité de
vie à côté de cette mine. Chaque jour, la mise fait exploser en moyenne près de
180 000 tonnes de roches. Chaque jour, nos maisons vibrent à cause des
dynamitages. Chaque semaine, des quantités importantes de poussière tombent sur
nos propriétés. Chaque mois, plusieurs de nos membres se font réveiller en
sursaut durant la nuit à cause des bruits de la mine. La mine opère 24 heures
sur 24, sept jours sur sept, 365 jours par année.
Nous représentons plus de 200 familles
propriétaires, locataires et commerçants qui n'en peuvent plus de vivre à côté
de cette mine. Nous voulons quitter la ville ou nous en éloigner. Nous voulons
vendre nos maisons, mais personne ne veut les acheter à un prix qui nous
permettrait de nous relocaliser ailleurs, à Malartic ou en région. La valeur
moyenne marchande de nos maisons est la plus faible dans toute la MRC.
La minière nous offre de plus de nous
relocaliser, mais son offre ne nous permet pas de nous racheter une maison
semblable à celle que nous avons sans nous endetter de plusieurs dizaines de
milliers de dollars. C'est une offre inadéquate qui porte préjudice. Face à
cette situation, nous avons dû entreprendre des recours juridiques contre la
minière. Un recours collectif a été lancé le 1er août 2016,
puis une demande d'injonction le 15 août 2016. La demande en injonction vise à
obliger la minière à respecter, en tout temps, les lois et les normes du Québec.
La minière compte actuellement plus de 4 000 dépassements et non-respect
des normes depuis le début de l'exploitation, en 2011, principalement à cause
des bruits la nuit, de la poussière, des vibrations occasionnées par les
dynamitages.
Le rapport du BAPE a recommandé, le 5
octobre dernier, que le gouvernement revoie ses normes encadrant les mines à
ciel ouvert. Le BAPE a recommandé la mise en place de zones tampons entre les
mines, les citoyens, comme il en existe pour d'autres industries. Le BAPE a
recommandé qu'un médiateur soit nommé pour résoudre le conflit à Malartic. Le
BAPE a aussi recommandé qu'il était essentiel que la minière bonifie ses offres
aux citoyens afin qu'ils puissent se relocaliser ailleurs, en région, sans
s'endetter. Le BAPE affirme que ce sont là des conditions essentielles à
l'accessibilité sociale du projet.
En conclusion, nous sommes ici aujourd'hui
pour appuyer la motion qui sera présentée à l'Assemblée nationale du Québec.
Cette motion appelle au gouvernement du Québec de s'assurer du respect des
droits des citoyens lors du développement minier. Pour nous, l'accessibilité
sociale ne veut rien dire si les droits des personnes affectées par le projet
minier ne sont pas respectés. Le gouvernement doit intervenir à Malartic afin
d'exiger que la minière trouve un terrain d'entente entre les citoyens les plus
affectés, et ce, avant toute autorisation d'agrandissement de la mine. Merci de
votre attention.
M. Khadir
: Oui.
M. Thusky.
M. Thusky (Michel) : Oui.
Bonjour. Mon nom, c'est Michel Thusky. Je suis aussi un survivant d'une école
résidentielle de l'Abitibi-Témiscamingue.
Nous aussi, on est venus dénoncer les
actions prises par le gouvernement, d'émettre des permis de forage dans le
territoire qu'on utilise couramment, qui va affecter 80 % de notre
communauté, de nos membres. Notre vie culturelle, notre culture, est encore
très vivante, puis, avec les lois minières, l'exploitation des ressources non
renouvelables va détruire notre culture et même enterrer notre culture, qui est
encore très vivante.
C'est inacceptable de ne pas tenir compte
de vie sociale de notre propre communauté. C'est inacceptable que des
compagnies minières vont aller de l'avant avec le permis émis par le
gouvernement sans le consentement de notre communauté.
Donc, notre communauté n'a pas d'autre
choix de s'opposer à toute activité minière dans ce territoire-là parce que le gouvernement
nous a trahis, faisant semblant qu'ils sont pour l'application de ressources
renouvelables, durables sur le territoire qu'on utilise pour arrêter les
conflits qu'on vit à tous les jours dans le territoire. On est là pour proposer
un développement durable des territoires en question et non pas de détruire
notre culture.
À l'école résidentielle, j'ai appris
l'histoire du Canada. On vit le même phénomène que nos ancêtres ont vécu :
le massacre de notre culture par les projets miniers et l'exploitation des
ressources non renouvelables et scraper le futur de nos enfants. Donc, on
s'oppose complètement puis on dénonce ces actions-là prises par le
gouvernement. Merci.
M. Khadir
: Juste
résumer. Donc, en résumé, la demande qui vient des citoyens de Malartic, c'est,
de la part du gouvernement, une action d'abord pour que les citoyens et les
citoyennes qui sont mobilisés puissent obtenir une écoute de la minière, de ne
pas donner les autorisations pour l'agrandissement de la mine, ce qui va forcer
Canadian Malartic de négocier de bonne foi et de discuter de bonne foi avec les
citoyens qui sont touchés par ces activités.
Ensuite, par la communauté algonquine du
territoire du lac Barrière, la demande c'est que, si le gouvernement respecte
sa parole, qui est de chercher à intégrer le respect des droits des citoyens
des peuples autochtones à travers la notion de l'acceptabilité sociale, pour le
moment, le peuple algonquin de ce territoire dit non. C'est pourquoi nous
allons présenter une motion, à l'Assemblée nationale dans quelques... en fait,
dans moins d'une heure, qui demande au gouvernement d'honorer ses engagements
et d'enjoindre le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, M. Arcand,
d'intégrer le respect des droits des citoyens des peuples autochtones dans la
mise en oeuvre de la politique qui va découler des consultations sur le livre
vert en matière d'acceptabilité qui a été lancé en 2016.
Donc, il faut que le discours soit maintenant
accompagné d'actions. Les gens du lac Barrière disent : Un, il faut absolument
nous consulter. Nous devons prendre des décisions pour tout développement sur
notre territoire, et les citoyens de Malartic disent que la mine ne respecte
pas ses engagements. Ils sont en recours judiciaire. La première chose qu'ils
peuvent s'attendre de la part de leur gouvernement, c'est de ne pas autoriser
une minière à agrandir encore davantage son projet, alors qu'il n'est pas
capable... cette minière, cette entreprise n'est même pas capable de respecter
ses engagements actuels.
Merci de votre attention.
(Fin à 13 h 46)