(Onze heures dix-huit minutes)
M. Legault
: Oui,
bonjour, tout le monde. Donc, je veux revenir ce matin sur le scandale de la Société
immobilière du Québec. Rappelons les faits : en 2008, le gouvernement
libéral de Jean Charest a vendu trois immeubles de la SIQ, deux à Georges
Gantcheff et un à un consortium dans lequel on retrouvait Tony Accurso.
L'émission Enquête nous a révélé que les collecteurs de fonds libéraux
Franco Fava, Charles Rondeau et William Bartlett devaient recevoir des millions
de dollars en commission en lien avec ces transactions.
Or, rappelons-nous, au cours des dernières
semaines, après plusieurs questions de l'opposition, le gouvernement libéral de
M. Couillard a enfin accepté de confier un mandat à la Vérificatrice
générale. Or, on apprend ce matin, hein, dans un rapport qui nous a été envoyé,
qui semble aussi avoir été envoyé au Parti québécois, un rapport qui date du
1er octobre 2013 de la firme Accuracy, on apprend, donc, dans ce rapport, que
les libéraux étaient au courant de toute la situation. C'est noir sur blanc
dans les conclusions de ce rapport de 2013 que la SIQ a vendu trois immeubles
très en bas du prix du marché. C'est un rapport qui est accablant pour le
gouvernement libéral. M. Couillard a donc dans ses mains ce rapport depuis
qu'il est au pouvoir, donc depuis deux ans et demi.
Et on apprend aussi dans ce rapport que
les acheteurs des trois immeubles, donc M. Gantcheff et M. Tony
Accurso, se sont retrouvés en défaut de paiement sur les immeubles. Donc, les
trois immeubles, au total, ont été vendus 265 millions de dollars. Ils
avaient donné un dépôt de 53 millions, ils se sont retrouvés en défaut de
paiement sur la balance. Donc, on est dans une situation, là, où, selon un avis
juridique qui a été donné au conseil d'administration de la SIQ, on
recommandait que la SIQ reprenne les immeubles et garde le dépôt de
53 millions, ce qui aurait été une bonne affaire pour le gouvernement,
pour les Québécois.
Or, on apprend, dans ce rapport-là, que
les gens de la SIQ ont consulté des membres du Conseil exécutif, donc le ministère
du premier ministre, et, suite à cette consultation ont décidé de ne pas
reprendre les immeubles, donc privant de cette façon les Québécois de dizaines
de millions de dollars.
Donc, la question qui se pose aujourd'hui,
puis je la pose à Philippe Couillard : Pourquoi a-t-on donné une chance à
M. Gantcheff et M. Accurso? Pourquoi leur a-t-on laissé plus de temps
pour trouver l'argent? Pourquoi n'a-t-on pas encaissé le 53 millions de
dépôt et repris les immeubles, ce que tout bon homme ou bonne femme d'affaires
aurait fait? C'est ce qui était recommandé à la SIQ, au conseil
d'administration.
Et l'autre question qui est importante,
c'est : Pourquoi Philippe Couillard a caché ce document datant de 2013? Écoutez,
là, M. Couillard fait un spectacle pour nous dire il y a deux semaines :
Je vais demander qu'on vérifie toutes ces transactions-là, je donne un mandat à
la Vérificatrice générale. Il avait déjà un rapport qui, par hasard, en plus,
est signé — à l'époque, elle n'était pas Vérificatrice
générale — par la même personne à qui il vient de donner un mandat.
Et le rapport est clair : on s'est fait avoir. On s'est fait avoir dans
une transaction où Enquête a montré qu'on avait des millions de dollars
de commissions versées à des collecteurs de fonds libéraux. Pourquoi Philippe
Couillard protège-t-il toujours le Parti libéral avant de protéger les Québécois?
Les Québécois ont le droit de savoir ce matin.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. On va passer aux questions. Jean-Marc Salvet, Le Soleil.
M. Salvet (Jean-Marc) : Simplement,
j'aimerais vous inviter, M. Legault, peut-être à répondre à vos propres questions.
Vous dites : Bien, pourquoi le gouvernement a tardé? Pourquoi il a fermé
les yeux? Pourquoi on n'a pas retiré nos billes? Pourquoi, donc?
M. Legault
: Bien,
écoutez, c'est à M. Couillard à répondre. Pourquoi M. Couillard, il a
dans ses mains, depuis qu'il est premier ministre, ce rapport puis il va donner
le même mandat à la Vérificatrice générale? Pourquoi il attend les policiers?
Ça fait deux ans et demi, là, qu'il a des preuves béton qu'on s'est fait avoir.
Pourquoi il ne poursuit pas? Pourquoi il n'a pas fait annuler ces baux-là?
M. Salvet (Jean-Marc) :
Et à l'époque, pas maintenant, mais à l'époque, pour quelles raisons, selon
vous, on n'a pas retiré ces billes dans le contrat passé avec M. Gantcheff
alors qu'on le pouvait, selon la VG?
M. Legault
: La
seule raison que moi, je vois, là, c'est pour protéger le Parti libéral,
protéger les collecteurs de fonds libéraux. C'est la seule raison. Parce qu'en affaires
il n'y avait aucune raison qu'on ne saisisse pas l'immeuble puis le dépôt de 53 millions.
Il n'y avait aucune raison, puis il n'y a aucune raison pourquoi M. Couillard,
là, a caché ce rapport-là.
Puis je trouvais ça assez spécial, là — je
vois des gens du PQ qui sont ici, qui ont fait à peu près le même point de
presse, là, M. Gibeault, entre autres, qui est là — écoutez, ce
rapport-là a été déposé en octobre 2013. Qui était au pouvoir en octobre 2013?
Le PQ. Là, ils nous donnent ça deux ans et demi plus tard, le PQ, puis ils
trouvent ça scandaleux parce qu'ils ont appris que la CAQ venait faire un point
de presse à 11 h 15. Incroyable!
La Modératrice
:
Nicolas Vigneault, Radio-Canada.
M. Vigneault (Nicolas) :
De toute évidence, on sent que le combat est engagé entre vous et le Parti
québécois.
M. Legault
: Non,
écoutez, moi, ce matin, là, ma grande inquiétude, là... Parce que c'est le
Parti libéral qui a profité de ça, là, c'est des collecteurs de fonds libéraux.
Puis la transaction, en 2008, qui a été faite tout croche, en bas de la valeur
du marché, là, ça a été fait par le Parti libéral. Donc, les principaux que
j'attaque aujourd'hui, c'est le Parti libéral. Je suis juste surpris de voir le
PQ s'étonner, deux ans et demi plus tard, du scandale libéral.
M. Vigneault (Nicolas) :
Qu'est-ce que vous demandez, à ce moment-là, au gouvernement actuellement en
place, à savoir, outre de répondre aux questions, est-ce qu'on devrait aller en
commission, entendre Monique Jérôme-Forget? C'est la demande que fait notamment
le Parti québécois. De votre côté...
M. Legault
: Bien,
écoutez, moi, je pense que Philippe Couillard doit nous dire pourquoi il a caché
le rapport. C'est grave, là. Pourquoi il a caché le rapport? Pourquoi il nous
fait croire qu'il a besoin d'un rapport de la Vérificatrice générale alors
qu'il y en a déjà un qui est signé par la même personne, qui vient démontrer
qu'on a vendu les immeubles en bas du prix du marché? Est-ce que Philippe
Couillard est encore digne d'être premier ministre du Québec? Pourquoi il a
caché ça, là? On a le droit à une réponse aujourd'hui. Pourquoi il a caché ce
rapport d'octobre 2013?
La Modératrice
: Merci.
Robert Dutrisac, Le Devoir.
M. Dutrisac (Robert) :
Oui, j'aimerais que vous répondiez à M. Lisée, qui dit que vous devriez
avoir l'honnêteté d'avouer que vous faites partie, vous aussi, de l'élite.
M. Legault
:
Écoutez, là, ce que j'ai dit puis ce que je répète, c'est qu'on a une certaine
élite, au Québec, qui est très loin des préoccupations des Québécois. J'inclus
M. Lisée et M. Couillard, qui ne veulent pas avoir de baisse d'impôt
pour la classe moyenne, qui sont très loin des préoccupations des Québécois.
Puis, vous savez, M. Lisée, là, quand
on habite une maison de verre, on ne lance pas de roche à son voisin. Parce que
c'est mon voisin, à Outremont.
M. Dutrisac (Robert) : C'est
ça, mais est-ce que vous admettez que vous faites, vous aussi, partie de
l'élite, comme il le dit?
M. Legault
:
Écoutez, moi, ce que je dis, là, c'est que je viens d'un milieu populaire, j'ai
emprunté 50 000 $, en cachette de ma mère, à une caisse populaire
pour me lancer en affaires, puis ça a fonctionné. Donc, je n'ai aucune gêne, je
suis fier de ce que j'ai fait avec Air Transat. Et je suis resté proche des
préoccupations des Québécois, puis, oui, je pense que les gens de la classe
moyenne ont de la difficulté à arriver, puis, oui, ils ont besoin d'avoir un
peu d'oxygène. On a besoin de baisser les impôts. On ne comprend pas que M. Gibeault
ne comprenne pas ça derrière, là.
La Modératrice
:
Marc-André... Ah! est-ce qu'il y avait une autre question?
M. Dutrisac (Robert) :
Peut-être, sur le dossier, là... Bon, je comprends...
M. Legault
: Je
sais qu'il veut prendre des notes sur ce qu'on dit, là, mais c'est correct.
M. Dutrisac (Robert) :
...on veut une commission parlementaire pour faire asseoir les gens, les
principaux protagonistes dans cette affaire-là. Il y a des choses assez
troublantes, vous pensez, dans ce rapport-là?
M. Legault
:
Écoutez, là, c'est un rapport accablant contre le gouvernement libéral qui a
été tenu secret depuis octobre 2013. Moi, là, si j'avais vu ce rapport-là,
là... Puis, dès que je l'ai vu hier, j'ai annoncé un point de presse ce matin à
11 h 15, puis le PQ en a annoncé un à 10 h 45. Mais c'était
le PQ qui était là en octobre 2013.
M. Dutrisac (Robert) :
Mais, si le gouvernement était allé de l'avant, avait repris ses billes de
53 millions, là, est-ce que ça aurait, comment dire, mis en faillite ou
risqué la faillite de ces deux entreprises-là? Je parle de d'Accurso puis
Gantcheff.
M. Legault
: Écoutez,
regardez bien ça, là, on vend des immeubles à 265 millions, à peu près une
quarantaine de millions en bas du marché. Ce qu'on aurait pu faire, c'est de
garder le 53 millions puis revendre les immeubles une deuxième fois parce
qu'il y avait plusieurs soumissionnaires. Donc, on aurait été gagnants, puis
c'est ce qu'un homme d'affaires aurait fait, c'est ce que le conseiller
juridique de la SIQ a suggéré au conseil d'administration de la SIQ.
M. Dutrisac (Robert) :
Mais qui a pris la décision?
M. Legault
:
Pardon?
M. Dutrisac (Robert) :
Qui a pris la décision? Est-ce que c'est le conseil d'administration? Est-ce
que c'est le Conseil exécutif?
M. Legault
: Bien,
c'est tout de suite après une rencontre avec les membres du Conseil exécutif de
Jean Charest. Donc, le ministère de Jean Charest a rencontré les gens de la SIQ,
et là les gens de la SIQ ont changé d'idée puis ont décidé de ne pas rapatrier
les immeubles puis garder le dépôt.
M. Dutrisac (Robert) :
Est-ce que ce sont ces gens-là qu'il faut entendre, je veux dire, les gens qui
ont pris la décision au Conseil exécutif?
M. Legault
:
Écoutez, moi, la première chose que je veux, là, c'est que Philippe Couillard
nous dise ce qu'il en pense, hein, qu'il nous dise, là : Bon, je vais
arrêter de protéger Jean Charest, là, j'ai lu le rapport, ça n'a pas de bons
sens ce que Jean Charest a fait en 2008. O.K.? Qu'il me dise ça. Ensuite, qu'il
me dise : Je m'excuse, je l'ai dans mes mains depuis deux ans et demi, le
rapport qui montre ce qui est arrivé entre Jean Charest et puis M. Gantcheff,
M. Accurso, j'aurais dû le rendre public, je m'excuse, là. J'aurais dû
vous le donner il y a deux ans et demi, je n'aurais pas dû vous dire que je
vais donner le même mandat à la Vérificatrice générale.
La Modératrice
:
Marc-André Gagnon, Le Journal de Québec.
M. Gagnon (Marc-André) :
Vous répétez depuis tout à l'heure que le Parti libéral a caché ce rapport-là.
Vous écorchez au passage le Parti québécois. En clair, est-ce que vous accusez
aussi le Parti québécois d'avoir caché ce rapport-là? C'est quand même écrit
«confidentiel».
M. Legault
: Oui,
bien, écoutez, il faut poser la question, là. Il y a eu des changements à la
direction de la SIQ, là, donc il faut demander à M. Gibeault, il est juste
là, il était au ministère des Finances. Il écoute nos points de presse parce
qu'il veut aider son chef, mais, écoutez, il faut leur demander la question,
là. Mais une chose qui est sûre, c'est qu'il y a eu des discussions entre le Conseil
exécutif de Jean Charest et les membres de la SIQ. Donc, écoutez, moi, je
prends pour acquis que Jean Charest le savait. Puis il me semble qu'avant
d'engager de l'argent dans un mandat à la Vérificatrice générale, j'aurais été
voir si on n'a pas déjà donné le même mandat avec l'autre gouvernement libéral
avant.
M. Gagnon (Marc-André) :
Vous avez déjà été aux Finances, dans plusieurs ministères. Quand vous recevez
un rapport confidentiel, est-ce qu'il est de bon aloi de le rendre public?
M. Legault
: Bien,
écoutez, d'abord, je sais que tout le monde pense ça, mais je n'ai jamais été ministre
des Finances, donc je n'ai pas eu ce plaisir-là. Mais je crois que, suite à
l'émission Enquête, hein, où on a vu que 2 millions de dollars
devaient être versés en commission à Franco Fava, Charles Rondeau et William
Bartlett, il me semble que, si j'avais été ministre des Finances, j'aurais été
poser quelques questions à la SIQ, puis j'aurais sûrement découvert ce
rapport-là de 2013, et j'aurais sûrement dit : Bien, voyons donc, là, on a
la preuve, la preuve qu'on s'est fait avoir. On a vendu les immeubles en bas du
prix du marché. On aurait pu reprendre les immeubles, on ne l'a pas fait. Puis
c'est écrit là-dedans, là. Il y a eu des consultations entre les membres du
Conseil exécutif puis des membres de la SIQ. C'est écrit. Si on le lit comme il
le faut, là, ce que le rapport nous dit, c'est le Conseil exécutif.
M. Gagnon (Marc-André) :
Juste pour revenir sur M. Lisée, les flèches qu'il vous a lancées par
rapport à votre propriété, qui vaut près de 5 millions de dollars. Avec ce
qu'on apprend ce matin, est-ce qu'on ne se retrouve pas un peu dans le rôle de
l'arroseur arrosé?
M. Legault
: Bien
oui, mais M. Lisée, là, ce n'est pas la première fois puis la dernière
fois que ça va lui arriver, là. Écoutez, je le connais depuis longtemps, là,
Jean-François. Il tire plus vite que son ombre. À un moment donné, il manque
son coup souvent, là. Puis, écoutez, des attaques personnelles, là, je ne pense
pas que c'est une bonne idée.
M. Gagnon (Marc-André) :
Vous trouvez ça regrettable qu'il aille dans cette zone-là?
M. Legault
: Je
trouve ça regrettable, oui, oui. Moi, je pense que ce qui est important au Québec,
là, c'est de rester proche des préoccupations des Québécois. C'est ce que
j'essaie de faire.
La Modératrice
: Merci.
Peut-être, juste avant de reprendre une question, finir avec Philippe-Vincent
Foisy, Cogeco.
M. Foisy (Philippe-Vincent) :
Oui, bonjour. Mme Thériault, tantôt, disait : Il n'y a pas de
problème avec des candidates en tchador. Est-ce que, pour vous, il pourrait y
avoir une candidate en tchador à la CAQ?
M. Legault
: Moi,
j'ai un problème avec ça, oui. Et je suis surpris, encore là, du virage de M. Couillard.
Je ne sais pas s'il s'inspire de M. Lisée, mais, écoutez, M. Couillard
a déjà dit, textuellement, que le tchador, c'était un vêtement qui démontrait
la soumission de la femme face à l'homme. Non, je ne veux pas de ce genre de
symboles parmi les députées de la CAQ.
M. Foisy (Philippe-Vincent) :
Ça prend une loi ou un règlement dans chaque parti?
M. Legault
: Bien,
ça commence par des bons réflexes puis un bon jugement. Quand je regarde
comment Philippe Couillard a réagi sur la nomination possible à la francophonie
d'un représentant de l'Arabie saoudite, là, j'ai un sérieux problème avec son
jugement puis ses réflexes politiques, là. Avant de parler de n'importe quelle
loi, là, il y a une question de gros bon sens.
M. Foisy (Philippe-Vincent) :
Puis Mme Thériault dit que les femmes choisissent elles-mêmes de se
retirer ou de s'exclure de la société en portant le tchador, que c'est leurs
choix à elles. Vous pensez quoi de ces propos-là?
M. Legault
: Bien,
écoutez, Mme Thériault a dit qu'elle n'était pas féministe, là elle est
rendue féministe, là elle est pour le tchador, probablement que demain elle va être
contre le tchador, là. Écoutez, difficile à suivre.
La Modératrice
: Alain
Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour à tous. Dans le journal ce matin, on apprend, entre autres, qu'il y a
un rapport qui fait état de ce qu'on savait déjà, les problèmes dans les CHSLD.
Ça devait être des CHSLD qui fonctionnent très bien. Deux gériatres ont fait
une sortie hier en disant qu'il y a un problème, que les patients en CHSLD ne
peuvent pas avoir de médecin de famille, donc on les envoie à l'urgence. Et
Paul Brunet, de l'association provinciale des malades, a dit ce matin : On
va adopter une loi sur la maltraitance, qui a été déposée il y a quelques
semaines, on devrait peut-être poursuivre le gouvernement pour maltraitance. Trouvez-vous
que c'est la voie?
M. Legault
: Bien,
écoutez, c'est gênant, la façon dont on traite nos aînés au Québec. C'est vrai
pour les couches, c'est vrai pour les repas. Quand je vois qu'il y a une
chicane entre deux hôpitaux, deux établissements à Québec qui empêche de donner
des bons services à nos aînées, c'est gênant. Je pense que le Dr Barrette,
là, au lieu d'essayer de se sentir la victime, il devrait agir. C'est lui qui
est le ministre de la Santé, c'est lui qui nous a mis devant cette situation
totalement inacceptable pour nos aînés qui ont bâti le Québec.
M. Laforest (Alain) :
Vous avez été ministre de la Santé. La gériatre nous dit hier : Ça fait
27 ans que je suis gériatre, ça fait 27 ans que les aînés sont
parents pauvres.
M. Legault
: Oui,
bien, écoutez, j'ai essayé, pendant l'année où j'ai été ministre de la Santé,
d'ajouter des ressources, entre autres en première ligne, entre autres dans les
CHSLD. Il faut continuer le travail, ce ne sera jamais fini, mais il faut s'assurer
que, dans chaque CHSLD au Québec, on donne des services impeccables à tous nos aînés.
La Modératrice
: Merci.
Alexandre Robillard, LaPresse canadienne.
M. Robillard (Alexandre) :
Bonjour, M. Legault. M. Lisée dit que vous faites partie de l'élite
financière. Qu'est-ce que vous répondez à ça?
M. Legault
: Écoutez,
ce que j'ai dit, c'est qu'il y a une certaine élite au Québec qui est loin des préoccupations
des Québécois. Moi, je considère que je suis proche des préoccupations des Québécois.
Oui, les Québécois sont étouffés dans la classe moyenne, ont de la difficulté à
arriver et ont besoin d'une baisse d'impôt. M. Couillard puis M. Lisée
pensent que non. Donc, il y a beaucoup de définitions au mot «élite», mais être
loin des...
M. Robillard (Alexandre) :
Mais je vous écoute, vous dites «une certaine élite». Vous la définissez
comment?
M. Legault
:
...être loin des préoccupations des Québécois, là, ce n'est pas moi, là.
M. Robillard (Alexandre) :
Mais est-ce que vous faites partie de l'élite financière?
M. Legault
: Oh! écoutez,
là, je ne veux pas commencer à faire des guerres de mots, là.
M. Robillard (Alexandre) :
Mais vous... juste dire oui ou non, là.
M. Legault
: Bien,
je ne veux pas...
M. Robillard (Alexandre) :
C'est ce que M. Lisée dit, là.
M. Legault
: Oui,
ce que je dis, là, c'est qu'il y a une certaine élite qui est loin des préoccupations
des Québécois, puis j'inclus M. Lisée et M. Couillard, et je ne
m'inclus pas là-dedans.
M. Robillard (Alexandre) :
Mais pourquoi vous êtes mal à l'aise?
M. Legault
: Bien,
écoutez, il y a plusieurs définitions à ce mot-là, là, et...
M. Robillard (Alexandre) :
Mais êtes-vous mal à l'aise de faire partie de l'élite financière?
M. Legault
: Écoutez,
je ne suis pas mal à l'aise d'avoir emprunté 50 000 $, d'avoir
investi dans la compagnie Air Transat puis de l'avoir vendue une dizaine de
millions, là. Je suis fier de ce que j'ai fait chez Air Transat. Si ça, c'est
un succès économique, financier, bien, j'en suis fier.
La Modératrice
: Merci.
Hugo Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo) :
Bonjour, M. Legault. Concernant les élections partielles à venir lundi
prochain, quelle importance devra-t-on accorder aux résultats, selon vous?
M. Legault
: Bien,
écoutez, quand on regarde le portrait, en 2014, des quatre circonscriptions, il
y en avait une de détenue par la CAQ, deux par le PQ, une par le Parti libéral.
Évidemment, moi, ce que j'aimerais, c'est d'abord protéger celle qu'on avait en
2014. J'aimerais ça être capable de faire un gain dans une des trois autres
circonscriptions. Actuellement, ça va bien, ça va bien. Je pense que les gens
en ont assez des zigzags du PQ, en ont assez de la corruption libérale. Donc,
ça va bien sur le terrain, notre message passe bien.
M. Lavallée (Hugo) : Dans
Arthabaska, jusqu'à quel point est-ce que le Parti conservateur du Québec est
un adversaire pour vous? On a vu qu'ils sont très proactifs.
M. Legault
: Je
pense que c'est très minime, là. Ça va être beau s'ils vont chercher 1 %.
La Modératrice
: Merci.
Nicolas Vigneault, Radio-Canada.
M. Vigneault (Nicolas) :
M. Legault, il y a des informations, maintenant, qui sortent également
concernant la vente de Place Québec. Ce qu'on apprend, c'est que les
contribuables québécois ont payé plus de 100 000 $ à Heenan Blaikie,
notamment, là, en frais de location de bureaux. Comment vous réagissez à tout
ça?
M. Legault
: Bien,
c'est troublant, c'est inquiétant, mais je l'ai appris juste avant de venir en
point de presse. Encore là, je pense que les libéraux doivent des réponses aux
Québécois.
M. Vigneault (Nicolas) :
Vous avez l'impression que les Québécois se sont fait avoir dans tout ça, là.
M. Legault
: Bien,
écoute, on a au moins, là, un rapport très clair signé par Mme Leclerc,
là, qui est actuellement Vérificatrice générale, qui dit : Les Québécois
se sont fait avoir sur le prix, ils se sont fait avoir aussi en ne reprenant
pas les immeubles suite au défaut de paiement. Puis on a appris par Enquête que
MM. Fava, Rondeau et Bartlett devaient recevoir des commissions de
2 millions de dollars. Donc, ça, on le sait, puis j'ai l'impression qu'il
y a beaucoup de choses qu'on va apprendre dans les prochaines semaines, en
plus.
La Modératrice
: On va
prendre une dernière question en français. Alexandre Robillard.
M. Robillard (Alexandre) :
M. Legault, je m'excuse, là, je suis en rappel parce que...
M. Legault
: Bien,
écoutez...
M. Robillard (Alexandre) :
...non, mais j'ai juste besoin d'une précision parce qu'il semble que je n'ai pas
bien compris une de vos réponses à mes questions. Donc, ce que votre entourage
me dit, c'est que ce que vous nous avez dit aujourd'hui, c'est que vous
considérez ne pas faire partie de l'élite financière.
M. Legault
: Bien,
écoutez, selon ma définition à moi, là, non, je ne me fais pas partie de
l'élite.
M. Robillard (Alexandre) :
De l'élite financière?
M. Legault
: Bien,
écoutez, on va-tu commencer à mettre des qualificatifs?
M. Robillard (Alexandre) :
Non, mais regardez...
M. Legault
:
L'élite financière d'un gars qui vient de Sainte-Anne-de-Bellevue...
M. Robillard (Alexandre) :
Là, je suis désolé, M. Legault...
M. Legault
: ...il
n'y en a pas d'autres à Sainte-Anne-de-Bellevue, là. Donc, c'est quoi, élite? C'est
les premiers...
M. Robillard (Alexandre) :
...en tout respect, par souci de clarté pour les gens qui vont...
M. Legault
: Je ne
veux pas embarquer dans ces définitions-là.
M. Robillard (Alexandre) :
...mais votre entourage.
M. Legault
: Ce
que je vous dis, c'est que je ne fais pas partie de l'élite. Bon. Bien,
écoutez...
M. Robillard (Alexandre) :
On me dit que vous m'avez dit aujourd'hui ne pas faire partie de l'élite
financière. Donc, c'est juste oui ou non.
M. Legault
: Bien,
écoutez, a priori, selon ma définition à moi, là, non.
M. Robillard (Alexandre) :
Merci beaucoup.
M. Chouinard (Tommy) : Mais
c'est quoi, votre définition de l'élite?
Des voix
: Ha, ha, ha!
Mme Roy
: Ça
commence où puis ça finit où, tu sais?
M. Chouinard (Tommy) :
Vous dites, c'est votre définition.
Mme Roy
: Les
citoyens décideront.
M. Legault
: Bien,
une élite, c'est quelqu'un qui est déconnecté de la base, puis, moi, je pense
que je suis proche des préoccupations du peuple. Je viens du peuple, hein, je
viens de Sainte-Anne-de-Bellevue, dans un milieu populaire. Et mes amis
viennent encore d'un milieu populaire, la plupart, et donc je ne les regarde
pas de haut.
La Modératrice
:
Questions en anglais. Ryan Hicks, CBC.
M. Hicks (Ryan) : Hello. What questions does this report raise for you?
M. Legault
:
O.K. First, this report has been tabled on October 2013. So, what we can read
in this report is, first, the three buildings sold in 2008 by Jean Charest,
were sold under the market value. Second, we had a chance, at the end of 2008,
to take back those buildings and keep the deposit of $53 million. We
didn't do so, but we can read here that there were some consultations with the
Ministry of Jean Charest, the «Conseil exécutif», and then they decided not to
take back as it was suggested by the lawyers of the
SIQ. So, what I say today and my big question to Mr. Couillard is : How
come he didn't table this report before? He gave a mandate to the General Auditor
to do the same work that has been done by the same person because, by the way,
it was done by Guylaine Leclerc. So, why is that? Why is he trying to protect
the Liberal Party before the Quebeckers' interests?
M. Hicks (Ryan) : OK. I wanted to go back to the add that your party released on
Thursday which shows a woman in a chador. And we found out that that picture is
not of a woman in a chador in Québec, it's of a woman in a chador in Syria and we also know that there
aren't many women in Québec
that wear a chador. So, don't you think that you're
misleading Quebeckers with that kind of add?
M. Legault
:
A chador is a chador, hein, so, in Syria or in Québec, it's the same chador.
They may be in different colors but it's the same chador. Mr. Couillard
said clearly that the chador represents the submission of women. And I think people
like teachers should not wear a chador. Until Thursday, Mr. Lisée thought
that we cannot banish any religious sign for teachers. He changed his mind.
Mr. Couillard still thinks that a teacher can wear a chador, or a hijab,
or whatever religious sign. I think these people are in an authority position
and they should not wear a sign, a religious sign. So, it's clear, and I think
people, they have to understand that.
M. Hicks (Ryan) : When the election comes up in 2018, are we going to see more adds like
that from your party?
M. Legault
:
I think that we have two main priorities at the CAQ : to be proud and to
be richer. So, we'll talk about both. I think it's important we protect our
values in Québec but it's important also that we get richer. So, I think that
those two priorities are important. We want these two priorities to be done
within Canada, it's important to reiterate that. But I think that people from
the English community tell me that, them also, they want us to protect values
in Québec and that equality between men and women, it's important in Québec.
So, I think we have to do and take action. And Mr. Charest, Mrs. Marois and now Mr. Couillard, they didn't act since
the Bouchard-Taylor report.
La Modératrice
: Maya Johnson, CTV.
Mme Johnson (Maya) : Hello, Mr. Legault. Four upcoming by-elections in addition to
a series of others since the last general election in April 2014 at a cost of
about $500,000 per by-election, do you think it's fair to taxpayers when it's
just a question of elected officials who decide that they don't want to do the
job anymore?
M. Legault
: Yes, but I think that there are many, many reasons why somebody would
decide that he or she is not able anymore to do the not easy job of being an
MNA. So, I think we have to respect that. We decided, all parties together, to
cut premiums that are given when it happens, but I think that it's the price to
pay for the democracy.
Mme Johnson (Maya) : But you don't see certain situations as maybe less reasonable than
others? I mean health reasons, for example, are understandable, but what if
someone just decides to go into the private sector and to make more money?
M. Legault
: You can have also mental health reasons not to be able to continue.
So, it's tough to define exactly what is the reason. But it's a tough job, you
have to be dedicated on nights, on weekends. If you don't have the motivation,
I think it's better for everybody to have somebody else.
La Modératrice
: Raquel Fletcher, Global.
Mme Fletcher (Raquel) : Good morning. Do you have any concerns about how the Government is
handling the welcoming or the resettling of Syrian refugees? It's been quite a
while since we've heard about that, almost a year, and last we heard they were
having trouble finding homes and shelters for them. You've spoken a lot in the
last week about immigration, but we haven't heard your party much about the
refugees.
M. Legault
: Yes. I think it's important and that's why we say, instead of
receiving 50,000 immigrants, we should receive 40,000 with the same resources.
So, it means that we have to do a better job to help to find a job, a home,
learn French. We have to put more emphasis because, like you, I hear that often
people, and including Syrians, don't receive all the help that they should get.
Mme Fletcher (Raquel) :OK. With that 40,000, then, allow more
flexibility to potentially accept more refugees if the situation got the point
where Canada needed to help more refugees?
M. Legault
:
I think we have to be open. Of course, we have to have some criteria. I would
like that they have the same values than we have, that they'll be ready to
learn French. So, I think these are the kind of criteria we should use. Thank you. Merci tout le monde.
(Fin à 11 h 48)