(Dix heures trente et une minutes)
M. Lisée
: Bonjour. Ce
matin, on a des éléments nouveaux importants à vous révéler au sujet du plus
grand scandale immobilier au Canada, scandale immobilier libéral autour de la Société
immobilière du Québec. Comme vous le savez, l'émission de Radio-Canada Enquête
avait mis la main sur un rapport du groupe Accuracy qui a dévoilé un
certain nombre de choses. Or, ce rapport a un jumeau, un jumeau au 1er octobre
2013, dont nous avons obtenu copie et qui fait le fil des événements ayant
conduit à ce gâchis énorme. Je signale que ce rapport est signé par
l'actuelle Vérificatrice générale, Mme Guylaine Leclerc, qui était, à l'époque,
à cette entreprise, ce qui donne encore plus de crédibilité.
Agnès va vous faire le fil des événements,
mais je vais vous donner, disons, la bande-annonce. Qu'est-ce qu'on apprend? On
apprend que la vente de deux des trois immeubles à Gantcheff et compagnie... D'abord,
Gantcheff a été favorisé. Il n'a pas offert la meilleure offre, la meilleure
soumission. Il avait des informations que les autres soumissionnaires n'avaient
pas, sur la durée des baux en particulier, mais la SIQ aurait pu choisir quelqu'un
qui faisait une meilleure offre. Ensuite, Gantcheff était incapable de payer.
Il devait, selon l'entente, payer la totalité des montants pour les deux
immeubles le 31 mars 2008. Il a raté son paiement. Ils l'ont étendu au 30
septembre 2008, il a raté son paiement. Au 15 décembre 2008, il l'a raté. Au 30
avril 2009, il l'a raté. Il a finalement payé une bonne partie le 8 juillet
2009 et la totalité le 2 novembre 2009, soit un an et demi après ce qui avait
été convenu.
Pourquoi est-ce important? Parce que le conseil
d'administration de la SIQ dit : Ah! avec défaut de paiement, je peux
reprendre les immeubles. Et ça tombe bien parce qu'une autre évaluation lui dit :
Si vous reprenez les immeubles, en fait, vous pouvez les revendre avec au moins
42 millions de dollars de profit. Et c'est d'ailleurs ce que Gantcheff dit
lorsqu'il cherche du finalement : Savez-vous, mes immeubles, ils ont une
valeur de 40 millions de plus que ce pour quoi je suis en train de les
acheter.
Il y a une autre clause qui dit que, si
Gantcheff n'est pas capable de payer, en fait, les paiements qu'il a déjà
faits, la SIQ peut les garder. Ça, c'est 53 millions. Alors, ce que ce
rapport dit, c'est qu'à plusieurs moments, pendant un an et demi, la SIQ aurait
pu reprendre les immeubles, les garder ou les revendre et faire, pour les Québécois,
un profit jusqu'à 100 millions de dollars.
Alors, la question se pose : pourquoi
la SIQ refuse de faire un profit qui peut aller jusqu'à 100 millions? Et c'est
là que le rapport est très intéressant. Le conseil d'administration, qui a tous
les pouvoirs en la matière, dit : Il faut quand même en parler aux
représentants politiques. Les membres du conseil d'administration s'aperçoivent
qu'ils n'ont pas l'entière latitude pour agir pour le bien commun. Et là une
rencontre est organisée avec Gantcheff, des représentants du ministère du premier
ministre, le Conseil exécutif et le ministre des Finances de l'époque, Monique
Jérôme-Forget. Dans la pièce : Monique Jérôme-Forget, Gantcheff et des
représentants du Conseil exécutif. Alors, ça, c'est très, très surprenant parce
qu'on a entendu Mme Jérôme-Forget dire que ça ne l'intéressait pas, qu'elle ne
s'en occupait pas. Et là ensuite, par une volonté inexplicable, la SIQ, alors
que le conseil d'administration était favorable à reprendre les immeubles et à
les revendre autrement, bien, la SIQ a finalement fait une entente avec
Gantcheff pour qu'il puisse prendre tout le temps nécessaire à trouver les sous
et acquérir les deux immeubles.
Une question se pose : Pourquoi
fallait-il monter au ministère de Jean Charest et à la ministre Jérôme-Forget
pour prendre cette décision? C'est une décision de location ou d'achat et de
rachat. Et deuxièmement, que se serait-il passé, si ça n'avait pas été
Gantcheff qui avait fait la transaction? Selon l'émission Enquête, ce
qui se serait passé, c'est que les 7 millions de dollars de commission donnés
par Gantcheff à William Bartlett, qui est un solliciteur libéral, n'auraient
pas été versés. Donc, l'annulation de cette transaction, qui a été possible à
plusieurs moments, aurait conduit à l'absence d'une commission de 7 millions à
un solliciteur libéral.
Y a-t-il lien de cause à effet entre les
deux? C'est ce que l'enquête doit démontrer, mais c'est sûr que ce serait la
conséquence factuelle. Ce qui est extraordinairement troublant dans ce rapport
qui passe, jour après jour, ce qui s'est passé, c'est la volonté politique
ferme que le contrat ne s'applique pas correctement et que l'intérêt public
cède le pas à une bizarre nécessité que ça soit absolument Gantcheff qui ait la
propriété de ces immeubles. Agnès.
Mme Maltais : Cet après-midi,
nous déposerons, à la période de questions, le rapport, mais voici quelques
points importants qui nous amènent à vous aviser ce matin de la trame des
événements. Nous apprenons dans ce rapport que, selon la lettre d'intention
distribuée aux acheteurs potentiels, les soumissionnaires avaient l'obligation
de payer comptant pour les immeubles.
Or, les acheteurs retenus n'ont pas
respecté cette condition et n'ont pas été en mesure de fournir le paiement complet
au moment prescrit et même, comme le disait M. Lisée, à plusieurs moments
prescrits. Il y a eu report d'échéance et d'échéance.
À ce moment et à tout moment, la SIQ avait
la possibilité de reprendre les trois édifices tout en conservant les paiements
partiels effectués par l'acquéreur. Il y en avait 53 millions de dollars de
paiements déjà d'effectués. Cette possibilité est confirmée par un avis
externe. En plus du rapport Accuracy, il y avait un autre rapport qui
confirmait... un avis juridique qui confirmait qu'on pouvait, à tout moment, reprendre
les immeubles avec leur valeur ajoutée, 42 millions plus le 53 millions qui
était déjà versé.
Accuracy rapporte donc que le gouvernement
aurait pu conserver des paiements de 53 millions, voilà, ce que je viens de
vous dire, donc à peu près un total de 100 millions. La firme comptable conclut
que la SIQ aurait pu reprendre les immeubles quand les acquéreurs étaient en
défaut et elle ajoute : «D'un point de vue purement financier, récupérer
ces immeubles aurait été une bonne décision». La décision financière à prendre,
c'était de récupérer les immeubles.
Le comité de vérification du C.A. de la
SIQ a recommandé que des procédures légales soient entamées en ce sens. Le C.A.
a approuvé cette recommandation, mais aucune suite n'a été donnée pendant des
mois. Selon le procès-verbal du C.A. de la SIQ du 16 décembre 2008, alors que
Gantcheff est en défaut depuis des mois : «Les membres du C.A — et
je cite — considèrent qu'il est important de rencontrer le
gouvernement et les autres instances politiques pertinentes afin de les
informer des différents choix par rapport aux trois immeubles.»
Procès-verbal du C.A. du 18 décembre 2008,
je cite toujours : «Le ministère des Finances était au fait que les soldes
des prix de vente n'étaient pas encore payés.» Ministre des Finances, Monique
Jérôme-Forget. Procès-verbal du C.A. du 6 janvier 2009 : «Ce n'est qu'à la
suite, un — parce qu'il y a trois rencontres possibles, en fait, qui
vont se faire, mais il y a trois rencontres, mais la première — de la
rencontre avec le ministre, les représentants du conseil exécutif et Georges
Gantcheff que le C.A. pourra se réunir et statuer sur l'acceptation ou non de
la proposition de l'acquéreur et sur les actions à entreprendre.» Le ministre
est Monique Jérôme-Forget.
Procès-verbal du C.A. du 12 février 2009 :
«Le C.A. entérine la décision du comité de vérification d'exercer des recours légaux
après avoir fait le point sur les discussions.» Et rien n'est fait, et
l'essentiel du montant ne sera payé qu'en juillet, soit presqu'un an, même un
peu plus d'un an, après la première échéance.
Les questions que nous nous posons sont
celles-ci : D'abord, pourquoi, au départ, Georges Gantcheff a-t-il été
privilégié puisque, dans le rapport, le premier rapport de la firme Accuracy,
nous apprenons qu'il y a eu, après l'appel d'offres, des bénéfices accordés qui
en auraient fait non pas le premier... le meilleur soumissionnaire, mais un
deuxième ou troisième?
Deuxièmement, pourquoi se priver de
100 millions de dollars? C'était la bonne décision financière à prendre.
Pouquoi l'acquéreur a-t-il eu droit à des accommodements tout au long de la
discussion? Pourquoi autant d'accommodements avec un acquéreur? Pourquoi Mme
Monique Jérôme-Forget a-t-elle dit à Enquête qu'elle ne savait rien...
mais pourquoi, à ce moment-là, les procès-verbaux nous apprennent-ils qu'elle
était au courant tout le long du processus et même qu'il y aurait eu une
rencontre, d'après ce qu'on comprend, avec M. Gantcheff et, je répète, des
représentants du Conseil exécutif, donc du bureau du premier ministre?
Selon l'émission Enquête,
7 millions de dollars ensuite auraient été versés par Georges Gantcheff à
William Bartlett. Quelle est l'importance de ce versement dans les décisions
qui ont été prises et, enfin, pourquoi? Pourquoi toute cette histoire? Quel est
le lien avec les collecteurs de fonds du Parti libéral?
La Modératrice
: Merci.
On va maintenant passer à la période de questions. Comme vous êtes nombreux, je
vous demanderais de poser une question et une sous-question. Micro de droite,
M. Salvet du Soleil.
M. Salvet (Jean-Marc) :
Bonjour, M. Lisée. Bonjour, Mme Maltais. Est-ce que ce vous nous dites ce
matin, c'est que ces détournements ont été approuvés par les plus hautes
instances politiques du Québec?
M. Lisée
: Ce qui nous
trouble... Nous, on reste proches des faits et proches de ce qui est écrit ici,
O.K.? Donc, notre connaissance est celle de la Vérificatrice générale actuelle
lorsqu'elle était vérificatrice dans ce cas. Elle dit : Les membres du
conseil d'administration, sur un dossier qui leur appartient complètement,
disent : Il faut en référer aux instances politiques pertinentes. Pourquoi?
On se pose la question.
Ensuite, le ministère des Finances est au
courant d'une transaction de la SIQ. Pourquoi? La ministre des Finances est
présente avec Gantcheff, dans la même pièce, et quelqu'un qui représente Jean
Charest. Pourquoi? Le rapport nous dit que la bonne gestion financière de ce
dossier nécessitait de sortir Gantcheff du dossier, de reprendre les immeubles
et de les revendre à profit. Ça n'a pas été fait. Pourquoi?
M. Salvet (Jean-Marc) : J'ai
compris. Donc, ce rapport est signé par Mme Leclerc. Est-ce que vous êtes
rassuré de ce que le gouvernement ait donné son appui au fait que Mme Leclerc, aujourd'hui
Vérificatrice générale du Québec, va faire toute la lumière là-dessus, parce
qu'elle en connaît un bout, hein? Est-ce que vous êtes totalement rassuré
maintenant? Vous vous dites : Oui, on va tout savoir en bout de ligne?
Mme
Maltais
:
Mme Leclerc va vérifier les baux. Elle vérifiera plus large, mais il y a quelque
chose là-dedans que nous ne savions pas et sur lequel nous interpellons le
gouvernement : Qui sont les responsables politiques? Comment se fait-il
que le bureau du premier ministre était au courant, que Monique Jérôme-Forget
dit qu'elle ne savait rien alors que, selon ces procès-verbaux, on peut lire
tout à fait... on peut comprendre qu'elle savait qu'il y avait eu des
rencontres?
À cela, je ne peux pas croire que le
gouvernement, qui nous dit depuis le début qu'il n'a rien à voir là-dedans, que
c'est du passé... À cela, je ne peux pas croire que depuis le début, le
gouvernement n'a fait aucune vérification. Il continue à nous répondre et à
nous faire la sourde oreille.
M. Salvet (Jean-Marc) : Mais
vous avez confiance dans le fait que Mme Leclerc pourra éclairer également ce
dont elle a fait état elle-même...
Mme
Maltais
:
Sur l'administration, sur l'administratif. Le niveau politique...
M. Salvet (Jean-Marc) : Mais
il y a toujours une marge de manoeuvre quand même qu'exerce un vérificateur
général.
M. Lisée
: Ce qu'Agnès
dit à l'Assemblée nationale depuis quelques semaines, c'est que nous avons
gagné que la Vérificatrice générale regarde l'ensemble des transactions. Ça,
c'est un gain du Parti québécois. On est très contents. Que l'UPAC fasse son
enquête sur des crimes qui auraient été commis, on en est contents. On espère
qu'il y aura assez de fonds pour que les procureurs puissent travailler.
Maintenant, l'aspect politique n'est
couvert par personne. Pourquoi est-ce que des autorités politiques pertinentes
devaient être consultées? Pourquoi est-ce que la ministre devait être
consultée? Pourquoi est-ce qu'un représentant de Jean Charest... Il me semble,
la meilleure façon de savoir, et Agnès le demande, et nous le demandons, c'est
que Mme Jérôme-Forget vienne en commission parlementaire. Ce sont des
discussions politiques. Là, on n'est pas dans la zone administrative, on n'est
pas dans la zone criminelle. Cette zone politique, elle appartient aux
parlementaires. J'espère qu'aujourd'hui le premier ministre acceptera que Mme
Jérôme-Forget vienne répondre aux questions des parlementaires.
M. Vigneault (Nicolas) :
Donc, c'est ça, en fait... Nicolas Vigneault, Radio-Canada. Ce que vous
demandez toujours, c'est cette fameuse commission, là. Pour vous, c'est ça, la poignée,
là.
M. Lisée
: Bien, il
faut faire la lumière là-dessus. Politiquement, il y a des gens qui ont pris la
décision de couvrir Gantcheff. Gantcheff n'arrivait pas à payer, Gantcheff
aurait pu être mis à l'extérieur constamment, puis il y a constamment une force
qui dit : Il faut que Gantcheff reste dans le portrait. Qui est cette
force? Comment s'exerce-t-elle? À qui parle-t-elle? Est-ce que Monique
Jérôme-Forget va venir nous dire qui lui a demandé ça, ou l'inverse, ou quoi
que ce soit? Mais là il y a une explication politique qui est la seule clé du
mystère, et donc il faut parler au politique pour trouver la clé du mystère.
M. Vigneault (Nicolas) : La
réponse du gouvernement, c'est de dire que présentement ces pratiques-là n'ont
pas lieu et que tout ça est du passé.
M. Lisée
: C'est ce
qu'ils disaient dans le passé aussi, hein? M. Charest disait qu'il ne se
passait rien de pas correct, que tout allait bien, tout allait toujours bien.
Alors donc, allons voir. Oui?
Mme Maltais : J'ajouterais que
le chef de cabinet de Monique Jérôme-Forget de l'époque, qui devait être au
courant d'absolument tout ceci, est actuellement sous-ministre de Mme Anglade.
Alors, il y a des acteurs qui sont encore présents dans l'Administration gouvernementale.
Je pense qu'il serait important que nous les entendions et que nous ayons des
explications.
M. Vigneault (Nicolas) :
Est-ce qu'il faudrait sanctionner ces gens-là?
Mme Maltais : Il faudrait
d'abord les entendre.
La Modératrice
: Tommy
Chouinard, LaPresse.
M. Chouinard (Tommy) : Oui,
bonjour. Une précision d'abord sur le contenu des procès-verbaux cités dans ce
rapport. Est-ce que le conseil d'administration... Bon, vous avez dit : Il
y a un procès-verbal signalant que le conseil d'administration juge préférable
de consulter, là, les représentants politiques sur les différentes options.
Maintenant, vous avez glissé un mot tout à
l'heure, M. Lisée, puis je veux juste être bien certain. Est-ce que le conseil
d'administration avait un penchant pour changer d'avis et changer d'acquéreur,
de trouver un nouvel... de retourner en vente pour ces deux immeubles-là?
M. Lisée
: Alors, il y
a plusieurs étapes où de mettre Gantcheff hors du dossier est possible. Il y a
une étape où le conseil d'administration demande à la direction générale de le
faire et est surpris de voir que ça ne se fait pas.
Alors donc, il y a une force qui agit en
haut, au politique, puis il y a une forte qui agit en bas, à la direction
générale de la SIQ. Donc, le conseil, les administrateurs, dans une des étapes,
ont dit : On voudrait que vous preniez les recours légaux pour sortir M.
Gantcheff du dossier. Et c'est ce que ne fait pas la direction générale de la
SIQ. Et là il y a un bout où il ne se passe rien au C.A., donc il n'y a pas de
procès-verbal, et finalement Gantcheff finit par payer.
M. Chouinard (Tommy) : O.K. Donc,
si je comprends bien, le conseil d'administration voulait vendre, mais il y a
eu rébellion...
M. Lisée
: Il y a eu
plusieurs moments. Il y a un moment où ils disent : Demandons au politique,
puis il y a un moment où ils disent : Bien, vendons... c'est-à-dire
rachetons de Gantcheff, sortons Gantcheff du dossier. Et là le directeur
général de la SIQ n'applique pas cette directive, et, à la fin, ça se règle au
bénéfice de Gantcheff.
M. Chouinard (Tommy) : O.K.,
mais pour la séquence, là, est-ce que le refus de la direction générale précède
ou suit le...
M. Lisée
: Postérieur.
M. Chouinard (Tommy) :
Postérieur. Donc, il y a eu rencontre avec les représentants politiques,
puis...
M. Lisée
: Il y a eu
rencontre du C.A...
M. Chouinard (Tommy) : ...le
conseil d'administration dit : Oui, vendons.
M. Lisée
: Le conseil
d'administration. Il y a un moment où le conseil d'administration dit : Sortons
M. Gantcheff du dossier; ce n'est pas fait.
M. Chouinard (Tommy) :
D'accord, mais là, donc, l'influence, si le conseil d'administration, après la
rencontre avec les représentants politiques, dit : Bien, vendons, là, dans
quelle mesure est-ce que c'est le politique qui a agi à ce moment-là pour dire
qu'on...
M. Lisée
: On ne le
sait pas. On sait que la direction de la SIQ est une nomination politique,
O.K., et que ce n'est pas le C.A. au complet qui a rencontré la ministre. Il y
a eu une rencontre. Alors, on n'a pas ce bout du fil là, et ce serait très bien
que M. Dubuisson, que Mme Jérôme-Forget, que la personne du Conseil exécutif,
donc représentant M. Charest, qui n'est pas nommée, vienne nous expliquer en
détail ce qui s'est passé.
La Modératrice
:
Marc-André Gagnon.
M. Chouinard (Tommy) : Est-ce
que votre hypothèse... c'est juste pour terminer là-dessus, mais est-ce que
votre hypothèse, c'est donc que, non content d'avoir obtenu gain de cause
auprès des représentants, en tout cas, lors de cette rencontre-là comme telle
avec le C.A. et les représentants politiques, M. Gantcheff et tout ça, est-ce
que votre hypothèse, c'est donc que les pressions politiques ont été exercées
auprès de la direction générale par la suite?
M. Lisée
: Tout ce
qu'on sait... Moi, je ne veux pas formuler d'hypothèse, je veux rester proche
des faits. Ce qu'on sait, c'est que, peu importe la configuration de la donne,
c'est toujours Gantcheff qui gagne.
La Modératrice
: Marc-André
Gagnon.
M. Gagnon (Marc-André) :
Comment est-ce que vous qualifieriez ce rapport-là, là, que vous avez consulté?
C'est quoi? C'est une bombe qui dormait au placard, pour vous?
M. Lisée
: Bien, c'est
un pan de la vérité qui vient de se révéler et que, lorsque le gouvernement dit
que c'est administratif, que tout a été dit, et lorsque Monique Jérôme-Forget
dit que ça ne l'intéressait pas, elle n'était pas là-dedans, bien, le contraire
vient d'être révélé par ce rapport et qu'il y a un fantôme dans le rapport d'un
bout à l'autre, il y a quelqu'un qui n'est pas là, qui fait en sorte que c'est
l'ami des solliciteurs de fonds libéraux qui gagne toujours. Il ne devrait pas
gagner, et Mme Leclerc dit que clairement que la bonne décision pour le bien
public, ça aurait été de sortir Gantcheff du dossier, de reprendre les
immeubles. Il y a même un bout où ils disent que l'environnement médiatique est
défavorable.
Mme
Maltais
:
Page 17.
M. Lisée
: Page 17,
alors je vais vous le lire, c'est trop bon : «En tant que société
appartenant au gouvernement, la SIQ devait également travailler avec
l'environnement médiatique que la reprise d'immeubles aurait pu potentiellement
engendrer, ceci dans un contexte économique plus difficile.»
Ça veut dire quoi? Il avait promis de le vendre
au budget. C'était dans le budget de Mme Jérôme-Forget. Et là ça se passe mal,
il peut faire plus de sous, et la SIQ dit : Peut-être que ça passerait mal
dans les médias compte tenu que ça contredirait quelque chose qui est au
budget. Ça ne devrait pas être une considération pour la SIQ. La SIQ dit :
On peut faire... Moi, je trouve que, même dans le contexte médiatique, ça
aurait été une très bonne nouvelle. La SIQ fait 100 millions de plus que
prévu.
M. Gagnon (Marc-André) : M.
Lisée, on va rester dans l'immobilier. Vous avez envoyé quelques flèches à
François Legault, ce week-end, en soulignant le fait qu'il avait une maison qui
valait près de 5 millions de dollars. Alors là, on voit que plusieurs
médias rapportent ce matin que vous avez vous-même, dans le même quartier, une
maison qui vaut plus d'un million de dollars. Alors, est-ce que vous ne vous
retrouvez pas un peu dans la position de l'arroseur arrosé?
M. Lisée
: Moi, ce qui
me dérange considérablement dans le discours de M. Legault, c'est
l'incohérence. Depuis deux semaines à peu près, en fait depuis l'élection
américaine, il fait campagne contre les élites, comme si lui ne l'était pas. Il
dit : Les élites, c'est les autres, ce n'est pas moi.
Moi, ça me dérange beaucoup, puis je me
suis posé la question : Qu'est-ce que les élites veulent? Bien, ils
veulent ce que François Legault dit. Les élites veulent les baisses d'impôt, François
Legault veut des baisses d'impôt. Les élites s'opposent à ce qu'on augmente les
impôts pour les riches, François Legault a voté contre la hausse d'impôt pour
les riches que Pauline Marois a amenée. Les élites sont contre le salaire
minimum à 15 $, François Legault est contre le salaire minimum à
15 $. Puis, même en francisation, les élites sont contre le fait qu'on
francise obligatoirement les entreprises de 25 à 50 employés, M. François
Legault est contre aussi.
Alors, pour moi, le candidat des élites,
aujourd'hui, au Québec, c'est François Legault
M. Gagnon (Marc-André) : Vous
avez une maison qui vaut plus de 1 million de dollars. Est-ce que vous
faites donc partie de l'élite?
M. Lisée
: Évidemment,
je fais partie de l'élite. Pauline Marois a fait partie de l'élite, la plupart
des ministres du gouvernement font partie de l'élite, mais il faut arrêter de
faire semblant qu'on ne fait pas partie... On fait, bien sûr... La majorité
d'entre vous, l'élite médiatique, elle existe.
L'important, c'est : Est-ce qu'on
propose des politiques pour le bien commun, pour la classe moyenne, pour les
travailleurs ou non? Et moi, j'étais à Unifor en fin de semaine, j'ai dit :
Comme René Lévesque, j'ai un préjugé favorable envers les travailleuses et les
travailleurs. L'élite veut réduire l'État, François Legault voulait mettre à la
porte 3 000 personnes à Hydro-Québec. Ça, c'est les candidats à l'élite.
Alors, tout ce que je lui demande, c'est
d'arrêter de faire semblant qu'il n'est pas dans l'élite, puis on va débattre
des positions elles-mêmes.
La Modératrice
: M.
Lacroix.
M. Lacroix (Louis) : Bonjour,
M. Lisée, Mme Maltais. On apprend que c'est Alexandre Bibeau, le fils de Pierre
Bibeau, qui s'occupe de l'organisation des campagnes électorales, non seulement
dans le comté de Verdun, mais aussi dans Marie-Victorin, dans Saint-Jérôme, en
fait tous les comtés qui sont dans l'ouest de la province. Donc, c'est
Alexandre Bibeau qui s'occupe de la campagne, de l'organisation de la campagne.
Qu'est-ce que vous pensez de ça?
Mme
Maltais
: M.
Couillard répète toujours que ce n'est plus le même gouvernement, mais c'est
les mêmes personnages qui sont là. À l'époque, en 2012, M. Charest avait
demandé manu militari à M. Alexandre Bibeau de sortir de sa campagne électorale
parce qu'il en était gêné. Aujourd'hui, on apprend qu'il fait la campagne pour
Philippe Couillard. C'est le même bon vieux Parti libéral.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
qu'il devrait se retirer, M. Bibeau? Est-ce qu'il est inapte du fait d'avoir été
nommé à la commission Charbonneau?
Mme
Maltais
:
Jean Charest en avait décidé ainsi. À Philippe Couillard de voir s'il veut se
conduire minimalement au même niveau que Jean Charest.
La Modératrice
:
Philippe-Vincent Foisy. Cogeco.
M. Foisy (Philippe-Vincent) :
M. Lisée, là, vous venez de me mélanger. Vous avez dit : Les élites
veulent baisser les impôts, veulent hausser les impôts des plus riches, sont
contre le salaire minimum à 15 $. On vous pose la question :
Êtes-vous une élite? Vous dites oui. Comment vous réconciliez ces deux
portions-là?
M. Lisée
: Il y a des
gens qui travaillent pour les intérêts des élites, O.K.? Quand Pauline Marois a
augmenté les impôts sur les plus riches, ils n'étaient pas de bonne humeur. Ils
avaient quelqu'un pour les aider à ne pas être de bonne humeur, c'est François
Legault, qui a voté contre une hausse d'impôt qu'il aurait touchée, lui. Moi,
j'ai voté pour, elle va me toucher, moi. Pauline a voté pour, elle va toucher
elle. Moi, je suis pour le salaire minimum à 15 $, François Legault est
contre, le Conseil du patronat est contre.
Alors, la question, c'est ne pas
faire semblant. Moi, ce qui m'horripile, en politique, c'est les gens qui font
semblant d'être autre qu'ils sont. Probablement, parmi les 125 élus, celui
qui est le plus dans les élites, c'est François Legault, probablement, là,
O.K.? Ensuite, chacun a ses positions, mais celui qui représente le mieux ce
que veut l'Institut économique de Montréal, par exemple, réduire l'État,
réduire les impôts, ne pas avoir le salaire minimum à 15 $, j'en ai une
liste, là, jamais faire la francisation des entreprises de 25 à 50 employés,
dire du mal des CPE parce qu'ils sont syndiqués, c'est ce que François Legault
fait. François Legault s'aligne sur ce que dit l'Institut économique de
Montréal pour prendre ça.
Maintenant, est-ce qu'il y a des
millionnaires qui peuvent faire du bien? Évidemment, mais ils ne font pas
semblant de ne pas être membres des élites puis ils n'accusent pas les autres
d'être membres des élites. C'est ce que François Legault fait. C'est le faux semblant
qui me dérange. Tant mieux s'il a une grosse maison. J'aimerais que tous les
Québécois aient des grosses maisons, tous.
M. Foisy (Philippe-Vincent) :
Par rapport au tchador, Mme Thériault, tantôt, la ministre Thériault nous a dit :
On n'a pas besoin de loi, pas besoin d'envoyer le message pour que des femmes
qui portent le tchador ne se présentent pas en politique parce que, de toute
façon, elles ne le font pas, ce sont des femmes qui, en portant le tchador,
choisissent elles-mêmes de s'exclure de la société. Est-ce que ça prendrait une
loi? Puis qu'est-ce que vous pensez de ces propos-là?
M. Lisée
: Bien, c'est
un phénomène marginal. Est-ce qu'on veut qu'il se normalise ou non? C'est la
question qui est devant nous. Tu sais, c'est la même chose, je dirais à Mme
Vallée puis à Mme Thériault : Il y a très peu, sinon pas d'employés de
l'État, en ce moment, qui travaillent à visage couvert, et pourtant vous voulez
légiférer là-dessus. Vous avez raison parce qu'on ne veut pas que ça se
normalise, on ne veut pas que ça commence. La semaine dernière, je pense, une
présidente syndicale qui a dit : Il y a quelques enseignantes en tchador
en ce moment, il y en a quelques-unes. On sait qu'il y en a quelques-unes dans
les garderies. Bien, c'est le temps de dire d'arrêter parce que justement on va
prévenir le fait que ça augmente. Alors, vous voyez, la position du
gouvernement libéral est complètement contradictoire.
M. Foisy (Philippe-Vincent) : …est-ce
que c'est correct qu'une femme en tchador se présente?
M. Lisée
: Se présente
aux élections? Bien, écoutez, moi, je ne pense pas. Moi, je pense… En tout cas,
au Parti québécois, c'est sûr qu'il n'y aura pas de candidat en tchador, c'est
certain. Il y a quelqu'un qui a dit : C'est un symbole d'oppression de la
femme. Cette personne s'appelle Philippe Couillard. Je pense que, quand il
pensait ça, il avait raison. Maintenant qu'il ne pense plus ça, il a tort.
La Modératrice
: Alain
Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) : Mme
Maltais, M. Lisée, vous n'êtes pas sans savoir qu'il y a un rapport, là, qui a
été publié par des députés concernant ce qui se passe dans les CHSLD. C'est un
constat qu'on savait déjà. Deux gériatres ont fait une sortie hier à TVA pour
dire qu'il y avait un problème au niveau de la prise en charge de ces
personnes-là, il y a un manque. Paul Brunet vient d'affirmer ce matin que le
gouvernement ne respecte pas sa loi sur la maltraitance. Il dit que peut-être
la prochaine étape, ce sera de poursuivre le gouvernement pour non-respect de
sa loi.
M. Lisée
: La
Commission des droits de la personne a indiqué, il y a à peu près un an, que
les coupures du gouvernement pouvaient mettre en cause les droits légaux des
patients et que... Ils envoyaient ce signal-là. Me Ménard a dit il y a à
peu près un mois que, dans certains cas, on était à la maltraitance dans les
CHSLD. Les trois députés, dont Sylvain Rochon, qui ont fait ce rapport, sont
très clairs, et, lorsqu'on a dit que ça ne sert à rien de faire de nouveaux
constats puis de nouvelles bonnes pratiques, c'est qu'on l'a fait, ça.
Alors, que fait le gouvernement? Il essaie
de toujours trouver des raisons de ne pas agir. Et je vois, là, Harold LeBel,
là, qui est derrière nous, qui fait un travail formidable là-dessus. On le sait,
depuis deux ans, ce qu'il fallait faire dans les CHSLD, c'était ne pas couper
et investir. Quand j'ai dit au premier ministre : Quand vous avez su que
vous alliez dépasser votre cible de déficit zéro de 2,2 milliards de
dollars, est-ce qu'il y a un moment où vous avez dit : O.K., arrêtez, là,
on va en remettre un petit peu d'argent dans les CHSLD?, puis que ça ne lui est
jamais traversé la tête, c'est ça, le déficit de compassion du gouvernement
libéral. Ils le savaient que ça allait de moins en moins bien et ils auraient
pu l'éviter. Ils avaient les sous pour l'éviter. Ils auraient pu réinvestir au
bon moment. Maintenant, ils font de la relation publique.
La Modératrice
: On va
finir en français avec Marco Bélair-Cirino du Devoir.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui. Bonjour, M. Lisée, Mme Maltais. Est-ce que Monique Jérôme-Forget est une
menteuse? Est-ce qu'elle a menti à Enquête, selon vous?
M. Lisée
: On veut la
voir au Parlement, qu'elle vienne... Tu sais, elle a donné quelques entrevues.
Écoutez, là, c'est le temps, c'est une ancienne ministre des Finances, elle est
redevable envers les contribuables, elle est redevable envers l'Assemblée
nationale. L'Assemblée peut l'inviter, peut la convoquer, peut lui envoyer un
subpoena.
La seule chose qui manque, c'est la
volonté politique des députés libéraux de le faire. Ils l'ont fait dans le cas
du MTQ. On l'a fait dans d'autres cas dans le passé.
Mme
Maltais
:
RONA, où on a réussi à...
M. Lisée
: ...de RONA plusieurs
fois. Je pense que là Monique Jérôme-Forget doit venir s'expliquer dans le
détail.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais ses propos, tels que rapportés par Radio-Canada... bon, on la voyait, elle
était interviewée, et les faits qui sont rapportés dans le rapport d'Accuracy
sont irréconciliables, non?
M. Lisée
: Ça semble
irréconciliable. Ça demande explication, ou correction, ou excuses, hein? C'est
à elle de choisir.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Dans le grand dossier du tchador, est-ce qu'il est de la responsabilité des partis
politiques de, disons, dissuader les femmes qui souhaitent briguer les
suffrages, tout en portant le tchador, de le faire, ou il doit y avoir une loi
qui prévoit cette situation-là, en fait qui proscrit cette possibilité?
M. Lisée
: Écoutez,
s'il y a un parti politique qui croit et veut envoyer le message qu'un symbole
de soumission de la femme, ça ferait une bonne candidate, libre à ce parti
politique, bien, ça ne sera pas le Parti québécois, c'est sûr.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Donc, pas de loi. Ce n'est pas nécessaire, une loi?
M. Lisée
: Je pense que
ça va nous donner une bonne idée du jugement ou de l'absence du jugement du
parti politique qui déciderait ça, et ce serait une bonne information à donner
aux électeurs.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Une dernière question. Le Groupe Femmes, Politique et Démocratie a rencontré la
ministre Thériault ce matin, puis l'idée d'avoir un projet de loi sur la parité
entre les hommes et les femmes a été évoquée.
Est-ce que, vous, vous êtes favorable à
ça, à ce qu'il y ait un projet de loi pour contraindre les partis politiques
municipaux à présenter...
M. Lisée
: Municipaux?
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui, essentiellement municipaux, où il y a seulement...
M. Lisée
: On a
beaucoup traité de l'Assemblée nationale, mais municipaux, est-ce qu'on en a
parlé, Agnès?
Mme Maltais : Non, on a
parlé... notre responsabilité étant... dans les partis politiques à l'Assemblée
nationale, on en a effectivement beaucoup parlé et on parle de plus en plus de
mesures contraignantes. Est-ce que c'est sur une loi, est-ce que c'est à
l'intérieur des partis, c'est le sujet de débat qui est entre les femmes de
l'Assemblée nationale, entre autres la... comment on l'appelle? Le comité de
femmes parlementaires jase de ça puis cherche un consensus pour pouvoir le
faire appliquer à tous les partis.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais comment augmenter la proportion des femmes en politique municipale, dans
la mesure où il y a seulement 20 % des maires qui sont femmes, donc des
mairesses, et 30 % des conseillers municipaux qui sont des conseillères
municipales?
Mme Maltais : Et seulement 27 %
des femmes députées à l'Assemblée nationale. Je pense qu'on a tous une
responsabilité à prendre, puis ça va être difficile de l'imposer aux
municipalités si nous-mêmes, à l'Assemblée nationale, on ne prend pas nos
responsabilités.
M. Lisée
: Moi, je vous
dirais, plus globalement, c'est le temps d'avoir ce débat-là. Plusieurs autres
démocraties l'ont fait. La zone de parité... nous, en tant que parti politique,
plusieurs candidats, dont j'étais, ont dit : Bien, nous, on s'engage à ce
qu'un gouvernement du Parti québécois, en 2018, soit paritaire. Pour arriver
là, il faut être dans la zone de parité des candidats et des candidates et dans
des comtés prenables, évidemment. Donc, on s'impose cette démarche-là, alors
les autres partis peuvent se l'imposer ou non aussi.
Est-ce qu'on va devoir légiférer pour
favoriser ou défavoriser les partis qui ne sont pas dans la zone de parité? C'est
un débat qui est pertinent. On ne tranche pas aujourd'hui. Est-ce que les
municipalités devraient être dans ce débat-là? Bien, c'est sûr que, comme Agnès
le dit, il faut que l'Assemblée nationale donne l'exemple. Est-ce que ça peut
être concomitant? Ce sont de bonnes questions qu'il faut se poser maintenant.
La Modératrice
: Hugo
Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo) : Bonjour,
M. Lisée. Concernant les élections partielles à tenir lundi prochain, quelle
importance faudra-t-il accorder au résultat?
M. Lisée
: Toute
l'importance que vous allez lui accorder quoique je vous en dise ce matin.
M. Lavallée (Hugo) : Est-ce
que ça voudra dire quelque chose politiquement?
M. Lisée
: C'est sûr
que c'est un test. C'est un test pour notre organisation, c'est un test pour
notre programme, c'est un test pour notre chef, c'est un test pour les autres chefs.
À voir, disons, l'agressivité dont fait preuve François Legault ces derniers
jours, on pense bien qu'il a soit des espoirs, soit des angoisses.
Moi, j'étais dans Arthabaska hier, j'y
retourne mercredi. Je sens qu'il y a beaucoup de mouvement là. Je pense qu'il y
a deux boîtes à surprise : Verdun et Arthabaska. C'est vraiment deux
boîtes à surprise parce qu'il y a une grande fluidité de l'électorat, un grand
mécontentement envers le Parti libéral. L'affaire Sylvie Roy dans Arthabaska,
ça a été très, très mal perçu par les électeurs. Les candidats du Parti
québécois sont très forts dans les deux cas. Il y a des libéraux déprimés,
alors, soit ils vont aller ailleurs, ça se peut qu'ils ne votent pas. Le signal
qu'on a envoyé de conversation positive avec QS va sans doute pouvoir donner
aussi quelques ralliements au moment du vote. Alors, nous, on travaille fort
jusqu'à la fin, on espère pour le mieux et puis on va écouter vos commentaires
avec beaucoup d'intérêt.
M. Lavallée (Hugo) : Donc, si
je comprends bien votre analyse, en ce qui concerne les circonscriptions qui
étaient détenues pas le Parti québécois, vous n'avez aucune inquiétude,
l'affaire est dans sac.
M. Lisée
: On est très
confiants. On est toujours aux aguets. On sait que nos adversaires sont
présents aussi, mais on est confiants de garder nos deux comtés et on travaille
sur des surprises.
M. Lavallée (Hugo) : Et donc,
si je comprends bien, vous pensez pouvoir créer la surprise dans les deux
autres circonscriptions?
M. Lisée
: On essaie,
on essaie. C'est notre objectif.
M. Lavallée (Hugo) : Une
surprise dans le sens de… une amélioration de résultat ou une victoire?
M. Lisée
: On espère
améliorer tellement nos résultats qu'on s'approcherait ou on dépasserait la
victoire. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise?
La Modératrice
: On va
passer en anglais avec Maya Johnson, CTV.
Mme Johnson (Maya) : Mr. Lisée, you admitted you're part of the elite and you seem to be
suggesting that François Legault is pretending that he's not? Why do you say
that?
M. Lisée
:
Why is he not? Why is he pretending?
Mme Johnson (Maya) : Why are you suggesting that he's pretending that he's not part of
elite?
M. Lisée
:
Well, that's what he says. I mean, he's been here on this podium, saying :
Oh! the elites, it's the Liberals, and this Lisée guy. They are the elite, I'm
not the elite. Hey! Come on. Come on, you know. Not only are you one of the
richest men in Québec, and that's fine, and congratulations, but what you
propose is in line with what the Conseil du patronat is asking.
I mean, we're asking for
a minimum wage of $15, you're against it, like the elites. We're asking for… we
did have raise the income tax on the rich, he voted against it. Now, we voted
for it. You want to shrink the State, throw out 3,000 workers
at Hydro-Québec. We think the State should be
efficient, but we don't have an ideological objective to shrink the State.
On many issues, he is a
good representative of what a right-wing federalist elite wants. We are not, so
stop pretending. That's what I'm saying.
Mme Johnson (Maya) : On another issue, you've positioned yourself as a defender of
English school boards, you and the Parti québécois. Now, there's an ongoing
scandal at the Lester-B.-Pearson School Board, where the chair, Suanne Stein
Day, is facing accusations of ethics breaches. In fact, last night, at the
school board meeting, she admitted she was the subject of these complaints. We
haven't heard much from the Education Minister. He seems to have been… He
appears to have been keeping his distance on this issue. What do you make of
all of that?
M. Lisée
:
Well, what I want is that the internal governance of the school board works. I
think, when you have a problem like that, you have to have the means within the
school board to go all the way and make the right decisions. I think the board
has seized the issue yesterday, that Mrs. Stein faced up to the charges. It's
the board's work to make a decision on the next steps, and I trust them to do
that.
Mme Johnson (Maya) : Is there a point in which the Education Minister should get
involved?
M. Lisée
:
I think the Minister should be vigilant, but I think you should respect and
trust the board's democratic body and principles.
La Modératrice
:
Raquel Fletcher, Global.
Mme Fletcher (Raquel) : Why do you say that you're for minimum wage at $15?
M. Lisée
:
Why am I in favor? Well, because it's hard to get by with the current minimum
wage at $10.75. I think we should go to $15 as soon as possible, but not beyond
2022. I think it would bring a number of couples out of poverty or near poverty
if we did that. We have to be very careful in compensating some small
businesses who would have a hard time competing with the $15 an hour minimum
wage. That means to lessen the bureaucratic burden, so that it costs them less
to do administrative work, so they have more margin of manoeuver to pay for
this $15. We know that some community networks could not possibly pay that
amount, so that…
Mme Fletcher (Raquel) : So you would subsidize them?
M. Lisée
:
I think we should… I say, we have to have a community that is very vigilant to
try not to lose a single job while doing this. If you do the $15 without
anything else, cold, of course you're going to lose jobs. But you have to make
sure that parts of the economy that would be vulnerable to job loss, you have
to accompany them in different ways to soften the blow or to eliminate the
blow, so that we have… Our real objective is to… all these people who earn very
little can earn more by keeping their jobs.
Mme Fletcher (Raquel) : OK. Quebeckers woke up, the last couple of mornings, to some pretty
appalling images of Aleppo in…
M. Lisée
:
Of?
Mme Fletcher (Raquel) : Of Aleppo, in Syria, with the recent
bombings.
M. Lisée
: Yes, sure.
Mme Fletcher (Raquel) : Is there a message that Québec should be delivering to either the Canadian
Government or the United Nations in terms of Syria?
M. Lisée
:
Well, it's a terrible, messy, horrific situation. I think we did the right
thing by opening our doors to Syrian refugees. Some families are trapped. The
Islamic State has been creating some of the worst human conditions, situations
we have lived through, certainly, this century. So the quicker it ends, the
more we can make to alleviate the misery of these people, the better.
Mme Fletcher (Raquel) : Should Canada accept more Syrian refugees?
M. Lisée
:
Well, we see that we've extended the hand. If the situation can be… You know,
the end of the war changes the situation. With the end of the war, you can reconstruct,
then you can stay home. And then, our objective in the Western world is to help
reconstruct a normal place to live. The problem is that we have an Asad
government that is itself repressive. So, the end of this war does not mean the
end of turmoil. But we have to think, on humanitarian grounds, what can we do
to alleviate the misery of these people in the short term? Alright? Thank you.
Des voix
: Merci.
(Fin à 11 h 11)