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Point de presse de M. Jean-François Lisée, chef de l’opposition officielle, et Mme Agnès Maltais, porte-parole de l’opposition officielle en matière de laïcité

Version finale

Tuesday, December 6, 2016, 15 h 35

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quinze heures trente-cinq minutes)

M. Lisée : Bonjour. J'ai le plaisir d'être accompagné d'Andréa Richard et de Daniel Baril, qui sont les coauteurs du livre La face cachée du cours Éthique et culture religieuse et qui, avec Noëlla Champagne, notre ancienne députée, ont fait en sorte qu'il y ait une pétition qui soit déposée aujourd'hui pour demander une réforme complète du cours Éthique et culture religieuse, pour lui enlever la partie culture religieuse.

Vous savez que nous, au Parti québécois, on propose de transformer ce cours en un cours de citoyenneté québécoise, sur l'ensemble du primaire et du secondaire, où le fait religieux serait présent mais pas omniprésent et où on enseignerait le reste de la réalité d'un futur citoyen, c'est-à-dire la politique, l'économie, la société, les périls du crédit, le problème des sectes, la violence conjugale ou sexuelle et l'ensemble des éléments qui font qu'un citoyen éclairé et critique peut conjuguer l'ensemble des défis qui lui sont posés.

Alors, la pétition qui a été déposée. Elle repose sur une enquête qui a été faite par Mme Richard et M. Baril sur les dérives du cours Éthique et culture religieuse. Donc, je vais les laisser, en quelques minutes, nous dire quelles sont leurs principales surprises lorsqu'ils ont travaillé dans le détail ce cours et les devoirs qui sont donnés aux élèves.

Mme Richard (Andréa) : Oui, moi, pour ma part, je voudrais signaler que, dans les devoirs, on demande à l'élève de lire des extraits du Coran, des extraits de la Bible, ensuite d'aller visiter des imams ou des prêtres et de visiter aussi les mosquées et les chapelles. N'est-ce pas une propagande des religions et un danger aussi de recrutement? Et, par le recrutement, petit à petit, les gens sont sensibilités, si vous voulez, à un certain radicalisme, à l'extrémisme, donc ça ne devrait pas être. Et, dans les livres au primaire, pour les enfants, là, l'image vaut mille mots.

Or il y a beaucoup de stéréotypes, plus spécialement la petite fille musulmane voilée. Que pensez-vous que la petite fille non voilée dans la classe va penser, puisque l'autre est citée comme modèle? Donc, elle peut se culpabiliser. Elle peut se demander : Pourquoi moi, je n'ai pas un voile?, et désirer aussi l'avoir. Et au secondaire, selon un témoignage d'un étudiant, non seulement ils n'ont pas le droit de remise en question, il n'y a pas aucune mise en garde contre des pratiques dégradantes envers la femme. Il faut qu'ils respectent cela parce que c'est à l'intérieur de la religion. Donc, ces adolescents se sentent frustrés. Je laisse la parole à M. Baril.

M. Baril (Daniel) : En fait, ce qu'il faut savoir, c'est : le cours Éthique et culture religieuse, moi, je ne me cacherai pas pour dire que c'est une fumisterie, là. C'est-à-dire qu'on a vendu, sous le couvert de la culture, un libre-marché du religieux. En fait, c'est le buffet de toutes les religions qui sont servies aux élèves et on dit : Faites votre choix. Vous vous construisez une religion à la carte. Alors, l'élève qui n'a pas de religion ou dont la famille est non pratiquante, peut être croyante non pratiquante, se pose ces questions. Il y a même des exercices qui lui demandent de rédiger des prières, de choisir quels rituels ils préfèrent, alors que, dans sa famille, il n'y a même pas de pratique religieuse. En fait, c'est 80 % des élèves du Québec qui sont ainsi exclus des contenus de ce programme. Si on met ensemble les gens qui sont sans religion ainsi que les croyants non pratiquants, on a au-delà de 80 % de la population.

Alors, le cours ECR exclut tout ce qui est non religieux dans le domaine du religieux. En fait, la principale composante sociodémographique est exclue du programme, c'est-à-dire les incroyants et les croyants non pratiquants. Tout enfant est réputé être croyant et tout croyant est réputé être pratiquant, donc une exclusion. En plus, il n'est pas possible d'être exempté de ce programme.

Donc, on est revenus à la case d'avant l'exemption de l'enseignement religieux. Sous couvert de culture, comme Mme Richard vient de le présenter, on présente tous les rituels, toutes les croyances de toutes les religions du monde. Comment voulez-vous parler de culture religieuse sans parler des croyances et des rituels d'où cette culture est issue? Et comment vous pouvez parler de façon culturelle de ce contenu confessionnel à des enfants de six ans? On ne s'adresse pas ici à des universitaires, là. Le cours se donne à partir de la première année jusqu'à la cinquième année du secondaire, c'est du mur-à-mur.

Et en plus on exclut également tout aspect conflictuel des religions. Toutes les religions sont belles et bonnes entre elles, elles s'entendent bien, les conflits ne sont pas là. On fausse la réalité, on mise sur l'identité communautariste des minorités culturelles plutôt que sur le vivre-ensemble, alors que le programme est supposé viser le vivre-ensemble. On isole, en fait, les gens. D'abord, on réduit les cultures à leurs dimensions religieuses et on focusse sur les particularismes de chaque communauté, supposément pour favoriser le vivre-ensemble. Je ne vois pas comment tout ça est possible.

Donc, sur l'exclusion de la majorité de la population, sur la non-possibilité d'en être exempté, sur le fait que, sous un couvert culturel, d'une approche culturelle, on transmet ces croyances religieuses qui briment la liberté de conscience des enfants, on se retrouve, donc, avec tous les mêmes problèmes qu'on avait du temps de l'enseignement religieux confessionnel. Alors, c'est pour ça qu'on a présenté cette pétition pour demander le retrait au moins du volet religieux du cours ECR.

Qu'on fasse un bon cours d'éthique, un bon cours d'éducation à la citoyenneté. Il y a déjà des programmes qui ont déjà été mis en place dans les années 80 sur le cours Éducation personnelle et sociale. On peut facilement remettre ce cours-là à jour, et puis la transition pourrait être rapidement faite, à notre avis. Merci.

M. Lisée : Alors, juste pour conclure, la religion fait partie de la réalité, et donc on croit qu'il faut enseigner le phénomène religieux. Qu'on l'enseigne dans les cours d'histoire parce que la religion fait partie de l'histoire de l'humanité, donc c'est bien que ce soit là, qu'à l'intérieur d'un cours à la citoyenneté, parmi les phénomènes que les citoyens québécois, les jeunes vont vivre, c'est l'existence de plusieurs religions autour d'eux. Pourquoi ce ne serait pas un élément parmi beaucoup d'autres?

Mais ce qui nous semble essentiel pour l'enseignement de la citoyenneté, c'est que des principes comme l'égalité des hommes et des femmes, la liberté de conscience et la liberté d'expression soient diffusés comme étant des principes les plus importants, et donc les plus rassembleurs, et ceux où on est le plus à égalité les uns avec les autres. Et ça, ça nous semble absent de ce cours-là, puisque le cours dit qu'il faut accepter les croyances telles qu'elles sont. Au contraire, nous pensons, nous, qu'un citoyen critique peut être croyant tout en étant critique, incroyant, peut être athée et que l'ensemble de ces conditions-là doivent être présenté, mais que l'esprit critique, surtout sur la question de l'égalité des hommes et des femmes, on sait qu'il y des points de tension très forts, pour dire le moins, entre plusieurs religions et l'égalité des hommes et des femmes. On considère que ça devrait faire partie de l'apprentissage de la citoyenneté.

Alors, merci beaucoup pour la pétition. On va faire en sorte de faire avancer cette noble cause et on vous remercie.

(Fin à 15 h 43)

Participants


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