(Quinze heures deux minutes)
Mme Lamarre : Bonjour.
Donc, le ministre vient de faire une annonce. En fait, ce que ça nous démontre,
c'est que chaque dollar qui a été annoncé aujourd'hui, bien, c'est le sacrifice
qu'il a imposé aux Québécois depuis deux ans et demi, ce sont les services
essentiels qu'il a coupés à de mauvais endroits. Il a trop coupé, il a mal
coupé et il a désorganisé complètement notre système de santé, et là il s'en
rend compte. Il n'a pas posé les bons gestes, il n'a pas pris les bonnes
décisions, et là il essaie de réparer tout ça.
Mais le constat qu'on fait aujourd'hui,
deux ans et demi après qu'il soit vraiment en poste, qu'il a imposé sa loi parfaitement
de façon vraiment unilatérale, bien, on a trois constats, hein : on a un système
de santé qui est actuellement complètement désorganisé, on a du personnel
épuisé et on a des patients qui sont abandonnés.
Alors, les patients sont abandonnés, ils
sont abandonnés à l'urgence. Il n'a rien réglé sur le temps d'urgence. Il nous
demande de lui faire confiance encore, mais je pense que, là, ça fait deux ans
et demi que les gens lui font confiance à l'entendre affirmer haut et fort que
tout va se régler avec les mesures unilatérales qu'il impose. En CHSLD, il a
offert un spectacle la semaine dernière, mais, il l'a dit, ça ne se réglera
pas, ça ne s'améliorera pas au niveau de la nourriture dans les CHSLD avant la
fin de 2018.
En accès rapide à la première ligne, ça ne
fonctionne tellement pas, le projet de loi n° 20, qu'il a annoncé en début
de semaine qu'il serait obligé de resserrer les mécanismes de coercition qu'il
impose aux médecins de famille.
En santé mentale, bien, le drame comme
celui de Frédérick Gingras, bien, on voit ce que ça donne, un plan quand il n'y
a pas d'argent qui va avec. Alors, aujourd'hui, il en annonce, il en annonce
pour 2018, toujours.
En soutien à domicile, ça, c'est
intéressant parce que, dans le point de presse, il nous a rappelé qu'il avait
annoncé en août qu'il donnerait 60 millions de dollars en soutien à
domicile. Ça fait cinq mois, on n'a pas vu où est-ce que ça a été saupoudré, ce
60 millions-là. On se rappelle qu'il avait annoncé 150 millions par
année en campagne électorale, en 2014, ce qui fait qu'on aurait déjà dû avoir
450 millions, et là il a annoncé 60 millions dont on n'a pas encore
vu la couleur. Il est encore 390 millions en retard. Mais, au-delà de ça,
je vous dirais que ce qui est clair, c'est qu'il n'y en a pas de politique de
soutien à domicile. Alors, ce n'est pas quelque chose qu'il a pensé, il n'a pas
réfléchi, il n'a pas planifié une vraie politique de soutien à domicile.
Ensuite, il nous a annoncé une seule
fausse superclinique, fausse parce que, dans le fond, ce qu'il a converti,
c'est une clinique-réseau GMF, donc clinique-réseau qui déjà était ouverte sept
jours par semaine avec des heures allongées. Alors, c'est la seule nouvelle
qu'il a été capable, concrètement, d'annoncer en lien avec ces fameuses
supercliniques.
Toujours pas plus d'IPS, toujours pas de
pratiques autonomes pour elles, par exemple, dans les CLSC, toujours les
régions mal desservies au niveau de l'accès à des médecins en première ligne, beaucoup
de médecins qui annoncent qu'ils vont prendre leur retraite avant que les
éléments de coercition du ministre s'imposent, à la fin de l'année prochaine,
donc à la fin de décembre 2017, déstabilise les pharmaciens qui donnaient un
vrai accès et toujours pas de place, pas de vision pour les autres
professionnels : psychologues, hygiénistes dentaires. Alors, il y a toujours
la même vision centrée sur les médecins, centrée sur l'hôpital et il a
préservé, par contre, l'argent à l'intention des médecins.
Un système désorganisé. Je vous donne un
exemple très clair, Optilab. Alors, dans la région de Trois-Rivières, la
semaine dernière, il y a eu 100 tubes d'analyses qui ont été envoyés de Drummondville
à Trois-Rivières parce que, dans son projet, sa centralisation est à
Trois-Rivières. Les tubes se sont déplacés de Drummondville à Trois-Rivières,
de Trois-Rivières à Drummondville, donc ils sont revenus le 29 novembre à Drummondville.
Ils ont fait un tour d'auto, mais les 100 tubes n'avaient pas été frétés.
Alors, ça montre l'improvisation, le manque de rigueur que le ministre met. Il
annonce, il annonce, il annonce et il ne se préoccupe pas de voir comment, sur
le terrain, des situations qui sont importantes pour la santé des gens, pour la
sécurité des gens sont compromises.
Alors, quand je parle d'un système
désorganisé, de personnel épuisé et de patients abandonnés, bien, on en a un
exemple très, très frappant.
Un autre exemple, le personnel épuisé. Écoutez,
partout les gens nous en parlent, dans toutes les régions du Québec, mais je
vais vous parler de la Gaspésie. Centre d'hébergement de Maria : une
infirmière et une infirmière auxiliaire pour 94 patients. Et ils ont eu
une situation où, en 45 minutes, ils ont eu trois cas : une embolie
pulmonaire qui nécessitait un transfert à l'hôpital, un patient en détresse
respiratoire qui était en soins palliatifs et un décès. Alors, deux personnes
pour 94 patients, le gros bon sens nous dit que ça ne peut pas être sécuritaire,
ça ne peut pas être adéquat pour les patients.
Et finalement les patients abandonnés. Bien,
souvent, dans le fond, il redonne, mais il redonne dans le même modèle qu'auparavant,
c'est-à-dire en n'innovant pas au niveau de la première ligne et en faisant en
sorte que le soutien à domicile n'est pas vraiment déployé. Ce sont là les deux
vraies mesures qui vont donner vraiment de l'air à notre système de santé, qui
sont des mesures beaucoup plus contemporaines qu'on voit dans d'autres pays où
ils ont réussi à diminuer les recours inutiles à l'urgence.
Alors, les gens souffrent, ils se sentent vraiment
ignorés. Je vous dirais même que les gens et les employés se sentent souvent
méprisés, pris de haut. Le ministre a eu l'audace de dire, la fin de semaine
dernière, que la job était faite à 90 %. Bien, si c'est ça, il est mieux
d'arrêter les dommages qu'il fait. Vraiment, les gens en ont assez.
Et actuellement ce qu'il nous annonce, on
a hâte de voir comment ça va se concrétiser concrètement, mais ce qui est sûr,
c'est que chaque dollar qu'il redonne aujourd'hui, ce sont des dollars qu'il a
enlevés aux plus démunis, de façon improvisée, sur la base de son seul
jugement, malheureusement. Et les constats sont catastrophiques, actuellement,
au niveau du système de santé, mais surtout au niveau des employés, et
principalement au niveau des patients, qui sont parmi les plus vulnérables et
qui ont été abandonnés. Merci.
(Fin à 15 h 9)