(Quatorze heures vingt-sept minutes)
M. Couillard : Bon,
bonjour, tout le monde. Ça va? Alors, bonjour à tous, à toutes. Je suis en
compagnie de notre leader, Jean-Marc Fournier, bien sûr des membres de notre
équipe, de nos grandes missions : santé, éducation, finances publiques,
économie.
Alors, mesdames messieurs, je l'ai dit et
je le répète aujourd'hui...
Des voix
: ...
M. Couillard : Il y a un
bruit de fond. Je l'ai dit et je le répète aujourd'hui, ce qui caractérise
notre gouvernement depuis notre élection : nous respectons notre parole,
nous respectons nos engagements, et ce, dans un contexte économique mondial qui
est en mouvement.
Rappelons-nous 2014, une élection
déclenchée par le PQ, pas de crédits, après des pertes d'emploi à temps plein,
après une décote du Québec, après un projet d'exclusion, la charte de la
division et de la chicane, qui est encore soutenue par le cinquième chef du PQ
depuis que je suis chef du Parti libéral du Québec. Les Québécois demandaient
du changement, le changement est nécessaire. Il faut que le changement continue
parce que le changement est en cours.
On avait dit aux Québécoises et aux Québécois
quatre choses. D'abord, on allait assainir nos finances publiques. En passant,
même chose promise par le PQ et la CAQ, c'est comme s'ils l'avaient oublié.
Deuxièmement, on va relancer l'économie ou agir pour relancer l'économie.
Troisièmement, réinvestir en santé, en éducation, bref, s'occuper des
véritables enjeux.
Alors, la réalité aujourd'hui, c'est qu'on
fait exactement ce qu'on avait dit qu'on ferait. Le changement, c'est maintenant
qu'il arrive et depuis notre arrivée en 2014, et le changement va se
poursuivre. Avec nos finances publiques maintenant saines, nous changeons les
façons de faire pour que le Québec, par exemple, dans le domaine des finances publiques,
cesse de mettre la liste d'épicerie sur la carte de crédit, la nôtre ou celle
de nos enfants. Nos finances publiques, donc, sont en bonne santé. La taxe
santé sera abolie dans trois semaines. C'est la plus importante baisse d'impôt
au Québec depuis 2007. Le bouclier fiscal aide les familles de la classe
moyenne, plus d'argent dans leurs poches.
En économie, on change les façons de faire
pour développer tout le potentiel de nos entrepreneurs et de nos régions pour
préparer l'économie du Québec au XXIe siècle, développer l'innovation.
Depuis notre arrivée, près de 140 000 emplois ont été créés,
principalement à temps plein et beaucoup dans les entreprises. Au Canada, c'est
au Québec que les entreprises ont créé le plus d'emplois. Le taux de chômage
est en baisse partout au Québec, dans presque toutes les régions.
Cet automne, il y a eu la stratégie de
l'exportation, bien sûr, pour aider nos entrepreneurs à conquérir de nouveaux
marchés; le soutien du manufacturier innovant partout au Québec, 700 millions
de dollars pour que nos entreprises se modernisent, l'entrepreneuriat, en
particulier l'entrepreneuriat féminin, l'entrepreneuriat en région. Et bien sûr
le grand défi démographique appelle ce que nous sommes en train de mettre sur
pied, une stratégie d'immigration, d'accueil et d'intégration des immigrants
qui a été saluée par tous. Le numérique, le virage numérique est en cours au
Québec et il va se poursuivre. Et on a un grand projet — ça prend des
grands projets pour mobiliser les populations — le grand projet de
ces années-ci, c'est le réseau électrique métropolitain, projet qui est fait
par la Caisse de dépôt mais par l'initiative de notre gouvernement. Et je pense
qu'il faut également mentionner ça comme exemple d'innovation très significative.
On est le premier gouvernement en Amérique du Nord à avoir fait ça, avoir
légiféré pour permettre à notre fonds de pension d'investir directement dans
des projets d'infrastructure au Québec.
On a signé une entente de principe avec
l'Ontario sur le plus important contrat d'électricité d'Hydro-Québec depuis la
déréglementation des marchés. Les initiatives se déploient dans tous les
secteurs, par exemple dans la forêt, le Forum Innovation Bois; dans
l'aérospatiale, rappelons le soutien à la série C. Le P.D.G. de Bombardier
disait, il y a très peu de jours encore, que, sans l'intervention du
gouvernement du Québec, c'est Bombardier elle-même qui était en risque. L'aluminium,
l'agroalimentaire, le tourisme, le Plan Nord, la Politique énergétique, tout se
fait selon les mêmes principes et avec le désir constant d'innover.
L'électrification des transports, c'est plus que le REM, c'est également le
virage vers le transport électrique pour les particuliers. La Stratégie
maritime — déjà, il y a une étude économique — après un an
de lancement : 1 milliard de dollars d'investissements, en majorité
du secteur privé, et 5 000 emplois directs ou indirects. C'est une
étude indépendante qui l'a dit. Les résultats sont là. L'économie du Québec,
clairement, va mieux.
En santé, on ne fait pas juste investir,
on change les façons de faire pour améliorer l'accès aux soins pour qu'ils soient
disponibles lorsque les familles en ont besoin. 420 000 personnes de plus
ont accès à un médecin de famille depuis 2014. Des investissements sont en
cours pour augmenter le nombre de professionnels qui soignent nos aînés dans
les CHSLD, pour les services d'échographie gratuits en clinique et l'ouverture
de la première superclinique a été faite à Montréal, et il y en aura d'autres,
bien sûr, dans d'autres régions. Et on lance la première politique de
prévention en santé. Ce matin même, dépôt d'un projet de loi, par Gaétan
Barrette, très innovant, une nouvelle relation médecin et établissement qui
vise à augmenter les services pour les populations, particulièrement en région,
particulièrement pour les petits centres régionaux, qui doivent être couverts
par les médecins.
En éducation, on ne fait pas juste
investir. On investit beaucoup, mais également on change les façons de faire.
Des investissements majeurs sont en cours pour ajouter jusqu'à 900 professionnels
dans nos équipes, dans nos écoles pour soutenir nos élèves, ouvrir 100 classes
de maternelle. Dans nos collèges et nos universités, avoir plus de flexibilité,
et je salue la présence d'Hélène David avec les collèges, notamment en région,
qui demandaient cette flexibilité accrue et la capacité d'augmenter le recrutement
d'étudiants.
S'il y a un exemple des derniers jours,
qui est très concret et très parlant, de changement important pour le Québec,
c'est bien sûr la question de la relation entre le gouvernement du Québec et
les municipalités, trois projets de loi qui, ensemble, représentent la plus
grande décentralisation des pouvoirs du gouvernement du Québec vers les
municipalités de notre histoire. Alors, la question : Pourquoi ça ne s'est
pas fait avant? La question est simple, mesdames messieurs, ça prenait un gouvernement
qui avait le courage d'agir, qui avait la volonté politique d'agir et qui avait
le leadership requis pour agir. Et vous avez vu que les milieux municipaux s'en
sont déclarés très, très satisfaits et nous félicitent encore aujourd'hui
d'avoir tenu cet engagement.
Le rayonnement international du Québec
ouvre les portes à davantage d'entrepreneurs d'institutions québécoises. On le
fait, par exemple, avec l'AECG. Notre contribution a été reconnue par le
président de la Commission européenne, M. Juncker. Dans le cas du climat,
dans le cas de la nordicité, l'Arctic Circle sera présent au Québec cette fin
de semaine. Une présence plus grande dans le monde, plus de représentation du
Québec : deux de plus aux États-Unis, Dakar, la Chine, bientôt le Maroc et
Cuba.
Le Québec est en position de force dans la
fédération canadienne. Nous, on bâtit des ponts plutôt qu'ériger des murs, la
défense, d'abord et avant tout, des intérêts du Québec parce que, comme on le
dit souvent, être Québécois, c'est notre façon à nous d'être Canadiens.
Le Québec va mieux, le Québec est en tête
de file. Le Québec est en changement. Le changement va se poursuivre, et c'est
notre gouvernement qui l'incarne. Et je vous dis tout de suite qu'en 2017 et en
2018 on ira encore plus loin. Merci.
Le Modérateur
: Oui. On
va procéder à la période de questions. Juste vous indiquer qu'on a environ une
vingtaine de minutes. Donc, micro de droite, en français.
M. Laforest (Alain) : M.
le premier ministre, messieurs dames. Donc, pas besoin de changement.
M. Couillard : Le
changement est toujours là, M. Laforest. Je viens de vous dire que le
changement est en cours. Le changement est constant, et on l'incarne depuis
notre arrivée au gouvernement. Il va continuer à y avoir du changement, on va
continuer à agir pour changer profondément les façons de faire au Québec dans
plusieurs secteurs.
M. Laforest (Alain) : On
vous accuse d'avoir sabré énormément. Le chef de l'opposition l'a fait tout à
l'heure en disant que vous avez coupé sur le dos des aînés, coupé sur le dos
des plus pauvres. Québec solidaire a fait la même chose. Vous avez dit cette
semaine que vous avez sauvé le Québec parce que vous avez réinvesti en
économie. Est-ce que vous maintenez que vous avez sauvé le Québec?
M. Couillard : Bien, il
faut voir les alternatives, M. Laforest. D'abord, quand M. Lisée dit
ça, ça prend une certaine témérité — je vais être gentil. Les vraies
coupures dans l'histoire du Québec, elles ont été faites par le Parti québécois,
à plusieurs reprises, lorsqu'ils ont eu, eux, à rétablir l'équilibre
budgétaire. C'est là qu'on a assisté à une réduction des budgets en santé et en
éducation. Nous, on a augmenté moins rapidement les budgets en éducation et en
santé, mais on les a augmentés, ces budgets-là. Et, dès que les marges de
manoeuvre sont apparues, tout de suite l'argent est retourné dans le réseau de
l'éducation, et on le voit maintenant dans le domaine de la santé également. Alors,
il s'agissait de reprendre le contrôle de nos finances publiques.
Et je vous remets encore devant
l'alternative. C'était aussi grave que ce qui s'est passé sous Lucien Bouchard
et sous René Lévesque au début des années 80, aussi grave, on était
menacés de décote. C'est quoi, la décote? C'est des centaines de millions de
dollars de plus de paiements aux banquiers de New York plutôt que dans nos
hôpitaux et dans nos écoles.
Alors, plutôt que de réagir en mettant le
monde à la retraite, en coupant les budgets de santé et d'éducation, on a réagi
avec force, avec leadership en gardant notre personnel, en conservant nos
budgets de ministères clés, Santé et Éducation, en les augmentant moins vite
mais en les conservant. Et l'alternative, c'était de laisser aller le Québec
dans le gouffre des déficits. C'est une spirale dont on ne se serait pas sortis
avant plusieurs années, si on s'en était sortis, et qui nous aurait amenés
directement vers des périodes excessivement douloureuses de véritables
coupures, pas juste d'augmentation ou de diminution de rapidité
d'investissement mais de véritables coupures. Alors, les faits sont là.
Le Modérateur
: Merci.
Micro de gauche.
M. Foisy (Philippe-Vincent) :
Oui, bonjour, M. le premier ministre. Philippe-Vincent Foisy, de Cogeco.
J'aimerais voir avec vous votre meilleur coup cette session-ci et votre moins
bon coup.
M. Couillard : Alors,
ça, je vais vous laisser… Moi, je n'ai pas de compétences d'analyste. Je vous
reconnais cette compétence.
M. Foisy (Philippe-Vincent) :
Un peu d'introspection, là.
M. Couillard : Mais je
dirais cependant que ça a été le courage d'agir dès le début, le courage de
continuer à agir même lorsque les difficultés étaient là et le courage de
continuer à agir et d'imprimer le changement profond, au Québec, que les
citoyens appellent depuis plusieurs années et qui est en train de se réaliser.
Les municipalités, l'économie, la santé et l'éducation, il ne s'agit pas
uniquement d'investir, mais de changer profondément les façons de faire, et c'est
en cours, et ça va se poursuivre.
M. Foisy (Philippe-Vincent) :
Si tout va bien, pourquoi avoir besoin de proroger puis de remanier votre
cabinet?
M. Couillard : Est-ce
que j'ai annoncé quelque chose à cet effet?
M. Foisy (Philippe-Vincent) :
Il y a des rumeurs là-dessus. Ce n'est pas vrai?
M. Couillard : Bien là,
vous me parlez de rumeurs. Moi, ce que je vous dis : Est-ce que j'ai
annoncé quelque chose? Non.
M. Foisy (Philippe-Vincent) :
Donc, ce n'est pas des vraies rumeurs?
M. Couillard : Une
rumeur, par définition, n'est ni vraie ni fausse, c'est une rumeur.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Le mot clé semble être le changement, aujourd'hui, M. le premier ministre.
M. Couillard : Oui,
effectivement.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Vous avez d'ailleurs évoqué le droit de changer d'idée, d'évoluer en 2006, vous
vous en rappelez. Comptez-vous invoquer ce droit-là cet hiver pour, par
exemple, réviser en profondeur le projet de loi n° 62 afin de l'arrimer
davantage aux recommandations de la commission Bouchard-Taylor, notamment sur
l'interdiction du port de signes religieux ostensibles chez les employés de
l'État en position de coercition?
M. Couillard : Alors, je
vous remercie d'avoir utilisé «coercition» et non «autorité», ce qui montre que
vous avez lu les textes, puis je vous en félicite.
Alors, nos orientations, elles ne vont pas
changer, elles ne vont pas changer. On avait dit quoi? On a dit qu'on
encadrerait les accommodements, et on va le faire en protégeant notre
patrimoine et en imposant un devoir de réciprocité à la personne qui demande
des accommodements, ce qui va même au-delà de ce qui était demandé dans la
commission Bouchard-Taylor.
Sur la question des vêtements, puisqu'il
faut en parler à chaque fois qu'on parle de ça au Québec, bien, nous, on
maintient notre orientation du visage découvert pour la réception et la
prestation de services publics. Ces orientations-là ne changeront pas.
Il y aura des améliorations, je crois, à
apporter au projet de loi pour le rendre encore plus affirmatif, et je dirais
que, déjà, le projet de loi est presque un calque complet de la commission
Bouchard-Taylor. Là, vous me parlez des cas des policiers, mais regardez tout
le reste des recommandations et vous allez les retrouver dans les actions des
gouvernements au cours des dernières années et dans ce projet de loi là.
Alors, je crois qu'on aura un travail très
complet. Je pense qu'on peut encore l'améliorer, mais sans trahir nos
principes. Moi, je ne trahis pas mes convictions. Je dirais que voilà une
différence avec mes adversaires. Mes convictions ne sont pas à géométrie
variable. Mes convictions sont profondes, et c'est comme ça qu'on gouverne.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
A posteriori, était-il une erreur de ne pas allouer des ressources
additionnelles pour désengorger les tribunaux, par exemple après la sortie de
la juge en chef Côté, qui disait, en janvier dernier, ne pas dormir la nuit en
raison des délais qui s'accumulent, par exemple, peut-être au moment de la mise
à jour économique ou juste après le prononcé de l'arrêt Jordan? Pourquoi avoir
attendu à cette semaine? Puis est-ce que c'était une erreur?
M. Couillard : Bien,
d'abord, je vous ferais remarquer que... Ne croyez pas que ce qui a été annoncé
cette semaine a été décidé trois jours avant, là. C'est des semaines, et des
semaines, et des semaines de travail avec la Table Justice des partenaires du
réseau de justice. Il fallait également avoir les moyens de nos mots. Moi, je
n'aime pas ça, dire au monde : On va réinvestir, puis ne pas avoir une
cent. Là, on était sûrs d'avoir les sommes disponibles récurrentes, qui vont
revenir chaque année, pour augmenter les ressources. Il faut également
améliorer les façons de faire. Ça, c'est l'autre partie que la Table Justice va
continuer de travailler. Mais il fallait faire ça, et on l'a fait. D'ailleurs,
l'Ontario l'a fait au même moment, à peu près, je vous fais remarquer.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
On ne peut pas faire plus vite?
M. Couillard : Bien, écoutez,
on peut toujours refaire ces calculs-là, mais là vous pourriez poser la même
question à l'Ontario.
Le Modérateur
: Micro
de gauche.
M. Bovet (Sébastien) :
Bonjour, mesdames. Bonjour, messieurs. Bonjour, M. le premier ministre. Est-ce
que vous niez que vous étudiez l'hypothèse ou que vous ou votre entourage niez
l'hypothèse de proroger la session parlementaire?
M. Couillard : Je suis toujours,
M. Bovet, à la recherche d'une façon d'améliorer les choses puis je suis
en réflexion constante. Je vais vous garantir une chose : lorsqu'une
décision sera prise, vous en serez informés.
M. Bovet (Sébastien) : D'accord.
Je vais reprendre le même préambule de la question que je vous avais posée au
dernier bilan de la session parlementaire.
M. Couillard : Je ne
veux pas me moquer de vous, M. Bovet.
M. Bovet (Sébastien) :
Pardon?
M. Couillard : Je ne
voulais pas me moquer de vous, là, je voulais dire les choses comme elles sont.
M. Bovet (Sébastien) :
Non, non, non, j'ai compris, c'est de bon aloi. Vous avez déjà dit, lors d'un
bilan de session parlementaire, que des fois il y avait des choses que vous
referiez différemment. Est-ce que vous maintenez que c'était approprié de dire
que vous avez sauvé le Québec ou, si c'était à refaire, vous utiliseriez un
autre mot?
M. Couillard : Bien, je
compléterais par : Nous avons sauvé le Québec du désastre financier. Et
ça, je peux le dire parce que les faits sont là, les faits sont indubitables. C'est
aussi important comme catastrophe éventuelle que ce qui a existé sous Lucien
Bouchard et sous René Lévesque, sauf que nous, on n'a mis personne à la
retraite, on n'a pas vidé nos hôpitaux puis nos écoles, puis nos cégeps, puis
on n'a pas coupé la paie des fonctionnaires de 20 %. C'est ça, la
différence entre la façon péquiste de réagir aux problèmes et notre façon de
réagir aux problèmes.
Le Modérateur
: Micro
de droite.
Mme Prince (Véronique) :
Oui, bonjour. Je vais reprendre un petit peu la balle au bond de mon collègue
Sébastien. Vous avez dit aussi la semaine dernière qu'il fallait que le message
passe mieux. Est-ce que vous sentez que vous êtes incompris des Québécois ou
des journalistes?
M. Couillard : Non,
jouer à l'incompris, surtout des journalistes, Dieu m'en garde, c'est la pire
chose à faire quand on est en politique. J'ai le plus grand respect pour votre
travail puis je suis certain que vous le faites très bien. Mais peut-être qu'on
doit dire plus les choses, peut-être qu'on ne doit pas laisser dire certaines choses
également sur le terrain et être tout de suite là non seulement à la défensive,
mais à l'offensive. Il s'est dit des choses, durant la partielle, totalement
fausses sur le terrain. Et je crois que, là, il y a pour nous la nécessité
évidente, pour moi, pour mes collègues, d'être beaucoup plus présents et
déployés sur tout le territoire du Québec parce que les impacts positifs de notre
action, on les voit partout.
J'étais à la radio en Mauricie il y a deux
jours puis je leur parlais des nouvelles écoles, des nouvelles classes, des
nouvelles constructions en santé, des nouveaux médecins, des nouveaux emplois.
Trois points de chômage de moins en Mauricie, on n'a jamais vu ça. Quand on dit
ça, les gens, ils ne peuvent pas le contredire : Effectivement, ça va
mieux, M. Couillard, effectivement, les choses vont mieux. Je comprends
que votre métier n'est pas de communiquer nécessairement juste les bonnes
nouvelles, là, mais si nous, on ne le dit pas, bien, il n'y a personne qui va
le dire. Donc, il faut qu'on aille le dire sur le terrain aux gens.
Mme Prince (Véronique) :
Aussi on a senti, cette session-ci, après la mise à jour économique, quand vous
avez annoncé les surplus, et tout ça, vous voulez repartir, clairement, sur des
nouvelles bases. Après avoir parcouru le chemin difficile pour atteindre
l'équilibre budgétaire, vous voulez effacer l'ardoise et repartir vraiment à
neuf pour l'année 2017. Pour pouvoir, justement, repartir à neuf sur des
nouvelles bases, sur une nouvelle lancée, est-ce que, nécessairement, ça prend
des changements dans une équipe?
M. Couillard : Pas
nécessairement. Ou peut-être que oui, peut-être que non. Je suis toujours en
réflexion là-dessus. Mais je vais reprendre l'introduction de votre question. Je
ne veux pas effacer l'ardoise. Il fallait le faire, l'équilibre budgétaire. On
a eu le courage de le faire. Je ne veux certainement pas effacer cette partie-là
de l'ardoise, surtout la façon dont on l'a faite. Là, il y a toutes sortes de
grands esprits, là, qui disent qu'eux, ils ne l'auraient pas faite de la même
façon. Mais je ne sais pas si vous leur posez déjà la question : Puis,
vous, qu'est-ce que vous auriez fait avec 7 milliards de dollars dans le
trou? Comment vous auriez rétabli l'équilibre budgétaire? Quelles décisions
vous auriez prises? Ou plutôt, plus justement, auriez-vous eu le courage de
prendre des décisions qui étaient requises? Auriez-vous eu la sagesse et la
clairvoyance de faire en sorte que, oui, il y a eu des impacts, mais les
impacts ont été minimaux, quand même, compte tenu de ce qui a été fait
auparavant, dans des circonstances semblables, par d'autres gouvernements?
Alors, c'est ça qui est devant nous, là. Alors, je ne vais certainement pas
enlever de la mémoire des Québécois qu'on a rétabli la santé financière du
Québec non seulement pour nous, mais pour nos enfants également.
M. Lecavalier (Charles) :
Bonjour, M. le premier ministre. Pouvez-vous décrire la catastrophe financière
qui aurait frappé le Québec si vous ne l'aviez pas sauvé?
M. Couillard : Ah! certainement,
certainement. Alors, ça commence par...
M. Lecavalier (Charles) :
Est-ce qu'il y des exemples internationaux, par exemple?
M. Couillard : Bien, ça
commence d'abord par une décote. Et, pour que le monde comprenne bien, moi,
j'ai été obligé de parler au téléphone avec les agences de crédit — je
n'ai pas été convoqué à New York comme certains de mes prédécesseurs, mais ce
n'était pas loin — parce qu'on nous disait : Regarde, ça ne va
pas du tout, votre affaire, au Québec, là. Vous avez perdu le contrôle de vos
dépenses, ça ne va pas bien.
Déjà, les péquistes s'étaient fait décoter
sur la perspective du Québec, et la prochaine coche vers le bas s'en venait.
Alors, il a fallu que je prenne l'engagement, au nom de mon gouvernement, qu'on
allait rétablir l'équilibre budgétaire. Mais qu'est-ce que ça veut dire, ça,
pour le monde? Parce que tout ça a l'air bien théorique, décote. C'est le
banquier qui vous appelle à la maison puis vous dit : Regarde, ton
hypothèque, tu as manqué deux, trois paiements, je vais te charger plus cher.
Et vous êtes encore plus dans la dèche que vous étiez avant qu'il ne vous
appelle.
Alors, si c'était arrivé, ça, on aurait eu
moins d'argent, moins d'argent pour nos écoles, nos hôpitaux, on aurait
continué à endetter le Québec, puis c'est nos enfants qui auraient encore eu à
payer la note de ça. Moi, quand je vois mes enfants puis mes deux
petits-enfants, je les regarde puis je dis : J'ai fait en sorte que vous
ayez moins de fardeaux sur les épaules. C'est ça, la catastrophe qu'on a
évitée.
M. Lecavalier (Charles) :
Est-ce que Stéphanie Vallée a toujours votre confiance?
M. Couillard :
Excusez-moi?
M. Lecavalier (Charles) :
Est-ce que Stéphanie Vallée a toujours votre confiance? Est-ce que vous trouvez
qu'elle a fait un bon travail?
M. Couillard : Tous mes
collègues ont ma confiance. Tous mes collègues ont ma confiance.
M. Lecavalier (Charles) :
Trouvez-vous qu'elle a fait un bon travail?
M. Couillard : Tous mes
collègues ont ma confiance. Puis elle est souvent traitée injustement, comme
d'autres, par les gens de l'opposition. Elle a fait un travail énorme, elle
continue à le faire, et je suis très fier de tous mes collègues.
Le Modérateur
: Micro
de droite.
M. Boivin (Simon) :
Bonjour. Quelle part de responsabilité, selon vous, portent les gouvernements
libéraux successifs, depuis 2003, dans le désastre financier vers lequel le Québec
se dirigeait?
M. Couillard : Ils en
portent une partie, mais pas la majorité. Le problème structurel du Québec est
le suivant : deux tiers de la dette du Québec viennent de déficits
accumulés, hein? Les déficits qui ont été faits, par exemple, sous le gouvernement
de Jean Charest, ont été faits lors de la plus grande crise financière de
l'histoire moderne des sociétés occidentales. Personne ne peut nier ça. Tout le
monde disait qu'il fallait faire des déficits. Alors, moi, au contraire, je
pense que c'est un problème structurel qui se varie ou qui se distribue d'un
parti à l'autre, et je ne dirais pas que le Parti libéral est nécessairement
plus coupable, au contraire, moins que d'autres.
Cependant, qu'est-ce qui est arrivé au PQ?
Regardez les fois qu'il y a eu des catastrophes financières qui ont mené à une
décote, ou 20 % moins pour les fonctionnaires, ou les mises à la retraite,
1982, 1997. C'est quoi, le point commun entre les deux? Pour réparer le
référendum. Parce que, quand le référendum s'en vient... Puis là j'ai entendu que
M. Lisée nous en promet un pour 2022, là. Ça, c'est quatre, cinq ans de
campagne référendaire, en passant, pour le Québec, là. Alors, quand ça s'en
vient, bien, tu comprends bien qu'on ouvre les vannes, on veut faire plaisir à
tout le monde, on s'occupera de ça après. Alors, c'est arrivé en 1982, c'est
arrivé en 1997. C'est ça qui est arrivé.
M. Boivin (Simon) : Ce
n'est clairement pas arrivé en 2013‑2014, par contre.
M. Couillard : Il n'y a
pas eu de référendum, heureusement, mais il y en aurait eu un. Et puis, quand
on quitte le pouvoir sans faire de crédits, c'est parce qu'on sait que c'est
catastrophique puis on ne veut pas le dire au monde.
M. Boivin (Simon) :
Rapidement, est-ce que vous aviez l'idée de faire une contre-offre aux leaders autochtones
qui sont venus vous voir à l'Assemblée nationale il y a quelques jours? Est-ce
que vous l'avez complétée, cette contre-offre?
M. Couillard : On est en
dialogue constant avec eux. Et moi, je veux trouver une façon de rendre justice
aux femmes autochtones, qu'elles puissent s'exprimer, je veux qu'elles se
sentent en sécurité dans les communautés et que, s'il y a des problèmes
systémiques entre les corps policiers et les communautés autochtones, on puisse
les régler et améliorer les choses au bénéfice des populations autochtones, et
ma sincérité là-dedans est complète.
Je veux qu'on trouve, cependant, un
véhicule qui est efficace, qui nous amène à un résultat. C'est là-dessus que je
suis en conversation, et je n'ai pas éliminé aucune hypothèse, là. Je veux
vraiment, avec eux, faire le tour de toutes les hypothèses puis vérifier qu'on
arrive bien au résultat souhaité.
Le Modérateur
: Micro
de gauche.
Mme Biron (Martine) : Bonjour,
MM., Mmes les ministres, M. le premier ministre. Est-ce que ça vous
embête, la façon dont votre déclaration sur «nous avons sauvé le Québec» a été
perçue au sens large?
M. Couillard : Moi, je n'ai
pas de contrôle sur la perception. Je peux juste vous dire qu'objectivement
personne ne peut contredire ce que je viens de vous dire. Si j'avais à le
redire, je dirais : On a sauvé le Québec du désastre financier. Je pense
que ça aurait été plus spécifique. Mais il n'en reste pas moins que c'est ça
qui est arrivé. C'est ça qui est arrivé, Mme Biron. Si ça n'avait pas été
fait, ce retour à l'équilibre, avec 7 milliards de dollars dans le trou,
ce n'est pas juste un an, deux ans, c'est cinq ans, 10 ans de problèmes devant
nous et, à la prochaine récession, en plus, on n'aurait eu aucun, aucun, aucun
moyen de réagir.
Là, non seulement on a rétabli
l'équilibre, on a des marges de manoeuvre qui nous permettent d'investir dans
les services publics, on a mis en place une réserve de stabilisation qui nous
permettrait de faire face à un choc financier s'il y en avait un. Alors, c'est
pour ça qu'il fallait faire ça et que l'alternative était catastrophique. Elle
ne l'aurait pas été si le Québec n'était pas endetté au niveau où il l'est. D'ailleurs,
vous voyez le fédéral, ils ont des marges de manoeuvre différentes de nous
parce qu'ils ont un poids de dette plus bas dans leur économie que nous.
Alors, il faut en tirer des leçons.
Pourquoi c'est arrivé, que deux tiers de la dette vient des déficits? Sauf dans
les cas de récession, on a dit : Bof! Un déficit cette année, ce n'est pas
grave, hein, on va en faire un, puis on en fera un autre l'an prochain, puis
nos enfants, ils s'occuperont de ça un jour. Moi, j'ai toujours refusé ça. Et
je vais le redire différemment : On a sauvé le Québec du désastre
financier, on a rétabli la santé financière du Québec, la maison est en ordre.
Maintenant, on peut prendre la liberté de nos choix, soutenir la santé,
l'éducation, les régions, soutenir l'action internationale du Québec, et je
crois que c'était nécessaire. Bien, par contre, il fallait le courage de le
faire. Et, quand j'écoute mes collègues de l'opposition, je doute qu'eux, ils
auraient eu le courage de le faire.
Mme Biron (Martine) :
Maintenant, une question économique : Où en sont rendues les discussions
avec Ottawa concernant Bombardier? Est-ce qu'ils seront au rendez-vous?
M. Couillard : Regardez,
ce n'est pas moi qui ai ces discussions-là. C'est à eux, maintenant… Et puis je
vais le redire avec force — je voyais qu'il y avait des textes
d'opinion, il y a quelques jours puis, je pense, même ce matin dans les
quotidiens — c'est, pour moi, très difficile à accepter, et pour les
Québécois également, très difficile à accepter qu'on semble se mobiliser très
rapidement pour soutenir l'industrie automobile et que ce soit beaucoup plus
lent pour soutenir l'industrie aéronautique. Pour moi, c'est quelque chose qui
est difficile à accepter, et je pense que beaucoup de Québécois se disent ça
aussi.
Maintenant, je comprends qu'il faut
réfléchir, il faut choisir le bon véhicule, puis, bon, tout ça est correct,
mais il faut agir.
Mme Biron (Martine) :
Bien, ça fait longtemps, quand même, que la réflexion est… Ça fait un bout, là.
M. Couillard : Oui, mais
ce n'est pas moi qui la mène pour eux. C'est à eux de la faire puis c'est à eux
de répondre.
Mme Biron (Martine) :
Oui, mais quelles sont les conséquences quand vous dites que vous êtes déçu,
que vous n'acceptez pas cette… mal cette…
M. Couillard : Bien,
moi, je trouve dommage que le gouvernement fédéral ne soit pas visiblement au
coeur du plus beau et du plus gros projet d'innovation canadien actuellement,
qui est la série C de Bombardier. Je le dis, là, M. Bellemare,
d'ailleurs, le P.D.G. de Bombardier, l'a dit publiquement : N'eût été de
l'intervention du gouvernement du Québec, qu'en passant les deux oppositions
ont clouée au pilori, là... il a dit : N'eût été de cette intervention-là,
la santé même, l'existence même de Bomardier était en jeu. Alors, notre
intervention et, je dirais, une très bonne gestion de l'équipe de Bombardier
actuellement ont remis l'entreprise sur la bonne direction. Ils ont maintenant
des liquidités, ils ont la capacité de continuer le programme de la
série C, de faire les commandes en vue, mais il faut aller plus loin. Une
compagnie doit toujours voir plus loin parce que la compétition est féroce.
Alors, c'est là que le gouvernement fédéral a un rôle, essentiellement.
Mme Biron (Martine) :
Est-ce qu'il y a encore de l'espoir?
M. Couillard :
Excuse-moi.
Mme Biron (Martine) :
Est-ce qu'il y a encore de l'espoir?
M. Couillard : Bien, je
refuse, moi, toujours de perdre espoir. J'ai l'espoir chevillé au coeur, comme
on dit.
Le Modérateur
: On va
passer au micro de droite.
M. Chouinard (Tommy) :
Bonjour. Sur le même sujet, M. le premier ministre, quelles sont les raisons
invoquées qui vous sont formulées par le fédéral quant au refus, là, pour
l'instant, d'accorder une aide à Bombardier?
M. Couillard : Bien, je
n'ai jamais entendu de refus.
M. Chouinard (Tommy) :
Pas de refus, mais…
M. Couillard : Personne
ne m'a dit : On ne veut pas investir dans Bombardier.
M. Chouinard (Tommy) :
D'accord. Mais qu'est-ce qu'on vous dit?
M. Couillard : Bien, on
cherche, puis ils l'ont dit publiquement, c'est la même chose, privé et public,
là, on veut choisir le meilleur véhicule, on veut que ce soit un bon
investissement. Bon, c'est correct, je comprends très bien ça. Puis, grâce à
notre intervention, il n'y a peut-être pas le même degré d'urgence qu'il y
avait qu'avant que nous, on investisse, mais, pour, je dirais… au-delà même du
geste, le signal à donner au Québec, c'est que le gouvernement fédéral est
aussi présent pour l'aéronautique qu'il l'est pour l'industrie automobile
ailleurs au pays. Et ça, je crois que c'est très important pour la cohésion du
pays.
M. Chouinard (Tommy) :
Maintenant, vous identifiez trois secteurs prioritaires, puis vous en parlez
déjà depuis quelques jours, quelques semaines, l'économie qui est en
changement, le réseau de la santé qui est en changement, le réseau de l'éducation
qui est en changement. Est-ce que, dans ces...
M. Couillard : Les
municipalités en changement, hein?
M. Chouinard (Tommy) :
Oui. Bien, vous, vous ciblez particulièrement ces trois secteurs-là. Puis
j'aimerais bien comprendre : Est-ce que, pour poursuivre et opérer ces
changements, il faut éviter d'avoir un changement à la tête de ces trois
secteurs-là au niveau des portefeuilles?
M. Couillard : Je salue votre
persistance dans ces questions-là. Je suis très, très content de mon équipe. Je
suis conscient du fait que, dans des grandes missions comme la santé et
l'éducation particulièrement, et l'enseignement supérieur, la stabilité du
leadership est importante pour les équipes, pour les réseaux. Ceci dit, je suis
toujours en réflexion quant aux façons d'améliorer mon équipe, et je vous
réitère que, lorsqu'une décision sera prise, si elle l'est, on l'annoncera
publiquement.
M. Chouinard (Tommy) :
O.K. Donc, il ne faut pas s'attendre nécessairement à ce que, pour ces
secteurs-là, il y ait des changements quelconques.
M. Couillard : Peut-être
bien que oui, peut-être bien que non.
M. Chouinard (Tommy) :
Mais c'est parce que, là, vous parlez de stabilité en éducation, on comprend...
M. Couillard : Bien, je
vous donne un...
M. Chouinard (Tommy) :
En santé, il y a quand même beaucoup de choses qui se passent en ce moment.
Est-ce que ça, c'est...
M. Couillard :
Exactement. Puis je suis très content de mes collègues, là, je l'ai dit puis je
le redis. Alors, allons de l'avant, puis continuez à agir. Moi, je voyais
Gaétan Barrette, qui, le dernier jour de la session, dépose un projet de loi
vraiment important, là. Ce n'est pas petit. Ce n'est pas une petite chose qu'il
a déposée, Gaétan, ce matin, et ça montre...
Et savez-vous quoi? Une de mes grandes
fiertés, là, c'est qu'on est encore le ressort pour innover, aller plus loin.
Je le disais à mes collègues : On n'est même passé la mi-mandat. Encore,
on est là pour rénover la question des municipalités; encore, on est là pour
rénover en éducation et en santé. Et on va continuer de le faire, je sens
encore toute cette énergie.
Le Modérateur
: On va
passer au micro de gauche. Peut-être accélérer un peu le rythme.
Mme Crête (Mylène) :
Mylène Crête, de Radio-Canada. Qu'est-ce que voudriez changer pour la nouvelle
année?
M. Couillard : Alors,
c'est intéressant. J'ai rencontré une jeune membre dans notre équipe de
recherche, ici, qui m'a demandé : C'est quoi, vos souhaits pour le Québec
en 2017? J'ai dit : Je veux que le Québec soit prospère et encore plus
juste. Alors, je veux déployer toutes les actions possibles, maintenant qu'on a
des marges de manoeuvre nécessaires, pour continuer à bâtir une prospérité
durable au Québec, assurer des services publics de qualité, et toujours viser à
améliorer, même, la justice sociale chez nous, qui est déjà à un niveau élevé
par rapport à d'autres sociétés nord-américaines, mais qu'on veut toujours voir
progresser. Alors, c'est ça que je dois faire, qu'on doit continuer à faire
ensemble.
Mme Crête (Mylène) :
Considérez-vous que vous avez atteint un point de non-retour, comme l'affirme
votre adversaire péquiste?
M. Couillard : Je ne
sais pas ce qu'il veut dire par là.
Mme Crête (Mylène) :
Bien, au niveau de la rigueur budgétaire et des impacts que ça a eu sur certains
groupes de la population.
M. Couillard : Bien,
écoutez, moi, je lui demanderais : Pourquoi, lui, quand son parti était au
pouvoir, ils ont coupé 20 % les salaires de la fonction publique puis ils
ont mis des milliers et des milliers... Moi, j'étais en salle d'opération quand
ça a été fait, hein, je me souviens de ça. Je suis arrivé un matin, mon
infirmière la plus sénior avait été envoyée à la retraite. Moi, j'ai vu c'est
quoi que ça fait quand on fait des choses comme ça.
Mme Crête (Mylène) :
Donc, ça, c'était moins pire, ce qui s'est passé au cours des dernières années?
M. Couillard : Ce qu'on
a fait, c'est restreindre l'augmentation des budgets. Je le redis et je défie
quiconque de dire, de prouver le contraire. Les budgets de santé et d'éducation
n'ont pas diminué aucune année, ils ont toujours augmenté, augmenté moins vite
qu'on aurait souhaité, mais maintenant on peut les faire augmenter aussi vite
qu'on souhaite.
Mme Crête (Mylène) : Mais
ça aussi, ça peut avoir un impact, même quand on restreint l'augmentation.
M. Couillard : Bien,
c'est-à-dire qu'il faut toujours prendre ça en compte. Mais il n'y a pas que
les budgets. Moi, j'ai été ministre de la Santé pendant des années où les
augmentations étaient considérables parfois, puis il y avait des problèmes
aussi, puis il y avait des rapports, des fois, qui disaient qu'il y avait des
problèmes. Alors, il n'y a pas que l'argent, il y a également les façons de
faire puis la gestion.
Le Modérateur
: On va
passer en anglais. Micro de droite.
Mme Johnson (Maya) :Hello, Premier Couillard. Hello, everyone. You said that rumors are
just rumors. So, would you like to take this opportunity to put an end to the
rumors about your Government's plans for the New Year?
M. Couillard : You know, I like uncertainty.
Mme Johnson (Maya) : That's it?
M. Couillard : Yes.
Mme Johnson (Maya) : Do you have any regrets about your phrasing? You said that you and
your Government saved Québec. What would you change about that statement?
M. Couillard : I would just add a small piece to it, and, objectively, nobody can
deny this : We have saved Québec from financial disaster. This, I can say
it again, and again, and again, and I have all the evidence in front of me to
prove that. Because, again, we should look at the alternative. If we didn't act
decisively, the rating of Québec would go down immediately, and then, less
money for our hospitals, our schools not only this year, but the coming years,
and years, and years, and years of deficit, of growing debt and incapacity to
make our own choices. This, I can prove, black and white. So, that's obvious.
And the important thing
is to see the difference in reaction. We have had two similar situations in the
past : Lucien Bouchard, in 1996‑1997, and René Lévesque, in 1982. In 1982,
the answer was we cut civil service pay by 20%. In 1996‑1997, we sent
thousands of doctors, nurses, teachers, professionals off to retirement. We
didn't do that. Again, we didn't cut budgets; we just slowed down the increase.
But good news now, we can go towards what we had planned to do, which is 3.5%
in education and, hopefully, 4% in healthcare, and I hope that the federal Government's
transfers will make it happen with us.
Mme Johnson (Maya) : The Opposition has tried to portray your Government as
scandal-ridden, as unstable, as unable to make quick decisions, except in
crisis situations. What do you hope Quebeckers will take away from this session?
And what you feel your Government has been able to achieve that's different
from what the Opposition is presenting?
M. Couillard : Well, you know, what do you expect? You expect the Opposition, on a
day like this, to come forward and say positive things about governments? Never
seen it before and never going to happen, OK? But what I would I say and I would repeat this on the first part of your question : I have been leader of the party
since March 2013, Premier of Québec since April 2014,
name me one fact, one element contrary to a crystal clear practice both at the
party and in our Government. Unfortunately, it was wise from them, I can
understand the tactic, for example when the SIQ elements came forward, it was
presented to people, and frankly they got confused, as it's happening now. It
was 10 years ago. But of course, they didn't say that to people, they presented
it as : Oh, this is happening as we speak. No, it's not happening as we speak,
it happened 10 years ago, and the police are investigating, and other agencies
are investigating as well. So, what can you do against that? Only one thing :
say the truth and be even more present on the ground and talk to people.
Le Modérateur
: Micro de gauche.
M. Hicks (Ryan) : Ryan Hicks, CBC News. Actually, just picking up on that last point, I remember in Gatineau, back
at the beginning of the session, you admitted that your Government needs to improve communicating
it's message to people so it gets through. Do you feel that you have
accomplished that?
M. Couillard : I think we can do better. We can always do better. I would
challenge you to name me any government that cannot do better in communicating. Communication changes,
people's expectations change, how you communicate with people changes too. With
all due respect, it's not at all only the traditional media now, it's, you
know, social media, Twitter… Facebook and all the rest, you know that. So, we
are using this much more, we'll be doing this even more, but nothing replaces
direct personal contact. Each time one of us goes on the ground and tells
people what we're doing and shows them examples around them, well, they say :
Well, you're right. They always say : How come I never heard about that?
That's a pretty good question.
So, I will not blame you, ladies and gentlemen, for that. I would say that
maybe we didn't say it enough or loud enough and close to people enough so that
they know. And now they will know. We'll make sure that they know.
M. Hicks (Ryan) : The first two years, you said and other Members of your Government have said you had to make
difficult decisions, there were cuts, they were unpopular. What do you want the
last two years of your mandate to be remembered for?
M. Couillard : First, again, we had to make these decisions. You know, if
governing was only about doing the easy thing, everybody would want to govern
and it would be great, you know. Governing is also making tough choices and making
tough decisions. But now we are reaping the rewards of that, because we told
people in 2014 : Look, the reason we need to do this, is that we need some
room, financial room to give more money to our schools, our colleges, universities, our hospitals, our imaging centers, our businesses to
innovate, to export, our international representation to improve. Now we have
this. So, I can tell them, as I did in Mauricie a few
days ago on the radio : Look, this school at that place, in Trois-Rivières or in Saint-Boniface, there
are more classrooms now because of that, and we are building this in the
hospital because of this and your freedom of action, and you have three points
less of unemployment in Mauricie because we were able to intervene and support
the industry and companies. And then, they say : Yes, you're right, we see
all this. But then, why nobody tells us? That's the question, again. But it's our answer now. We have to be there, we have to be
out there, and talk to people, and show them what's happening around them.
Mme Fletcher (Raquel) : Good afternoon. Mr. Lisée said that he is actively campaigning for Mr. Poëti to become
the Transport Minister once again. It's not very often that the Opposition has
nice things to say about the Government. Do you agree with him?
M. Couillard : What can I say? Mr. Lisée can say what he wants.
Mme Fletcher (Raquel) : You don't have any…
M. Couillard : Frankly, I don't care what he says about that. We'll make our own
decisions. I'll make my own decisions. I'm very happy with my team. I'm
surrounded by very, very, very talented people, including Robert Poëti and others. I always try to
make the best use of their talents. That's what I want to do. I'll keep doing
this. But I don't need Mr. Lisée's advice.
Mme Fletcher (Raquel) : But is he right about Mr. Poëti? That
Mr. Poëti would make a good minister?
M. Couillard : Everybody would make a great addition. I could count on many
fingers of both my hands people in my caucus that today could be sitting in Cabinet.
This is always the hardest thing to do when you're a Premier, is not to appoint
people that could be there and even sometimes to ask people to maybe move aside
and let somebody else come. That's very hard. This is why you don't take this
lightly, and you take your time, and you think, which I like to do, in general.
Le Modérateur
:
Dernière question, à gauche.
M. Authier (Philip)
:
Good afternoon, Premier. One of your fine speechwriters, a year ago, wrote you
a very fine speech in which you said : We've been into a lot of turmoil,
and Québec is now entering tranquil waters.
M. Couillard : True.
M. Authier (Philip)
:
Do you remember those words?
M. Couillard : Yes. And we are, indeed.
M. Authier (Philip)
:
But this year looks like the water was pretty choppy.
M. Couillard : Give me examples.
M. Authier (Philip)
:
Well, we've been bombarded here, for the last two hours, by all the bad things
that have happened.
M. Couillard : Give me examples.
M. Authier (Philip)
:
I'm sure you've been monitoring… Well, you know what they say, you know what
they say. So…
M. Couillard : No, let's be precise. Are you talking about ethical things, for
example? OK, so, I'll repeat again : Name me one thing, one event since
2013 — I won't take the whole history on my shoulders — since
March 2013, when I was elected leader of the party, and April 2014, since I've
been Premier, name me one element. Silence. Always the same answer :
Silence. So, that's what I'll keep doing…
M. Authier (Philip)
:
I'm not in the Opposition, I'm just asking you these questions.
M. Couillard : I know, but you will notice that they never
answer that. They don't tell you : Oh yes, that's been this, and this, and
that. Then, they say : No, what about the SIQ? The SIQ was 10 years ago.
And they just make sure that people get confused and don't realize that it's
not happening as we speak.
M. Authier (Philip)
: But you, yourself, admit that perception is a problem.
M. Couillard : Yes, of course.
M. Authier (Philip)
: So, they have created this perception. How do you plan to dig your
way out of that?
M. Couillard : I think we have to answer directly and immediately. You know, the
problem with lies is, if you let them stick, they become truth for people. So,
we have to be much more nimble, rapid in our reactions, just setting things
straight. And this is something we're going to do.
Le Modérateur
:Merci beaucoup.
M. Couillard : Merry Christmas and happy New Year to all of you. Bye bye. Au
revoir.
(Fin à 15 h 4)