(Onze heures quatre minutes)
M. Khadir
: Bonjour.
Je voudrais prendre un instant, exceptionnel dans les pratiques ici, à l'Assemblée
nationale, en tout cas de notre part, pour rendre hommage à mon ami et a
l'objet de mon admiration la plus sincère, François Saillant.
Quand je pense à François Saillant, je
pense, en fait, à un des militants sociaux les plus importants de l'histoire
récente du Québec. En fait, François Saillant, c'est la dignité et l'intégrité
faits homme. Ce soir même, à Montréal, ses amis, ses collègues, ceux qui ont
milité et lutté avec lui pendant des années, ses proches, vont lui rendre
hommage dans un événement qui aura lieu, je pense, dans les locaux mêmes de
FRAPRU, l'organisme qu'il a présidé pendant tout près de 38 ans, le Front d'action
populaire en réaménagement urbain, avec lequel il a réussi à réaliser des
victoires importantes en matière de logement et d'équité sociale. Notamment, aujourd'hui,
on peut parler de 40 000 logements sociaux qui ont déjà été construits ou
qui sont planifiés pour la construction, qui sont directement liés à la
victoire obtenue en 1997 avec François Saillant, avec le programme AccèsLogis.
Mais je voudrais mentionner, pour
terminer, le rôle excessivement important que François Saillant a joué dans la
présence de Québec solidaire à l'Assemblée nationale, parce qu'il a d'abord
fallu que des militants courageux et, je dirais, vigilants comme lui et comme
Françoise David, en 1996, pour dire non au gouvernement et au pacte néolibéral
de Lucien Bouchard, à travers le sommet socioéconomique de 1996, ce qui a été,
je dirais, la première étincelle pour faire réfléchir la gauche québécoise sur la
nécessité d'une alternative.
Ensuite, il y a eu D'abord solidaires, un
mouvement populaire et citoyen qu'a lancé François Saillant avec ses collaborateurs
pour s'opposer à la dérive des élites économiques et politiques québécoises
vers la droite. Puis il y a eu, après ça, Option citoyenne et, avec
Option citoyenne, l'unité avec le parti que je représentais à l'époque,
l'Union des forces progressistes, et qui a donné Québec solidaire.
Donc, aujourd'hui, le rôle que
Françoise David, Manon Massé et moi-même avons pu jouer comme
représentants de ce parti à l'Assemblée nationale, on le doit au courage et à
l'intelligence politique et à l'engagement digne de François Saillant au
côté de ces initiatives populaires et politiques depuis près 40 ans.
Merci, François. Je serai là pour te rendre hommage.
Maintenant, quelques mots sur les dossiers
de l'heure sur le plan politique. Les citoyens et le public vont bien sûr entendre
toutes sortes d'explications, par le gouvernement et par les fédérations
médicales, sur les ententes qui auront été conclues pour mettre fin aux frais
accessoires qui auront coûté quand même des centaines de millions de dollars
que les Québécois ont sortis de leurs poches de frais indus qu'ils ont payés en
trop.
Moi, j'estime qu'une fois tout ça terminé,
M. Philippe Couillard, le premier ministre, et
M. Gaétan Barrette, le ministre de la Santé, doivent des excuses aux
Québécois, doivent des excuses d'abord pour avoir négocié tout ça avant, pour
avoir entretenu le flou alors que le premier était ministre de la Santé et
l'autre était représentant syndical corporatiste pour les médecins, pour avoir
laissé traîner tout ça, alors que ça fait des années que nous, à Québec
solidaire, et des groupes populaires, et des médecins consciencieux, et des
avocats le dénoncent. Donc, ils nous doivent des excuses pour avoir laissé
traîner tout ça. Dans le fond, cette entente-là, c'est un grave blâme à eux-mêmes
parce qu'après tout, tout ça a existé parce que ces deux-là ont négocié tout
ça.
Je voudrais aussi dire quelques mots sur
l'évasion fiscale dont on parle tant. On a une commission parlementaire qu'il
me tarde de recommencer à travailler dedans parce que, bon, là, on a quelques
difficultés à la remettre en branle. Mais on a souvent entendu les responsables
québécois ou canadiens se dire : Bon, c'est un problème qu'on ne peut pas
contrôler, ça se passe ailleurs. Bien là, on voit, non, ce n'est pas vrai, ça
se passe ici même au Canada et au Québec. Et moi, je trouve regrettable
l'indolence démontrée non seulement par le gouvernement, mais même par Revenu
Québec.
Alors, je demande à l'agence de Revenu
Québec : C'est quoi le problème? Est-ce qu'il vous manque du personnel,
des effectifs, des ressources? Si c'est le cas, dites-nous-le. Mais, si c'est
une directive politique qui vous demande de rester tranquilles et de ne pas
ennuyer tous ces magouilleurs, tous ces fraudeurs en cravate qui déplacent des
millions de dollars par-dessus nos têtes pour échapper à l'impôt, et vous devez
les laisser tranquilles, puis on vous demande plutôt d'aller enquiquiner le
petit restaurateur, le chauffeur de taxi, la coiffeuse de salon, bien
dites-nous-le. Est-ce qu'il y a une directive politique qui fait que vous vous
acharnez contre les petits commerçants du Québec, qui font de leur mieux pour
survivre dans le contexte économique, au lieu de vous attaquer à ces
millionnaires, à ces milliardaires qui organisent ces magouilles à l'échelle
astronomique qui font échapper des centaines de millions de dollars d'impôt au Québec
et à d'autres juridictions?
Finalement, le projet de loi n° 122,
nous avons appris... et j'étais, encore une fois, estomaqué que le ministre
Coiteux tente de nous en passer une bonne. Dans l'article 112... bien, dans le projet
de loi n° 112, tout d'un coup, à l'article 185, il veut donner le droit au
gouvernement du Québec de décider tout seul, par-dessus tout le travail qu'on a
fait depuis 50 ans, pour la protection des zones agricoles et pour empêcher
l'étalement urbain, là, il veut, au profit, sans doute, des promoteurs qui...
on le sait, hein, le Parti libéral est le parti des promoteurs et des
affairistes qui le financent. Et là il veut faire en sorte que cette espèce de
pacte social qu'on a depuis 50 ans, que tout développement résidentiel ou
industriel dans de nouveaux territoires doit passer d'abord par la Commission
de protection du territoire agricole.
Bien, le gouvernement veut passer
par-dessus et donc dézoner, à sa guise, pour les projets qu'il juge opportuns,
comme, par exemple, dans le cas du réseau électrifié métropolitain, le réseau
électrique métropolitain de la Caisse de dépôt. Bien, il y a un problème majeur
lié justement à des zones agricoles. Alors, ce n'est pas tant pour l'autonomie
des municipalités. En fait, le gouvernement cherche, de cette manière-là, à
créer des brèches dans ce contrat social de manière à favoriser tous les
promoteurs dont ils représentent des intérêts.
Et finalement, un mot sur lac Barrière. Aujourd'hui
même, les communautés autochtones algonquines du lac Barrière dénoncent les
politiques actuelles du gouvernement qui continue l'affront fait aux Premières
Nations depuis des siècles et, en fait, continue l'approche, je dirais,
néocoloniale qui consiste à considérer que les Premières Nations n'ont aucun
droit sur leurs territoires. Alors, aujourd'hui même, dans un communiqué, ma
collègue Manon Massé demande au gouvernement de répondre favorablement à la
demande qui est faite par les nations algonquines d'Abitibi de revoir la Loi
sur les mines pour qu'elle respecte des droits ancestraux et territoriaux des
Premières Nations.
En 2017, c'est quand même assez indécent
qu'après autant de débats qu'on a faits sur la Loi des mines, sur le fait qu'on
se fasse littéralement voler nos sous-sols et que les communautés locales sont
peu consultées, que ça soit, entre guillemets, les Blancs ou que ça soit les
Premières Nations, et après tout ce qu'on a su sur le non-respect des droits
des autochtones, la violence policière, les injustices historiques, que le
gouvernement ne respecte pas le principe qu'il nous semblait qui était
maintenant acquis, que dans le développement du territoire, les nations
autochtones ont des droits et que ces droits-là doivent être respectés, les
nations doivent être consultées en amont, et prendre part aux décisions, et
être partie prenante de tous les intérêts liés aux projets de développement
minier. Merci beaucoup de votre attention.
Le Modérateur
:
Questions, messieurs?
M. Lacroix (Louis) : Bien, je
vous poserai des questions après, parce que... des raisons de...
M. Khadir
:
Convivialité.
M. Lacroix (Louis) : Exactement.
M. Khadir
: Très bien.
Merci beaucoup de votre attention.
(Fin à 11 h 13)