(Treize heures seize minutes)
Le Modérateur
: Donc,
merci d'être là, mesdames et messieurs. Le chef de l'opposition officielle, M. Jean-François
Lisée, va faire une déclaration qui sera suivie par une période de questions.
Je laisse la parole à M. Lisée.
M. Lisée
: D'abord
je tiens à vous souhaiter une excellente rentrée parlementaire. À partir
d'aujourd'hui, on espère abattre beaucoup de boulot au nom des Québécoises et
des Québécois d'ici la fin de la session. Je suis d'ailleurs entouré de deux
députées extrêmement dédiées à l'ouvrage : Agnès Maltais, qui a eu un peu
peur, elle qui est responsable, entre autres, des dossiers de laïcité et
d'intégrité, et ma collègue Mireille Jean, qui est de l'équipe Priorité PME,
qui s'occupe aussi de la condition féminine. Vous allez voir pourquoi je leur
ai demandé de m'accompagner. Je veux parler d'abord, en déclaration d'ouverture,
de deux sujets : le projet de loi sur la neutralité religieuse et le cas
du député Gerry Sklavounos.
Sur le projet de loi, on a entendu le
premier ministre, ces jours derniers, dire que ce serait une bonne chose que
les partis politiques à l'Assemblée nationale puissent parler d'une même voix
pour poser des gestes structurants et importants pour la suite, même si chacun
n'y retrouve pas la totalité de ses voeux. On trouve que c'est une bonne
approche. Qu'est-ce qui serait important pour bien incarner le consensus le
plus large possible, sachant que l'unanimité est impossible? D'abord, dans ce
projet de loi, il y a une reprise de ce que nous avions nous-mêmes proposé sur
l'encadrement des accommodements religieux. Et donc nous avons noté depuis le
début que c'était une bonne reprise. Ce qu'il manque là-dedans, c'est d'offrir
aux secteurs de l'éducation, de la santé et de la fonction publique un guide
d'utilisation, d'encadrement des accommodements religieux, qui fait en sorte
que les institutions pourront répondre clairement aux demandes d'accommodements
en disant : Regardez, c'est dans le guide. Donc, il n'y aura pas
d'arbitraire. Alors, si on ajoute cet élément-là, nous serons satisfaits.
Deuxièmement, il y a, dans le projet de
loi, cette idée d'interdire le visage couvert pour la prestation et la
réception de services publics. Dans la version d'origine, il y avait ensuite
une exception tellement grande qu'elle rendait la règle inopérante. Nous avons
demandé à ce que cette exception soit balisée et qu'elle exclue les exceptions
pour motif religieux. J'avais posé la question au premier ministre l'automne
dernier, il avait répondu que, oui, il allait faire cet amendement. Nous attendons
d'en voir le libellé.
Et, troisièmement, le consensus très large
qui a été réitéré par MM. Bouchard et Taylor ces jours derniers. C'est
leur proposition d'interdire les signes religieux. Et moi, j'ajoute toujours
les signes de toutes convictions politiques, sociales ou religieuses chez les
juges, les gardiens de prison et les policiers.
Il nous semble que, si ces trois éléments
font partie de la proposition du projet de loi, nous aurons un point de
rencontre, un point de rencontre important entre les partis à l'Assemblée
nationale et nous pourrons voter ensemble cette loi d'ici la fin de la session.
Donc, j'appelle le premier ministre à constater, comme nous l'avons fait et
comme le chef du deuxième parti d'opposition semble l'avoir fait il y a quelques
minutes, quelques heures, qu'il y a là un point de rencontre politique
important qui nous permettrait de faire ces pas, sachant que, pour la suite des
choses, chacun des partis a des propositions distinctes qu'on fera valoir au
moment de l'élection.
J'espère qu'on va saisir cette chance. J'espère
que le premier ministre va saisir le moment. L'initiative parlementaire lui
appartient, il a la capacité de traduire ce consensus dans un projet de loi et,
s'il le fait, il fera une bonne action pour le Québec. Et nous, on est prêts à
faire cette bonne action avec lui.
Sur la question de M. Sklavounos,
bon, nous avons tous lu comme vous le communiqué de la Direction des poursuites
criminelles et pénales, et je pense que la question des allégations qui étaient
portées, de nature criminelle... sont écartées du débat. Cela étant dit, vous
avez tous vu, et certains d'entre vous avez rapporté, un certain nombre de
témoignages qui ont démontré que M. Sklavounos avait eu des comportements
inappropriés à répétition avec du personnel de l'Assemblée nationale au cours
des dernières années. La question politique qui est posée n'est pas de savoir
si quelqu'un qui a fauté peut faire acte de contrition et modifier son
comportement pour l'avenir. Bien sûr que quelqu'un peut faire ça. Mais un
caucus de parti à l'Assemblée nationale, ce n'est pas une grande entreprise où
on permet à des gens de faire contrition, d'avoir des formations et ensuite de
se réhabiliter dans l'entreprise. Un caucus de parti politique, c'est le
rassemblement de gens qui représentent la population et qui sont donc tenus à
un comportement qui est exemplaire ou, du moins, le plus exemplaire possible. Est-ce
qu'on peut dire de M. Sklavounos qu'il représente le type de comportement
qu'on veut d'un élu de l'Assemblée nationale? Moi, ma réponse est non.
Alors, je comprends bien que M. Sklavounos
peut modifier son comportement par la suite, il peut avoir une grande carrière
dans le privé ou dans la société civile, mais, à mon avis, ce n'est pas sa
place de rester à l'Assemblée nationale, du moins, certainement pas après la
fin de son mandat actuel. Si j'avais un cas comme celui-là à l'intérieur de mon
caucus, je lui dirais : Tu ne reviens pas dans le caucus parce que je ne
veux pas que mon parti soit représenté par quelqu'un qui a fauté comme cela. Maintenant,
je te souhaite bonne chance pour la suite. Il y a un deuxième acte dans ta vie
professionnelle, bien sûr, mais pas à l'Assemblée nationale. Je vous remercie.
Le Modérateur
: Merci,
M. Lisée. On y va avec... merci, en français. Ensuite, une question et une
sous-question, s'il vous plaît. On y va avec le micro de droite. M. Laforest,
TVA.
M. Laforest (Alain) : M. Lisée,
mesdames. Revenons sur le cas Sklavounos parce que vous êtes... Est-ce que vous
ne considérez pas actuellement, compte tenu que le Directeur des poursuites
criminelles et pénales arrive à la conclusion qu'il n'y a pas eu de crime... Vous
dites à M. Sklavounos : Vous n'avez plus votre place ici, mais il n'y
a pas d'accusation, là.
M. Lisée
:
Écoutez, le crime n'est plus au dossier. La série de comportements
inappropriés, qui a été révélée dans une série de témoignages anonymes ou non
anonymes, qu'on a vus dans des journaux, et dans des télévisions, et sur des
radios dont on reconnaît la compétence et la rigueur, nous font conclure que ce
n'est pas le genre de député qu'un parti politique devrait avoir comme vitrine
de ce que nous sommes. Alors, c'est un jugement politique qui doit être porté.
Ce n'est pas un droit acquis d'être membre d'un caucus. C'est un jugement
politique qui est constamment porté sur la qualité de représentation des
personnes. Et donc c'est sûr que la ligne est plus difficile à établir. Moi, je
l'établis. Comme chef de parti, voilà ce que je ferais, et c'est ce que je
conseille à Philippe Couillard de faire. Maintenant, ce sera à lui à décider.
M. Laforest (Alain) :
Vous avez fait un acte de contrition, la semaine passée, concernant vos propos.
Vous l'avez refait à plusieurs reprises en disant : J'ai déjà fait l'acte
de contrition. On vous pose souvent la question en disant : Est-ce que
vous allez faire votre acte de contrition? M. Couillard dit qu'il n'a rien
à se reprocher. M. Legault dit qu'il n'a rien à se reprocher dans le débat.
Vous êtes le seul qui avez quelque chose à se reprocher, qui avez admis que
vous avez dit quelque chose qui ne devait pas se dire. Que répondez-vous?
M. Lisée
: Bien,
écoutez, ça leur appartient. Je pense que tous ont convenu que, lorsque M. Couillard
a dit qu'ils étaient... soufflé sur les braises de l'intolérance que de vouloir
remettre en question sa volonté d'augmenter le seuil d'immigration à
60 000 immigrants par année, il a dit quelque chose qui n'apaisait pas le
débat. Lorsque M. Legault a fait des publicités mensongères avec un
tchador, il n'a pas produit quelque chose qui apaisait le débat. Lorsque Manon
Massé parle d'islamophobie systémique, hein, au Québec, elle n'apaise pas le
débat.
Alors, s'ils ne veulent pas, dans leur
style de politique, admettre une erreur pour faire avancer les choses, c'est
leur style. Ce n'est pas le mien.
Le Modérateur
: Merci.
Micro de gauche, M. Lacroix, Cogeco.
M. Lacroix (Louis) :
Bonjour, monsieur. Bonjour, mesdames. Vous posez un jugement moral, en fait,
sur le retour de M. Sklavounos. Vous dites que vous, selon vos critères
moraux à vous, ça ne correspond pas à quelque chose qui serait acceptable,
qu'il revienne siéger à l'Assemblée nationale, de ce que je comprends.
Qu'est-ce que ça vous dit sur les critères moraux de M. Couillard, qui,
lui, pose des conditions au retour de M. Sklavounos? Donc, il ne rejette
pas d'emblée la possibilité que M. Sklavounos puisse revenir siéger au
caucus libéral, et donc à l'Assemblée nationale.
M. Lisée
: Bien,
ça me dit qu'on n'a pas la même exigence morale envers les gens qui sont
membres de nos caucus.
M. Lacroix (Louis) :
Mais encore? Est-ce que M. Couillard erre lorsqu'il pose des conditions
comme celles-là? Il devrait carrément ne pas le faire?
M. Lisée
: On est
dans une décennie de prise de conscience du respect qui est dû à l'ensemble des
femmes du Québec, à l'ensemble des femmes du Québec. Et on a eu l'affaire
Marcel Aubut, je ne dis pas que c'est la même chose, on a eu l'affaire Ghomeshi,
et je ne dis pas que c'est la même chose, mais, en 2017, compte tenu d'une
conscience plus aiguë que des comportements, surtout de personnes en autorité,
doivent être sanctionnés, je pense que le bon réflexe, c'est de dire que notre
degré de tolérance est beaucoup plus faible que dans le passé. C'est le cas
pour moi. Si ce n'est pas le cas pour M. Couillard, bien, ça fera partie
de son bilan lorsque les hommes et les femmes iront voter en 2018.
Le Modérateur
: Merci, monsieur.
On va y aller avec...
M. Lacroix (Louis) :
Excusez, c'était une question sur...
Le Modérateur
: C'était
une très, très sous-question, M. Lacroix. Allez-y
M. Lacroix (Louis) :
Non, non, non. Sur la question de pl 62, du projet de loi n° 62, M. Couillard
vous tend la main, mais lui, de ce que je comprends, vous lui demandez d'aller
plus loin que ce qu'il a à faire parce que lui dit un peu ce que vous aviez dit
lors de la course à la chefferie : On devrait s'entendre sur le minimum
puis, ensuite, aller plus loin, si jamais les partis le décident. Vous, vous
demandez déjà à M. Couillard de faire un pas plus loin, un pas en avant,
alors que, lui, visiblement, ce que vous lui demandez, ça va beaucoup... en
fait, ça va encore plus loin que la base du projet de loi n° 62.
M. Lisée
: Bon,
vous savez aussi bien que moi et peut-être mieux que moi, M. Lacroix,
parce que vous êtes bien informé, qu'il y a des débats intenses au sein du
caucus libéral et du Conseil des ministres libéral sur l'opportunité d'inclure
Bouchard-Taylor dans le projet de loi. Et nous, on a été contents, avec Agnès,
de nourrir cette discussion-là en n'étant pas jusqu'au-boutistes, justement, en
disant qu'on était prêts à les accompagner là-dedans. Et on est toujours prêts
à les accompagner.
Ce matin, Jean-Marc Fournier, dans une
entrevue, n'a pas fermé la porte à Bouchard-Taylor mais a dit : Bouchard-Taylor,
mais pas plus. Bien, on est d'accord avec lui. Cette fois-ci, ce sera Bouchard-Taylor
et pas plus. Et c'est ce que François Legault a dit tout à l'heure. Donc là, il
y a un point de rencontre possible. Alors, on invite le premier ministre à
saisir l'occasion. Merci.
Le Modérateur
: M. Salvet.
M. Salvet (Jean-Marc) :
Bonjour, M. Lisée. Bonjour à vos deux collègues. Pour être très clair,
vous avez mis trois éléments sur la table. Il faut comprendre que, si, par
exemple, les agents de coercition ne figurent pas dans les modifications à
venir du projet de loi n° 62, c'est non, vous ne voterez pas en faveur. C'est
la barre que vous fixez maintenant.
M. Lisée
: On aura
raté l'occasion. On aura raté l'occasion. Le premier ministre a une belle
occasion de faire les trois, il devrait faire les trois.
M. Salvet (Jean-Marc) :
Mais dire qu'il aura raté l'occasion, est-ce dire que dire que vous allez voter
contre?
M. Lisée
: On est
constamment constructifs et on va se déterminer en fonction de ce qu'il y a sur
la table, et donc je veux continuer à être constructif, mais, certainement, si
le premier ministre veut avoir une discussion rapide, unifiée, c'est la seule
voie à prendre.
M. Salvet (Jean-Marc) :
Mais est-ce qu'il ne serait pas opportun quand même de franchir ce pas, qui est
contenu dans 62, pour autant qu'on comble la brèche, là, des exceptions, hein?
Vous aviez à combler cette brèche-là. Si elle était comblée, cette brèche, il
ne serait pas opportun de voter pour et finalement de reporter le débat, ou de
refaire le débat, ou d'aller plus loin dans le débat, ou à la campagne
électorale prochaine?
M. Lisée
: Si le premier
ministre refuse de saisir l'occasion, et d'écouter des membres de son propre
parti, et d'écouter la recommandation centrale du rapport que son propre parti
a demandé, il aura raté une occasion et devra en répondre en 2018. Mais je
tiens à dire que la belle occasion qui est devant nous nous demande, à nous,
d'accepter de ne pas faire tout le chemin et demande à lui d'accepter de faire
une partie du chemin.
Le Modérateur
: Merci.
M. Vigneault, Radio-Canada.
M. Vigneault (Nicolas) :
Un peu dans la même lignée, M. Lisée, trois éléments, effectivement. Est-ce
que, par exemple, si vous en avez un sur trois, on comprend que c'est
hypothétique, mais, si on va de l'avant avec les personnes en autorité et interdiction
de signe religieux pour ces gens-là, c'est suffisant pour vous?
M. Lisée
: Bien,
si on avait les personnes en autorité, donc, Bouchard-Taylor plus une vraie disposition
sur le visage couvert, ils ont déjà fait la proposition sur l'encadrement...
M. Vigneault (Nicolas) :
Mais sans plus. Sans plus.
M. Lisée
: Mais
ils sont déjà là. L'encadrement des accommodements religieux est déjà là, et la
ministre a déjà indiqué qu'elle serait d'accord pour un guide sectoriel. On a
le point de rencontre voulu.
M. Vigneault (Nicolas) :
Sur les stations de radio de Québec, peut-être, Mme Maltais, M. Caire
vient de dire qu'on va trop loin en pointant du doigt les stations de radio de Québec,
notamment la commission scolaire de la Capitale, qui interdit à ses chauffeurs,
là, de placer ou d'écouter les émissions de radio de Québec. M. Caire s'est
scandalisé de tout ça. Est-ce que ça ne contribue pas justement à alimenter
tout le débat?
Mme Maltais : Écoutez, il
y a beaucoup de monde qui a été pointé du doigt dans la semaine dernière. Je
vais continuer à dire que le jeune Alexandre Bissonnette est actuellement sous
la loupe d'enquêteurs, il est sous la loupe de psychologues, et on va tout
savoir bientôt sur ce qui était ses agents de radicalisation. On cherche toujours
quels sont les agents de radicalisation. Ce petit gars là a été entraîné vers
une radicalisation qui l'a mené à un geste violent inacceptable. Donc, de notre
côté, avant de pointer qui que ce soit, on préfère attendre les conclusions des
enquêteurs et comprendre ce qui s'est passé, de notre côté. Le reste appartient
aux institutions ou autorités.
Le Modérateur
: Merci.
M. Robillard, micro de droite.
M. Robillard (Alexandre) :
M. Lisée, est-ce que vous partagez les inquiétudes du commissaire de la
GRC, Bob Paulson, qui dit qu'il y a un discours politique qui contribue à
radicaliser des individus?
M. Lisée
: Il est
certain que, si on suit les nouvelles américaines, si on suit les événements
internationaux au Moyen-Orient, il y a beaucoup de radicaux qui s'expriment, il
y a beaucoup de radicaux qui s'expriment. Et nous, hier dans les 20
propositions qu'on a avancées pour lutter contre la discrimination et le
racisme, on dit que, sur les réseaux sociaux, bien sûr, on est pour la liberté
d'expression mais y compris la liberté d'expression de ceux qui n'aiment pas
les propos radicaux et discriminatoires et qui devraient s'exprimer.
Alors, il y a plusieurs stratégies, on
peut dire : Bien, écoutez, on bloque systématiquement quelqu'un qui est
raciste et discriminatoire, ils se parleront entre eux, les 15, là, c'est une
façon de le faire, mais de ne pas laisser, sur nos fils de discussion, un
propos raciste ou discriminatoire sans réponse. Les réponses au racisme et à la
discrimination, il y a des réponses législatives, il y a des réponses
réglementaires — et on a fait des propositions hier, on va continuer
à en discuter — mais il y a aussi les pairs. C'est-à-dire que la
société rend moins acceptables certains propos. Ces propos-là sont plus
présents récemment dans la discussion publique, notamment à cause des médias
sociaux. On peut penser qu'avant les médias sociaux c'étaient des choses qui se
disaient dans des bars et dans les cuisines et qu'on ne les voyait pas autant,
mais, certainement, il y a plus de résonnance maintenant, et donc la capacité
de nuire est plus grande, et donc il convient que ceux qui, comme nous...
souhaitons plus de tolérance et plus d'égalité répondions et ne laissions pas
passer cela comme si c'était normal. Il faut dénormaliser le propos
discriminatoire.
M. Robillard (Alexandre) :
Donc, selon vous, dans la classe politique québécoise, il n'y a pas de source,
de discours qui pourrait, comme semble le constater M. Paulson, contribuer
à radicaliser certaines personnes.
M. Lisée
: Bien,
j'ai fait la liste, tout à l'heure, de propos qui me semblaient ne pas aller
dans le sens d'apaiser le débat. Lorsqu'on est intolérant envers l'argument de
l'autre, c'est évident qu'on donne un modèle d'intolérance.
Le Modérateur
: C'est
ça. On va y aller avec le micro de gauche...
M. Robillard (Alexandre) :
Est-ce qu'il y a de la place, à Québec, pour deux chefs souverainistes?
M. Lisée
: Ah! moi,
j'en voudrais 12, 15. Je veux le maximum de chefs souverainistes à Québec.
M. Robillard (Alexandre) :
Donc, Mme Ouellette a sa place?
M. Lisée
: Bien,
si elle décide d'être là, je sens que vous avez beaucoup d'intérêt pour sa
parole, donc la parole souverainiste sera décuplée.
M. Robillard (Alexandre) :
Elle a besoin d'attention ici.
Le Modérateur
: On va y
aller au micro de gauche.
M. Lisée
: Bien,
vous lui en donnez beaucoup. Alors, ça semble vous intéresser.
Le Modérateur
: Mme Dion-Viens,
Journal de Québec.
Mme Dion-Viens (Daphnée) :
Oui, bonjour à tous. Une précision pour Mme Maltais concernant les radios de Québec.
La CAQ considère aussi que le maire Labeaume est allé trop loin en faisant une association
indirecte avec la radio parlée de Québec et les tristes événements. Qu'est-ce
que vous en pensez?
Mme
Maltais
:
J'ai déjà répondu à cette question la semaine dernière. Il y a des enquêteurs,
il y a des psychologues qui sont autour du jeune. Nous allons tout savoir sur
ce qui l'a entraîné dans ce chemin de la violence. Nous allons, de notre part,
attendre et comprendre. Maintenant, les autres institutions, les autres
autorités peuvent se gouverner comme elles le veulent, mais, de notre côté, c'est
la position que nous avons prise. Et maintenant il faut vraiment comprendre ce
qui s'est passé.
Quand il y a eu des attentats terroristes
qui ont été commis au nom d'un islam politique, à chaque fois, on a essayé de
tenter de découvrir qui étaient les agents de radicalisation. Alors, est-ce que
le contexte culturel est, dans ce cas-ci à Québec, un agent de radicalisation?
Ce sont des questions qui ont été posées. On va attendre de comprendre.
Mme Dion-Viens (Daphnée) :
Et, de manière générale, est-ce que c'est correct que des enfants de cinq ou
six ans écoutent la radio parlée de Québec, la radio d'opinion dans l'autobus?
Mme Maltais : Je suis
bien embêtée de vous répondre.
Le Modérateur
: Merci.
M. Boivin, micro de droite.
M. Boivin (Mathieu) :
J'ai demandé ce matin à M. Legault quel était le lien exact à faire entre
l'adoption éventuelle d'un projet de loi sur la neutralité religieuse et une
meilleure prévention de gestes d'extrémisme criminel comme celui d'Alexandre
Bissonnette. M. Legault m'a dit : Bien, écoutez, ça assainirait le
climat, qui a trop duré. On a évité d'adopter Bouchard-Taylor il y a 10 ans,
puis tout ça a créé un climat malsain.
M. Couillard, le premier ministre,
lui, dit : Non, non, non, on fait un lien qui n'a absolument aucun rapport
entre les deux. Je vous la pose, la question. Est-ce que l'adoption urgente du projet
de loi n° 62 nous protégerait mieux? En quelle façon?
M. Lisée
: Nous,
on a une position qui est équilibrée. Puis on pense que, sur le vivre-ensemble,
il y a deux aspects. Il y a les règles du vivre-ensemble, le projet de loi
n° 62 et d'autres positions, et il y a le vif désir de réussir le
vivre-ensemble, qui sont les propositions que nous avons faites hier pour faire
reculer le racisme, la discrimination, améliorer l'intégration en emploi, et il
y a beaucoup de travail à faire là-dessus aussi.
Et lorsqu'on a rendu publique, à l'automne
dernier, notre position unanime sur l'identité, on dit une position
équilibrée... et un gouvernement du Parti québécois élu en octobre de l'an
prochain commencerait par la mise en oeuvre de mesures pour mieux intégrer,
pour faire un succès de chaque vie de Québécois d'origines diverses, avant de
passer aux règles du vivre-ensemble. Ça, c'est la façon dont on veut le faire.
Maintenant, c'est vrai que les règles du
vivre-ensemble permettent d'apaiser un certain nombre d'incompréhensions et de
malentendus parce que, quand tu n'as pas de règle, tu es incertain de tes
droits, où est-ce que tes droits s'arrêtent, où est-ce que les droits de
l'autre commencent. Et tout le monde ne sera pas content des arbitrages qui
seront faits, mais, au moins, on aura dit : Bien, regardez, ces règles-là
ont été adoptées par l'Assemblée nationale. Ce sont les règles qui s'appliquent
à tous. Et donc on est dans la clarté. Et ce que MM. Bouchard et Taylor
ont encore dit dans toutes leurs entrevues depuis quelques jours, c'est qu'on n'est
pas dans la clarté et que de ne pas avoir tranché les règles depuis 10 ans, ça
alimente l'incertitude les uns par rapport aux autres. Et, quand on est
incertains, on est peut-être moins tolérants. Alors, oui, ça a un lien.
M. Boivin (Mathieu) : Il est
plausible qu'Alexandre Bissonnette aurait retenu son geste si d'aventure on
avait réglé, il y a longtemps déjà, l'impossibilité pour des gens en situation
d'autorité de porter quelque signe religieux que ce soit? Il aurait retenu son
geste?
M. Lisée
:
Écoutez, j'aime répondre à des questions plausibles. Vous n'êtes pas dans la
tête de M. Bissonnette, et je pense qu'on ne peut jamais faire de lien de
cause à effet entre une chose et une autre lorsqu'on est dans la tête d'un
tueur, O.K.? Cependant, est-ce que ça apaiserait la discussion publique au
Québec de savoir qu'on fait un réel effort d'intégration, d'une part, et qu'on
a des règles claires sur les accommodements religieux, d'autre part? Oui, ça
apaiserait.
Le Modérateur
: Merci.
Micro de gauche. M. Croteau, LaPresse.
M. Croteau (Martin) :
Bonjour à tous.
M. Lisée
: Est-ce
qu'on est en direct sur ledevoir.com? Alors, je salue tous les auditeurs de
ledevoir.com.
Le Modérateur
:
Montreal
Gazette n'est pas d'accord.
M. Croteau (Martin) :
Moi aussi, je les salue. Bonjour. Bonjour à tous. M. Lisée, je comprends
vos arguments dans le dossier de Sklavounos, mais je ne comprends pas quel
résultat vous souhaitez. Souhaitez-vous qu'il soit évincé du caucus libéral?
Qu'il conserve son siège comme indépendant? Souhaitez-vous qu'il soit banni de
l'Assemblée nationale, un peu comme semblait le laisser entendre Mme Poirier
la semaine dernière? Donc, quel résultat souhaitez-vous?
M. Lisée
: Bon,
alors, je dis : Si j'avais à choisir, il ne serait pas au caucus. Ensuite,
il est un député dûment élu par ses citoyens, il a le droit de siéger comme
indépendant jusqu'à la fin de son mandat, qui est dans pas grand temps, quand
même, octobre 2018. C'est son choix à lui. Moi, ma préférence, puisqu'on est
dans les préférences cette semaine, ce serait qu'il quitte, mais ça lui
appartient. Si on était en début de mandat, je serais peut-être plus véhément.
On est vers la fin du mandat, alors, bon, on peut peut-être s'éviter une
partielle supplémentaire. Mais, certainement, le jugement politique qui est
demandé maintenant du chef politique de Gerry Sklavounos, c'est : Est-ce
qu'il va admettre qu'une personne qui a eu des comportements inappropriés à
répétition envers des femmes redevienne membre du caucus du parti du
gouvernement au Québec en ce moment?
M. Croteau (Martin) :
Mme Poirier avait évoqué, la semaine passée, le cas de... en fait, les
règlements dont s'était dotée l'Assemblée nationale au sujet du harcèlement.
Est-ce que ce règlement peut être invoqué pour justifier l'exclusion de
M. Sklavounos de l'Assemblée nationale, selon vous?
M. Lisée
: Je ne
le pense pas.
Mme Maltais : Non, je...
non, c'est...
M. Lisée
: Agnès.
Mme Maltais : Excuse-moi.
À mon souvenir, la politique du harcèlement, ça permet au parti d'aviser le
whip de l'autre qu'il y a eu harcèlement, et, normalement, le whip de l'autre
côté, le whip du parti auquel appartient le député qui a fait du harcèlement,
doit prendre les mesures nécessaires pour faire cesser ce harcèlement. C'est
extrêmement important, d'abord.
Deuxièmement, il y a direction vers une
intervention, c'est-à-dire la personne peut choisir de dénoncer, et il y a un
réceptacle pour recueillir la... il y a une personne qui est là, payée par
l'Assemblée nationale, pour recueillir les dénonciations. Ça peut être
quelqu'un du privé. Donc, il y a toute la mécanique pour régler ce dossier-là.
M. Croteau (Martin) : Il
y a un tiers. On ne peut pas invoquer ce règlement-là pour...
Mme Maltais : Non, non,
non. C'est vraiment comment faire cheminer les dénonciations et faire stopper
le harcèlement. On n'est pas du tout dans l'«impeachment».
M. Croteau (Martin) :
Juste une précision...
M. Lisée
: Il y a
une faille dans le règlement, puis je pense que ça serait une bonne idée de le
revoir, c'est qu'il ne s'applique pas au personnel de l'Assemblée. Or, les
témoignages que vous avez recueillis, les médias, sur les comportements de
M. Sklavounos portent sur le personnel de l'Assemblée ou le personnel de
cabinet. Alors, je pense qu'il faudrait que ça soit étendu.
M. Croteau (Martin) :
Une précision. On sait que M. Sklavounos doit faire une déclaration cette
semaine. Est-ce qu'il y a quelque chose que M. Sklavounos peut dire qui le
réhabiliterait à vos yeux?
M. Lisée
: Encore
une fois, nous ne sommes pas une grande entreprise, et, comme chef d'entreprise,
je dirais : Bien, écoutez, si sa contrition est sincère, s'il modifie son comportement,
il va continuer sa carrière. Nous sommes dans la représentation démocratique
des Québécois, et donc le test moral est nettement plus élevé. Alors, j'espère
qu'il va faire une belle déclaration, j'espère qu'il va modifier son
comportement, mais la question, c'est : Cette personne doit-elle être
investie du rôle de représentation démocratique dans un grand parti à
l'Assemblée nationale? Moi, ma réponse, c'est non.
Le Modérateur
:
Dernière question en français, M. Bélair-Cirino, Le Devoir.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Bonjour, à la suite de la défaite électorale de 2014, l'ex-première ministre
avait confié à Dominique Payette, ex-journaliste et chercheure dans le
domaine des médias, une étude sur l'impact des radios de Québec, notamment, et
des médias de la capitale nationale sur la défaite du Parti québécois et, bon,
de faire l'examen de la couverture politique faite par ces médias-là. Est-ce
que le gouvernement du Québec devrait mandater un chercheur quelque part pour
essayer de tirer au clair l'impact, justement, des propos qui ont été tenus sur
les ondes de la région de Québec sur une éventuelle montée de la xénophobie ou
de l'islamophobie ici, dans la grande région?
M. Lisée
: Moi, ma
réponse, c'est non parce qu'on a des lois sur la diffamation qui sont utilisées
assez régulièrement. On a le choix des auditeurs d'écouter ou non. On a des
chroniqueurs qui disent des choses pour critiquer les uns et les autres. On a
les réactions des élus. On a le fait que des gens peuvent décider de s'exprimer
contre tel ou tel animateur et on a aussi des propriétaires de stations de
radio et des gestionnaires de stations de radio qui ont le choix de tel ou tel
animateur. Et c'est à eux aussi de choisir, et on peut leur poser la question :
Pourquoi avez-vous choisi d'utiliser un animateur dont vous savez qu'il est
extrêmement controversé? C'est leur droit, c'est leur choix, mais on peut poser
cette question-là aussi.
Donc, je pense qu'on n'a pas à être dans
l'enquête. S'il y a des manquements à la loi, les recours existent, et, pour le
reste, je pense que le fait qu'il y ait une discussion... Et moi, je suis très
présent sur les radios de Québec, j'accepte toutes les invitations et j'ai
entendu des animateurs, en entrevue avec moi et je l'ai entendu aussi à Québec,
dire : On va faire plus attention. J'ai entendu ça. Et je les ai salués,
pour ça parce que moi, j'ai dit : Je vais faire plus attention, puis
d'autres membres de la classe politique aussi. Et je pense qu'on doit laisser,
disons, l'écosystème autour des radios faire leur œuvre. Mais, moi, si on me
disait qu'un propriétaire de station de radio en arrivait à la conclusion que,
tel ou tel animateur, ça serait peut-être bien, pour apaiser le débat à Québec,
qu'ils prennent leur retraite, je ne serais pas fâché.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Votre formation politique appuiera-t-elle l'adoption du projet de loi n° 62
s'il ne donne pas suite aux recommandations de la commission Bouchard-Taylor en
matière d'interdiction du port de signes religieux chez les employés de l'État
en position de coercition?
M. Lisée
: Vous
n'aviez pas… Ça ne marchait pas lorsqu'on a répondu à la question au début?
M. Bélair-Cirino (Marco) :
La réponse n'était pas claire.
M. Lisée
: Ah! d'accord.
O.K.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Donc, ça va être oui ou non?
M. Lisée
: Alors,
écoutez, ce qu'on dit… Alors, je ne réponds pas directement à cette question.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Juste oui ou non, ça va être assez clair.
M. Lisée
: Oui, c'est
ça. Je ne vous dirai pas oui ou non parce que ce ne serait pas utile
politiquement. Ce qui est utile politiquement aujourd'hui, c'est de dire au premier
ministre qu'il a une occasion d'avoir tous les partis qui votent pour un projet
de loi unificateur là-dessus, qui ne va pas aussi loin que ce que nous, on
voudrait, qui va plus loin que ce que lui voudrait. Mais, s'il veut être un
rassembleur sur cette question d'ici juin, il en a l'opportunité, et donc je
veux lui laisser l'opportunité de faire ça.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Quel serait l'impact…
Le Modérateur
: On va y
aller en anglais, s'il vous plaît.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Rapidement, quel serait l'impact politique du projet de loi n° 62 s'il
n'est pas appuyé par des partis d'opposition, si c'est seulement le gouvernement
libéral qui permet son adoption?
M. Lisée
: Bien,
il aurait moins de légitimité. Il aurait moins de légitimité. Et justement,
dans une situation comme celle-là, avoir rassemblé les députés de différents
partis autour de quelque chose qui fixe les règles du vivre-ensemble, ça
donnerait une légitimité, ça apaiserait aussi les opposants. Il y aura des
opposants à ça. On leur dirait : Regardez, là, cette volonté, elle est
vraiment partagée. Et c'est une belle occasion. Dans le mandat de M. Couillard,
cette occasion-là, si elle est saisie ou perdue, va peser lourd sur son bilan.
Le Modérateur
: Merci.
Mme Johnson. En anglais, s'il vous plaît.
Mme Johnson (Maya) : Hello,
Mr. Lisée. In your view, is the fact that Premier Couillard is
willing to potentially accept Mr. Sklavounos back into his caucus, pending the
statement he's expected to make, another example of a lack of ethical or moral
judgement?
M. Lisée
:
You know, these are tough calls, but I think in 2017, when we have a heightened
conscience of marginalizing any behavior that is demeaning to women, and we've
gone through many cases very public in the last few years, the level of
tolerance should be very, very low. Mr. Sklavounos may be contrite, he may
change his habits, but the question here is not : Can he rehabilitate
himself in a big enterprise or in civil life? It is : Is he fit to be a
representative of the population in the caucus of an important party? My answer
to that is no. He failed that test. He can go on to be a great lawyer and have
a great career, but, as a political representative of the conscience of
Quebeckers today, men and women, he is not fit.
And so I wish that
Premier Couillard comes to that conclusion. We only have a year and a half to
go before the next election, I mean, independent MNA Sklavounos could hold on
to his seat as an independent, and then, if I were the leader of his party, I
would tell him that I do not want him to be a candidate next year. Someone more
fit can be chosen by the Liberal Party.
Mme Johnson (Maya) : So, then, obviously, in your view, this is more than just a
strictly legal question because, under the law, no criminal act was committed.
M. Lisée
:
That is right. No criminal act, and so this is not on the table anymore and
should not be put into the discussion. What is put in the discussion is all the
testimonies that the media brought to life, in the last few months, of
repetitive inappropriate behavior of Mr. Sklavounos toward female staff. This is what we have in front of us. And so, a
political leader has to decide: Do I want such a person
to represent my party or not? And I think the answer should be not.
Le Modérateur
:
Merci.
Mme Johnson (Maya) : On another topic, you've been making an effort to reach out to the anglophone
community. You've often said that the Liberals take the anglophone community
for granted. Premier Couillard announced today that there will be an Anglo
liaison officer, Mr. Gregory Kelley. What do you think of that and do
you have an issue with the fact that it's Geoffrey Kelley's son?
M. Lisée
:
Well, I love Geoffrey Kelley, I mean, he's good for the job, but he's liaison
agent. Why is it so difficult to say that the most important minority in
Québec, the anglo community, merits a minister? Why is it so tough? I mean, the
PQ did it. It's not as though they don't have political cover. You know, I was
the PQ minister for the anglo community and I just don't understand this
unwillingness of M. Couillard to go the distance toward real respect, to
say : We have a minister for First Nations, we have a minister for
women, why can't we have a minister for the most important minority community
in Québec, one that built Québec, is part of our dynamism today, and will be
part of our future, and that has special needs? I don't get it.
Mme Johnson (Maya) : Merci.
Le Modérateur
: M.
Hicks, CBC.
M. Hicks
(Ryan) : Hello. A question for you and
Mme Maltais because you were talking about being careful about the words
that are used and you admitted regretting some words that you've used. And, in
the fall, Mme Maltais talked about refusing to be served by someone
wearing a visible religious sign during the «projet de loi n° 62», and I just
wanted to know if you think today that those kinds of comments contribute to
tolerance and the «vivre-ensemble»? And, Mme Maltais, if you also…
M. Lisée
:
Agnès, you go first, and I'll be back.
Mme
Maltais
:
Listen, maybe these words have been considered like being hard, OK, and I can
accept that, but what I was talking about was the malaise that I have as a gay
woman in front of all religions, all religions. And homosexuality is not really
well accepted by all religions. So, that's what I was talking about. If
somebody has felt bad about these words, I'm sorry, but I was talking an
historic fact and a personal malaise.
M. Hicks (Ryan) : Mais maintenant, selon le contexte actuel, est-ce que vous diriez
la même chose sur la place publique?
Mme Maltais :
Non. À ce moment-ci, non, je ne le redirais pas. J'y ai
repensé puis j'ai fait : Ah! effectivement, peut-être que some
people have been disturbed by these words like I have been disturbed by… of
religions. I wouldn't say that.
M. Hicks (Ryan) : O.K. Mr. Lisée. I just wanted to know in general what kinds of
discussions, what kinds of reflections you've had with your caucus about moving
forward in terms of the tone of the debate over identity and values, that kind
of things.
M. Lisée
: Well, we had a long discussion last fall. We had discussions again
last week. Were going to touch on it again this week. Clearly, we feel that
there is merit to the proposals that are made to have a more secular Québec. There is merit to that. And the Premier
himself is proposing a law that would ban some form of religious vestments in
the civil service. That's the crux of his proposal. So, even he believes there is
merit to that. And a full veil is a strong statement. We're talking about
strong words, written or spoken. Having a full veil is a very strong statement.
And it is up for debate. And so, it's only the way we approach the debate. And
it would be foolish and counter-productive to say that we cannot discuss these
issues. We should.
Le Modérateur
: Allez-y. Et il va vraiment falloir y aller pour la dernière question si on veut être à temps
au salon bleu. Mme Fletcher.
Mme Fletcher (Raquel) : Good afternoon. Is it so important to stop the debate and the
rhetoric around Bill 62? Because you felt like that was sort of leading into
islamophobic attitudes or spiraling out of control. There seems to be a
consensus now that the debate needs to come to an end.
M. Lisée
: Well, the debate needs to be appeased, but the debate has merit,
and we should stop dragging our feet into making a decision. The worst possible
thing, and that's what Mr. Bouchard and Taylor said in their interviews in the
last few days, one of the big mistakes was not to act for the last 10 years and
keep everyone in limbo about what are the rules. And this is disquieting for
everyone.
So, yes, we have an
opportunity to meet. I mean, the Liberal Party, the CAQ, and us, and Québec solidaire. There is an opportunity to
join into a single bill, before the end of this session, to make an important
step forward.
Now, the tone of the
debate. I expect Mr. Couillard to stop saying that, if we disagree with him,
we're intolerant. That's a good sign, he hasn't said that in a few days, and I
salute him for that. I thought Mr. Khadir was off the mark of appeasement
yesterday by saying that there is systemic racism in the Premier's office. I think
he had facts there that warranted criticism, but I think the use of this term
is not conducive to an appeased debate.
Mme Fletcher (Raquel) : So, in saying that, what are you asking for? You've said a meeting
point in French. In English, can you explain what that meeting point would be
on Bill 62?
M. Lisée
:
There are three items. Already, in Bill 62, there is a framework on
religious accommodations, that, for instance, there's a line that cannot be
crossed about equality of men and women. That's already there. We want them to
go further on that into giving schools and hospitals a guide how to answer
requests so that they know where to go, what to say yes to, what to say no to.
So, that's one thing. I think it's pretty easy to get there.
The second thing is the
proposal to impede full veil for members of the public sector and citizens who
get services.
Mme Fletcher (Raquel) : You mean on the face.
M. Lisée
:
Yes, full veil. The problem with the wording is that the exception in the bill
was written in the rule. So the Premier pledged to correct that. So, we're
waiting for the wording.
And the third thing is
that the… in Québec about Bouchard-Taylor, which is religious, and I add any
conviction sign, for judges, prison guards and policemen should be in. So,
we're asking the Premier to put that in and, if we have these three elements,
we will vote for it. And, this morning, we learned the CAQ would vote for it.
Yesterday, we learned that Québec solidaire wanted to have Bouchard-Taylor in.
And so, it's an opportunity that we haven't had in 10 years to just go to the
heart of the issue, do these things, appease the debate. And then, if others,
like we do, want to propose further steps, well, there is going to be an
election next year, and we can debate it there.
Mme Fletcher (Raquel) : And just one last…
M. Lisée
:
Merci beaucoup.
Mme Fletcher (Raquel) : One last question, if I may…
Le Modérateur
:
Désolé, Raquel, il faut vraiment y aller, le bleu commence dans deux minutes.
M. Lisée
:
Ah! excusez-moi. Le président de l'assemblée…
Mme Fletcher
(Raquel) : O.K., merci.
(Fin à 13 h 57)