(Quatorze heures trente-deux minutes)
M. Barrette : Alors, bonjour,
mesdames et messieurs. Alors, bienvenue à ce point de presse où nous allons
faire le point sur l'évolution de l'entente que nous avons convenu en 2014 avec
la FMOQ, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec.
Alors, aujourd'hui, j'ai une bonne nouvelle
à vous présenter, une bonne nouvelle quant à l'évolution non seulement de
l'entente, mais de l'impact que cette entente a dans le niveau de la
population. Alors, je rappelle simplement que l'entente que nous avons convenu
était basée sur deux principes. Le premier principe était que la population,
progressivement, ait accès à un médecin de famille, donc que la population
s'inscrive auprès d'un médecin de famille, et aussi que l'assiduité, le nombre
de fois où le patient va aller voir son médecin de famille parce qu'il est
disponible, ça soit de 80 % au minimum. Et, comme je l'ai déjà dit
précédemment, pour arriver à un taux d'inscription visé de 85 % et une
assiduité de 80 %, il faut et il fallait que les médecins changent leur
façon de pratiquer la médecine, et je vous disais que ça, ça prenait du temps à
se transformer. C'est pour ça qu'on avait donné 18 mois aux médecins de
famille pour transformer leur pratique, une transformation de pratique qu'on
allait «monitoriser».
Alors, aujourd'hui, la bonne nouvelle est
la suivante : la première bonne nouvelle, c'est que les médecins de
famille sont vraiment en train de livrer la marchandise, sont vraiment dans la
bonne direction, ils sont vraiment en train de transformer leur pratique pour
se rendre disponibles auprès de leurs patients. Se rendre disponible, c'est
d'abord et avant tout illustré par l'assiduité. Et vous regardez ici, sur ce
graphique, sur ce tableau qui est très important, vous voyez en rouge, ici, la
projection convenue entre nous et la FMOQ, 80 %, et vous constatez
qu'aujourd'hui les médecins de famille sont rendus à destination. Ils ont
transformé leur pratique pour faire en sorte que, huit fois sur 10, les
patients qui sont inscrits auprès d'eux, ce n'est pas à l'urgence qu'ils vont,
c'est au cabinet de ce groupe de médecine de famille, ce médecin-là. Ça, c'est
un signe de transformation, et je félicite les médecins de famille qui vont, je
l'espère, continuer, évidemment dans cette direction-là.
Maintenant, de qui parle-t-on? On parle
des patients qui sont inscrits. On va passer au prochain tableau. Et ici que
voit-on? Bien, on voit que la progression continue. Il y avait, lors de la
dernière mise à jour, un léger retard. Il demeure le même, mais il y a quand
même croissance dans l'inscription. Alors, on constate qu'aujourd'hui
l'objectif qui était ciblé pour le 31 décembre 2016 était que 77 % de la
population québécoise devait être inscrite chez un médecin de famille.
Aujourd'hui, c'est 74,4 % de la population québécoise qui est inscrite.
Alors, quand on voit la tendance, on voit qu'il y a une croissance
d'inscriptions, c'est ce que l'on recherche, et c'est une croissance, s'il y a
une légère accélération, qui va amener les médecins de famille à destination :
des gens de la population qui ont un médecin de famille et qui sont capables de
les voir, des résultats tangibles, positifs et qui sont, évidemment, l'effet
direct de la loi n° 20 puisque ces deux paramètres là étaient sévèrement à
la baisse avant que l'on dépose le projet de loi n° 20.
En chiffres, qu'est-ce que ça signifie?
C'est positif, là. Depuis le 1er décembre 2014... Rappelons qu'on a déposé
le projet de loi en novembre 2014. Alors, je vous informe que, depuis le 1er
décembre 2014, 556 000 citoyens du Québec de plus se sont inscrits à un
médecin de famille au net. Alors, je le répète, là, au net. Ça, ça veut dire
que, quand on prend en considération des médecins qui s'en vont à la retraite,
par exemple, qui n'ont... Je sais qu'ils désinscrivent, évidemment, des gens
parce qu'ils sont à la retraite. Quand on regarde au net le nombre de citoyens
du Québec qui ont maintenant un médecin de famille par rapport au 1er décembre
2014, il y en a 556 000 de plus. C'est un succès.
Alors, est-ce qu'il reste encore beaucoup
de patients à inscrire? La réponse, évidemment, c'est oui. Pour atteindre
l'objectif au 31 décembre 2017, il faut inscrire encore à nouveau 834 000
citoyens de plus. Est-ce que le guichet d'accès rend le service, atteint ses
objectifs? La réponse, c'est oui. Depuis que nous avons mis en place le guichet
d'accès, auquel se sont inscrits un grand nombre de citoyens, aujourd'hui, au
moment où on se parle, il y a 486 000 personnes d'inscrites au guichet
d'accès aux médecins de famille, et, depuis qu'on l'a mis en place,
168 000 citoyens, citoyennes ont été recrutés par le guichet d'accès.
168 000 personnes ont réussi à avoir un médecin de famille, à être
inscrites et à le voir parce qu'il y avait le guichet d'accès. J'invite donc
les gens à continuer à s'inscrire. C'est une bonne voie pour avoir accès au
médecin de famille que l'on veut dans l'année 2017.
Alors, je récapitule. Il y a encore, sur
le guichet d'accès, 486 000 personnes. Du guichet, 168 000 personnes
se sont inscrites à un médecin de famille, et, grâce à la loi n° 20, qui a
été décriée, à laquelle se sont opposés tous les autres partis, il y a
aujourd'hui, au net, 556 000 personnes de plus qui ont un médecin de
famille et qui, 80 % des fois, réussissent à voir leur médecin plutôt que
d'aller en voir un autre, aller dans une clinique sans rendez-vous ou aller à
l'urgence. Ça, c'est positif et c'est au mérite, quand même, des médecins de
famille, que j'encourage à continuer sur cette voie-là pour qu'au 31 décembre
2017 85 % de la population soit inscrite avec un taux d'assiduité maintenu
à 80 %.
M. Chouinard (Tommy) :
M. Barrette, lors du précédent bilan, vous disiez que les deux tiers des
médecins de famille accusaient un retard. On en est où maintenant, la
proportion?
M. Barrette : Alors, il y
a une légère amélioration de ce côté-là. Je n'ai pas le chiffre exact, mais,
par définition, vous comprendrez que les médecins savent leurs chiffres. Alors,
les médecins savent combien qu'ils ont de patients inscrits, quelle est leur
assiduité, ils savent ça. Alors, c'est évident que la croissance et de
l'inscription et de l'assiduité, bien, elle provient de ceux qui étaient dans
le 66 % auquel vous faites référence.
M. Chouinard (Tommy) :
Mais donc, si la tendance se maintient, on sait, là, le 31 décembre, qui est la
date fatidique pour ainsi dire, là...
M. Barrette : Tout à
fait.
M. Chouinard (Tommy) :
Bon, bien, si la tendance se maintient, quelle part des médecins de famille,
estimez-vous, risque de subir une baisse de rémunération?
M. Barrette : Écoutez, on
verra à destination. Moi, je souhaite que tous les médecins arrivent à
destination. Je souhaite que la loi ne soit pas appliquée. Je souhaite que tout
le monde fasse son effort et qu'on ne l'applique pas. Moi, je n'embarque pas
là-dedans aujourd'hui. Je dis aux médecins, là : Bravo! On le voit, là,
vous êtes vraiment en train de transformer vos pratiques au bénéfice de la
population. Je le vois. Mais je dis aussi : Regardez la tendance. Il faut
un petit peu accélérer, hein? Vous le voyez, la courbe, elle est croissante, et
ça va arriver juste en dessous. Alors, le message que j'envoie aux médecins :
Bravo! Vous allez dans la bonne direction, mais il y a lieu aujourd'hui de
commencer à accélérer les choses un peu pour arriver à destination pour tout le
monde.
Je rappelle que, si la loi s'applique,
elle s'applique individuellement. Et, quand je parle aux médecins de famille,
ils sont bien conscients de ça, et je vous dirai que ça ne les dérange, là, si
ceux qui choisissent de ne pas le faire ne le font pas. Moi, ce qui m'importe,
c'est 80 % d'assiduité et 85 % d'inscriptions. Clairement, les choses
vont dans la bonne direction, ce qui est une excellente nouvelle pour la
population, qui, encore une fois, a intérêt à s'inscrire au guichet d'accès.
Mme Prince (Véronique) :
Savez-vous c'est quoi, le problème des médecins récalcitrants? Est-ce que vous
avez tenté d'essayer de savoir, cette proportion-là de médecins, là, qui
n'utilisent pas le guichet, c'est-u parce qu'ils ne comprennent pas, c'est-u
parce que ça ne leur tente pas de l'utiliser? Est-ce que vous avez essayé de
comprendre?
M. Barrette : On a des
contacts avec la FMOQ, et il y a des éléments qui ont été identifiés en termes
de fonctionnalités qu'on a corrigées. Maintenant, vous savez que, pour arriver
à destination, ça demande une constance. Je vous donne un exemple. Pour arriver
à destination, il faudrait que les médecins, globalement, il y a 9 000
médecins de famille, à peu près, au Québec, un petit peu moins, il faudrait
qu'ils inscrivent en moyenne, par mois, collectivement, 76 000 nouveaux
patients, nouveaux citoyens, par mois jusqu'au 31 décembre 2017. Ça se fait, mais
ça ne peut pas se rattraper au mois de novembre. Il faut maintenant, de façon
méthodique et régulière, inscrire régulièrement un, deux patients par jour.
C'est ça qu'il faut faire. Ça se fait, mais encore faut-il que les gens
s'organisent pour aller chercher ces patients-là.
Mme Richer (Jocelyne) :
Est-ce qu'il ne peut pas y avoir un effet pervers à la hausse constante du
nombre d'inscriptions dans le sens que ça va nous limiter justement l'accès
parce que les patients vont être en concurrence entre eux pour avoir un
rendez-vous avec leur médecin?
M. Barrette : Ah! bien
non! Le principe de cette chose-là est de faire en sorte que les patients
soient inscrits et que le médecin ait changé sa pratique pour aller vers
l'accès adapté pour se rendre disponible. Je le répète, l'accès adapté, là, ça
veut dire que, comme médecin, je suis présent, j'offre des plages de
rendez-vous à ma clientèle, j'en offre plus que j'en offrais avant et j'arrête
de donner des rendez-vous inutiles périodiques annuels, par exemple. Alors, il
ne peut pas y avoir d'effet du type que vous me donnez, là. Ça ne peut pas
arriver, ça, c'est impossible.
Mme Richer (Jocelyne) :
Un médecin ne pourrait pas dire : Oui, je prends plus de patients,
j'inscris plus de patients pour faire plaisir au ministre, mais je ne me rends
pas nécessairement plus disponible?
M. Barrette : Alors,
voilà. Alors, comme vous avez bien compris, la loi n° 20, elle s'applique
si... elle ne s'appliquera pas, plutôt, si tous les critères ne sont pas
rencontrés. Ce n'est pas un ou l'autre, c'est un et l'autre. Le médecin, s'il
inscrit mais ne se rend pas disponible, il va être sujet à d'éventuelles
pénalités. Il doit faire à la fois l'inscription et sa transformation de
pratique pour être disponible. Il ne peut pas faire l'un ou l'autre, il doit
faire l'un et l'autre.
Alors, actuellement, quand on a une
assiduité à 80 % avec un taux d'inscription à un peu moins de 75 %,
bien là vous comprendrez que, s'ils ont transformé leur pratique pour un volume
de patients, quand le volume va grandir, il va falloir vraiment maintenir cette
transformation-là de la pratique. Il y a une pression, là. Et c'est ça qui est
le jeu. Le jeu, c'est de dire aux médecins : On a convenu de se rendre là.
La loi ne s'appliquera pas si vous arrivez à destination, et cette
destination-là exige deux choses : inscrire 85 % de la population et
être disponible. Ça ne sert à rien d'être inscrit sur une liste de médecin si
le médecin n'est pas disponible pour voir les gens sur sa liste. C'est ça, le
principe de l'assiduité.
Mme Porter (Isabelle) :
Dans les transformations de pratique, là, vous avez fait allusion au fait que
ça pouvait être une bonne chose d'arrêter les rendez-vous annuels, et c'est
bon. À part ça, quels moyens se sont révélés les plus efficaces pour améliorer
les cibles, l'atteinte des cibles, selon ce que vous avez pu savoir?
M. Barrette : Bien, le
moyen le plus efficace, il a un nom qui est très simple, qui a cinq caractères :
«loi 20». Ça, ça arrive exclusivement parce qu'il y a la loi n° 20. Quand
on a regardé les statistiques et quand je suis arrivé en poste, les
statistiques montraient qu'année après année dans les 15 années précédant notre
arrivée il y avait toujours, année après année, augmentation du nombre de
médecins, diminution du nombre de patients inscrits et diminution du nombre de
visites. Les visites, c'est quand vous allez chez le docteur, dans son cabinet,
pour le voir. À la place, les gens vont à l'urgence. La loi n° 20 a
renversé ça. Alors, la loi n° 20 a renversé ça parce qu'il y a des
conséquences à la fin.
Mme Porter (Isabelle) : Une
menace, finalement.
M. Barrette : Bien, c'est la
conséquence. L'idée, ce n'est pas de menacer, c'est de dire, et ce que l'on a
dit à l'époque : Regardez, là, la société ne peut pas continuer comme ça.
On forme des médecins, vous êtes formés pour donner des services à une quantité
requise, et là on est tout à fait en dehors des standards, sous les standards.
On avait mis en place la loi n° 20, les médecins ont été quelque peu
choqués, mais ils ont quand même relevé le défi, on voit que le défi est
relevé. Le grand point d'interrogation aujourd'hui est : Est-ce que ça va
se maintenir?
Alors, si la tendance se maintient, bien,
l'assiduité, là, c'est réglé. S'il y a une légère accélération, légère, ils
arrivent à destination. Alors, c'est là où on est, on est dans un moment
charnière. C'est pour ça que je fais cette mise à jour là aujourd'hui, je dis
aux médecins : Bravo! Vous êtes dans la bonne direction, mais ce serait
une erreur grave, à mon avis, pour eux de ralentir ou de penser que c'est
terminé.
M. Bovet (Sébastien) :
Vous dites que le rythme d'inscription doit être de 76 000 patients par
mois pour atteindre la cible?
M. Barrette : Pour
l'ensemble des médecins de famille.
M. Bovet (Sébastien) :
Et le rythme actuel est de combien d'inscriptions par mois?
M. Barrette : Il a
accéléré récemment. Il a été aussi bas que d'environ 40 000, 45 000,
50 000 au début.
M. Bovet (Sébastien) :
Donc, on était à 45 000, 50 000, là...
M. Barrette : Bien, il y
a eu des périodes qui étaient aussi basses que ça. Là, on est rendus à... on
est rendus à... On n'est pas rendus à 75 000, on est rendus à un peu moins
que ça, mais il faudrait 75 000 de rythme collectif pour arriver à
destination.
M. Bovet (Sébastien) : Jamais
atteint depuis le début, là.
M. Barrette : Non, mais
on s'en approche. Est-ce que c'est faisable? La réponse, c'est oui, mais on
comprendra qu'on est en février. Le 31 décembre, bien, à chaque jour, on s'en
rapproche. Et vous comprendrez aussi que, si on a 834 000 personnes à
inscrire de plus, on ne peut pas inscrire ces gens-là entre le 1er novembre et
le 31 décembre, là. Il y a une adaptation, là, du rythme d'avancement de ces
paramètres-là qui doit se faire maintenant.
M. Bovet (Sébastien) :
Sauf erreur, au début, quand la loi n° 20 a été imposée, il y avait un
risque ou une préoccupation que des cas plus lourds soient abandonnés par des
médecins parce qu'ils devaient faire du volume et de l'assiduité. Est-ce que
vous constatez que les gens qui ont besoin d'un suivi médical important sont un
peu mis de côté au profit de volumes de patients qui n'ont pas de problème de
santé?
M. Barrette :
Collectivement, non. Ça ne veut pas dire que certains individus ont pu faire
ça. Je ne dis pas qu'il n'y a pas eu des individus, mais, collectivement, on
n'a pas cette résultante-là.
M. Bovet (Sébastien) :
...des individus qui se comportent comme ça?
M. Barrette : Bien, on a
des conversations régulières avec la FMOQ et, de ce côté-là, on a une
collaboration qui est excellente. Je peux vous dire une chose, là, la FMOQ,
dans ce dossier-là, collabore de façon tout à fait adéquate.
Mme Dion-Viens (Daphnée) :
M. Barrette, vous aviez indiqué, lors de la précédente mise au point, justement,
en octobre, qu'il y avait environ 10 % des médecins qui étaient inscrits
au guichet d'accès, qui avaient eu recours au guichet d'accès. Est-ce que vous
avez ce chiffre-là?
M. Barrette : Je n'ai pas
le chiffre avec moi aujourd'hui, mais on pourra vous le faire parvenir.
Mme Dion-Viens (Daphnée) :
Juste pour bien comprendre la mécanique, la faible proportion de médecins qui,
justement, utilisent le guichet d'accès, est-ce que c'est justement un frein à
l'augmentation plus rapide, là, du taux de...
M. Barrette : Ça peut
l'être, évidemment, s'il s'avérait que les médecins n'acceptent pas des
demandes d'inscription de gens qui téléphonent ou qui se présentent à des
bureaux, oui, ça pourrait être un frein. Mais actuellement il y a encore deux
voies, et ces deux voies sont maintenues. Un citoyen n'est pas obligé de passer
par le guichet d'accès. Un citoyen peut très bien appeler un bureau de médecin.
Et, encore aujourd'hui et encore en fin de semaine, je parlais à des gens qui
se font appeler par des médecins. Il y a même des endroits, littéralement, où
on prend l'annuaire, là. Alors, il y a des médecins qui veulent tellement
arriver à terme en termes de rencontre des objectifs qu'on sollicite des gens.
Alors, moi, pour moi, c'est un signal qui est un excellent signal, qui démontre
la volonté des médecins de famille de respecter les termes de l'entente, et ça,
c'est au bénéfice de la population.
Mme Dion-Viens (Daphnée) :
Vous avez dit aussi : Il faut qu'on commence à accélérer les choses. Vous
aviez lancé à peu près le même message, là, il y a quelques mois, en octobre,
justement. Qu'est-ce qui vous fait croire, vous semblez optimiste, que cette
tendance-là — il y a quand même un retard qui se maintient,
là — pourrait justement...
M. Barrette : Mais
attention...
Mme Dion-Viens (Daphnée) :
Qu'est-ce qui vous fait croire que le retard va être rattrapé, alors que,
depuis les derniers mois, on n'a pas vu nécessairement d'augmentation
significative, là?
M. Barrette : Bien,
c'est-à-dire qu'il y a une augmentation significative du nombre d'inscrits. Le
rythme devrait être un peu accéléré, ça, vous avez tout à fait raison. Ce qui
me fait croire qu'on va réussir, c'est que, du côté de la FMOQ, Dr Godin fait
beaucoup, beaucoup, beaucoup de représentation auprès de ses membres pour
accélérer les choses. On est deux là-dedans, là.
C'est sûr qu'on a mis la loi n° 20 en
place, hein? Je vous l'ai dit tantôt, ça a indisposé un certain nombre de
médecins, incluant les dirigeants de la FMOQ. Bon, on va dire que c'est digéré,
là, la page est tournée là-dessus. Et la FMOQ est au combat, là, on va dire,
pour stimuler ses membres à accélérer et se rendre à destination, même si on
sait bien qu'il y aura probablement des gens qui vont choisir, et ce sera un
choix, de ne pas se rendre à destination, mais c'est leur choix, là.
M. Bovet (Sébastien) :
Je me permets une question hors sujet. Le dernier...
M. Barrette : On va finir
le sujet, si vous permettez.
M. Chouinard (Tommy) :
Oui, je veux juste finir...
M. Bovet (Sébastien) :
Oui, il n'y a pas de problème.
M. Chouinard (Tommy) :
Mais est-ce que le système... Comme vous tenez compte à la fois, vous l'avez
dit, de l'assiduité, donc de se rendre toujours disponible, puis de l'inscription,
est-ce que cette mécanique-là fait en sorte que ça n'incite justement pas les
médecins à attendre avant d'inscrire des patients pour ne pas que ça ait un
effet sur leur taux d'assiduité au 31 décembre...
M. Barrette : Ah! bien, c'est
une bonne question, et la réponse...
M. Chouinard (Tommy) : ...mais
donc de retarder l'inscription, de savoir que, lui, je vais pouvoir l'inscrire
sans influer sur mon taux d'assiduité?
M. Barrette : Pas du
tout! Attention! Un médecin, individuellement, peut faire ça. Si un grand
nombre de médecins, individuellement, font ça, ça va mener à ce que la
collectivité médicale n'arrive jamais à 85 %, application de la loi. C'est
ça, la... Vous posez une bonne question.
M. Chouinard (Tommy) : ...
M. Barrette : Oui. Bien,
voilà. Alors, c'est ça qui est l'enjeu. Chaque médecin, actuellement, est
empreint d'une responsabilité individuelle et collective. Le médecin qui
choisit de ne pas aller dans cette direction-là, ce médecin-là prend le risque
que, si d'autres que lui font ça, lui et les autres comme lui vont voir la loi
s'appliquer. Alors, moi, je peux vous dire que, dans le corps médical, et ça,
ça le montre, il y a un mouvement dans la bonne direction.
M. Chouinard (Tommy) : Par
rapport au dernier bilan, il me semble que l'écart est plus grand. Mais je
comprends que la courbe, là... mais il me semble que l'écart est plus grand.
M. Barrette : Je vais
vous illustrer la chose. Vous allez comprendre, là. Ce sont des plateaux, ce
sont des objectifs trimestriels. Et chaque plateau est le début et la fin du
trimestre. Quand on arrive au début du trimestre, on a un écart à peu près
comparable, et, si vous projetez, on va être à la même place par rapport à la
fin de trimestre précédente. C'est comme ça qu'il faut le lire. Vous me suivez,
là? Est-ce que je dois le répéter?
M. Chouinard (Tommy) :
Oui, mais, encore, la dernière fois, c'était pire, là.
M. Barrette : Regardez,
là, chaque trimestre... Ça, c'est un trimestre ici, là. Il y a le début du
trimestre, la fin du trimestre. Alors, quand on arrive au début d'un trimestre,
il y a un écart; à la fin, parce qu'il y a une croissance dans le trimestre, on
se rapproche. Nouveau trimestre ici, on est un petit peu plus loin, on va se
rapprocher, surtout si on accélère, et ainsi de suite.
Pour moi, là, ça, c'est un tableau
positif. Les médecins répondent à l'appel. Vont-ils se rendre à destination? Je
le souhaite parce que la destination, c'est 85 % de la population du
Québec qui est inscrite et qui voit huit fois sur 10 quand elle en a de besoin
son médecin dans son cabinet. Aujourd'hui, là, c'est 5,9 % millions de
Québécois qui ont un médecin de famille. C'est ça, la réalité, là. Oui.
Mme Dion-Viens (Daphnée) :
...sur le sujet, vous avez déjà évoqué la possibilité de durcir les sanctions
reliées aux cibles si elles n'étaient pas atteintes dans la loi n° 20.
Est-ce qu'aujourd'hui vous pensez encore à cette option?
M. Barrette : Bien,
aujourd'hui dans l'entente qu'on a convenu, on a convenu d'une entente qui
prévoyait que, s'il y avait des écarts trop grands entre la projection et la
réalité, et le constaté, la FMOQ pouvait imposer certaines sanctions ou
modifications tarifaires à ses membres. Là, actuellement, on n'est pas du tout
dans ce scénario-là. Donc, cette provision-là n'a pas besoin d'être appliquée.
Par contre, il y a certainement un effort de persuasion supplémentaire à être
fait par la FMOQ, qu'elle fait, cette fédération-là, pour que les gens continuent
et accélèrent un petit peu le rythme.
Alors, c'est très, très positif, là, puis
je dis bravo à la FMOQ et aux médecins. On s'en va dans la bonne direction,
mais on est encore en danger, le danger étant un ralentissement. Et le
ralentissement, bien, je peux vous le dire, là, il y a un trimestre qui... le
31 mars, on va faire encore la même chose. C'est bientôt.
M. Bovet (Sébastien) :
Les dernières données du recensement canadien nous apprennent que le poids
relatif du Québec est en diminution depuis plusieurs années, mais en
particulier cette fois-ci.
M. Barrette : Donc, ça, c'est
votre question hors sujet, M. Bovet?
M. Bovet (Sébastien) : Exactement.
Je sais qu'en santé dans les transferts fédéraux il y a de la symétrie, en
principe, qui s'applique, mais, de façon générale, dans le rapport de force,
dont vous êtes un spécialiste, là, entre le Québec et le gouvernement fédéral,
quand le poids relatif du Québec diminue, n'est-ce pas une mauvaise nouvelle?
M. Barrette : Le poids
relatif du Québec, s'il diminue, en soi, ça ne peut pas être une bonne
nouvelle. Bon, maintenant, la vraie mauvaise nouvelle demeurera toujours le
comportement du gouvernement fédéral, toujours, qui se donne un pouvoir absolu
dans tout. Le gouvernement fédéral se donne une loi, par exemple, sur les
transferts et se donne à lui-même ses propres règles d'attribution de
transfert. Là, à ce moment-là, le seul rapport de force demeure l'opinion
publique, et c'est la raison pour laquelle j'invite la population, mesdames et
messieurs, à aller sur le site du directeur des élections, au fédéral, et à
appeler vos députés. Les députés du Québec actuellement, particulièrement au Parti
libéral, ne défendent pas les intérêts en santé des Québécois. Leur silence est
un silence qui est inacceptable.
Je vais le répéter, je sais que c'est un
sujet que vous aimez tous et toutes et je vais le répéter, trois organisations
crédibles, trois organisations crédibles, hein, le Directeur parlementaire du
budget, il n'y a pas plus neutre et objectif que ça dans le gouvernement, le Conference
Board — là, quand ça fait l'affaire des politiciens, ils prennent ça
comme référence, puis là ils ne le prennent pas — et l'IFSD d'Ottawa,
trois organismes de recherche crédibles, disent que le niveau de transfert
proposé par le gouvernement fédéral met en péril la survie de notre système de
santé, donc le niveau de services, donc les gens vulnérables, au moment où le ministre
fédéral des Finances se lève en Chambre et dit : Mon intérêt premier est
de m'occuper des gens les plus vulnérables. Bien, si c'est ça, là, il y a une
contradiction ici, là.
Alors, moi, je dis à la population :
Un courriel, un fax, un message sur Facebook, appelez votre député libéral
provincial et appelez l'opposition pour qu'elle s'oppose. Ce qui est en jeu
ici, c'est une décision totalement autoritaire et paternaliste du gouvernement
fédéral, qui a des enjeux et des impacts négatifs sur la population.
Mme Porter (Isabelle) :
M. Barrette, concernant le projet de loi n° 130, il y a eu des
échanges avec M. Ménard ce matin, et vous avez parlé d'une exclusivité de
fonction, là, dans le dossier, là, du commissaire aux plaintes.
M. Barrette : Non, pas le
commissaire aux plaintes, les gens qui sont sous son autorité.
Mme Porter (Isabelle) :
Bien, c'est ça. Mais je me demandais donc : Est-ce à croire que vous
excluez un réinvestissement ou l'ajout de davantage... une équipe enrichie pour
le commissaire aux plaintes, comme le demandent un certain nombre d'organismes?
Parce que c'était la proposition notamment de...
M. Barrette : Oui. Si
vous avez bien suivi l'intervention du commissaire aux plaintes... pas le
commissaire aux plaintes, je m'excuse, de Me Ménard, excusez-moi, si vous avez
bien suivi son intervention, son intervention traitait d'abord et avant tout,
et de loin avant tout le reste, de l'indépendance de toutes les personnes
impliquées dans la gestion des plaintes. C'était ça, là, son observation.
Mme Porter (Isabelle) :
Oui, mais ce qu'il recommandait, c'était que, pour éviter, dans le fond, que le
commissaire soit débordé et qu'il ait besoin d'avoir recours à d'autre
personnel au sein des établissements, dans le fond, on grossisse son équipe,
qu'on donne davantage de ressources.
M. Barrette : Ça, c'est
un enjeu qui est un enjeu qui est significatif, mais, si j'ai à classer les
enjeux, ce que Me Ménard nous a dit en premier, c'est l'indépendance, ce à quoi
on va s'adresser.
Mme Plante
(Caroline) : I have a question in English.
M. Barrette : In English?
Mme Plante (Caroline) : Yes. Going back to Doctors...
M. Barrette : Going back, yes.
Mme Plante (Caroline) : Based on the premise that there isn't suddenly more hours in a day,
what are doctors doing to accept and see more patients? Can you explain how
that's possible? What are they doing?
M. Barrette : This is a very simple issue. Everything boils down to the number of
hours that you are at work and the way you organize your day. That's what
everything boils down to. That's what it is. So, we know that many, many
doctors, not all of them, but many of them are part time. It is impossible, for
instance, to enroll enough patients to get to those targets. And it is also
impossible, if you're part time, to have an 80 %
fidelity rate. That's impossible. You have to be there.
And the model that we
have put on the table is a model based on a presence of 42 weeks presence per
year in office. That's what it is, OK? So, basically, given the fact that
today's doctors, especially the younger ones, are practicing at a different
pace than more senior doctors, and that's fine, the modelization that we've put
on a table is such that this is attainable, OK, if you are present at work and
you organize your work day, your work schedule in such a way that you enroll
and make yourself available to patients.
Mme Plante (Caroline) : So, more doctors are going from part time to full time.
M. Barrette :
More, yes.
Mme Plante (Caroline) : Is your model sustainable in the long term given, you know, all of
the demands for «conciliation travail-famille» and the younger generation
wanting a certain way of life?
M. Barrette :
OK. That's an interesting question. If it is sustainable in itself, the answer
to that is absolutely yes, OK? Remember what I've just said : full time,
in this model, is 42 weeks a year. I will repeat :
4-2, 42 weeks a year. I would say that this is not the heaviest of burdens, I
would say.
Now, when you go, then,
furthermore in addressing the issue of quality of life, well, OK, fine, but
medicine is what it is. When you enter medicine, when you get trained as a
physician, you know that, at the end of your training, you will have access to
compensations that are very, very good. The society compensates their doctors in relationship with the burden that they
have on their shoulders. But, at the same time, the society is right to ask for a level of services that is appropriate, not
exaggerated. We're not asking anybody to work at the pace that we saw 50 years
ago. That's done and over with. We'll never see that again on a large scale.
So, to answer your question, there is no doubt in my mind that what we are
tabling is sustainable.
Mme Plante (Caroline) : Essentially, we're telling doctors : If you want the part, you
have to play the part. I don't know if it's a real expression, but,
essentially, if you want the part, you have to play the part.
M. Barrette : I don't know if it's a real expression, but it is quite an
appropriate expression.
Mme Plante
(Caroline) : Thank you.
Mme Fletcher (Raquel) : Can you speak to… or explain the problems that we've had in the...
I don't know what the translation is in English, but the specialized services
online tool that doctors can...
M. Barrette : The priority access?
Mme Fletcher (Raquel) : Yes. What is it called?
Une voix
: Le guichet?
Mme Fletcher
(Raquel) : Le guichet.
M. Barrette : No, no. Ah! Le guichet, c'est pour les médecins
de famille. You're talking about access to specialized
consultation.
Mme Fletcher (Raquel) : Specialized services. There are problems, but, more importantly,
are you concerned that that could also be a problem for the guichet?
M. Barrette : No. Not at all. It's not the same issue at all, OK? The specialized
access facility mode is a group of persons where a doctor sends his demands for
a specialized consultation. A nurse will make the evaluation of the patients
based on the information that has been provided by the doctor, the referring
doctor, and that nurse will refer, refer the patient to available specialists.
When we agreed with the
specialists on putting that in place in regards to Bill 20, we said that we
would start with a specific number of specialties and that we would reevaluate
the situation in February. We
are in February, and there's been not a significant problem, but we're not at
the proper pace at the level of the access guichet, if you wish. They are not
following the pace at what is needed, so we need to consolidate that before we fracture
this into nine other subspecialties. So it will happen.
Mme Fletcher (Raquel) : It's a human problem then, not a technical problem.
M. Barrette : It's not a technical problem. I don't like the expression of being
a human problem. It's basically about a level of training, and decision-making,
and filling the forms properly, and so on. Everybody in the chain in that
process has something to improve. It goes from the doctor to the specialist,
but that will be resolved, and, to this point, it gave significant results.
95 % of patients who are referred to that guichet, 95 % who had the
proper document provided had an appointment within the selected priority
because patients are prioritized in five subgroups within three days, within 10
days, within 28 days, and so on. And 95 % of patients who went through
that with the proper documentation provided had their appointment and saw a
specialists within the classified… not classified, but the determined delay. All
right?
Thank you. Merci.
(Fin à 15 h 5)