(Douze heures trente et une minutes)
M. Legault
: Oui,
bonjour, tout le monde. Je pense que, ce matin, Philippe Couillard a laissé ses
émotions prendre le dessus sur la raison. Comment expliquer autrement une
sortie aussi virulente de la part du premier ministre? On devrait pouvoir
débattre, au Québec, dans la sérénité. Au lieu de ça, on a un premier ministre
qui vient nous parler d'un oeil au beurre noir pour le Québec.
Donc, le premier ministre repousse le
compromis que j'ai proposé la semaine dernière. Je trouve ça triste. On sait
qu'au Québec il y a une très large majorité des Québécois qui souhaitent qu'on
légifère, qui souhaitent qu'on interdise les signes religieux pour les
personnes qui sont en autorité. Or, on a un premier ministre qui vient nous
dire : Moi, je ne pilerai pas sur mes principes, mais, de ce fait, il demande
à la majorité des Québécois de piler sur leurs principes, eux autres. Donc, ce
n'est pas en diabolisant ceux qui n'ont pas la même opinion qu'on va être
capables d'avoir un débat serein au Québec.
Je rappelle que la commission sur les
accommodements a été mise en place il y a 10 ans, 10 ans que ça traîne. C'est
ça qui est dangereux, de laisser traîner ce dossier-là. Il faut arrêter de
pelleter nos problèmes par en avant. C'est ça qui risque de provoquer des
dérapages. Donc, mieux encadrer pour mieux accueillir, c'est comme ça qu'on va
éviter les dérapages.
Donc, tout ce que je peux dire aux
Québécois aujourd'hui, c'est qu'en 2018, avec un gouvernement de la CAQ, on va
régler enfin le dossier des accommodements religieux, ce que les deux partis,
le PQ et le Parti libéral, n'ont pas été capables de faire en 10 ans.
La Modératrice
: Merci.
On va commencer la période de questions. Nicolas Vigneault, Radio-Canada.
M. Vigneault (Nicolas) : M.
Legault, est-ce que vous estimez que le premier ministre a un peu changé
d'idée? Après la main tendue, de dire, par exemple : Je suis peut-être
ouvert à certaines choses, certains accommodements sur le projet de loi, maintenant,
c'est plutôt la porte fermée. Comment vous l'analysez?
M. Legault
: Bien, il
faut lui poser la question.
M. Vigneault (Nicolas) : Mais,
vous, comment vous le voyez? C'est un changement d'idée?
M. Legault
: Oui. Mais,
écoutez, suite aux attentats à Québec, le premier ministre Couillard tend la
main. On fait des compromis. Il y a un consensus d'abord des partis
d'opposition, mais aussi de la majorité des Québécois. Il refuse ce consensus
puis il sort, là, de façon virulente. Écoutez, je ne sais pas quelle mouche l'a
piqué ce matin, là, mais ce n'est pas Cupidon, là, hein? Même si c'est la
Saint-Valentin, il n'a pas l'air d'avoir compris qu'on a avantage à travailler
ensemble.
M. Vigneault (Nicolas) : M.
Legault, sur la réforme électorale, Manon Massé s'est rendue au DGEQ ce matin.
Elle entend déposer un projet de loi demain pour demander, en quelque sorte,
d'allonger le délai, là, pour étudier plus en profondeur la réforme de cette
carte électorale là. Je sais que vous allez leur donner notamment sept minutes
de votre temps de parole. Allez-vous appuyer ce projet de loi là?
M. Legault
: Bon, d'abord,
ce qui est important, là, c'est qu'on doit faire des changements à la carte
électorale pour la prochaine campagne électorale. Il faut que tous les votes
comptent de la même façon, aient le même poids. La clientèle, le nombre de
personnes qui habitent, par exemple, dans les Laurentides, dans Lanaudière a
augmenté plus rapidement que dans les autres régions. Donc, on est d'accord
pour dire qu'il faut retirer un comté à Montréal, mais quels comtés
fusionne-t-on? Ce qu'on a vu pendant toutes les audiences de la commission,
c'est le Parti libéral qui avait des représentants partout pour essayer de se
dessiner une carte à l'avantage du Parti libéral. Puis ça s'applique dans le
cas de Me Masson, là, qui a amené des arguments, là. Je ne pense pas que ni le
PQ, ni le QS, ni la CAQ a mis autant d'argent, autant d'énergie pour essayer de
se bâtir une carte.
La Modératrice
: Merci.
Alain Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour, M. Legault.
M. Legault
: Bonjour.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
que Charles Taylor vient de donner sa bénédiction à Philippe Couillard?
M. Legault
: Écoutez,
Charles Taylor a le droit de changer d'idée, mais ce que je sais, c'est que la
grande majorité des Québécois n'ont pas changé d'idée. La grande majorité des Québécois
souhaitent qu'on légifère, qu'on interdise les signes religieux pour les
personnes en autorité. Donc, Charles Taylor peut penser ce qu'il veut, il peut
changer d'idée, mais les Québécois n'ont pas changé d'idée.
M. Laforest (Alain) : M.
Sklavounos veut être ici cet après-midi pour représenter les électeurs de Laurier-Dorion.
Êtes-vous à l'aise avec ça?
M. Legault
: Écoutez, il
y a eu beaucoup d'allégations de gestes posés par M. Sklavounos à l'égard des
femmes, il y en a eu beaucoup. Évidemment, ce sont des allégations, mais moi,
je pense que Philippe Couillard doit faire preuve de leadership puis aller au fond
du dossier. C'est à lui à prendre la décision.
La Modératrice
: Louis
Lacroix, Cogeco.
M. Lacroix (Louis) : Bonjour,
M. Legault. Je veux revenir un peu sur la même question qu'Alain Laforest, mais
vous avez souvent dit qu'il y avait à tout le moins un consensus sur
Bouchard-Taylor. Mais là M. Taylor, en disant, ce matin, qu'il retirait son
appui à sa propre recommandation d'il y a neuf ans, est-ce que ça existe toujours,
ce consensus-là? Est-ce que ça ne vient pas invalider un peu le rapport Bouchard-Taylor?
M. Legault
: Absolument.
Moi, je mets... Absolument pas. Moi, je mets au défi Philippe Couillard de
commander un sondage demain matin. Il y a une grande majorité de Québécois qui
nous le disent sur le terrain qu'ils souhaitent qu'on interdise les
accommodements religieux pour les personnes en autorité. Donc, M. Taylor a peut-être
changé d'idée mais pas la majorité des Québécois.
M. Lacroix (Louis) : Mais est-ce
que vous pensez que M. Couillard, donc, est opportuniste en ce moment en prenant
cette position quand même assez tranchée ce matin, là?
M. Legault
: Écoutez,
M. Couillard dit : Je ne veux pas piler sur mes principes, mais il demande
à la majorité des Québécois de piler sur les leurs. Je ne sais pas pourquoi M.
Couillard n'est pas ouvert au compromis, pourquoi il refuse la position d'une
grande majorité de Québécois. C'est à lui qu'il faut poser la question.
La Modératrice
:
Alexandre Robillard, LaPresse canadienne.
M. Robillard (Alexandre) :
Bonjour, M. Legault. Est-ce qu'il est trop tôt pour suspendre le processus de
délimitation des circonscriptions électorales?
M. Legault
: Pour
suspendre? Je ne suis pas certain que je comprends votre question.
M. Robillard (Alexandre) :
Bien, est-ce qu'on doit suspendre le processus de délimitation des
circonscriptions électorales, compte tenu du mécontentement qui a été exprimé
par Mme Massé, de l'appui qui a été exprimé par le PQ et par la CAQ?
M. Legault
: Non. Ce qu'on
disait tantôt, c'est : On doit faire les changements. Les votes doivent
tous avoir le même poids. Il doit y avoir des régions qui obtiennent plus de
comtés puis d'autres régions qui en obtiennent moins parce qu'au total on ne
veut pas dépenser pour plus que 125 députés, 125 représentants à l'Assemblée
nationale. Donc, il doit y avoir des changements.
Maintenant, je pense que, dans le cas le
Sainte-Marie—Saint-Jacques, on devrait être capables assez rapidement, en
quelques semaines, d'entendre toutes les parties puis de trancher. Mais c'est
important que le processus ne soit pas mis de côté puis qu'il soit en place
pour la prochaine campagne électorale.
M. Robillard (Alexandre) :
O.K. Mais le DGE, ce matin, a dit qu'il était disposé à tenir de nouvelles
consultations publiques à la condition qu'il y ait une modification législative
qui le lui permette. Donc, vous êtes probablement au courant que QS a inscrit
au feuilleton un projet de loi pour suspendre le processus de délimitation des
circonscriptions électorales. Donc, j'aimerais ça savoir est-ce que la CAQ est
d'accord pour que, dans le contexte actuel, on donne plus de temps au DGE.
M. Legault
: Bien, il
faudrait d'abord avoir les réponses du DGE. Est-ce que le DGE s'engage à ce que
les changements soient faits pour la prochaine campagne électorale? Moi, je ne
voudrais pas, là, qu'on suspende puis que les changements ne soient pas faits
pour la prochaine campagne électorale.
Maintenant, qu'on prenne quelques semaines
pour entendre tous ceux qui ne sont pas contents, entre autres, dans
Sainte-Marie—Saint-Jacques, ça, c'est correct, mais il ne faut pas faire
déraper le processus. Il faut une nouvelle carte électorale pour la prochaine campagne
électorale.
M. Robillard (Alexandre) :
Merci.
La Modératrice
: Jean-Luc
Lavallée, Le Journal de Québec.
M. Legault
: Bonjour.
M. Lavallée (Jean-Luc) :
Bonjour, M. Legault. Je veux poursuivre sur la carte électorale. Vous avez
parlé de M. Masson tout à l'heure, militant libéral qui a payé une étude de sa
poche pour fournir des arguments sur le redécoupage des circonscriptions
montréalaises. Dans l'article de mon collègue ce matin, il dit que c'est une
initiative citoyenne indépendante. Est-ce que vous le croyez ou vous avez des
soupçons?
M. Legault
: Écoutez, il
y avait un petit peu partout, dans toutes les régions du Québec, des militants
libéraux, on peut les appeler comme ça, qui sont venus faire des représentations
pour essayer de se dessiner une carte qui serait favorable au Parti libéral. On
a vu ça partout au Québec. Donc, je n'en sais pas plus que vous sur qui a payé
Me Masson.
La Modératrice
: Merci.
On va passer aux questions en anglais. Raquel Fletcher,
Global.
M. Legault
:
Yes.
Mme Fletcher (Raquel) : Good afternoon. Which is the most important bill to pass right
away, Bill 98 or Bill 62?
M. Legault
:
What is Bill 98? Sorry.
Mme Fletcher (Raquel) : Bill 98 is… What is it in English? Professional orders?
Une voix
:
To recognize the diplomas for immigrants. To recognize the diplomas for
immigrants.
M. Legault
:
Oh! I think it's important to do both, but it's important... I'm not sure we
need a lot to do that. We have to make sure that we accompany all immigrants
who would like to… that they recognize diplomas or experience they had in
another country. It's urgent to do so with the professional corporations. I'm
not sure we need a bill to do that. But it's also important that we find a
compromise regarding the religious signs. We are debating this issue since 10
years now. So it's about time we find a compromise.
And I was surprised this
morning to see Mr. Couillard letting his emotions take completely over his
decision. And the facts are undeniable : the vast majority of Quebeckers
support that we prohibit the wearing of religious signs for people that are in
authority. So I don't understand why Mr. Couillard doesn't want to have any
debate. And he's talking about a black eye for Quebeckers, for Québec. That's
not the way to have a debate in Québec. I think that, right now, Mr. Couillard
is not acting like a premier.
Mme Fletcher (Raquel) : Well, he says that Bill 98 is more important to focus on right now,
to make sure that those foreign credentials are recognized in Québec, than to have this debate about
religious symbols, that isn't really going anywhere.
M. Legault
: We are at the beginning of the session, so I don't see why we
cannot pass both of them.
La Modératrice
: Maya Johnson, CTV.
Mme Johnson (Maya) : Hello, Mr. Legault.
M. Legault
: Hello.
Mme Johnson (Maya) : So, the Liberals are obviously meeting right now and having a
discussion in their caucus about the fait of Gerry Sklavounos. What are you
expecting to come out of that meeting?
M. Legault
: What I read and I heard in the medias over the last few months is
many allegations about bad…
Mme Johnson (Maya) : Behavior?
M. Legault
: …habits… bad behavior of Mr. Sklavounos with women. Now, we
don't have any, right now, complaint over proof. So, I think, right now, what I
ask is some leadership from Mr. Couillard.
Mr. Couillard should have met since long time with Mr. Sklavounos and try
to see : Is there anything true in all the allegations we read about?
Mme Johnson (Maya) : And do you think that there's any place for Mr. Sklavounos in
the liberal caucus?
M. Legault
:
But I have to admit right now that we're talking about allegations, there are
many of them, against women. So, I would like Mr. Couillard to reassure
us, to tell us that he went through each of them with Mr. Sklavounos and
that each of them are false. But, before that, I think it would be very tough
to reintegrate him.
Mme Johnson (Maya) : What do you think of his statement last week, when he described his
personality traits?
M. Legault
:
He didn't give any excuse, so it's like he didn't think he did anything wrong.
So, again, if it's true, Mr. Couillard should and must confirm that all
these allegations are not true.
Des voix
:
Merci beaucoup.
M. Legault
:
Merci, tout le monde.
(Fin à 12 h 44)