(Quatorze heures trois minutes)
M. LeBel : Bonjour, tout le
monde. Deux points. On va parler du Rendez-vous national sur la main-d'oeuvre,
mais vous allez me permettre de dire un petit mot sur ce qui circule un peu
dans les médias sur un recul du gouvernement par rapport à l'abolition du
crédit d'impôt pour les personnes de 65 ans et plus.
Ce qu'on voit, ce n'est pas un recul. Le
gouvernement ne revient pas… Depuis une semaine, il refuse… Au début, là, quand
on posait des questions sur ce dossier-là, sur l'abolition du crédit d'impôt,
le gouvernement — puis je vais citer le ministre des
Finances — disait que c'est un sujet qu'il y a dans les nouvelles
depuis certains jours, et malheureusement c'est basé sur des calculs qui sont
faux — des calculs qui sont faux — il n'y a personne qui va
perdre 500 $. Il y a 500 000 aînés qui vont perdre le 500 $.
Au début de la semaine, le gouvernement niait. Jour après jour, on a posé des
questions. Les groupes sont intervenus, des centaines puis des centaines
d'appels d'aînés qui étaient outrés. Aujourd'hui, le ministre essaie de faire
passer ça pour un recul, mais nous dit : Non, on continue à abolir le
crédit d'impôt, mais on va essayer d'amener des mesures de compensation, sans
nommer ces mesures de compensation.
Personne n'est dupe. Il n'y a pas de recul
là-dedans. On continue notre bataille. Les groupes avec qui j'ai parlé tout
récemment, ils sont encore sur le qui-vive. On veut absolument qu'il revienne
au crédit d'impôt, on veut qu'il recule pour de vrai, et qu'il comprenne le bon
sens, et qu'il revienne sur sa décision, et qu'il maintienne les crédits
d'impôt. Actuellement, ce n'est pas ce qu'on est en train de vivre.
Maintenant, dans quelques heures, je vais
participer au Rendez-vous national sur la main-d'oeuvre. Beaucoup de questions
qu'on a à poser, beaucoup de dossiers qu'on va vérifier, où on va s'impliquer,
dont un qui est important, et je vais laisser ma collègue vous en parler, c'est
la formation à l'emploi des immigrants, des nouveaux arrivants.
Mme Poirier
:
Alors, merci, Harold. Au rendez-vous national de l'emploi, il y a un objectif
important, bien, c'est l'intégration des nouveaux arrivants. Même aujourd'hui,
la chambre de commerce a dit que la priorité qui devrait être mise au niveau du
gouvernement, c'est l'intégration des nouveaux arrivants. Et on a fait une
proposition dans les 20 propositions pour l'action au niveau de l'emploi,
c'est de bonifier le programme PRIIME, qui est un programme de stage en milieu
de travail qui existe depuis 2005. Il y a environ 1 000 personnes qui
participent à ce programme-là par année. Et la bonne nouvelle : 85 %
de ces personnes sont retenues à l'emploi. Alors, vous voyez le résultat?
Lorsqu'on donne une chance, lorsqu'on donne un stage à une personne dans son
milieu de travail, dans sa formation, dans ses compétences, eh bien, à
85 %, l'employeur va garder la personne dans cet emploi-là.
Alors, nous, ce qu'on demande, et ce que
j'ai demandé ce matin au ministre de l'Emploi, c'est de bonifier le programme.
On est capables d'en prendre le double. Il faut que le ministre donne des
ressources à son ministère pour qu'on puisse référer des personnes à des
entreprises et qu'on puisse donner la subvention pour que ces personnes-là
aient droit aux stages en emploi qui donnent des vrais résultats.
M. LeBel : Pour conclure,
peut-être, nous, depuis deux ans, on revendiquait qu'on tienne, au Québec, un
vrai sommet sur l'économie avec tous les partenaires et on parle de l'ensemble
des enjeux du développement économique. Le gouvernement a préféré rapetisser
tout ça un peu, aller sur la formation de la main-d'oeuvre. C'est correct, on
va y participer, mais il y a des enjeux. Là, aujourd'hui, on va parler de
développement économique, formation de la main-d'oeuvre. Mais, en région, chez
nous, si on forme la main-d'oeuvre pour qu'elle ne travaille que dans les grands
centres, ce n'est pas bon. Il faut parler aussi de développement économique des
régions. Il faut former la main-d'oeuvre, il faut former les gens de chez nous
pour qu'ils puissent travailler chez nous, entre autres, dans les communautés
rurales. Et ça, c'est des débats que je ne suis pas certain qu'on va faire
pendant ce rendez-vous et comment le faire.
Mme Poirier
: Mais
tu sais, Harold, des programmes PRIIME en région, là, ça existe, on pourrait en
donner aux entreprises en région qui accueillent des nouveaux arrivants qui
sont formés, des ingénieurs, des gens qui ont des formations importantes
universitaires, et ça permettrait à ces gens-là d'aller travailler en région.
M. LeBel : Effectivement, puis
certains qui sont déjà en région, qui ont étudié en région, qui voudraient
rester en région. L'Université du Québec à Rimouski, beaucoup de personnes, de
nouveaux arrivants qui sont là, qui voudraient bien travailler en région. Ça
fait que les jeunes qui vivent en région, qui sont venus en région, veulent
rester en région. Les immigrants qui viennent s'installer trouvent ça beau et
aimeraient ça rester en région. Il faut former cette main-d'oeuvre-là, mais
encore faut-il développer l'économie puis créer des emplois.
Mme Poirier
: Là-dessus,
on est d'accord.
M. LeBel : Allons-y.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
De façon générale, est-ce que les stages devraient être rémunérés?
Mme Poirier
: De
façon générale? Bien, on voit qu'il y a un débat actuellement dans plusieurs
cohortes de finissants universitaires. Il y a eu, tout récemment, tout ce qui était
au niveau de la psychologie, là il y a les pharmaciens. Peut-être, je pense,
qu'on est rendus à se dire que... et particulièrement au niveau de
l'intégration en emploi pour les nouveaux arrivants, c'est une façon de vraiment
intégrer les gens en milieu de travail, et ça responsabilise, des deux côtés,
les personnes, autant l'employeur sur la qualification de la personne que la
personne qui fait son stage.
Alors, je pense que c'est une bonne
question, puis que peut-être que ce Rendez-vous national de la main-d'oeuvre
pourrait nous permettre d'aller un peu plus loin là-dessus.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
M. LeBel... bien, en fait, Mme Poirier, M. LeBel, vous êtes
représentants de circonscriptions complètement différentes, là, le profil socioéconomique,
je pense, est différent. Bon, Mme Poirier, vous êtes à Montréal; M. LeBel,
à Rimouski. Alors, qu'est-ce que vous attendez, particulièrement pour vos
circonscriptions, de ce rendez-vous national là comme mesures concrètes, là?
Mme Poirier
: Moi,
je pense qu'on n'est pas si loin que ça, parce qu'en termes de profil
sociodémographique on est pas mal près l'un de l'autre, sauf qu'un est à
Montréal, l'autre est en région. Ça, c'est la seule différence, à mon avis.
Mais, en ce qui me concerne, à Montréal, dans l'est de Montréal, ce qu'on a le
plus besoin, c'est de s'assurer qu'il y ait des investissements au niveau de
l'entreprise, parce qu'on a vu... Nous, depuis des années, on ne voit que des
entreprises fermer. Alors, on a perdu beaucoup, beaucoup, beaucoup d'emplois,
que ça soit Mabe, que ça soit Mondelez, dernièrement, beaucoup d'emplois ont
été perdus dans l'est. Alors, il faut qu'il y ait des investissements en matière...
pour attirer des entreprises dans l'est, et ça, ça fait partie aussi de ramener
des gens à Montréal pour qu'ils continuent à travailler à Montréal. Ça, ça
serait une façon de favoriser l'emploi à Montréal, et particulièrement dans
l'est.
M. LeBel : Moi, de mon côté, il
y a ça aussi, emmener des entreprises, mais aussi il y a des entreprises qui
existent. On pense, en Gaspésie, toute l'industrie éolienne, ils sont à la
recherche d'employés formés, ils sont à la recherche. Ça fait que l'adéquation
entre les besoins des entreprises chez nous et la formation, ce n'est pas fait,
et il faut travailler là-dessus, et ça, c'est une chose.
L'autre chose, c'est les personnes. On
rencontre beaucoup de personnes, des jeunes, entre autres, des jeunes décrocheurs
qu'on pourrait inscrire dans un processus de formation. Mais, au bout de
l'affaire, il faut trouver des emplois, il faut qu'il y ait quelque chose. Et,
présentement, en région, malgré... on parle du taux de chômage qui baisse un
peu partout, mais c'est très centralisé. Entre autres, le milieu est en
difficulté actuellement, il n'y a pas d'emplois dans le milieu rural. Il faut
voir cette réalité-là aussi.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Il n'y a pas d'emplois actuellement? Parce que le gouvernement parle d'une
pénurie...
Mme Poirier
: De
main-d'oeuvre?
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui, notamment au cours des 10 prochaines années, en raison du départ à la
retraite massif de plusieurs dizaines, voire centaines de milliers de
Québécois. Qu'est-ce que ça représente pour vos régions, puis... Oui,
essentiellement, qu'est-ce que ça représente pour vos régions? Parce que, Mme Poirier,
vous dites qu'il faut attirer des entreprises, alors que le gouvernement dit :
Bien, il va y avoir une pénurie, puis les entreprises vont manquer de
main-d'oeuvre.
M. LeBel : Les régions sont
différentes. Moi, je suis aussi responsable de Chaudière-Appalaches. Quand je
vais en Beauce ou quand je vais dans Bellechasse ou la région de Lévis, là, là,
on a un besoin de coller leur... ils ont besoin de travailleurs, ils ont besoin
d'employés, puis eux autres, ils sont en besoin de main-d'oeuvre. Mais, plus on
va vers l'est, plus on va dans les communautés éloignées des grands centres...
À Rimouski, je ne vis pas trop, trop de problèmes, mais, si je m'en vais dans
les municipalités éloignées des grands centres, là j'ai un problème, j'ai un
problème économique, j'ai un problème de création d'emplois. Et ça, si je veux,
entre autres, que les aînés puissent continuer à vivre dans ces villages-là,
que je veux que les jeunes puissent avoir des emplois dans ces villages-là puis
qu'on forme ces jeunes-là à coller à la réalité de leur communauté, bien là j'ai
besoin de développement économique, j'ai besoin de projets, et ça, c'est une
réalité. Mais le Québec est grand, et les régions sont différentes, c'est
certain.
Mme Poirier
: C'est
sûr qu'à Montréal, je dirais, le premier vecteur dans lequel il faut vraiment investir,
c'est la formation de la main-d'oeuvre. Nos emplois sont de plus en plus
technologiques, et les entreprises sont passées aussi à ce secteur-là. Alors, l'adéquation
entre la formation — et c'est un peu ce que tu disais — et
la demande, elle n'est pas là présentement. Alors, ça nous prend plus
d'employés formés, mieux formés et tout particulièrement au niveau des
technologies.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
O.K. Comment on fait ça? Est-ce qu'on restreint l'accès aux programmes
d'anthropologie, d'histoire, de sciences politiques pour privilégier... ouvrir
grandes les portes des programmes de techniques en métallurgie puis...
Mme Poirier
:
Bien, premièrement, les programmes de techniques, on est beaucoup au cégep. On
est beaucoup dans les cégeps pour les programmes technologiques. Et moi, je
pense que c'est là-dedans qu'il faut investir le plus possible parce que ça
permet justement à plus de jeunes d'avoir accès. Puis moi, je vais vous dire,
je favoriserais beaucoup que ces programmes-là soient en région tout particulièrement
pour, justement, emmener des jeunes en région. Et l'immigration qu'on a pour
des jeunes qui veulent venir étudier au Québec, les inviter à aller vers les
régions, à aller étudier en région ces technologies-là pour, justement, faire
l'adéquation de la main-d'oeuvre en région et l'immigration en tant que telle,
il y aurait là un vaisseau, là, un vecteur de développement important pour les
régions, pour l'employabilité des personnes, mais aussi pour s'assurer... Quand
on dit qu'on n'est pas capables d'avoir des gens pour travailler dans l'éolien,
bien là on est dans les technologies, ça nous prend des technologues, là. Alors,
on la fait où la formation? Est-ce qu'on la fait à Montréal? Je ne pense pas
que c'est nécessaire. Mais la faire à Rimouski, ça, c'est nécessaire.
M. LeBel : Puis il faut aussi
que nos institutions en région, comment je pourrais dire ça, s'ouvrent sur
les... aient la marge de manoeuvre pour donner des formations collées aux
réalités des régions. Et puis la réalité des régions, ce n'est pas que forêts
et agriculture. Quand on a voulu fermer les conservatoires de musique il y a
quelques... en région, il y a des emplois collés à la culture. Ma collègue
Mme Maltais le disait ce matin, fermer le conservatoire de musique en région,
c'est aussi un domaine économique qui emploie des gens qu'on allait fermer. Ça
fait qu'il faut continuer, en région, à investir dans des domaines qui ne
semblent pas coller à l'économie régionale, mais qui est collé à la qualité de
vie en région. Et ça, c'est ce que nos cégeps demandent, entre autres, en
région, les universités en région. Ils veulent plus de marge de manoeuvre pour
pouvoir travailler sur plusieurs aspects dans nos réalités régionales puis
coller leurs formations à nos besoins.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Pour faire face à la pénurie appréhendée, est-ce qu'il va falloir hausser les
seuils d'immigration, selon vous?
Mme Poirier
: Moi,
je pense qu'il faudrait mieux faire notre immigration. Il y a encore trop de
professionnels qui ne sont pas dans le bon métier. On a besoin de mieux
qualifier les gens. Il faut qu'avant l'arrivée de la personne on soit assurés
qu'elle va avoir un emploi dans le secteur pour lequel elle a des compétences
et qu'elle a des diplômes. Ça, on ne le fait pas présentement. On qualifie le
diplôme, les compétences pour avoir le CSQ, le certificat de sélection du
Québec, mais un coup arrivé, c'est drôle, ces diplômes-là ne valent plus rien.
Moi, je pense qu'il est là, le problème, et c'est là-dessus qu'il faut
travailler. Ça fait partie de nos 20 propositions. Merci.
M. LeBel : Oui, merci.
(Fin à 14 h 15)