(Onze heures quarante minutes)
M. Khadir
:
Bonjour! D'abord, attirer l'attention de tous les collègues journalistes qui
sont présents que, depuis cette semaine, on a lancé un chantier de réflexion
sur la convergence. Puis il y a un article, aujourd'hui dans Le Devoir,
de la main d'Andrés Fontecilla, de Manon Massé et de moi-même, qui explique en
détail le contenu.
Je voulais remercier la ministre de
l'Immigration du Québec, Mme Kathleen Weil, mais également en profiter
pour remercier M. Denis Coderre, remercier également les ministres
fédéraux comme Marc Garneau et le ministre Hussen, ministre de l'Immigration
fédéral, le ministre Goodale, le ministre de la Sécurité publique, d'avoir
examiné le dossier et accordé ce permis de séjour de deux ans. Nous espérons
que ce permis de séjour se prolonge. Nous espérons que ce permis de séjour
fasse réfléchir le gouvernement sur toute la question du renvoi dans des pays
qui, comme l'Iran ou l'Arabie Saoudite, pratiquent la torture, les exécutions
sommaires. Je pense que, là, il y a un problème et qu'il faudra régler,
d'autant plus que le premier ministre canadien est allé dire sur tous les
médias, et nous le croyons, que le Canada est une terre de refuge, est une
terre d'accueil pour tous ceux qui fuient les persécutions et la violence
politique.
Deuxièmement, ceci n'aurait pas été
possible sans le courage de sa fille d'une trentaine d'années, qui, à l'aide du
conseil des citoyens aînés du NDG, dès le début, ont cru en la possibilité de
renverser cette décision-là, ont alerté tout le monde. Et, avec ce filet de
solidarité, on a réussi à faire entendre raison aux agents du service
frontalier canadien.
Deuxième élément que je voulais
mentionner, c'est sur la question du SPVM. Je crois qu'il faut crever l'abcès
qui s'est accumulé depuis au moins huit ans parce que les problèmes de la SPVM
n'ont pas commencé avec ces deux agents ou avec le directeur actuel. Ça remonte
au moins à Yvan Delorme. C'est pour ça qu'il y a des ramifications politiques
importantes, parce que, n'oublions pas, il y a un ministre qui a perdu sa job,
Tony Tomassi, alentour des questions qui touchent Luigi Coretti. Il y a un
ministre qui a donné sa démission, Jacques Dupuis, un ministre libéral, de
manière précipitée, inexpliquée. Il y a un chef de police, Yvan Delorme
lui-même, qui a donné sa démission dans des circonstances qui sont restées nébuleuses.
Et tout ça témoigne d'une espèce d'enchevêtrement de liens politiques avec le
gouvernement libéral.
Donc, c'est pour cette raison, je crois,
qu'il faut absolument insister pour sortir cette enquête des mains de la Sûreté
du Québec, pas parce que la Sûreté du Québec n'a pas la confiance ou les
compétences pour mener des enquêtes. Moi, j'ai confiance dans leur capacité de
mener des enquêtes criminelles, mais la Sûreté du Québec est une police
politique, on le sait. Les nominations à la tête de la Sûreté du Québec,
l'avancement de carrière... le chef de la Sûreté du Québec est nommé par le
gouvernement, et les journalistes sont les premiers à reconnaître que c'est une
police politique. Et donc, lorsqu'il y a un dossier d'enquête comme ça, qui a
des ramifications politiques, on ne peut pas confier ça à la Sûreté du Québec.
Donc, c'est pour cette raison que nous demandons qu'une commission d'enquête
publique soit instituée. Merci de votre attention.
M. Vigneault (Nicolas) :
Justement, concernant le SPVM, et tout ça, pour vous, ce n'est pas suffisant,
le Bureau d'enquêtes indépendantes, par exemple, qui enquêterait dans ce
dossier-là?
M. Khadir
: Le
Bureau d'enquêtes indépendantes a été mis sur pied pour des bavures policières.
Ici, ce n'est pas une bavure, c'est un système. C'est un système qui s'est
installé depuis à peu près huit, neuf ans, peut-être plus longtemps. On parle
d'une pratique systématique qui est questionnable dans les bureaux d'enquêtes
internes. Donc, je ne vois pas comment le Bureau d'enquêtes indépendantes peut
s'occuper de ça, ce n'est pas son mandat. Alors, plutôt que de redéfinir le
mandat du Bureau d'enquêtes, il me semble que ça serait plus simple qu'une
commission d'enquête indépendante... parce que le champ est vaste, en plus, là.
Et, il faut rappeler, le Bureau d'enquêtes indépendantes ne pourra jamais
toucher aux ramifications politiques de la chose. Le Bureau d'enquêtes
indépendantes va dire : Est-ce qu'il y a un, deux, trois individus qui ont
commis un méfait ou pas? Bien, on va les sanctionner.
Mais là, ici, il ne s'agit pas de ça, il
s'agit de pratiques qui relèvent bien sûr d'une série d'enquêtes criminelles,
etc., à l'interne mais aussi d'un service de police qui a fait l'objet de
controverses en raison de sujets hautement, je dirais, explosifs liés à Tony
Tomassi, à Jacques Dupuis, à Yvan Delorme et au gouvernement libéral de
l'époque. Il y a même une histoire en lien avec la vice-première ministre de
l'époque, Mme Nathalie Normandeau, qui était très proche de M. Yvan
Delorme. Donc, tout ça fait en sorte qu'on ne peut pas en rester là.
M. Vigneault (Nicolas) :
Vous en avez parlé tout à l'heure, mais juste m'assurer que je ne rate rien, sur
l'aide médicale à mourir, êtes-vous ouvert à ce qu'on regarde la possibilité à
ce que les gens puissent donner leur consentement avant la période qui est
actuellement…
M. Khadir
: J'ai
encore parlé à ma collègue Véronique Hivon, ce matin, pour lui rappeler que
déjà, il y a cinq ans, quand on avait une une initiative du Parlement, un
mandat d'initiative pour s'occuper de ça, on parlait des insuffisances dans
notre projet. On était très conscients qu'il y avait tout un chapitre qui
relevait de la souffrance, la souffrance mentale, la souffrance psychologique
que vivaient des personnes qui n'étaient pas en mesure, comme des patients
d'Alzheimer, de donner leur consentement, de décider. Mais nous n'avions pas
d'autre choix à l'époque que de commencer quelque part parce qu'il y avait des
résistances, parce qu'il y avait des objections, parce que la société n'était
pas encore mûre.
Mais je pense qu'aujourd'hui avec la
tragédie, je dirais, absolument triste, sur laquelle je n'ai pas de mot pour
dire comment on va sortir ce monsieur du pétrin, je parle du mari de Mme Lizotte,
bien, ça a réveillé tout le monde. Et l'expérience personnelle de nos
collègues… parce que le phénomène de l'Alzheimer se répand. Tout le monde a, dans
sa famille, des gens qui sont incapables de donner de consentement, mais qu'on
a très bien entendu, trois, quatre, 10 ans auparavant, dire : Aïe! Ne
m'abandonnez pas. Ne me laissez jamais aller dans des centres de soins
prolongés avec des problèmes de santé mentale. Combien de fois j'entends ça?
Encore hier soir, avec des amis, on soupait, puis il y a une amie qui a dit :
Ah! moi, c'est clair, je ne voudrais jamais finir Alzheimer dans un centre de
soins prolongés. Mais j'ai dit : Ma chère amie, ça ne sert à rien, ce que
tu nous dis parce que, si ça t'arrive, on ne pourra rien faire. Il faut que tu
le couches sur papier. Il faut tu ailles chez le notaire pour que ça ait
valeur. Tu as beau le dire à tout le monde, à ton conjoint, à tous tes amis, ça
ne nous donne aucune possibilité de t'aider le moment venu. Donc, ce que
j'allais dire, c'est que c'est compliqué, cette affaire-là, puis il faut faire
attention.
M. Vigneault (Nicolas) :
Mais vous quand même ouvert, mais ça, je comprends de votre propos, de dire
que, oui, l'aide médicale à mourir pourrait être offerte à ces gens-là.
M. Khadir
: Oui,
oui. Il faut absolument... On est rendus là. Il faut ouvrir le débat sur comment
on s'organise pour que des personnes qui sont dans une situation de maladie
mentale ou de démence, qui ne sont pas capables de consentir, puissent quand
même bénéficier des meilleurs soins. Puis les meilleurs soins, ça veut dire :
quand la souffrance est trop grande, irrémédiable, qu'on est arrivé à un point
de non-retour, s'il y a des personnes qui ont besoin qu'on les aide, il faut
les aider.
M. Hicks
(Ryan) : Do you think it's even possible,
given how complex Alzheimer and dementia are, to come up with criteria for
advance consent?
M. Khadir
: I think it's… because this object has been studied
elsewhere, I cannot remember the exact details, but
there are projects and proposals of avenues. But, specifically, because of the
reason that we need prior consent, there are needs to be vast public measures
in terms of public education and vast campaigns so that people, in advance,
know that these are subjects that could be very important for families, this
should be discussed and consent should be give in advance if such a thing
matters.
So, for example, for the
friends with whom I spoke yesterday evening, the lady that said : I would
want never, never end up Alzheimer in a senior care center, I said : Dear friend, that's worth
nothing, what you're saying. I understand you, but it doesn't suffice. You
cannot count on that. We couldn't help you on this. You put it in a written
form and you bring it to the notary or you write out a formal consent form.
So, these are subjects
that we can have managed here, to put them in the law so that there is more
resources given to public campaigns and also to find out, in special
circumstances, that prior consent was not given, but, when there's enough
criteria that secure us to the knowledge that that person has given priorly, in
an appropriate matter, his consent to enough people, with enough evidence, we
can proceed.
M. Hicks (Ryan) : On Mrs. Azizi, she has a temporary permanent resident… there's a
temporary residence status for two years. So, what happens after…
M. Khadir
: The temporary stay permit, and we're very glad of that… I want to
take the opportunity to thank Minister Goodale, Minister Hussen, the Federal Government, but specially Minister Weil, the
Immigration Minister of Québec,
Denis Coderre, the mayor of Montréal, and Hélène Laverdière, the Member of Parliament from Montréal, from the NDP, and Marc Garneau, a
federal Minister. All those people were involved because community groups took
steps right from Friday. I think of the council of senior citizens of N.D.G.
which brought support right in the beginning, then the table de concertation
pour les réfugiés.
But, at this stage, I
think, that's a good opportunity for our federal Government, authorities, to look up all the situation of Iran, of Saudi Arabia, for instance, because these are countries
with very harsh attitude toward any dissidence. You know, they cut heads in
Saudi Arabia, and they imprison, torture and kill in Iran. So, I think there
should be a moratorium for these two countries for anybody who has any
political link to the opposition. And I think, in the case of Mrs. Azizi.
Once the file will be studied, it's evident she needs to be given protection,
permanent protection, so be allowed to stay here as permanent resident.
M. Hicks (Ryan) : And just on convergence, on electoral convergence, the goal is to
get the Liberals out of power, to elect them out, to vote them out. So, if the
PQ won, what kind of role would you like within that Government? Would you want a couple of cabinet posts or a cabinet post
reserved for Québec solidaire
MNA because your party would have helped them get to power?
M. Khadir
: The goal for us could not be
just taking Liberals out of Government. That doesn't suffice. Actually, we took the newspaper, the pen to
write up an article to explain that the goal can not be restrained to that.
That can be a consideration, but the goal can't be that.
To answer most
specifically your question, our intent and our objective is not to obtain
neither participation in the Government nor any political alliance with the PQ. If something happens for
us, for the best of Québec, it
will go through convergence of social forces, union movements, workers, student
movements, women movements.
So, we want to
concentrate on that, and then, at the right moment, if there are some
strategical manoeuvers to be carried out, if my party decides, in month of May,
it could be, for example, that,
you know, we don't put pressure toward PQ or Option
nationale, there could be a very, very restricted electoral deal. Why? Because
of the election system that doesn't allow any proportional representation.
In fact, all this talking,
from our point, for those types of agreement, it's just because we don't have
appropriate proportional electoral system. If there was any, we wouldn't need
to talk about that.
M.
Hicks (Ryan) : O.K. Merci.
La Modératrice
: Merci.
M. Khadir
: Merci.
(Fin à 11 h 54)