(Dix-sept heures trente et une minutes)
M. Marceau
: Alors,
bonjour, bonsoir, tout le monde. Je viens réagir au budget qui a été déposé par
M. Morneau tout à l'heure.
Alors, écoutez, le Québec, vous le savez,
contribue à près de 60 milliards de dollars aux revenus, aux coffres
fédéraux, et j'ai eu beau tourner les pages du budget, je n'ai rien trouvé pour
le Québec, un budget qui est déconnecté du Québec. Vous noterez en particulier
qu'il n'y a pas de compensation supplémentaire pour les producteurs fromagers. Il
n'y a pas les garanties de prêts que nous réclamions pour l'industrie
forestière, pour les travailleurs de la forêt, mais, en même temps, il y a un
100 millions de plus pour l'industrie automobile ontarienne. Rien pour la
forêt, mais 100 millions de plus pour l'industrie automobile ontarienne.
Et je vous dis que, s'il y avait eu une crise dans l'industrie automobile
ontarienne, vous pouvez être certains qu'il y aurait eu un beau gros char sur
la page couverture du budget, puis, en fait, la seule contribution de ce budget
à l'industrie forestière, c'est le papier sur lequel il a été imprimé.
Par ailleurs, on constate les résultats des
demandes, là, de M. Couillard en matière de transport collectif en particulier.
Vous aurez constaté qu'il n'y a rien... enfin, il n'y a pas d'engagement ferme
du fédéral quant au REM, quant à la ligne bleue, quant au SRB. Les demandes,
les priorités de M. Couillard ont été ignorées, purement et simplement. Et,
en matière de transport collectif, je note que M. Trudeau et M. Morneau ont
choisi d'abolir le crédit d'impôt pour transport collectif, pour transport en
commun, et c'est une attaque, évidemment, envers les plus démunis, ceux qui
sont les grands utilisateurs de transport en commun, évidemment envers les plus
jeunes, les étudiants, qui sont les grands utilisateurs. Évidemment, dans un
contexte où on pense à améliorer les infrastructures de transport en commun,
disons que ça envoie un message particulièrement contradictoire, et je trouve
ça, disons, très malavisé.
Autre mauvaise nouvelle pour le Québec, il
y a confirmation que le transfert en santé va diminuer de 6 % à 3 %,
c'est confirmé maintenant, cette même réduction étant celle que M. Barrette a
décrite comme ayant… qu'il nous a décrite comme étant une réduction qui va
avoir un impact sur le Québec, sur les soins de santé des Québécois.
Un mot sur l'évasion fiscale, l'évitement
fiscal abusif, sur les paradis fiscaux, rapidement. Vous vous rappellerez que
l'Assemblée nationale, de manière unanime, va demander au gouvernement fédéral
de revoir le règlement de l'impôt pour empêcher le transfert de profits vers les
paradis fiscaux, entre autres la Barbade. Rien là-dessus. Évidemment, ça me
déçoit.
Et peut-être la seule bonne note du
budget, parce que je sais que souvent vous me demandez quelque chose… est-ce
qu'il y a quelque chose de bon dans le budget fédéral… comme je vous dis, j'ai
peine à le faire, mais je constate que de l'autre côté de la rivière des
Outaouais, on va pousser vers un régime public de garderies, de services de
garde, au même moment — alors, ça, évidemment, moi, je suis favorable
à un service public de garderies, un réseau public de garderies — au
même moment où, de ce côté-ci, au Québec, on a un gouvernement qui a
tranquillement mais sournoisement privatisé le système de CPE qu'on a, système
de garderie. Alors, je constate quand même que M. Trudeau, à cet égard, a du
bon sens et puis j'aimerais ça que ce bon sens rejoigne M. Couillard et son
équipe. Voilà.
M. Laforest (Alain) : Bref,
ce que vous trouvez qui ne fonctionne pas, c'est qu'on n'a pas aidé, entre
autres, les producteurs de bois d'œuvre, donc on les abandonne alors que le gouvernement
Trump risque de fermer les frontières, là.
M. Marceau : Bien, oui,
effectivement, et les entreprises du secteur de la forêt, les travailleurs
forestiers vont écoper, là, pour cette absence de leadership de la part de M.
Trudeau. C'était une demande que nous avons formulée déjà, que d'autres ont
formulée, le secteur forestier la formule. Ça a duré longtemps, la dernière
crise, et là on s'engage là-dedans, malheureusement, et je ne vois pas d'autre
manière pour assurer la survie de nos entreprises du secteur de la forêt puis
pour assurer un gagne-pain à nos travailleurs forestier que d'aller vers des
garanties de prêt.
M. Laforest (Alain) :
3 milliards de plus sur la dette?
M. Marceau : Bon, regardez,
les finances publiques fédérales sont à peu près au même endroit où elles
étaient à la mise à jour dernière. Il demeure que les facteurs fondamentaux
pour les finances publiques fédérales sont corrects. On sait très bien qu'à
long terme, et le directeur parlementaire du budget le dit souvent, ça va se
passer bien pour le fédéral. Le problème est du côté des provinces et du Québec,
en particulier en santé, là. Ce poids-là, lui, va s'accentuer avec le temps, et
la confirmation de la baisse des transferts en santé vers le Québec, là, de
6 % à 3 %, ça va faire mal dans quelques années, vous allez vous en
rendre compte.
M. Bellerose (Patrick) :
Qu'est-ce que ça vous dit sur la vision que le gouvernement Trudeau a du
Québec?
M. Marceau : Écoutez, à part
de s'être fait élire 40 députés, c'est comme si ça ne comptait pas, le Québec,
là. Je répète, là, ce que je disais sur l'industrie automobile ontarienne. Est-ce
qu'il y a quelqu'un qui croit ici que le budget n'aurait pas été strictement
orienté là-dessus s'il y avait eu une crise dans le secteur automobile comme ça
a été le cas effectivement au moment de la crise financière? Et là la crise de
la forêt, elle a un impact majeur au Québec, elle va en avoir un. Ça fait
longtemps que ce secteur-là passe à travers des difficultés. Rien.
M. Bellerose (Patrick) :
Est-ce que vous y voyez une insulte contre le Québec?
M. Marceau : Moi, je trouve ça
insultant, oui, effectivement. En passant, le secteur du lait puis des fromages
aussi, vous savez comme moi que la compensation pour nos producteurs de lait et
de fromage est insuffisante, et on espérait qu'il y ait un peu plus pour ces producteurs-là
dans le budget. Il n'y a rien.
M. Bellerose (Patrick) :
Est-ce que le Québec était mieux traité sous Harper que sous M. Trudeau?
M. Marceau : Regardez, je
pense que, s'il y a une constante au Canada, c'est que le Québec ne peut pas
tirer son épingle du jeu. C'est une constante, malheureusement. Dans le cas de
M. Trudeau, évidemment, il entretient un peu plus son image, mais, pour le
reste, ça ressemble beaucoup.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Bon, le gouvernement fédéral accroît ses dépenses. Vous dites : Bon, en
même temps, il a réduit les transferts canadiens en matière de santé. Est-ce
que le déficit fiscal, qui est reconnu également par le gouvernement du Québec,
est-ce qu'il s'amenuise ou s'amplifie?
M. Marceau : Vous parlez du
déséquilibre fiscal?
M. Bélair-Cirino (Marco) : Le
déséquilibre fiscal, pardon.
M. Marceau : Écoutez, moi, ça
fait plusieurs années, quand j'étais ministre des Finances, je vous en ai déjà
parlé, du déséquilibre fiscal, c'est sournois, ça existe encore. Effectivement,
ça devient plus visible.
M. Trudeau, M. Morneau n'ont pas de gêne à
s'immiscer dans les compétences des provinces. On l'a vu avec ces fonds dédiés
sur les soins à domicile et puis sur la santé mentale. On le voit aujourd'hui
avec les garderies. Moi, je trouve que c'est une bonne idée qu'ailleurs au
Canada ils se dotent de garderies publiques, mais il n'en demeure pas moins que
c'est une compétence des provinces, c'est une violation de la Constitution, et,
de toute évidence, le gouvernement ne sait pas trop... le gouvernement
canadien, là, a de l'argent en trop pour investir dans les compétences des
provinces.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Dans le gouvernement, il est question... le gouvernement fédéral ouvre la porte
à l'étalement de l'allocation qui est versée aux parents pour congé de
maternité et paternité sur 18 mois. Est-ce que ce serait une mesure... le Québec
devrait imiter le fédéral?
M. Marceau
: Là, je ne
suis pas capable de me prononcer là-dessus maintenant, puis l'élément peut-être
qui va m'intéresser plus, là, au-delà des choix qui seront faits au Québec,
puis ce sera un débat qu'on pourrait faire entre nous, il y a aussi le fait que
ça pourrait avoir des répercussions, là, sur le Québec, et ça, je ne suis pas
au clair là-dessus. Dans le petit 45 minutes qui a précédé mon arrivée ici,
j'ai essayé de trouver des affaires, mais je n'ai pas pu tout voir. Alors, ça,
ça va m'intéresser particulièrement. On me dit que le Québec va être compensé,
mais je n'ai pas vu les détails de ça.
M. Laforest (Alain) : Banque
d'infrastructures, REM, ligne bleue, SRB, il n'y a rien.
M. Marceau
: Il n'y a
rien.
M. Laforest (Alain) : C'est
quoi, le message qui est envoyé au gouvernement Couillard?
M. Marceau
: C'est un
message très négatif pour le Québec, pour Montréal, pour le transport en commun
évidemment. Et une conclusion qui doit être tirée, c'est que M. Couillard est
complètement ignoré par M. Trudeau, complètement.
M. Hicks (Ryan) : What kind of message are you hearing from the federal Government
about what they think about Québec and what Québec needs?
M. Marceau
:
Well, I mean, I think you will notice that Québec's domains have been
completely ignored, and the message that is sent is that you are irrelevant.
Québec is irrelevant.
M. Hicks (Ryan) : What do you think dairy producers, softwood lumber producers where
they are left now?
M. Marceau
:
Well, there are left with a very, very doomed prospects. The future is not
bright for the lumber… for the forestry workers. It's looking very bad, right
now, and only if the Canadian Government reacts in the next few months, we'll
be able to save a number of jobs. And this sector, by the way, has been hit
over the last 10 years maybe, by a succession of difficulties. Now they were
slowly recovering, and then Mr. Trump arrived, and this dispute emerged.
So it's going to be very
rough, and again I am amazed and shocked by the fact that the treatment of the
forest sector is completely different from that of the automobile sector,
completely different. It's hard to explain, except for the fact that Ontario is
extremely important for electoral results, means a lot for both the Liberal…
for all federal parties, while Québec… As you know, Mr. Harper was able to
obtain a majority government without Québec, and, even if the Liberal Party got
40 seats in Québec, they don't seem to help too much. Merci.
Des voix
:
Merci.
(Fin à 17 h 42)