(Huit heures quatre minutes)
M. Lisée
: Alors, on
voudrait féliciter l'Ontario ce matin, qui a eu un excellent budget hier :
100 millions de dollars pour l'industrie automobile qui avait déjà eu 8 milliards
de dollars dans la crise, et, franchement, les députés fédéraux libéraux
ontariens font bien leur travail. Le gouvernement libéral ontarien fait bien
son travail, et il y a deux budgets par année pour l'Ontario : le budget
du gouvernement ontarien et le budget du gouvernement fédéral. Alors, hier, le
grand bénéficiaire, c'est l'Ontario.
Maintenant, ce qui est bizarre, c'est
qu'au Québec il y a un gouvernement libéral et il y a 40 députés libéraux
fédéraux. Où sont-ils? Que font-ils? Pourquoi n'ont-ils aucun impact sur les
décisions que le gouvernement fédéral prend avec 60 milliards d'argent
envoyé cette année par les Québécois à Ottawa? Pourquoi n'ont-ils aucun poids politique?
Pourquoi n'arrivent-ils pas à faire le moindre gain sur les transferts en
santé, sur l'investissement dans l'aérospatiale et Bombradier, sur des
engagements dans les transports en commun? Pourquoi est-ce qu'hier c'était important
de mettre 100 millions pour une industrie automobile qui va assez bien en
ce moment en Ontario, mais zéro dollar pour l'industrie forestière au Québec
qui va traverser une crise très grave? Et la dernière fois qu'on l'a traversée,
on a perdu 20 000 emplois qu'on n'a jamais retrouvés. Ça, c'est le
principal risque économique en ce moment au Québec, c'est ça, zéro dollar du
fédéral.
Le gouvernement fédéral aussi a pris une
décision, dans sa négociation avec l'Europe, d'affaiblir l'agriculture québécoise
en matière laitière et fromagère à la hauteur de 1,5 milliard de pertes
sur cinq ans. Hier, il n'y avait rien pour dire comment cette compensation
allait être faite, c'est-à-dire qu'en Ontario on est devant une industrie qui
est en croissance et qui reçoit 100 millions de plus; au Québec, on est
devant deux industries à risque, l'industrie forestière et l'industrie agricole
qui reçoivent zéro.
Alors, écoutez, c'est comme si le Québec
était déjà indépendant, mais ne contrôlait pas la moitié de son budget. On a
les désavantages de l'indépendance sans avoir aucun avantage. Alors, nous, on
dit : Écoutez, on pourrait s'éviter ce traumatisme actuel d'être déçu et
extrêmement déçu, si on avait un seul budget, le budget du Québec indépendant,
parce que là l'énergie gaspillée autour de l'incapacité du Québec d'avoir sa
juste part, le respect et la décence, bien, on pourrait le transformer en
énergie positive.
On a bien entendu hier le ministre des
Finances et le président du Conseil du trésor dire qu'ils sont extrêmement
déçus. Bien, nous, on est extrêmement déçus qu'ils soient extrêmement déçus
parce qu'ils sont censés livrer la marchandise, et là, dans le rapport avec le
fédéral, ces grands fédéralistes vont d'échec, en échec, en échec. Alors, il y
a un moment où ils doivent expliquer pourquoi le Canada ne fonctionne pas pour
le Québec, pourquoi le Québec n'est pas écouté à Ottawa. Il y a un moment, là,
où ça devient, pour utiliser un mot à la mode, systémique. Ça devient systémique,
l'injustice systémique fédérale envers le Québec. Et le fardeau de
l'explication est sur les épaules des fédéralistes québécois, et, au premier
chef, le plus fédéraliste des fédéralistes québécois qui est Philippe
Couillard. Carole.
Mme Poirier
: Alors, on
a vu hier, dans l'annonce du budget. que le REM et la ligne bleue, qui sont
deux projets importants et nécessaires, être nommés, mais sans être chiffrés.
Alors, la question qu'il faut se poser ce matin : Est-ce que Québec a
chiffré et fait des demandes précises à Ottawa? À la lumière, on voit bien que
le Québec n'a pas transmis la facture ni du REM ni de la ligne bleue, donc on
en conclut : aucune demande du Québec.
Alors, ce matin, la question à se poser :
Est-ce que Québec va déposer, à Ottawa, dans les plus brefs délais, cette
facture afin d'assurer ces deux importants projets de transport collectif pour
la grande région de Montréal?
M. Marceau
: Et le SRB.
Mme Poirier
: Et le SRB
de Québec, bien sûr.
Le Modérateur
: M.
Marceau.
M. Marceau
: Oui, je
voulais simplement rappeler de mon côté que le budget d'hier confirme des
reculs significatifs par le Québec, en matière de finances publiques en
particulier. La confirmation, donc, du recul quant aux transferts en santé, qui
étaient inscrits, là, désormais en toutes lettres dans le budget, ça va avoir
des impacts sur les finances publiques du Québec à long terme. On n'a pas fini
d'en parler, malheureusement.
Par ailleurs, en matière d'évasion
fiscale, Ottawa est dans le «business as usual». Il y a, bien sûr, des montants
de plus qui sont consacrés à l'Agence du revenu du Canada, mais la volonté
ferme de combattre les paradis fiscaux ne se trouve pas présentement à Ottawa.
M. Trudeau se fait complice, essentiellement, des gens qui font de l'évasion
fiscale en ne modifiant pas en particulier le règlement de l'impôt et les
conventions fiscales qui permettent cette évasion fiscale, cet évitement fiscal
abusif. Donc, «business as usual» à Ottawa et très grande déception, de notre
côté, quant à cet enjeu.
Finalement, pas un mot non plus sur la
Banque d'infrastructure du Canada, dont on souhaite, évidemment, qu'elle soit
établie à Montréal, qui a une expertise... dans laquelle on trouve une
expertise, les grands joueurs. C'est extrêmement décevant sur... en tout cas,
en matières financières, là, c'est très décevant. Merci.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. On va y aller avec des questions. Merci d'avoir une question, une
sous-question. On débute par le micro de gauche, M. Boivin, Cogeco Nouvelles.
M. Boivin (Mathieu) : Quand
M. Barrette s'est ému de ne pas avoir eu ce qu'il voulait dans les transferts
en santé, il a dit : Bien, j'ai fait ce que j'ai pu, j'ai essayé de
mobiliser la population. Malheureusement, ça n'a pas fonctionné, je n'ai pas
réussi à aller chercher un rapport de force. On peut penser ce qu'on veut de M.
Barrette, mais si lui a échoué, on se demande qui pourrait réussir à sa place.
La question que ça soulève, que ce soit
dans le budget ou sur l'enjeu des transferts en santé, c'est : est-ce
qu'il reste l'ombre du début d'un rapport de force au Québec?
M. Lisée
: Bien, écoutez,
je pense que la réponse est dans votre question. Ce gouvernement ne montre pas
l'ombre du début d'un rapport de force pour le Québec. Des gouvernements du Parti
québécois ont réussi à obtenir des pouvoirs en immigration, ont réussi à
obtenir des pouvoirs en main-d'oeuvre, ont réussi à se faire rembourser des
factures, et c'est clair que lorsque le Parti québécois est au pouvoir, le
rapport de force est plus grand. Nous sommes craints à Ottawa. On n'est
peut-être pas respectés, mais on est craints. Ça donne des résultats.
Maintenant, c'est clair que Philippe
Couillard n'est pas craint à Ottawa, et là on voit qu'il n'est même pas
respecté. Alors, on a hâte que ça finisse.
M. Boivin (Mathieu) :
Qu'est-ce qu'il aurait pu, qu'est-ce qu'il aurait dû faire de plus?
M. Lisée
: Bien,
d'abord, sur les transferts en santé, le premier ministre n'aurait pas dû
écrire un article qui disait que, selon lui, lorsqu'il n'était pas premier
ministre, selon lui, il ne fallait pas donner 6 % d'augmentation en santé
puis il fallait que le gouvernement fédéral pose des conditions. Alors là,
évidemment, la crédibilité de M. Couillard dans ce dossier-là était nulle.
Deuxièmement, comme Carole l'a dit, nous,
les échos qu'on a de nos partenaires fédéraux à Montréal, c'est que le montage
financier n'est pas envoyé à Ottawa sur le REM, sur la ligne bleue, puis on
sait que le montage financier du SRB n'existe pas. D'ailleurs, aucun d'entre
vous ne peut nous dire quelle est la facture du REM, quelle est la facture de
la ligne bleue, quelle est la facture de SRB.
Alors, imaginez, à Ottawa, ce qu'ils
disent. Ils disent : Écoutez, on ne va pas vous donner de chiffre, vous ne
nous en demandez pas. Je ne dis pas qu'ils en donneraient si on en demandait,
mais au moins... le gouvernement libéral est incompétent dans sa demande.
Le Modérateur
: Merci.
M. Bellerose.
M. Bellerose (Patrick) :
Bonjour, M. Lisée. Vous avez affirmé que le Québec n'a plus de rapport de force
envers Ottawa. Qu'est-ce qui explique cela? Qu'est-ce qui fait qu'on n'a pas de
rapport de force envers Ottawa?
M. Lisée
: Bien, encore
une fois, c'est systémique. Je pense que le Québec... En ce moment, il existe
une culture à Ottawa de refus de donner sa juste part au Québec. Et un
politicien qui donne sa juste part au Québec perd des votes dans le reste du
Canada. Ça, c'est le cercle vicieux anti-québécois qui a été créé. Et, même
lorsque Justin Trudeau a donné 38 fois moins à Bombardier que ce qui avait été
donné en Ontario, il a été vertement critiqué par Bay Street, par les journaux,
par les conservateurs.
Alors, on est dans une situation toxique
pour le Québec à l'intérieur du Canada. Alors, en plus, on a un gouvernement
québécois qui est faible. À l'exception de Gaétan Barrette, qui a monté le ton
sur la question de la santé, on ne les entend jamais monter le ton. Alors, c'est
une situation dont la seule solution est l'indépendance du Québec. Mais
entre-temps, c'est sûr que le gouvernement du Parti québécois aurait davantage
de rapport de force parce qu'on serait craints. Et, en ce moment, personne ne
craint Philippe Couillard à Ottawa.
M. Bellerose (Patrick) :
D'ici 2018, que doit faire le gouvernement Couillard pour rétablir ce rapport
de force avec Ottawa?
M. Lisée
: Je n'ai
aucun espoir de la capacité du gouvernement Couillard de rétablir son rapport
de force. Aucun espoir. Ils sont mauvais, ils sont poches, ils ne sont pas
craints, ils ne sont pas respectés. Je dis : Au moins, envoyez la facture.
Au moins, enlevez aux fédéraux l'excuse de dire : On n'a même pas la
facture.
Le Modérateur
: Merci.
M. Vigneault, Radio-Canada.
M. Vigneault (Nicolas) : Sur
le bois d'oeuvre spécifiquement, il n'y a pas d'investissement et tout ça. Dans
le contexte où il y a l'ALENA qui évidemment est en renégociation, on a nommé
M. Chrétien comme étant un négociateur, est-ce que ça vous fait dire que le Québec
ne sera nullement écouté dans ce débat-là? Qu'est-ce que ça vous fait dire?
M. Lisée
: Bien, on a
des craintes justifiées parce que, dans le passé, on n'a pas été écoutés. On a
vu que le premier ministre Justin Trudeau, dans une déclaration
extraordinairement malhabile, il y a maintenant plusieurs mois, ouvrait la
porte à des quotas. Donc, ça, c'est la revendication de la Colombie-Britannique
qui est contre l'intérêt du Québec. Ensuite, on a entendu M. Brian Mulroney,
qui est le conseiller de M. Trudeau en affaires trumpiennes, dire que, bien, il
fallait proposer une élimination graduelle de la gestion de l'offre qui est contre
l'intérêt du Québec. On a entendu M. Trudeau dire qu'il voulait continuer à
négocier l'entente transpacifique là où il veut donner encore 2 % de la
gestion de l'offre sur le lait du Québec. Alors, tous les signaux nous disent
que tant que le gouvernement Trudeau va négocier en notre nom, il va négocier
contre nos intérêts.
M. Vigneault (Nicolas) : Sur
le déficit, est-ce que ça vous inquiète de voir que les déficits vont se
poursuivre comme ça au cours des prochaines années? Là, il y a beaucoup de
réactions, notamment des marchés financiers, des entreprises, qui disent que,
bon, ça peut être problématique à long terme.
M. Marceau : C'est sûr que le
signal lancé par M. Morneau est surprenant, là, de la part d'un ancien de Bay
Street. En même temps, moi, je ramène toujours les gens au directeur
parlementaire du budget qui fait à chaque année, là, une étude de la santé des
finances publiques à long terme, là, de leur… des perspectives, là. On parle de
cinq ans, 10 ans, 15 ans, 20 ans. Et, à chaque fois, il rappelle, et puis
je pense qu'il a raison, que les facteurs fondamentaux sous-jacents aux finances
publiques fédérales sont sains. Il n'y a pas de pression très, très fortes qui
s'exerce sur les finances publiques fédérales, à l'opposé de ce que c'est pour
le Québec qui livre des services à la population et qui fait face à des coûts
croissants, particulièrement en santé. Il n'y a pas de facteur équivalent du
côté du fédéral.
Alors, oui, pour des raisons
conjoncturelles, il y a des difficultés à Ottawa. Je ne suis pas inquiet pour
les finances publiques fédérales à long terme. Je suis inquiet pour celles du
Québec, par contre.
Le Modérateur
: Merci.
On va avec M. Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) : Mme
Poirier, M. Marceau, M. Lisée, est-ce que ça nécessite un référendum plus
rapide?
M. Lisée
: Non, parce
que je pense qu'il y a une démonstration à faire. Nous, on respecte le rythme
des Québécois. Nous, on est décidés, évidemment. On serait prêts cette semaine,
mais comme on est respectueux du rythme des Québécois... et on pense qu'à
mesure que les années Trudeau vont avancer, la vraie nature de Justin Trudeau
va s'imposer. Et la vraie nature de Justin Trudeau, hier, dans ce budget, c'est :
pas d'intérêt pour les problèmes du Québec, tourner le dos au Québec, défendre
les banques, défendre les paradis fiscaux, défendre le pétrole, défendre
l'Ontario. Graduellement, les Québécois vont se rendre compte que le député de
Papineau est, en fait, le représentant du pétrole, des banques, de Bay Street
et vont finir par comprendre qu'on serait mieux à diriger notre propre pays.
M. Laforest (Alain) : Mais
j'écoute vos propos ce matin, là, la seule solution est l'indépendance,
situation toxique pour le Québec, injustice systémique. On a déjà
l'indépendance avec le budget. Vous allez chialer encore pendant six ans?
M. Lisée
: On attend.
Quand une majorité des Québécois seront prêts à le faire, on le fera et on veut
le faire dans un deuxième mandat. On va monter ces marches-là une par une, mais,
pour monter ces marches-là une par une, donc, d'abord, se débarrasser des
libéraux, retrouver un rapport de force, ensuite, en 2022, avoir une majorité
parlementaire pour aller vers un référendum, bien, si on veut se rendre
là, il faut exprimer ce qu'on exprime aujourd'hui et l'exprimer régulièrement,
à chaque occasion.
M. Laforest (Alain) : Donc,
les Québécois ne comprennent pas le message que vous passez parce que vous
dites que c'est évident, là, le Québec devrait être indépendant. Donc, le Québec
ne vous suit pas actuellement.
M. Lisée
: Bien,
parfois, même avec vous, qui êtes un des journalistes les plus futés, il
m'arrive de devoir répéter mon message avant que vous le compreniez complètement,
et je ne vous en veux pas.
M. Laforest (Alain) :
Avez-vous l'impression de prêcher dans le désert?
M. Lisée
: Pas du tout.
Le Modérateur
: On va y
aller avec Marco Bélair-Cirino, Le Devoir.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui. Bonjour, M. Lisée. Bonjour, M. Marceau, Mme Poirier. En quoi votre rapport
de force sera différent de celui de M. Couillard, si vous êtes élu à la
prochaine élection générale, dans la mesure où vous avez promis, la main sur le
coeur, de ne pas tenir de référendum sur l'indépendance du Québec avant un
deuxième mandat? Ne craignez-vous pas d'être ni respecté ni craint par Ottawa?
M. Lisée
: Bien, c'est
l'histoire récente qui nous le montre, lorsque des gouvernements du Parti
québécois sont au pouvoir, il y a des gains pour le Québec parce qu'un
gouvernement du Parti québécois est craint.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Même s'ils n'ont pas la carte de l'indépendance dans leur manche?
M. Lisée
: Même s'ils
ne l'ont pas dans le premier mandat, mais de savoir qu'il y a la crainte de
l'avoir dans un deuxième mandat, ça joue aussi. Et donc il y a une dynamique
qui se crée, lorsqu'il y a un gouvernement du Parti québécois, où Ottawa est un
peu sur les dents, à savoir comment ils vont gérer le problème qu'on leur pose.
Ce n'est pas par amour pour le Québec, ce n'est pas par respect pour le Québec,
c'est parce qu'on est craints.
Alors, maintenant, le Québec n'est plus ni
aimé ni respecté dans le Canada. Il lui reste la possibilité d'être craint
avant d'en sortir. Lorsque Lucien Bouchard a réussi sur à la fois la
main-d'oeuvre, à la fois les fameuses bourses du millénaire de M. Chrétien,
lorsqu'on a réussi à modifier la Constitution canadienne pour avoir nos
commissions scolaires linguistiques, tout ça, c'est un gouvernement
indépendantiste qui l'a fait parce qu'à Ottawa on craint un gouvernement du
Parti québécois.
Le Modérateur
:
Dernière en français, s'il vous plaît.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Vous répétez que donner davantage au Québec est impopulaire dans le reste du Canada.
Pourquoi?
M. Lisée
: Donner sa
juste part au Québec.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui, pourquoi?
M. Lisée
: Écoutez, ça
s'est développé, là, depuis une quarantaine d'années, ça vient du fait que le
Québec est distinct, et cette distinction dérange. La distinction du Québec
dérange. Les Canadiens aimeraient qu'on soit une province comme les autres, et,
petit à petit, s'est développé le fait que nous sommes des enfants gâtés, alors
que les chiffres montrent que, pour l'investissement productif au Québec, il
nous manque 4 milliards par année qui créeraient 35 000 emplois. Les
chiffres montrent qu'il y a eu des investissements massifs du fédéral pour les
sables bitumineux, pour les chantiers navals sur les deux côtes, pour
l'Ontario, pour Terre-Neuve, mais pas pour le Québec.
Ce message-là, il ne passe pas. On ne peut
pas avoir notre juste part politiquement à Ottawa. C'est toxique d'avoir l'air
de s'intéresser au Québec et c'est une situation qui s'aggrave à chaque article
de Maclean's, à chaque «Québec bashing». C'est comme ça. C'est
malheureux, mais c'est comme ça.
Le Modérateur
: On va y
aller en anglais, monsieur...
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Rapidement... Oui?
M. Marceau : Juste dire aussi
que la situation, en tout cas, quant à moi, elle s'est exacerbée lorsque M.
Harper a fait la démonstration qu'il était possible de former un gouvernement
majoritaire avec un strict minimum de députés du Québec. Et ce qui a effectivement
fait en sorte que le phénomène que Jean-François a dit s'est exacerbé, c'est
que, désormais, il vaut mieux engranger des votes dans le reste du Canada qu'au
Québec. M. Harper en a fait la démonstration. M. Trudeau a élu 40 députés au Québec,
mais, de toute évidence, ils n'ont aucun poids, là, aucun poids.
M. Bélair-Cirino (Marco) : M.
Lisée, rapidement, cette semaine, la Cour supérieure du Québec étudie,
peut-être que ça va se poursuivre la semaine prochaine, la demande de contestation
de la loi n° 99. Est-ce que c'est important? Est-ce que la décision de la
cour est importante dans ce dossier-là ou, au final, l'avenir constitutionnel
du Québec est une décision essentiellement politique, là, plutôt que juridique?
M. Lisée
: Bien,
écoutez, chaque étape est importante. À la base, comme l'a affirmé plusieurs
fois unanimement l'Assemblée nationale et tous les partis confondus, la
décision sur l'avenir du Québec, elle revient aux Québécois. Cependant, il y a
un contexte politique qui peut être plus favorable ou moins favorable, plus
compliqué ou moins compliqué. Évidemment, ce serait moins compliqué si le
gouvernement canadien acceptait, par exemple, la doctrine internationale
récente et l'exemple de l'Écosse et de Londres, où les deux parties en instance
de divorce s'entendent sur des procédures de divorce, mais ce n'est pas le cas.
Le gouvernement canadien considère qu'il a droit de veto dans cette procédure
et plaide en cour qu'il a ce droit de veto. Alors, nous, on pense que le
gouvernement québécois doit défendre clairement sa capacité et la capacité de
l'Assemblée nationale, et c'est ce à quoi on s'attend du gouvernement
québécois.
Ensuite, comment est-ce que les juges
fédéraux nommés par le gouvernement fédéral vont interpréter ça? Ça crée une
zone d'incertitude. Parfois, on a des surprises. Lors du renvoi à la Cour
suprême, la Cour suprême avait giflé le gouvernement Chrétien et M. Stéphane
Dion en disant que le Québec avait le droit à l'indépendance, et ça créait une
obligation de négociation de bonne foi, et, s'il n'y avait pas de négociation
de bonne foi de la part du Canada, le Québec pouvait se tourner vers la
reconnaissance internationale, ce qui n'était absolument pas la réponse que
voulait le gouvernement fédéral, qui était plus proche de la pratique
internationale qui s'est même solidifiée depuis ce renvoi. Et maintenant, il y
a une doctrine internationale qui est en contradiction absolue avec la loi
C-20, la loi mal nommée de la clarté, qui est, en ce moment, la loi du pays.
Le Modérateur
: Merci.
On va en anglais. M. Marco Bélair, s'il vous plaît.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Avez-vous l'impression aujourd'hui que le Procureur général du Québec défend
avec toute la vigueur nécessaire la loi n° 99?
M. Lisée
: On l'appelle
à le défendre avec toute la vigueur nécessaire.
Le Modérateur
: Merci.
En anglais, Mme Johnson.
Mme Johnson (Maya) : Good morning, Mr. Lisée. How is the federal budget a reflection of
Premier Philippe Couillard's credibility?
M. Lisée
: Well, he certainly cannot deliver anything. We have an automotive
industry in Ontario that goes rather well and has $100 million in that budget.
In Québec, we have a forestry industry that is on the cusp of a crisis that could cost 10,000 jobs
or more, they have nothing in the budget. In Québec, we have an agricultural
industry that's been hit by Ottawa's decision to open the gates to imports from
Europe, there is nothing in the budget to help them shoulder this cost.
The Québec Government has
been asking for more funds for health, it's not there. It's been asking before
for more funds for aerospace, it's not there. It's been asking for clear
commitments for transport in Montréal and Québec City, it's not there. So,
even… you know, Mr. Leitão and Mr. Morneau yesterday said that they were very
disappointed, well, we're very disappointed that they're very disappointed
because it's their task to get our fair share and they failed.
Mme Johnson (Maya) : So you've used very strong words this morning. You've described
this as a toxic situation, Québec within Canada. You've said Québec is not
getting its fair share, the rest of Canada treats Québec like a spoiled child.
What does this say about
the political weight that Québec carries in Ottawa, not just in terms of the
pressure that our provincial government is able to put on Ottawa but also in
terms of the representation of the Québec MPs who are actually in Ottawa?
M. Lisée
:
Well, Québec MPs in Ottawa, the Liberal MPs are missing in action. They are
clearly missing in action. In Ontario, Liberal MPs are doing fine. They're
doing a good job, and so we have… and the product is that it's a Québec MP,
Justin Trudeau, who's heading the government and he doesn't seem to think that
he should give Québec clear signs that he's part of the solution for Québec.
So I think he's been
completely engulfed in this Canadian culture that says that Québec has enough,
you shouldn't give anything to Québec, and if you even just give its fair share
to Québec, you're going to lose votes in the rest of Canada. I think that's
where we are. Now, at least when the Parti québécois is in power, we're not
loved, but we are…
M. Marceau :
Feared.
M. Lisée
:
We are feared. And because we are feared in Ottawa when we are in power, we're getting deals, as we did in manpower, as we did in immigration, as we did with the schools boards, you know. We're
getting deals because they say : Well, you know, these are tough guys for Québec,
and we should listen to what they say. They don't like us, but they fear us.
Now, clearly, they don't
fear Philippe Couillard at all. They don't listen to the 40 Liberal MPs at all
and they're not paying any political price in Québec for that.
Le Modérateur
:
Merci. Dernière, s'il vous plaît.
Mme Johnson (Maya) : So you're saying there's a sense of complacency in Ottawa when the
PQ isn't in power.
M. Lisée
:
That's correct.
Le Modérateur
:
Merci. Mme Fletcher.
Mme Fletcher (Raquel) : Good morning, everyone. Were you concerned at all coming to work
this morning, given the terrorist attack in London yesterday? Are you concerned
that a similar event could take place here, at the National Assembly?
M. Lisée
:
We're always concerned. When it happened in Ottawa, just a year and a half ago,
we know that the RCMP and the Québec police are tracking people here that have
malevolent will, and some arrests have been made. So, any morning, we can wake
up and see something like that happening.
Fortunately for us, I
mean the network of would-be terrorists is much less important here than in
some cities in Europe. But, you know, we should expect that these events can
happen here and we have to be vigilant.
Mme Fletcher (Raquel) : I know there are a few things... I wasn't able to screen the
federal budget yesterday too closely but I know there were a few initiatives to
deal with terrorism in that budget particularly and there is some money given
for security screening at airports. Do you think that that was enough?
M. Lisée
:
I'll reserve my judgment on that until better informed.
La Modératrice
:
Merci. Dernière, s'il vous plaît.
Mme
Fletcher (Raquel) : OK. Mme Poirier, j'ai une
question pour vous aussi. Est-ce que vous êtes capable de répondre en anglais?
Mme Poirier
:
On va essayer de vous faire ça.
Mme
Fletcher (Raquel) : En français? O.K. Je ne sais pas
le mot en français, en fait, mais le «gender equality analysis of the
federal budget», c'est quoi, en français?
M. Marceau
:
L'analyse en fonction des sexes, là. Il y a un chapitre là-dessus dans le
budget.
Mme Poirier
:
L'analyse différenciée selon les sexes.
Mme
Fletcher (Raquel) : O.K. Est-ce que c'était une bonne chose pour le
budget fédéral et est-ce que ça va avoir une conséquence au Québec?
Mme Poirier
: C'est
Nicolas qui va répondre, parce que...
M. Marceau
: Nécessairement, moi, je trouve que c'est une bonne
chose.
Mme
Fletcher (Raquel) : Est-ce que vous êtes capable...
M. Marceau
: OK, I can do it. Yes, well, I think that's one of the
very, very small amount or few amount of things that are good in this budget. I
think it's a good idea to examine the impact of the budget on women in
particular. This has started in the U.S. under Mr. Obama and I think it's the
way to go and I look forward to see that in Québec budgets.
Mme Fletcher (Raquel) : What might the impact be for Québec women?
M. Marceau
:
Well, we'll see that. I mean, at this stage, all we know is that they have
measured the impact. Whether that would translate into gains for women is to be
seen.
Le Modérateur
:
Merci. Dernière question en anglais, M. Hicks.
M. Hicks (Ryan) : Good morning. On the budget, the provincial
budget coming up on Tuesday, when it comes to the debt-to-GDP ratio, what are
you looking for? What is the PQ looking for?
M. Lisée
: Well, we are looking for the trend to hold. I mean, we have a good
trend that we set before and that needs to be simply sustained. I think the Québec debt is managed. We need to be
vigilant and continue to be managed. But we think that the $2.5 billion that we
will put in the Fonds des générations, who is
countervailing the debt, can be used at creating more wealth, so that the ratio
is even better.
M. Hicks (Ryan) : On the federal budget, looking at it from a different point of view
or a different prospective, there is a lot a criticism about a lack of specific
commitments to Québec priorities like the light-rail transit, like Québec City
SRB, like Montréal blue line, but is it also possible to say that maybe the
federal budget… the federal Government is just waiting to announce those
individually rather than get lost in all of the announcements surrounding the
budget?
M. Lisée
: Well, that's not what M. Couillard was expecting. I mean, clearly,
he was expecting clearer announcements. And even when you look at the fine
print in the previous budget, they said that the federal Government could shoulder as much as 50% of
these initiatives, and now he says 40%. And there seems to be some slippage on
the calendar of funding. So all the signals we had yesterday were bad signals. Merci beaucoup.
(Fin à 8 h 32)