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Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Tuesday, April 4, 2017, 11 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Onze heures trente-neuf minutes)

M. Khadir : Alors, bonjour, tout le monde. Accepter les augmentations des dirigeants de Bombardier, c'est accepter la dilapidation de l'aide qu'on leur a donnée. C'est une forme de détournement des fonds publics, et Bombardier essaie de justifier ça. Heureusement, la population n'accepte pas.

Vous devez être au courant, une pétition qu'on a mise en ligne il y a à peine deux ou trois jours est déjà rendue à plus de 27 000 signatures, demandant ça, mais allant plus loin, en demandant... Et c'est là que je voudrais vous inviter à être attentifs. Les gens ne sont pas juste indignés par les dirigeants de Bombardier, leur indignation vis-à-vis de Bombardier traduit un mécontentement général par rapport aux écarts de rémunération entre les P.D.G. des grandes entreprises... On entend chaque semaine, chaque mois. Et ce qu'on veut, nous, c'est une motion à l'Assemblée nationale. On va appuyer la motion du PQ, mais je voudrais demander à Jean-François, je voudrais demander à François Legault, à leurs partis d'appuyer la motion de Québec solidaire, parce qu'il faut rouvrir l'entente et il faut conditionner pour donner l'exemple, pour que ça soit une fois pour toutes la règle : Toute aide gouvernementale doit être assortie d'un certain nombre de conditions relatives aux emplois et au plafonnement des salaires des dirigeants.

Mais il y a un autre problème très grave, c'est l'influence au sommet qu'exercent certains dirigeants de Bombardier sur le gouvernement, sur les décisions de Philippe Couillard, parce qu'on s'explique vraiment très mal la complaisance que démontre Philippe Couillard. Pourquoi est-ce qu'il s'entête à protéger ces millionnaires insensés, ces millionnaires déconnectés? Est-ce de l'incompétence ou un simple problème de jugement politique, comme malheureusement M. Couillard en a tellement connu — on se rappellera Hamad, on se rappellera Premier Tech, Arthur Porter, je peux en nommer, A-13 — ou est-ce qu'il s'agit d'une dette politique qu'a M. Couillard envers les dirigeants de Bombardier et plus précisément envers Daniel Johnson, responsable de sa victoire à la course au leadership et organisateur de sa campagne électorale?

Examinons la thèse de l'incompétence d'abord, l'incompétence économique du gouvernement Couillard, bien que moi, j'aie de la misère à croire qu'il n'y a pas des conseillers économiques, politiques alentour de lui qui peuvent lui expliquer les conditions ailleurs qu'on impose quand le gouvernement accorde de l'aide gouvernementale, comme le gouvernement de Jim Flaherty pour Air Canada. Ce n'est pas compliqué, c'est un gouvernement conservateur. On sait que l'État, donc, peut assortir son aide de conditions très sévères liées aux emplois, à leur maintien, à la délocalisation des emplois comme des sièges sociaux ainsi qu'à la rémunération des dirigeants. Le gouvernement a le gros bout du bâton, et M. Couillard aurait pu l'exercer, mais il ne l'a pas exercé.

Est-ce qu'il y a une autre explication? Ça, ça serait l'explication d'une incompétence économique, c'est possible, ou le manque de jugement politique, c'est encore très possible, on l'a vu souvent dans le cas de M. Couillard. Mais je crois que, dans ce cas-ci, ça relève d'autres choses. L'autre explication, c'est de cette complaisance du gouvernement dans l'aide aveugle qu'il a accordée à Bombardier, à ses dirigeants, c'est le rôle que joue Daniel Johnson auprès de Philippe Couillard. Est-ce que ce rôle ne vous paraît pas peu à peu commencer à ressembler au rôle que jouait Marc Bibeau auprès de Jean Charest? Marc Bibeau, dont les agissements à divers titres aujourd'hui sont sous enquête criminelle. Marc Bibeau, dont le rôle auprès du gouvernement Charest a corrompu littéralement l'exercice du pouvoir par Jean Charest.

Quand on regarde le schéma des relations entre Daniel Johnson et Philippe Couillard, ça ressemble, ça commence à dangereusement ressembler au genre de relation qu'entretenait, au pouvoir qu'entretenait Marc Bibeau sur Jean Charest. On observe, autrement dit, d'un point de vue clinique les mêmes symptômes qu'on voyait sous le gouvernement Charest, c'est-à-dire la corruption des décisions économiques et gouvernementales. Parce que ces décisions insensées qui donnent des conséquences qui outragent, qui choquent tant de monde, c'est une corruption de la décision économique qui aurait pu être faite. Et ce n'est pas parce que M. Couillard ne le savait pas, on l'a dit. Toute l'opposition lui a répété au moment où l'aide a été accordée. Tout le monde a demandé au gouvernement Couillard d'assortir son aide à des conditions. Il ne l'a pas fait. Pourquoi? Parce que la décision politique est vraisemblablement corrompue par le lien d'influence au sommet qu'exerce Daniel Johnson sur les décisions de ce gouvernement. Sous Charest, on procédait à des contrats; sous M. Couillard, on procède à des orientations, à l'aide publique directe. On l'a vue maintes et maintes fois : cimenterie, etc., je ne reviendrai pas là-dessus.

Alors, il est clair pour nous qu'il faut aller beaucoup plus loin. Il faut prendre l'exemple de Bombardier pour en faire un cas d'espèce, pour que dorénavant toute aide gouvernementale soit, de manière responsable... pour mettre fin à l'irresponsabilité du gouvernement Couillard, pour être associée de manière responsable à un certain nombre de critères et de conditions.

La Modératrice : Patrick Bellerose.

M. Bellerose (Patrick) : Bonjour, M. Khadir. Vous n'avez pas peur d'être poursuivi par M. Johnson pour des propos... Vous l'associez à de la corruption.

M. Khadir : La corruption des décisions prises au sommet du pouvoir vient de la proximité entre le pouvoir de l'argent et le pouvoir politique — j'ai écrit un article qui est paru aujourd'hui dans Le Devoir — c'est démontré, pas seulement au Québec, ailleurs dans le monde. Alors, lorsque M. Daniel Johnson, qui siège au conseil d'administration de Power financière, exactement comme Marc Bibeau, M. Daniel Johnson, qui est à la tête d'un cabinet d'avocats qui a les deux mains plongées par dizaines de millions dans des contrats de pétrole liés au pipeline de TransCanada, Énergie Est... Quand on parle de Daniel Johnson, on parle de quelqu'un qui a des intérêts également directs dans Bombardier, on vient de l'apprendre aujourd'hui, il pourrait bénéficier d'une rémunération supplémentaire de 2 millions de dollars... la moitié, 1 million de dollars. Mais ça, on parle de ce qui est visible, parce qu'il y a des achats, des options d'achat, il y a d'autres choses qui peuvent accompagner tout ça, donc on parle de sans doute plus de 1 million de dollars. Tout ceci relève de la proximité des barons de la finance et de l'industrie. Et M. Johnson représente les deux : Power Corporation, Bombardier et tant d'autres, les intérêts pétroliers directement sur le pouvoir. Il a orchestré et organisé les campagnes à la chefferie et les campagnes électorales de M. Couillard. Il n'y a pas de relation plus dangereuse au sommet, il n'y a pas de possibilité d'influence plus grande que ce qu'on est en train d'observer. Et c'est sûr qu'il y a là tous les éléments pour une corruption des décisions gouvernementales.

Si M. Daniel Johnson ou ses amis ici, à l'Assemblée nationale, comme Pierre Moreau, pensent autrement, je les invite à se réunir avec les grands cabinets d'avocats qui le savent et de me poursuivre en justice. Je les invite. Il n'y a aucun problème. D'ailleurs, la semaine dernière, M. Moreau m'a lancé cette espèce de challenge ou de défi en guise, en quelque sorte, de tentative d'intimidation, et je suis venu m'expliquer ici. Je n'ai aucune gêne à le dire : La proximité du pouvoir de l'argent et du pouvoir politique est, par définition, source de corruption, et ce n'est pas moi qui invente ce constat.

M. Bellerose (Patrick) : Mais qu'est-ce qui fait que vous êtes prêt à être poursuivi en justice pour des propos ici? Vous n'avez pas du tout limité...

M. Khadir : Mais je pense qu'il n'y a aucune matière de poursuivre en justice quand on fait simplement observer que de donner de l'argent à des dirigeants d'entreprise pour sauver des emplois et ensuite que ces dirigeants d'entreprise se le mettent dans leurs propres poches, dans l'irrespect total de l'esprit dans lequel cette aide a été accordée, c'est une corruption et un abus des biens publics. Et cette corruption-là, le principal responsable, c'est le gouvernement Couillard, qui autorise, par sa complaisance envers des gens comme Daniel Johnson, à qui il a une dette politique, ce genre de comportement. Puis aujourd'hui il essaie même encore de le justifier, encore aujourd'hui, il a essayé de le justifier.

La Modératrice : Martin Croteau.

M. Croteau (Martin) : Bonjour, M. Khadir. J'aimerais vous entendre sur le chèque de 25 000 $ encaissé par M. Coderre. Qu'est-ce que vous pensez du comportement de M. Coderre?

M. Khadir : Bien, je crois que, malgré la bouille sympathique de M. Coderre, que tant de gens apprécient en d'autres matières, hein, quand il envoie des tweets sympathiques, quand il parle de hockey, quand il montre sa sympathie pour la diversité, en dépit de tout ça, malheureusement, un peu comme Philippe Couillard, malheureusement, ces personnes qui viennent de partis ou de traditions politiques, qui ont une faible compréhension des règles éthiques... fait en sorte qu'on apprend des choses comme ça qui nous déçoivent.

Alors, c'est décevant, c'est dangereux de tenter de le justifier, c'est dangereux de tenter de laisser croire qu'il n'y a rien, il n'y a aucun fil attaché. J'apprends que, quand même, l'entreprise de M. Rizzuto bénéficie d'un contrat relativement particulier avec la STM, dont la direction a été nommée par nul autre que Denis Coderre. Si Denis Coderre avait gardé l'ancienne direction de la STM, on aurait pu croire qu'on peut passer par-dessus ça sans y regarder, mais malheureusement il y a d'importants éléments dans tout ça qui me font encore penser que le meilleur choix pour les Montréalais, c'est un parti intègre comme Projet Montréal, que j'appuie d'ailleurs, dont je suis membre.

M. Croteau (Martin) : Mais les villes sont une créature du gouvernement du Québec. Quelle réponse est-ce que la situation de M. Coderre appelle de la part du gouvernement Couillard, selon vous?

M. Khadir : Écoutez, il y a des mécanismes à l'intérieur même de la ville de Montréal, dont l'inspecteur... j'ai oublié le nom... pas le...

Une voix : L'inspecteur général.

M. Khadir : L'inspecteur général, n'est-ce pas, la fonction d'enquêteur qu'on a créée pour enquêter tout ça. Donc, l'inspecteur général doit se pencher sur ce dossier-là. Bon, ça, c'est une dimension.

Il y a bien sûr des dimensions qui relèvent de la déclaration, par exemple, en regard de l'impôt fédéral et provincial. Est-ce que M. Coderre l'a fait? S'il ne l'a pas fait, bien, qu'il se dépêche de le faire. Il y a des graves manquements à l'éthique, mais je crois que, quand on entend M. Couillard, quand on entend M. Coderre, quand on entendait, dans le passé, rappelez-vous, tous les ministres libéraux, y compris M. Charest,  ils n'ont pas une bonne compréhension des questions qui relèvent de la moralité dans l'exercice de la fonction publique. Ils n'ont pas une compréhension de l'importance d'ériger une cloison entre le pouvoir de l'argent et les fonctions qu'ils occupent. Et cette faiblesse-là se traduit par toutes sortes d'erreurs, dont la terrible erreur qu'a commise M. Coderre en acceptant ce chèque d'abord, en acceptant, ensuite en ne le déclarant pas, ensuite en tentant de le nier, donc une série de choses. Puis je pense que M. Coderre, probablement, au moment où il a accepté ça, il ne pensait pas que ça l'engageait à quoi que ce soit. Mais c'est là le problème des libéraux, c'est là le problème des politiciens traditionnels, ils n'ont pas une compréhension des règles de déontologie et d'éthique politique. Merci.

(Fin à 11 h 51)

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