(Onze heures seize minutes)
M. Lisée
: Écoutez, ce
matin, on ne va pas vous reparler seulement des augmentations de rémunération
scandaleuses de Bombardier mais du glaçage sur le gâteau de Bombardier qui est
offert par les contribuables québécois, gracieuseté de Philippe Couillard et
Carlos Leitão.
Comme vous le savez, il y avait un budget,
la semaine dernière, où chaque Québécois s'est vu octroyer 1 $ par semaine
de baisse d'impôt, mais l'autre grande mesure fiscale que M. Couillard a
annoncée avant le budget, c'était un cadeau au 1 % du 1 %. Alors, ça
semblait un peu théorique, mais maintenant on a des travaux pratiques. On a
calculé qu'est-ce que ça donnait pour les membres du 1 % du 1 % qui
sont dirigeants de Bombardier et donc avec les hausses de rémunération qui sont
toujours en vigueur et que M. Couillard ne demande pas d'annuler. Alors, le
calcul, c'est que grâce à la mesure fiscale de Philippe Couillard, M. Beaudoin
va avoir 100 000 $ de plus de rémunération parce qu'il ne paiera pas
cet impôt-là. C'est un cadeau fiscal de 100 000 $ à Pierre Beaudoin,
gracieuseté de Phillipe Couillard; un cadeau fiscal de 170 000 $ à
Alain Bellemare, gracieuseté de Philippe Couillard, 75 000 $ pour
John Di Bert, 75 000 $ pour David Coleal, 75 000 $ pour
Frederick Cromer et 75 000 $ pour Laurent Troger. Juste pour ces six
personnes-là, le cadeau fiscal de M. Couillard et de M. Leitão est de plus d'un
demi-million de dollars. Ça, c'est de l'impôt qu'ils auraient payé, si M.
Couillard n'avait pas fait ce cadeau.
Alors, quand on vous disait, il y a trois
semaines, que c'était scandaleux, ce que M. Couillard avait fait en donnant un
cadeau aux plus riches des riches et que M. Couillard nous avait dit... on
avait posé la question : Combien ça va coûter aux contribuables québécois?
Il avait dit : Ah! ce n'est pas clair, mais on pense que, l'un dans
l'autre, on va rentrer dans notre argent. Bien, j'aimerais qu'il nous dise
comment on va rentrer dans notre argent d'un demi-million de dollars pour ces
six personnes-là. Elles n'étaient pas en train de déménager, là, ces six
personnes-là. Elles sont ici, elles ont un cadeau sans cause, sans cause.
Alors, raison de plus pour demander l'annulation de ces augmentations, mais,
même avec l'annulation de l'augmentation de M. Beaudoin, il va quand même faire
100 000 $ de plus d'économies d'impôt grâce au gouvernement libéral.
Alors, vous avez vu comment M. Couillard,
M. Leitão, Mme Anglade ont réagi depuis mercredi dernier, depuis le moment où
on a su qu'il y avait ces augmentations de 48 %. D'abord, ils ont dit que
ce n'était pas de nos affaires, ce n'était pas des affaires du politique.
Ensuite, ils ont avalé l'argumentaire de Bombardier en disant que le report,
c'était un beau geste. Ils disaient ça encore hier. Et donc la question qu'on
se pose, c'est : Qui représente-t-il? Le Parti libéral du Québec
représente-t-il les contribuables québécois, les citoyens québécois ou le
1 % du 1 %? Et moi, de la façon, dont M. Couillard a intégré, dans sa
tête, l'argumentaire du 1 % du 1 %, moi, mon jugement, il est fait,
il représente le 1 % du 1 %.
Lorsqu'on lui a dit... lorsque la
Protectrice du citoyen lui a dit que ses coupures faisaient tellement mal et le
rationnement des soins à domicile faisait tellement mal qu'il y avait une dame
qui couchait, la nuit, sur sa chaise roulante parce qu'elle avait dû choisir ce
qu'elle aurait comme soins à domicile, ça n'a pas suscité chez lui le moindre
regret, le moindre remords, la moindre volonté de protéger ces gens qui avaient
de la misère humaine. Mais il protège ceux-là, par exemple. Ça a l'air bien
important pour lui de protéger le 1 % du 1 % et de leur en rajouter.
Alors, je demande au premier ministre
aujourd'hui non seulement de dire, avec tous les Québécois, que les dirigeants
de Bombardier doivent renoncer à la totalité de leur augmentation de salaire,
mais je lui demande aussi de renoncer à cette mesure fiscale qui ajoute du
glaçage sur le sundae, sur la cerise, de tout le gâteau puis de tout le
garde-manger que le 1 % du 1 % a déjà, au Québec, grâce à lui.
M.
Bérubé
: Je voudrais
dire un mot sur la motion, très rapidement. Alors, ce n'est pas un problème de communication,
c'est un problème de rémunération et de sensibilité à l'égard des gens qui
travaillent dur pour payer leurs impôts, payer leurs taxes et qui sont fâchés avec
raison de la situation.
Cet après-midi, il y a une motion sans
préavis, déposée par le Parti québécois, qui va réclamer un mandat unanime de l'Assemblée
nationale à l'égard du premier ministre pour qu'il demande aux dirigeants de
Bombardier de renoncer à ces augmentations indécentes de salaire. Les oppositions
sont regroupées, on souhaite que le gouvernement se joigne à nous pour que
cette motion soit unanime. C'est un moment fort à l'Assemblée nationale. Les citoyens
du Québec nous regardent. Plus de 90 % des citoyens québécois sont
indignés avec raison. On se fera leur voix cet après-midi et c'est maintenant
un test et un choix à faire pour le gouvernement d'appuyer les Québécois à
travers cette motion.
M. Lisée
: Et nous,
franchement, on ne peut pas croire qu'il n'y a pas un seul député libéral qui
ne soit pas en accord avec 93 % de la population. Alors, si M. Couillard
et M. Leitão tiennent à se faire les porte-voix et les défenseurs du 1 %
du 1 %, qu'ils donnent donc le vote libre aux membres de leur caucus pour
voir combien sont d'accord avec eux.
Le Modérateur
: Merci,
MM. Lisée et Bérubé. On va y aller avec les questions, mais, à savoir, une
question, une sous-question. On va y aller avec le micro de droite, M. Salvet, Le
Soleil.
M. Salvet (Jean-Marc) :
Bonjour, messieurs. Au-delà du cas de Bombardier, est-ce que vous pensez que
tous les dirigeants d'entreprises recevant des aides de l'État en argent, en
tarifs préférentiels d'Hydro-Québec, devraient voir leur rémunération limitée
d'une façon quelconque à partir du moment où il y a de l'argent public qui
nourrit toutes ces entreprises?
M. Lisée
: Écoutez, les
Québécois, cette semaine, s'inscrivent dans un mouvement mondial de ras-le-bol
contre les rémunérations scandaleuses des hauts dirigeants d'entreprises. On
est tous d'accord que, si on s'appelle Jean Coutu puis qu'on crée une pharmacie
puis ensuite une grande chaîne de pharmacies puis on devient milliardaire grâce
à son propre travail, c'est parfait. Il paiera des impôts sur son revenu. Mais
lorsqu'on est des hauts dirigeants d'entreprises qui n'ont pas créé
l'entreprise, qui sont interchangeables, qui passent d'un C.A. à un autre,
d'une entreprise à une autre, on est des genres de super spécialistes de la
gestion d'entreprise, et donc, des salaires de plusieurs millions, plusieurs
dizaines de millions, la planète entière voit que c'est insoutenable.
Alors là, on a un cas précis où la colère
est d'autant plus forte que Bombardier existe grâce à la volonté politique des
gouvernements québécois successifs et grâce, bien sûr, au talent de ses
artisans et de ses dirigeants successifs. Mais là, au moment où on leur a sauvé
la peau et au moment où ils ont mis à pied des gens, c'est sûr qu'ils ont dépassé
toutes les bornes. Et pour répondre à votre question, moi, je pense qu'il faut
avoir, au Québec comme ailleurs, une discussion publique pour dénormaliser ces salaires
fous pour les hauts dirigeants d'entreprises. En ce moment, ils les ont
normalisés. Il faut les dénormaliser.
M. Salvet (Jean-Marc) :
Au-delà de Bombardier, donc.
M. Lisée
: Au-delà de
Bombardier. Il faut, ici comme ailleurs, qu'il y ait une discussion publique
solide sur ces écarts qui sont inacceptables, qui étaient inacceptables avant,
mais qui le deviennent encore plus. Bombardier est un peu le canari dans la
mine pour l'ensemble d'un phénomène.
M. Salvet (Jean-Marc) : ...discussion
publique dès lors qu'il y a de l'argent de l'État ou au-delà même?
M. Lisée
: Au-delà même
de l'argent de l'État. Vous savez, les dirigeants de grandes entreprises
multinationales, dans les années 50 et 60, étaient aussi compétents que les
dirigeants d'aujourd'hui, mais leur rémunération était 50 fois moindre. Alors, il
y a un départ, là, de la réalité qui s'est produit depuis une trentaine
d'années, qui n'a aucune raison économique, sinon que l'appât du gain combiné
de gens qui se donnent entre eux des augmentations de salaire.
Le Modérateur
: Merci.
M. Boivin.
M. Boivin (Simon) : M. Lisée,
est-ce que vous pensez que Pierre Beaudoin et Alain Bellemare, au premier chef,
ont manqué de jugement au moment d'établir cette politique de rémunération là
qui soulève, comme vous le savez, un tollé depuis presque une semaine?
M. Lisée
: Un manque de
jugement total, à 100 %, au moment où, bien sûr, ils essaient de redresser
une entreprise dont on est fiers. On est fiers de Bombardier, et c'est pour ça
qu'on est si choqués. On serait moins choqués si c'était une entreprise
étrangère qui a quelques filiales ici, mais Bombardier, c'est une partie de
nous qui est en train d'agir d'une façon qui nous répugne. Alors, oui, Pierre
Beaudoin, Alain Bellemare, les autres sur le conseil d'administration, Jean
Monty, auraient dû se rendre compte que ça ne passerait pas, que c'était
indécent et qu'il ne fallait pas faire ça.
M. Boivin (Simon) : Compte
tenu de ce que vous me dites, est-ce que ces messieurs-là peuvent demeurer en
poste? Est-ce que Pierre Beaudoin... Il y a un appel ce matin, en éditorial
dans Le Devoir, à ce qu'il quitte. Pensez-vous que M. Beaudoin et
M. Bellemare devraient quitter?
M. Lisée
: Je ne dis
pas ça, moi. Je dis qu'ils devraient revenir à la raison. M. Beaudoin a déjà
posé un geste. Le reste du conseil d'administration doit poser ce geste. Ce
qu'on demande, c'est qu'ils renoncent à l'ensemble de leurs augmentations de
salaire et qu'ils fassent le travail pour lequel ils sont déjà remarquablement
bien payés, c'est-à-dire de redresser cette entreprise importante du Québec.
M. Laforest (Alain) : Qu'est-ce
que vous pensez du fait que M. Daniel Johnson, l'ancien premier ministre,
ancien responsable du comité de transition du premier ministre, se ramasse
président du conseil d'administration du C.A. de la CSeries?
M. Lisée
: Bien, je
pense que M. Johnson fait partie du problème. Je veux dire, lui-même, il est
dans cet esprit qu'il n'y a pas de limite à la rémunération, à la retraite, aux
achats d'actions, achats de... options d'achat. Il est dans cette dynamique du
1 % du 1 %, et on sait qu'il est un conseiller très proche de M.
Couillard. Alors, quand M. Couillard se fait le défenseur du 1 % du
1 %, il est conseillé par Daniel Johnson. Alors, ça fait partie... Je ne
dis pas que M. Johnson est compétent ou incompétent, je dis qu'il fait
partie de ce problème systémique de hauts dirigeants d'entreprises qui pensent
que c'est le bar ouvert et qu'il n'y a pas de limite à la rémunération qu'ils
peuvent encaisser.
M. Laforest (Alain) : En
2015, on a beaucoup critiqué le fait, lorsque le gouvernement du Québec a
décidé d'investir 1,3 milliard dans la CSeries, en disant qu'on faisait
mal à l'entreprise. Est-ce que vous croyez qu'actuellement — ça fait
six jours qu'on en parle — on ne risque pas de faire mal à
Bombardier, encore une fois?
M. Lisée
: Bien, je
pense que le conseil d'administration de Bombardier, lorsqu'il a manqué de
jugement en augmentant de 50 % la rémunération d'une entreprise qui, en ce
moment, ne fait pas de profits, s'est fait très mal, et chaque jour qui passe
de plus est mauvais pour la réputation de Bombardier. Ils auraient dû, des le
premier jour, se rendre compte… bien, ne pas prendre cette décision
scandaleuse, immédiatement revenir à la raison, puis le problème qu'on a eu,
c'est que M. Philippe Couillard les appelé seulement dimanche pour leur dire
qu'il était satisfait du report d'un an. Le premier ministre les a mal
conseillés. Daniel Johnson a mal conseillé le premier ministre, qui a mal
conseillé Bombardier. Il me semble que si le premier ministre… si moi, j'avais
été premier ministre dans cette situation-là, dans les 24 heures j'aurais bien
vu le tort que Bombardier était en train de se causer à elle-même et j'aurais
demandé une annulation de cette décision immédiate. Mais non, M. Couillard a
fait en sorte que l'hémorragie se poursuive, et aujourd'hui, avec l'Assemblée
nationale, tous les partis d'opposition, nos amis de Québec solidaire, nos amis
de la CAQ, on va essayer de faire entendre raison au premier ministre pour
qu'il donne ce conseil à Bombardier.
M. Laforest (Alain) : Si les
libéraux refusent aujourd'hui cette motion-là, ça veut dire que ça va se
poursuivre, là. Ça va se poursuivre demain, ça va se poursuivre tant que la
hausse ne sera pas annulée.
M. Lisée
: On va faire
une nouvelle tentative demain. On va poser des questions au premier ministre,
il y a des pétitions qui sont en cours. La seule solution, pour le bien de
Bombardier, une entreprise à laquelle on tient énormément, c'est qu'ils renoncent,
dès que possible, à ces augmentations.
Le Modérateur
: Merci.
M. Croteau.
M. Croteau (Martin) :
Bonjour, M. Lisée. Bonjour, M. Bérubé. Que pensez-vous du comportement de Denis
Coderre qui a accepté un chèque de 25 000 $ de l'homme d'affaires
Jean Rizzuto avant de faire son saut en politique municipale et qui ne l'a pas
déclaré?
M. Lisée
: Bien, je
pense qu'il n'aurait pas dû accepter le chèque puis qu'il aurait dû le
déclarer.
M. Croteau (Martin) : Quelle
réponse attendez-vous de la part du gouvernement dans ça? Puisque les
municipalités sont une créature du gouvernement, est-ce que ça appelle une
réponse du gouvernement Couillard, selon vous?
M. Lisée
: Écoutez,
c'est quelque chose qu'il a fait lorsqu'il était député fédéral. Des recours
ont été demandés, comme vous savez, hier. Il semble que les délais… Bon, alors,
moi, comme élu, comme élu montréalais, je dis à notre ami Denis Coderre :
Écoutez, vous avez fait une erreur, vous auriez dû le refuser ou le déclarer.
Maintenant, une fois qu'on a dit ça, Denis
Coderre sera jugé sur l'ensemble de son bilan. Il y a une colonne positive, il
y a une colonne négative. Alors, au-delà de ça…
M. Croteau (Martin) :
…hausser les épaules et dire : Bien, qu'est-ce que tu veux, il n'y a pas
de... Il ne devrait pas y avoir des conséquences pour M. Coderre, selon vous?
M. Lisée
: Vous savez,
la réputation d'un homme politique, ça fait partie de la conséquence importante
dans la suite de sa carrière. S'il y a des recours légaux, qu'ils soient pris
par les autorités qui sont compétentes. Ce n'est pas mon cas.
Le Modérateur
: Merci. M.
Bellerose, s'il vous plaît.
M. Croteau (Martin) :
...réputation en faisant ça?
M. Lisée
: Je pense
qu'il en est conscient.
Le Modérateur
: M.
Bellerose, micro...
M. Bellerose (Patrick) :
Bonjour, M. Lisée. Que pensez-vous de l'arrivée de Jean-François Lessard dans
la course au porte-parolat de Québec solidaire, qui se présente comme le
candidat de la convergence?
M. Lisée
: Il y a toujours
des rebondissements en politique québécoise, on ne s'ennuie jamais. Alors,
bien, c'est un débat à l'intérieur de Québec solidaire. M. Lessard est aussi
candidat au poste de co-porte-parole. Alors, moi, je trouve que les débats sont
toujours sains. Donc, c'est aux militants de Québec solidaire de regarder les
arguments des uns et des autres. Ça va être intéressant.
M. Bellerose (Patrick) :
Espérez-vous que ça va influencer d'autres candidats, comme M. Nadeau-Dubois, à
s'ouvrir à l'idée de la convergence?
M. Lisée
: Moi,
j'essaie de ne pas m'ingérer dans les affaires internes des autres partis.
Le Modérateur
: Merci.
Une dernière, s'il vous plaît.
M. Bellerose (Patrick) :
...en fin de semaine, il semble que...
Une voix
: ...
M. Bellerose (Patrick) : Il
semble que la convergence vous aiderait à prendre le pouvoir. Il semble que
c'est impossible pour vous de prendre le pouvoir sans la convergence. Est-ce
que c'est la lecture que vous en faites aussi en voyant le sondage ce week-end?
M. Lisée
: Nous sommes
à 17 mois de l'élection. Et, comme vous savez, les sondages qui sont tenus
à trois semaines de l'élection sont souvent un mauvais indicateur de ce qui va se
passer le jour de l'élection parce qu'on est maintenant dans une situation où
10 % à 15 % de l'électorat prend sa décision dans les
24 dernières heures. Alors, tenter de tirer des conclusions avec un
sondage de cette semaine est une situation hasardeuse à laquelle je ne me
prêterai pas.
Le Modérateur
: Merci. Il
y en a une dernière en français, s'il vous plaît, M. Lecavalier. Il y a (panne
de son) qui attend son tour.
M. Lecavalier (Charles) :
Bonjour, M. Lisée.
M. Lisée
: Tu veux
parler des routes?
M. Lecavalier (Charles) : En
deuxième. J'ai une première question sur Bombardier. Le gouvernement du Québec
a, depuis longtemps, été très généreux avec la famille Beaudoin-Bombardier.
Votre gouvernement leur a déjà, d'ailleurs, payé une cimenterie.
Est-ce que c'est normal que le président
d'un conseil d'administration soit payé plusieurs millions de dollars par année
pour organiser, quoi, 12 réunions? Est-ce que ce n'est pas là le privilège
d'une famille qui décide de se verser un salaire non mérité?
M. Lisée
: C'est
clairement excessif. C'est clairement excessif. Ça fait partie de cette culture
de l'excès, et je pense que Michel Nadeau et Yvan Allaire de l'institut sur la
gouvernance ont aussi mis le doigt là-dessus. C'est excessif.
M. Lecavalier (Charles) :
Qu'est-ce que ça vous dit sur cette famille?
M. Lisée
: Bien,
écoutez, c'est une famille qui a contribué de façon importante au développement
économique du Québec avec l'appui de l'État québécois. Vous savez que c'est
Jean Drapeau qui les a convaincus d'aller dans le matériel roulant en leur disant :
Prenez donc le contrat du métro, hein? Vous savez que c'est aussi les pouvoirs
publics qui les ont aidés à s'inscrire dans l'aérospatiale.
Alors, c'est une co-construction de la
volonté politique québécoise et de la famille Beaudoin qu'il y a cette entreprise
maintenant internationale, qui est un fleuron. Et, parce que c'est une
co-construction, elle devrait s'astreindre à des règles de décence plus grandes
que les autres compagnies.
Le Modérateur
: Une
dernière…
M. Lecavalier (Charles) :
Oui. Sur les routes, comment est-ce qu'on peut expliquer que l'état des routes
est toujours de pire en pire, malgré les investissements qui sont quand même
assez importants?
M. Lisée
: Moi, j'ai vu
votre papier ce matin, j'ai vu le bilan et je suis catastrophé. C'est
insoutenable qu'on doive constamment refaire l'asphalte sur toutes les routes
dans des périodes de cinq à 10 ans. C'est insoutenable. On ne peut pas
continuer comme ça pendant 50 ans, pendant 100 ans. Il faut trouver d'autres
solutions. Est-ce que c'est moins de poids lourds sur les routes? Plus de
transport en commun? Modifier la composition de l'asphalte et du ciment? Ça ne
se peut pas que ce soit comme ça qu'on va faire les choses pour l'avenir
prévisible.
Alors, écoutez, on a une des sociétés les
plus créatives, on a des ingénieurs, on a un institut qui s'occupe du béton,
etc. Comment ça se fait qu'on n'arrive pas à trouver des manières, dans un pays
nordique, où le gel, dégel va augmenter avec le réchauffement climatique, à ne
pas réduire les coûts, augmenter la durabilité? Moi, je pense que c'est une des
tâches que nous avons collectivement. Pour l'instant, nous avons failli à cette
tâche de trouver de meilleures manières, et il faut s'y attaquer avec urgence.
Alors, oui, ce qui est décrit aujourd'hui, là, ce n'est pas soutenable. Il faut
se poser l'ensemble de ces questions-là.
Le Modérateur
: Merci.
On va en anglais. M. Hicks.
M. Hicks
(Ryan) : Do you think we've reached a point in
society where, when this kind of news comes to light, it's really… it's no
longer acceptable? Are we at a tipping point here?
M. Lisée
:
I hope we're at a tipping point. I hope that, in Québec and in the rest of the
world, these excesses that have been going on for decades are now seen as
completely unacceptable. There's a worldwide phenomenon of trying to rein in
these ridiculous remuneration levels. The Bombardier case is worse than others
because Quebeckers have invested in it and feel that it's part of Québec, so it
shouldn't make us look bad, it should not be this indecent in remunerations.
So I think we have to
have here, in Québec, a discussion about inequality of revenue in the private
sector and in the public sector. We have made proposals, at the Parti québécois,
in that sense. I welcome this discussion. I think these excessive
remunerations, in banking, for instance, in corporatives as well, have become
the norm. They should be denormalized by public debate and by some government
action, and we should really look into this. Clearly, M. Couillard is a
proponent of the 1% of the 1%. I mean, he works for
them. So when we come to power next year, we will work for 100% of the
population and we'll have this discussion.
M. Hicks
(Ryan) : Do you worry on the flip side, being
devil's advocate, that all of this political discussion around Bombardier sends
a negative signal to other companies that may want to invest in Québec but they're going to say now: Oh!
maybe not because the politician are going to get involved?
M. Lisée
: Well, I think other companies know that their own shareholders
elsewhere in the world are having these discussions as we speak. So they don't feel
that Québec is an outlier. And
also the difference between Bombardier and, let's say, IBM, who invests here,
is that we didn't invest a billion dollars of Québec money in IBM. If we did, then we could have this discussion about
the remuneration. But we did for Bombardier, so I think just an average
businessman would understand the difference. Maybe M. Couillard doesn't.
Le Modérateur
: Merci. Mme Fletcher, micro de droite.
Mme Fletcher
(Raquel) : Good morning. Can you just tell us
what your motion is this afternoon?
M. Lisée
: Well, our motion wants simply to convey to the Premier what all
other members of the Assembly and 93% of Quebeckers think. It's that the Premier should pick up the phone, call
Bombardier and ask for the cancellation of the remuneration hikes. Simply, it's
what he should have done last Wednesday, last Thursday, Friday, Saturday,
Sunday, yesterday. He should do it today for the good of Bombardier itself and
because this is scandalous and should not hold.
Mme Fletcher
(Raquel) : Why do you think that he… Well, you
can speculate on why he didn't to that but do you think that he should have to
do that? Are you putting more blame on him or the company's executives?
M. Lisée
: I think Mr. Couillard and Bombardier share the responsibility. I
mean, Bombardier showed a disregard for Quebeckers, thinking that this would be
acceptable. And then Mr. Couillard, by not intervening… and then, on Sunday, he
called to say that he was satisfied with just pushing back for one year some of
these amounts, cautioned these scandalous hikes.
So Mr. Couillard has a
responsibility. He's supposed to represent not the 1% of the 1%, but all
Quebeckers, and he's not doing this now. So we're trying to pressure him into
knowing what his role is. Merci.
(Fin à 11 h 39)