(Quinze heures vingt et une minutes)
M. Khadir
: Nous
avons présenté une motion à l'Assemblée nationale, qui n'a pas obtenu l'appui
de mes collègues de l'opposition. Je le trouve un peu désolant. Je le trouve un
peu désolant parce qu'en dehors de la députée de Vachon, ma collègue
Martine Ouellet, les partis d'opposition officielle semblent traduire la
même mollesse qu'eux-mêmes reprochent au gouvernement.
M. Lisée se lève en Chambre, M. François
Legault se lève en Chambre pour demander à M. Couillard d'agir avec un peu
plus de fermeté et de traduire la colère de la population. Or, la colère de la population
ne concerne pas la rémunération des dirigeants de Bombardier pour
l'année 2016 uniquement. Ce qu'ils disent, c'est que cette entente-là doit
être rouverte, cette entente-là est injuste, cette entente-là donne trop de
pouvoir aux dirigeants incompétents, insouciants et inconscients parce qu'il
faut un minimum de conscience de l'argent public et des fonds publics, ce que, de
toute évidence, ils n'ont pas et qui a fait qu'ils ont mis tout cet argent-là
dans leurs poches.
Alors, la motion se voulait ainsi, la
motion demandait, pressait le gouvernement de rendre toute aide financière
accordée aux grandes entreprises privées conditionnelle au plafonnement de la rémunération
des dirigeants. Je voudrais demander à Jean-François Lisée, je voudrais demander
à François Legault : Qu'ont ils contre cette règle de base pourtant
appliquée par un ministre conservateur à Ottawa quand il s'agissait
d'Air Canada, quand ça a été appliqué de manière très drastique par le
gouvernement Obama quand il a sauvé les grandes entreprises automobiles de la
faillite financière en leur imposant un plafond très strict,
500 000 $ par année?
Moi, je pense qu'il y a quelque chose
d'indécent dans le fait que l'élite politique du Québec, qui fraye depuis trop
longtemps avec les barons de la finance et les capitaines de l'industrie, sont
gênés d'avoir des positions un tant soit peu claires, un tant soit peu fermes
avec ces très riches. Jean-François Lisée parle des 1 % des 1 %,
bien, en quoi est-il gêné de demander à ce 1 % des 1 % de rendre
conditionnelle leur rémunération lorsqu'ils bénéficient de l'aide
gouvernementale?
Le Modérateur
: Des
questions?
M. Authier (Philip)
:
Êtes-vous déçu? Aujourd'hui ou demain, le PQ dit qu'il va revenir à la charge.
M. Khadir
: Bien,
j'espère. Mais c'est parce que... Pourquoi on prend ce retard? Là, le PQ agit
un peu comme M. Couillard, avec un délai, avec un retard, avec de la
difficulté à saisir l'ampleur du dégât et du problème. La population est bien
plus loin que la motion déposée par le PQ. La motion de la CAQ, bon, on peut en
penser... bon, c'est des voeux pieux.
Là, ce qu'on demande, c'est que le cas
Bombardier ne se reproduise plus, et on ne veut pas juste s'employer à limiter
pour 2016. Il faut qu'il y ait des règles qui s'appliquent de manière générale
pour être justes et équitables, et ces règles-là, ça ne peut pas être juste :
Ah! il faut empêcher la... il faut même que la rémunération totale de ces
dirigeants soit revue. L'exemple d'Obama, apporté par Jean-François Lisée
lui-même, devrait l'éclairer.
Donc, on ne devrait pas se gêner, et toute
la remise en question du pouvoir excessif des banques, du secteur financier,
qui ont plombé l'économie depuis 10 ans avec la stagnation qu'on connaît en
Europe, demande qu'aujourd'hui on en tire des bilans et une conclusion. Puis la
première chose à faire, c'est de revoir les écarts extravagants entre les
salaires que se paient les dirigeants d'entreprises, des grandes entreprises et
le salaire qu'ils paient à leurs employés.
M. Croteau (Martin) : Je
comprends qu'il y a des divergences sur le détail, mais, de manière générale,
voyez-vous un consensus émerger contre le gouvernement Couillard là-dessus?
M. Khadir
: Mais c'est
parce que ce consensus, si le consensus est mou, ça ne mènera nulle part.
Jean-François Lisée n'était pas là en 2011. François Legault avait déjà donné
sa démission et il n'était pas là non plus. Mais lorsque nous avons fait front
commun avec Mme Marois, avec Éric Caire, avec Picard, le député indépendant… Pardon?
Une voix
: Jocelyn
Picard?
M. Khadir
: Non, non…
Une voix
: Marc.
M. Khadir
: Marc
Picard, mon collègue Marc Picard, avec d'autres députés, avec Sylvie Roy, dans
une espèce de front commun, avec, si vous vous rappelez, les foulards blancs,
insisté pour des demandes claires et qui représentent véritablement la volonté
de la population.
Là, j'ai l'impression que François Legault
et Jean-François Lisée, dans une moindre mesure, essaient d'apaiser la colère populaire.
La population, ce n'est pas 2016 qui les intéresse uniquement, c'est le tableau
global de dirigeants cupides qui utilisent les fonds publics pour s'enrichir
alors que leur entreprise va encore mal puis qu'ils ont coupé dans les emplois
et dans les conditions de leurs travailleurs. C'est ça qui les choque et c'est
ça qu'on veut revoir.
Une voix
: Thank you,
sir.
M. Khadir
: Thank you for your attention.
(Fin à 15 h 26)