(Neuf heures deux minutes)
M. Blanchette : Alors,
bonjour, tout le monde. Écoutez, je suis accompagné des gens de l'industrie québécoise
du bois, des gens, des travailleurs et syndicats. En fait, ils sont tous là, je
pense, autant Unifor pour la FTQ, CSD que CSN, des gens aussi des communautés,
autant la Fédération québécoise des municipalités que l'Union des municipalités
du Québec, qui prendront la parole également. Et enfin, si on est là, c'est
pour encore une fois demander au gouvernement fédéral que... et lui faire sentir
que c'est urgent, qu'on a une lourde menace pour notre industrie forestière,
autant nos 60 000 emplois, nos familles dans les différentes régions du Québec
que c'est essentiel.
Nous nous présentons aujourd'hui devant vous
unis et nous tenons à réitérer que tous les partenaires travaillons ensemble.
Nous partageons un objectif commun, c'est assurer l'avenir de notre
industrie forestière. Et nous avons un plan de match. Ottawa doit offrir un
programme de garantie de prêt et supporter les 60 000 familles et 220
municipalités qui dépendent de notre industrie forestière. Nous tenons à le
dire, le contraire, c'est-à-dire pas de programme de garantie de prêt, serait
tout simplement inacceptable pour le Québec.
Comme vous le savez, la coalition
américaine de bois d'oeuvre a déposé une plainte devant le département du
commerce américain le 25 novembre dernier et dans le but d'imposer des droits
compensatoires et antidumping sur les exportations canadiennes de bois d'oeuvre
sur le marché américain. Personne en avant ne croit qu'il n'y aura pas de
droits compensatoires et même antidumping qui pourraient s'ajouter. Tout le
monde pense qu'il y en aura. C'est important à mentionner, le gouvernement du
Québec met tout en oeuvre pour démontrer aux instances internationales que le
bois issu des forêts publiques n'est pas subventionné et qu'il ne peut être
considéré comme une concurrence déloyale pour les producteurs de bois d'oeuvre
américains.
Nous allons continuer, comme nous le
faisons depuis le début, de défendre notre régime forestier, qui est solide,
qu'il y a un aménagement durable de la forêt pour notre avenir de forêt et avec
également un système d'enchères pour les bois issus des forêts publiques. Mais
aussi, c'est le même prix qui est utilisé souvent pour d'autres types de
forêts, dont le Bureau de mise en marché des bois, mais aussi l'ensemble des
forêts québécoises.
On veut répondre au principe de libre
marché des bois. C'est une méthode inspirée de ce qui se fait sur le marché
américain, je tiens à le rappeler. Bien sûr, tout ça justifie que le Québec
pourrait être exempté d'une éventuelle entente ou litige par rapport aux
Américains, et c'est dans ce contexte-là qu'on intervient aujourd'hui.
L'application des droits compensatoires pourrait être en vigueur le 24 avril
2017, c'est-à-dire qu'on pourrait déterminer un droit compensatoire le 24 et
être mis en application dès le 28 avril. Donc, c'est dans moins de trois
semaines, c'est demain, ça.
Et on tient à mentionner que l'imposition
des taxes par le gouvernement américain et la durée d'un tel litige
influenceraient grandement la santé financière de nos entreprises et
compromettraient leur capacité de profiter d'une conjoncture favorable. Parce
qu'il faut bien comprendre également, c'est qu'il y a une construction
résidentielle américaine en croissance, c'est-à-dire le nombre de mises en
chantier est en croissance du côté américain. Donc, cette situation-là fait en
sorte qu'on pourrait mieux exporter s'il n'y avait pas de conflit.
Maintenant, les réponses que nous
transmettons au département du commerce américain… parce qu'on est en train de
compléter et d'échanger avec eux sur l'enquête qui a été lancée. On est en
train de faire la preuve qu'on a un système solide, qu'on n'est pas
subventionnés, qu'on a un système de libre marché des bois issus de la forêt
publique. Vraiment, on est en train de défendre nos intérêts par rapport aux États-Unis,
et le ministère de l'Économie, de la Science et de l'Innovation travaille
d'arrache-pied avec le ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs à cet
effet.
Mais cette situation-là est définitivement
préoccupante pour nous. Je le dis et je le répète, le gouvernement fédéral doit
agir dès maintenant et donner aux entreprises les outils financiers nécessaires
pour qu'elles puissent assumer ces taxes pendant la durée du conflit. La mise
en place d'un programme canadien de prêts et de garanties de prêt permettrait
aux entreprises du secteur de la transformation du bois de garder la tête hors
de l'eau en attendant la conclusion du conflit.
Avec nos partenaires, l'industrie, les
travailleurs, syndiqués ou non, les communautés forestières, nous avons
multiplié les occasions de faire avancer ce dossier. Or, il s'agit d'un enjeu
canadien auquel il faut une solution canadienne. C'est pourquoi je réitère aujourd'hui
la demande du gouvernement du Québec qu'il est urgent, vital, crucial,
primordial que le gouvernement fédéral s'engage. Tous, nous parlons d'une seule
voix et travaillons ensemble, le secteur municipal, le secteur syndical, les
gens d'affaires, les associations patronales, et nous insistons auprès du
gouvernement fédéral qu'il donne aux entreprises les outils financiers
nécessaires pour traverser cette période de conflit. Notre industrie forestière
est fondamentale pour toutes les régions du Québec, et c'est pourquoi il est
primordial de tout mettre en oeuvre pour assurer à nos exportateurs un accès
sans contrainte au marché américain.
Et, avec votre permission, on passerait à
nos différents partenaires, aux différents intervenants, et je commencerais par
M. Savard. C'est ça?
M. Baril (Gérald) : Baril.
M. Blanchette :
Baril.
M. Baril (Gérald) : Nous, au
niveau du Conseil de l'industrie forestière du Québec, on aimerait souligner
d'entrée de jeu l'étroite collaboration et l'excellent travail que le
gouvernement du Québec fait dans ce dossier-là. Il s'agit juste de mentionner
qu'il y a une concertation de tous les instants entre notre gouvernement
québécois et l'industrie forestière. Il y a un enlignement complet au niveau
des stratégies qui sont à développer entre l'industrie et le Québec. Il y a un
canal de communication qui est efficace et continu entre les organisations.
Il y a aussi un élément important dans le
dossier, qu'il faut souligner, c'est la nomination de M. Raymond Chrétien à
titre de négociateur principal du Québec, en qui l'industrie a une confiance
totale. Il y a aussi l'engagement de notre premier ministre, M. Couillard,
l'engagement de M. Blanchette, l'engagement de Mme Anglade par rapport au
soutien que notre gouvernement veut accorder à notre industrie. C'est quelque
chose de précieux pour nous, et c'est quelque chose qu'on apprécie au plus haut
point. Il y a aussi tous les partenaires, les gens, le monde syndical, le monde
municipal, les producteurs privés et tous les partenaires ici, dont les représentants
sont derrière moi, qui poussent dans le même sens que l'industrie forestière
afin de faire en sorte que notre industrie forestière, les travailleurs et les communautés
qui dépendent de cette industrie-là, de secteur d'activité là, sortent le moins
amoché possible ou le plus gagnant d'un conflit comme on vit actuellement avec
les Américains.
Il y a une ombre au tableau en ce qui nous
concerne. Évidemment, le gouvernement fédéral se fait tirer l'oreille quant à
sa participation. On considère, du côté de l'industrie, que le gouvernement
fédéral n'assume pas son rôle de leader quant à la question des mesures d'aide,
de prêts, des garanties de prêt à accorder à l'industrie de façon à soutenir
des entreprises, mais aussi principalement des travailleurs et des communautés,
communautés où nos entreprises évoluent un peu partout sur le territoire
québécois. Ce manque d'action là de notre gouvernement fédéral met à très haut
risque des emplois importants au Québec et des communautés, et il faut que
notre gouvernement fédéral comprenne les enjeux importants qui sont sur la
table, mais aussi les avenants puis les aboutissants et des conséquences
néfastes pour les travailleurs et les communautés.
En terminant, ce que je vous dirais, c'est
que l'industrie forestière du Québec souhaite ardemment que le gouvernement
fédéral pose des gestes concrets, emboîte le pas à notre gouvernement du Québec
afin de soutenir cette industrie-là, et les jobs, et les communautés qui y
dépendent. Merci de votre attention.
M. Potvin (Gilles) : Bon
matin, tout le monde. Gilles Potvin, maire de Saint-Félicien, représentant de l'UMQ.
Vous allez me permettre de faire une petite analogie pour bien comprendre les
enjeux. Alors que mon collègue le maire Coderre de la ville de Montréal rêve au
retour des Expos en ce printemps, nous, les maires des communautés forestières,
on rêve puis on souhaite de garder nos travailleurs au jeu, parce que nous, on
dépend de l'économie forestière. Mais on a déjà deux prises. On peut être
retiré à la prochaine prise.
Dans l'industrie aéronautique, vous avez
vu ce que le fédéral a fait par rapport au Québec. Au niveau de la santé,
M. Barrette n'est pas revenu avec les scores qu'il souhaitait. Il nous
reste une dernière prise. C'est là qu'on peut être retiré. J'espère que le
Québec ne sera pas retiré au bâton. J'espère que le gars, l'arbitre qui est
derrière le marbre, qui s'appelle M. Trudeau, notre premier ministre, va
comprendre puis va tressaillir de ses racines en ce printemps, là. Puis ils ne
sont pas rien que de sirop d'érable, hein? Ils sont de résineux, ils sont de
conifères. C'est l'industrie, M. Trudeau. On va voir s'il a des racines, s'il
est capable de s'identifier aux enjeux du Québec.
Nous, alors qu'on a le meilleur coach au
pays, avec le meilleur plan de match, avec les meilleures démonstrations, qu'on
a faites au monde entier avec notre régime forestier, c'est incontestable. On
va voir si le pays peut être fier d'une nation fondatrice comme le Québec, avec
ses enjeux puis les combats qu'on a livrés jusqu'à maintenant, l'effort qu'ont
fait les travailleurs avec la mise en place du nouveau régime forestier. On a
déjà donné puis on a déjà donné beaucoup, mais on ne fait probablement pas le
poids avec l'Ouest.
On va voir si l'arbitre peut être
impartial puis est capable d'analyser la mise au jeu de la bonne façon. Alors,
c'est ce qu'on souhaite, c'est le petit rapport qu'on fait, j'espère que M.
Coderre ne m'en voudra pas, mais, pour nous, c'est aussi important que le
retour du baseball. Merci.
M. Soucy (Yvon) : Bonjour à
tous. Yvon Soucy, je suis préfet de la MRC de Kamouraska puis je représente la
Fédération québécoise des municipalités.
Écoutez, l'industrie forestière, c'est le
moteur économique de 225 communautés au Québec, 60 000 emplois y sont
rattachés. Je peux vous dire que les communautés forestières sont excessivement
inquiètes, mais mobilisées. Nous sommes allés à Ottawa le 21 février dernier,
nous avons rencontré les élus des quatre principaux partis, nous leur avons
transmis les inquiétudes des communautés forestières puis nous avons également
remis aux élus, à la députation libérale, 130 lettres de maires de communautés
forestières qui sont inquiets. Et ça démontre aussi la mobilisation que nous
avons.
Donc, nous interpellons à notre tour le
gouvernement fédéral pour qu'il agisse dans ce dossier-là, puis je remercie
également le gouvernement du Québec pour les actions qu'il porte. Donc, on se
sent appuyés du gouvernement du Québec, on demande maintenant au gouvernement
fédéral d'en faire autant. Merci beaucoup.
M. Gagné (Renaud) : Oui,
bonjour. Renaud Gagné, directeur québécois d'Unifor, je représente les
travailleurs.
Écoutez, on est un consensus ici, avec
tous les partenaires et le gouvernement du Québec. Je pense qu'il y a juste le
fédéral qui ne comprend pas l'importance des emplois qui sont dans les régions.
135 municipalités qui vivent exclusivement de la forêt, c'est tellement majeur
par rapport à d'autres industries. On est plus gros que l'aérospatiale, on est
plus gros que l'aluminium, on est plus gros que le secteur minier puis on
dirait que le fédéral ne se préoccupe pas des enjeux. Il faut soutenir les
entreprises puis il faut soutenir les travailleurs. Il me semble que ce n'est
pas compliqué, ça fait des mois et des mois que je le répète. J'ai fait le tour
du Québec tout dernièrement, encore une fois, tout le monde est unanime
partout, le monde municipal, les employeurs, le gouvernement, ça nous prend de
l'aide à l'entreprise, ça nous prend de l'aide pour les travailleurs. On l'a
expliqué pendant une semaine à la colline Parlementaire.
Donc, il n'y a pas de réponse, on est
minuit moins quart, il y a un caractère d'urgence. J'espère qu'ils vont se
réveiller puis ils vont faire quelque chose. Merci.
La Modératrice
: Alors,
merci à tous. On va passer à une période de questions. Je demanderais aux
représentants des médias de s'approcher du micro et de s'identifier, s'il vous
plaît.
M. Vigneault (Nicolas) :
Nicolas Vigneault, Radio-Canada. Qu'est-ce que vous pouvez faire de plus? Vous
étiez ici, en conférence de presse avec Mme Anglade la dernière fois, le
dossier ne semble pas évoluer du tout de votre côté. Est-ce que vous n'êtes pas
au bord du gouffre, actuellement? Qu'est-ce que vous pouvez faire de plus que
ce que vous faites aujourd'hui?
M. Blanchette : Écoutez, le
gouvernement du Québec l'a dit, et je le redis, jamais on ne laissera tomber
cette industrie-là. Elle est trop importante, trop structurante pour l'ensemble
de nos régions du Québec. Donc, en temps et lieu, on pourra effectivement
regarder quel est le plan de match. Présentement, on fait pression, parce que
ça fait plusieurs reprises qu'on va au fédéral. La décision ne sera jamais
administrative, elle sera toujours politique, et le gouvernement fédéral a fait
la sourde oreille à toutes nos représentations qu'on a pu faire. J'étais avec
l'ensemble des ministres des Forêts, avec le ministre Carr, l'ensemble des
ministres des Forêts des différentes provinces canadiennes... et honnêtement il
tarde. Il met des mesures de l'avant, mais jamais dans celles qu'on revendique,
les plus essentielles, les garanties de prêt ou un système de prêt.
Pourquoi que c'est essentiel? C'est que,
si on fait ça, ça va stabiliser puis ça va permettre le développement du reste.
Si on n'a pas ça, on met à risque et à haut risque l'ensemble de nos
entreprises forestières, ce qui fait que la pression, on doit la mettre sur le
gouvernement fédéral. Qu'il fasse sa tâche, c'est-à-dire de mettre des
programmes de l'avant pour maintenir, stabiliser les emplois qu'on a
présentement au Québec.
M. Vigneault (Nicolas) :
L'industrie a besoin de combien dans ce programme-là pour pouvoir survivre, si
l'on veut? Comment vous le voyez? Parce que, quand on fait une demande,
généralement, il faut essayer d'arriver avec des chiffres...
M. Blanchette : On est dans
les scénarios de calculs, dépendamment des droits compensatoires, à quelle
hauteur ils seront. S'il y a des gens qui doutent qu'il y aura des droits
compensatoires, là, oubliez ça, là. Il va y en avoir. Et donc différents
scénarios.
Pour le Québec, je n'ose pas avancer des
chiffres, mais essentiellement, on est dans les centaines de millions, quelques
centaines de millions. Et, sur le plan fédéral, ce serait quelques milliards.
Mais c'est dans ces eaux-là, dépendamment du droit imposé.
M. Laforest (Alain) : Alain
Laforest, TVA. M. Potvin, j'aimerais vous entendre. Vous avez déjà un premier
ministre chez vous. Vous avez parlé d'impartialité. Trouvez-vous que Justin
Trudeau n'est pas impartial? Et pourquoi?
M. Potvin (Gilles) : Bien,
écoutez, on pense qu'il faudrait reconnaître, là, l'originalité, l'authenticité
du régime forestier québécois. C'est le meilleur, un des meilleurs au monde,
sinon le meilleur. Au Canada, il n'y a pas d'équivalent. On s'est conformés au
marché américain, à nos clients, depuis quelques années. On pense que c'est le
temps. On s'est distingués. Des fois, on parle d'une société distincte, bien,
le régime forestier, il est distinct. Il y aurait-u un beau signal à nous
donner qu'au moins, dans la mise en valeur de la ressource, on se distingue des
autres parties?
M. Lafortune (Alain) : Vous
sentez-vous abandonné?
M. Potvin (Gilles) : Je
n'oserais pas aller jusque-là. Mal compris, incompris.
M. Lafortune (Alain) : Bien,
il ne vous donne rien, là.
M. Potvin (Gilles) : Bien là,
on espère. Avec les pressions qu'on fait, les rencontres qu'on a faites et puis
l'insistance... On est toujours, l'UMQ, en attente d'une rencontre de M.
Trudeau. On voulait l'avoir en confidence. On est allés à Ottawa deux jours, on
ne pouvait pas, mais il était en préparation de la rencontre du président...
M. Laforest (Alain) : Vous
avez parlé de l'aérospatiale, 372 millions pour Bombardier.
M. Potvin (Gilles) : Par
rapport à 2 et 3 milliards au Québec.
M. Laforest (Alain) : Des
milliards à l'industrie de l'automobile. Puis vous autres, vous avez eu
combien?
M. Potvin (Gilles) : Bien, on
n'a pas eu grand-chose. Dans le budget, là, des programmes vraiment
structurants pour relancer l'économie forestière, là, on cherche encore à
comprendre, là, où on va pouvoir dépenser de l'argent, là, on ne voit pas
comment se pogner, là, pour sauver les enjeux forestiers. Ça fait qu'on ne se
retrouve pas, là. Disons qu'on ne se retrouve pas. On n'a plus de couleurs
forestières, alors qu'en ce 150e du Canada, qui a été fondé sur la forêt... C'est
la forêt qui a créé ce pays-là, qui l'a mis au monde. On peut-u revenir puis le
donner comme référence, comme valeur aux Canadiens? On le propose, le Québec.
Parce que ça vient du Québec, ce n'est peut-être pas bon, je ne le sais pas,
là, ou, à un moment donné, il y a une prépondérance, il y a un poids de l'Ouest
pour toutes sortes d'autres raisons qu'on n'est pas capables de s'expliquer. C'est
peut-être ça. On aura peut-être la réponse, là, mais il faut qu'elle vienne
d'en haut. Le coach suprême, là, il est en haut. On attend les réponses de lui.
M. Laforest (Alain) : M.
Blanchette, vous sentez-vous abandonné par M. Trudeau?
M. Blanchette : Non, mais il
faut accentuer la pression. Quand on dit qu'on a le meilleur régime forestier
au monde, là, on a un aménagement durable de la forêt. On prend en
considération des aires protégées, des plans de caribous, on fait des
conciliations des usages. On est vraiment très respectueux de la modernisation.
On donne des volumes de bois aux communautés autochtones aussi. On est à la
bonne place au bon moment. Maintenant, le devoir...
M. Laforest (Alain) : ...le
fédéral ne vous donne rien. Pourquoi?
M. Blanchette : Le devoir a
été fait sur notre régime. On a un système de libre-marché de fixation des
prix, mais le fédéral, effectivement, ne contribue pas. Le fédéral a suggéré
des différentes mesures, mais elles sont accessoires, ces mesures-là, si on
n'est pas capable d'avoir la garantie de prêt.
La garantie de prêt nous permettrait
d'assurer une stabilité, et là on pourra voir au développement soit des mesures
de modernisation, d'adaptation, d'innovation, etc. Ça, le fédéral le fait.
Nous, on le fait. Au moment qu'on se parle, on a vraiment besoin de cette
garantie de prêt auprès des entreprises de façon à s'assurer un maintien des
emplois pour la durée du conflit. Mais les mesures qu'il nous suggère
présentement, c'est des mesures accessoires si on n'a pas celles des garanties
de prêt. Ça ne donne rien d'avoir des mesures de modernisation si l'entreprise
est fermée. On comprendra ça. Ça nous prend des garanties de prêt, que le
fédéral nous les donne. Et c'est l'objet de cette conférence de presse ci, c'est
de faire pression auprès du fédéral.
Mme Richer (Jocelyne) :
Bonjour, M. Blanchette. Jocelyne Richer, La Presse canadienne. Si je
vous comprends bien, on assiste présentement à un véritable dialogue de sourds
entre Québécois et Ottawa. Il y a une fermeture complète. C'est ça?
M. Blanchette : Oui. Nous, on
a fait des démarches, dès l'automne, auprès de Mme Freeland, auprès de M. Carr,
à plusieurs reprises, des échanges en privé, en groupes plus importants. Les
syndiqués, les syndicats ont fait la même chose, l'industrie forestière. Tout
le monde a fait ça, mais ça ne livre pas. Il n'y a pas de programmes de
garantie de prêt qui sortent.
Mme Richer (Jocelyne) :
Est-ce que vous ne devriez pas, plutôt qu'être ici, faire pression sur votre
premier ministre, M. Couillard, pour que lui téléphone à M. Trudeau pour régler
ça au plus haut niveau, au niveau politique.
M. Blanchette : Il y a des
démarches qui ont été entreprises dans ce sens. Le premier ministre, dans ces
occasions qui se présentaient, en parlait, que l'industrie du bois d'oeuvre
fait partie de l'importance qu'on accorde, dans le fond aux échanges, avec le
fédéral. M. Couillard a été, avec M. Trudeau, à quelques occasions, les
messages ont toujours été passés.
Oui, ils se font tirer un peu l'oreille
et, oui, il serait temps qu'ils puissent livrer. Cette question de garantie de
prêt, elle est cruciale, vitale et les démarches se font. Et même qu'on est en
train de travailler aussi avec des affiliations avec l'Ontario qui semble
vouloir nous suivre aussi là-dedans. On a émis un communiqué de presse conjoint
et on aura peut-être d'autres actions dans un avenir rapproché avec l'Ontario, parce
qu'en Ontario on a les mêmes types de préoccupations.
Mme Richer (Jocelyne) : Il y
a un front commun qui s'organise ou quelque chose comme ça?
M. Blanchette : Bon, front
commun, le terme est peut-être fort, je vais laisser ça aux syndiqués, qui le
font très bien d'ailleurs, mais essentiellement, cette affiliation-là, on est
sur les mêmes longueurs d'onde. Juste... parce que les tailles des billes du
côté Colombie-Britannique sont tellement importantes, les niveaux de
productivité sont plus importants là-bas qu'en Ontario et au Québec. Ça fait
que l'Ontario et le Québec ensemble, c'est 50 % de l'industrie forestière.
Donc, oui, ça vaut la peine de traiter avec notre collègue du côté ontarien.
Mme Richer (Jocelyne) : Une
dernière petite question technique. Quelle hauteur vous craignez qu'auront les
droits compensatoires? De l'ordre de 20, 25 % ou quoi?
M. Blanchette : Écoutez, c'est
hypothétique au moment où on se parle. On verra. On ne donnera pas l'idée aux
Américains de fixer tel taux puisqu'on s'attend à tel taux. On n'osera pas
aller vers ça, mais on a une grande fourchette sur laquelle on craint. Plus
haut ça sera, plus menaçant ce sera pour nous et plus dur sera le conflit. Ça
fait qu'on va laisser les Américains faire leurs calculs.
Nous, ce qu'on fait, comme gens du
ministère, autant au MESI qu'au MFFP, c'est qu'on essaie de faire la preuve que
notre système devrait être exempté de ça parce qu'on a un régime forestier
distinctif des autres, etc.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Pascal Dugas, de l'Agence QMI. À quel point est-ce que les régimes
forestiers des autres provinces, leurs attentes, finalement, ça risque de nuire
au potentiel de l'industrie forestière au Québec, ici?
M. Blanchette : Écoutez, ce
n'est pas les mêmes systèmes. Nous, on a mis le terme «durable» dans notre
nouveau régime. On a revu tout ça pour prendre les aménagements suite aux différents
conflits qu'on avait eus. On en a eu quatre dans le passé, on en est à notre
cinquième. Ça fait que notre régime qu'on a voulu développer, on l'a développé
avec intelligence, discernement, en prenant en considération toute cette
situation-là de non-libre-échange, de mesures protectionnistes menaçantes à
chaque conflit qui se fait. Même notre système de fixation des prix est inspiré
des formules américaines. Donc, on n'a pas voulu prendre de chance, et de voir
qu'on est encore enquêté, on est toujours un peu frustrés.
Pour les autres provinces, l'Ontario
regarde notre système. On va voir comment ça va passer à travers l'ensemble des
enquêtes, mais c'est clair que l'Ontario est intéressée par notre régime
forestier à nous et qu'ils pourraient peut-être développer quelque chose de
similaire. On va leur laisser ça. Je ne veux pas... ce n'est pas à moi
d'intervenir du côté ontarien, mais essentiellement on sait que notre système
tient la route en matière de poursuites judiciaires, et c'est la raison pour
laquelle, advenant le conflit de l'imposition des droits compensatoires, on a à
faire cette preuve-là. Donc, on fera les contestations auprès de l'ALENA,
auprès de l'Organisation mondiale du commerce, pour défendre notre système
qu'on juge très solide en la matière.
M. Dugas Bourdon (Pascal) : Est-ce
qu'il y aurait moyen que le Québec s'entende avec les États-Unis sans le reste
du Canada? Une entente asymétrique, si on veut.
M. Blanchette : C'est une
entente Canada—États-Unis, c'est à l'intérieur de ça. Donc, oui, on a beau faire
des représentations, mais le gouvernement américain traite avec... entre pays à
pays. C'est la raison pour laquelle on a à faire nos pressions auprès du gouvernement
fédéral pour faire ce suivi-là.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Donc, c'est impossible, une entente Québec—États-Unis.
M. Blanchette : Pas sur le
plan juridique, non.
M. Dugas Bourdon (Pascal) : Est-ce
que vous croyez que les tarifs douaniers vont toucher plus durement les petits
joueurs ici, au Québec, plutôt que les entreprises qui sont peut-être un peu
plus solides?
M. Blanchette : C'est clair parce
que, du côté de la Colombie-Britannique, c'est des très grosses entreprises. Quand
je dis des grosses entreprises, c'est des gros joueurs et, du côté du
Québec et de l'Ontario, c'est beaucoup des PME. Donc, c'est important, mais on
parle d'entreprises de 75, 100, 150 employés dans l'industrie du sciage, mais,
du côté Colombie-Britannique, c'est des très grosses. On parle de milliers d'emplois
par entreprises.
Donc, c'est la raison pour laquelle ça
sera principalement les PME qui seront affectées, et la concentration des PME
est beaucoup au Québec, en Ontario et au Nouveau-Brunswick présentement.
M. Dugas Bourdon (Pascal) :
Est-ce qu'il y a moyen d'avoir une entente qui va plaire à toutes les
provinces, ou si c'est le Québec... si le Québec est content, la
Colombie-Britannique est déçue, et vice versa?
M. Blanchette : La réponse,
elle est... Je dirais que non, dans la mesure qu'il y a des intérêts
divergents. Il y a des entreprises de Colombie-Britannique qui ont des usines
du côté du Michigan et donc du côté sud de la frontière canado-américaine. Et
advenant des mesures protectionnistes, le malheur des uns, notre limitation à
nous, pourrait faire le bonheur des autres, donc une augmentation des volumes
pour les entreprises de Colombie-Britannique qui ont des usines du côté sud de
la frontière. Ça fait que, ça, c'est important.
Donc, on a des intérêts divergents en la
matière en raison notamment de la productivité, là. Quand on prend des billes
du Québec avec une taille comme ça, il y a beaucoup plus de copeaux que si on
prend des arbres de cette taille-ci, de cette pièce. Donc, il y a beaucoup plus
de volumes de copeaux qu'on sort à chacune de nos usines que celles de
Colombie-Britannique, d'où la productivité accrue du côté de la Colombie-Britannique.
C'est la raison pour laquelle on ne joue
pas à armes égales, qu'il y a plus de PME ici qui vont plus être impactées, et
c'est la raison pour laquelle on exige des garanties de prêt pour protéger ces
emplois-là de PME au Québec.
La Modératrice
: Je
vais prendre une dernière question en français ici. Après ça, on va passer aux
questions en anglais.
M. Laforest (Alain) : Juste
une précision technique. Le gouvernement du Québec s'est engagé pour combien
pour soutenir l'industrie dans les trois derniers budgets financièrement? Parce
que vous réclamez de l'argent d'Ottawa, mais vous avez combien? Parce que le
premier ministre Couillard a dit que son engagement, un des engagements qu'il
avait pris, c'était de supporter l'industrie forestière. C'est combien, le...
M. Blanchette : On pourra
faire sortir les chiffres plus précisément, là, pour la suite des choses. On
avait un chiffre de 1,2 milliard sur une période de cinq ans dans
différents programmes. On ne peut pas juste prendre 1,2 divisé par cinq, ce
n'est pas comme ça que ça fonctionne, mais essentiellement il y a des efforts
qui ont été mis en modernisation. On fait juste rappeler toute la politique
énergétique de mon collègue Pierre Arcand. C'est pour l'utilisation de biomasse
et de bioénergie, etc. Il y a des budgets là-dedans.
M. Laforest (Alain) : ...pas
qu'il investisse dans la modernisation, il faut qu'il investisse dans les programmes
de soutien. C'est quoi, l'argent que Québec donne pour le programme de soutien?
M. Blanchette : Oui, bien, c'est
ça que je dis, c'est que tout ce qui s'appelle modernisation, innovation,
adaptation, c'est des programmes pour aider les entreprises qui ont des projets
de développement.
Nous, ce qu'on veut, par les garanties de
prêt, c'est protéger les entreprises qui n'ont pas de projet de développement présentement
puis qui vont être victimes peut-être d'un droit compensatoire. J'évalue à
l'oeil peut-être que 25 % des entreprises peuvent avoir des projets de
développement au Québec, donc en mesure d'investir, et un 75 % des
entreprises qui seraient plus vulnérables, plus fragiles et qu'il faudrait
soutenir, en cas de conflit sur le bois d'oeuvre, avec des droits
compensatoires. Donc, on travaille sur ces 75 % là.
Sur le 25 %, bien, le MESI a des
programmes, politique énergétique fait des programmes sur le... avec des programmes
pour Hydro-Québec aussi; ensuite de ça, le Fonds vert va financer un certain
nombre, plus nos fonds propres au ministère des Forêts, Faune et Parcs. Nos
programmes servent à ceux qui ont des projets. Le 25 %, je le dis sous
toute réserve, mais c'est à peu près l'ordre de grandeur. Le 75 % des
entreprises dans lequel on retrouve toutes nos municipalités, plusieurs des
projets, bien, il faut les soutenir pour empêcher les pertes d'emplois en la
matière.
La Modératrice
: Ça
termine la période de questions. Merci beaucoup.
M. Blanchette : Merci.
(Fin à 9 h 29)