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Point de presse de M. Luc Blanchette, ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs

Version finale

Thursday, April 6, 2017, 9 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Neuf heures deux minutes)

M. Blanchette : Alors, bonjour, tout le monde. Écoutez, je suis accompagné des gens de l'industrie québécoise du bois, des gens, des travailleurs et syndicats. En fait, ils sont tous là, je pense, autant Unifor pour la FTQ, CSD que CSN, des gens aussi des communautés, autant la Fédération québécoise des municipalités que l'Union des municipalités du Québec, qui prendront la parole également. Et enfin, si on est là, c'est pour encore une fois demander au gouvernement fédéral que... et lui faire sentir que c'est urgent, qu'on a une lourde menace pour notre industrie forestière, autant nos 60 000 emplois, nos familles dans les différentes régions du Québec que c'est essentiel.

Nous nous présentons aujourd'hui devant vous unis et nous tenons à réitérer que tous les partenaires travaillons ensemble. Nous partageons un objectif commun, c'est assurer l'avenir de notre industrie forestière. Et nous avons un plan de match. Ottawa doit offrir un programme de garantie de prêt et supporter les 60 000 familles et 220 municipalités qui dépendent de notre industrie forestière. Nous tenons à le dire, le contraire, c'est-à-dire pas de programme de garantie de prêt, serait tout simplement inacceptable pour le Québec.

Comme vous le savez, la coalition américaine de bois d'oeuvre a déposé une plainte devant le département du commerce américain le 25 novembre dernier et dans le but d'imposer des droits compensatoires et antidumping sur les exportations canadiennes de bois d'oeuvre sur le marché américain. Personne en avant ne croit qu'il n'y aura pas de droits compensatoires et même antidumping qui pourraient s'ajouter. Tout le monde pense qu'il y en aura. C'est important à mentionner, le gouvernement du Québec met tout en oeuvre pour démontrer aux instances internationales que le bois issu des forêts publiques n'est pas subventionné et qu'il ne peut être considéré comme une concurrence déloyale pour les producteurs de bois d'oeuvre américains.

Nous allons continuer, comme nous le faisons depuis le début, de défendre notre régime forestier, qui est solide, qu'il y a un aménagement durable de la forêt pour notre avenir de forêt et avec également un système d'enchères pour les bois issus des forêts publiques. Mais aussi, c'est le même prix qui est utilisé souvent pour d'autres types de forêts, dont le Bureau de mise en marché des bois, mais aussi l'ensemble des forêts québécoises.

On veut répondre au principe de libre marché des bois. C'est une méthode inspirée de ce qui se fait sur le marché américain, je tiens à le rappeler. Bien sûr, tout ça justifie que le Québec pourrait être exempté d'une éventuelle entente ou litige par rapport aux Américains, et c'est dans ce contexte-là qu'on intervient aujourd'hui. L'application des droits compensatoires pourrait être en vigueur le 24 avril 2017, c'est-à-dire qu'on pourrait déterminer un droit compensatoire le 24 et être mis en application dès le 28 avril. Donc, c'est dans moins de trois semaines, c'est demain, ça.

Et on tient à mentionner que l'imposition des taxes par le gouvernement américain et la durée d'un tel litige influenceraient grandement la santé financière de nos entreprises et compromettraient leur capacité de profiter d'une conjoncture favorable. Parce qu'il faut bien comprendre également, c'est qu'il y a une construction résidentielle américaine en croissance, c'est-à-dire le nombre de mises en chantier est en croissance du côté américain. Donc, cette situation-là fait en sorte qu'on pourrait mieux exporter s'il n'y avait pas de conflit.

Maintenant, les réponses que nous transmettons au département du commerce américain… parce qu'on est en train de compléter et d'échanger avec eux sur l'enquête qui a été lancée. On est en train de faire la preuve qu'on a un système solide, qu'on n'est pas subventionnés, qu'on a un système de libre marché des bois issus de la forêt publique. Vraiment, on est en train de défendre nos intérêts par rapport aux États-Unis, et le ministère de l'Économie, de la Science et de l'Innovation travaille d'arrache-pied avec le ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs à cet effet.

Mais cette situation-là est définitivement préoccupante pour nous. Je le dis et je le répète, le gouvernement fédéral doit agir dès maintenant et donner aux entreprises les outils financiers nécessaires pour qu'elles puissent assumer ces taxes pendant la durée du conflit. La mise en place d'un programme canadien de prêts et de garanties de prêt permettrait aux entreprises du secteur de la transformation du bois de garder la tête hors de l'eau en attendant la conclusion du conflit.

Avec nos partenaires, l'industrie, les travailleurs, syndiqués ou non, les communautés forestières, nous avons multiplié les occasions de faire avancer ce dossier. Or, il s'agit d'un enjeu canadien auquel il faut une solution canadienne. C'est pourquoi je réitère aujourd'hui la demande du gouvernement du Québec qu'il est urgent, vital, crucial, primordial que le gouvernement fédéral s'engage. Tous, nous parlons d'une seule voix et travaillons ensemble, le secteur municipal, le secteur syndical, les gens d'affaires, les associations patronales, et nous insistons auprès du gouvernement fédéral qu'il donne aux entreprises les outils financiers nécessaires pour traverser cette période de conflit. Notre industrie forestière est fondamentale pour toutes les régions du Québec, et c'est pourquoi il est primordial de tout mettre en oeuvre pour assurer à nos exportateurs un accès sans contrainte au marché américain.

Et, avec votre permission, on passerait à nos différents partenaires, aux différents intervenants, et je commencerais par M. Savard. C'est ça?

M. Baril (Gérald) : Baril.

M. Blanchette : Baril.

M. Baril (Gérald) : Nous, au niveau du Conseil de l'industrie forestière du Québec, on aimerait souligner d'entrée de jeu l'étroite collaboration et l'excellent travail que le gouvernement du Québec fait dans ce dossier-là. Il s'agit juste de mentionner qu'il y a une concertation de tous les instants entre notre gouvernement québécois et l'industrie forestière. Il y a un enlignement complet au niveau des stratégies qui sont à développer entre l'industrie et le Québec. Il y a un canal de communication qui est efficace et continu entre les organisations.

Il y a aussi un élément important dans le dossier, qu'il faut souligner, c'est la nomination de M. Raymond Chrétien à titre de négociateur principal du Québec, en qui l'industrie a une confiance totale. Il y a aussi l'engagement de notre premier ministre, M. Couillard, l'engagement de M. Blanchette, l'engagement de Mme Anglade par rapport au soutien que notre gouvernement veut accorder à notre industrie. C'est quelque chose de précieux pour nous, et c'est quelque chose qu'on apprécie au plus haut point. Il y a aussi tous les partenaires, les gens, le monde syndical, le monde municipal, les producteurs privés et tous les partenaires ici, dont les représentants sont derrière moi, qui poussent dans le même sens que l'industrie forestière afin de faire en sorte que notre industrie forestière, les travailleurs et les communautés qui dépendent de cette industrie-là, de secteur d'activité là, sortent le moins amoché possible ou le plus gagnant d'un conflit comme on vit actuellement avec les Américains.

Il y a une ombre au tableau en ce qui nous concerne. Évidemment, le gouvernement fédéral se fait tirer l'oreille quant à sa participation. On considère, du côté de l'industrie, que le gouvernement fédéral n'assume pas son rôle de leader quant à la question des mesures d'aide, de prêts, des garanties de prêt à accorder à l'industrie de façon à soutenir des entreprises, mais aussi principalement des travailleurs et des communautés, communautés où nos entreprises évoluent un peu partout sur le territoire québécois. Ce manque d'action là de notre gouvernement fédéral met à très haut risque des emplois importants au Québec et des communautés, et il faut que notre gouvernement fédéral comprenne les enjeux importants qui sont sur la table, mais aussi les avenants puis les aboutissants et des conséquences néfastes pour les travailleurs et les communautés.

En terminant, ce que je vous dirais, c'est que l'industrie forestière du Québec souhaite ardemment que le gouvernement fédéral pose des gestes concrets, emboîte le pas à notre gouvernement du Québec afin de soutenir cette industrie-là, et les jobs, et les communautés qui y dépendent. Merci de votre attention.

M. Potvin (Gilles) : Bon matin, tout le monde. Gilles Potvin, maire de Saint-Félicien, représentant de l'UMQ. Vous allez me permettre de faire une petite analogie pour bien comprendre les enjeux. Alors que mon collègue le maire Coderre de la ville de Montréal rêve au retour des Expos en ce printemps, nous, les maires des communautés forestières, on rêve puis on souhaite de garder nos travailleurs au jeu, parce que nous, on dépend de l'économie forestière. Mais on a déjà deux prises. On peut être retiré à la prochaine prise.

Dans l'industrie aéronautique, vous avez vu ce que le fédéral a fait par rapport au Québec. Au niveau de la santé, M. Barrette n'est pas revenu avec les scores qu'il souhaitait. Il nous reste une dernière prise. C'est là qu'on peut être retiré. J'espère que le Québec ne sera pas retiré au bâton. J'espère que le gars, l'arbitre qui est derrière le marbre, qui s'appelle M. Trudeau, notre premier ministre, va comprendre puis va tressaillir de ses racines en ce printemps, là. Puis ils ne sont pas rien que de sirop d'érable, hein? Ils sont de résineux, ils sont de conifères. C'est l'industrie, M. Trudeau. On va voir s'il a des racines, s'il est capable de s'identifier aux enjeux du Québec.

Nous, alors qu'on a le meilleur coach au pays, avec le meilleur plan de match, avec les meilleures démonstrations, qu'on a faites au monde entier avec notre régime forestier, c'est incontestable. On va voir si le pays peut être fier d'une nation fondatrice comme le Québec, avec ses enjeux puis les combats qu'on a livrés jusqu'à maintenant, l'effort qu'ont fait les travailleurs avec la mise en place du nouveau régime forestier. On a déjà donné puis on a déjà donné beaucoup, mais on ne fait probablement pas le poids avec l'Ouest.

On va voir si l'arbitre peut être impartial puis est capable d'analyser la mise au jeu de la bonne façon. Alors, c'est ce qu'on souhaite, c'est le petit rapport qu'on fait, j'espère que M. Coderre ne m'en voudra pas, mais, pour nous, c'est aussi important que le retour du baseball. Merci.

M. Soucy (Yvon) : Bonjour à tous. Yvon Soucy, je suis préfet de la MRC de Kamouraska puis je représente la Fédération québécoise des municipalités.

Écoutez, l'industrie forestière, c'est le moteur économique de 225 communautés au Québec, 60 000 emplois y sont rattachés. Je peux vous dire que les communautés forestières sont excessivement inquiètes, mais mobilisées. Nous sommes allés à Ottawa le 21 février dernier, nous avons rencontré les élus des quatre principaux partis, nous leur avons transmis les inquiétudes des communautés forestières puis nous avons également remis aux élus, à la députation libérale, 130 lettres de maires de communautés forestières qui sont inquiets. Et ça démontre aussi la mobilisation que nous avons.

Donc, nous interpellons à notre tour le gouvernement fédéral pour qu'il agisse dans ce dossier-là, puis je remercie également le gouvernement du Québec pour les actions qu'il porte. Donc, on se sent appuyés du gouvernement du Québec, on demande maintenant au gouvernement fédéral d'en faire autant. Merci beaucoup.

M. Gagné (Renaud) : Oui, bonjour. Renaud Gagné, directeur québécois d'Unifor, je représente les travailleurs.

Écoutez, on est un consensus ici, avec tous les partenaires et le gouvernement du Québec. Je pense qu'il y a juste le fédéral qui ne comprend pas l'importance des emplois qui sont dans les régions. 135 municipalités qui vivent exclusivement de la forêt, c'est tellement majeur par rapport à d'autres industries. On est plus gros que l'aérospatiale, on est plus gros que l'aluminium, on est plus gros que le secteur minier puis on dirait que le fédéral ne se préoccupe pas des enjeux. Il faut soutenir les entreprises puis il faut soutenir les travailleurs. Il me semble que ce n'est pas compliqué, ça fait des mois et des mois que je le répète. J'ai fait le tour du Québec tout dernièrement, encore une fois, tout le monde est unanime partout, le monde municipal, les employeurs, le gouvernement, ça nous prend de l'aide à l'entreprise, ça nous prend de l'aide pour les travailleurs. On l'a expliqué pendant une semaine à la colline Parlementaire.

Donc, il n'y a pas de réponse, on est minuit moins quart, il y a un caractère d'urgence. J'espère qu'ils vont se réveiller puis ils vont faire quelque chose. Merci.

La Modératrice : Alors, merci à tous.  On va passer à une période de questions. Je demanderais aux représentants des médias de s'approcher du micro et de s'identifier, s'il vous plaît.

M. Vigneault (Nicolas) : Nicolas Vigneault, Radio-Canada. Qu'est-ce que vous pouvez faire de plus? Vous étiez ici, en conférence de presse avec Mme Anglade la dernière fois, le dossier ne semble pas évoluer du tout de votre côté. Est-ce que vous n'êtes pas au bord du gouffre, actuellement? Qu'est-ce que vous pouvez faire de plus que ce que vous faites aujourd'hui?

M. Blanchette : Écoutez, le gouvernement du Québec l'a dit, et je le redis, jamais on ne laissera tomber cette industrie-là. Elle est trop importante, trop structurante pour l'ensemble de nos régions du Québec. Donc, en temps et lieu, on pourra effectivement regarder quel est le plan de match. Présentement, on fait pression, parce que ça fait plusieurs reprises qu'on va au fédéral. La décision ne sera jamais administrative, elle sera toujours politique, et le gouvernement fédéral a fait la sourde oreille à toutes nos représentations qu'on a pu faire. J'étais avec l'ensemble des ministres des Forêts, avec le ministre Carr, l'ensemble des ministres des Forêts des différentes provinces canadiennes... et honnêtement il tarde. Il met des mesures de l'avant, mais jamais dans celles qu'on revendique, les plus essentielles, les garanties de prêt ou un système de prêt.

Pourquoi que c'est essentiel? C'est que, si on fait ça, ça va stabiliser puis ça va permettre le développement du reste. Si on n'a pas ça, on met à risque et à haut risque l'ensemble de nos entreprises forestières, ce qui fait que la pression, on doit la mettre sur le gouvernement fédéral. Qu'il fasse sa tâche, c'est-à-dire de mettre des programmes de l'avant pour maintenir, stabiliser les emplois qu'on a présentement au Québec.

M. Vigneault (Nicolas) : L'industrie a besoin de combien dans ce programme-là pour pouvoir survivre, si l'on veut? Comment vous le voyez? Parce que, quand on fait une demande, généralement, il faut essayer d'arriver avec des chiffres...

M. Blanchette : On est dans les scénarios de calculs, dépendamment des droits compensatoires, à quelle hauteur ils seront. S'il y a des gens qui doutent qu'il y aura des droits compensatoires, là, oubliez ça, là. Il va y en avoir. Et donc différents scénarios.

Pour le Québec, je n'ose pas avancer des chiffres, mais essentiellement, on est dans les centaines de millions, quelques centaines de millions. Et, sur le plan fédéral, ce serait quelques milliards. Mais c'est dans ces eaux-là, dépendamment du droit imposé.

M. Laforest (Alain) : Alain Laforest, TVA. M. Potvin, j'aimerais vous entendre. Vous avez déjà un premier ministre chez vous. Vous avez parlé d'impartialité. Trouvez-vous que Justin Trudeau n'est pas impartial? Et pourquoi?

M. Potvin (Gilles) : Bien, écoutez, on pense qu'il faudrait reconnaître, là, l'originalité, l'authenticité du régime forestier québécois. C'est le meilleur, un des meilleurs au monde, sinon le meilleur. Au Canada, il n'y a pas d'équivalent. On s'est conformés au marché américain, à nos clients, depuis quelques années. On pense que c'est le temps. On s'est distingués. Des fois, on parle d'une société distincte, bien, le régime forestier, il est distinct. Il y aurait-u un beau signal à nous donner qu'au moins, dans la mise en valeur de la ressource, on se distingue des autres parties?

M. Lafortune (Alain) : Vous sentez-vous abandonné?

M. Potvin (Gilles) : Je n'oserais pas aller jusque-là. Mal compris, incompris.

M. Lafortune (Alain) : Bien, il ne vous donne rien, là.

M. Potvin (Gilles) : Bien là, on espère. Avec les pressions qu'on fait, les rencontres qu'on a faites et puis l'insistance... On est toujours, l'UMQ, en attente d'une rencontre de M. Trudeau. On voulait l'avoir en confidence. On est allés à Ottawa deux jours, on ne pouvait pas, mais il était en préparation de la rencontre du président...

M. Laforest (Alain) : Vous avez parlé de l'aérospatiale, 372 millions pour Bombardier.

M. Potvin (Gilles) : Par rapport à 2 et 3 milliards au Québec.

M. Laforest (Alain) : Des milliards à l'industrie de l'automobile. Puis vous autres, vous avez eu combien?

M. Potvin (Gilles) : Bien, on n'a pas eu grand-chose. Dans le budget, là, des programmes vraiment structurants pour relancer l'économie forestière, là, on cherche encore à comprendre, là, où on va pouvoir dépenser de l'argent, là, on ne voit pas comment se pogner, là, pour sauver les enjeux forestiers. Ça fait qu'on ne se retrouve pas, là. Disons qu'on ne se retrouve pas. On n'a plus de couleurs forestières, alors qu'en ce 150e du Canada, qui a été fondé sur la forêt... C'est la forêt qui a créé ce pays-là, qui l'a mis au monde. On peut-u revenir puis le donner comme référence, comme valeur aux Canadiens? On le propose, le Québec. Parce que ça vient du Québec, ce n'est peut-être pas bon, je ne le sais pas, là, ou, à un moment donné, il y a une prépondérance, il y a un poids de l'Ouest pour toutes sortes d'autres raisons qu'on n'est pas capables de s'expliquer. C'est peut-être ça. On aura peut-être la réponse, là, mais il faut qu'elle vienne d'en haut. Le coach suprême, là, il est en haut. On attend les réponses de lui.

M. Laforest (Alain) : M. Blanchette, vous sentez-vous abandonné par M. Trudeau?

M. Blanchette : Non, mais il faut accentuer la pression. Quand on dit qu'on a le meilleur régime forestier au monde, là, on a un aménagement durable de la forêt. On prend en considération des aires protégées, des plans de caribous, on fait des conciliations des usages. On est vraiment très respectueux de la modernisation. On donne des volumes de bois aux communautés autochtones aussi. On est à la bonne place au bon moment. Maintenant, le devoir...

M. Laforest (Alain) : ...le fédéral ne vous donne rien. Pourquoi?

M. Blanchette : Le devoir a été fait sur notre régime. On a un système de libre-marché de fixation des prix, mais le fédéral, effectivement, ne contribue pas. Le fédéral a suggéré des différentes mesures, mais elles sont accessoires, ces mesures-là, si on n'est pas capable d'avoir la garantie de prêt.

La garantie de prêt nous permettrait d'assurer une stabilité, et là on pourra voir au développement soit des mesures de modernisation, d'adaptation, d'innovation, etc. Ça, le fédéral le fait. Nous, on le fait. Au moment qu'on se parle, on a vraiment besoin de cette garantie de prêt auprès des entreprises de façon à s'assurer un maintien des emplois pour la durée du conflit. Mais les mesures qu'il nous suggère présentement, c'est des mesures accessoires si on n'a pas celles des garanties de prêt. Ça ne donne rien d'avoir des mesures de modernisation si l'entreprise est fermée. On comprendra ça. Ça nous prend des garanties de prêt, que le fédéral nous les donne. Et c'est l'objet de cette conférence de presse ci, c'est de faire pression auprès du fédéral.

Mme Richer (Jocelyne) : Bonjour, M. Blanchette. Jocelyne Richer, La Presse canadienne. Si je vous comprends bien, on assiste présentement à un véritable dialogue de sourds entre Québécois et Ottawa. Il y a une fermeture complète. C'est ça?

M. Blanchette : Oui. Nous, on a fait des démarches, dès l'automne, auprès de Mme Freeland, auprès de M. Carr, à plusieurs reprises, des échanges en privé, en groupes plus importants. Les syndiqués, les syndicats ont fait la même chose, l'industrie forestière. Tout le monde a fait ça, mais ça ne livre pas. Il n'y a pas de programmes de garantie de prêt qui sortent.

Mme Richer (Jocelyne) : Est-ce que vous ne devriez pas, plutôt qu'être ici, faire pression sur votre premier ministre, M. Couillard, pour que lui téléphone à M. Trudeau pour régler ça au plus haut niveau, au niveau politique.

M. Blanchette : Il y a des démarches qui ont été entreprises dans ce sens. Le premier ministre, dans ces occasions qui se présentaient, en parlait, que l'industrie du bois d'oeuvre fait partie de l'importance qu'on accorde, dans le fond aux échanges, avec le fédéral. M. Couillard a été, avec M. Trudeau, à quelques occasions, les messages ont toujours été passés.

Oui, ils se font tirer un peu l'oreille et, oui, il serait temps qu'ils puissent livrer. Cette question de garantie de prêt, elle est cruciale, vitale et les démarches se font. Et même qu'on est en train de travailler aussi avec des affiliations avec l'Ontario qui semble vouloir nous suivre aussi là-dedans. On a émis un communiqué de presse conjoint et on aura peut-être d'autres actions dans un avenir rapproché avec l'Ontario, parce qu'en Ontario on a les mêmes types de préoccupations.

Mme Richer (Jocelyne) : Il y a un front commun qui s'organise ou quelque chose comme ça?

M. Blanchette : Bon, front commun, le terme est peut-être fort, je vais laisser ça aux syndiqués, qui le font très bien d'ailleurs, mais essentiellement, cette affiliation-là, on est sur les mêmes longueurs d'onde. Juste... parce que les tailles des billes du côté Colombie-Britannique sont tellement importantes, les niveaux de productivité sont plus importants là-bas qu'en Ontario et au Québec. Ça fait que l'Ontario et le Québec ensemble, c'est 50 % de l'industrie forestière. Donc, oui, ça vaut la peine de traiter avec notre collègue du côté ontarien.

Mme Richer (Jocelyne) : Une dernière petite question technique. Quelle hauteur vous craignez qu'auront les droits compensatoires? De l'ordre de 20, 25 % ou quoi?

M. Blanchette : Écoutez, c'est hypothétique au moment où on se parle. On verra. On ne donnera pas l'idée aux Américains de fixer tel taux puisqu'on s'attend à tel taux. On n'osera pas aller vers ça, mais on a une grande fourchette sur laquelle on craint. Plus haut ça sera, plus menaçant ce sera pour nous et plus dur sera le conflit. Ça fait qu'on va laisser les Américains faire leurs calculs.

Nous, ce qu'on fait, comme gens du ministère, autant au MESI qu'au MFFP, c'est qu'on essaie de faire la preuve que notre système devrait être exempté de ça parce qu'on a un régime forestier distinctif des autres, etc.

M. Dugas Bourdon (Pascal) : Pascal Dugas, de l'Agence QMI. À quel point est-ce que les régimes forestiers des autres provinces, leurs attentes, finalement, ça risque de nuire au potentiel de l'industrie forestière au Québec, ici?

M. Blanchette : Écoutez, ce n'est pas les mêmes systèmes. Nous, on a mis le terme «durable» dans notre nouveau régime. On a revu tout ça pour prendre les aménagements suite aux différents conflits qu'on avait eus. On en a eu quatre dans le passé, on en est à notre cinquième. Ça fait que notre régime qu'on a voulu développer, on l'a développé avec intelligence, discernement, en prenant en considération toute cette situation-là de non-libre-échange, de mesures protectionnistes menaçantes à chaque conflit qui se fait. Même notre système de fixation des prix est inspiré des formules américaines. Donc, on n'a pas voulu prendre de chance, et de voir qu'on est encore enquêté, on est toujours un peu frustrés.

Pour les autres provinces, l'Ontario regarde notre système. On va voir comment ça va passer à travers l'ensemble des enquêtes, mais c'est clair que l'Ontario est intéressée par notre régime forestier à nous et qu'ils pourraient peut-être développer quelque chose de similaire. On va leur laisser ça. Je ne veux pas... ce n'est pas à moi d'intervenir du côté ontarien, mais essentiellement on sait que notre système tient la route en matière de poursuites judiciaires, et c'est la raison pour laquelle, advenant le conflit de l'imposition des droits compensatoires, on a à faire cette preuve-là. Donc, on fera les contestations auprès de l'ALENA, auprès de l'Organisation mondiale du commerce, pour défendre notre système qu'on juge très solide en la matière.

M. Dugas Bourdon (Pascal) : Est-ce qu'il y aurait moyen que le Québec s'entende avec les États-Unis sans le reste du Canada? Une entente asymétrique, si on veut.

M. Blanchette : C'est une entente Canada—États-Unis, c'est à l'intérieur de ça. Donc, oui, on a beau faire des représentations, mais le gouvernement américain traite avec... entre pays à pays. C'est la raison pour laquelle on a à faire nos pressions auprès du gouvernement fédéral pour faire ce suivi-là.

M. Dugas Bourdon (Pascal) : Donc, c'est impossible, une entente Québec—États-Unis.

M. Blanchette : Pas sur le plan juridique, non.

M. Dugas Bourdon (Pascal) : Est-ce que vous croyez que les tarifs douaniers vont toucher plus durement les petits joueurs ici, au Québec, plutôt que les entreprises qui sont peut-être un peu plus solides?

M. Blanchette : C'est clair parce que, du côté de la Colombie-Britannique, c'est des très grosses entreprises. Quand je dis des grosses entreprises, c'est des gros joueurs et, du côté du Québec et de l'Ontario, c'est beaucoup des PME. Donc, c'est important, mais on parle d'entreprises de 75, 100, 150 employés dans l'industrie du sciage, mais, du côté Colombie-Britannique, c'est des très grosses. On parle de milliers d'emplois par entreprises.

Donc, c'est la raison pour laquelle ça sera principalement les PME qui seront affectées, et la concentration des PME est beaucoup au Québec, en Ontario et au Nouveau-Brunswick présentement.

M. Dugas Bourdon (Pascal) : Est-ce qu'il y a moyen d'avoir une entente qui va plaire à toutes les provinces, ou si c'est le Québec... si le Québec est content, la Colombie-Britannique est déçue, et vice versa?

M. Blanchette : La réponse, elle est... Je dirais que non, dans la mesure qu'il y a des intérêts divergents. Il y a des entreprises de Colombie-Britannique qui ont des usines du côté du Michigan et donc du côté sud de la frontière canado-américaine. Et advenant des mesures protectionnistes, le malheur des uns, notre limitation à nous, pourrait faire le bonheur des autres, donc une augmentation des volumes pour les entreprises de Colombie-Britannique qui ont des usines du côté sud de la frontière. Ça fait que, ça, c'est important.

Donc, on a des intérêts divergents en la matière en raison notamment de la productivité, là. Quand on prend des billes du Québec avec une taille comme ça, il y a beaucoup plus de copeaux que si on prend des arbres de cette taille-ci, de cette pièce. Donc, il y a beaucoup plus de volumes de copeaux qu'on sort à chacune de nos usines que celles de Colombie-Britannique, d'où la productivité accrue du côté de la Colombie-Britannique.

C'est la raison pour laquelle on ne joue pas à armes égales, qu'il y a plus de PME ici qui vont plus être impactées, et c'est la raison pour laquelle on exige des garanties de prêt pour protéger ces emplois-là de PME au Québec.

La Modératrice : Je vais prendre une dernière question en français ici. Après ça, on va passer aux questions en anglais.

M. Laforest (Alain) : Juste une précision technique. Le gouvernement du Québec s'est engagé pour combien pour soutenir l'industrie dans les trois derniers budgets financièrement? Parce que vous réclamez de l'argent d'Ottawa, mais vous avez combien? Parce que le premier ministre Couillard a dit que son engagement, un des engagements qu'il avait pris, c'était de supporter l'industrie forestière. C'est combien, le...

M. Blanchette : On pourra faire sortir les chiffres plus précisément, là, pour la suite des choses. On avait un chiffre de 1,2 milliard sur une période de cinq ans dans différents programmes. On ne peut pas juste prendre 1,2 divisé par cinq, ce n'est pas comme ça que ça fonctionne, mais essentiellement il y a des efforts qui ont été mis en modernisation. On fait juste rappeler toute la politique énergétique de mon collègue Pierre Arcand. C'est pour l'utilisation de biomasse et de bioénergie, etc. Il y a des budgets là-dedans.

M. Laforest (Alain) : ...pas qu'il investisse dans la modernisation, il faut qu'il investisse dans les programmes de soutien. C'est quoi, l'argent que Québec donne pour le programme de soutien?

M. Blanchette : Oui, bien, c'est ça que je dis, c'est que tout ce qui s'appelle modernisation, innovation, adaptation, c'est des programmes pour aider les entreprises qui ont des projets de développement.

Nous, ce qu'on veut, par les garanties de prêt, c'est protéger les entreprises qui n'ont pas de projet de développement présentement puis qui vont être victimes peut-être d'un droit compensatoire. J'évalue à l'oeil peut-être que 25 % des entreprises peuvent avoir des projets de développement au Québec, donc en mesure d'investir, et un 75 % des entreprises qui seraient plus vulnérables, plus fragiles et qu'il faudrait soutenir, en cas de conflit sur le bois d'oeuvre, avec des droits compensatoires. Donc, on travaille sur ces 75 % là.

Sur le 25 %, bien, le MESI a des programmes, politique énergétique fait des programmes sur le... avec des programmes pour Hydro-Québec aussi; ensuite de ça, le Fonds vert va financer un certain nombre, plus nos fonds propres au ministère des Forêts, Faune et Parcs. Nos programmes servent à ceux qui ont des projets. Le 25 %, je le dis sous toute réserve, mais c'est à peu près l'ordre de grandeur. Le 75 % des entreprises dans lequel on retrouve toutes nos municipalités, plusieurs des projets, bien, il faut les soutenir pour empêcher les pertes d'emplois en la matière.

La Modératrice : Ça termine la période de questions. Merci beaucoup.

M. Blanchette : Merci.

(Fin à 9 h 29)

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