(Quatorze heures dix-huit minutes)
Mme Massé : Alors, bonjour, tout
le monde. Je ne sais pas si, comme moi, vous venez d'entendre le ministre M.
Leitão annoncer que, bien, il y en a une marge de manoeuvre, il y en a une marge
de manoeuvre pour trouver un chemin avec Pétrolia. Ça n'a pas de bon sens. Je
ne sais pas pour vous, mais moi, j'ai l'impression qu'on est en train de nager
en plein délire. C'est comme un... On se sort à peine de l'indignation de la
population par rapport à la question de Bombardier. On trouve ça odieux que
notre gouvernement utilise des fonds publics pour permettre à des entreprises
privées, soit dans le cas de Bombardier, de délocaliser des emplois, etc., dans
le cas de Pétrolia, nous faire de la pression, nous prendre en otage pour dire :
Écoutez, si vous brisez le contrat, vous nous devez de l'argent.
Ça fait deux ans que je demande de voir
cette entente. Nous n'avons pas vu cette entente. Nous ne savons pas ce qu'il y
a dans cette entente, alors... et sous prétexte du secret commercial, je veux
bien, mais même Prom nous a, voilà un an et demi, montré des clauses de ce
contrat-là. Comment se fait-il que notre argent public, notre gouvernement qui,
en notre nom, prend des ententes — puis, dans le cas de Bombardier,
on s'entend-u que ce n'était pas rassurant — prend des ententes avec
des entreprises privées, une entreprise privée comme Pétrolia qui est, dans les
faits, une entreprise de papier. Pétrolia, son action actuellement est à
0,16 $. La première fois qu'on a investi dedans, elle était à 0,36 $.
Comprenez-vous? On ne fait que perdre dans cette expérience-là.
Il n'est donc pas question que le gouvernement
du Québec rajoute un seul cent. Pourquoi? On nous dit : Mais il faut
trouver. On embauche, en plus, on embauche deux employés, deux avocats de
l'extérieur, alors qu'on a une fonction publique digne de cette capacité de
regarder des contrats et de voir ce qui est possible. On embauche, à raison de
300 000 $, des avocats de l'extérieur, 300 000 $ chacun,
pour négocier une sortie. C'est une saga. Je vous le dis : On nage en plein
délire, ça n'a pas de bon sens.
Et, pendant ce temps-là, et c'est ça qui
est dur pour nous, les citoyens et citoyennes, c'est que, pendant ce temps-là,
on nous dit : Bien non, on n'a pas de marge de manoeuvre pour permettre,
aux 7 000 personnes âgées qui attendent un lit, une place en CHSLD. On ne
l'a pas, cette marge de manoeuvre là. On ne l'a pas la marge de manoeuvre quand
il s'agit, pour les parents... je pense notamment aux parents qui ont des
enfants en difficulté d'apprentissage soit à cause qu'ils ont un spectre de
l'autisme ou quoi que ce soit, ou on leur dit : Bien non, on n'a pas...
Attendez, là, on ne l'a pas, l'argent, on n'a pas la marge de manoeuvre pour
que vous soyez en mesure de faire évaluer votre enfant pour qu'il ait les
services adaptés à son développement.
Comment se fait-il que nous, le peuple, le
monde ordinaire, quand il s'agit de nos besoins, le gouvernement n'en a pas de
marge de manoeuvre? Mais, quand il s'agit d'une entreprise privée, qu'elle
s'appelle Bombardier ou, dans le cas qui nous occupe, Pétrolia, quand il s'agit
de ces compagnies-là, sans nous montrer les clauses et initialement sans
négocier adéquatement les clauses, ce gouvernement-là nous dit : Écoutez,
on l'a, la marge de manoeuvre.
Ça fait que c'est vraiment choquant puis
insultant pour la population. Et, dans ce sens-là, s'il vous plaît, monsieur...
j'ai entendu moi-même M. Couillard dire à Paris qu'il n'y aurait pas, il y a un
an et demi de ça, qu'il n'y aurait pas de forage à Anticosti. Bien, qu'il
arrête ça maintenant.
M. Bellerose (Patrick) :
Donc, Québec devrait casser le contrat sans compensation pour Pétrolia.
Mme Massé : Moi, je vous le
dis, s'il y a une clause de compensation, qu'on me la montre. O.K.? Mais peu
importe, on a déjà mis 115 millions dans ce projet-là de notre argent
collectif à une entreprise junior, qui existe sur papier, qui voudrait aller
essayer d'emprunter 100 $ à la caisse du coin, à la caisse populaire du
coin, qu'on ne le lui donnerait pas. C'est notre argent qui donne de la crédibilité
à cette entreprise-là. Qu'est-ce que c'est qu'on lui doit? Je pense qu'on ne
lui doit rien.
Ce qu'on doit, c'est arrêter de mettre de
l'argent là-dedans. Pourquoi? Parce que les dégâts que ça va faire vont encore
une fois nous coûter collectivement énormément d'argent. Même les trois puits,
c'est de la fracturation hydraulique. On est dans un milieu naturel fragile, les
sources d'eau doivent être protégées avec une triple protection, puis on ne
ferait pas les gestes nécessaires? Ça ne se peut pas.
M. Bellerose (Patrick) : Ce n'est
pas dangereux pour un État de renier sa signature comme ça puis sans
compensation?
Mme Massé : Écoutez,
montrez-nous… Je veux dire, l'histoire nous a déjà démontré que, lorsqu'il y a
des lois qui viennent protéger des territoires qui sont les nôtres et qui
méritent protection, surtout quand, à la face du monde, tu es en train de
t'exposer comme étant plus vert que le vert, bien, il y a un enjeu.
Mais ce qui serait un précédent, M.
Bellerose, c'est que, si, parce que l'entreprise Pétrolia semble, même s'il n'a
pas investi, là… Pétrolia n'a pas investi dans le projet initial, les claims.
Entre vous et moi, rappelez-vous, là, Hydro-Québec, rappelez-vous l'histoire de
tout ça. Qu'est-ce qu'il a à nous demander à cette étape-ci? Le précédent, ça
serait bien plus si au contraire on pliait à ça dès maintenant puis on disait
oui, oui, comme le gouvernement Leitão est en train de le faire, disait :
Oui, oui, oui, il faut, on a les marges nécessaires pour le faire. Ça, ça
serait un précédent terrible.
Le gouvernement du Québec a le pouvoir sur
son territoire. C'est assez, la primauté des gazières, et des pétrolières, et
des minières sur notre territoire.
M. Bellerose (Patrick) :
Pourquoi ne pas juste aller voir ce qu'il y a, aller voir le potentiel
pétrolier? On est rendus là, là. Il faut juste faire trois petits puits. Cet
été, on pourrait savoir qu'est-ce qui en est.
Mme Massé : M. Bellerose, dans
le cas de la fracturation, il n'y a pas de petit puits. Pour faire la
fracturation, premièrement, il faut amener des équipements, il faut construire
des espaces et juste une foreuse sur la plateforme, c'est déjà du déboisement,
c'est déjà un outillage qui a des impacts.
Deuxièmement, pour forer par fracturation
hydraulique... je répète ce mot-là, parce qu'il y a eu un mouvement citoyen
qui, pendant des mois, se sont battus pour faire reculer le gouvernement
Charest, pour dire : Non, vous n'entrerez pas dans ma cour, parce que la
fracturation hydraulique, ça envoie dans le sol, par complétion, soit des
produits chimiques d'ailleurs que les entreprises ne veulent jamais nous dire c'est
quoi, secret professionnel, ça envoie ça dans le sol, ça infiltre...
Et on connaît que la fracturation,
actuellement, c'est quoi, hein, c'est un forage comme ça et ensuite on creuse
sur les côtés. Alors, Anticosti est une île. C'est une île. Pouvez-vous... et
donc l'eau nécessaire, qui est de l'eau qui ne peut pas être de l'eau saline,
salée, l'eau nécessaire pour faire cet exercice de fracturation va vider les
rivières à saumon les plus... une, assuré, et peut-être une deuxième rivière à
saumon les plus prisées à travers la planète.
Qu'est-ce qu'on est en train de dire? Pour
trois trous, on est en train de dire à l'entreprise gazière et pétrolière :
Vous êtes plus importante que l'entreprise touristique. Ça fait deux ans qu'on
le sait. Puis même, ça n'aurait dû jamais être signé, on s'entend là-dessus.
Mais, à l'heure où on est rendu, on n'a pas le contrat, on ne sait pas s'il y a
des clauses comme celles-là qui, supposément... et je rappelle que Petrolia n'a
pas mis de l'argent là-dedans, c'est son claim, c'est ses claims qu'il a mis.
Et, entre vous et moi, la loi des claims, c'est la loi du far west. Alors,
vivement qu'on en sorte.
Mme Plante (Caroline) : Sur
la maltraitance des aînés, qu'est-ce que vous pensez de l'amendement au sujet
de la dénonciation obligatoire dans les CHSLD? Est-ce que ça va assez loin? Est-ce
que c'est un pas dans la bonne direction? Qu'est-ce que vous en pensez?
Mme Massé : Bien, écoutez, je
pense que c'est une... c'est-à-dire que la dénonciation des personnes
vulnérables, et notamment dans le cas du projet de loi qui est là, la question
des aînés, je pense que, civilement parlant, c'est quelque chose qui... on
devrait avoir cette responsabilité-là dans notre coeur, quand on le voit.
Ceci étant dit, il y a trop d'histoires
d'horreur qui se sont passées. Alors, je pense que chez nous, à Québec
solidaire, on accueille... c'est plus les dossiers d'Amir, là, mais on
accueille d'un bon oeil cette obligation de divulgation. Mais, du même souffle,
nous rappelons bien sûr que la maltraitance, c'est aussi d'avoir accès
seulement à une couche par jour. C'est aussi avoir accès à un repas dans ta
journée... à des repas, pardon, dans ta journée, pour la modique somme de 2 et quelques.
La maltraitance, c'est aussi la réduction du personnel sur le plancher qui fait
en sorte que ce soit les préposés, les infirmières, infirmières en chef, etc.,
qui fait en sorte que ces personnes-là ont des surcharges de travail et donc,
des fois, tournent les coins ronds. C'est ça aussi, la maltraitance, et ça,
nous, on a envie de le dénoncer aussi. Merci.
(Fin à 14 h 28)