(Douze heures quarante-neuf minutes)
M. Legault
: Oui,
bonjour, tout le monde. Bien, d'abord, les choses sérieuses. Je prédis que le
Canadien va gagner en cinq. Je pense que Carey Price nous en doit une avec sa
contre-performance du début de l'année. Shea Weber doit nous faire oublier
P.K., Paccioretty et Radulov doivent continuer ce qu'ils ont fait durant la
saison, puis Galchenyuk doit se réveiller. Donc, je pense que tout est en place
pour une victoire du Canadien en cinq.
Maintenant, je veux vous parler d'un
autre...
M. Laforest (Alain) : Est-ce
que c'est une promesse ou un objectif?
M. Legault
: C'est
un objectif. Oui, c'est ça. Donc, je veux aussi vous parler d'un autre sujet.
Ça va faire, vendredi, jour pour jour, 14 ans que le gouvernement libéral
de Jean Charest a été élu. Rappelez-vous, les plus vieux, qu'en 2003, Jean
Charest, sa principale promesse, c'était de mettre fin à l'attente dans les
urgences, et son joueur vedette pour y arriver, il s'appelait Philippe
Couillard. Donc, aujourd'hui, 14 ans plus tard, on voit que le problème
n'a à peu près pas changé dans les urgences.
Je vous donne les faits : au mois de
mars, donc, 2003, lors de l'élection, le temps d'attente moyen aux urgences
était de 16 h 6 min; aujourd'hui, selon les dernières données,
il est maintenant de 15 h 21 min Donc, il y a eu une réduction
de seulement 45 minutes. Ce n'est pas sérieux. Ce n'est pas sérieux, puis
ce n'est pas digne d'un pays soi-disant développé. D'ailleurs, ce n'est pas
pour rien, l'année dernière, le Commissaire à la santé disait que les urgences
du Québec présentent la pire performance de tous les pays développés. Donc, ce
n'est quand même pas rien. Je comprends que Philippe Couillard préférerait
qu'on ne parle pas de ce sujet-là. C'est rendu que son ministre de la Santé veut
cacher des patients à l'étage pour améliorer les statistiques. Il a été dénoncé
par certains médecins aujourd'hui.
Mais les faits sont têtus. Je veux vous
donner quelques exemples. Hier matin, taux d'occupation à l'Hôpital
Saint-Eustache, 150 %; à l'Hôpital Pierre-Le Gardeur, à Terrebonne,
159 %; à l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, à Montréal, 159 %; Gatineau,
161 %; Baie-Comeau, 170 %; Sainte-Croix, de Drummondville,
184 %; puis le pire du pire, on m'en parlait à Vaudreuil la semaine
dernière, l'Hôpital du Suroît, à Valleyfield, 268 %, et on ne prévoit pas
l'ouverture du nouvel hôpital de Vaudreuil avant cinq ans. Donc, si Philippe
Couillard veut qu'on le prenne au sérieux quand il nous parle de santé, il va
falloir d'abord qu'il reconnaisse son échec, qu'il reconnaisse l'échec des
libéraux depuis 14 ans.
Et les solutions sont connues. Ça prend du
courage, mais elles sont connues. Actuellement, dans les urgences du Québec,
40 % des patients auraient dû être vus dans une clinique par un médecin de
famille. Or, actuellement, le gouvernement libéral a cédé au lobby de la FMOQ,
qui préfère qu'on ouvre quelques supercliniques ouvertes sept jours sur sept
plutôt que d'exiger que tous les GMF, tous les groupes de médecine de famille
soient ouverts sept jours sur sept. Moi, je peux vous dire, Philippe Couillard
y faisait référence ce matin, quand j'ai été ministre de la Santé pendant un
an — pas cinq ans comme Philippe Couillard, mais un
an — c'est moi qui ai ouvert les premiers GMF. À l'époque, les GMF
devaient être ouverts sept jours sur sept, ce qui n'est plus le cas
aujourd'hui. J'avais refusé le lobby de la FMOQ, qui préférait que ce soit
juste certaines supercliniques qui soient ouvertes sept jours sur sept.
Il faut comprendre, là, ce qui se passe,
là. On est en train de demander à quelques jeunes médecins d'aller dans des
supercliniques faire le travail sept jours sur sept plutôt que de partager le
fardeau entre tous les médecins de famille. Donc, manque de courage. Gaétan
Barrette était pourtant d'accord avec la CAQ en 2012 lorsqu'il s'est présenté
avec la CAQ et il a changé d'idée. Est-ce que c'est lui? Est-ce que c'est
Philippe Couillard? Qui a cédé au chantage de la FMOQ? Bien, écoutez, les
résultats sont parlants. On n'ose pas appliquer les solutions puis on a toujours
des urgences qui sont engorgées.
La Modératrice
: On va
commencer les questions. Patrick Bellerose, Le Journal de Québec.
M. Bellerose (Patrick) :
Bonjour, M. Legault. M. Barrette a quand même mis 100 millions
de dollars. Il a envoyé un message aux directeurs d'hôpitaux pour leur dire :
Réglez le problème. Qu'est-ce que vous attendez de plus de M. Barrette?
M. Legault
: Bien,
écoutez, d'abord, aussi paradoxal que ça puisse paraître, ce n'est pas en
mettant de l'argent dans les urgences qu'on va régler le problème des urgences.
Il faut être capables d'éviter que 40 % des patients se retrouvent à
l'urgence de façon inutile. Ces personnes-là doivent voir, dans une clinique
privée ou publique, un médecin de famille. Puis actuellement, bien, ces
médecins de famille là ne sont pas disponibles. Comme, si je prends l'exemple
dans ma région, dans Lanaudière, bien, il n'y en a pas, de GMF ouvert sept jours
sur sept. Il y a une superclinique qui s'appelle la polyclinique, qui est juste
à côté du Centre hospitalier Pierre-Le Gardeur, puis eux autres se
plaignent, ils disent : Moi, je n'arrive plus à trouver tous les médecins
pour couvrir sept jours sur sept. Parce que, quand les médecins vont travailler
dans une superclinique, ils sont obligés de travailler sept jours sur sept,
alors que, s'ils restent dans un GMF, ils travaillent cinq jours par semaine. Écoutez,
faites un petit calcul, là, il y a 8 500 médecins de famille pour
8,5 millions d'habitants; ça donne 1 000 patients par médecin.
Donc, il ne manque pas de médecins, mais il faut que tous les médecins fassent
leur part, pas seulement les jeunes. Mais évidemment la FMOQ est très
persistante. Ils se sont essayés avec moi. Ils voulaient aussi que j'ouvre des
supercliniques. J'ai toujours refusé parce qu'en ouvrant des supercliniques on
déresponsabilise l'ensemble des médecins puis on met le fardeau sur quelques
supercliniques.
M. Bellerose (Patrick) :
Dans un autre dossier, Québec solidaire a proposé une motion aujourd'hui sur…
en fait, ils veulent retirer le financement public des écoles privées. Je
comprends que ce n'est pas votre position. Pourquoi vous souhaitez maintenir le
financement public dans les écoles privées?
M. Legault
: Parce
que les gens ont le droit d'avoir le choix. Ça, c'est la première chose. Je
pense aussi qu'il y a des beaux modèles qui permettent des bons résultats. Bon,
est-ce qu'il faut adapter le système, par exemple obliger les écoles privées à
accueillir ce qu'on appelle des EHDAA, des enfants qui ont des difficultés
d'apprentissage? C'est possible, et je pense que c'est quelque chose qu'il faut
regarder.
L'autre chose aussi, c'est que moi,
j'avais fait l'étude, comme ministre de l'Éducation, et on ne sauve aucun coût
en abolissant le système privé. Au contraire, actuellement les parents
financent 40 % des écoles privées. Si demain matin tout était public,
bien, on perdrait ce 40 % là, donc on aurait moins de ressources pour l'ensemble
des écoles publiques. Donc, on n'a rien réglé, et c'est une fausse solution.
M. Bellerose (Patrick) :
Juste sur votre prédiction pour ce soir, vous dites Canadien en cinq. M. Couillard
dit Canadien en six. Êtes-vous plus optimiste ou vous connaissez mieux
votre hockey que M. Couillard?
M. Legault
: Je
pense que je connais mieux mon hockey que M. Couillard, hein, parce que,
rappelez-vous, M. Couillard, quand on lui avait demandé le nom des joueurs
québécois pour le Canadien, il avait dit Carey Price, puis je pense qu'il
avait dit P.K. Subban aussi, là. Je pense que ce n'est pas nécessairement sa
tasse de thé, hein?
M. Bellerose (Patrick) :
Merci.
La Modératrice
: Merci.
Nicolas Vigneault, Radio-Canada.
M. Vigneault (Nicolas) :
Alors, coach Legault, on va parler de marijuana, si vous voulez bien. Votre
position là-dessus? Il semble y avoir vraiment plusieurs positions qui
divergent, là, des gens qui disent : Non, on ne devrait pas légaliser tout
ça. Votre position à vous, quelle est-elle? Est-ce qu'on doit légaliser la
marijuana? Êtes-vous favorable à ça? On sait que ça va arriver, mais êtes-vous
favorable à ça?
M. Legault
: O.K.,
bon, d'abord, je veux voir le projet de loi, je veux en discuter avec les gens
du caucus de la CAQ avant de prendre une position. Par contre, j'ai déjà dit
qu'a priori j'ai beaucoup d'inquiétudes. Comme parent, comme ancien ministre de
l'Éducation, j'ai vu tellement de jeunes être brûlés par le pot, des
consommations qui se transforment en maladies mentales comme la schizophrénie.
Actuellement, là, c'est un drame, la drogue dans nos écoles, même nos écoles
secondaires.
Et, quand j'entends Philippe Couillard
dire : On n'a pas le choix, il va y avoir une augmentation de la
consommation, bien, moi, je veux être sûr qu'on fasse tout pour ne pas qu'il y
ait d'augmentation de la consommation, là. Il ne faut pas que ce soit banalisé
puis qu'il y ait des jeunes qui, parce que c'est plus facile, décident de
consommer, là. Donc, c'est un problème grave de notre société, je ne voudrais
pas que ce soit encore pire.
M. Vigneault (Nicolas) :
Est-ce que, justement, le Québec devrait exiger certaines compensations? Déjà
là, on sait que ça risque d'avoir un impact sur la sécurité publique et la
santé publique.
M. Legault
: Bien,
on n'est pas rendus là, là, mais effectivement, il faut regarder qu'est-ce
qu'on fait pour s'assurer qu'il n'y ait pas d'augmentation de la consommation,
pour s'assurer que, si jamais on n'a pas le choix, effectivement, on soit
capables de donner les services en santé, en sécurité, dans tous les domaines.
Mais je vous le dis, là, il faut tout faire pour ne pas qu'il y ait
d'augmentation de la consommation.
La Modératrice
: Oui,
Martin Croteau, LaPresse.
M. Croteau (Martin) :
Bonjour, M. Legault. Je prends la balle au bond si vous permettez. Quelles
mesures concrètes attendez-vous du gouvernement Couillard en prévision de la
légalisation de la marijuana?
M. Legault
: Bien,
écoutez, il est trop tôt pour entrer dans le détail, là. Je veux voir le projet
de loi, je veux voir ce que Philippe Couillard puis le gouvernement vont
proposer, mais il ne faut exclure aucune mesure pour s'assurer qu'on limite la
consommation.
M. Croteau (Martin) : Je
vous pose la question un peu directement. Est-ce que vous êtes pour ou contre
la légalisation?
M. Legault
: Écoutez,
il est trop tôt, là, pour dire, là. Il y a la légalisation, il y a aussi la
décriminalisation. Donc, je veux voir ce qui est proposé avant de donner plus
de commentaires. Mais ce que je vous dis, c'est qu'a priori j'ai beaucoup
d'inquiétudes.
La Modératrice
: Merci.
Alain Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) :
Une commission parlementaire comme le propose… Est-ce que ça prend ça? Le premier
ministre, ce matin, on ne savait pas trop, le ministre de la Santé, on ne
savait pas trop, ils semblent dire oui. Mais, pour vous, est-ce que c'est un
incontournable?
M. Legault
: Bien
oui. Il faut au moins avoir une commission parlementaire. Il faut écouter tous
les groupes. Il faut écouter tous les experts. Il faut avoir l'occasion de
poser toutes les questions, incluant l'opposition. Donc, oui, c'est le minimum
du minimum d'avoir une commission parlementaire.
M. Laforest (Alain) : Il
semble y avoir beaucoup de résistance à l'intérieur de votre caucus. Il y a
plusieurs députés qui sont contre le fait qu'on légalise la marijuana.
Évidemment, ça sera un fait le 1er juillet 2018, juste avant la campagne
électorale provinciale, là. Est-ce qu'il y a un moyen pour le Québec de faire
bande à part et de dire non alors que le gouvernement fédéral dit oui?
M. Legault
: Bien,
écoutez, j'entendais le premier ministre en Chambre ce matin dire que lui, il
trouvait que le 1er juillet 2018, c'était trop rapide. Je pense... encore
là, attendons de voir le projet de loi avant d'aller plus dans le détail.
La Modératrice
: On va
passer aux questions en anglais. Maya Johnson, CTV.
Mme Johnson (Maya) : Bonjour, Mr. Legault. You've expressed many concerns about the
legalization of marijuana and the impact on young people. Your fear is that «la
consommation»… people would be smoking more?
M. Legault
: Right. I worry a lot about legalization of marijuana. I think that,
already, we have many problems in our schools with
young people smoking pot or whatever. And I think we have to make sure that we
put in place enough measures in order not to have more consumption. I was a bit
sad to hear Mr. Couillard, this morning or yesterday, saying that he expects an
increase in consumption. We have to do everything to make sure that we don't
increase the consumption. We already have enough problems with young people.
Mme Johnson (Maya) : And what is the best ways to deal with this, from the Québec
perspective, to develop a framework for regulating it? Is it a parliamentary
commission?
M. Legault
:
Yes, I think we need a commission, we need to listen to all experts, to all
proposals, take time. For me, it's pretty fast to talk about July 1st,
2018. But we'll see the bill when it will be tabled. So, I haven't read it yet.
Merci.
(Fin à 13 h 3)