(Huit heures une minute)
M. Lisée
: Écoutez, ce
matin, on a des traces de l'incompétence économique du gouvernement Couillard
pour défendre les entreprises québécoises, défendre les emplois québécois et
défendre correctement les dossiers. Bien, d'abord, hier, Alain Therrien et Nicolas
Marceau sont revenus à la charge avec l'évidence que les dirigeants de
Bombardier touchent des bonis pour 2016, contrairement à ce que Mme Anglade
dit. Et finalement, en fin de journée, grâce à votre travail de journaliste,
bien, il y a un conseiller de Mme Anglade, qui a admis que, oui, les dirigeants
de Bombardier vont recevoir une hausse de leur rémunération dès 2016, contrairement
à ce que la ministre a dit en Chambre et contrairement à ce qu'elle a dit
dimanche soir à Tout le monde en parle.
Alors donc, c'est une admission,
là, devant plus d'un million de Québécois dimanche soir, la ministre
responsable de l'Économie a désinformé les Québécois. Elle leur a dit qu'il n'y
aura pas de boni versé tant et aussi longtemps que les Québécois ne feront pas
de profit par rapport à l'investissement qui a été fait dans la série C. C'est
faux. Nous demandons à Mme Anglade d'avoir la décence de se présenter devant
vos caméras et d'admettre qu'elle a désinformé plus d'un million de Québécois
dimanche soir dernier. Il y a un moment où la vérité a ses droits, et, dans un
débat, elle a le droit, Mme Anglade, d'être favorable à l'augmentation de la
rémunération des gens de Bombardier, mais elle n'a pas le droit de tromper les
Québécois quand c'est sa responsabilité.
Deuxième responsabilité, bien, c'est RONA.
M. Daoust, M. Couillard, Mme Anglade ont défendu la transaction, la vente de ce
fleuron québécois, de ce siège social stratégique en disant qu'il n'y aurait
pas d'impact négatif sur les fournisseurs. Bien, ce matin, l'association des
détaillants en quincaillerie a rendu public un sondage montrant que, pour la
moitié des fournisseurs de RONA, il y a une baisse de ventes à RONA-Lowe's. La
moitié a un impact négatif, et ils se plaignent que c'est très difficile
maintenant d'entrer dans le réseau de RONA, que les dirigeants américains ne
répondent pas puis que les dirigeants canadiens semblent avoir très peu de
pouvoir dans la décision parce qu'ils sont liés à leurs fournisseurs
américains.
Donc, la décision du gouvernement libéral
de laisser partir RONA affaiblit l'économie québécoise dans toutes les régions
du Québec. La prétention de Mme Anglade puis de M. Couillard que ça allait bien
aller, qu'ils avaient des programmes de soutien, qu'il y aurait une bonne
transition, c'est aussi de la désinformation.
Et troisièmement, bien, il y a un autre siège
social qui risque de partir, c'est la chaîne Uniprix qui discute d'une demande
d'achat de McKesson, géant américain dont la réputation n'est pas sans tache.
Et le président et chef de la direction d'Uniprix, Philippe Duval, qui est un
ancien président de la SAQ, a très bonne réputation. Il dit : La réforme
de la santé de M. Barrette a accéléré notre réflexion et nous nous sommes
demandé quelle était la meilleure option, dans le contexte réglementaire
actuel, pour assurer la croissance de l'enseigne. Bien, il dit : Oui, les
réformes Barrette nous ont poussés à accepter une offre d'achat d'une grande
compagnie américaine parce que nos marges de profits ont été trop réduites par
le gouvernement Couillard.
Alors, ici, là, trois dossiers importants,
dossiers structurants pour le Québec où le gouvernement Couillard a mal géré,
mal informé et produit des effets négatifs pour l'emploi et l'économie.
Le Modérateur
: Merci,
M. Lisée. On va y aller au micro de gauche, M. Boivin, Cogeco. Merci d'avoir
une question, une sous-question, messieurs, dames.
M. Boivin (Mathieu) : On
prend pour acquis qu'on pourra vous reparler de marijuana cet après-midi après
le dépôt du projet de loi fédéral. Projet de loi qui est attendu ce matin aussi
sur les chiens dangereux, il y a un certain nombre de détails qui ont filtré
jusqu'à maintenant. Est-ce que ça vous semble un bon équilibre, un bon
compromis?
M. Lisée
: On va en
prendre connaissance, d'abord, et on vous reviendra dans la journée. C'est sûr
qu'il faut un point d'équilibre, mais le statu quo est intenable. Alors, est-ce
que le projet de loi protège suffisamment les citoyens québécois, les gens qui
marchent dans la rue, etc.? Pour l'instant, on va attendre de lire le projet.
M. Boivin (Mathieu) :
Réaction préliminaire à ce qui est apparu ce matin dans les nouvelles, un
affaissement de l'autoroute 25 relativement important. Les images sont
saisissantes. Est-ce que ça vous inspire des commentaires?
M. Lisée
: Écoutez,
encore là, on va attendre de voir quelles sont les causes de cet affaissement.
Est-ce qu'il y avait des signes avant-coureurs? Est-ce que les inspecteurs du
MTQ avaient, comme ils doivent le faire régulièrement, vus s'il y avait des
raisons de penser que ça demandait une réfection supplémentaire? Il est trop
tôt, là, pour poser un jugement.
Le Modérateur
: Merci.
M. Laforest.
M. Laforest (Alain) : Je vais
y aller tout de suite sur la marijuana, si vous me le permettez, M. Lisée. Le
Conseil du patronat, hier, Yves-Thomas Dorval qui, dans le passé, a été porte-parole
pour l'industrie du tabac, alors qu'il y a eu énormément de poursuites qui se
sont abattues sur l'industrie, a clairement dit hier que le gouvernement, les gouvernements,
ne devaient pas faire la production, la vente, la distribution des produits de
marijuana, compte tenu des risques de poursuites qui'il pourrait y avoir dans
30, 40 ans. Qu'est-ce que ça vous inspire, ça?
M. Lisée
: Bien, l'argument
est légitime, mais aussi, il vient de quelqu'un qui veut que le privé s'occupe
de la majorité des choses dans la société. Alors, il faut prendre l'argument au
mérite puis il faut voir aussi qui propose que le gouvernement ne soit pas
présent là-dedans.
Cela dit, c'est exactement le genre de discussion
qu'une commission parlementaire ouverte devrait avoir, hein? Le Conseil du
patronat devrait venir, la Santé publique devrait venir, la Sécurité publique
devrait venir, les agriculteurs devraient venir et nous dire, chacun, leur
position et que les parlementaires, ainsi éclairés par les experts, les
acteurs, recommandent au gouvernement une voie à suivre. Et le premier ministre
hier a dit clairement : Non, nous ne voulons pas ouvrir la discussion sur
la mise en oeuvre, de façon large, et ensuite agir. Il dit : Non, non, le
gouvernement va prendre sa décision, va déposer un projet de loi, puis ensuite
on discutera de l'orientation du gouvernement.
Je trouve que c'est une façon de réduire
le débat. C'est une façon de nous mettre dans un entonnoir, et d'autant, comme
je l'ai dit hier, comme on ne peut même pas avoir un vote ici sur le principe
de la légalisation, est-ce qu'on peut au moins avoir une discussion ouverte sur
sa mise en oeuvre, qui nous préoccupe énormément, et entendre ces différentes
idées là?
M. Laforest (Alain) : Donc,
vous avez clairement senti hier que le premier ministre fermait la porte à une consultation
avant le dépôt du projet de loi.
M. Lisée
: Exact. C'est
très clair, il a dit : Il y aura des projets de loi, il y aura des
consultations. Alors, je dis : Non, non, il ne me comprend pas, là. Je
voudrais que ça soit une consultation ouverte. De toute façon, dans une commission
parlementaire, les libéraux sont majoritaires.
Alors, quel est le risque, hein? Moi, je
sais qu'il y a des... je suppose qu'il y a des conseillers du premier ministre
qui disent : Vous savez, un de vos problèmes dans l'opinion publique,
c'est que les gens vous trouvent fermé, arrogant, vous savez toujours tout, vous
jugez tout le monde. Ça serait peut-être une bonne idée, une fois de temps en
temps, d'accepter une suggestion, d'être ouvert et à l'écoute plutôt que
d'avoir la vérité infuse. Et ça, c'était une bonne occasion. Ça ne coûtait
rien, ça aurait été de l'ouverture, puis de toute façon, à la fin, le gouvernement
va écrire le projet de loi.
Alors, pourquoi est-ce que le premier
ministre refuse toujours, lorsque l'opposition tend la main, offre quelque
chose d'ouvert, de bipartisan, de transpartisan? Hier, il a manqué une très
belle occasion d'être à la hauteur de son poste de premier ministre.
Le Modérateur
: Merci.
M. Vigneault, Radio-Canada.
M. Laforest (Alain) : ...un
peu ce qu'on vous reprochait, M. Lisée, un peu au début?
Le Modérateur
: On va y
aller avec M. Vigneault après.
M. Lisée
: Seulement au
début.
Le Modérateur
: M.
Vigneault, Radio-Canada.
M. Vigneault (Nicolas) :
Comptez-vous revenir à la charge avec demande-là et de quelle façon? Bien là,
évidemment, le gouvernement est complètement fermé.
M. Lisée
: Bien, il est
fermé. Le gouvernement est fermé. Écoutez, la même chose, là, sur RONA, on lui
avait dit de ne pas faire ça, il l'a fait, c'est une mauvaise idée. Sur
Bombardier, on lui a dit de demander le retrait des augmentations, il ne l'a pas
fait, là, il est pris dans un problème de désinformation.
La meilleure solution, c'est qu'il ne
forme plus le gouvernement le 1er octobre 2018. Entre-temps, on essaie de
limiter les dégâts, mais notre pouvoir est limité.
M. Vigneault (Nicolas) :
Est-ce que c'est une bonne chose de mettre sur pied un comité interministériel,
avec l'Ontario notamment, sur ces questions-là?
M. Lisée
: Oui, bien
sûr que c'est une bonne chose. Je veux dire, là-dessus, comme dans la
contrebande du tabac, dans tout ce qui a un impact sur les mouvements
frontaliers, bien sûr que c'est une bonne chose.
Le Modérateur
: Merci.
M. Lecavalier, micro de droite.
M. Lecavalier (Charles) :
Bonjour, M. Lisée. Sur Uniprix, si je comprends bien, vous souhaitez que
l'État, par les salaires qu'il verse aux pharmaciens ou par le prix des
médicaments, qu'il augmente les marges bénéficiaires d'Uniprix pour qu'il reste
au Québec?
M. Lisée
: Maintenant,
il y a une entente qui a été conclue hier, après trois ans d'acharnement de
Gaétan Barrette sur les pharmaciens, qu'il y a eu des impacts sur les heures
d'ouverture, la fermeture de certaines pharmacies, les marges bénéficiaires,
l'absence de prévisibilité dans tout l'écosystème pharmaceutique, que ce soit
les pharmaciens, les producteurs, les innovateurs, les génériques, crée cette
incertitude, fait en sorte qu'il y a moins d'investissements et moins de marge
dans tout l'écosystème.
M. Barrette a un impact négatif sur la
croissance de tout le secteur pharmaceutique. Et là, même s'il y a eu une
entente hier soir qui a été conclue, c'est clair que, pour Uniprix, il disait :
Bien, si on ne vend pas, on aura moins de croissance, ça fait qu'on cherche un
acheteur. Je pense que c'est trop tard.
M. Lecavalier (Charles) :
Qu'est-ce que vous pensez de ces animateurs de radio de Québec qui vont
s'allier entre eux pour s'opposer au SRB?
M. Lisée
: Moi, je suis
pour la liberté d'expression.
M. Lecavalier (Charles) :
Est-ce que vous trouvez que c'est original? Ça semble être, à première vue, du
jamais-vu.
M. Lisée
: Écoutez,
moi, je n'ai pas de conseil ou d'avis à donner à des gens qui exercent leur
liberté d'expression, seul ou en groupe.
Le Modérateur
: Merci.
M. Boivin, micro de gauche.
M. Boivin (Simon) : Bonjour,
M. Lisée. Aujourd'hui, c'est la dernière journée où on vous voit avant la fête
de Pâques.
M. Lisée
: Oui. Vous
avez l'air inquiet.
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Boivin (Simon) : Pendant
la course à la chefferie, vous aviez reproché à Alexandre Cloutier d'avoir
souligné une fête musulmane. Vous avez dit vous-même qu'un politicien québécois,
à votre avis, ne devait souligner que deux fêtes, les fêtes catholiques, Pâques
et Noël. À la fin de la course, vous avez aussi dit que vous alliez recentrer
votre discours maintenant que vous étiez chef du Parti québécois.
Je me demandais si, sur cet enjeu-là, vous
avez évolué dans votre pensée ou si, selon vous, un politicien québécois ne devrait
souligner toujours que Pâques et Noël?
M. Lisée
: Non. Je
pense que vous avez mal lu. Ce que j'ai dit à l'époque, c'est que je n'avais
aucune difficulté à ce qu'un politicien souligne des fêtes religieuses, mais,
s'il le faisait, qu'est-ce qu'il faisait avec les athés? C'était la question
que je posais et que moi, mon choix à moi, sans condamner les choix des autres,
mon choix à moi, c'était de souligner, pour ce qui est de la diversité en
général, plutôt des fêtes non religieuses. Je veux parler à la diversité non à
travers leurs religions mais à travers leurs cultures, et donc, si vous avez
suivi mon fil Twitter depuis que je suis chef, le Nouvel An chinois, le Nouvel
An vietnamien, les fêtes nationales, les événements culturels, donc les événements
qui rassemblent autour d'éléments qui ne sont pas divisifs comme la religion.
Je pense que la religion divise, la
culture unit, et donc la diversité québécoise n'est pas définie par sa
religion, elle est définie par beaucoup plus que ça; une des choses qu'on
reproche au cours Éthique et culture religieuse, qui définit la diversité
seulement à travers leurs religions, alors que, comme pour les francophones
d'origine catholique, la majorité des membres de la diversité ne sont pas
pratiquants, y compris les musulmans. L'immense majorité des musulmans au Québec
ne sont pas pratiquants.
Alors donc, ce qui est dans notre
calendrier civil, qui vient du calendrier romain, c'est-à-dire Noël et Pâques,
je le souligne bien sûr, mais je souligne aussi les autres événements marquants
de la vie civile du calendrier civil des autres communautés, comme ces
nouvelles années.
M. Boivin (Simon) : Donc, c'est
parce que ce sont des fêtes du calendrier civil, non pas des fêtes religieuses,
que vous le faites. C'est ce que vous dites.
M. Lisée
: Exact. Et
comme vous le savez parce que vous avez une grande culture, la chrétienté a
récupéré, avec Noël et Pâques, des fêtes païennes qui lui préexistaient.
M. Laforest (Alain) : Comme
la fête du Canada…
Le Modérateur
:
D'autres en français? Sinon, on va y aller en anglais, s'il y a des questions.
M. Lisée
: Et j'avais
souhaité bonne fête du Canada l'an dernier, en français et en anglais, et je le
referai cette année.
Le Modérateur
: Merci.
Mme Johnson.
Mme Johnson (Maya) : Good morning, Mr. Lisée. I know that you will give more commentary
once the legislation on dangerous dogs is tabled, but for the time being, what
can you say about what kind of balance you hope will be achieved with this
bill?
M. Lisée
: Well, our first concern is for the security of just people on the
street that should not be fearful of being attacked by a dog. And that's the
key. The whole thing should focus on that : how to protect the tranquility
of people walking in the street, in parks, in neighborhoods.
How this is achieved? By
softening the blow on owners of dogs, that's what we'll see in the bill.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup.
M. Lisée
: Je vous
remercie.
(Fin à 8 h 15)