(Onze heures)
La Modératrice
: Alors,
bonjour à toutes et à tous. Mme Virginie Larivière, porte-parole du Collectif
pour un Québec sans pauvreté; M. Serge Petitclerc, également porte-parole du
Collectif pour un Québec sans pauvreté, vont faire une déclaration. Ensuite, M.
Harold LeBel, porte-parole du Parti québécois, en matière d'emploi, de
solidarité sociale et de lutte contre la pauvreté, va faire une déclaration.
Mme Larivière, la parole est à vous.
Mme Larivière (Virginie) :
Merci. Bonjour. Alors, on est ici ce matin, à l'ouverture de l'étude des crédits
budgétaires, pour rappeler que malgré ce que le gouvernement en dit, la
pauvreté, la lutte à la pauvreté demeure dans son angle mort.
Voilà deux ans maintenant qu'on attend le
dépôt du prochain plan de lutte gouvernemental en matière de pauvreté et
d'exclusion sociale. On avait annoncé son dépôt en mars dernier, mais le ministre
Blais a annoncé récemment qu'il en reportait encore le dépôt à l'automne.
Alors, non seulement on ne cesse de reporter le dépôt de ce plan, mais le
gouvernement a refusé de tenir une commission parlementaire itinérante avec
consultations générales, comme si la pauvreté n'était pas un drame au Québec,
comme si la pauvreté n'était pas un sujet digne de débat.
Pour répondre au manque flagrant du manque
de volonté politique du gouvernement en matière de lutte à la pauvreté, le
collectif a amorcé, à l'automne dernier, une tournée des régions du Québec pour
jaser de lutte à la pauvreté. On est allés en Abitibi, en Jamésie, à Montréal,
au Saguenay—Lac-Saint-Jean, sur la Côte-Nord, au Centre-du-Québec, à Laval,
dans le Bas-du-Fleuve, en Chaudière-Appalaches et en Estrie et on ira
prochainement en Gaspésie, en Mauricie et dans Lanaudière. Et de Sept-Îles à
Lebel-sur-Quévillon, en passant par Montréal, les gens ont des choses à dire et
des questions à poser sur la lutte à la pauvreté. Partout, les gens sont
indignés de voir que le gouvernement refuse de mettre la volonté politique
nécessaire à l'élimination de la pauvreté et de l'exclusion sociale.
Dans toutes les régions que le collectif a
visitées jusqu'à maintenant, l'indignation est palpable et les questions
nombreuses. Par exemple, pourquoi le gouvernement refuse d'augmenter le salaire
minimum à 15 $ de l'heure, une mesure qui concerne près d'un million
de personnes, soit le quart des travailleurs et des travailleuses du Québec? Ou
encore, pourquoi le gouvernement refuse-t-il de faire une campagne sociétale de
lutte contre les préjugés? Est-ce que ce serait parce que ces préjugés le
servent si bien quand vient le temps d'adopter les projets de loi qui
condamnent plus de personnes à la pauvreté? Des propos et des questions,
malheureusement, que le gouvernement refuse d'entendre. Merci.
La Modératrice
: Merci.
M. Petitclerc.
M. Petitclerc (Serge) : Alors,
merci, Virginie. Écoutez, en plus du prochain plan de lutte contre la pauvreté,
le ministre Blais, qui est responsable de deux autres grands dossiers,
c'est-à-dire le revenu minimum garanti et le programme Objectif emploi, du côté
du revenu minimum garanti, c'est silence radio.
Écoutez, on s'en va théoriquement vers une
remise en question assez radicale de nos politiques de sécurité du revenu, et
il n'y a rien qui transpire de ce comité d'experts sur le revenu minimum
garanti, un comité qui étudie le soutien du revenu sans avoir le mandat plus
général de faire tendre le Québec vers une société sans pauvreté et avec moins
d'inégalités. Le comité travaille plutôt à faire tendre le Québec vers plus
d'efficacité, moins de dépenses et plus de visibilité pour le gouvernement du
Québec. C'est ce qui est inscrit d'ailleurs, dans le mandat du comité et les
principes qu'il doit mettre de l'avant, et ça, ça pose problème.
Du côté du programme Objectif emploi, on
est aussi en position d'attente. Mais ici, la position gouvernementale est
assez claire et la nôtre aussi. Vous la connaissez, on s'oppose à toute forme
d'obligation de participation aux mesures d'aide à l'emploi et aux sanctions
financières qui seraient associées à cette obligation. Dans le cadre de la semaine
nationale de la dignité des personnes assistées sociales et avec le Front
commun des personnes assistées sociales, nous allons nous mobiliser à Montréal
le 10 mai sur cette question-là pour démontrer notre opposition.
Mais, pour aujourd'hui, ce qu'on considère
encore de plus dangereux avec le programme Objectif emploi, c'est qu'à la toute
fin de la commission parlementaire qui s'est déroulée l'an dernier, le ministre
a terminé en disant que le programme Objectif emploi pourrait servir de modèle
pour le futur revenu minimum garanti. Qu'est-ce qu'il voulait dire par là? Est-ce
que c'est un malheureux hasard que le projet de règlement sur Objectif emploi
ne soit pas encore sorti? Est-ce que le revenu minimum garanti, ça va être un
programme Objectif emploi bonifié ou une réforme encore plus en profondeur de l'aide
sociale? Est-ce que l'étude des crédits aujourd'hui va nous en dire plus?
En fait, c'est à se demander si le ministre
Blais, il n'est pas en train d'attendre pour tout attacher ensemble lors du
dépôt du prochain plan d'action gouvernemental. Si c'est le cas, bien, qu'il le
dise et, cet après-midi il va avoir une tribune pour le dire. Et, si ce n'est
pas le cas, qu'est-ce qu'il attend? Pourquoi il ne le sort pas, son règlement? Est-ce
qu'il attend l'été? Une des questions qu'on pourrait se poser : Est-ce
qu'il attend cet été pour noyer le poisson, en sachant fort bien que cet été,
pendant la période estivale, les groupes qui défendent les droits des personnes
assistées sociales ont beaucoup plus de difficulté à se mobiliser? Peut-être
aussi qu'on pourrait espérer que le gouvernement a tellement honte de sa
réforme qu'il va la remettre aux calendes grecques. Merci beaucoup.
La Modératrice
: Merci.
M. Harold LeBel.
M. LeBel : Merci. On pourrait
dire qu'il attendait peut-être une coupe Stanley à Montréal pour passer sa
nouvelle, mais, malheureusement, ça ne sera pas le cas, il n'y aura pas de
veille médiatique. Ça fait qu'il pourra...
Moi, c'est les crédits cet après-midi et
c'est sûr que je vais poser des questions concernant le plan de lutte,
concernant le règlement. C'est certain que je vais questionner le ministre là-dessus.
Au dernier budget, ça a passé un peu inaperçu, mais rien, zéro, pas une cent
pour la lutte à la pauvreté au dernier budget. Il y avait une page où on a
essayé de trouver une occasion de faire applaudir le ministre, là, en disant
qu'on allait avoir un plan d'action à l'automne puis que l'objectif était de
sortir de la pauvreté 100 000 personnes au Québec, et là tout le monde a
applaudi. Mais 100 000 personnes au Québec, les experts nous disent que le
100 000 en question, avec la méthode de calcul du gouvernement, ça
correspond à peu près à un huitième des personnes qui vivent la pauvreté au
Québec. Gros objectif. Ensuite, on nous pousse à l'automne un plan d'action qui
est déjà attendu depuis longtemps. Les consultations ont été faites, sur ce
plan d'action là, depuis déjà un an et demi, quasiment deux ans. Ça fait que ça
n'a pas de sens.
Sur le financement des groupes
communautaires, dans le programme de financement des groupes communautaires,
qui est sous la responsabilité du ministre, c'est le SACAIS, pas une
cent qui a été ajoutée au financement des groupes communautaires, parce qu'on
parle de groupes communautaires qui défendent les droits des personnes qui
vivent la pauvreté et, selon le ministre, ces groupes communautaires là, ils ne
servent qu'à mettre de l'huile sur le feu, selon ses paroles, et, bref, pas une
cent de plus aux groupes communautaires qui défendent les droits des personnes
qui vivent la pauvreté et qui sont en situation de vulnérabilité. On a annoncé
quelques montants d'argent sur cinq ans pour des fonds de soutien aux
initiatives sociales, mais, encore, c'était la méthode sur cinq ans, où les
gros montants sont dans la cinquième année, où, la première année, on a des
plus petits montants et, encore là, on ne sait pas trop la manière que ça va
fonctionner.
Bref, c'est un gouvernement qui n'a aucune
vision par rapport à la pauvreté, qui vient de nous passer dans la gorge le
projet de loi n° 70. On attend les règlements. Et, comme on a vu pendant
toute l'étude des crédits... toute l'étude en commission parlementaire sur ce
projet de loi, c'est un projet de loi qui est basé beaucoup sur beaucoup de
préjugés, qui met la pression sur les gens qui vivent la pauvreté, et, en
contrepartie, l'État n'est pas présent, les services qui sont donnés aux
personnes qui vivent la pauvreté, pour les réintégrer à l'emploi, ne sont pas
présents. Il y aura des questions intéressantes à poser cet après-midi au
ministre Blais.
Ça fait que, bref, c'était un peu
l'objectif de la rencontre ce matin pour dire qu'on est, tout le monde
ensemble, d'une façon non partisane, mais il faut qu'on puisse prendre la
parole plus fort encore pour dénoncer les situations de pauvreté au Québec.
La Modératrice
: Merci.
On va maintenant passer à la période de questions. Je vous demanderais de bien
vouloir rester sur le sujet par respect pour M. Petitclerc et Mme Larivière. On
verra peut-être après.
M. Vigneault (Nicolas) :
...M. Petitclerc, Mme Larivière, qu'est-ce que vous constatez actuellement dans
les politiques gouvernementales? Qu'est-ce qui fait le plus mal sur le terrain?
Est-ce que c'est le projet... bien, la loi n° 70, le projet de loi
n° 70 ou l'inaction du gouvernement? J'aimerais vous entendre là-dessus.
M. Petitclerc (Serge) : Bien,
c'est certain que, quand on parle du programme d'aide sociale en général, c'est
un programme, c'est une loi qui fait mal aux personnes et depuis longtemps, parce
qu'il y a des mesures de contrôle. Et ce qu'on voit depuis... ça, ça ne vient
pas de moi, ça vient des groupes qui travaillent avec les personnes, c'est que,
depuis un certain temps, toute cette période-là où est-ce qu'on a mis de
l'avant l'austérité sont comme plus sévères pour aller à la traque, si j'ose
dire, à ce qu'on appelle des fausses déclarations ou des fausses déclarations
de bonne ou de mauvaise foi, peu importe. Il y a comme une espèce d'acharnement
à appliquer ce programme-là.
Et, en même temps qu'on dit qu'il faut
adopter un plan d'action gouvernemental, le gouvernement met à la pièce de
l'avant toutes sortes de choses qui sont en lien avec la lutte à la pauvreté et
le futur plan d'action gouvernemental. Le bel exemple, c'est le projet de loi
n° 70, mais un autre bel exemple, c'est tout le travail qui a été fait
avec les autres ministres des Finances du Canada pour essayer de bonifier le
supplément de revenu... pas le supplément de revenu garanti, mais le régime des
rentes du Québec, où ça a été mis de côté, mais là ça va peut-être revenir.
C'est toutes sortes de belles choses qui
pourraient faire partie d'un plan de lutte global contre la pauvreté. On
pourrait aussi parler du salaire minimum et bien d'autres questions. Mais c'est
sûr que l'aide sociale, qu'on parle des plus pauvres parmi les plus pauvres,
c'est les gens qui sont plus affectés par l'inaction.
M. Vigneault (Nicolas) : M.
LeBel, j'aurais une question sur le financement du Parti québécois. Est-ce que
vous avez accepté de verser le 3 000 $ qui a été demandé?
M. LeBel : On va parler des
gens qui ont besoin de 3 000 $ pour vivre actuellement, mais on...
M. Vigneault (Nicolas) :
Mais, M. LeBel, est-ce que vous l'avez versé, le 3 000 $? Est-ce
que...
M. LeBel : On se reparlera de
tout ça une autre fois. Actuellement, on a des discussions qu'on a dans notre
caucus, qu'on fait. Et, vous savez, je suis là-dedans depuis assez longtemps.
Il y a eu d'autres discussions dans le passé, et c'est toujours mieux que ça
reste à l'interne, ce genre de discussion là.
M. Vigneault (Nicolas) : Mais
est-ce que c'est normal de demander 3 000 $ pour éponger des dons
illégaux?
M. LeBel : On pourrait s'en
parler, mais, je vous dis, moi, je suis autour du Parti québécois depuis une
trentaine d'années, on a vécu des situations où il a fallu se serrer les
coudes. On a toujours fait pour l'avantage des Québécois. On est en train de
travailler. Dans deux ans, il y aura des élections, on se prépare à gagner les
prochaines élections, et on va faire ce qu'il faut pour être prêt à gagner...
M. Vigneault (Nicolas) :
Donc, vous étiez d'accord...
M. LeBel : ...parce qu'il faut
se débarrasser du gouvernement libéral, entre autres pour mieux lutter contre
la pauvreté.
La Modératrice
: Micro
de gauche.
M. Boivin (Mathieu) : M.
LeBel, est-ce qu'il y a un rapport entre le versement de 3 000 $ qui
est demandé aux députés du caucus et le fait qu'il faille rembourser le
Directeur général des élections pour des contributions réputées illégales?
M. LeBel : Je ne suis pas dans
ces discussions fines. Je vous rappelle juste une chose puis je vous le dis,
là, d'une façon... si vous me connaissez... J'ai commencé à militer au Parti
québécois, j'étais à l'exécutif national dans le temps de René Lévesque. J'ai
vécu des crises au Parti québécois, j'ai vécu toutes sortes de... Mais les gens
du Parti québécois, les députés comme les militants, quand il y a des choses à
faire, il y a des décisions à prendre, on les fait, on se serre les coudes. Pourquoi?
Parce qu'on est un parti qui a un objectif, puis l'objectif, c'est de faire du
Québec un pays, mais pas juste ça, c'est de répondre aux besoins des
populations.
Aujourd'hui, c'est ce que je fais avec ces
gens-là, puis je le fais d'une façon non partisane, je le fais... Puis je sais
qu'il faut faire ça, qu'il faut travailler pour prendre le pouvoir dans deux
ans, pas prendre le pouvoir juste pour prendre le pouvoir, pour être prêts à
répondre après presque 15 ans de gouvernement libéral. Si le Parti québécois
vit des difficultés actuellement sur différentes affaires, on va passer à
travers, comme on a passé à travers les autres années parce qu'on a un objectif
en avant de nous autres.
M. Boivin (Mathieu) : Mais
est-ce que c'est effectivement pour payer ce qu'on doit au DGEQ que M. Lisée
demande aux députés de...
M. LeBel : Je ne suis pas dans
ces détails-là. Tout ce que je dis, mon expérience personnelle, c'est que,
quand il arrive des situations du genre au Parti québécois, on prend les bonnes
décisions pour l'intérêt des gens, parce qu'on doit rester unis ensemble, on doit
travailler ensemble. On doit avoir un parti en santé pour être prêts à affronter
les prochaines élections. C'est ce qu'on...
M. Boivin (Mathieu) : Vous
avez longtemps été l'organisateur du Parti québécois. Avez-vous vu, sous votre
gouverne, des méthodes discutables de financement?
M. LeBel : Des méthodes
discutables, non, non. Il n'y a aucun... ça, non jamais. Mais un jour,
peut-être, quand je serai vieux, j'écrirai un livre, et on pourra s'en parler.
Il y a eu Dominique Lebel qui a écrit un livre, il y aura peut-être Harold
LeBel un jour. On ne sait jamais, mais il y aurait plein de choses à dire.
Mais actuellement, je vais vous le dire,
dans nos bureaux de comté, comme députés, on reçoit beaucoup de cas de
pauvreté, beaucoup... puis moi, ça vient me toucher. Ça m'est arrivé de ne pas
laisser partir les personnes comme ça, de sortir un peu d'argent, de payer des
épiceries. Il y a de plus en plus de cas, de pauvreté des aînés, entre autres,
qui ne réussissent pas à payer leur logement. C'est une situation qui est
inacceptable. Mais, quand on parle de pauvreté, on ne réussit pas à percer le
mur médiatique, j'ai l'impression. On dirait qu'il y a beaucoup de préjugés qui
tournent autour de tout ça, puis c'est très difficile.
Moi, j'aimerais ça qu'on en fasse un cas
de société. C'est sociétal, on ne peut pas laisser les gens tomber dans la
trappe de la pauvreté. Et, si le gouvernement nous dit qu'il va arriver à
l'automne avec un plan de lutte, il ne peut pas rire de nous autres. Il faut qu'il
arrive avec un vrai plan de lutte. Il ne peut pas prendre en otages les gens. À
un moment donné, il avait dit : On n'ira pas... Quand on parlait des
sanctions à l'aide sociale sur le projet de loi n° 70, il dit :
Faites-vous-en pas, le monde, on ne rentrera pas chez vous avec des fusils,
avec des armes. Tu sais, tu ne peux pas parler comme ça dans une situation de
même. Et c'est ce qu'on va essayer de passer à travers, là, des travaux parlementaires,
entre autres les crédits cet après-midi.
La Modératrice
: Merci.
Caroline.
Mme Plante (Caroline) : Bonjour,
M. LeBel. Je vous amènerais sur le sujet des locataires aînés. Je ne sais pas
si vous avez vu passer ça, il y a un récent sondage de la CORPIQ qui a montré
qu'un propriétaire d'immeuble locatif sur deux hésiterait à louer à une personne
âgée de 70 ans et plus suite à l'adoption, vous le savez, de la loi n° 492
sur les locataires aînés. Alors, trouvez-vous ça inquiétant? Est-ce que vous
voyez là des effets pervers de la loi n° 492?
M. LeBel : Il faudrait que je
regarde ça plus précisément, mais j'ai vu aussi des nouvelles récemment des
aînés dans le Bas-Saint-Laurent et la Côte-Nord. Avec des revenus d'environ 1 200 $,
1 300 $ par mois, ils devaient payer des loyers qui leur coûtaient à
peu près 1 100 $, 1 200 $. Ça fait qu'ils avaient des choix
à faire. Malgré leur condition, ils avaient des choix à faire pour choisir leur
résidence. Ça, c'est venu me chercher. Ça veut dire qu'il y a des... Quand tu
es aîné, quand tu as travaillé toute ta vie, puis tu arrives à la fin de ta
vie, que tu veux trouver une résidence qui a de l'allure, puis que tu regardes
tes revenus puis les coûts, que tu ne peux pas réussir, moi, je... il y a quelque
chose qui ne va pas, là.
Je ne sais pas s'il y a un lien direct
avec votre question, mais il y a une réflexion à avoir par rapport aux aînés en
général. On parle souvent des aînés en CHSLD, là, mais il y a les aînés travailleurs,
il y a la pauvreté des aînés. Il y a une grande réflexion à avoir au Québec sur
la situation des aînés, parce que la population vieillit, puis ça sera une situation
qui va continuer à avancer.
Mme Plante (Caroline) : Mais
là les propriétaires d'immeubles locatifs qui disent : Bon, moi, j'aime peut-être
mieux ne pas louer à un aîné de 70 ans et plus, vu que je ne pourrai peut-être
pas l'évincer...
M. LeBel : Là, c'est un
problème. C'est sûr que c'est un problème, mais ça fait partie, à mon avis, de la
réflexion qu'on doit avoir. Comment on travaille avec une société où il y aura de
plus en plus de gens aînés? Puis ce n'est pas juste des gens aînés, hein, qui
cherchent des logements, mais ça va être aussi des travailleurs aînés, 65 ans,
67 ans, 68 ans. C'est très large, toute la... pas la problématique, mais les
défis, les enjeux du Québec par rapport aux aînés, et je ne veux pas qu'on voie
ça aussi comme un problème. Ce n'est pas une problématique, le vieillissement
de la population. Ça peut être une richesse, ça dépend comment qu'on prend ça.
Mais il faut que quelqu'un s'assoie à un moment donné et qu'on réfléchisse
ensemble. C'est pour ça que j'ai parlé de tenir des états généraux sur le
vieillissement de la population, des états généraux sur la situation des aînés
au Québec. Je pense que ça vaut la peine.
Mme Plante (Caroline) : Comment
prévenir la discrimination basée sur l'âge, quand on parle de locataires aînés?
M. LeBel : Bien, je pense qu'il
y a des moyens de, je ne sais pas, de promotion, des campagnes de promotion.
C'est comme les préjugés par rapport aux gens vivent la pauvreté. Je sais qu'il
y en a aussi, des préjugés. Il y a des gens qui ne loueront pas à des gens qui
sont sur l'aide sociale. Il y a des... Par rapport au logement puis aux
préjugés autour du logement, effectivement, on devrait trouver une façon de protéger
notre monde.
Mme Plante (Caroline) :
Est-ce que monsieur ou madame voudrait intervenir sur cette question-là?
M. Petitclerc (Serge) : Moi,
ça me rappelle en... je pense que c'est 1998, quand le... il avait été entendu,
prévu qu'on allait peut-être permettre la saisie des chèques des personnes
assistées sociales par les propriétaires lorsqu'il y a un non-paiement de loyer.
Et à cette époque-là, puis aujourd'hui, je dirais la même affaire, que la
CORPIQ interpelle les ministres des Finances et les gouvernements pour qu'ils
améliorent le revenu des plus pauvres.
J'aimerais ça, moi, voir la CORPIQ
interpeller le ministre des Finances, M. Leitão, actuellement, qui a refusé les
bonifications qui ont été négociées entre les ministres des Finances au fédéral
pour l'amélioration du Régime des rentes puis le Régime des pensions du Canada.
J'aimerais ça les voir à ce moment-là, et on sait très bien que souvent la
CORPIQ nous présente ce genre de cas là comme étant épouvantable puis qu'on
veut venir à la défense du petit propriétaire occupant, mais on sait très bien
qu'en arrière de la CORPIQ et de ce genre d'organisation là, c'est les gros
joueurs. C'est les gros joueurs qui ne veulent pas perdre ne serait-ce qu'un
centième d'un millième d'un pourcentage de profit parce qu'ils vont avoir des
pressions qui vont venir de leurs actionnaires.
Moi, je pense que c'est beaucoup plus ça
qu'il y a en arrière que de la défense du petit propriétaire qui va arriver à
s'entendre avec sa personne aînée. Puis on pourrait remettre en question
pourquoi les prix des loyers ont autant augmenté depuis les dernières années.
Pourquoi il n'y a pas de dépôt obligatoire des baux? Il y a une manif là-dessus
aujourd'hui, du regroupement des associations de locataires, qui réclame un
dépôt obligatoire des baux. On ne bouge pas là-dessus. Voilà pas si longtemps
que ça, la régie... pas la régie, mais la régie des... pas la régie... la Régie
du logement avait, au début, refusé de mettre de l'avant ses tables
d'indexation des logements. Il y a eu des pressions, ils sont revenus en
arrière.
Moi, j'aimerais ça qu'on interpelle
là-dessus puis qu'on fasse des pressions là-dessus, pour améliorer, d'un côté,
les conditions de vie des gens qui doivent avoir un logement et qui sont en
situation de pauvreté et, de l'autre côté, d'essayer de réglementer le marché
du logement, qui fait en sorte qu'actuellement il y a des gens qui,
effectivement, c'est épouvantable, là, pour être capable d'avoir un logement
puis de pouvoir se nourrir en même temps.
Mme Plante (Caroline) : La
loi n° 492 est censée protéger les aînés, mais là est-ce que vous...
peut-être que vous n'êtes pas là-dedans, dans ce dossier spécifique là, mais
est-ce que vous voyez des effets pervers à cette loi-là, du fait qu'on...
M. Petitclerc (Serge) : Bien,
j'avoue qu'on ne l'a pas étudiée sur le fond, mais il n'en demeure pas moins
que le problème, pour payer son loyer, c'est un problème de revenu à la base.
Et si les aînés ont des revenus qui ne sont pas assez élevés pour payer le
loyer, bien, c'est là-dessus qu'il faut réfléchir et non pas à comment on va
empêcher les personnes aînées d'avoir accès à un logement. Là, ça n'a juste pas
de bon sens.
M. LeBel : Et comme
porte-parole des aînés aussi, on adopte la loi n° 115 sur la maltraitance
des aînés, et, dans la maltraitance, il y a ce qu'on appelle la maltraitance
systémique organisationnelle. Mais moi, à mon avis, ce genre de situation là,
ça devrait être traité par... si on a un gouvernement qui veut voir un peu c'est
quoi, la maltraitance, on devrait se préoccuper de ces situations-là, mais le projet
de loi n° 115 ne viendra pas régler ça. On va parler plus de maltraitance
en établissement, mais il faut peut-être s'occuper aussi de la bientraitance.
La Modératrice
: Merci.
Ryan Hicks, CBC.
M. Hicks (Ryan) : Pour Mme
Larivière, en anglais. Est-ce que vous parlez un peu l'anglais?
Mme Larivière
(Virginie) : Oui, un peu.
M. Hicks
(Ryan) : So what would you like to see the Government do from this point forward when
it comes to fighting poverty?
Mme Larivière
(Virginie) : Start a real debate with people
would be a good start, rising the minimum wage at $15 an hour would be also a
good point, and on… I don't know how to say that in English, le projet de loi n° 70…
M. Hicks (Ryan) : The bill.
Mme Larivière
(Virginie) : Yes, the bill, if he could just
take off the penalties of the bill would be also a good idea.
M. Hicks (Ryan) : So what would you… so, when it comes to something like… Have you
heard of a guaranteed income program? I think in Ontario, they might try it. Is
that something that you would like them to try in Québec?
Mme Larivière
(Virginie) : Well, if the debate is done with
everyone, we are not invited at the table at the moment to talk about the «revenu
minimum garanti», the minimum wage. So it's kind of a problem because they are
talking about it and we'll see in fall what it's going to look like. But we
don't really know what's the point, what is their objective and we think that,
if it's going to look like the «projet de loi n° 70», it's going to be a huge problem.
M. Hicks (Ryan) : When you look at the last two-and-a-half, three years of this Government, how would you describe its
philosophy in, you know, fighting poverty, helping the most vulnerable?
Mme Larivière
(Virginie) : Well, I think they missed the
point. I thin, what we think, they missed the point with all the austerity
measures and like they are really happy to say that they are having a lot of
«surplus budgétaires», a lot of
money, because they've been doing like… so tight with the finance. But it's not
right, it's not «lutter pour la pauvreté».
M. Hicks (Ryan) : You just don't think that they're doing enough to fight poverty in
an active way.
Mme Larivière
(Virginie) : Well, we think they are more able
to fight... sorry, they're more willing to fight poor people than poverty
itself. So it's not the good objectives.
La Modératrice
:
Merci.
(Fin à 11 h 22)