(Dix heures cinquante et une minutes)
M. Khadir
: Donc,
on a tous été mis au fait des révélations du Journal de Montréal
et des journalistes d'enquête qui permettent de se rassurer que la Sûreté du
Québec a fait enquête. Malheureusement, cette enquête, ça fait très longtemps
que nous l'attendons, ses conclusions. Je vous rappelle que, quand j'ai
commencé à poser des questions la première fois et nous avons présenté des
évidences au public, la photo et les affirmations sur les activités de M. Bibeau,
c'était en 2010.
Sept ans plus tard, c'est un peu long pour
la justice, c'est un peu long pour que la justice soit effective parce que,
pendant ce temps-là, M. Bibeau et M. Charest continuent à recevoir de
l'argent public. M. Bibeau a des centres d'achats puis il y a toutes
sortes d'institutions gouvernementales qui font la location. Son entreprise de
béton vend je ne sais pas combien de millions de dollars en béton dans toutes
sortes de projets publics, d'infrastructures publiques. En plus, M. Charest
et l'argent dictent la conduite du gouvernement. Le cabinet d'avocats de M. Charest,
je vous le rappelle, McCarthy Tétrault, est le principal cabinet actif dans le
domaine pétrolier. TransCanada, Énergie Est, c'est le cabinet de M. Charest.
M. Charest reçoit des contrats des gouvernements, des mandats, de l'argent
du gouvernement.
Donc, quand la justice n'est pas rendue en
temps utile, quand ce genre d'enquêtes là font en sorte que la justice est
défaillante, ça fait en sorte qu'on a encore un gouvernement libéral qui n'a pas
rendu des comptes sur la corruption des moeurs politiques dont le suspect
numéro est M. Charest.
Et moi, j'aimerais savoir qu'est-ce que
fait M. Couillard. Est-ce que M. Couillard collabore avec la Sûreté
du Québec? M. Couillard était un ministre parmi les plus importants de ce gouvernement-là.
Il en sait, des choses, M. Couillard. Est-ce qu'il collabore avec la
Sûreté du Québec ou est-ce qu'il faut que la Sûreté du Québec lui envoie des
subpoenas, disons, se fasse répondre toujours par la dénégation, comme on est
habitués de l'entendre à l'Assemblée nationale?
Moi, j'aimerais ça que plusieurs des
ministres actuels, plusieurs des membres de ce gouvernement qui ont été très
actifs durant l'époque Charest, qui doivent en savoir, des choses, j'aimerais
avoir une confirmation qu'ils collaborent avec l'enquête, qu'ils fournissent de
l'information sur M. Bibeau, sur M. Charest. Merci beaucoup.
La Modératrice
: Pour
la période des questions, on va commencer par Alain Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour, M. Khadir. Qu'est-ce que vous demandez de collaboration
exactement au premier ministre?
M. Khadir
: Bien,
M. Couillard, je vous rappelle, entre 2003 et 2008 était un des principaux
ministres de ce gouvernement, il était ministre libéral. À l'époque, la
consigne pour être ministre, c'était ramasser 100 000 $. Donc M. Couillard
ne peut pas ignorer les procédés mis en place par l'équipe Charest-Bibeau.
Alors, qu'est-ce que M. Couillard fait pour contribuer à ce que l'enquête
avance ou est-ce qu'au contraire il fait comme on a vu jusqu'à date,
c'est-à-dire nier, nier, nier pour retarder les enquêtes, pour faire en sorte
qu'aujourd'hui, sept ans plus tard, la population du Québec se sent flouée
parce que justice n'a pas encore été rendue, puis on en est encore à l'enquête?
Pourtant, ces éléments-là ont été avancés par moi-même en 2010, photos à
l'appui.
M. Laforest (Alain) :
Est-ce que vous faites toujours confiance à l'UPAC?
M. Khadir
: Oui,
mais l'UPAC procède avec les règles qui sont les règles de la justice
criminelle. Puis en plus il faut prendre des précautions supplémentaires parce
que c'est un ancien premier ministre, puis ensuite parce que Marc Bibeau… bien,
oubliez-le pas, malgré tout ce qui a été fait, malgré les poursuites
criminelles, Marc Bibeau siège toujours au C.A. de Power Corporation, donc il
est protégé par la famille la plus puissante du Canada, par le pouvoir de
l'argent. C'est sûr que ça rend la tâche de la police encore plus difficile. Ce
n'est pas un itinérant, là, qui a jeté des choses sur la place publique et
qu'on peut facilement amener devant la justice. Il possède le réseau
d'influence de toute la classe d'affaires du Québec et il jouit de la
protection de Power Corporation.
La Modératrice
: Mathieu
Boivin, Cogeco Nouvelles.
M. Boivin (Mathieu) : M. Khadir,
on parle quand même de méthodes de financement qui remontent à un certain
temps. Est-ce que vous avez des raisons de penser que les pratiques sont
toujours les mêmes, que M. Couillard, mutatis mutandis, aurait lui aussi
son Marc Bibeau?
M. Khadir
: Je
pense que non. Je pense que ces méthodes-là ont changé. Et je vous rappelle un
article que j'ai écrit récemment en référence à tout ce qu'on connaît du
financement rattaché à l'influence qu'achète l'argent au sein des pouvoirs
politiques… montre qu'on n'a pas besoin nécessairement d'enveloppes brunes. Les
portes tournantes existent aussi. Quand les gens passent du politique au privé…
siéger sur les conseils d'administration, ou nommés dans des postes de
prestige, ou reviennent de là pour exercer des rôles d'influence... comme
Jean-Marc Fournier, de SNC-Lavalin, alors que c'est une firme d'ingénieurs.
C'est un avocat qui était en développement des affaires. Vous savez quoi? Le
développement des affaires, dans le lexique de la commission Charbonneau, c'est
tous ces gens, justement, qui assuraient le lien entre des firmes d'ingénieurs
et le gouvernement pour s'assurer qu'on a les bons contrats.
M. Boivin (Mathieu) :
Mais, monsieur… excusez-moi…
M. Khadir
: Donc,
ce que je veux dire, la corruption des moeurs politiques peut exister. Le
financement illégal par l'entreprise, des prête-noms ou les cocktails de
financement, peut-être pas, mais la corruption des moeurs pour obtenir de
l'influence indue, ça peut toujours exister, oui. Tant qu'on aura un Parti
libéral qui ne s'est pas amendé, qui n'a pas vraiment changé toute… qui n'a pas
fait le nettoyage, je ne pense pas que ça ait changé.
M. Boivin (Mathieu) :
O.K., donc on est devant un gouvernement qui n'a pas réussi à nettoyer le dégât
du gouvernement qui l'a précédé, mais pas dans un scandale actuel?
M. Khadir
:
L'exemple le plus patent, c'est Daniel Johnson. Il organise la course à la
chefferie pour M. Couillard, ensuite il organise la campagne électorale
pour M. Couillard. M. Couillard arrive au gouvernement, et qu'est-ce
qu'on entend après? Bombardier... Non seulement on ne remet pas en question le
financement très questionnable octroyé pour Belledune, la cimenterie, mais, en
plus, ils obtiennent 1,4 milliard dans les conditions que l'on sait.
Qu'est-ce que vous voulez de plus que ça dans la proximité de l'argent avec le
pouvoir? Et partout où il y a une trop grande proximité entre le pouvoir
d'argent et le pouvoir, il y a la corruption.
M. Bovet (Sébastien) :
M. Khadir, bonjour. Vous avez dit que vous faisiez confiance à l'UPAC
selon les règles de la justice, là, si j'ai bien compris. Est-ce que vous
faites confiance au DPCP?
M. Khadir
: Le
DPCP, malheureusement, est encore une nomination unilatérale faite par le
gouvernement. C'est sûr que tant et aussi longtemps que ces instances d'une
extrême sensibilité, qui ont un rôle critique à jouer dans la société... Puis
on le voit, hein? On s'est demandé beaucoup de questions au cours de ces années
pourquoi certaines enquêtes frappent le mur du DPCP, qui abandonne les
poursuites. Je pense que c'est des questions qui se posent. Est-ce que j'ai
encore confiance? J'aurai confiance quand je verrai une accélération des
procédures contre le suspect numéro un du scandale de la corruption des moeurs
politiques au Québec, Jean Charest.
M. Bovet (Sébastien) :
Mais donc vous ne vous contenterez pas de pas d'accusations? Il faut qu'il y
ait des accusations contre Jean Charest?
M. Khadir
: Mais
comment est-ce qu'on peut accepter... dites-le-moi. Comment on peut respecter
sa propre intelligence, respecter la population du Québec et penser que tout ça
a eu lieu, que M. Charest a reçu 70 000 $ en cachette, pendant
des années, venant de ces contributions ramassées par les méthodes illégales
qu'on sait, puis que lui, il n'était pas au courant? Comment est-ce qu'on peut
déresponsabiliser les plus hautes instances de responsabilité? Parce que ces
gens-là, quand ils viennent au pouvoir, ils disent : Nous sommes responsables.
Il y a une chose qui s'appelle, en Chambre, responsabilité ministérielle. On
pose une question sur un sujet, c'est un autre qui répond, parce qu'ils disent :
Tout le monde répond en bloc, et la responsabilité revient au chef politique.
Qui était le chef du Parti libéral? C'était Jean Charest.
M. Bovet (Sébastien) :
Mais il y a aussi un principe de présomption d'innocence.
M. Khadir
: Oui,
bien sûr. Moi, je ne dis pas qu'il est coupable et criminel. Je dis qu'il est
suspect.
M. Bovet (Sébastien) :
J'avais une question sur l'UPAC... Ah oui! Les documents qui sont révélés par
nos collègues, c'est tout à leur honneur, parce que ça appuie, donc, le
reportage sur des documents d'enquête de l'UPAC. Qu'est-ce que ça vous dit sur
l'intégrité de cette enquête à partir du moment où des documents confidentiels
d'enquête se retrouvent sur la place publique?
M. Khadir
: Ça me
dit surtout qu'il y a des gens qui sont préoccupés à voir l'enquête piétiner.
Et ça traduit, je dirais, le sentiment qu'ont beaucoup de Québécois qu'il y a
des choses qui traînent inutilement parce qu'on s'approche du sommet du
pouvoir. Donc, moi, pour moi, c'est tout à fait secondaire. C'est un secret de
polichinelle. Tout le monde et son voisin, au Québec, sait le rôle que M. Charest
jouait au sommet du Parti libéral et au sommet du pouvoir à une époque où on a
eu quand même une commission qui n'a pas manqué de souligner qu'il y a eu
corruption dans l'octroi des contrats politiques. Donc, à un moment donné, il
faut arrêter de tourner autour du pot juste parce que c'est des gens puissants,
juste parce que c'est M. Charest, et qu'il travaille dans un gros cabinet
d'avocats, et qu'il a été premier ministre, et, disons, qu'il jouit
d'importants liens avec ce gouvernement. Je pense que ce qu'il faut retenir,
c'est qu'heureusement il y a des gens, ayant senti que c'était assez, qu'on
avait trop piétiné puis qu'il pourrait y avoir des blocages, comme on l'a vu dans
d'autres situations... Rappelez-vous tout le scandale alentour de la Société
immobilière du Québec. Donc, on a besoin de ces révélations pour fouetter
l'ardeur de notre justice, pour que la justice soit enfin une justice qui
s'exerce en temps utile, parce qu'une justice qui est trop longue à être
rendue, ce n'est plus de la justice.
La Modératrice
:
Marc-André Gagnon, Journal de Québec.
M. Gagnon (Marc-André) :
Bonjour, M. Khadir. Vous parlez de blocage. S'il y a blocage, c'est
peut-être aussi parce que la preuve demeurait insuffisante. C'est comme ça que
c'est supposé fonctionner, en principe.
M. Khadir
: Tout
est possible. Tout est possible, mais ce que moi, j'entends, c'est que la
poursuite, la couronne peut aussi — parce que c'est à ça que sert un
procès — à partir de suffisamment d'éléments, partir en poursuite
pour faire sa démonstration. Mais, si on veut que la démonstration soit faite
d'avance, bien, ça n'arrivera jamais, et on le sait, on le sait. Je ne veux pas
faire de comparaisons, mais on le sait que bien des poursuites ont été logées
puis on a perdu parce que, justement, ça a été logé trop rapidement, enfin, la
poursuite criminelle.
Et je sais par ailleurs que, quand ça
touche le pouvoir, quand ça touche des gens importants, quand ça touche le
sommet du pouvoir politique ou économique, malheureusement la justice montre de
la faiblesse, de l'hésitation, du piétinement, et ça, ce n'est pas bon pour la
réputation de notre justice. Et pour ça, j'en appelle à la responsabilité de
tous ceux qui sont en position d'agir. Il faut agir.
M. Gagnon (Marc-André) :
Et, pour aller au bout de ma question, donc, ça vous apparaît probablement
étonnant, c'est ce que je décode de votre propos, qu'il n'y ait pas encore
assez de preuves pour aller devant la justice.
M. Khadir
:
Voilà. Vous avez tout dit, vous avez tout dit.
M. Gagnon (Marc-André) :
C'est bien résumé? Bon. Vous avez parlé de Bombardier tout à l'heure, vous avez
dit : Là où il y a, bon, du pouvoir et de l'argent, il y a souvent de la
corruption. Je comprends que ça vous inquiète d'apprendre que l'avocat du
gouvernement ait été payé par Bombardier, mais est-ce qu'on doit comprendre que
vous craignez qu'il y ait eu de la corruption dans le dossier Bombardier?
M. Khadir
: C'est
un conflit d'intérêts. Conflit d'intérêts, c'est une forme de corruption, je le
dénonce depuis longtemps. Pierre Marc Johnson, lorsqu'il a eu... et je l'ai dit
en commission parlementaire, je ne m'en cache pas. Je l'ai questionné là-dessus.
Et ces gens-là ne semblent pas comprendre qu'une grande firme d'avocats comme
celle pour qui travaillait Pierre Marc Johnson, qui est le principal bénéficiaire
de ce genre d'échange là ne peut pas déléguer un de ses associés principaux
pour négocier au nom de l'intérêt public dans un terme d'échange dans lequel
après on se rend compte que toute l'entente est pipée en faveur, justement, des
grandes firmes qui investissent de part et d'autre et qui ne veulent pas être
ennuyées par nos règles et par nos lois. Et ces problèmes de conflits
d'intérêts, ça fait trop longtemps que la classe politique et l'élite
d'affaires au Québec ne les comprennent pas. L'un passe à l'autre à qui mieux
mieux. Et je vous rappelle que Jean Charest, sa firme ont aussi des contrats de
ce gouvernement.
La Modératrice
: Caroline
Plante, LaPresse canadienne.
Mme Plante (Caroline) :
Bonjour, M. Khadir. Retournons à MM. Charest et Bibeau. Si l'enquête
est encore active, d'avoir des détails, comme ça, étalés sur la place publique
ce matin, est-ce que ça ne peut pas nuire à l'enquête?
M. Khadir
:
J'espère que non. Mais c'est toujours le genre d'argument évoqué pour noyer le
poisson. C'est toujours le genre de chose qu'a évoquée le gouvernement pour dire :
Ah! c'est sous enquête, on ne fera absolument rien. Je pense que ça a assez
duré. C'est une mascarade qui nuit à la réputation de la justice et à la DPCP.
Je pense que personne n'est surpris d'apprendre ce qu'on a surpris. Et je ne
vois pas en quoi ça peut nuire de savoir qu'enfin la DPCP au moins a fait
enquête et les a mis sous enquête pour, je vous rappelle, abus de confiance.
Et, quand on parle d'abus de confiance dans ces situations-là, c'est abus de
confiance de biens publics, de fonds publics.
La Modératrice
:
Marie-Michèle Sioui, Le Devoir.
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : Sur un autre sujet, M. Khadir, il y a une
entreprise de marijuana médicale qui a des visées récréatives, qui s'appelle
Delshen qui cible particulièrement les Premières Nations pour faire des
partenariats avec eux pour les embarquer dans la production de marijuana.
Qu'est-ce que vous en pensez?
M. Khadir
: J'en
pense la même chose que j'en penserais pour n'importe quelle, disons,
initiative de partenariat privé dans la production de marijuana. Je ne voudrais
pas qu'on embarque dans des clichés et des a priori parce qu'il s'agit des
Premières Nations. C'est sûr que, dans plusieurs projets, les entreprises
minières, les entreprises d'énergie éolienne, par exemple — et
j'apprends par votre intermédiaire que maintenant il y a aussi des entreprises
qui veulent faire des sous avec la marijuana — essaient de tabler sur
soit des faiblesses soit des situations particulières qui leur permettraient de
plus rapidement, disons, installer leurs profits. J'espère que, dans tout ça,
le législateur tiendra compte aussi des mesures appropriées de prudence qui
n'ont pas été au rendez-vous pour ce qui est des mines, qui n'ont pas été au rendez-vous
pour ce qui est de l'énergie éolienne, c'est-à-dire on n'a pas respecté l'usage
du territoire, on n'a pas respecté l'intérêt public, on n'a pas respecté les
justes redevances. Donc, il ne peut pas y avoir uniquement l'angle d'un
entrepreneuriat privé, que ça soit des autochtones, que ça soit des gens
attachés à Québec solidaire ou attachés au milieu des affaires.
Mme Sioui
(Marie-Michèle) : L'ex-ministre de la Justice du Canada, Martin
Cauchon, est le président du C.A. de cette entreprise-là. Il se rend lui-même
dans des communautés pour rencontrer des chefs. Est-ce qu'il est bien placé
pour faire ce travail-là?
M. Khadir
: Je
pense qu'on voit là encore une autre illustration de la médiocrité de la
compréhension des gestionnaires publics des questions d'intérêt public, des
questions de conflits d'intérêts, des questions d'éviter de se placer en
position de conflit d'intérêts.
M. Plouffe (Robert)
:
Bonjour, M. Khadir. M. Khadir, je veux juste...
M. Khadir
:
Rebienvenue... de retour.
M. Plouffe (Robert)
:
Ça me fait plaisir, M. Khadir, bien oui. M. Khadir, je veux juste
bien comprendre vos propos. À la suite des révélations du bureau d'enquête TVA-Journal
de Montréal, voulez-vous me dire : Est-ce que vous dites que
MM. Charest et Bibeau profiteraient d'une protection que M. et Mme Tout-le-monde
n'auraient pas dans cette société?
M. Khadir
: Je
suis sûr que vous avez une réponse vous-même à votre question pour me poser
cette question-là. Je suis d'avis que, oui, tous les hommes et les femmes de
pouvoir tels que M. Charest jouissent d'un certain niveau d'impunité et de
protection parce que, d'abord, ils ont des réseaux, ensuite parce que, si on
les emmène à parler, ils pourraient en divulguer d'autres, ils pourraient nous
révéler la responsabilité d'autres gens qui sont possiblement au pouvoir dans
le milieu économique ou dans le milieu politique et ensuite parce que, oui,
c'est des gens importants. Alors, malheureusement, la police fait plus
attention, et on l'a su, on l'a déjà vu concernant M. Charest lui-même lorsque
la Sûreté du Québec abruptement a mis fin à une filature qui concernait un
monsieur qui était lié de près ou de loin avec les milieux, disons, du crime
organisé, qui était allé à la rencontre de M. Charest. On a tout de suite
mis fin à la filature... je ne me rappelle pas du nom précis, là, mais vous
êtes bien...
Une voix
: ...
M. Khadir
:
...hein? Bon. Alors, voilà. Et ça, c'est très nocif, c'est très toxique pour la
réputation de la police, de la justice, du DPCP. Il faut que ça cesse.
La Modératrice
: Raquel
Fletcher, Global.
Mme Fletcher
(Raquel) : Good morning. So, are you saying
that the UPAC doesn't have the independence to investigate the Liberal Party?
M. Khadir
: We have always had the feeling that unless the
direction of UPAC and the direction of the DPCP, criminal courts direction, their
nominations are not independent from the power, there is a problem. And this
problem emerges when we are in front of situations like this. There is a criminal investigation
around Mr. Charest, around Mr. Bibeau. Now, we know that it is also
around Mr. Charest, as we have witnessed. It's been years since I
revealed, first time in 2010, the role of these people in illegal
«financement», the way they were putting amounts of money of the heads of
people visiting them in their table, in a cocktail, OK, in a reception… not a
cocktail, a reception. And still, eight years later, there's nothing that has
been carried. We're nowhere to be near the first suspect in the scandal of the
political corruption in Québec, which is Mr. Charest. So, there is a
questioning : Why does it take so long? And a justice that takes too long
to enact is a justice in failure.
Mme Fletcher (Raquel) : But, now, with these new reports, that investigation ended in 2016
and…
M. Khadir
: We don't know. Do we know that in ended in 2016? We
don't know.
Mme Fletcher (Raquel) : Well, we're in 2017 now, and there's still aren't any charges. So,
does that make the situation worse in your mind?
M. Khadir
: We don't know if the inquiry is still ongoing or not.
That, we don't know. But still, in 2017, we're in April 2017, nothing has
happened. Of course it's troublesome. When are we going to put…
You know, there should be
a political responsibility somewhere. Nobody can claim that, at the head of the
Liberal Party, nobody knew. Who was the head of the Liberal Party? It was Jean
Charest. If Jean Charest didn't know, so why was he the Prime Minister? Because
he was supposed to be in charge. So whether he is a total incompetent that
somebody else controlled, we want to know who. Or, if it was not him, who was
it?
La Modératrice
:
Ryan Hicks, CBC.
M. Hicks (Ryan) : Good morning. There was a similar story about an investigation
involving Jean Charest in 2014 that was done by Radio-Canada. What do these new
documents reveal? How is today different? Is it just that we have new extra
details?
M. Khadir
: Well, the extra detail that is being revealed now is
that one of the documents indicates clearly that the police is investigating
Mr. Charest under the Criminal Code for breach of trust. When we talk of breach
of trust in this context, that means breach of trust in the misuse of public
funds. So, that, we didn't know.
M. Hicks (Ryan) :OK. With respect to
charges, charges haven't been laid. If there was enough evidence, wouldn't he
be charged by now?
M. Khadir
: Of course. And the quality
and the level of evidence are subject to debate. We see, when it comes to
normal people, a lot of times, very harsh charges, rapid action, rapid criminal
indictment, but when it comes to people in positions of power, it's been eight
years, nothing has come up, although everybody sees a lot of details and a
«faisceau», a torrent of different leads that point in the direction of
Mr. Charest as the head of the Liberal Government, which was under an
investigation by the «commission Charbonneau» and which indicated that, yes, there was illegal «financement»,
yes, there were contracts given based on the undue influence of some people in
the business sector. So, that is very sad for our democracy, you know, because when we talk about that,
it's a breach in democracy. When our institutions don't
work, it's a breach in democracy.
(Fin à 11 h 13)