(Neuf heures trente-trois minutes)
Mme Lamarre : Bonjour. Alors,
ce matin, on va faire un point de presse sur l'évolution des cliniques privées,
que le ministre Barrette a choisi d'imposer et de développer, en fait, en
prétendant que ce serait un modèle pour évaluer le financement à l'activité. On
a fait une demande d'accès à l'information au ministère pour obtenir l'argent
qui a été donné à ces trois cliniques. On se souvient qu'il y en avait trois,
la Clinique Dix30, RocklandMD et Opmedic, qui avaient été choisies. En fait,
Opmedic, pour l'instant, il n'y a rien eu, donc ce n'est pas compliqué.
Rockland, il y a eu un premier versement seulement qui a été fait. La clinique
où il y a plusieurs versements, c'est la Clinique Dix30 et ce qu'on constate,
si on prend par exemple, là, la vitesse de croisière qui a probablement été
atteinte dans le dernier trimestre de 2016, bien on se rend compte qu'on a
donné 1 million de dollars à cette clinique, la Clinique Dix30. Ce million
de dollars là, si on l'extrapole sur une année, ça revient à 4 millions.
Donc, on peut penser qu'on va donner 4 millions de dollars de façon
récurrente à une clinique médicale privée.
Au même moment, au même moment qu'on donne
ce 4 millions… Parce que ce 4 millions, il faut juste répéter, ça
inclut des coûts directs, coûts directs qui seraient les mêmes, dans le fond, à
un hôpital qu'à une clinique privée, des coûts indirects, qu'on estime à
25 %, donc pour financer les locaux généraux et les frais
d'investissement. Mais il y a un 10 % de profit qui a été prévu dans le
décret que le ministre a fait et qui est attribué. Donc, sur ce 4 millions
de dollars là, il y a un 400 000 $ qui, lui, sert directement à
verser de l'argent qui est un profit à une clinique privée, sans aucun service
de plus pour la population. Alors, ça, c'est une première étape, donc
400 000 $ qui pourrait être utilisé en services à la population, en
soins, et qui n'est pas donné.
Si je reviens à mon 4 millions sur
une année, il faut regarder… Parce qu'on parle de la Clinique Dix30. Elle est en
Montérégie-Centre, cette clinique-là. C'est l'hôpital Charles-LeMoyne et le
secteur qui gravite autour. Eh bien, ce secteur-là de Montérégie-Centre a été
coupé, l'année passée, de 7,1 millions de dollars. Alors, comment le
ministre peut-il justifier qu'il est obligé d'imposer à un hôpital, et à des
services publics autour, des coupures de 7,1 millions de dollars, des
coupes importantes, alors qu'il est tout à fait capable de trouver
4 millions de dollars pour donner à une clinique qui est à 2 kilomètres
de l'hôpital?
Donc, ça nous questionne beaucoup. Ça
illustre que c'est vraiment une façon de faire passer de l'argent qui,
normalement, devrait aller à nos hôpitaux… on envoie ça dans des cliniques
privées. Et on le sait, au niveau des hôpitaux, on pourrait augmenter les
chirurgies, on pourrait en faire plus le soir. On pourrait donc investir tout
cet argent dans notre système public, d'autant plus qu'on peut également
considérer, avec la vétusté des lieux, qu'on aurait raison d'investir également
de l'argent beaucoup plus du côté de nos hôpitaux publics que du côté des
cliniques privées.
Alors, c'est préoccupant. Nous, on veut
suivre ces données-là de façon très, très rigoureuse. On est aussi convaincus
que la clientèle qu'on a dans une clinique privée, qui est souvent une
clinique… dans le fond, une clinique d'un jour, n'est pas la même. Donc, quand
le ministre prétend qu'il va évaluer le coût réel à partir des patients qui
vont être vus dans ces cliniques-là, bien ce n'est pas le cas. Parce que les
patients plus complexes, plus lourds, ceux qui ont plusieurs maladies… Les
complications également. Évidemment, si les gens ont des complications d'une
chirurgie qu'ils ont obtenue, bien, si ça arrive les soirs, les fins de
semaine, c'est l'hôpital Charles-LeMoyne qui va écoper.
Alors, on l'a vu avec l'Institut de
l'oeil. Ce modèle de clinique privée, alors qu'on coupe tellement, tellement
fort dans notre système public, qu'on prive notre système public, vraiment, on
l'étouffe et on trouve des montants quand même très significatifs… Je rappelle,
on a coupé 7,1 millions pour Montérégie-Centre et on est capable de
trouver 4 millions pour une clinique médicale qui est à 2 kilomètres
de l'hôpital Charles-LeMoyne.
Donc, on est très préoccupés. On ne croit
pas au fait que ce soit nécessaire de faire ce genre d'exercice là pour
démontrer les coûts réels. Les coûts réels, ça se détermine par des études
temps et mouvements. Il y a toutes sortes d'autres façons. Et des coûts réels
d'une clinique privée ne peuvent pas être directement appliqués à un
établissement de santé comme un hôpital, où on a différents comités,
différentes structures qui sont nécessaires. La prévention des infections. Par
exemple, actuellement, il y a du C. difficile sur un étage à
Charles-LeMoyne, bien il y a différents enjeux qu'il faut gérer. Au niveau
aussi de… on questionne là-dessus, et ça, je vais poser des questions un peu
plus tard au ministre, mais de quelle façon les patients qui subiraient un
préjudice au niveau de ces cliniques privées… est-ce qu'ils pourraient porter
plainte au Commissaire aux plaintes, de la même façon que quelqu'un qui a une
plainte dans le système public, actuellement?
Alors, on est préoccupés et, clairement,
on voit que la mesure du ministre, en tout cas, avec ces cliniques, c'est une
façon indirecte de financer le privé au détriment du public. Et je rappelle,
donc, qu'on est capable de couper 7,1 millions dans tous les
établissements publics de la Montérégie-Centre et d'attribuer un montant de
4 millions de dollars pour des chirurgies dans une clinique privée à
quelques kilomètres de Charles-LeMoyne.
Donc, nous, on pense que, vitement, il
faut réinvestir dans nos systèmes de santé publics, arrêter d'étouffer les
établissements publics. Et, s'il y a de l'argent dans notre
système — et le ministre semble être capable d'en trouver pour les
cliniques privées — ça doit être redonné dans notre système public
parce que c'est celui qui assure un accès équitable à tous et qui fait en sorte
que les gens… On n'amènera pas non plus un déplacement des médecins des
hôpitaux vers ces cliniques privées, ce qui va tout simplement avoir comme
conséquence qu'on va allonger encore des temps d'attente dans les hôpitaux.
Alors, on invite le ministre à la prudence
et on va suivre de très, très près l'évolution de ces chiffres-là. Mais déjà on
peut voir, avec le dernier trimestre, où on avait vraiment des chiffres qui
ressemblaient à une vitesse de croisière, que, sur un montant de 1 million
de dollars, qu'on extrapole sur une année à 4 millions, bien il y a 4 millions
d'argent public qui maintenant est donné au niveau du privé. Alors, on continue
d'être vigilants au Parti québécois et de suivre ça de façon très proche.
Alors, j'ai ici tous les accès à l'information qui ont été demandés pour obtenir
ces informations-là. Merci.
(Fin à 9 h 40)