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Point de presse de M. Dave Turcotte, porte-parole de l’opposition officielle en matière de services sociaux et de protection de la jeunesse

Version finale

Thursday, April 27, 2017, 9 h 15

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Neuf heures dix-sept minutes)

La Modératrice : Alors, bonjour à toutes et à tous. M. Dave Turcotte, porte-parole du Parti québécois en matière de services sociaux et protection de la jeunesse, va faire une déclaration. Ensuite, M. Denis Cadieux, qui est le père de Jonathan, pour qui on dépose une pétition aujourd'hui, et Mme Anik Larose, directrice générale de l'Association du Québec pour l'intégration sociale, vont parler. M. Turcotte, la parole est à vous.

M. Turcotte : Bonjour. On est réunis ici aujourd'hui parce que je vais déposer une pétition, une pétition qui totalise plus de 6 000 pétitionnaires, 6 000 pétitionnaires qui dénoncent la situation que la famille Cadieux vit actuellement, vit depuis le 26 novembre dernier. Quand on cherche des conséquences de la réforme du ministre Barrette, on en a une devant nous.

Ce qui est arrivé, c'est que la famille Cadieux avait la chance de pouvoir vivre heureuse, paisiblement avec Jonathan, avec leur enfant. Elle avait... pas le privilège, mais avait l'occasion d'avoir du répit pour pouvoir... permettre de vivre ces moments avec leur enfant, et, suite à la réforme du ministre Barrette où il y a eu un mélange de structures, bien, pour le prétexte d'uniformiser les services, donc une approche plus de mur-à-mur plutôt qu'un service en fonction des besoins réels des familles et des besoins, mais on a enlevé Jonathan à la famille, et maintenant Jonathan est placé. Donc, ça faire en sorte que la famille ne peut pas être aux côtés de Jonathan, de leur enfant.

Nous, on croit qu'il faut s'assurer au Québec, il faut favoriser, au Québec que les enfants, que les parents puissent vivre le plus longtemps possible ensemble, bien entendu lorsque la santé le permet. Dans ce cas-ci, les parents ont la santé, ont la capacité de le faire, mais malheureusement, pour un choix de mur-à-mur administratif, ils ne peuvent pas avoir le répit suffisant pour pouvoir s'occuper amplement de Jonathan, ce qui fait en sorte que Jonathan est placé.

Donc, pour la société, c'est un choix beaucoup plus onéreux, ça coûte plus cher aux contribuables, mais en plus ce n'est pas un choix humain puis ce n'est pas un choix logique pour la famille puis pour que Jonathan soit le plus épanoui possible, le plus heureux possible. Donc aujourd'hui, je vais déposer une pétition qui a été signée depuis plusieurs semaines par plus de 6 000 personnes pour dénoncer cette situation.

M. Cadieux va pouvoir vous expliquer davantage ce qu'il vit, ce que la famille vit actuellement.

M. Cadieux (Denis) : Merci. Oui, bonjour, M. le ministre et M. Charest. Premièrement, je tiens à remercier M. le député Dave Turcotte d'appuyer notre pétition, de la présenter. Le fait de ne pas avoir notre fils chez nous, c'est vital. Je veux dire, on est actuellement, depuis le 26 novembre, malheureux. On ne sait pas ce qui se passe avec Jonathan. Il est tellement vulnérable. Jonathan, il ne parle pas. Il faut toujours le surveiller, le faire manger. Il n'est pas propre. Avec ses parents... on a l'habileté, avec Jonathan... et qu'il soit heureux, tandis que, là, Jonathan est en contention.

C'est quoi, la contention? C'est être attaché. C'est quoi être attaché? Jonathan n'a rien fait de mal dans la vie. Chez nous, il n'est pas attaché, Jonathan. Il est heureux. Il circule de maman à papa et il circule... c'est des enfants tellement affectueux, ces enfants-là. Il veut des caresses sans cesse, et on comprend très bien... on décèle les signes que Jonathan... s'il a soif, s'il veut quoi que ce soit, on le comprend très bien.

La contention de Jonathan... il est attaché là-bas jour et nuit. Jour et nuit, là, on parle de gros bracelets en cuir noir qui tiennent ses poignets et qui sont fixés à sa ceinture en cuir par un anneau, ce qui rend Jonathan incapable de fonctionner, d'après nous, parce que, chez nous, il n'est pas attaché, il circule. Et, en plus d'être attaché, Jonathan porte un chapeau, un chapeau sur la tête, et jour et nuit. Chez nous, Jonathan ne porte pas de chapeau. Alors, comment on peut savoir que Jonathan est heureux?

Quand je vais chercher Jonathan, je vois tout de suite ce qui se passe. Il fait le signe «fini». Je vois que les intervenants ne comprennent pas. C'est moi qui leur dis : Ah! Jonathan, tu es content, c'est fini. Il veut dire que c'est fini. Ah! Jonathan, tu veux dire qu'on s'en va à la maison. Là, il est tellement content dans l'auto, il touche ses cheveux. C'est un manque, là, qu'il a eu. Il touche ses cheveux, son visage. Il cherche à agacer. Il sait que papa, quand je conduis, il ne faut pas qu'il me touche. Mais il se rappelle de ça, puis il essaie de m'agacer, de me toucher. Puis là je lui dis : Papa, il ne veut pas, Jonathan, c'est dangereux. Il trouve ça drôle. Et tout le long du trajet, c'est 45 minutes, à peu près... mais normalement, quand on est heureux, on va le démontrer, ça dure, quoi, cinq minutes? Mais Jonathan, c'est 45 minutes, tout le long. Je vois qu'il y a eu un manque. Et ça, ça vient nous déchirer surtout quand il faut aller le reconduire. Le fait d'être attaché, ça me fait penser comment Jonathan est impuissant face à ça, hein, c'était quoi, l'exemple qu'on me disait?

Une voix : S'il y a une mouche qui vole ou un maringouin qui arrive sur son front ou sur son visage, Jonathan, il n'est pas capable de l'enlever, il a les mains attachées.

M. Cadieux (Denis) : C'est terrible, ça, en réalité, quand on pense qu'il est tellement vulnérable, cet enfant-là, qu'avec les autres enfants il peut être poussé. Là, à ce moment-là, il se trouve à être en danger. Et tellement qu'il est là, Jonathan, il faut se rappeler que depuis 20 ans, plus de 20 ans, il y a toujours eu du un pour un. Alors, comment ça peut être demandant pour les intervenants! Alors, imaginez l'énergie que ça demande à la maison, mais on ne se plaint pas tant et aussi longtemps qu'on va être en santé et on fait pour. On fait des exercices à tous les jours, puis tout fonctionne bien. Alors, à ce moment-là, Jonathan, il n'a pas demandé pour être au monde, lui. Il a demandé d'être heureux, puis c'est notre devoir. Si on a décidé de l'amener, de le garder à sa naissance, bien, on assume. On ne prend pas le chemin le plus court. On assume et on veut qu'il soit heureux toute sa vie. Quand on ne sera plus en santé, un de nous deux, bien là, à ce moment-là, ça sera notre décision, qui sera déchirante à ce moment-là... ça sera notre volonté. Voilà le but de la pétition. Et je remercie sincèrement les supporteurs de la pétition. 6 000 fois merci! Mon épouse et moi, on n'a pas Internet, mais on a cumulé à la main 4 500 signatures. C'est la preuve d'amour pour Jonathan.

Une voix : Et tout le monde qui a signé la pétition, un gros merci.

M. Cadieux (Denis) : Oui. Voilà.

La Modératrice : Merci. Mme Larose.

Mme Larose (Anik) : Bonjour. Je suis la directrice générale de l'Association du Québec pour l'intégration sociale, qui est une fédération qui regroupe des associations en défense de droits des personnes qui vivent avec une déficience intellectuelle. Pour l'AQIS, il s'agit bien là d'une aberration, d'une aberration du système qui, disons-le, n'a pas de coeur, qui a plutôt une vision de gestionnaire, une vision d'équité, semble-t-il, par rapport à certains besoins, par rapport à faire une espèce d'iniquité ou de... comme disait M. Turcotte, un mur-à-mur, mais ça n'a pas de sens. Ça n'a pas de sens parce que les besoins ne sont pas les mêmes. Ici, on parle de quelqu'un qui a de grands besoins, qui a des problèmes de comportement également.

Manifestement, la solution qui a été présentée pour on ne sait pas trop quoi, parce qu'on s'imagine que ça peut coûter plus cher que la situation qui était là préalablement, mais cette situation-là n'est pas adéquate pour Jonathan. La preuve en est qu'il doit être attaché pour qu'il puisse rester là.

Donc, on trouve que ça n'a aucun sens. On considère, nous... L'AQIS a été formée, a été créée par des parents. Donc, on revendique l'expertise des parents à s'occuper de leur enfant. De plus est, cette famille-là souhaite garder leur enfant. Dans les années 60, la société québécoise a pris la décision et a pris le virage de sortir les personnes qui avaient une déficience intellectuelle des institutions. Est-ce qu'en 2017 à cause des coupures, à cause d'une réorganisation du réseau qui milite plus sur une intervention médicale, on va revenir en arrière? Est-ce qu'on va reculer et on va remettre dans les institutions des personnes qui ne demandent qu'à vivre auprès de leurs parents? C'est une préoccupation que nous avons à l'AQIS, c'est une préoccupation que nous avons aussi dans la foulée de tout le questionnement par rapport à la maltraitance des personnes qui vivent avec une déficience intellectuelle. Nous sommes extrêmement préoccupés.

Alors, nous interpellons le premier ministre, nous interpellons le ministre de la Santé, nous interpellons la ministre déléguée aux Services sociaux, dont nous connaissons la grandeur d'âme et la grandeur de coeur, d'intervenir personnellement dans cette situation-là afin que Jonathan puisse revenir dans sa famille adéquatement. Quand viendra le temps de prendre ces décisions-là, elles seront prises par la famille et non pas par des gestionnaires et pour des considérations d'organisation de services. Je vous remercie.

La Modératrice : Merci. M. Turcotte.

M. Turcotte : Je crois qu'on a eu un témoignage très touchant de la part de M. Cadieux. On ne peut pas rester insensible face à de tels propos lorsqu'on les entend et lorsqu'on s'imagine ce que Jonathan peut vivre, lorsqu'on s'imagine ce que M. et Mme Cadieux peuvent vivre au quotidien, d'être éloignés, hein, mis à distance de leur enfant qu'ils ont pourtant eu l'occasion de s'en occuper pendant toutes ces années, après de chaudes luttes, d'avoir obtenu ce service de répit là. Aujourd'hui, ce qu'ils demandent, ce n'est pas grand-chose, c'est d'être avec leur enfant, de pouvoir s'occuper de leur enfant, de pouvoir s'occuper de Jonathan, de vivre avec Jonathan et d'avoir un service de répit qu'ils avaient et qu'ils ont perdu suite à une décision purement administrative de la part du ministre de la Santé de tout centraliser et d'avoir une approche mur à mur plutôt que des besoins réels des personnes.

Donc, c'est pour ça qu'on dépose la pétition, et j'espère que le message lancé de nous tous à l'endroit du premier ministre, du ministre de la Santé, de la ministre déléguée soit enfin entendu pour que la famille Cadieux puisse enfin vivre heureuse comme elle était avant. Est-ce qu'il y a des questions? Je vous remercie.

La Modératrice : Merci.

(Fin à 9 h 29)

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