(Douze heures cinquante-neuf minutes)
La Modératrice
: Alors,
bonjour à toutes et à tous. M. Sylvain Roy, porte-parole du Parti
québécois en matière de faune, va faire une déclaration. Ensuite, M. David
Joly, président de Menés.quebec, M. Stéphane Bergeron, député de Verchères,
et M. André Villeneuve, député de Berthier, vont prendre la parole.
M. Roy, la parole est à vous.
M. Roy
: Merci
beaucoup. Je tiens à saluer les intervenants du regroupement Menés.quebec, qui
se sont déplacés à l'Assemblée nationale aujourd'hui, ainsi que mes collègues,
les députés de Verchères et de Berthier.
Nous sommes ici cet après-midi pour
annoncer le dépôt de deux pétitions, totalisant 8 425 noms, concernant
la nouvelle réglementation sur les poissons appâts. Le ministre des Forêts, de
la Faune et des Parcs a déposé, le 28 février dernier, un règlement
interdisant le poisson appât l'été et interdisant le poisson appât vivant
l'hiver. Sans aucune période de transition et de consultation, le gouvernement
libéral a annoncé aux pêcheurs qu'il mettait fin à leur loisir et aux
entrepreneurs qu'il mettait fin à leur gagne-pain. Pire, le gouvernement a
changé un règlement sans même s'assurer que les juridictions voisines, comme
celles de l'Ontario et des États américains, fassent de même. D'ailleurs, l'Ontario
a elle aussi décidé de moderniser sa réglementation, mais en s'assurant que l'industrie
du poisson appât puisse survivre. Au Québec, nous avons fait exactement le
contraire : pas de consultation et un règlement improvisé. Les régions
touchées sont celles de la Montérégie, des Laurentides, Lanaudière, l'Abitibi,
la Mauricie et le Centre-du-Québec.
Nous avons dénoncé à plusieurs reprises ce
changement de réglementation improvisé et sans consultation. D'abord à
Contrecoeur le 8 mars dernier avec plus d'une centaine de personnes. Ensuite,
l'enjeu a été débattu à l'Assemblée nationale. Finalement, lundi dernier, lors
des crédits, le ministre a reconnu ne pas avoir consulté les intervenants dans
le dossier.
Je tiens à vous rappeler que les retombées
de la pêche commerciale au poisson appât sont de 2,3 millions de dollars
et que la pratique de la pêche blanche touche des dizaines de milliers de
Québécois. Nous espérons que le ministre entendra enfin le cri du coeur des
citoyennes et des citoyens et qu'il changera son règlement. Les gens ici
présents ont des solutions, et le ministre doit les écouter.
La Modératrice
: Merci.
M. Joly.
M. Joly (David) : Alors,
bonjour. Si on est ici en grand nombre aujourd'hui, c'est parce que l'industrie
de la pêche blanche dans les régions 7 et 8 et même dans la région 25 n'a pas
le choix d'être ici. Sans la pêche au poisson appât vivant, l'industrie va
disparaître d'ici deux ans, comme ça a été le cas au lac Memphrémagog et au lac
Brome il y a 20 ans, quand la pêche au poisson appât vivant est disparue. On
est face à une problématique à laquelle nous sommes confrontés qui va détruire beaucoup
d'entreprises locales qui sont ici. Et, si on avait des solutions de rechange,
comme le ministre le laisse sous-entendre, on ne serait pas en train de se
battre en ce moment pour notre survie.
Alors, ce n'est pas vrai qu'il y a des
solutions de rechange au poisson appât vivant pour la pêche blanche sur le
fleuve Saint-Laurent. Le ministère a fait un amalgame malheureux avec le sujet
de la carpe de roseau et de la pêche au poisson appât vivant, et on est ici
pour dénoncer cette approche-là du ministère. On tient à spécifier que ce sont
deux dossiers bien séparés et que l'industrie de la pêche au poisson vivant est
prête à faire un bout de chemin avec le ministère et a des solutions à proposer
au ministère. Et tout ce qu'on demande, c'est une rencontre avec eux. Donc, on
espère pouvoir se faire entendre par le dépôt de la pétition qui est là et on
espère avoir cette rencontre-là avec le ministre et le ministère. Merci.
La Modératrice
: Merci.
M. Bergeron.
M. Bergeron : Alors,
bonjour. Je suis l'un de ceux qui déposeront, dans quelques instants, une
pétition pour dénoncer la décision qui a été prise par le gouvernement. Et, si
je suis l'un des parrains de cette pétition, c'est parce que les gens de
Contrecoeur, qui entretiennent une activité depuis nombre d'années sur le
fleuve Saint-Laurent qui attire des centaines, voire des milliers de personnes
chaque année, des petites familles, des gens qui viennent, là, pour un loisir
qui se transmet, pour ainsi dire, de génération en génération, qui entretient
une industrie qui a des retombées économiques importantes et à laquelle on
veut, pour ainsi dire, mettre un terme... Et c'est totalement inacceptable
puisque, dans des juridictions voisines, on va maintenir la pêche au poisson appât.
C'est, pour ainsi dire, une invitation que fait le gouvernement du Québec aux
pêcheurs du Québec d'aller pêcher ailleurs. Et c'est ça qui n'a absolument
aucun bon sens. Et le prétexte pour cela, c'est la lutte contre l'invasion de
carpes asiatiques.
Écoutez, il y a quelque chose de bien plus
grave qui se passe présentement et qui devrait nécessiter des efforts
considérables de la part du gouvernement du Québec, c'est la décision du gouvernement
américain de couper dans le financement des programmes pour la santé des Grands
Lacs, Or, plutôt que de s'attaquer aux véritables causes, le gouvernement du
Québec s'attaque aux pêcheurs québécois. Et c'est totalement inadmissible parce
que tout cela sent l'improvisation à plein nez. Imaginez, moi, je ne suis pas
un spécialiste en la matière, mais j'ai eu l'occasion d'échanger à quelques
reprises avec le ministre sur la question et je crois avoir trouvé quelqu'un qui
s'y connaît encore moins que moi, mais c'est le ministre responsable.
Alors, quand on dit, par exemple, que les
pêcheurs ne sont pas en mesure de faire la distinction entre les ménés qui
seraient des carpes asiatiques et d'autres espèces, bien, je veux dire, à quelque
part, les spécialistes nous disent que c'est totalement fallacieux. Et si
c'était véritablement la seule justification, qu'est-ce qui explique, par
exemple, qu'on ait décidé aussi d'interdire la pêche aux écrevisses vivantes?
C'est-u parce qu'on n'est pas capable de faire la distinction entre une
écrevisse puis une carpe asiatique? Alors, à sa face même, cette décision-là ne
repose sur rien, mais elle va avoir des incidences considérables sur une
industrie séculaire au Québec et sur un loisir tout à fait légitime que
pratiquent des petites familles du Québec depuis des années, depuis des
générations.
Alors, on invite le gouvernement à revenir
sur sa décision et surtout à rencontrer les gens qui sont ici, qui connaissent
cela et qui n'ont pas été consultés pour la décision qui a été prise par le
gouvernement.
La Modératrice
: Merci.
Maintenant, M. Villeneuve.
M. Villeneuve
:
Oui. Alors, écoutez, décision irréfléchie, je pense qu'on vient d'en faire la
preuve. Décision irréfléchie, improvisation du ministre, du gouvernement. Et
moi, je tiens à souligner, M. Bergeron en a parlé, mais tout le côté
familial, le loisir, les loisirs, donc. Les petites familles vont à la pêche
blanche l'hiver. On veut que nos jeunes ne soient pas sédentarisés, on veut
qu'ils bougent, on veut qu'ils aillent jouer dehors. Eh bien, on a là un loisir
tout à fait extraordinaire qui permet, justement, à nos jeunes de pouvoir
exercer des activités à l'extérieur de la maison et, évidemment...
M. Bergeron : Lâcher la
tablette.
M. Villeneuve
: ...lâcher
la tablette électronique et de pouvoir, justement, préparer la relève des
pêcheurs aussi parce qu'évidemment il faut préparer cette relève-là, et rien de
tel que de commencer par faire de la pêche blanche pour ensuite peut-être aller
à la pêche au saumon, qui sait.
Alors, je pense que le message est clair
aujourd'hui. Les gens qui n'ont pas été entendus — le ministre l'a
candidement admis — demandent à être entendus, et je pense que le
ministre doit répondre positivement à cette requête.
La Modératrice
: Merci.
On va maintenant passer à la période de questions. Pas de question? Merci
beaucoup.
(Fin à 13 h 6)