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Point de presse de M. Jean-François Lisée, chef de l’opposition officielle, M. Pascal Bérubé, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’éthique et d’intégrité, et Mme Véronique Hivon, porte-parole de l’opposition officielle en matière de justice

Version finale

Thursday, May 4, 2017, 8 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Huit heures trois minutes)

Le Modérateur : Bonjour. M. Lisée est accompagné par M. Pascal Bérubé qui est leader parlementaire et porte-parole en matière de Sécurité publique. M. Lisée.

M. Lisée : Et il est possible que Véronique Hivon se joigne à nous d'ici peu.

D'abord, quelques mots en solidarité pour des centaines de milliers de Québécois qui sont aux prises avec des inondations un peu partout au Québec, en Mauricie, en Outaouais, en fait dans 13 à 15 des régions du Québec qui sont aux prises avec des inondations. On pense que les précipitations vont être assez fortes d'ici lundi, donc on est très vigilants sur l'action gouvernementale. Je pense qu'il est important que l'ensemble des mesures soient au rendez-vous.

Pour l'instant, ça semble correct, on tient à le dire, dans la mesure de notre capacité à vérifier. Les maires semblent réagir correctement. La question de l'armée a été posée. Le gouvernement, pour l'instant, pense que ce n'est pas nécessaire, mais serait prêt à y recourir, si ça devait être le cas. Alors, il faut rester vigilant. Nous, on continue à voir ce qui se passe dans nos régions. Plusieurs de nos populations de nos députés sont affectées, et nos députés sont avec leurs commettants, leurs maires, leurs organisations pour essayer de participer à traverser ce moment difficile.

Pour changer de sujet complètement, sans transition, comme on dit dans les médias, aujourd'hui, il y aura le commissaire Lafrenière qui sera présent pour répondre à des questions. Et l'attention qu'il y a sur l'ensemble de nos institutions ces dernières semaines, que ça soit la justice, la police, j'ajouterais la presse, me rend un peu inquiet de la fragilisation de nos institutions, qui est la résultante de 12 ans d'administration libérale.

Sur la question, évidemment, de... je ne sais vraiment pas par où commencer tellement il y en a. C'est simplement pour vous dire, là. Sur la question des révélations d'Yves Francoeur, nous essayons de défendre les institutions. Nous savons que la DPCP a dit du mal de la crédibilité d'Yves Francoeur. La ministre de la Justice a dit du mal de la crédibilité d'Yves Francoeur. La DPCP décide d'ouvrir une enquête sur les allégations d'Yves Francoeur. Il nous semble que la prudence, dans ce cas-là, serait de demander un procureur indépendant de la DPCP qui s'est déjà prononcée sur la crédibilité du principal témoin. On ne devrait même pas avoir à le demander, ça devrait être automatique compte tenu des propos.

Alors, nous, on défend l'institution, on propose des façons de préserver la crédibilité de l'institution lorsque l'enquête aboutira. On ne veut pas que les conclusions de l'enquête, quelles qu'elles soient, puissent être entachées par le fait qu'il n'y a pas assez de distance entre la DPCP et le sujet. C'est refusé par la ministre de la Justice hier. Pourquoi? Sur l'ensemble du dossier de justice, nous avons, pendant un an et demi, avisé qu'il n'y avait pas assez de ressources et que le problème des délais allait nous rattraper. On ne nous a pas écoutés. C'est en dernière extrémité qu'en décembre dernier des ressources supplémentaires ont été investies. Et même là on leur a dit : Vous savez, ce ne sera pas suffisant pour garder des accusés dans des procès. Il faut commencer à parler de la clause dérogatoire. On ne nous a pas écoutés. On voulait préserver l'institution.

Et dans un autre cas, sur la question des rapports entre la police et le pouvoir lorsque des députés ou des ministres sont sous enquête, nous avons voulu protéger les institutions. J'ai dit ici même : Il existe une procédure plus ou moins balisée, où on renseigne le premier ministre lorsqu'un de ses ministres et de ses députés est sous enquête. Et le ministre Coiteux a dit : «Il n'existe pas de protocole, de directive, de procédure par lesquels les services de police vont dire sur qui et sur quoi ils travaillent. C'est un principe fondamental de séparation des pouvoirs.» Tout le monde est conscient que si ça existait, ça n'aurait pas de bon sens — Martin Coiteux. Bien, non seulement ça existe, mais c'est La Presse qui l'a ce matin. Pourquoi? Parce que les journalistes font des enquêtes, et c'est une bonne chose pour la démocratie.

Alors, moi, depuis le début, je dis : Il faut faire reculer l'hypocrisie et l'arbitraire. Et lorsqu'un député et un ministre sont sous une enquête, il est bon que, dès que cette personne est informée, le premier ministre ou le whip soient informés que l'enquête existe. Et là la directive le dit, pourquoi : Dans le cas où la nature du geste visé par l'enquête peut compromettre le travail du ministre ou du député, s'il y avait un risque pour la sécurité de l'État, etc.

Et vous avez vu que la version du gouvernement a changé trois fois là-dessus. Au début, ça n'existait pas; ensuite, le premier ministre a dit que ça existait, mais seulement pour les ministres; puis ce matin, on apprend que ça existe aussi pour les députés.

Alors donc, avec le gouvernement libéral, on est dans l'arbitraire et l'hypocrisie. Et nous, on pense que ça mine les institutions, l'arbitraire et l'hypocrisie, et on va continuer à se tenir aujourd'hui ici, ailleurs, à la période des questions, pour défendre la justice, l'intégrité de nos institutions. Et, lorsqu'elles sont mal défendues ou fragilisées par le gouvernement, nous serons là pour dire ce qu'il faut faire pour les solidifier.

Le Modérateur : Merci beaucoup, M. Lisée. On va y aller, micro de droite, M. Laforest. Merci d'avoir une question, une sous-question.

M. Laforest (Alain) : Bonjour, messieurs. Selon vous, est-ce que M. Couillard, ou son cabinet, ou le cabinet du whip est au courant de qui a fait l'objet d'une écoute électronique?

M. Lisée : Bien, si on se réfère au texte de LaPresse de ce matin, qui a eu accès aux documents préparés par le ministère de la Sécurité publique en prévision des crédits, la réponse, c'est oui. Est-ce qu'il devrait nous le dire? La réponse, c'est probablement non, mais est-ce qu'il devrait le savoir? La réponse, c'est oui. Le premier ministre ou un chef de parti devrait être en mesure de décider, lorsqu'il sait qu'il y a une enquête, est-ce que la personne devrait être suspendue pendant l'enquête? Parfois, ça peut être oui, parfois, ça peut être non. Il devrait savoir qu'à la fin il y aura un moment où il devra expliquer pourquoi il a posé ce jugement.

Mais on ne peut pas laisser un chef de parti dans le noir, lorsqu'il y a un membre de son équipe qui est sous enquête, qui a la présomption d'innocence, mais de juger si cette personne devrait rester à ses fonctions pendant l'enquête.

M. Laforest (Alain) : Les attentes sont très hautes aujourd'hui, là. Le Bureau des enquêtes indépendantes va être ici, l'état-major de la Sûreté du Québec va être ici, le patron de l'UPAC va être ici. Actuellement, assurer trois enquêtes qui se déroulent, vous n'avez pas l'impression que, et le directeur de la Sûreté du Québec et le patron de l'UPAC, à chaque question que vous allez leur poser pour tenter de savoir qu'est-ce qui s'est passé, ils vont vous dire : C'est sous enquête?

M. Lisée : C'est probable, et je vais laisser Pascal vous répondre.

M. Bérubé : Ce qui va guider notre action, ce qui va guider mes questions aujourd'hui, c'est très simple, c'est la recherche de la vérité. Et, dans le cas de l'Unité permanente anticorruption, rappelons que nous avons fait une demande, cet hiver, de l'accueillir à l'Assemblée nationale pour poser des questions, et ça a été refusé par la majorité libérale. C'était la même chose pour la direction des poursuites criminelles et pénales. C'est notre rendez-vous annuel, c'est notre seule occasion de poser des questions essentielles que se pose le public, qui sont à la base de notre démocratie et qui pourront permettre de rassurer le public.

Je fais référence à un sondage récent sur la perception du public quant à l'indépendance de l'Unité permanente anticorruption lorsqu'il est question d'enquête portant sur des politiciens. Alors, on aura des questions à poser et on espère la collaboration de tous. Mais aujourd'hui, ce qui m'anime, et on s'est préparé en conséquence depuis plusieurs semaines pour s'assurer d'avoir les bonnes questions, c'est la recherche de la vérité.

Le Modérateur : Merci. M. Vigneault, Radio-Canada.

M. Vigneault (Nicolas) : Dans le cadre, justement, de la venue de M. Lafrenière, justement, quelles sont vos attentes? Est-ce que vous allez tenter d'avoir des explications sur les documents, bon, qui se retrouvent dans l'espace public, qui, de toute évidence, sont des documents d'enquête?

M. Bérubé : Nous recherchons la vérité et, quant à l'UPAC, de façon générale, quant à son fonctionnement, quant à sa capacité de mener à terme des enquêtes et surtout quant à son indépendance. Et je veux rappeler ici ce que j'ai dit sur d'autres tribunes. Au début novembre 2015, nous avons proposé que le commissaire de l'Unité permanente anticorruption soit nommé par les deux tiers de l'Assemblée nationale. Nous avons été la première formation politique à le proposer. En 2014, on a fait la même chose pour le directeur de la Sûreté du Québec.

Ces questions-là sont importantes. L'UPAC a été créée en 2011 par le gouvernement de M. Charest. M. Lafrenière a été nommé par le gouvernement de M. Charest, a été renommé par le gouvernement de M. Couillard. Ils sont les seuls à choisir le patron et une des questions qui va se poser : Qui est le patron de M. Lafrenière? À qui se rapporte-t-il? Et ce n'est pas clair pour tout le monde.

Alors, je sais qu'il y a beaucoup d'attention sur cette étude des crédits. Je sais que les questions de justice et de sécurité publique font la manchette avec raison. Nous avons décidé d'aller au bout des choses et aujourd'hui nous ne négligerons rien pour obtenir toute la vérité sur ce qui est essentiel : Êtes-vous capable de mener à terme vos enquêtes, de mener vos travaux? Et on devra prendre la parole de ce qui nous est livré. Pour le reste, les institutions feront le travail, mais il y a des questions importantes qui se posent, et je suis convaincu que les gens qui nous écouteront, les gens qui suivront nos travaux seront heureux des questions qu'on posera aujourd'hui.

M. Vigneault (Nicolas) : M. Lisée, sur les possibles alliances, il y a un premier exécutif du Parti québécois à La Prairie — ils nous ont acheminé un communiqué, là, il y a peut-être une vingtaine de minutes — qui prône justement une alliance entre les partis d'oppositions, là. C'est un premier positionnement officiel. Votre réaction à tout ça? Est-ce que vous souhaitez que d'autres exécutifs aillent dans le même sens?

M. Lisée : Bien, d'abord, vous êtes très bien informés. Je vais lire le communiqué de La Prairie si vous pouvez…

M. Bérubé : Véronique va se joindre à nous.

M. Lisée : Oui. Véronique, as-tu une réponse à ça?

M. Bérubé : C'est elle, l'invitée surprise.

M. Lisée : On en apprend… Comme disait Patrice Roy, ce sont les joies du direct. On ne le dira jamais assez.

Mme Hivon : Oui, effectivement.

Une voix : C'est M. Pierre Langlois.

Mme Hivon : Oui. Je viens de voir ça. Ça vaut la peine d'arriver quelques minutes plus tard, des fois. Donc, oui, effectivement, il y a eu une première résolution formelle qui a été prise en faveur d'alliances, donc, avec les progressistes et indépendantistes, de la part de La Prairie.

M. Vigneault (Nicolas) : Donc, ça, ça vous satisfait, Mme Hivon?

Mme Hivon : Bien, oui, je pense que c'est très positif parce qu'en fait, ce n'est même pas quelque chose qui est formellement demandé. Donc, ça veut dire que, de leur propre chef, ils ont décidé, dans La Prairie, de faire cette demande-là, de montrer leur volonté d'aller en ce sens-là.

M. Vigneault (Nicolas) : Vous souhaitez qu'il y en ait d'autres?

Mme Hivon : Oui, et puis on sait aussi que la même démarche a cours en ce moment au sein des instances de Québec solidaire qui, dans les différentes circonscriptions, donc, se penche sur la question et que déjà il y a des positionnements qui se prennent.

Le Modérateur : Merci. M. Bellerose, micro de droite.

M. Bellerose (Patrick) : Bonjour. La question est pour M. Bérubé. Toujours sur le témoignage de monsieur… bien, en fait, le passage de M. Lafrenière aujourd'hui en commission, qu'est-ce que vous espérez apprendre sur, notamment, l'enquête qui porte sur MM. Bibeau et Charest?

M. Bérubé : Ce n'est pas tellement sur la conduite des enquêtes, c'est sur les moyens à leur disposition pour aller au bout, parce qu'il se peut que lorsqu'on conduit une enquête, on arrive à des accusations, voire à des condamnations, ou qu'on n'arrive à rien du tout. Et on n'a pas de souhait.

Notre souhait, c'est que, si les gens doivent avoir des accusations, ça puisse aller jusqu'au bout. Donc, on ne veut pas aller dans les enquêtes, on veut poser des questions générales sur le travail de l'Unité permanente anticorruption. Notamment, on est capables... on a des comparables avec, par exemple, les dernières années et puis aujourd'hui... et aussi avec des attentes créées par M. Lafrenière. Je vous rappelle qu'à la fin de l'année 2014 il nous indiquait — c'est lui qui a convoqué le point de presse — que 2015 allait être une année importante sur des arrestations dans le domaine politique. Il avait des espoirs importants, je vous rappelle, à ce texte-là.

Alors, il a créé lui-même des attentes et il a été renommé, donc il avait certainement une volonté de poursuivre son travail, et on va s'assurer que ce travail se fait correctement. Et je pense qu'il va... l'ensemble de son équipe va se sentir interpellée également par le sondage que vous avez vu récemment, qui indique, et c'est ça qui est inquiétant, là, ce n'est pas l'opposition qui mine les institutions... On a posé la question aux Québécois, ils se disent : Quand il est question d'élus, on est assez convaincus que là il y a des réticences. Et ça, bien, c'est la population, et l'opposition se fait le relais de la population pour poser des questions importantes sur des enjeux fondamentaux : la justice et la police.

Alors, on est rendus là, et, si ces questions-là prennent autant de place, c'est que certainement macère un questionnement et qu'il y a des choses qui ne sont pas réglées. Je termine en disant que, pour tout le monde, la commission Charbonneau a laissé un goût amer avec notamment cette dissidence de Renaud Lachance, qu'on ne peut toujours pas expliquer d'ailleurs. Et manifestement, certains d'entre vous ont vu des choses qui n'ont pas été vues à la commission Charbonneau. Alors, les échanges se poursuivent, les débats se poursuivent, toujours avec la ligne suivante, en ce qui nous concerne, la recherche de la vérité.

M. Bellerose (Patrick) : Mais juste une petite question de suivi sur... Vous avez dit : On veut savoir qui est le patron de M. Lafrenière en définitive. J'imagine que vous allez vous intéresser au fait que M. Zambito a dit qu'il y avait des communications fréquentes entre M. Dufresne et M. Lafrenière?

M. Bérubé : C'est sans prétention. Je comprends que sa volonté, c'est de venir ici, à l'Assemblée nationale. Ce n'est pas un parlementaire. Il ne posera pas de question. On ne se laissera pas guider par ce qui est dit. Beaucoup de choses sont dites. On a vraiment une volonté de façon générale, mais de façon directe et claire, de poser des questions sur la possibilité de l'UPAC, avec sa pleine indépendance, de mener à terme ces travaux, et c'est l'objectif que je poursuis. Quant à M. Zambito, les motivations qui l'animent lui appartiennent.

Le Modérateur : Merci. On va y aller avec Mme Plante.

Mme Plante (Caroline) : Oui, une question pour M. Bérubé. Vous soulignez ce matin que M. Lafrenière a été nommé par M. Charest. Est-ce que vous insinuez par ça qu'il chercherait à le protéger?

M. Bérubé : C'est un fait, 2011, l'Unité permanente anticorruption est créée, le ministre de l'époque est M. Robert Dutil. C'est le gouvernement Charest qui nomme l'UPAC, c'est le gouvernement Couillard qui renomme M. Lafrenière, et, entre les deux, je vous rappelle notre proposition de nommer aux deux tiers des députés de l'Assemblée nationale le commissaire de l'Unité permanente anticorruption, et ça a été refusé.

Alors, j'ai rappelé, l'an dernier, au ministre que vous réalisez que l'homme qui est à côté de vous — et là je m'adresse au ministre, là — enquête sur votre propre formation politique et vous êtes son patron. Alors, ne trouvez-vous pas que l'indépendance de l'UPAC est perfectible? Il n'a pas répondu à cette question-là.

Et je vous ajoute un élément supplémentaire. Si je ne me trompe pas, c'est le projet de loi n° 107, qui a été déposé en juin 2016, on souhaitait que l'UPAC soit indépendante de la Sûreté du Québec, de la volonté du ministre. On n'a plus jamais réentendu parler de ce projet de loi. Pourquoi? Peut-être qu'on l'apprendra aujourd'hui.

Mme Plante (Caroline) : Dans votre recherche de vérité, est-ce que vous allez chercher à rencontrer MM. Zambito, Coretti et...

Une voix : Pereira.

Mme Plante (Caroline) : Pereira, c'est ça, aujourd'hui, qui vont être présents ici?

M. Bérubé : Je pense qu'ils vont venir à notre rencontre, mais je n'ai pas l'intention d'échanger avec eux. J'ai l'intention d'échanger avec le ministre de la Sécurité publique et les personnes qui l'accompagneront.

Le Modérateur : Merci. M. Lacroix, micro de droite.

M. Lacroix (Louis) : Bonjour, madame, messieurs. J'aimerais vous entendre, M. Lisée, sur la déclaration de M. Moreau hier, qui semblait... en fait, qui laissait entendre qu'il y avait un peu d'acharnement thérapeutique, journalistique sur le gouvernement. Comment vous réagissez à une affirmation comme celle-là?

M. Lisée : C'était hier la journée de l'indépendance journalistique internationale, et c'est la journée qu'a choisi Pierre Moreau pour dire que les journalistes devraient arrêter d'enquêter, hein? C'est ce qu'il a dit. Il a dit : Les enquêtes devraient être laissées à la police. À chacun son métier, et les vaches seront bien gardées. Fin de la citation.

C'est le métier des journalistes d'enquêter et parfois de s'acharner. Et lorsque les élus de la planète regardent le journal le matin ou écoutent la radio, ils sont très souvent de mauvaise humeur, soit parce qu'une information qu'ils voulaient garder confidentielle a été révélée, soit que des choses sont présentées pas de la façon dont ils aimeraient qu'elles soient présentées, à tort ou à raison. C'est un élément essentiel de la démocratie.

Et si on suivait la logique de M. Moreau, qui voulait devenir chef du Parti libéral il y a peu et qui pourrait vouloir le devenir bientôt, lui, dans sa tête, l'émission Enquêten'aurait pas dû faire ces enquêtes qui ont conduit à la commission Charbonneau.

D'ailleurs, on pourrait rappeler que M. Moreau était contre la commission Charbonneau. Il est allé à Tout le monde en parlepour dire comment, ça, c'était une mauvaise idée, parce qu'il fallait laisser les enquêtes à la police et donc pas à une commission d'enquête.

Et là ce qu'il a dit aujourd'hui, moi, en tant que chef du Parti québécois, ancien journaliste, citoyen, je pense que c'est très grave. Je pense que le premier ministre devrait le rappeler à l'ordre. Je pense que lui-même devrait venir préciser sa pensée et dire : Évidemment, je n'ai pas voulu dire que les journalistes devraient arrêter d'enquêter. Mais c'est ce qu'il a dit hier. Et, s'il fallait qu'on ait un chef du Parti libéral du Québec qui dise à Radio-Canada, au Journal de Montréal, à LaPresse : Arrêtez d'enquêter, fermez vos bureaux d'enquête, ne vous mêlez pas de trouver des choses qui ne sont pas dans les communiqués de presse, ça appauvrirait la démocratie de façon très grave.

Alors, moi, je n'en reviens pas qu'un membre senior du gouvernement libéral ait fait une attaque hier contre la liberté de la presse.

M. Lacroix (Louis) : Sur un autre sujet, il y a certaines rumeurs qui circulent à l'effet que le gouvernement Couillard étudierait peut-être la possibilité de déclencher des élections hâtives. Est-ce que vous vous préparez à un tel scénario?

M. Lisée : Oui, on se prépare à tous les scénarios. Alors, on pense que... il y a une loi sur les élections à date fixe. Maintenant, si le gouvernement Couillard pense qu'il n'est plus capable de gouverner le Québec, nous serons très heureux de le remplacer plus tôt que prévu.

Le Modérateur : Merci. Mme Porter.

Mme Porter (Isabelle) : Vous avez fait allusion à la fragilité de différentes institutions, DPCP, l'UPAC, etc. De toutes ces institutions là, laquelle vous semble la plus fragilisée en ce moment?

M. Lisée : Écoutez, c'est difficile de choisir parce que l'indépendance de la police est fragilisée avec les enquêtes autour des enquêteurs du SPVM. Il y a une grande suspicion sur l'immunité libérale à l'intérieur de notre système d'enquête et de mise en accusation, il y a la question des délais qui fait en sorte que des Hell's Angels qui ont plaidé coupables sont en liberté, des accusés de meurtre n'ont pas leur procès.

La capacité du gouvernement québécois de bien gérer les affaires de justice est vraiment mise à mal. C'est l'ensemble du système qui est fragilisé par le gouvernement libéral et par presque 15 ans de gouvernement libéral, absolument.

Mme Porter (Isabelle) : Sinon, sur un autre sujet, vous avez participé à l'étude de crédits en environnement hier. Il a été question du projet de dépotoir de déchets nucléaires à la frontière de l'Ontario et du Québec. Votre position, là-dessus, c'est quoi? Qu'est-ce que le gouvernement du Québec devrait faire par rapport à ce projet-là?

M. Lisée : Bien, je me souviens que Robert Bourassa avait dit qu'il n'était pas acceptable qu'il y ait un dépôt de déchets nucléaires à la frontière du Québec. Ce n'était même pas sur le territoire du Québec, c'était à la frontière du Québec. Alors, moi, je suis très inquiet du silence du gouvernement québécois là-dessus, et on a l'intention de le talonner.

Le Modérateur : Merci. Micro de droite, Mme Lévesque.

Mme Lévesque (Catherine) : Oui, bonjour. Je vous amène encore sur un autre sujet. Il y a quelques jours, Manon Massé disait, dans un débat de Québec solidaire, qu'elle ne souhaitait pas nécessairement la convergence souverainiste avec le Parti québécois. Je voulais savoir votre réaction par rapport à ça.

M. Lisée : Ils ont un débat en ce moment. Donc, dans deux semaines, à peu près, donc le 20, 21 mai, ils vont décider. Et ce que Manon Massé disait, c'est que c'est un débat qu'il faut avoir. Il y a des arguments pour, il y a des arguments contre. On sait que le débat est en cours.

Nous, on souhaite que Québec solidaire adopte une position qui nous permet de commencer immédiatement la négociation. S'ils disent non, ça va être réglé. Très bien. Ça, j'accepte, c'est à eux de décider. S'ils disent non, c'est réglé, mais s'ils disent oui et qu'on veut que ça marche, il faut commencer à négocier dès maintenant pour qu'à l'automne on puisse voir le résultat de la négociation, installer ce pacte-là pendant les mois qui suivront pour qu'en 2018 on fasse campagne.

Ce qui nous inquiète beaucoup, c'est une tentation de reporter le débat plus tard en novembre. Pour nous, ce rapport, ça signifierait l'échec du processus parce que ce ne serait pas possible de l'installer si on le reportait en novembre. Mais, pour le reste, on entend, de la part d'Amir Khadir, d'Andrés Fontecilla, de Gabriel Nadeau-Dubois, de d'autres, des positions favorables, des positions défavorables, des positions sceptiques. Nous respectons leurs débats internes face à ça. Nous espérons, nous, du Parti québécois qu'en mai ils donnent une réponse positive, et, à ce moment-là, on se mettra au travail pour voir qu'est-ce que ça voudrait dire dans le concret. Et nos membres pourraient ensuite, dès l'automne, dire : Ça nous va ou ça ne nous va pas.

Mme Lévesque (Catherine) : Il a aussi Bernard Drainville qui disait, il y a quelques jours, qu'il y a environ huit députés de votre formation qui souhaiteraient plutôt un rapprochement avec la CAQ. Est-ce que ce serait possible?

M. Lisée : Bien, ensuite, notre ami Bernard a dit qu'il n'avait vérifié cette information auprès d'aucun député. Alors, c'est faux. D'ailleurs, je suis allé en caucus, j'ai dit : S'il y a huit personnes ici — hein, Claude est témoin — qui veulent nous en parler, on serait intéressé. Il n'y en avait aucun. Alors, je pense que c'est une...

M. Bérubé : Une surpondération.

M. Lisée : Oui, c'est... Il y en avait peut-être un lorsque Bernard y était, mais, en ce moment, nous, notre pointage, c'est zéro.

Le Modérateur : Merci. En anglais. Mme Johnson, s'il vous plaît.

Mme Johnson (Maya) : Good morning, Mr. Lisée.

M. Lisée : Good morning.

Mme Johnson (Maya) : Mr. Moreau said yesterday that he respects the work of journalists and 99.9% of them are doing their job correctly. He said that he took issue with one specific person, and he says that person knows who he is, who chose to selectively report certain information while omitting other important information that was crucial to the story. That's what he said he took issue with.

So, isn't it misleading to suggest he's somehow against press freedom or liberty of the press in general?

M. Lisée : Well, I'm quoting him. Let's look at the facts. He said that an enquiry should be left to the police, to each its job, and the cows will be well…

Mme Johnson (Maya) : Taken care of.

M. Lisée : Taken care of. So, he said that enquiries should be left to the police. That's his quote, and so that means that enquiries shouldn't be left to journalists. And the gist of his declaration is that the way journalists work is just a part of the picture, we don't have the whole picture, the police look at the whole picture.

Well, that's how the media works, and you can disagree with the media, you can be annoyed by the media, but without the media, there's no democracy. And to suggest that the media shouldn't do investigation is not to understand what freedom of the press is.

Mme Johnson (Maya) : On another issue, and I think it's interesting, given that there has been so much talk about allegations of corruption and wrongdoing, earlier this week, the Ombudsman's new mandate came into force, which should be giving whistleblowers better protection if they want to denounce wrongdoing. Do you think that is enough? Are you reassured by that or would you like to see more?

Mme Hivon : You are talking about the bill that was voted for…

Mme Johnson (Maya) :

Mme Hivon : Exactly. We are quite satisfied with the bill. We led a fight, Nicole Léger, in the parliamentary committee, to have it a little broadened. And we were not 100% satisfied with it, but, you know, enough to vote in favor.

We think it's a step in the right direction. We will see how that goes, but of course we have, as a democracy, to be sure that we really, really protect the whistleblowers. It has to remain a concern all the time.

Mme Johnson (Maya) : What more would you have liked to have been included in that bill?

Mme Hivon : Well, since we voted in favor, I think that we are willing to agree that it's a step in the right direction. But, you know, in the chain of command, there was a few things we thought could be clarified. But if you want, really, details, you should talk to Mme Léger.

Le Modérateur : Merci. Micro de droite, s'il vous plaît. Dernière question en anglais.

Mme Fletcher (Raquel) : Mr. Lisée, good morning. What do you hope to have Lafrenière clear up during his testimony today?

M. Lisée : Well, we want to get as close to the truth as possible. We don't want to delve into the way the inquiries, the investigations are done. We want to make sure that Mr. Lafrenière has all the independence he needs to go forward, all the means he needs to go forward. And if he wants to tell us how he feels about the process after he tables his recommendations to the Crown, we'd be willing to listen to him. We know he's going to be very prudent, as he should, but anything that he tells us that he needs to do his job in a more orderly fashion or with more resources, we'll be very interested to hear.

Mme Fletcher (Raquel) : Mme Hivon, a couple days ago, you asked the Director at the DPCP about the electronic surveillance registry. She said that she was not interested in looking that up, and yesterday, during question period, Mr. Coiteux also said that he wouldn't request a list of names that was on that registry. How do you feel about that?

Mme Hivon :OK. We need to do a few clarifications. We didn't ask for the confidentiality to be broken; never that is what I asked. What we asked is not even the registry of all the phone tapping, it was really to look at the registry of the notifications that have to be send to people who have been the object of phone tapping, for example. And the DPCP said that she didn't verify that and then she said that she couldn't take the commitment to do it. We asked the Minister, she said the same thing.

And what is puzzling to us is that the following day, in the press release, the DPCP said that all due verifications that were possible had been done. Does that mean that, from the night before to the next morning, that verification was made? And is it on the basis of that verification that the inquiry was requested? That is a question that remains.

Mme Fletcher (Raquel) : It's not clear.

Mme Hivon : No, it's not clear.

(Fin à 8 h 31)