(Huit heures trente-deux minutes)
M.
Caire
:
Alors, bonjour. Aujourd'hui, je voulais revenir sur l'attitude, notamment, de
Pierre Moreau hier, extrêmement disgracieuse et totalement non méritée. M. Moreau
accuse les journalistes de s'acharner, on peut même parler d'acharnement
thérapeutique. Ce qui est particulier, c'est que M. Moreau, ce faisant,
donne vie à une maxime qui dit que quand on n'aime pas le message, bien, on
attaque le messager. Mais, sur le fond, ce que les médias ont rendu public est
incontestable. On a les courriels de Mme Trépanier, notamment, ou des
documents qui ont fait partie de dossiers d'enquête. Donc, les journalistes,
dans toute cette saga-là, ont été factuels. Ce qui est récurrent, c'est, un,
que ça implique toujours le Parti libéral. Alors, moi, je l'ai déjà dit :
Tous les libéraux ne sont pas corrompus, mais il semble que tous les corrompus
soient libéraux. Ça, ce n'est pas de la faute des journalistes. Et
deuxièmement, bien, écoutez, si le Parti libéral n'était pas ce qu'il est, bien,
peut-être qu'il arrêterait de faire partie de la nouvelle.
Donc, moi, j'invite plutôt M. Moreau
à travailler sur l'éthique et l'intégrité de sa formation politique plutôt que
de s'attaquer à des gens dont le travail est de rendre publiques les
informations qui sont d'intérêt public. Là-dessus, je vais attendre vos
questions.
Le Modérateur
: Patrick
Bellerose, Journal de Québec, Journal de Montréal.
M. Bellerose (Patrick) :
Bonjour, M. Caire. Qu'est-ce que vous espérez apprendre du passage de M. Lafrenière
et de M. Prud'homme aujourd'hui en commission?
M.
Caire
: Bien,
comme je l'ai dit hier, comme tout administrateur public, on souhaite évidemment
savoir de M. Lafrenière dans quel état se trouve son organisation, c'est
quoi, un peu, le bilan, les résultats obtenus par l'UPAC depuis sa
constitution, en fait tout ce qui justifie ou ne justifie pas les budgets qui
sont donnés à un administrateur public, là. Je vous dirais qu'essentiellement c'est
ce qu'on va demander à M. Lafrenière et M. Prud'homme.
M. Bellerose (Patrick) :
Êtes-vous inquiet de l'indépendance de l'UPAC face au gouvernement?
M.
Caire
:
Écoutez, bon, inquiet, le mot est fort. On va très certainement se poser des
questions. On va effectivement aussi poser des questions, très certainement... puis
vous comprendrez que je ne veux pas devancer les questions de mon collègue
André Spénard, là, mais on va très certainement se poser des questions,
notamment sur le coulage d'information dans les médias. Qu'est-ce qu'il en est?
Qu'est-ce qu'il en est de ça? Qu'est-ce que sont les explications? Qu'est-ce
que sont les mesures? Bon, vous comprendrez qu'on va s'intéresser à ça, très
certainement. Bien sûr qu'il y aura certainement des questions touchant le
déroulement des enquêtes, l'aboutissement ou non des enquêtes. Mais, vous savez,
il faut faire très attention parce que quelquefois la ligne est mince entre
s'informer sur l'administration qu'on fait de l'organisation, surtout quand on
parle d'un corps policier, et la tentation de s'immiscer dans des enquêtes, ce
qui n'est absolument pas l'objet d'une commission parlementaire, bien
évidemment.
Le Modérateur
:
Catherine Lévesque, Huffington Post.
Mme Lévesque (Catherine) :
Bonjour. Je voulais savoir : Vous, est-ce que vous pensez que Phillipe
Couillard devrait rappeler M. Moreau à l'ordre? Qu'est-ce qu'il devrait
faire?
M.
Caire
: Oh
oui. Bien, en fait, le premier ministre devrait faire deux choses. La première,
c'est évidemment de rappeler son ministre à l'ordre. Et la deuxième, c'est
d'appuyer la motion que nous allons déposer aujourd'hui qui rappelle
l'indépendance des journalistes puis l'importance du travail de journaliste d'enquête,
donc que le premier ministre, ce faisant, réitère sa confiance dans la qualité
du travail journalistique qui est fait et l'importance que ce travail-là soit
fait. Donc, ça, c'est les deux choses auxquelles on s'attend de la part du
premier ministre.
Mme Lévesque (Catherine) :
Sur un autre sujet, la convergence. À votre connaissance, est-ce qu'il y a des
députés péquistes qui souhaitent une convergence avec la CAQ?
M.
Caire
:
Écoutez, ils ne se sont pas manifestés à moi si tel est le cas. Écoutez, nous,
on l'a dit et on le dit depuis le début : Quiconque est prêt à défendre
les valeurs, le programme et le plan de la Coalition avenir Québec est le
bienvenu à la Coalition avenir Québec. Et, écoutez, on est bons princes, on est
même prêts à oublier qu'ils ont eu un passé péquiste.
Le Modérateur
: Pour
une question, Alain Laforest.
Une voix
: ...
M.
Caire
: Oui,
Donald Martel me fait signe que je suis bien gentil.
Le Modérateur
: Alain
Laforest, TVA Nouvelles.
M. Laforest (Alain) : Juste
une précision, une parenthèse. Ma mémoire fait peut-être défaut, là, mais M. Legault
ne nous a pas dit qu'il y avait des députés péquistes qui s'en venaient chez
vous prochainement? Il me semble qu'il nous a dit ça il y a deux, trois,
peut-être quatre mois.
M.
Caire
:
Écoutez, possiblement que M. Legault l'a dit. Je ne pense pas qu'il ait
mis une date au moment où ça se produise, là.
M. Laforest (Alain) :
Non, mais c'est parce que vous venez de dire : Ils sont bienvenus. Sauf
que M. Legault était très affirmatif, il n'y a pas si longtemps, à l'effet
qu'il y en avait qui étaient peut-être prêts à traverser... pas traverser la
Chambre, mais se déplacer un petit peu à droite, là, ou à gauche.
M.
Caire
: Sur
le niveau affirmatif, je ne garde pas le même souvenir que vous de ce que M. Legault
a dit, mais je vais répéter le message : Quiconque est prêt à défendre nos
valeurs, notre programme, notre vision du Québec est le bienvenu à la Coalition
avenir Québec, que ce soient des députés libéraux, que ce soient des députés
péquistes, que ce soient des gens qui n'ont jamais fait de politique. La
Coalition avenir Québec a une vision claire, un plan clair, un programme clair,
une équipe, et tout le monde est le bienvenu.
M. Laforest (Alain) :
Revenons sur la journée d'aujourd'hui. Votre plus grande préoccupation
aujourd'hui, c'est quoi?
M.
Caire
: Bien,
je pense que le témoignage de M. Lafrenière, évidemment, va capter
l'attention. Ce que j'ai compris, c'est que même M. Larocque, là,
descendait de Montréal pour...
Une voix
: ...
M.
Caire
: Non?
Mon information est erronée? Bon, désolé. On l'aurait accueilli avec beaucoup
de plaisir, ceci étant dit.
Mais, de toute façon, je pense que ça va
être évidemment un moment extrêmement important dans notre journée. Je ne veux
pas mettre de pression sur mon collègue André Spénard, mais il a besoin d'être
bon. Et évidemment, bien, on va être très intéressés par ce que le commissaire
Lafrenière aura à nous dire sur l'état de son organisation.
M. Laforest (Alain) :
Mais qu'est-ce qui est important, M. Caire?
M.
Caire
: Bien,
écoutez, on ne se cachera pas que le coulage d'information des dernières
semaines a soulevé énormément de questions de la part de bien des gens. Comment
ça peut se produire? Pourquoi ça se produit? Et qu'est-ce qu'on fait pour que
ça ne se produise plus? Essentiellement, je pense qu'on va devoir interroger le
commissaire là-dessus, là. Je pense que ce n'est pas... puis, d'après moi, là,
ce n'est pas une grande surprise pour personne, là.
Le Modérateur
: Nicolas
Vigneault, Radio-Canada.
M. Vigneault (Nicolas) :
Sur M. Lafrenière, justement, du côté du Parti québécois, ce que l'on dit
c'est qu'on veut remettre en question la totale indépendance de M. Lafrenière,
compte tenu qu'il est nommé, justement, par le bureau du premier ministre.
Est-ce que, pour vous, ça soulève aussi énormément de questions?
M.
Caire
:
Écoutez, vous avez entendu comme moi M. Legault, la coalition, depuis très
longtemps, dire que le poste de commissaire de l'UPAC fait partie de ces
officiers qui devaient être désignés ou entérinés aux deux tiers de l'Assemblée
nationale. Vous comprendrez que c'est clairement pour s'assurer que cette indépendance-là,
elle est totale.
Je vais vous donner un exemple. La
Vérificatrice générale, lorsqu'il est question de répondre de ses crédits,
passe devant une commission parlementaire où l'ensemble des groupes
parlementaires et les députés indépendants sont représentés. La Vérificatrice
générale n'est pas assise à côté d'un ministre spécifique qui pourrait
éventuellement répondre à sa place à certaines questions ou décider que c'est
l'officier en question qui répond. Comprenez-vous? Donc, juste dans cette
perspective-là, vous comprendrez que... je ne dis pas que ces officiers-là
n'ont pas l'indépendance, mais il y a une phrase que j'aime beaucoup et qui
illustre bien mon propos, qui est : Ne nous soumets pas à la tentation.
Donc, si on nommait ces officiers-là aux deux tiers de l'Assemblée nationale,
bien, je pense qu'on soustrairait tout le monde à cette tentation.
M. Vigneault (Nicolas) :
Sur la convergence, je comprends que vous dites : Ceux qui partagent nos
valeurs, mais l'exécutif de La Prairie, dans son communiqué, dit carrément
que les partis d'opposition doivent s'allier. Là, on ne parle pas
nécessairement de se tourner vers la CAQ. Est-ce que, pour vous, c'est quelque
chose de possible pour les gens de La Prairie et, à tout le moins,
l'exécutif du PQ? Ça semble être la seule façon de battre les libéraux.
M.
Caire
:
Écoutez, je vois assez difficilement mon collègue Stéphane Le Bouyonnec,
dont j'espère qu'il sera encore candidat pour nous, faire alliance avec le
Parti québécois. Je ne sais pas comment ça pourrait s'orchestrer. Mais,
écoutez, comme je l'ai dit, nous, on a une vision qui est claire de ce qu'on
veut faire au Québec, de ce qu'on souhaite pour le Québec : on n'est pas
des indépendantistes, on est nationalistes, on veut que le Québec puisse
s'affirmer au sein du Canada; on a une vision, en éducation, qui est
diamétralement opposée de ce que proposent les autres; on a une vision, en
santé, qui est opposée à ce que les autres proposent; on a une vision du
développement économique qui est opposée à ce que les autres proposent. Vous
savez, c'est bien beau de dire : Je vais faire l'élection, mais après
l'élection il faut gouverner. Puis, si on ne s'entend pas sur la couleur du
ciel, bien, on gouverne comment puis on fait avancer le Québec comment? Alors,
c'est bien beau, là... Puis comme je l'ai dit, moi, je ne suis pas venu en
politique pour battre un parti politique. Je suis venu en politique pour faire
la promotion de mes idées avec une formation politique qui me ressemble, qui
nous rassemble, puis d'essayer de faire avancer le Québec à travers les outils
du pouvoir. Mais battre le Parti libéral n'est pas un objectif politique, là.
J'espère que ça ne l'est pour personne. J'espère que c'est faire avancer le
Québec qui est un objectif politique.
Le Modérateur
:
Isabelle Porter, journal Le Devoir.
Mme Porter (Isabelle) :
Oui. Est-ce que vous avez eu vent des rumeurs à l'effet que le Parti libéral
envisagerait de déclencher des élections hâtives? Et, si c'est le cas, de quel
oeil voyez-vous ça?
M.
Caire
: Bien,
j'en ai entendu parler, effectivement. Ceci étant dit, moi, j'ai entendu le premier
ministre, à plusieurs reprises, la main sur le coeur, nous dire qu'il y avait
une loi sur les élections à date fixe et qu'on allait respecter cette loi-là.
Bon, vous allez me dire que ce n'est pas la première fois que Philippe
Couillard aura dit quelque chose la main sur le coeur puis qu'il n'aura pas
respecté ce qu'il a dit, mais cette fois-ci je crois vivement et j'espère
vivement qu'il va le respecter. On se donne des lois, et à quoi bon se donner
une loi si c'est pour ne pas la respecter pour des intérêts politiques?
Alors, on s'est dit : On va mettre un
cadre qui est connu, que tout le monde comprend, que tout le monde accepte et
on va jouer à l'intérieur de ce cadre-là. Nous, on entend respecter les règles.
On ne souhaite pas que les élections soient devancées ou retardées parce que le
sondage est bon ou pas bon. On s'est dit : Si l'élection, c'est à cette
date-là, on la déclenchera et on la fera à ce moment-là. Puis je ne vois pas
pourquoi les autres partis politiques n'auraient pas la même vision des choses.
Le Modérateur
:
Caroline Plante, LaPresse canadienne.
Mme Plante (Caroline) :
Oui. Est-ce que vous allez chercher aujourd'hui des compléments d'information
chez MM. Pereira, Zambito et Coretti? Est-ce que vous allez chercher à les
rencontrer aujourd'hui pour s'asseoir avec eux, discuter avec eux?
M.
Caire
:
Écoutez, bien, je ne chercherai pas à les rencontrer, je ne chercherai pas à
les éviter non plus. Ça a été des acteurs importants dans le domaine public sur
les questions d'intégrité. Mais le travail que mon collègue André Spénard se
prépare à faire, c'est le fruit de nos recherches, de nos demandes d'accès à
l'information, de ce que nous, on a comme information que nous avons collectée
par les moyens qui sont à notre disposition. Donc, comme je vous dis, là… Puis,
écoutez, je ne veux pas… je ne sais pas comment tout ce travail-là a été fait,
là, c'est mon collègue qui en est le maître d'oeuvre. Mais je ne vois pas
pourquoi on chercherait à les rencontrer, de la même façon qu'on ne cherchera
pas à les éviter, là.
Mme Plante (Caroline) :
…avoir des informations… Donc, il n'y a pas de rencontre de prévue.
M.
Caire
: Oui,
bien, écoutez, essentiellement, ce que je comprends, c'est que ce que ces
gens-là ont à dire est, de toute façon, dans l'espace public, là. Dans le cas
de M. Zambito, il a même publié un livre récemment où je pense que tout ce
qu'il pouvait avoir à dire est dans le livre, donc… Mais, comme je vous dis, ce
n'est pas parce qu'on veut garder des distances ou… c'est juste que ce n'est pas…
Mme Plante (Caroline) :
Voyez-vous d'un bon oeil leur présence ici aujourd'hui?
M.
Caire
:
Absolument. Moi, je pense que tout citoyen du Québec qui s'intéresse à nos
travaux, qui s'intéresse à ce qui se passe ici est le bienvenu. Et «tout citoyen
du Québec», ça inclut M. Coretti, M. Peireira et M. Zambito.
Le Modérateur
: Ryan
Hicks, CBC.
M. Hicks
(Ryan) : Good morning. Are you questioning the
independence of Robert Lafrenière?
M.
Caire
:
Well, I have no evidence that there is no independence for Mr. Lafrenière,
but, you know, I think it's better to take that
organization away from temptation. That's the reason why we required a vote
from the National Assembly to design those officers.
M. Hicks (Ryan) : Is the CAQ ready for a possible fall election?
M.
Caire
: Well, yes, yes. The answer of your question is : Yes, we are
ready. So, we are hoping that the Premier will respect the law. We adopted that
law to make sure that everyone knows the rule and plays the game within the rule.
And the rule is : the next election will be in the fall 2018. So, that's
what we expect from the Government, that he respects the law.
Le Modérateur
:
Maya Johnson. CTV.
Mme Johnson
(Maya) : Hello, Mr. Caire. You were
critical of Mr. Moreau and the comments that he made yesterday related to
the work of journalists. You think he went too far, clearly.
M.
Caire
: Yes, yes, definitely, he went too far. Because
he doesn't like the message, he tried to kill the messenger, and that's not the
way we have to behave from the journalists, because inquiry journalist is
necessary to our democracy. Journalists have a job to do to inform the public,
to make sure that what is interesting for the public is in the public area.
That's only what journalists did and probably will continue to do.
So, Mr. Moreau has
to be more aware about what happens in his own political party than how the
journalists did their job, are doing their job.
Le Modérateur
:
Raquel Fletcher, Global.
Mme Fletcher
(Raquel) : Good morning. What is the number one question that you what to ask Lafrenière
today?
M.
Caire
: To Mr. Lafrenière?
Mme Fletcher (Raquel) : Yes.
M.
Caire
: What happened in his organization. As you know, a lot of
information went public in the last week, information that you don't have
necessary to have to be public. So, what happened? How this could happen and
what Mr. Lafrenière will do to make sure that it doesn't happen again?
Mme Fletcher (Raquel) :OK. Can you be more
specific about the information?
M.
Caire
: Well, some information about a specific inquiry, on specific persons
is now public, as you know, in newspapers, in the news, generally speaking. So,
how that information could be public? Who let those information go away and for
what reason? And how an organization like UPAC could
let them happen? And what Mr. Lafrenière will do to make sure that it
doesn't happen again?
Mme Fletcher (Raquel) : Do you have any questions about Yves Francoeur's allegations?
M.
Caire
:
Well, no, because those allegations are more specific to the DPCP, and we asked
the questions we had to ask to the DPCP. So, now, considering Mr. Lafrenière,
we will be more specific on what is from his responsibility.
Le Modérateur
:
Merci.
(Fin à 8 h 49)