(Huit heures trois minutes)
M. Lisée
: Bonjour.
Ce matin, on voudrait réfléchir avec vous sur la suite des choses sur les
inondations et déposer des propositions concrètes. On a déjà évoqué dans des
questions au premier ministre ces derniers jours — mais aujourd'hui
on veut demander formellement — la création d'une commission
scientifique et technique sur les inondations de 2017.
Alors, on sait que la solidarité a bien
fonctionné au Québec ces derniers jours. Toutefois, beaucoup de gens ont
souligné un manque d'information et un manque de coordination à court terme
entre les parties prenantes. Et ce qui revient le plus souvent, c'est l'absence
d'une stratégie de prévention de ce genre d'événement climatique extrême sur le
court, moyen et long terme.
C'est la raison pour laquelle nous
demandons au gouvernement la création d'une commission indépendante,
scientifique et technique pour analyser les actions prises avant, pendant et
après les inondations du printemps 2017, et plus globalement pour
réfléchir aux meilleures façons d'améliorer la prévention et la gestion du
risque d'inondation au Québec.
Pour faire cette proposition, on se base
sur les mandats des deux commissions Nicolet créées à la suite des pluies
diluviennes de 1996 et la crise du verglas de 1998. Donc, la commission serait
habilitée à recourir à tout expert dont la consultation lui semblerait utile.
Les travaux de la commission devraient conduire à mieux comprendre ce qui est actuellement
accompli comme action par les diverses parties prenantes, au premier chef les
autorités gouvernementales et municipales, et doivent revoir également la
gestion de l'eau dans les barrages, les barrages privés, les barrages publics,
leur coordination, la capacité qu'avaient les experts de prévoir la situation
particulière de cette année, compte tenu des informations qui étaient
disponibles quelques semaines avant les événements, et est-ce que la prise en
compte de ces indices ont été suffisants pour prévenir totalement ce qui aurait
pu être prévenu, et, selon les constats que l'on pourra en faire, comment
procéder par la suite.
Alors, nous avons des idées que nous
voudrions soumettre au gouvernement et à la commission sur ce que devrait être
la concertation et la planification. Et je vais passer, pour la question de la
planification, la parole à Sylvain Gaudreault, notre porte-parole en environnement.
M. Gaudreault : Oui, alors,
merci, M. Lisée. Donc, outre la commission, évidemment, sur le modèle de
la commission Nicolet, que nous avons bien connue, premier critère, c'est évidemment
celui de l'information. C'est quand même assez incroyable que pas moins de 94 %
des propriétaires dont la résidence se trouve dans une zone inondable
l'ignorent. Donc, il faut absolument agir à cet effet et c'est la raison pour
laquelle on veut intervenir. Pour prévenir les risques d'inondation, trois
principes : information, concertation, prévention.
Il faut d'abord que les citoyens, donc,
qui achètent des résidences sur le bord de plans d'eau connaissent, sachent les
territoires où il y a des risques d'inondation. C'est pour ça que l'information
doit être diffusée, accessible et surtout à jour. C'est pourquoi on propose
d'avoir un site Web gouvernemental centralisé, facile d'accès, facile à
consulter, «user-friendly», comme on dit, avec des déclarations obligatoires,
lors de transactions immobilières, dans le greffe des notaires, dans les
données des banques également et de la SCHL, la Société canadienne
d'hypothèques et de logement.
Même chose également avec la cartographie.
Il n'y a plus de programme gouvernemental de détermination des zones inondables
depuis 2004. C'est donc important de mettre les cartographies à jour, surtout
dans un contexte où, malheureusement, le contexte des changements climatiques
va faire en sorte que ce type d'événement peut se produire plus souvent, le
niveau de récurrence sera plus régulier, sera plus court. Et c'est important
d'avoir une cartographie qui sera évolutive et que les citoyens aient accès à
cette cartographie avant d'acquérir une propriété.
Je laisse la place à mon collègue Martin,
puis je reviens avec un autre élément.
M. Ouellet : Merci.
Merci, Sylvain. Des événements exceptionnels comme on a vu nous poussent sérieusement
à se remettre en question et se poser la question : Comment le Québec
pourrait s'améliorer? Comment le Québec pourrait mieux se coordonner? Comment
on pourrait en faire davantage? Et une des solutions, c'est d'abord que les
petites municipalités qui sont situées sur le territoire à risques importants
d'inondation doivent être capables de parler avec Hydro-Québec, qui gère le
barrage en amont, pour déterminer si les mesures adéquates ont été prises pour
gérer les apports de pluie printanière. Les petites municipalités devraient également
pouvoir se concerter avec les autres municipalités en amont et en aval de la
rivière qui les traverse toutes. Et enfin les petites municipalités devraient
être en mesure d'être en contact récurrent avec son organisme de bassin versant
qui possède une vision globale des dynamiques des eaux.
Bref, nous avons étudié les pays qui font
figure de leadership en matière de gestion de risques d'inondation et nous
sommes convaincus que le gouvernement doit améliorer la coordination de gestion
de risques d'inondation en développant une vision commune et cohérente. Nous
croyons que la meilleure façon de le faire, c'est d'appliquer une gestion
intégrée à l'échelle du bassin versant. Pourquoi? Parce que les limites
naturelles d'écoulement des eaux ne connaissent pas les frontières des MRC et
des municipalités.
C'est le Parti québécois qui avait lancé
la Politique nationale de l'eau en 2002. Nous sommes assurément cohérents avec
ce qu'on voulait faire en 2002 et ce qu'on doit faire maintenant. Nous pensons
que la concertation, à l'échelle du bassin versant, vaut aussi bien pour la
gestion intégrée de l'eau, la gestion des milieux humides que la gestion des
inondations.
Donc, en gros, la clé de voûte pour éviter
que ces situations-là aient les mêmes impacts à l'avenir, parlons de nos bassins
versants, mais parlons entre municipalités qui traversent des zones
d'inondation. Merci.
M. Gaudreault : Alors,
comme l'a dit Martin, parlant de bassins versants et de gestion intégrée, ça
nous amène à parler de prévention. Quand on parle de gestion intégrée, ça
signifie que les municipalités doivent avoir une vision intégrée du territoire
sur la base des bassins versants. Bassins versants, au fond, c'est quoi? C'est
de comprendre, c'est de travailler en fonction de l'écoulement naturel des
eaux. L'écoulement naturel des eaux, ça veut dire d'être capables de mieux
prendre en compte le risque d'inondation dans l'aménagement du territoire et la
planification urbaine. Par exemple, il faut que les règles d'urbanisme et de
construction tiennent compte des systèmes de récupération des eaux pluviales,
des revêtements perméables des sols, des puits d'infiltration.
Pourquoi ne pas privilégier les solutions
urbaines qui sont solides pour les bâtiments qui existent dans des zones
inondables, donc revoir les normes de construction? Progéger les écosystèmes.
Il faut que les municipalités donnent plus de place, si on veut, à ce qu'on
appelle l'espace de liberté des cours d'eau. L'espace de liberté des cours
d'eau, c'est de prévoir qu'en période de fortes crues ou de pluies importantes
le niveau de la rivière, forcément, va monter et va prendre un cours naturel de
la rivière. Et donc il faut planifier l'urbanisme en fonction de ça, en
fonction de respecter la dynamique naturelle des cours d'eau. Et, vous le
savez, on est présentement en auditions sur le projet de loi n° 132 sur
les milieux humides, alors c'est évident qu'au Parti québécois nous poserons
des questions très précises et très fortes, entre autres aux municipalités, mais
à tous les intervenants, pour savoir comment mieux protéger les milieux
humides, qui ont une capacité, un peu comme une éponge, au fond, de retenir
l'eau avant de la relâcher graduellement.
Donc, si on veut avoir une vision qui est
différente pour la planification des villes au XXIe siècle en fonction du
niveau de récurrence plus élevé du type d'événements malheureux qu'on connaît
depuis quelques jours, quelques semaines, bien, il faut aussi, déjà, changer
nos règles de vision et d'aménagement du territoire dans les municipalités. Mon
chef.
M. Lisée
: Merci.
Ça fait le tour.
Le Modérateur
: Merci,
messieurs. Donc, on va aux questions. Merci d'avoir une question, une
sous-question. Micro de droite, M. Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour, messieurs. Sur le sujet du jour, ce n'est pas le rôle du ministère de
l'Environnement que vous êtes en train de décrire?
M. Lisée
: Bien,
c'est-à-dire que le ministère de l'Environnement a un rôle, le ministère des
Municipalités a un rôle, la Sécurité publique a un rôle. Et donc il s'agit de
savoir si tout le monde a bien joué son rôle. Alors, ça n'appartient pas à l'un
ou à l'autre seul de poser ces questions-là.
On a été très bien servis par les
commissions de 1996 et 1998. Une des conclusions de la commission de 1996 avait
conduit le gouvernement à créer une cartographie, un programme de cartographie
national, malheureusement qui s'est arrêté en 2004. Et là on a laissé ça aux
MRC, dont quelques-unes l'ont continué, mais d'autres ne l'ont pas fait, ce qui
fait que, depuis 2004, on a une dégradation de notre connaissance des zones
inondables, et il n'y a pas eu de nouvelle réflexion, de mise à jour. À
l'époque, le programme de cartographie avait identifié 155 secteurs qu'il
fallait protéger ou qu'il fallait retirer, où il ne fallait pas construire.
Alors, depuis, écoutez, ça fait quoi, 14 ans, il y a des modifications des
seuils d'inondation, il y a le réchauffement climatique. C'est clair que cette
cartographie-là doit être reprise au niveau national, refaite régulièrement et
qu'on doit se poser des questions des décisions qui ont été prises ou qui n'ont
pas été prises lorsqu'on avait des signaux avant-coureurs.
M. Laforest (Alain) :
Sur un autre sujet, est-ce que votre message ne passe pas, M. Lisée? Il y
a un sondage ce matin qui dit que, là, c'est la CAQ qui délogerait les
libéraux, vous vous retrouvez troisième. Même que votre comté est en danger,
là.
M. Lisée
:
Écoutez, j'ai assez d'expérience en politique pour savoir que, si on s'attache
à un seul sondage, on va être comme une girouette. Moi, je pense qu'il faut
être constants, il faut savoir ce qu'on veut. Nous, on pense que les Québécois,
en 2018, vont vouloir d'un gouvernement honnête et compétent. Nous avons de
loin la meilleure équipe de gouvernement en attente, de très loin. La CAQ
propose comme seule solution à tous les problèmes des baisses d'impôt. Ça, ça
signifie quatre ans d'austérité de plus. Nous, on pense que les Québécois vont tourner
le dos à l'austérité et nous, on propose plutôt de vraies solutions pour la
santé, l'éducation, la justice et l'identité. Et donc il y aura des sondages, il
y en aura des bons, il y en a aura des moins bons. Nous, on a un cap. On sait
qui on est, on sait ce qu'on propose et on va aller à la rencontre des
Québécois comme on le fait depuis un certain temps.
Le Modérateur
: Merci.
M. Boivin, micro de gauche.
M. Boivin (Mathieu) :
Pour faire du pouce sur la question de mon collègue, il vous a identifié le
problème auquel vous êtes confronté ce matin, un sondage défavorable. Il y en a
d'autres, monsieur : la souveraineté, l'attrait est au mieux stagnant dans
la population; l'intérêt chez Québec solidaire pour une convergence est au
mieux stagnant là aussi; la question de l'intégrité vous a été un peu retirée
hier par les infortunes du député de Gaspé. Qu'est-ce que vous pouvez faire
pour stopper la vrille que vous n'avez pas déjà fait, disons?
M. Lisée
: Bon,
écoutez, encore une fois, si on s'attarde à un sondage, on peut être malheureux...
M. Boivin (Mathieu) : Non,
c'est d'autre chose que le sondage.
M. Lisée
: ...si
on regarde... Oui, oui, mais, tu sais, vous parlez du sondage de ce matin et de
certains autres éléments. Le Parti québécois, c'est le parti qui a remis le
Québec sur les rails de l'intégrité à plus d'une reprise. Les autres en
parlent; nous, on agit. Et lors de notre dernier passage au pouvoir, nous avons
assaini une nouvelle fois le financement national, nous avons assaini pour une
première fois le financement municipal, nous avons tenu tête à la totalité des
entreprises du Québec en disant : Vous ne pourrez plus, les ingénieurs et
les autres, avoir des contrats publics sans montrer votre capacité, votre
certificat d'intégrité. Donc, nous sommes le parti qui, à chaque fois, a remis
le Québec sur les rails de l'intégrité et nous allons continuer à le faire. Et
donc ça, c'est un sujet qui fait partie de notre ADN depuis René Lévesque, et
tant mieux s'il y en a d'autres qui s'y intéressent.
Pour Québec solidaire, bien, on vous
demande quelques journées de patience. Ils vont prendre une décision samedi et
dimanche. Nous sommes respectueux de leur processus de décision. Et on verra par
la suite, selon leur décision, s'il y a un arrimage possible ou non.
M. Boivin (Mathieu) :
Quelle est votre responsabilité personnelle dans le cours des événements?
M. Lisée
: Bien,
vous me le demanderez le soir du 1er octobre 2018 parce que, ce qu'on
fait, c'est qu'on établit un positionnement et une stratégie pour l'élection de
2018. Il y aura des hauts, il y aura des bas, mais vous pourrez juger sur
l'ensemble.
M. Boivin (Mathieu) :
...un haut ou un bas aujourd'hui?
M. Lisée
:
Écoutez, moi, j'ai assez d'expérience pour être assez zen face à des sondages,
alors je vais continuer à être zen.
Le Modérateur
: Merci.
Marco Bélair-Cirino, Le Devoir, micro de droite.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui. Bonjour. Que doit faire M. Gaétan Lelièvre précisément pour
réintégrer le caucus du Parti québécois? Et, à ce moment-ci, est-ce qu'on peut
exclure qu'il ne briguera pas les suffrages en 2018 sous la bannière du Parti
québécois?
M. Lisée
: Alors,
ce qui s'est produit hier, c'est que des fautes ont été admises, des excuses ont
été prononcées par M. Lelièvre. Et lui et moi pensons que des fautes
doivent avoir des conséquences. Et cette conséquence, c'est l'exclusion du
caucus pour une période indéterminée. Maintenant, qu'est-ce qui va se passer
maintenant? Bien, la première chose, c'est : Est-ce qu'il y a des
autorités éthiques, déontologiques, l'UPAC, qui pensent qu'il y a matière à
enquête? Nous ne le savons pas. Ce n'est pas de notre ressort. Mais nous leur
laissons le temps de nous dire est-ce qu'ils veulent faire des enquêtes, est-ce
qu'ils veulent l'interviewer, est-ce qu'ils veulent aller plus loin ou est-ce
qu'ils ont déjà déterminé avec la preuve qu'il n'y avait pas matière à déposer
des chefs d'accusation. Donc, de toute façon, il y a une période où on va voir
s'il y a des autorités qui veulent faire quelque chose de plus. On va voir s'il
y a des informations nouvelles qui apparaissent aussi. Mais c'est sûr que, s'il
y a quelque chose, s'il y a une enquête qui s'enclenche, nous allons attendre
la fin de l'enquête et le verdict de l'enquête. S'il n'y a pas d'enquête après
un certain nombre de mois, on pourra constater que l'exclusion pendant un
certain nombre de mois aura été la sanction pour les fautes qui ont été admises
et pour lesquelles il a exprimé des regrets.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Sur le sujet du jour, que pensez-vous des mesures qui ont été annoncées, là,
d'aide aux victimes des inondations des derniers jours, là, qui ont circulé
dans les médias ce matin? Et, bon, est-il trop tôt pour parler d'expropriations?
Donc, vous dites, le premier ministre l'a même mentionné hier, que ces
événements climatiques risquent de se reproduire à une fréquence beaucoup plus
élevée que dans le passé. Là, on va offrir des montants quand même
considérables à des personnes qui habitent sur les bords de cours d'eau ou dans
les zones inondables. Est-ce qu'on fait une erreur, dans la mesure où ces
événements-là risquent justement de se reproduire? Et est-ce qu'on doit
resserrer les pouvoirs des municipalités d'offrir des dérogations aux
promoteurs immobiliers?
M. Lisée
: Bien,
c'est toute la question. Vous posez exactement la bonne question. Ce que je
vous dis, c'est que, dans les pluies diluviennes, ensuite il y a eu 155 secteurs
qui avaient été déclarés non constructibles. Et donc est-ce qu'il y a des
secteurs, cette fois-ci, qui doivent être également déclarés non constructibles?
C'est trop tôt pour le dire, mais on peut penser qu'il va y avoir des
conclusions comme celles-là. Alors, en l'absence d'une cartographie nationale, évidemment,
on n'a pas d'information. Maintenant, on peut constater au sol qui a été plus
inondé que d'autres. Il y a certains secteurs qui sont en situation
d'inondation récurrente et qui peuvent assumer cette situation-là, il y en a
d'autres qui ne le sont pas.
Alors, c'est sûr que le tracé de ce qui
est constructible ou non va changer à un certain nombre d'endroits, mais il
faut avoir une façon ordonnée de le faire, de le proposer. Et effectivement sur
ce qui est des indemnités, bien, on va voir quel est le programme qui va être
annoncé aujourd'hui. On n'a pas le détail. On va voir s'il y a une prise en
compte de ça aussi, faire en sorte que des gens qui n'étaient pas informés qu'ils
étaient en zone inondable soient compensés, bien sûr. Maintenant, s'il y a des
zones qui sont vraiment à risque, est-ce que la compensation doit être :
Reconstruisez-vous de la même façon là ou utilisez la compensation pour vous
construire ailleurs? C'est une question qui doit être posée.
Le Modérateur
: Merci.
M. Vigneault, Radio-Canada.
M. Vigneault (Nicolas) :
M. Lisée, lors du lancement de votre campagne au leadership, vous avez dit :
On va former un... de bon gouvernement. Vous êtes qualifié de fin stratège. Je
suis convaincu que le sondage, ce matin, vous l'avez déjà analysé dans votre
tête, vous avez peut-être certaines réponses. Pourquoi les Québécois, de façon
générale, n'adoptent pas votre message?
M. Lisée
:
Écoutez, c'est trop tôt pour dire une chose pareille. Il est certain que le
message qu'on porte, ce n'est pas un message extrémiste, ce n'est pas un
message démagogique, c'est un message de responsabilité. Par exemple, M. Legault
dit à tous qu'il va baisser leurs impôts de façon importante. Ça peut avoir un
certain intérêt la première demi-heure, mais la deuxième demi-heure, c'est :
Savez-vous que ça veut dire qu'il n'y aura pas assez d'argent pour les CHSLD,
pour les enfants, pour résorber les listes d'attente, l'attente aux urgences?
Moi, je pense, cette conversation-là, je
veux l'avoir, je veux l'avoir, on va l'avoir d'ici la campagne électorale et
probablement à la campagne électorale. Les vraies priorités des Québécois, ce
n'est pas de réduire la capacité de l'État de donner des services publics, les
Québécois ont mal à leur santé, à leur éducation, à leur justice, à leur
identité. La réponse à ça, c'est de donner de meilleurs services et de les
financer, pas de se priver d'oxygène pour l'État et d'avoir quatre ans
d'austérité de plus. Alors, c'est une conversation qu'on va avoir. Et moi, je
suis très confiant que le Parti québécois va remporter cette conversation-là et
l'élection de 2018.
M. Vigneault (Nicolas) :
Sur M. Lelièvre, est-ce qu'on comprend de vos propos que vous n'écartez
pas la possibilité de le réintégrer avant la prochaine campagne électorale? Et
combien de temps vous vous donnez, là? Les enquêtes, ça peut être long, ça peut
être court, mais est-ce que vous allez tenter, bref, d'en savoir le plus
possible le plus rapidement possible pour prendre une décision finale?
M. Lisée
: En un sens,
ça ne dépend pas de nous, ça dépend de l'existence ou non d'enquêtes. Et donc
on va voir dans les mois qui viennent si il y a ou non des enquêtes et on
prendra des décisions en fonction de ces événements-là.
M. Vigneault (Nicolas) :
Mais, il pourrait réintégrer.
M. Lisée
: On
verra.
Le Modérateur
: Merci.
M. Boivin, micro de droite.
M. Boivin (Simon) :
Bonjour. Bon matin, tout le monde. M. Lisée, bonjour. Vous dites que ça ne
dépend pas de vous, les enquêtes. Lorsque le cas de Mme Trépanier a été
rendu public, vous avez parlé de la possibilité d'une enquête sur parjure en
disant qu'il y avait là pour un enquêteur ou un procureur des éléments qui
devraient lui faire ouvrir une enquête. Avez-vous l'impression qu'à la lumière
des courriels publiés hier et des admissions que M. Lelièvre lui-même a
faites, il devrait y avoir une enquête pour parjure?
M. Lisée
: Bien, c'est
très bien, l'exemple que vous donnez, parce que, justement, j'ai dit ce jour-là :
Peut-être est-ce que les autorités policières vont se saisir de ça et vont
ouvrir l'enquête, ce qui a été le cas. Alors, je pose la même question. Je
pense que les faits sont un peu différents. Dans le cas de Mme Trépanier,
il y avait des informations qui tendaient à conforter la thèse de l'échange
entre le financement et des contrats. Dans le cas de M. Lelièvre, il n'y a
rien qui nous indique qu'une compagnie a pu obtenir un avantage de la municipalité
à aucun moment. Et, encore une fois, moi, ce n'est pas à nous de déterminer si une
enquête doit être ouverte, c'est aux autorités policières. Donc, on va les
laisser tirer cette conclusion-là.
M. Boivin (Simon) : Dans
le rapport de la commission Charbonneau, il y a tout un chapitre dans lequel M. Lelièvre
est nommément cité. Le chapitre s'appelle quelque chose comme «développement
des affaires à travers des faveurs». Il y a d'autres cas, là, dans cet
exemple-là, là. Il est question de son fils qui a été embauché. Ce rapport-là
existait lorsque vous êtes devenu chef. Avez-vous fait tous vos devoirs
concernant M. Lelièvre lorsque vous lui avez permis de faire partie de
l'équipe?
M. Lisée
: En ce
qui concerne ce qui était déjà connu, oui. Alors, tout ça avait été connu, il y
avait des explications. Les nouvelles informations d'hier, ça, ce n'était pas
connu, et c'est pour ça entre autres qu'il y a eu sanction. Ces informations
étaient nouvelles, ont été portées à notre connaissance hier matin.
Le Modérateur
: Merci.
M. Boivin (Simon) : ...satisfaite
sur le rapport Charbonneau, c'est ce que je comprends.
M. Lisée
: Oui,
parce que c'est les informations qu'il avait données à la commission
Charbonneau. On sait que toutes ces informations sont disponibles aux
policiers. S'ils désiraient ouvrir une enquête, porter des chefs d'accusation au
niveau des procureurs, ils l'auraient fait, nous le pensons. Mais, pour
l'instant, dans l'état de la preuve et dans l'état de l'inaction des policiers,
on était satisfaits des explications.
Le Modérateur
: Merci.
Mme Plante, LaPresse canadienne.
Mme Plante (Caroline) :
Bonjour, M. Lisée. Est-ce qu'hier ça a été pour vous l'occasion de
demander à tous vos députés de vider leur sac si sac il y a à vider?
M. Lisée
: Bien, évidemment,
on présume de la bonne foi, et ces questions-là ont été posées à chaque fois
que les candidats se sont présentés. Je pense que ça a été un signal que, s'il
y a quelqu'un qui a oublié de dire quelque chose ou qui a pensé que ce n'était
pas important, bien, c'est le temps de le dire.
Mme Plante (Caroline) :
Donc, quel message avez-vous envoyé à vos députés hier?
M. Lisée
:
Celui-là : Si vous pensiez que ce n'était pas important, quelque chose qui
a été fait, sachez que tout est important. Et hier il y avait cette remarque de
dire : Bien, on juge 2007 avec les yeux de 2017. Bien oui. Alors, on
juge 2007 avec les yeux de 2017, habituez-vous, c'est comme ça et c'est la
règle que j'applique.
Mme Plante (Caroline) : Est-ce
qu'il y a des gens qui se sont portés volontaires pour venir vous parler? Avez-vous
appris d'autres choses?
M. Lisée
: Pas
pour l'instant. Pas pour l'instant.
Le Modérateur
: Merci.
En vous souhaitant la bienvenue officiellement, Kathryne Lamontagne, Journal
de Québec.
Mme Lamontagne (Kathryne) :
Merci beaucoup. Je reviens sur M. Lelièvre, M. Lisée. À vous entendre
parler, on ne sent pas qu'il y a de gros bris de confiance, là. On sent qu'il y
a une petite sanction, une petite tape sur les doigts, mais, si le fleuve
continue de couler, on vous accueillera les bras ouverts. Est-ce que c'est ce
qu'on doit comprendre?
M. Lisée
: C'est
grave, être suspendu d'un caucus pour une période indéterminée, devoir se
présenter devant le public, admettre ses erreurs, présenter ses excuses. Je ne
sais pas si ça vous est arrivé souvent dans votre carrière, mais si ça arrive,
vous allez voir que c'est un événement très important dans une carrière
publique. Et la sanction, elle est là. Il n'a plus ses dossiers, il est député
indépendant. Ça ne veut pas dire qu'on n'apprécie pas la qualité de son travail
de député, de son travail pour les gens de Gaspésie, son dévouement. On le voit,
ça, on le sait, c'est quelqu'un qu'on connaît. Maintenant, à partir du moment
où il admet son erreur, présente ses excuses, a eu une sanction, s'il n'y a pas
d'autres suites, oui, on va évoquer la possibilité de son retour. Quand? Je ne
le sais pas.
Mme Lamontagne (Kathryne) :
Donc, vous êtes prêt à pardonner.
M. Lisée
: S'il
n'y a pas d'autres informations qui viennent aggraver le cas. On verra.
Le Modérateur
: Merci. Je
crois qu'on en a une dernière en français. M. Lecavalier.
M. Lecavalier (Charles) : Bonjour,
M. Lisée. Je comprends qu'il y a un délai de prescription pour que le
Commissaire à l'éthique fasse enquête. Donc, pour vous, la barre, là, c'est une
enquête criminelle.
M. Lisée
: Pas
nécessairement. Je veux dire, évidemment, les faits ne se sont pas procédés...
ne sont pas arrivés lorsqu'il était député, mais s'il y a une institution
quelconque qui pense qu'elle doit faire enquête, qu'elle le fasse. Et, non, la
barre n'est pas seulement criminelle. Il peut y avoir une autre enquête d'une
autre nature. Justement, on se pose la question, mais c'est aux autorités
compétentes elles-mêmes de voir. Elles ont accès à la preuve de différentes
façons. Elles peuvent décider d'ouvrir des enquêtes si elles le désirent. Et
c'est sûr qu'on participera à l'enquête. M. Lelièvre participera à toute
enquête, le cas échéant.
M. Lecavalier (Charles) :
Est-ce que le fait que ce soit M. Lelièvre, lui-même, qui ait demandé des
services aggrave son cas?
M. Lisée
: Bien,
ça, c'est en débat. Lui affirme que non.
M. Lecavalier (Charles) :
...courriels?
Le Modérateur
: Merci.
On va y aller en anglais après.
M. Lisée
: ...courriels,
effectivement c'est en débat. Alors, les courriels que vous avez disent :
Il a demandé. Lui, sa version des faits, elle est autre. Si un enquêteur
voulait faire enquête, il pourrait confronter les deux versions.
Le Modérateur
: Merci.
M. Hicks, CBC.
M. Lecavalier (Charles) :
Quelle version croyez-vous, M. Lisée?
M. Lisée
: Je vois
qu'il y a deux versions.
Le Modérateur
:Merci. M. Hicks, CBC.
M. Hicks (Ryan) : Good morning. On the floods and the cartography, do you think that
some of the flooding of certain homes could have been prevented if there was
better information?
M. Lisée
: Well, I think so. The question is not : Could we have prevented some of the flooding?, I
think the answer is yes. How much of it could we have prevented? That's the
open question. And certainly in terms of knowing the cartography, of
having early measures earlier in some areas, we know for a fact that had the
bags came two days before, there would have been less flooding. So, clearly, it
was not a perfect operation. We're not asking for perfection, we're asking for
best possible measures. And so, we have to see where did the system failed this
time around. Could it have been prevented?, is a good question. But the better question is : How best can we make an effort next time?
M. Hicks (Ryan) : And you're saying that the kind of information
that the provincial Government has in terms of cartography, geography, that
there is a gap there?
M. Lisée
:
Yes, yes. After the Saguenay flooding, there was a national cartography from
the Québec Government from 1998 to 2004, and then it was stopped, and it was
said that municipalities would take over. Some did, some didn't, and so we lack
this national information. We have to recreate that program, we have the
ability to do it, even better now with the means that we have, and we have to
make it public, available and compulsory for housing transactions as well.
Le Modérateur
:
Merci. Mme Fletcher.
Mme Fletcher (Raquel) : Sorry, I missed the beginning of that, but you're talking about the
flooding zones, right?
M. Lisée
:
Yes.
Mme Fletcher (Raquel) : OK. It seemed, in question period yesterday, that
Mr. Couillard agreed with what you were saying. Is that the takeaway that
you had as well?
M. Lisée
:
Well, he thought these were good ideas. And today we say : Well, they are
good ideas, so we formally ask for a commission, a
scientific and technical commission, to look at what has happened. Could it
have been done better and what should we do from now on? This worked well in
the ice storm, in the Saguenay flooding, and so we need that now. It has to be independent because there are people responsible
at the Environment, at the Municipalities, at the Public Security. And so, we
need to take a step back and have an independent view on that.
And, of course, the
recommendations back in 1998 created a national photography of flood areas that
was discontinued in 2004. It was said to be now in the hands of the
municipalities. Some did the work, some didn't, and now we see that we have to
recreate this national cartography system, and that the information be not only
available online, but also compulsory for housing transactions and for
municipalities.
Mme Fletcher (Raquel) : And the first step would be that parliamentary commission that you are calling for?
M. Lisée
: Not parliamentary, a scientific and
technical commission.
Mme Fletcher
(Raquel) : OK. And have you spoken with Mr.
Couillard? Do you hope to get his support on that?
M. Lisée
: Well, yesterday, I made the suggestion. He said that this was one
possible venue. That's why we are insisting that this should be done. So, we'll
wait for his answer.
Le Modérateur
: Merci. Dernière question, M. Authier.
M. Authier (Philip)
: Good morning. There was quite a bit of chatter this morning on the radio
about the poll, the Mainstreet poll which we have on our paper today. And a lot
of people were analyzing it in saying, the PQ, that your strategy has resulted
in you bleeding from all sides, from the left and from the right. What's your
response to that? And how do you explain that voters appear to think that the
CAQ is the, in French, «la solution de rechange», the alternative or the Government in waiting? That perception seems
to exist. I know it's a poll, but that seems to be out there. So, I'm giving
you…
M. Lisée
: Well, we'll wait and see what the trends are. But clearly, I think,
the answer that the Parti québécois is proposing to the Province of Québec will win the day. And why is that? I mean, the CAQ is saying that
the overarching solution is lowering taxes. But what is the problem? The
problem is that there is not enough money for our kids, for our elderly and for
our health. So, how is having less money the solution to the problems that
people say are predominant?
So, we are saying : OK, for the first half-hour, the idea of
cutting your taxes may be interesting, but then, for the second half-hour,
think of four more years of cuts, four more years of services that will be
shrunk because of that. And I think we'll win this debate easily. I think we
have, by far, the better team for governing Québec compared to the CAQ. So, I'm not worried about that. We have a good
message, we have the good answers, we have the good team. And I think the — what do you call it in English? — «le produit
d'appel», hein, the only argument that the CAQ has is cutting your taxes.
That won't survive a political campaign.
M. Authier (Philip)
:
But is your strategy since you've become leader of working, your approach, no
referendum, all these, helping you or hurting you now?
M. Lisée
:
Ask me on October 1st, 2018. We think we have a sound plan, we have a great
team, we have the good answers to the problems of Quebeckers and we think we'll
win the day.
Le Modérateur
:
Réelle dernière, Mme Johnson, micro de gauche.
Mme Johnson
(Maya) : Hello, Mr. Lisée. You said
earlier you're feeling pretty Zen about this poll. Just tell us about your
political experience when it comes to polls.
M. Lisée
: Oh my God! Ups and downs under Jacques Parizeau and Lucien
Bouchard, it's a rollercoaster, rollercoaster. They told us that the referendum,
we would have less than 40%. They told us that there
was no way that Mr. Bouchard could be elected in 1998, no way, pollsters
in the room telling us that he could not be re-elected and he was. So, you
know, I have come to have more trust in the voters than in pollsters.
Le Modérateur
:
Merci beaucoup.
(Fin à 8 h 35)