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Point de presse de M. Jean-François Lisée, chef de l’opposition officielle, M. Pascal Bérubé, leader parlementaire de l’opposition officielle, et Mme Véronique Hivon, porte-parole de l’opposition officielle en matière de justice

Version finale

Tuesday, May 23, 2017, 16 h 15

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Seize heures trente et une minutes)

M. Lisée : Bonjour, mesdames messieurs. Aujourd'hui, on partage la déception d'énormément de Québécoises et de Québécois à Montréal, à Québec, dans toutes les régions qui sont partisans du rassemblement, qui veulent que le Parti libéral arrête de faire mal au Québec à partir du 1er octobre 2018. Il y a plusieurs façons de faire ça, mais il nous a semblé qu'il était important que tous ceux qui veulent la fin de l'austérité, la fin du pétrole, de meilleurs services pour nos enfants, nos aînés, nos patients, de l'appui aux familles, que tous ceux qui sont d'accord avec ça mettent de côté leurs divergences, qui sont légitimes et importantes, mais qui se rendent compte qu'il y a un objectif plus important qui nous rassemble.

Nous l'avons fait, au Parti québécois. C'est dans notre nature, nous sommes une coalition. Il y a des gens qui viennent du milieu syndical, du milieu de l'entreprise, du milieu communautaire au sein du Parti québécois depuis notre fondation. Et donc il nous a apparu important d'essayer de faire avancer cet esprit de coalition en faisant un arrimage précis, respectueux avec un parti qui est à notre gauche, qui est Québec solidaire. Il était important pour nous d'aller au bout de ce processus qui avait été entamé timidement par Pauline Marois, qui avait été repris avec beaucoup de volonté politique par Pierre Karl Péladeau, qui avait été porté par tous les candidats au leadership lors de notre course l'an dernier et que j'ai porté avec le caucus, et en particulier avec Véronique Hivon, ces derniers mois. Il était important de savoir si c'était possible, et nous avions un désir sincère de respecter les divergences réelles qu'il y a entre nous pour un objectif qui nous dépasse. Et moi, je suis fier du Parti québécois, je suis fier des membres du caucus, je suis fier de l'exécutif du parti, des présidents régionaux, de tous ceux qui ont dit : C'est vrai que Québec solidaire, parfois, ils disent des choses qui nous dérangent, ils ne nous considèrent pas comme des partenaires, mais l'intérêt du Québec est plus important que ces épisodes. Je suis fier que mon parti ait dit : L'important, c'est l'intérêt du bien commun, l'intérêt du Québec, sortir du blocage libéral.

Alors, oui, on a été déçus que Québec solidaire soit aussi majoritairement contre chez ses délégués, déçus et un peu étonnés parce qu'on avait vu, ces derniers mois, de sondage en sondage, que la majorité électorale chez les citoyens qui sont des électeurs ou des sympathisants de Québec solidaire étaient de plus en plus favorables à ce pacte jusqu'à en fin de semaine. 87 %, imaginez, 87 %, et 87 % des électeurs du Parti québécois. Il y avait là une grande occasion, une grande occasion. Et je n'aimerais pas, moi, être en position aujourd'hui de dire que je tourne le dos à la volonté de 87 % des électeurs du Parti québécois. Je n'aimerais vraiment pas être dans ces souliers-là aujourd'hui.

Alors nous, dans cet esprit de coalition, on dit aux déçus de Québec solidaire, et aux militants déçus, et aux électeurs déçus : Bien, il y a de la place pour vous chez nous. Parce que maintenant... On voulait que Québec solidaire fasse partie de la solution, ils n'ont pas emprunté ce chemin-là, et donc le seul parti de gouvernement qui a la capacité de porter à l'élection de l'an prochain des idées progressistes, des idées environnementalistes, c'est le Parti québécois, le seul parti politique de gouvernement qui peut gouverner l'an prochain en disant non à la volonté du PLQ et de la CAQ d'assécher l'État. On dit non à ça. On ne veut pas quatre autres années d'austérité. Nous, le Parti québécois, on sait compter, mais on sait aussi que ce n'est pas l'heure des restrictions budgétaires, ce n'est pas l'heure d'affamer l'État. C'est l'heure d'aider nos aînés, nos enfants dans les écoles, les patients. C'est l'heure de nous donner un système de justice qui marche. Et pour ça, ça prend les moyens de l'État. Et nous, on y croit. Et les libéraux et les caquistes, ils n'y croient pas. Nous, on veut mieux d'État, d'un État efficace pour notre monde. Eux, ils veulent l'affaiblir.

Alors, pour nous, c'est une étape qui est franchie, une étape indispensable pour la suite. Et il est vrai que les gens ont dit : Oui, mais le Parti québécois, vous essayez d'être avec QS, alors, qui êtes-vous? Et c'est vrai qu'à travers l'intérêt que ça a suscité, nos messages de qui nous sommes ont peut-être moins porté. Mais maintenant on est en ligne droite vers l'élection de 2018 et on sait qui nous sommes. On sait ce qu'on propose. On sait l'équipe extraordinaire de gouvernement qui est en attente ici et avec les candidates et candidats qui seront avec nous. On sait que le Parti québécois recrute chez les jeunes, dans la diversité. On sait qu'on est enracinés dans les régions. On sait qu'on est prêts à tourner la page du régime libéral et on sait qu'on est l'espoir des progressistes et donc on va incarner ça mieux que jamais, plus clairement que jamais.

Le Parti québécois, vous le savez, on pourrait écrire un livre entier avec toutes les déclarations prévoyant son déclin et sa mort imminente, des livres entiers. Et on pourrait écrire un livre bien meilleur sur la capacité de rebond du Parti québécois. Et c'est pourquoi j'ai insisté aujourd'hui, au lendemain de cette déception, qu'on soit ensemble, qu'on soit ensemble au caucus et qu'on discute entre nous de la force de ce rebond, de comment être à la hauteur des défis du Québec de demain. Chacun des gouvernements du Parti québécois a été à la hauteur des défis de son époque, et c'est à nous de proposer, d'ici 2018 et à cette élection, la solution aux problèmes causés par les libéraux et aux problèmes que nous promet la CAQ avec son programme qui conduirait à plus d'austérité. Nous allons incarner cet espoir. Nous allons incarner ce changement : un parti progressiste, pragmatique qui sait rassembler et qui, à notre avis, s'est grandi dans cette volonté de tendre la main. Et aujourd'hui c'est vers tous les Québécois et en particulier les déçus de Québec solidaire que nous tendons la main. Merci.

Le Modérateur : Merci, M. Lisée. Donc, étant donné votre grand nombre, merci d'avoir une question, une sous-question, ce sera apprécié. On y va au micro de droite, M. Laforest, TVA.

M. Laforest (Alain) : Bonjour à vous tous. M. Lisée, c'est une démonstration de force. Vous parlez de rebond, c'est que vous vous sentez affaibli aujourd'hui?

M. Lisée : C'est une étape qui est franchie, une déception. Vous savez, au Québec, on a la culture du consensus, et donc beaucoup, beaucoup de Québécois espéraient que Québec solidaire serait au rendez-vous. Il a choisi de ne pas l'être. C'est son choix. Je ne remets pas en cause leur droit de refuser ce rendez-vous avec les Québécois et avec les électeurs, mais il est important que nous, on soit ensemble aujourd'hui parce que notre force, c'est l'équipe, nos 90 000 membres. Notre force, c'est que nous sommes une force de proposition, un gouvernement en préparation, et je voulais que ça se voie.

M. Laforest (Alain) : Mais, lorsqu'on parle de capacité de rebond, M. Lisée, c'est qu'on a l'impression qu'on est plus faible qu'hier.

M. Lisée : On vit une déception et on franchit une étape, mais suivez-nous bien rebondir.

Le Modérateur : Merci. Mme Sioui.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Bonjour. M. Lisée, on ne passe pas quatre heures en caucus en pleine semaine de relâche pour se lancer des fleurs. Est-ce que vous avez échoué un test de leadership?

M. Lisée : Bien, écoutez, ils sont avec moi maintenant. Alors, je pense que c'était un test de leadership de sortir de sa zone de confort, de tendre la main et d'essayer quelque chose de neuf. C'est ce qu'on avait fait avant le référendum de 1995 en tendant la main à l'ADQ et à Mario Dumont, ce qui avait été très critiqué à l'époque. C'était la bonne chose à faire. Mario Dumont a eu, et l'ADQ, la maturité politique de dire oui, et ça l'a grandi.

Alors, aujourd'hui, nous tournons cette page. Nous sommes contents d'avoir essayé de l'écrire avec Québec solidaire. Ils ont refusé. C'est leur choix. Alors, je pense que c'était du leadership de le faire, et maintenant le leadership, c'est de dire aux Québécois : Nous avons l'intérêt général au-dessus de l'intérêt partisan. Et, vous savez, c'est ce que les Québécois nous demandent constamment.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Est-ce que vous regrettez de ne pas avoir présenté de candidat dans Gouin? Puis quelle consigne vous allez donner à vos sympathisants pour le vote le 29?

M. Lisée : Dans Gouin, c'était la preuve qu'on voulait mettre toutes les chances du côté du succès de cette convergence. Alors, maintenant que Québec solidaire a tourné le dos au consensus, nous appelons les électeurs de Gouin à voter selon leur conscience, tout simplement.

Le Modérateur : Merci. Micro de droite.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Mais vous ne regrettez pas?

M. Lisée : Je ne regrette pas d'avoir tenté de mettre d'avoir l'intérêt général au-dessus de l'intérêt des partis, au contraire.

Le Modérateur : Merci. Micro de droite, M. Boivin, Cogeco.

M. Boivin (Mathieu) : Pourquoi sentiez-vous le besoin de réunir le maximum de vos députés aujourd'hui en pleine relâche parlementaire? Est-ce qu'il y avait péril en la demeure? Est-ce que vous sentiez vos troupes inquiètes?

M. Lisée : On n'est pas en vacances. D'ailleurs, la difficulté qu'on a tous eue depuis hier, c'était d'annuler tous les rendez-vous qu'on avait pris. Moi, j'en avais, tout le monde en avait. On était tous très occupés dans nos circonscriptions, très heureux de rencontrer nos gens, de participer. Il y en a un qui devait distribuer des arbres, là, toute la journée et qui ne sera pas là. Et donc on a considéré qu'il était important de parler aux Québécois et à tous les Québécois et d'être ensemble pour le dire. On vient collectivement de vivre quelque chose de décevant et on veut être au rendez-vous des Québécois dans ce moment, dans ce moment de changement, dans ce changement d'étape, et c'est pourquoi nous sommes ensemble aujourd'hui pour faire ça.

M. Dion (Mathieu) : Maintenant que vous êtes libérés de l'obligation de plaire à une mariée qui n'a pas voulu de vous, est-ce que la charte de la laïcité va refaire surface dans le programme du Parti québécois?

M. Lisée : Vous savez, on a toujours été très clairs. En novembre dernier, on a développé et présenté unanimement ici une proposition qui fait en sorte qu'on est le seul parti à dire qu'on veut travailler sur les règles du vivre-ensemble, la laïcité, baliser les accommodements religieux, interdire les signes religieux pour certaines catégories de personnel, mais, de l'autre côté, travailler sur le succès du vivre-ensemble, c'est-à-dire l'intégration en emploi et la lutte contre la discrimination et le racisme. On est le seul parti qui pense que ces deux aspects-là doivent avancer avec fermeté ensemble. On a dit qu'on ne changerait pas d'opinion si Québec solidaire voulait faire un pacte électoral avec nous, comme on ne leur demanderait pas de changer d'opinion sur la nationalisation de toutes les industries. C'est dans leur programme, ça les regarde. Et donc notre opinion, elle est faite, elle est dans la proposition du Parti québécois, elle sera au congrès et nous n'en changerons pas parce qu'on pense que c'est la meilleure. Il faut à la fois affirmer qui nous sommes, dire non au multiculturalisme et à l'interculturalisme, dire qu'il existe ici une nation avec une langue, une culture, une histoire que chacun est appelé à connaître et à partager et des valeurs universelles.

M. Boivin (Mathieu) : Ça va reprendre plus de place, c'est ce que je comprends.

M. Lisée : On n'a jamais arrêté d'en parler et on va continuer à en parler. Mais, comme le sujet de la convergence occupait beaucoup d'espace médiatique, peut-être serons-nous mieux entendus. Mais je vous mettrai au défi de voir une différence entre le positionnement que nous avons adopté ensemble et ce qu'on va continuer à dire jusqu'à la fin, mais on a l'intention d'être bien entendus.

Le Modérateur : Merci. Micro de gauche, M. Vigneault, Radio-Canada.

M. Vigneault (Nicolas) : M. Lisée, ça fait évidemment plusieurs mois que vous parlez de convergence, et tout ça. C'est en partie une stratégie que vous avez portée, défendue bec et ongles. Est-ce que c'est un constat d'échec aujourd'hui pour vous?

M. Lisée : Non, c'est une étape. Il fallait faire cette démonstration. On espérait que Québec solidaire serait à la hauteur du moment historique. Ils ont fait un autre choix. Il fallait le savoir. Il fallait qu'ils répondent à cette question pour l'électorat du Québec, les indépendantistes, les progressistes et même tous les Québécois qui ont dit : Écoutez, on n'est pas vraiment QS, mais on aimerait ça qu'il y ait une alliance parce que les Québécois, ils aiment ça lorsqu'on réussit à s'entendre au-delà de nos différences. Bien, il fallait le savoir, puis pour le savoir, il fallait poser la question, et on l'a posée. Maintenant on a la réponse, ça nous permet de tourner cette page-là en disant aux Québécois : Bien, on a été à la hauteur de vos attentes et puis maintenant on vous invite à faire le reste du chemin avec nous.

M. Vigneault (Nicolas) : Mais comment vous allez convaincre les Québécois que vous êtes prêts à reprendre le pouvoir alors que, pendant les dernières semaines, les derniers mois, vous avez clamé haut et fort que la convergence, c'était la solution... dans certains comtés précisément, mais la solution pour chasser les libéraux?

M. Lisée : Bien, il n'y en aura pas de facile, il n'y en aura pas de facile, ça, c'est clair. Et donc, comme je vous le disais il y a quelques jours à peine, nous, on pense que le Parti québécois est en position de former un gouvernement majoritaire en octobre 2018 parce qu'on propose ce que les Québécois veulent, c'est-à-dire la fin de l'austérité, on est contre ce pipeline qui traverserait 860 de nos cours d'eau, pour nommer seulement deux éléments qui sont très forts et qui nous distinguent de la CAQ et du PLQ. On s'est dit qu'avec la convergence on augmentait notre capacité de victoire, mais on va travailler pour une majorité. Et ceux d'entre vous... Et je sais que vous suivez tous très bien l'actualité, les élections ici et ailleurs, vous savez que maintenant les élections, ça se joue pendant la campagne électorale.

Le Modérateur : Merci. M. Rémi Nadeau.

M. Nadeau (Rémi) : Est-ce que vous demandez aux deux porte-parole de Québec solidaire de se dissocier publiquement des accusations, qui ont été portées contre vous et votre parti, de racisme durant le congrès?

M. Lisée : Écoutez, ces déclarations-là... D'ailleurs, ça a été noté qu'il n'y avait pas eu de rappel à l'ordre à ce moment-là. Ça leur appartient. La réputation de leur parti appartient à leur parti. Ils ont la liberté d'expression. On a entendu ça, ça a été rapporté. Je pense que tout le monde reconnaît, ou presque tout le monde, que c'est une déclaration complètement injuste, complètement injuste. Maintenant, ça leur appartient. S'ils veulent porter ce genre de message là, ça leur appartient.

M. Nadeau (Rémi) : Est-ce que, d'après vous, Québec solidaire nuit à ses chances à l'extérieur de Montréal en portant ce genre d'accusation là à votre endroit et en tenant ce genre de discours là contre votre position identitaire?

M. Lisée : Je vais vous donner un exemple. On a entendu, en fin de semaine, que pour nous, de s'être prononcés contre la commission d'enquête sur le racisme systémique, c'était inacceptable. Pourquoi on a dit non? Bien, parce qu'il y a eu six commissions d'enquête en 10 ans sur ces questions-là et que nous, on propose des actions immédiates contre le racisme et l'intimidation, des C.V. anonymes, faire en sorte qu'on ne puisse plus réclamer une expérience antérieure de travail au Québec pour avoir une entrevue d'embauche, qu'on propose immédiatement des actions, et on craint que ça tourne au procès des Québécois, et on pense que les Québécois ne méritent pas ça.

Alors, je comprends qu'on peut avoir, entre personnes raisonnables, des divergences sur ces questions-là, mais d'essayer de définir l'autre comme raciste parce qu'il est en désaccord avec la rapidité avec laquelle il faut lutter contre la discrimination, c'est un propos qui est excessif, et ça leur appartient, et ce sera à eux d'assumer ce genre de propos.

Le Modérateur : Merci. M. Boivin, Le Soleil.

M. Boivin (Simon) : Bonjour. J'aurais une question pour M. Bérubé, s'il vous plaît.

M. Lisée : Je ne sais pas si je vais vous laisser poser une question à Pascal.

Des voix : Ha, ha, ha!

M. Boivin (Simon) : Bonjour, M. Bérubé. J'aimerais que vous nous expliquiez aujourd'hui en quoi ce qui vous apparaissait géographiquement et mathématiquement impossible la semaine dernière, c'est-à-dire d'obtenir un gouvernement majoritaire sans une entente avec Québec solidaire, comment c'est devenu possible cette semaine pour vous, dans votre analyse?

M. Bérubé : La page est tournée. Je suis motivé, nous sommes motivés. Nous voulons gagner et on va se gouverner en conséquence. Merci.

M. Boivin (Simon) : Intéressant.

M. Lisée : Ta réponse est appréciée, Pascal.

M. Bérubé : La question vous appartient. La réponse m'appartient.

M. Boivin (Simon) : M. Lisée, donc, en fin de semaine, les tentatives d'alliance électorale avec Québec solidaire ont achoppé. On a aussi vu un deuxième sondage dans lequel votre parti est troisième dans les intentions de vote. Est-ce que vous craignez que ça ait un impact sur le vote de confiance que vous devez subir à l'automne?

M. Lisée : Non, parce que, je veux dire, des sondages, on en a vu, là, tu sais. La CAQ devait remporter combien de comtés? 100?

M. Bérubé : 100.

M. Lisée : 100 comtés.

M. Bérubé : C'était écrit dans Le Soleil.

M. Lisée : Oui. Dans Le Soleil? Dans votre journal. On ne vous demande pas de vous excuser, mais on demande simplement de reconnaître la volatilité de l'électorat.

Et c'est sûr que cette période de convergence a fait en sorte d'envoyer un message qui était potentiellement positif, si la convergence avait eu lieu — et d'ailleurs de fortes proportions de Québécois y étaient favorables — et nous a empêchés d'être aussi audibles que sans cette tentative.

Alors donc, une nouvelle étape est tournée, et on va vers l'avenir. Et moi, je pense que les Québécois vont, petit à petit, voir le clivage entre les propositions d'austérité, là — parce que c'est ça qu'ils proposent — l'austérité de la CAQ et des libéraux, et notre message que, non, la priorité, c'est les enfants, les aînés, les patients, la défense de notre identité, l'entrepreneurship.

Mais, en tout cas, sur ce qui est clivant là-dessus, là, est-ce que vous voulez moins d'État, c'est-à-dire qu'on s'occupe moins de vos enfants puis de vos aînés, ou vous voulez mieux d'État? Et ça, c'est nous. Puis on est contents d'être là parce qu'on pense que c'est la bonne réponse et c'est celle que les Québécois veulent entendre.

Le Modérateur : Merci. M. Bergeron, Radio-Canada.

M. Bergeron (Patrick) : Mesdames messieurs, bonjour. Pas plus tard que la semaine dernière, votre collègue M. LeBel s'est présenté à côté de Mme Massé dans un dossier qui touche l'aide sociale. On avait vu un peu le même combat aussi avec Mme David et M. Turcotte. Est-ce qu'il va être encore possible de voir des députés péquistes à côté des députés solidaires à l'Assemblée nationale dans des combats communs?

M. Lisée : Est-ce qu'ils vont, eux, le vouloir? Mais nous, on a toujours pensé que l'intérêt des Québécois et des personnes qu'on représente lors de ces points de presse est plus important que nos différences partisanes. Et, je vais vous dire, quand j'étais porte-parole des services sociaux, j'étais très déçu de voir que la CAQ ne venait jamais pour les handicapés, puis pour les itinérants, puis pour les gens qui défendaient les groupes de la pauvreté. Ils n'étaient jamais là, la CAQ, ils ne voulaient pas être vus avec nous. Québec solidaire le voulait bien. Alors, non, nous, à chaque fois qu'on peut additionner sur des causes, on va additionner, bien sûr.

M. Bergeron (Patrice) : Donc, on a quelquefois rapporté, donc, les messages qui ont été exprimés autour de ce congrès de Québec solidaire à l'encontre du Parti québécois. Vous avez dit aussi que la CAQ hésitait à se montrer à vos côtés. Quel est le problème d'image du Parti québécois actuellement, en 2017?

M. Lisée : Écoutez, c'est le premier parti au Québec. On a plus de membres que tous les partis réunis. On ramasse 52 % de tout l'argent, à 100 $, 100 $, réuni par tous les partis. On a eu 4 000 nouveaux membres jeunes. On a plus de jeunes sur nos exécutifs et, récemment, avec les congrès régionaux, dans les exécutifs régionaux qu'au cours des dernières années. Il y a une attractivité du Parti québécois, elle est là. Et donc vous nous reposerez la question au lendemain du 1er octobre 2018.

M. Bergeron (Patrice) : Mais d'où vient le problème dans les sondages, par exemple, dans la perception des gens?

Le Modérateur : Oui. Mme Lamontagne ensuite.

M. Lisée : C'est un processus. Vous serez là le mois prochain, et le mois d'après, et le mois d'après, et on fera le bilan final au lendemain de l'élection.

Le Modérateur : Mme Lamontagne, micro de gauche.

Mme Lamontagne (Kathryne) : On a appris dans les derniers jours l'existence d'une entente secrète, une feuille de route qui, bon, pourrait unir les forces, là, dans une volonté de faire du Québec un pays. Qu'en est-il de cette entente secrète là maintenant qu'il n'y aura définitivement plus de convergence entre Québec solidaire et le Parti québécois?

M. Lisée : D'abord, nous, on est pour la transparence, et cette entente-là, on voulait qu'elle soit rendue publique dès qu'elle a été conclue, et c'était notre position, et c'était la position de tous les partis souverainistes, sauf Québec solidaire, et c'était d'ailleurs ce qui était prévu dans le calendrier que ça devait être rendu public. Alors, on a été très déçus du refus de transparence de Québec solidaire à ce moment-là. Maintenant, cette négociation-là, elle a été faite sous le parapluie du OUI, dont Claudette Carbonneau, les Organisations unies pour l'indépendance, et donc on va avoir à discuter dans les jours suivants de ce qui se passe avec ça. Mais nous, Manon et moi, tous, nous espérions que ça soit rendu public le plus tôt possible.

Une voix : Véronique.

M. Lisée : J'ai dit quoi?

Mme Hivon : Manon.

M. Lisée : Pas Manon. Pas Manon. Pouvez-vous tous effacer ça, s'il vous plaît?

M. Bérubé : C'est coupé au montage.

Le Modérateur : Deuxième, Mme Lamontagne, s'il vous plaît.

Mme Lamontagne (Kathryne) : Pardon, une dernière question concernant le racisme, justement. Qu'est-ce qui, selon vous, fait en sorte que les militants de Québec solidaire considèrent que le Parti québécois est un parti raciste?

M. Lisée : Ça leur appartient complètement. Ça leur appartient complètement.

Mme Lamontagne (Kathryne) : Est-ce qu'il n'y a pas un message qui ne passe pas? Est-ce qu'il y a une communication qui...

M. Lisée : Écoutez, l'unanimité ça n'existe pas en politique et ça ne doit pas exister. Il va toujours y avoir des débats, des gens qui sont en désaccord pour de bonnes raisons et pour de mauvaises raisons.

Alors, les gens qui expriment ces propos-là, leurs propos leur appartiennent, n'engagent qu'eux. Et je n'ai pas essayé d'aller dans la tête de chacune de ces personnes pour savoir pourquoi c'est comme ça. Nous, ce qu'on sait, c'est que, si on était au pouvoir, là, en ce moment, là, il y aurait des gestes de recul de la discrimination et du racisme qui seraient immédiatement mis en oeuvre et des gestes de clarification des règles du vivre-ensemble qui seraient immédiatement mis en oeuvre. Alors, que des gens refusent de reconnaître ça, ce n'est pas notre problème, c'est le leur.

Le Modérateur : On est à la dernière question en français. Mme Plante.

Mme Plante (Caroline) : Bonjour, M. Lisée. Est-ce que le dossier convergence est complètement clos? Est-ce que c'est terminé ou est-ce qu'il pourrait y avoir des alliances, disons, avec Option nationale, avec les Verts? Est-ce qu'il va continuer à y avoir du travail en coulisses avec OUI Québec?

M. Lisée : Alors, pour OUI Québec, c'est la convergence indépendantiste. Alors, nous, notre objectif, dans le chemin des victoires, c'est d'abord chasser les libéraux, avoir un bon gouvernement national qui s'occupe de son monde et ensuite, en 2022, demander un mandat de réaliser la souveraineté dans les immédiates années qui suivent. Alors, oui, on va toujours vouloir réunir le plus grand nombre d'indépendantistes dans le respect de nos divergences.

Là, il y a cette entente qui est là. Donc, on va voir ce qui se passe, on va juger pour la suite, mais notre objectif, c'est de rassembler, évidemment.

Mme Plante (Caroline) : Donc, Mme Hivon, qui est responsable de la convergence, est-ce qu'elle va manquer de travail?

Mme Hivon : Je ne sais pas si vous avez vu les dossiers en justice, mais quand même, ça m'occupe un petit peu.

Mme Plante (Caroline) : Mais sur la convergence, vous allez continuer à travailler pour ça?

Mme Hivon : Bien, écoutez, je pense que tout ce qui concerne la convergence en vue de pactes électoraux, on tourne la page, c'est clairement derrière nous. Pour ce qui est de la convergence indépendantiste, qui est, donc, ce travail au sein de la table du OUI Québec, nous, jamais on ne va arrêter de vouloir rassembler autour de l'indépendance, c'est notre raison d'être, c'est pourquoi on est en politique, c'est le coeur du Parti québécois. Alors, bien sûr qu'on va toujours vouloir y travailler, mais en fait les travaux, ils se sont comme terminés parce qu'il y en a eu une entente. Elle a été signée à la table du OUI Québec. Donc, là, la question, c'est de savoir quand Québec solidaire va dédouaner le OUI Québec pour qu'il puisse la rendre publique, parce que c'est eux qui ont refusé qu'elle soit rendue publique avant leur congrès.

Mme Plante (Caroline) : Quelles sont vos prochaines tâches et votre prochain défi?

Mme Hivon : Ah! j'en ai toujours plein. Je pourrai vous conter ça.

Le Modérateur : En anglais, M. Hicks, CBC, micro de gauche.

M. Laforest (Alain) : Qu'est-ce qui se passe à partir d'aujourd'hui concernant la suite des choses avec Québec solidaire pour l'indépendance? La convergence, c'est derrière vous, là. Là, vous êtes tout en nuances de gris. Vous continuez à négocier sur l'indépendance avec Québec solidaire ou c'est terminé?

M. Lisée : Non, la négociation a eu lieu. L'entente existe, elle est signée. Alors, nous nous étions engagés à la soumettre à nos instances respectives. Québec solidaire a eu un certain nombre d'hésitations qui leur appartiennent. Alors, dans les jours qui viennent, avec le OUI Québec, on va voir ce qui se passe avec ça. Nous, on était satisfaits de cette entente-là. On a fait des compromis réciproques pour faire en sorte qu'on soit unis parce que nous, on croit à ça, le rassemblement. Alors, ce qui va se passer avec l'entente dépend de la volonté de chacune des parties d'y adhérer, de la soumettre à leurs instances respectives et de l'adopter ou de la rejeter. C'est le processus dans lequel on est mis.

Pour la convergence électorale, c'est terminé. Le seul choix pour se débarrasser des partis de l'austérité, c'est de voter pour un gouvernement du Parti québécois.

Le Modérateur : Merci. En anglais, M. Hicks, CBC.

M. Hicks (Ryan) : Hello. You said that you want to woo those Québec solidaire voters who are in favor of an electoral alliance, that 87% of their voters. So, how are you going to win their trust when some of them have said that they can't trust the PQ, especially when it comes to their positions on the environment and on identity?

M. Lisée : Well, you have to make a distinction between the delegates, who made the decision this weekend, and the voters, who just follow these things and who were very hopeful to get rid of the Liberals and get rid of austerity, and they thought that this pact would be a way to do that. They are orphans, now. Those who wanted to do this through Québec solidaire, they are orphans. Those who wanted to do that through the Parti québécois, they're with us. So, we're saying : Listen, you were right, you the 87% of voters of Québec solidaire, to want this pact, you were right. You've been rebuffed by the congress of Québec solidaire. So, if you want to be part of the solution, we're the inclusive party, we welcome you.

M. Hicks (Ryan) : OK. Another question I have is : What do you see as your path to victory? Because now you're not only going to be fighting off CAQ, the Liberals, but now you're going to be fighting off Québec solidaire. So, what do you see as your path to victory?

M. Lisée : Clarity. Clarity is our path to victory. We have two parties, the Liberals and the CAQ, that basically promise four more years of austerity by shrinking the State. And we're saying no, with a majority of Quebeckers. 75% of them, just this last weekend, say : No, no, we need more services for children, for families, for the elderly, and we need a real reform in health. And that's where we are. We are with the majority of Quebeckers. And as the months go by, it's going to become clearer and clearer that if you want more of the same, vote Liberal or CAQ; if you want a real change, vote for the PQ.

Le Modérateur : Merci. Mme Johnson.

Mme Johnson (Maya) : Hello, Mr. Lisée. Why so surprised that Québec solidaire rejected this alliance? Did you take it for granted that they would accept your proposal?

M. Lisée : No, we never took anything for granted. We knew it was a hard road, it was a hard road, it was not the easy road, it was a hard road. And we expected a narrower result. And so, the strength of the refusal is a bit surprising since 87% of their electorate was in favour. And as I said in French, I wouldn't want to be in the shoes of a party leader that just turned his back on 87% of his own voters. That's a very uncomfortable place to be. I'd rather be in my shoes and with my team. We really demonstrated that we put the interest of Québec above and beyond the interest of the party and we were willing to do that. And I think we made this demonstration and it's very important because it defines us in the eyes of all Quebeckers. Now they know who we are. We put Québec first.

Mme Johnson (Maya) : You decided not to run a candidate in Gouin in the interests of convergence, and now Québec solidaire has turned its back, as you say, on 87% of the electorate but also on the PQ. So, do you regret now not running a candidate because you're not putting anyone up against their star?

M. Lisée : It was the right thing to do to get to the preferred outcome, which was to add the voices of progressives and sovereigntists in Québec. It was the right choice to make, and so there are no regrets. As for voters in Gouin, we let them vote following their conscience.

Le Modérateur : Merci. Dernière, M. Authier.

M. Authier (Philip) : Good afternoon, Mr. Lisée. There are a few analysts this morning that were describing the PQ as a boat taking on water. Mr. Facal, your former colleague, said the boat is leaking and it… But also on the weekend you were accused of — I know you're going to like this — having Machiavellian instincts with Québec solidaire, they didn't trust you at all. And you read all those things, I'm sure. You just said clarity is the ticket, but are you now beyond the kind of «grand geste», big manoeuvers to get yourself beyond 23% in the polls? Are you beyond that or is there any other strategy that you have up your sleeve?

M. Lisée : We're on a clear path towards the election of 2018 and to propose solutions to Quebeckers. And although we're disappointed that QS turned its back and chose its partisan interest above the interest of progressive Quebeckers, we are confident that when the choice comes between two parties who propose shrinking the State and so less services for the people and a party, the Parti québécois, that embodies the willingness to take care of children, the elderly, patients, families, that the choice will be clear. And now that this is behind us, we are freer to be completely ourselves and to express clearly that that is the path that we propose to Quebeckers.

M. Authier (Philip) : Québec solidaire just issued a statement, a moment ago, saying they are now going to form a big coalition of progressives «pour déloger les libéraux», and they also accused you of trying to use the deal with QS as a stepladder for your own partisan reasons. Can you respond to that? This statement just came out from Manon Massé.

M. Lisée : Well, I remember a similar goal 10 years ago. I think they issued the same communiqué 10 years ago, saying that Québec solidaire would have a very large coalition to beat the Liberals.

Le Modérateur : Merci beaucoup. Bonne fin de journée.

(Fin à 17 h 5)