(Onze heures treize minutes)
Mme Massé : Alors, bonjour, tout
le monde. Bon matin après cette longue nuit d'adoption d'une loi spéciale qui
renvoie les travailleurs, travailleuses de la construction sur les chantiers à
compter de demain. Bien, vous vous en doutez bien qu'on a essayé de dire de
toutes sortes de façons que ça n'avait pas de bon sens qu'une loi de ce
type-là, encore une fois, vienne brouiller les négociations en retirant du
rapport de force du côté des travailleurs, travailleuses, et en en ajoutant du côté
du patronat. Mais là c'est terminé. Je suis très déçue que la ministre n'ait
pas minimalement accepté un amendement que j'ai déposé à l'effet de mettre sur
pied dès maintenant un comité de travail qui permettrait qu'on ne se retrouve
pas encore dans cette situation-là dans quatre ans, puisque tout le monde en convenait
que le mécanisme de négociation mérite et a besoin d'être renouvelé si on ne
veut pas constamment se retrouver dans la situation que nous avons vécue...
bien, depuis longtemps, mais encore hier soir.
Deuxième élément que je voulais vous parler,
c'est bien sûr la belle victoire de Gabriel Nadeau-Dubois hier dans Gouin. Je
pense que ça indique plusieurs choses, mais dont notamment que Québec solidaire
est un parti qui fait du sens. Et notre façon de travailler avec les gens,
notre façon d'être en lien lorsqu'on est élus comme députés, d'être en lien
avec nos commettants, de susciter de la démocratie à travers différentes façons
de faire dans le cas de M. Nadeau-Dubois, ça a été par des assemblées, des
rencontres de discussion et de délibération pour la suite des choses. Bref,
quand Québec solidaire a passé dans un comté et a été député, je pense que ça
marque. Et Gabriel arrivera donc sous peu, par la grande porte, à l'Assemblée
nationale. Nous sommes très fiers de ce résultat qu'on a eu hier soir.
Et je terminerais, parce que plusieurs
d'entre vous en avez été informés, qu'effectivement le Comité de coordination
nationale a reçu une lettre de l'exécutif du Parti québécois, que notre Comité
de coordination nationale, que vous commencez à connaître de plus en plus
d'ailleurs... que notre Comité de coordination nationale va répondre en bonne
et due forme. Il y a des rencontres de prévues. Il va répondre en bonne et due
forme à l'exécutif du Parti québécois.
Ceci étant dit, je veux vous dire
personnellement quelque chose. Moi, j'en suis membre de ce comité de
coordination là. Je suis une voix sur 14, 14 personnes dûment élues en congrès,
qui avons tous et toutes le mandat de coordonner, de diriger Québec solidaire
entre les grandes instances. Et je tiens à vous dire ce matin, personnellement,
ce que je vais dire lors du débat que nous ferons pour voir comment nous allons
répondre à cette lettre-là. D'une part, pour moi, il est évident, Québec
solidaire... En fait, pour moi, Manon Massé, le Parti québécois n'est pas
raciste. C'est clair. Ceci étant dit, le Parti québécois, dans les dernières
années a posé des gestes, a mis au jeu... Notamment, je pense à la charte des
valeurs, hein, cette charte qui a envoyé un message tellement... un message
très difficile pour les gens racisés et particulièrement les gens et les femmes
de confession musulmane.
Vous comprendrez que ce que j'ai entendu
dans notre congrès, lors de la fin de semaine de notre congrès, j'ai entendu
des gens, des femmes et des hommes qui ont subi les effets du racisme qu'a
suscité... les langues qui se sont déliées lorsqu'à travers, notamment, la
charte des valeurs, on a comme autorisé, d'une certaine façon, ce déliement des
langues... d'un petit groupe, hein?
Moi, je ne pense pas que les Québécois sont
racistes, mais, oui, il y a un petit groupe de Québécois et de Québécoises qui
se sont sentis légitimés de tenir des propos extrêmement blessants. Moi, je
travaillais dans un centre de femmes et je peux vous dire, d'accueillir... en
2014, avant d'être élue, 2013, je peux vous dire que d'accueillir des femmes
qui sortent du métro et qui viennent de se faire cracher dessus parce qu'elles
portent le hidjab a été un effet du débat malsain, toxique de la charte des
valeurs. Et donc j'imagine que le Parti québécois reconnaît aussi, est capable
de voir les effets qu'ont eu ces échanges-là dans la société québécoise.
Mais je réitère personnellement ce que je dirai
au CCN, et le CCN répondra au comité exécutif du PQ, c'est : Je
n'ai jamais dit que le PQ était raciste; ce que je pense, par contre, c'est
qu'il y a des responsabilités à assumer lorsqu'on pose des actes.
La Modératrice
: Merci,
Mme Massé. Pour la période des questions, s'il vous plaît, une question, une
sous-question. Mathieu Dion, Radio-Canada.
M. Dion (Mathieu) : Dans la
lettre, on demande à Québec solidaire de se dissocier des propos de ses
membres. Vous, est-ce que vous vous dissociez de ces propos?
Mme Massé : Bien, écoutez, c'est
des prises... Vous l'avez bien dit, hein, c'est des prises de parole
individuelles. La majorité... Et il y en a eu très peu. Ça, on ne le dit pas
beaucoup, hein? Je le sais, plusieurs d'entre vous étiez là. C'est sûr que c'était
frappant, mais la majorité de ces gens-là sont des personnes racisées, sont des
personnes qui ont vécu les effets de ce discours ambiant qui...
discriminatoire, en fait, qui déliait les langues, permettait une certaine
discrimination, et, dans ce sens-là, je ne peux pas en vouloir ou reprocher aux
gens qui ont vécu ces choses-là de sortir et parfois d'avoir des propos très
radicaux par rapport à ça. Je ne leur en veux pas.
Ce n'est pas mes propos, ce n'est pas les
propos de l'organisation Québec solidaire, et j'espère qu'on va passer à une
autre étape, où collectivement on va se poser la question : Comment on va
réparer ces fossés, ces souffrances qu'ont vécues nos confrères et consoeurs québécois
et québécoises?
M. Boivin (Mathieu) : Mais
vous vous dissociez, oui ou non?
Mme Massé : Ce que je dis, c'est
que, un, ce n'est pas à moi de le faire. Cette lettre s'adresse au Comité de
coordination nationale. Moi, Manon Massé, je vous dis que je n'ai jamais dit
ça, et que je ne le dirai pas, et que je vais délibérer avec mon Comité de
coordination nationale. Parce que moi, me dissocier, par exemple, d'une femme
qui a été violée parce qu'elle a des propos agressants face à son agresseur
potentiel, comment vous voulez que je m'en dissocie? C'est elle qui vit ça, pas
moi. C'est elle qui vit la souffrance.
Alors, ce que je redis, c'est que je
ne peux pas leur en vouloir, je peux comprendre, quand tu es blessée, qu'à un
moment donné tu réagis fort. Ceci étant dit, notre CCN, lui, va répondre.
La Modératrice
: Merci.
Marco Bélair-Cirino, Le Devoir.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Pourquoi le CCN, le Comité de coordination nationale, aujourd'hui, n'est pas en
mesure de se dissocier des propos qui ont été tenus lors du congrès de Québec
solidaire? Pourquoi il faut débattre de midi à 14 heures sur cette
question-là qui apparaît toute simple, là, pour les Québécois?
Mme Massé : C'est parce que...
je ne sais pas si vous comprenez, là, le focus est mis là. Alors, est-ce qu'il
y a un souci de gens qui ont vécu la situation? Est-ce qu'il y a ici des propos
haineux? Est-ce qu'il y a ici un appel, hein, dans le cadre des propos haineux,
là, vous savez qu'il faut susciter... comment on dit ça, pas la... Les propos
haineux doivent susciter... Voyons, à matin, mon cerveau, il a dormi juste pas
assez longtemps... doivent susciter la haine, hein? On doit en... Un propos
haineux encourage à la haine.
Une insulte, c'est une autre chose. Une
liberté d'expression, c'est une autre chose. Alors, moi, je pense que ça serait
intéressant qu'on se dise : Est-ce que les gens qui ont pris la parole, parce
qu'eux-mêmes ont été blessés par des discours environnants, par une langue qui
s'est déliée parce qu'on a permis collectivement que cette langue-là se délie,
est-ce que ces gens-là ont pointé le Parti québécois en faisant un appel à la
haine?
Ils vous ont témoigné de ce qu'ils ont
vécu, et ça, à un moment donné, ça serait le fun de le départir.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Vous, Manon Massé, quelle est la part de responsabilité, selon vous, qui
incombe au gouvernement du Parti québécois dans les gestes, vous dites, même
violents, là, qui ont été posés à l'encontre de personne racisées lors du débat
de la charte des valeurs québécoises, de la charte de la laïcité? Parce que ces
gestes-là, selon plusieurs, la responsabilité de ces gestes-là, c'est ceux qui
les ont commis. Ce n'est pas le Parti québécois qui défendait une politique qui
a été défendue dans d'autres États comme la France. Il n'y a personne chez Québec
solidaire qui a dit que les Français étaient racistes parce qu'ils ont développé
une politique de laïcité qui est quand même assez radicale à vos yeux. De même,
le nouveau député de Gouin s'est associé à un candidat à la présidentielle,
M. Mélenchon pour ne pas le nommer, qui défend des idées qui parfois
correspondent à celles du Parti québécois. Quelle et la part de responsabilité
du Parti québécois dans les gestes qui ont été commis à l'égard des personnes
racisées?
Mme Massé : Bien, moi, je
me serais attendue du Parti québécois, depuis sa défaite en 2014, défaite qu'il
peut attribuer à plein de choses... mais lorsqu'on voit, dans un comté comme
le mien, qui a toujours été péquiste depuis 40 ans, et la personne qui m'a
chauffé les fesses comme on dit, là, était une libérale, alors il y a une chose
qui est plutôt claire, c'est que la charte a eu des impacts chez les électeurs.
Ceci étant dit, c'est au Parti québécois à
faire leur introspection. C'est à eux de voir, et j'ai confiance qu'ils le font
et qu'ils vont le faire, mais c'est sûr que des fois je vois, par exemple,
durant une course à la chefferie, ou je vois, dans un refus radical d'une commission
sur le raciste systémique... c'est sûr que j'ai tendance à dire : Oups! il
y a quelque chose là qu'il me semble qui n'a pas été pleinement réfléchi
puisqu'on revient encore en mélangeant les cartes.
Mais je pense que le plus important, c'est
que, lorsqu'on regarde le défi que représente le Québec, et je ne vous dis pas,
donc, le Québec indépendant, c'est un défi dans lequel il va falloir
collectivement reconnaître qu'une partie de nos concitoyens, comme on l'a fait
lors des attentats... Lors des attentats, ici, à Québec, hein, on a reconnu
qu'effectivement nos citoyens, nos concitoyens de confession musulmane avaient
la vie dure, mais moi, je pense qu'il ne faut pas juste le reconnaître, il faut
maintenant réparer, agir, et, là-dessus, on attend le Parti libéral avec
impatience.
La Modératrice
: Alain Laforest,
TVA.
M. Laforest (Alain) :
Êtes-vous une porte-parole du politburo?
Mme Massé : Vous savez,
je trouve ça drôle, politburo. Je vais vous faire rire, je ne savais même pas
qu'est-ce que ça voulait dire. Alors, j'ai appris par après que ça devait être
une insulte parce que ça réfère à un passé soviétique quelconque. Bon. Écoutez,
c'était quoi votre question, M. Laforest? Ça m'a tellement fait rire.
M. Laforest (Alain) :
Bien, M. Lisée l'a répété ce matin, là. Il vous considère comme une
porte-parole du politburo.
Mme Massé : O.K. Je pense
que... je sais que Québec solidaire, depuis ça création, notre façon démocratique
d'opérer est une façon difficilement... qui ne reprend pas les modèles connus
très hiérarchisés de notre société en général, et je pense que M. Lisée
n'a pas compris encore la différence entre le porte-parole et un chef. Alors,
voilà.
M. Laforest (Alain) :
Donc, vous admettez que vous êtes une porte-parole du politburo.
Mme Massé : Non, mais
politburo, là, ce que... moi, quand j'entends ça, là... tu sais, parce que des
chefs de dictature, il y en a aussi, là, comprenez-vous? Alors, politburo, moi,
quand j'entends ça, c'est un manque de respect à la démocratie de Québec
solidaire. Je ne comprends pas encore l'essence — d'ailleurs, ça
pourrait être intéressant qu'il nous l'explique — l'essence de ce que
je sens comme étant une insulte, mais la démocratie, à Québec solidaire, c'est quelque
de précieux; 14 personnes élues dans des mandats spécifiques et dont la
délibération arrive aux décisions que vous connaissez, parce que vous en entendez
parler régulièrement.
La Modératrice
: Simon
Boivin, Le Soleil.
M. Boivin (Simon) : Bonjour,
Mme Massé. Parlant du caractère précieux de la démocratie à Québec solidaire,
est-ce que vous êtes à l'aise avec le fait que des gens, des militants de chez
vous aient lancé une espèce de campagne de désabonnement au Devoir?
Mme Massé : Ah! ça, vous
m'apprenez quelque chose. Des gens de chez nous, des gens du parti, des
militants, des abonnés?
M. Boivin (Simon) : Ce qu'on
comprend, c'est que c'est des militants, des sympathisants de Québec solidaire
qui ont même forcé, aujourd'hui, la rédactrice en chef à faire un article, là,
pour dire qu'eux essayaient de représenter le plus de points de vue possible,
incluant ceux qui pouvaient déplaire aux gens sympathiques à votre cause.
Mme Massé : Oui. Bien, écoutez,
moi, un, comme vous voyez, là, je ne suis absolument pas au courant de ça. Le Devoir
est un des journaux, à travers le Québec, duquel on s'inspire, tous les matins,
en se réveillant. C'est sûr que, dans les derniers jours, on a eu, comme ça
arrive dans d'autres médias, on a eu une couverture assez extraordinaire, je
dirais, dans les derniers jours, comme ça arrive dans d'autres médias écrits et
autres.
Mais, ceci étant dit, je ne pense pas que Québec
solidaire lance un appel à un désabonnement du seul journal indépendant, plus
ou moins, qui nous reste, là. Voilà. C'est ce que je peux vous dire là-dessus,
M. Boivin.
M. Boivin (Simon) : M. Lisée
dit aujourd'hui que M. Nadeau-Dubois a triomphé sans gloire. Qu'est-ce que vous
pensez de cette analyse?
Mme Massé : Bien, moi, je n'ai
pas la même perspective. J'ai vu Gabriel sur le terrain, on a fait une vraie
campagne. D'ailleurs, je rappellerai à M. Lisée que nous avons, à plusieurs
reprises, réitéré que ça serait le fun qu'il y ait un candidat péquiste
puisqu'il n'y avait pas d'enjeu de faire élire un libéral.
Donc, aujourd'hui, de venir dire que c'est
sans gloire, au contraire, je pense que, lorsque vous regardez l'ensemble des citoyens
qui ont été voter, la proportion avec laquelle M. Nadeau-Dubois a gagné cette
élection, je pense que c'est une façon de vouloir minimiser quelque chose qui,
dans mon sens... Tu sais, je veux dire, ce n'est pas Gabriel qui a gagné hier.
Bien sûr, Gabriel, parce qu'il va être ici, puis on a hâte, parce qu'un
troisième député nous manquait depuis déjà le mois de janvier, mais c'est
Québec solidaire, hier, qui a profondément marqué des points.
Le Modérateur
: Patrick
Bellerose, LeJournal de Québec.
M. Bellerose (Patrick) :
Bonjour. Juste une précision. Donc, vous allez recommander à la CCN de ne pas
se dissocier des propos qui ont été tenus sur le plancher du congrès.
Mme Massé : Moi, ce que je
dis, c'est : Les gens qui vivent une situation d'oppression...
M. Bellerose (Patrick) : Ça,
j'ai tout à fait compris, mais vous faites partie de la CCN.
Mme Massé : Absolument.
M. Bellerose (Patrick) : Vous
allez faire une recommandation aux 13 autres membres, ça va être de ne pas
se dissocier?
Mme Massé : Je n'ai pas dit
ça.
M. Bellerose (Patrick) :
Bien, je vous pose la question.
Mme Massé : Ah! O.K., ça ne
paraissait pas. Vous aviez l'air à faire une affirmation, plutôt.
M. Bellerose (Patrick) :
C'est ce qu'on comprenait.
Mme Massé : Alors, je
recommence, parce que, si vous voulez...
M. Bellerose (Patrick) : Non,
je vous demande simplement quelle sera votre recommandation : se dissocier
ou ne pas se dissocier des propos?
Mme Massé : C'est intéressant
comment vous acceptez d'être cadré dans le discours écrit dans cette lettre-là,
qui ne s'adresse pas à moi, mais à mon comité de coordination.
M. Bellerose (Patrick) :
Bien, vous en faites partie. Je vous demande simplement votre recommandation.
Mme Massé : Oui. Moi, ce que
je vais rappeler à mon CCN, c'est que les gens qui vivent la situation
d'oppression, notre job, dans la vie, c'est de les protéger. Et c'est pour ça
que Québec solidaire existe, parce qu'il y a plein de monde qui ne semblent pas
se préoccuper de l'effet de leurs paroles sur, par exemple, les femmes qui
portent le hidjab et qui travaillent en milieu de garderie.
M. Bellerose (Patrick) : Donc,
logiquement, on comprend que vous allez recommander...
Mme Massé : Alors, moi, ce que
je vais rappeler à mon CCN, c'est que, si on a fondé Québec solidaire, c'était pour
faire les choses autrement et de faire les choses autrement veut dire aussi de
protéger les gens qui ont vécu des situations toxiques et qui, aujourd'hui, dans
une liberté d'expression, pas de discours haineux... Québec solidaire ne tolère
pas des discours haineux. Dans la liberté d'expression, les gens sont libres de
pouvoir s'exprimer, surtout quand on est en débat sur des éléments qui ont
blessé des gens.
M. Bellerose (Patrick) :
Donc, j'en reviens à ma question. Logiquement, je comprends que vous allez
recommander de ne pas se dissocier des propos qui ont été tenus.
Mme Massé : Écoutez, je ne
sais pas comment vous le dire. Vous voulez me faire dire quelque chose de
spécifique parce que c'est comment le PQ l'a cadré. Est-ce que, moi, je demande
à M. Lisée de s'excuser d'accuser mes leaders, chez nous, 14 personnes, de politburo?
Je ne lui demande pas ça. Vous ne me demandez pas pourquoi je ne lui demande
pas, parce qu'il faut sortir de ça. Actuellement, là, qui fait mal au Québec? C'est
le Parti libéral. C'est là qu'il faut mettre nos énergies.
Alors, c'est pour ça, je pense que, puis
vous l'écrirez comme vous voulez, je ne vais pas répondre à celle-là. Je ne
vais pas répondre parce que vous cadrez ça dans une façon... Et regardez
comment vont les choses depuis une semaine, là, hein? Alors, allons là où ça
urge. Le Parti libéral sur les propos haineux, parlons-en, là, sur
les propos haineux, sur la laïcité... On n'a plus parlé du projet de loi
n° 62 depuis des semaines.
Si vous voulez qu'on parle des vraies
affaires, ce n'est pas de se dissocier ou non, c'est de dire : Quand
est-ce que ce projet de loi là va être appelé? Quand est-ce qu'au Québec on va
reparler de laïcité? Nous, à Québec solidaire, c'est ça qu'on attend, pas juste
de parler du passé.
M. Bellerose (Patrick) :
J'aimerais vous...
La Modératrice
: Martin
Croteau, LaPresse.
M. Bellerose (Patrick) :
Juste une...
La Modératrice
: Bien,
il y a déjà eu une sous-question.
M. Bellerose (Patrick) : Oui,
mais une deuxième question.
Une voix
: Bien là,
franchement. Vas-y, Patrick.
La Modératrice
: O.K.,
allez-y.
Une voix
: Vas-y,
Patrick, ça ne nous dérange pas
Mme Massé : Chicanez-vous pas,
les gars.
M. Bellerose (Patrick) :
J'aimerais juste vous entendre sur la participation de plusieurs membres de
Québec solidaire, de l'organisation de Québec solidaire, à un événement
marxiste en 2013. Est-ce que c'est correct pour vos membres de participer à un
tel événement?
Mme Massé : Moi, je trouve que
de se nourrir intellectuellement, là, c'est génial. Il y a plein de gens qui
vont dans des congrès de la chambre de commerce que vous ne remettez jamais en
question.
À Québec solidaire, notre passé — bien,
notre passé qui a quand même 11 ans — notre passé est un passé de
rigueur intellectuelle, et moi, je pense que la grille — et là vous
m'avez dit que c'était marxiste, j'ai lu votre article — la grille
marxiste, la grille féministe, la grille au niveau du néolibéralisme, etc.,
sont des grilles d'analyse qui méritent d'être étudiées. La rigueur intellectuelle
nous donne ce devoir-là, et que ce soit là ou dans d'autres types de congrès,
j'espère que les membres de Québec solidaire vont s'y nourrir.
Ceci étant dit, pourquoi se nourrir d'une
analyse de classe tout d'un coup? C'est ça qui est le problème. Je ne comprends
pas ça, moi. C'est comme l'affaire des politburos. Je ne comprends pas pourquoi,
l'analyse de classe, c'est un problème. Moi, je viens de la classe populaire, je
viens de la classe ouvrière. Je suis fière de ça. Je suis rendue où je suis
rendue. Alors, c'est quoi, le problème? Ça fait que je n'en vois pas de
problème, mais je n'y étais pas personnellement. Ce n'était pas votre autre question?
La Modératrice
: Martin
Croteau, LaPresse.
M. Croteau (Martin) :
Bonjour, Mme Massé.
Mme Massé : Bonjour, Martin.
M. Croteau (Martin) : Je
m'excuse, je vous prie de me pardonner si je reste dans le cadre fixé par le
Parti québécois, mais c'est parce que j'ai un peu de misère à vous suivre,
parce que, d'entrée de jeu, vous dites : Le Parti québécois n'est pas
raciste. Ensuite, je comprends que vous comprenez les gens qui ont exprimé
leurs opinions sur le plancher. Et lorsqu'on vous demande : Donc, quel
sera votre recommandation?, là, vous ne voulez pas répondre à la question.
Donc, c'est peut-être un peu pour ça que vous avez plusieurs questions.
Donc, concrètement, là, est-ce que
quelqu'un sur le plancher aurait dû intervenir pour à tout le moins rappeler
ces militants à l'ordre ou dire, au nom de la direction du parti, que ce sont
des propos qui sont peut-être excessifs? À vos yeux, est-ce que quelqu'un
aurait dû intervenir, ces jours-là?
Mme Massé : Écoutez, quand
j'ai été devant vous face à Alice Paquet, plusieurs d'entre vous ont trouvé que
j'exagérais de dire : Je la crois. Je crois profondément qu'il y a des
gens qui ont la peau noire, qu'il y a des gens qui porte le hidjab qui sont et
qui ont été discriminés, et ils et elles associent ça à, disons, l'atmosphère
qu'a laissé planer au Québec la charte des valeurs, discriminatoire pour eux
autres.
Alors, ce que je vous dis, c'est :
Pour moi, que quelqu'un qui vit une situation nomme les choses telles qu'ils
les vivent, je peux comprendre. Je ne suis pas pour dire : Tu as tort. Je
suis qui pour dire : Tu as tort? Je suis qui, moi, qui ne vit pas ça pour
dire : Tu as tort. Ceci étant dit, il n'y a personne qui est venu au micro
pour dire : Il faut mettre à mort le PQ. Aïe! ça, c'est des propos
haineux. C'est une autre chose, ça.
M. Croteau (Martin) : Mais
donc, si je suis votre raisonnement, vous dites : Le Parti québécois n'est
pas raciste, mais, trois petits points...
Mme Massé : Il a une
introspection à faire sur les actions qu'il a posées, les impacts que ça a eu,
et je pense que ce que ça... Tu sais, est-ce qu'il va vers, par exemple, des
femmes qui portent le hidjab, voir qu'est-ce que ça a eu comme impact, leur
choix. Il y a des réparations qu'on a tous et toutes à faire, dont notamment
ceux qui ont leadé ça.
M. Hicks
(Ryan) : Hello. You said that the PQ isn't
racist. Was the charter racist?
Mme Massé : The charter makes exclusions. That was the fail point because make
exclusions say : What's good Quebeckers? What's
not good Quebeckers? And the impact of this charter makes people feel, let's
say Muslims or «personnes racisées», excluded from our society.
M. Hicks (Ryan) : Do you think… we are talking about Jean-François Lisée calling the
CCN a politburo and all of this and people kind of waking up, in the last week
and a half or so, about the way Québec solidaire works, that you have this
committee, and you're a spokesperson and you make decisions together? Do you
regret or is there anything that the party could have done better to better
educate people about the way your party works?
Mme Massé : I think, in the last 11 years… Let's say just the spokesperson… although
now some people continue to say you're chief, but, for 11 years, we explained
that we don't have a chief in Québec solidaire. We have spokespersons, and these spokespersons take their mandates
to the direction committee, the CCN. So, of course, I think it's another rock
that we put on the building to explain how democracy… how, in Québec solidaire, we're doing democracy.
Mme Fletcher (Raquel) : Just a quick question on the special law yesterday. You were out in
the crowd for a litter while. The union say that they are going to contest this
law, that they are going to take it to court. Is Québec
solidaire supporting them in that route?
Mme Massé : Yes, because what we saw yesterday, it's the «gouvernement du Québec» adopt a law who is…
It's not going in the same say of what the Supreme Court said in Saskatchewan,
that's the right to deliberate, to negotiate between workers and the
«patronat».
Mme
Fletcher (Raquel) : The employers.
Mme Massé : Employers. So the workers and the employers, this right, it's protected by the Saskatchewan… not bill, but you know. So,
yes, the workers said that they will contest it, and I think it's a good idea
because what we saw yesterday, it seems that it will not be recognized as
legal.
Mme Fletcher (Raquel) : What do you mean when…. what we saw yesterday?
Mme Massé : In the back-to-work legislation, what we've studied last night, if
I can say, what we saw, it's, let's say, the Minister of the… Work Minister?
Mme Fletcher (Raquel) : Labor Minister.
Mme Massé : The…
Mme Fletcher (Raquel) : The Labor Minister.
Mme Massé :Thank you. So the
Labor Minister decides that, in the law… in the bill,
she proposes that she will be able to identify what the committee, the «comité
d'arbitrage» will have on their plate if we go at that
point. It's very special because, you know, the process of negotiation, it's
right in the Code du travail.
And, in that law, «l'arbitre»…
Mme Fletcher (Raquel) : The arbitrator.
Mme Massé : The arbiter, you know, the one who has to make the «arbitrage»
between the two... The person has the responsibility to
identify what is the issue that he has to give his recommendation. And now,
with the law that we adopted last night, the Minister will say, would be able
to say to the «arbitre» what this person has to choose to be in. So this is
against… I think, this is the against the supreme… The Supreme Court will tell
us that, I think, this is against the law. Merci.
(Fin à 11 h 43)