(Quinze heures trente-quatre minutes)
Mme Ouellet : Donc, à quelques
jours du 50e anniversaire de l'occupation du territoire de la Palestine, il est
plus que temps de corriger une grave injustice envers le peuple palestinien qui
perdure depuis déjà trop longtemps. Suite à une grande manifestation aussi, la
fin de semaine passée, de plus de 10 000 personnes à Tel-Aviv pour deux
États, deux peuples en lien avec la motion adoptée à l'unanimité du 4 décembre
2012, donc tous les partis politiques ici, à l'Assemblée nationale, pour le
droit des Palestiniens à l'autodétermination et à la création d'un État, donc je
lis textuellement la motion. Et, à l'image de maintenant 136 États sur les
193 États membres de l'ONU, je suis très fière de déposer aujourd'hui une
motion pour, justement, la reconnaissance de la Palestine, une motion pour
assurer une coexistence pacifique entre Palestiniens et Israëliens et pour que
le gouvernement reconnaisse officiellement la Palestine en tant qu'État
indépendant, au nom du droit inaliénable à l'autodétermination des peuples.
J'ai constaté avec surprise qu'il reste du
travail de sensibilisation à faire parce que, malgré l'adoption à l'unanimité,
en 2012, il n'a pas été possible d'avoir le consentement du Parti libéral
aujourd'hui, alors que le Parti libéral de Jean Charest, à l'époque, avait
adopté... bien, c'était en intérim, mais avait appuyé la motion.
Donc, qu'il reste... mais je crois que c'est très important de pouvoir faire
avancer ce genre de reconnaissance de l'état palestinien pour assurer une paix
au Moyen-Orient et je pense que c'est de notre responsabilité du Québec, et
tant que le Québec ne sera pas indépendant du Canada, d'appuyer les initiatives
et d'appuyer le travail pour la recherche de solutions pacifiques et pour
assurer la paix, là, du côté du Moyen-Orient.
M. Dugas Bourdon (Pascal) : Pourquoi
c'est pertinent de le faire aujourd'hui alors qu'on l'a fait en 2012?
Mme Ouellet : Bien, ça fait déjà
cinq ans, 2012, le temps passe vite, et là on est à la veille du 50e
anniversaire de l'occupation du territoire palestinien. Il y a aussi plusieurs
nouveaux États à l'ONU qui ont reconnu l'État de la Palestine, dont le
Portugal, dont l'Islande, dont la Suède, et donc il faut... souvent, on dit :
Remettez 100 fois sur le métier, et je pense que, dans ce cas-là, il y a une
injustice très grave qui est vécue par le peuple palestinien depuis déjà trop
longtemps, et c'est à la communauté internationale d'essayer d'agir pour qu'il
y ait une solution pacifique qui soit mise en place.
Journaliste
: Vous avez
déposé la même motion à Ottawa hier. Pourquoi est-ce que... je pense que ça n'a
pas passé à Ottawa, hier.
Mme Ouellet : Bien, en fait,
à Ottawa, c'est un avis de motion et le fonctionnement à Ottawa est un petit
peu différent. C'est du tirage au sort des députés. Ça sera dans à peu près un
an et... un an et quelques mois, là. C'est Mario Beaulieu qui l'a déposée, qui
aura son tour de pige pour que la motion puisse être discutée et votée.
Journaliste
: O.K. Puis
pourquoi est-ce qu'à votre avis ça n'a pas passé aujourd'hui? Pourquoi est-ce qu'il
n'y a pas eu de consentement unanime...
Mme Ouellet : Bien, je ne le
sais pas. Il faudrait que vous le demandiez, là...
Journaliste
: Est-ce
que vous avez une opinion, peut-être une...
Mme Ouellet : Bien,
franchement dire, je n'ai aucune idée. Je suis très surprise. Je suis très
surprise de ça parce que je ne m'attendais pas du tout à ça de la part du Parti
libéral, surtout qu'il avait appuyé... et je suis allée rechercher le libellé
exact de la motion de 2012 et franchement... donc, elle réaffirme le soutien
indéfectible du Québec à une solution négociée qui incarne à la fois la
nécessité pour Israël de vivre en paix à l'intérieur de frontières sûres et
reconnues ainsi que le droit des Palestiniens à l'autodétermination et à la
création d'un État.
Donc, pour moi, ça découle vraiment,
logiquement, là, de la proposition de 2012, mais, je pense, c'est important de
le réaffirmer maintenant, en 2017. Et donc je suis assez surprise. Il faudrait
le demander au Parti libéral. Ils ne nous ont pas fourni d'explication.
M. Croteau (Martin) : Est-ce
qu'on doit voir un lien de cause à effet entre votre motion et le voyage de M.
Couillard en Israël la semaine dernière?
Mme Ouellet : En fait, non, c'est
une coïncidence. Cette motion-là était préparée depuis déjà un certain temps, à
l'initiative, là, du comité de la citoyenneté du Bloc québécois, donc... mais effectivement,
il y a cette coïncidence-là, et on voit que, justement, il y a toutes sortes de
choses qui se passent actuellement, des visites qui se sont réalisées, le 50e
anniversaire, qui n'est pas un heureux anniversaire, et la manifestation. Il
faut quand même le souligner, là, plus de 10 000 personnes en Israël,
donc, qui réclament deux États pour deux peuples. Moi, je pense qu'il faut le
souligner. Ça veut dire qu'il y a des gens, en Israël, à dire que, si on veut
avoir la paix sur ces territoires-là, qu'il faut avoir la reconnaissance des
deux États.
M. Croteau (Martin) : Mais lors
de son voyage, la semaine passée, le premier ministre, il a exprimé ou, enfin,
il a fait sienne la position du Canada, qui est favorable à la création d'un
État palestinien aux côtés d'un État israélien qui vit en sécurité. Donc,
est-ce à dire que vous êtes insatisfaite de la position exprimée par le premier
ministre lors de son voyage?
Mme Ouellet : Bien,
justement, s'il a cette position-là, pourquoi avoir refusé aujourd'hui
d'appuyer la motion? Parce que, vous regarderez la motion, ce sont que des
éléments factuels sur des résolutions de l'ONU, donc, et l'appui de… on
mentionne l'appui de pays, 136 pays, dont la Suède, l'Islande. Et je ne
comprends pas.
Donc, il faudrait, à un moment donné,
passer de la parole aux actes. C'est bien beau d'avoir des beaux discours à
l'international, mais encore faut-il, quand c'est le temps de se positionner, de
pouvoir agir comme gouvernement. Et là je crois qu'il a failli à la tâche dans
ce cas-ci, M. Couillard.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Voyez-vous, dans son refus d'appuyer votre projet de motion, un préjugé
favorable au gouvernement israélien?
Mme Ouellet : Je ne pourrais
pas vous dire. Je ne pourrais pas vous dire, mais ça sera à lui de l'expliquer.
Ça sera à lui d'expliquer la contradiction. Pourquoi, lorsqu'il est en voyage
et dit qu'il est favorable à la création de l'État palestinien, lorsqu'il
revient ici, au Québec, il refuse d'appuyer une motion, donc que ça devienne
une position officielle de l'Assemblée nationale reconnaissant l'État de la
Palestine? Je ne comprends pas.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Sur un autre dossier, brièvement, si vous le permettez, est-ce que le Parti
québécois a raison de casser du sucre, comme il le fait présentement, sur le
dos de Québec solidaire depuis la mise au jour de sa volte-face à la table de
concertation des partis politiques aux Organisations unies pour l'indépendance,
ou est-ce que, vous aussi, comme chef du Bloc québécois, vous vous sentez
trahie par les représentants de Québec solidaire?
Mme Ouellet : Écoutez, je
pense qu'il va falloir que l'ensemble du mouvement souverainiste,
indépendantiste, apprenne à travailler ensemble. C'est avec le rassemblement
qu'on va pouvoir avancer. Et il va falloir que les gens puissent apprendre à
exprimer leurs opinions sans tomber dans des insultes, parce que c'est sûr que
les insultes, ce n'est pas tellement propice au rassemblement. Et moi, j'inviterais…
parce que j'ai entendu les insultes sur le racisme, puis ce sont des insultes
qui sont insensées. Mais j'inviterais les gens, parce que ce sont des personnes,
à ne pas jouer le jeu des fédéralistes qui utilisent beaucoup ce genre de
langage là pour essayer de diviser les indépendantistes.
M. Dugas Bourdon (Pascal) : Est-ce
que vous vous êtes sentie trahie, vous, personnellement, au Bloc québécois parce
qu'on a signé une entente et au final, bien, on…
Mme Ouellet : Ah! là, vous me
parlez de l'entente? Parce qu'il y a deux choses, hein? Il y a l'entente et il
y a comment ça s'est passé, là, à leur conseil… je ne sais pas comment ils l'appellent…
le conseil national.
Donc, bien, écoutez, sur l'entente, je
pense que les OUI Québec, c'est une excellente initiative d'asseoir l'ensemble
des partis indépendantistes ensemble. Il y a eu tout un travail qui a été fait,
des grandes avancées qui ont été faites. Bon, là, on a noté un certain recul.
Je ne sais pas, là... Je connais moins Québec solidaire, leur fonctionnement, je
connais moins leur position, mais il semble y avoir une espèce de flou sur leur
positionnement.
Mais moi, je souhaite qu'on puisse
reprendre les travaux, mais clarifier un petit peu le fonctionnement, parce que
c'est certain que, lorsqu'on est à table et qu'on prend le temps... parce que
ça a pris quand même un certain temps, toutes ces négociations-là. Moi, ça
s'est commencé avant que je sois chef du Bloc québécois et ça s'est poursuivi
par la suite. Bien, on aime ça s'assurer que nos interlocuteurs ont des mandats
de leurs instances pour avancer.
Mais, vous savez, cette entente-là est une
entente de principe qui devait, de toute façon, être soumise à l'ensemble des
instances des différents partis pour être adoptée ou bonifiée en fonction des
différentes instances des partis. Et moi, je continue à être convaincue que
l'indépendance est un objectif qui est au-delà des partis et qu'on aura la
possibilité d'avoir la collaboration et le rassemblement de l'ensemble des
partis indépendantistes pour sa réalisation.
M. Dugas Bourdon (Pascal) : Pour
revenir rapidement au sujet principal, est-ce que vous croyez que les Québécois
sont en faveur de la création d'un État palestinien?
Mme Ouellet : Bien, écoutez,
sûrement plusieurs Québécois. Je n'ai pas vu, là, de sondage dernièrement, mais
je crois que les Québécois... je regarde l'historique, là... toujours appuyé le
maintien de la paix, ont toujours appuyé la justice à travers le monde. Et la création
de l'État palestinien, je crois que ça fait partie d'une façon d'avoir plus de
justice, mais aussi d'avoir une meilleure paix dans le monde, parce qu'actuellement
c'est clair que ça ne fonctionne pas, là. On le voit, ça ne fonctionne pas et
ça donne lieu à des violences qui ne sont pas acceptables, qui sont
insoutenables. Donc, je crois que le peuple québécois a toujours été pour des
solutions pour améliorer la paix dans le monde et pour une meilleure justice à
travers la planète.
Journaliste
: ...alors
que tout le monde, le PQ, QS se chicanent actuellement, est-ce que... Puis là
on a vu que Québec solidaire a appuyé votre motion d'ailleurs aujourd'hui.
Est-ce qu'on peut parler d'un rapprochement entre peut-être le Bloc québécois
et Québec solidaire, là, même si ce n'est pas les mêmes paliers de gouvernement?
Mme Ouellet : Bien, vous savez,
le Bloc québécois, depuis déjà un certain temps — puis moi, je
souhaite poursuivre dans cette direction-là — travaille en collaboration
avec l'ensemble des partis indépendantistes du Québec. D'ailleurs, il y a des
membres de Québec solidaire qui sont membres du Bloc québécois, il y a des
membres d'Option nationale qui sont membres du Bloc québécois, il y a des
membres du Parti québécois qui sont membres du Bloc québécois.
Donc, le Bloc québécois incarne déjà,
d'une certaine façon, ce rassemblement-là, et, pour moi, c'est un élément très important
à poursuivre pour la promotion de l'indépendance et pour la réalisation de
l'indépendance. Merci.
(Fin à 15 h 45)