(Huit heures six minutes)
M. Lisée
: Alors, ceux
qui ont une télévision en ce moment voient constamment des publicités pour dire
comment ça va bien au Québec et comment le budget du gouvernement libéral est
en train de régler les problèmes. Ils l'ont appelé le budget de l'espoir
retrouvé, ce qui sous-entendait que les budgets précédents étaient des budgets
du désespoir.
Eh bien, on se rend compte, dossier après
dossier, que c'est... en fait, ce budget, c'est le budget des espoirs brisés, parce
que ce matin, juste sur la question de l'enfance, qui est un indicateur de
savoir si un gouvernement a les priorités au bon endroit, on a deux
informations qui démontrent comment ce gouvernement, ayant mis les priorités
aux mauvais endroits, ayant rogné dans les budgets, fait partie du problème à
la fois de la maltraitance des enfants au Québec qui augmente et à la fois de
la réduction de l'aide alimentaire aux enfants les plus pauvres.
Alors, d'abord, on apprend, par une étude
qui a été faite, que le nombre d'enfants maltraités, enfin, des signalements augmente
de 30 % et que, donc, on est rendus à 2 500 signalements fondés
d'enfants maltraités au Québec et que c'est une augmentation de 20 %.
Alors, il y a des solutions à ça. Une des
solutions, une partie de la solution, c'est le projet de loi n° 99 qui met
à jour et donne des moyens supplémentaires, notamment à la police, mais à la
DPJ, pour s'occuper de ces problèmes-là. Le gouvernement libéral a décidé que
ce n'était pas important, ça. Les consultations ont été faites, le projet de
loi n'est pas appelé, les pouvoirs nouveaux ne sont pas octroyés, et un des
problèmes de la direction de la protection de la jeunesse, c'est la coupure de
25 millions de dollars qui a été affectée au début du mandat de
gouvernement libéral, une coupure qui n'a jamais été comblée depuis.
Et on n'arrête pas, depuis deux ans,
d'avoir des rapports qui disent que la DPJ est débordée, que les équipes sont
surmenées et que la DPJ n'arrive pas à répondre à la demande. Et la demande,
elle augmente, et une des recommandations du rapport actuel dit : Bien, ça
serait une bonne idée d'investir dans des services de garde jeunesse de
qualité. Ça, ça veut dire des CPE. Or, le gouvernement libéral fait la guerre
aux CPE.
Deuxième sujet ce matin, les écoles
secondaires en région qui perdent une partie de leur budget — partie,
c'est un euphémisme — pour l'aide alimentaire. Dans la commission
scolaire des Samares, dans Lanaudière, une baisse de 96 % du budget,
96 %. Alors, ailleurs, dans les Laurentides, bien une baisse de
100 %; dans l'Outaouais, une baisse de 100 %. C'est la conséquence
d'une coupure de budget en cours en ce moment. Dans le budget de l'espoir
retrouvé, on dit à des enfants : Vous savez, cette année, avec ce nouveau budget,
vous n'aurez pas d'aide alimentaire par rapport à l'an dernier.
Alors, ce matin, c'est la frustration et
la colère de voir qu'un gouvernement qui dépense des millions de dollars pour
faire croire qu'il réinvestit aux bons endroits, en fait, contribue à la
détresse et à la faim de nos enfants. Alexandre.
M. Cloutier : Oui. Alors,
ce matin, ce qu'on note, c'est que le budget de l'aide à l'alimentation dans
les écoles du Québec a été réduit de manière drastique. On parle d'un budget
d'Agir autrement qui a été coupé il y a trois ans à la hauteur de
25 %. Alors, en 2013‑2014, au moment où nous étions au gouvernement, le
budget était de 47 millions, et, pour l'année scolaire 2017‑2018, on
parle d'une réduction à 35 810 000 $, donc une différence,
grosso modo, d'environ d'une coupure de 12 millions. Tout ça, évidemment,
a des conséquences, et les conséquences se font sentir dans plusieurs régions
du Québec et particulièrement dans la région de Lanaudière.
Permettez-moi de vous donner les chiffres,
ce que ça représente pour la commission scolaire des Samares pour l'année
scolaire 2014‑2015. Le budget pour l'aide alimentaire, en 2014‑2015,
190 000 $; pour l'année 2017‑2018, le budget descend à la
hauteur de 7 000 $. Alors, à 190 000 $ à 7 000 $
sur trois ans, bien, c'est un exemple concret de coupures du gouvernement
libéral. Et malheureusement, dois-je le rappeler que lorsqu'on a le ventre
vide, bien évidemment, on est incapables de se concentrer, de mettre l'emphase
là où c'est nécessaire. Et en plus, bien sûr, le gouvernement n'a pas démontré
que les jeunes qui avaient accès à une telle aide alimentaire, soudainement,
n'en avaient plus besoin.
Alors, aujourd'hui, on se lève pour
défendre tous ces jeunes du Québec qui n'ont pas accès à tous les services
requis pour pouvoir se concentrer dans leurs classes.
M.
Turcotte
:
Quand le gouvernement ou la ministre nous dit qu'il n'y a pas de coupures dans
la santé et des services sociaux, mais, pour la protection de la jeunesse, on
l'a vu, 20 millions qui a été coupé, et là on a les conséquences, des
jeunes qui ne sont aidés, des jeunes qui devraient être aidés, des jeunes qui
pourraient être aidés, mais l'argent n'est pas au rendez-vous, les ressources
ne sont pas au rendez-vous. Et comme le chef l'a mentionné, le projet de loi
n° 99, lors de l'étude des crédits, j'ai questionné la ministre, et elle
m'a dit : Ah oui! on a beaucoup d'amendements à faire, on va le modifier,
mais on ne pense pas avoir le temps cette session-ci.
Donc, ce que la ministre dit par ses
propos, c'est que ces jeunes-là ne seront pas aidés maintenant et ça sera remis
à une autre session parlementaire. Je crois que la ministre peut prendre les
devants, se ressaisir et dire : On va accélérer, on va aller de l'avant
pour le projet de loi n° 99 et surtout compenser les 20 millions qui
ont été coupés. Ce n'est pas avec son 12 millions qu'il va régler tous les
problèmes, surtout que les jeunes qui ont été abandonnés dans les trois
premières années du mandat, c'est des jeunes qui ne seront pas aidés malgré tout
un réinvestissement. Donc, ça prend le projet de loi n° 99 et des ressources
au rendez-vous pour aider ces jeunes.
La Modératrice
: Merci.
On va maintenant passer à la période de questions. Micro de gauche, Hugo
Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo) : Oui.
Bonjour, M. Lisée. Sur un autre sujet, qu'est-ce que vous pensez des nouvelles
révélations, ce matin, qui concernent les courriels échangés entre le premier
ministre M. Couillard et Marc-Yvan Côté, particulièrement dans le contexte où
M. Couillard avait indiqué ne pas avoir de souvenir de conversation ou
d'échange avec lui outre que pour un événement de chasse et de pêche, je crois?
M. Lisée
: Je ne sais
pas s'il reste... Je ne sais pas s'il y avait encore des gens au Québec qui
pensaient que M. Couillard avait de la crédibilité sur ces questions éthiques,
mais, ce matin, ils doivent se rendre compte c'est fini. M. Couillard a zéro
crédibilité sur des questions éthiques, et ces courriels démontrent bien que
lorsqu'il y a un organisateur libéral, chassé du Parti libéral du Canada, qui
est impliqué dans de nouvelles accusations graves, le réflexe de M. Couillard,
ce n'est pas de s'en inquiéter et de s'en scandaliser, son réflexe, c'est
d'appeler son ami puis dire : Ah! ça doit aller mal pour toi, est-ce que
je peux te prêter mon chalet? Et je n'ai pas besoin d'en rajouter, là. La liste
de ses déclarations contradictoires sur un sujet précis, ses rapports avec
Marc-Yvan Côté, sont, à sa face même, le récit de quelqu'un ne cherche pas la
vérité, mais qui cherche à cacher la vérité.
M. Lavallée (Hugo) : Mais, en
ce qui concerne plus précisément l'autre élément de ma question, là, le fait
qu'il ait mentionné ne pas avoir eu d'autres échanges et que, là, finalement, ces
courriels-là refont surface, quelles conclusions vous tirez de ça?
M. Lisée
: La
conclusion qu'on a tirée sur Arthur Porter, la conclusion qu'on a tirée sur
Hans Black, la conclusion qu'on a tirée sur William Bartlett : M.
Couillard ne veut pas qu'on sache la vérité sur ses rapports avec des
personnalités qui ne sont pas au-dessus de tout soupçon. Il cache la vérité, il
minimise la vérité. On ne peut pas le croire. Philippe Couillard n'a plus de
crédibilité sur les questions éthiques.
La Modératrice
: Merci.
Micro de droite, Alain Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) : Ce que
le bureau du premier ministre dit, c'est qu'on tente de conjuguer le passé avec
le présent.
M. Lisée
: Bien, le
problème, c'est que le premier ministre a beaucoup de difficultés à ne pas
s'emmêler dans ses versions présentes sur le passé. Si le premier ministre
avait dit toute la vérité dès la première fois, on n'en serait pas là.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
que vous considérez que c'est encore utile de parler de ces problèmes éthiques?
Je regarde votre conférence de presse ce matin, vous commencez sur un autre
sujet, vous attendez les questions. Est-ce que, pour vous, vous considérez que
c'est devenu du bruit pour la population, et c'est pour ça que vous accordez
moins d'importance à ce sujet-là ce matin?
M. Lisée
: Vous savez, il
y a 60 % des Québécois qui veulent se débarrasser des libéraux parce
qu'ils sont incompétents puis parce que l'éthique, ce n'est pas quelque chose
qui... ils sont incompétents et ils ont un déficit éthique considérable. Alors,
qu'il y ait un genre de rappel hebdomadaire aux Québécois jusqu'à l'élection de
2018... N'oubliez pas, là, ils sont incompétents puis ils ont un déficit
éthique, ce n'est pas mauvais, mais c'est juste un rappel parce que l'histoire,
elle est connue.
La Modératrice
: Micro
de gauche, Mathieu Boivin, Cogeco.
M. Boivin (Mathieu) : M.
Lisée, si je me place dans les souliers de M. Couillard, il pourrait très bien
vous dire : Bien, écoutez, je n'endosse absolument pas ce que M. Côté a pu
faire, qu'il encoure la conséquence de ses gestes, mais moi, en amitié, je suis
loyal puis j'offre compassion et même le gîte, s'il le faut, à quelqu'un qui
vit des moments pénibles. Qu'est-ce que vous pensez de ça, monsieur? Est-ce qu'on
ne peut pas plaider honnêtement être tout simplement un ami loyal?
M. Lisée
: S'il l'avait
dit au départ, au lieu de dire qu'il n'y avait eu aucun épisode de ce genre, ce
serait sa défense, et on répondrait : M. Couillard choisit très mal ses
amis : Marc-Yvan Côté, Arthur Porter, Hans Black, William Bartlett. Il a
droit de choisir ses amis, mais on a le droit de penser qu'il choisit des
drôles d'amis.
M. Boivin (Mathieu) : Mais justement,
c'est la question que j'allais vous poser. Quel est le problème, outre que
justement d'avoir choisi quelqu'un qui était dans des eaux troubles? Mais, pour
le reste, il n'y a pas de «smoking gun», comme on dit, là, il n'y a pas de
geste répréhensible direct attribuable à M. le premier ministre.
M. Lisée
: Écoutez,
s'il veut plaider ça, je l'invite à plaider qu'il a le droit de choisir des
amis qui ont des problèmes systématiques avec la justice.
La Modératrice
: Micro
de droite, Marc-André Gagnon, Journal de Québec.
M. Gagnon (Marc-André) :
Bonjour. Vous avez dit que M. Couillard ressemble de plus en plus à quelqu'un
qui cherche à cacher la vérité. J'aimerais vous entendre élaborer.
M. Lisée
: Bien, c'est
les versions successives qu'il donne de ses rapports avec Marc-Yvan Côté. Il a
essayé de nous faire croire que la chose la plus importante pour lui, lorsqu'il
est devenu candidat à la chefferie, c'était de bien indiquer qu'il ne devait y
avoir aucun rapport entre lui et Marc-Yvan Côté. Il aurait été plus crédible en
nous disant : Il est vrai que, cinq mois avant, je l'avais invité à mon
chalet et, cinq mois après, bien, j'ai décidé que je ne voulais plus le voir.
Bon, ça aurait été difficile à plaider, là, mais, au moins, on n'aurait pas,
encore une fois, une autre révélation qui contredit les versions de M.
Couillard. Il n'a plus de crédibilité. On ne sait pas quel autre événement
caché existe et qu'on va découvrir peut-être la semaine prochaine ou la semaine
suivante.
M. Gagnon (Marc-André) :
Notre bureau d'enquête a donné l'opportunité à M. Couillard, à son entourage,
de s'expliquer, comme à chaque fois, comme c'est la façon de le faire. Bon, ils
ont à peu près refusé, sinon que de nous faire des reproches. Est-ce que c'est
une façon pour le gouvernement de se victimiser, selon vous?
M. Lisée
: Bien, écoutez,
quand M. Couillard est rendu à s'être tellement emmêlé dans ses versions qu'il
ne sait plus quoi dire, c'est une indication de son manque de transparence tout
simplement. Alors, je comprends, ils ne savent plus quoi dire. Ils en ont tellement
dit et son contraire, ils ne savent plus quoi dire aux journalistes.
La Modératrice
: On va maintenant
passer aux questions en anglais. Maya Johnson, CTV, micro de
gauche.
Mme Johnson (Maya) : Good morning, Mr. Lisée. What do you make of these latest
revelations showing these apparently very close ties between the Premier and
Marc-Yvan Côté, when he's
denied that nature of the relationship?
M. Lisée
: Well, clearly, Mr. Couillard is not to be believed on any of these
issues. Had he wanted to come clean on every aspect of his relationship with
Mr. Côté, he had ample
occasions to do so. So he put himself in a position where the truth comes out
in dribs and shows that he has no credibility. He put himself in that
situation. And so, I mean, if there was a single person in Québec who still
believed that Mr. Couillard had credibility on these ethical questions, today,
he must conclude that the emperor has no clothes.
Mme Johnson (Maya) : There has been some talk. Of course, you heard that this is a smear
campaign orchestrated by Québecor Média. How do you respond to that?
M. Lisée
: Well, if you don't want to be criticized, don't have Marc-Yvan Côté as a friend and deny it, don't have
William Bartlett as an organizer and deny it, don't have Arthur Porter as a
friend and then say : We're not close with him, don't have Hans Black as a
business partner and then say that you didn't have close ties with him.
If you don't want to be
in trouble, don't hang out with troublesome characters.
Mme Johnson (Maya) : But is there any sort of question surrounding where these leaks are
going to and where these reports are seemingly consistently coming from?
M. Lisée
: Well, we see that, you know, reporters are doing their job. So let
politicians do their job correctly, and everything is going to be fine. But,
clearly, the Premier has not been forthright with the public on his
relationship with Marc-Yvan Côté. That's why he's in trouble.
Mme Johnson (Maya) : …ask one final question related to the directive yesterday from Mr.
Proulx about the inflated grades and his instructions now to make sure that
that comes to an end?
M. Cloutier : You want me to comment on that?
Mme
Johnson (Maya) : Yes. I know you spoke yesterday, but
we're following up on the story today, and I would just like to hear a little
bit more from you on your reaction to that directive.
M. Cloutier : Well, what we're saying is that the Québec Minister
has no idea on the problem itself. The Minister said yesterday that he has made
evaluations. Well, then, the journalists asked : Well, can we see the
evaluation? And the Minister said… Well, he wasn't able to answer.
So basically he has no
idea on all the problems all over in Québec. This is why we're asking for a
commission in the National Assembly, that we can hear all the professors, the teachers,
the commission boards and everyone that has been concerned in that matter. So
this is why we're still asking the Québec Minister to listen before taking
action because, now, it seems like he's taking action but, in the same time,
doesn't know really how big the matter is. And I just want to emphasize that
when you analyze the education system in Québec, how do you want to put a right
analysis if you don't have the right number? It just doesn't make any sense.
So this is why we're
still… why the commission itself should get together in the beginning of next
week, so we'll have the final answer from the Government.
La Modératrice
:
Merci. Raquel Fletcher, Global.
Mme Fletcher (Raquel) : Good morning everyone. I noticed, yesterday and in the last couple
of weeks, Mme Hivon as already been going head to head with Mme Vallée on
Jordan. Are you satisfied with the answers that the Justice Minister has been
giving during question period?
M. Lisée
:
Well, listen, they told us there was a solution to the problem, it was to have
14 new judges from the federal Government. Ottawa said : You don't need
14, you only need six, and we'll settle for four. So basically, even with the
plan of the Couillard's Government, they're short 10 judges. And so we're
saying : Furthermore, go with the notwithstanding clause, plead it so that
we can put a hold of the say two years to go through the backlog of
accusations.
It's the only remaining
tool. It maybe imperfect, it maybe uncertain as to its viability, but it's the
only remaining tool, and, as long as the Couillard's Government doesn't want to
use it, it is responsible for every other accused of murder or anything else
that leaves without a trial because they don't want to use the last available
tool. Merci.
Des voix
:
Merci.
(Fin à 8 h 24)