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Point de presse de M. Jean-François Lisée, chef de l’opposition officielle

Version finale

Thursday, June 1, 2017, 8 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Huit heures trois minutes)

M. Lisée : C'est un moment important qu'on vit aujourd'hui, c'est le retour de la lucidité. Pendant des décennies, le Parti libéral du Québec savait que le Canada était brisé, voulait le réparer, en fait, depuis 1867, depuis la création du Parti libéral, il y a eu cette volonté de faire reconnaître, dans la loi fondamentale du pays, l'existence du Québec, de la nation, de la société distincte, de son identité et la nécessité pour le Québec d'avoir davantage de pouvoirs à l'intérieur de la fédération.

Ces quatre dernières années, cette lucidité avait disparu. Le gouvernement Couillard avait arrêté de dire que c'était un problème. Ce matin, surprise, le problème est revenu. En fait, il n'était jamais parti, mais la réalisation, par le gouvernement du Québec, que l'absence de la signature du Québec à la Constitution canadienne, l'absence de reconnaissance du Québec dans la Constitution canadienne, est un réel problème et ils utilisent des mots assez durs, et je vais citer : Le Québec cherche à obtenir du Canada la reconnaissance formelle de la nation, de son identité, un geste politique qui, peut-on lire dans le document, ferait en sorte, citation, «que les Québécois ne se sentiraient plus exilés au sein de leur propre pays».

Et donc Philippe Couillard reconnaît aujourd'hui que les Québécois se sentent exilés au sein de leur propre pays. On ne l'avait jamais entendu dire ça. On ne l'avait jamais entendu reconnaître que ça avait un impact massif dans la vie québécoise de ne pas être reconnu. Je suppose que l'accumulation des échecs dans sa tentative de dialogue avec le gouvernement fédéral et les autres provinces a dû le conduire à cette réalisation.

Il a échoué à rétablir les transferts fédéraux en santé alors qu'il y avait une coalition avec les autres provinces qui s'est détruite. Il a échoué à avoir la Banque d'infrastructure à Montréal, et, pire, la banque fédérale aura un pouvoir d'expropriation et de rejet des lois québécoises. Il a échoué à convaincre Ottawa d'investir, de prendre un risque dans Bombardier. Il a échoué à convaincre Ottawa qu'on a besoin de 14 juges de la Cour supérieure pour régler le problème de la justice. Alors, ces échecs répétés de M. Couillard, au sein de la fédération, l'ont peut-être conduit à réaliser qu'il y avait un problème de fond, un problème structurel. La non-reconnaissance de la nation dans la Constitution canadienne lui enlève du pouvoir.

Alors, ce matin, en attendant de voir le document et d'entendre les réponses de M. Couillard à vos questions, ce qui pourrait arriver dans la d'un problème de fond qui nuit au Québec, qui suit à son économie, qui nuit à sa gestion des affaires publiques, qui le retarde et qui l'affaiblit. Maintenant, comment il va procéder pour résoudre ce problème? On a hâte de l'entendre sur son calendrier, ses propositions, comment il juge son rapport de force, comment il entrevoit la résolution de ce problème-là, la consultation des Québécois.

Il y a des tas de questions sans réponse. Nous n'essaierons pas d'y répondre ce matin, nous n'avons pas ces réponses, mais simplement l'existence de ce document est un constat, le constat de l'échec canadien à reconnaître la nation québécoise, et, pour une fois, M. Couillard et nous sommes sur le même constat.

Le Modérateur : Merci beaucoup, M. Lisée. On va y aller aux questions. Micro de droite, M. Laforest, TVA.

M. Laforest (Alain) : Bonjour à vous deux. Avez-vous un regret aujourd'hui d'avoir reporté le référendum à 2022?

M. Lisée : Pas du tout.

M. Laforest (Alain) : Ça change la donne, là, qu'on relance les négociations peut-être constitutionnelles ou qu'on veuille se rapprocher du Canada et faire reconnaître la nation québécoise qui a été reconnue par le gouvernement conservateur de Stephen Harper.

M. Lisée : Bon, alors, il faut bien être précis, là. À la demande du Bloc québécois de Gilles Duceppe, le gouvernement Harper a déposé une motion à la Chambre des communes reconnaissant l'existence de la nation québécoise. Nous avons demandé que cette reconnaissance soit dans la Constitution canadienne parce qu'une motion de la Chambre des communes n'a aucun impact, et on l'a bien vu. Et le refus du reste du Canada de reconnaître la nation québécoise dans la Constitution canadienne est stratosphérique. 70 %, 80 % des Canadiens le refusent.

Alors, pour moi, la seule chose qui change aujourd'hui, c'est que les libéraux reviennent à leur lucidité de base que le Canada est brisé.

Le Modérateur : Merci. M. Vigneault, Radio-Canada.

M. Vigneault (Nicolas) : Ce qui fait que vous vous réjouissez aujourd'hui, est-ce que ce n'est pas un peu aussi, sur le plan politique, une stratégie, à savoir que, s'il y a échec et s'il y a tiraillement, vous savez très bien que ça pourrait vous profiter dans un contexte électoral?

M. Lisée : On ne connaît rien du calendrier de M. Couillard. La dernière fois que ça s'est fait, il y a avait un calendrier serré, c'est-à-dire que l'échec de Meech en juin 1990 avait conduit l'Assemblée nationale à décider que ça devait se régler en dedans de deux ans, c'est-à-dire, même, moins de deux ans, octobre 1992. C'était dans la loi 150, soit il y avait un accord constitutionnel, soit il y avait un référendum sur la souveraineté. Ça, c'était au dernier épisode et ça n'a pas fonctionné.

Alors, j'ai hâte de voir comme M. Couillard, cette fois-ci, peut donner de l'espoir. Une fois qu'il fait le constat lucide, et ça, on applaudit son constat lucide, comment peut-il donner un espoir réaliste aux Québécois que ce Canada brisé peut être réparé? On a hâte d'entendre ses réponses.

M. Vigneault (Nicolas) : Maintenant, justement, pourquoi vous pensez que le gouvernement relance ce débat-là à ce moment-ci? Est-ce que vous pensez que ça peut être en raison des difficultés que vit actuellement le gouvernement? Notamment, bon, sur le plan éthique, on sait ce qui se passe depuis quelques mois.

M. Lisée : Je ne veux pas prêter des intentions au gouvernement. Moi, en tant que citoyen québécois, qui n'est pas reconnu comme nation à l'intérieur du Canada, cette lucidité nouvelle, moi, elle me va. Je suis toujours contre nier les problèmes. Là, ils ont arrêté de nier le problème. Ils ont sûrement toutes sortes de calculs derrière ça. Ils ont volé le programme de la CAQ en matière de compressions, ils ont volé des membres de la CAQ pour des ministres.

Maintenant, est-ce qu'ils volent le programme de la CAQ sur la réforme de la fédération? Si c'est leur calcul, ça leur appartient, mais la conséquence, c'est de dire à tous les Québécois et à tous les fédéralistes : Le Canada est brisé, et vous êtes des exilés dans votre propre pays tant que ce n'est pas réparé. Ça, c'est important.

Le Modérateur : Merci. M. Boivin, Cogeco.

M. Boivin (Mathieu) : M. Lisée, êtes-vous content de parler de constitution aujourd'hui?

M. Lisée : Franchement, j'aurais préféré vous parler des compressions permanentes du gouvernement libéral sur la jeunesse et sur l'enfance. Mais puisque c'est le gouvernement qui décide de l'agenda dans des questions très importantes comme cela, il nous donne un rendez-vous constitutionnel, on répond présent.

M. Boivin (Mathieu) : Vous, ça vous intéresse de discuter de la Constitution canadienne?

M. Lisée : Moi, ça m'intéresse que les Québécois soient conscients, et il y a une nouvelle génération de Québécois qui n'ont pas connu les grands débats depuis Meech, et Charlottetown, et le référendum de 1995. Et que cette proposition du gouvernement québécois leur rappelle qu'il y a quelque chose d'inacceptable dans la façon dont le Canada traite le Québec, pour moi, c'est important qu'ils le sachent parce que c'est vrai.

Alors, il y a deux solutions possibles à cet état de fait inacceptable : l'indépendance, c'est notre solution, et une autre tentative de réforme. Bien, il appartient au gouvernement de dire pourquoi cette nouvelle tentative de réforme peut marcher, alors que toutes les précédentes ont échoué.

Le Modérateur : Merci. Mme Porter.

M. Boivin (Mathieu) : Juste une petite affaire. Vous venez tout juste de dire que votre solution à vous, c'était l'indépendance de préférence à une souveraineté-association.

M. Lisée : Bien, l'indépendance ouverte, bien sûr. On aura de bons rapports avec nos voisins canadiens, d'une façon ou d'une autre.

M. Boivin (Mathieu) : L'indépendance ouverte.

M. Lisée : Il n'y a aucun pays indépendant qui n'a pas de rapports avec ses voisins, de l'importation, de l'exportation, des traités, etc.

Le Modérateur : Merci. Mme Porter.

Mme Porter (Isabelle) : Quelle est l'importance historique de ce geste-là, selon vous? À votre connaissance, il faut remonter à combien de temps pour retrouver une espèce de reconnaissance de cette nature-là de la part des libéraux?

M. Lisée : Bien, à Meech, avant... donc, en 1987, le ministre de l'époque, Gil Rémillard, avait préparé le terrain en allant — avec l'appui de Brian Mulroney — dans toutes les provinces pour essayer de faire atterrir ce qui deviendrait Meech. Ensuite, de 1987 à 1992, ça a été les suites d'abord de l'échec de Meech vers Charlottetown et l'échec de Charlottetown.

Et donc, depuis, il y a eu des documents. Benoît Pelletier, sous Jean Charest, avait publié un document mais il n'y avait jamais eu de volonté affirmée, puis encore là, on verra tout le document, mais de volonté affirmée de dire : On veut s'engager dans un processus dont la résultante serait la modification de la constitution.

Mme Porter (Isabelle) : Mais sinon, à quelle réaction vous attendez-vous de la part du gouvernement fédéral et des autres provinces?

M. Lisée : On va les laisser parler.

Le Modérateur : Merci. Dernière, merci. Merci, Isabelle.

Mme Lamontagne (Kathryne) : J'aimerais vous entendre...

Le Modérateur : Mme Lamontagne.

Mme Lamontagne (Kathryne) : Oui, pardon. J'aimerais vous entendre sur un autre sujet. 718 millions de dollars en amendes impayées qui manquent dans les coffres du Québec, le tiers de cette somme qui pourrait ne jamais être retrouvées, on fait quoi avec ça?

M. Lisée : Bien, écoutez, l'austérité permanente, c'est ce que ça donne aussi. C'est contre-productif même dans la collection de revenus. Alors, il peut y avoir des problèmes de gestion, des problèmes de personnel, mais c'est sûr qu'après 12 ans de gouvernement libéral, s'ils ne sont pas capables de collecter les amendes, c'est qu'il y a quelque chose qu'ils font de pas correct.

Mme Lamontagne (Kathryne) : Et ce serait quoi?

M. Lisée : Bien, ce serait d'avoir les bonnes ressources, une bonne organisation du travail pour faire en sorte que, dans ce cas-là, chaque dollar dépensé en ressources rapporte plus qu'un dollar à l'État québécois. Et c'est de la mauvaise gestion, tout simplement.

Le Modérateur : Merci. En anglais, Mme Johnson.

Mme Johnson (Maya) : Good morning. What does the Premier Couillard's desire to reopen constitutional talks indicate to you?

M. Lisée : Well, first, I want to salute a surprising lucidity… does that exist?

Mme Johnson (Maya) : Lucidity? Yes.

M. Lisée : I don't think so. I'm not sure. I want to salute the fact that he recognizes the problem. He's been in denial for the last three years, saying that there was no problem with Québec within Canada. And now, he says the problem is so great that we have to change, and I'm quoting here, «so that Quebeckers do not feel like exiles in their own country». That their words. And so, the recognition that something is really broken in Canada and that lessens the power of Québec, the health of Québec, the ability of Québec to take its own decisions, is welcome.

Now, how he will fix that, I have no idea, and I'm looking forward to hearing his plan to fix that, but, if you want to fix the problem, the first thing to do is to recognize its existence, and today, at last, he recognizes the problem.

Mme Johnson (Maya) : What would like to see in the document?

M. Lisée : We'll hear his answers. We'll hear his answers. I mean, in what we have now, the document, he says that the Meech conditions are a matrix. I think that's the lowest possible bar, but let's hear him first.

Le Modérateur : Merci beaucoup.

(Fin à 8 h 16)

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