(Onze heures trente-huit minutes)
Mme Massé : Alors, bonjour, tout
le monde. On apprend aujourd'hui que le premier ministre du Québec souhaite
rouvrir le débat constitutionnel. D'accord. C'est une bonne idée.
Mais on prévient le premier ministre que,
s'il veut ouvrir ce débat-là, il faut le faire dans toutes ses dimensions, parce
que discuter d'indépendance, du droit à l'autodétermination de la nation québécoise,
il faut qu'on le voie dans son ensemble.
Et, pour Québec solidaire il faut s'assurer
que ces éléments d'autodétermination, d'ouvrir le champ de réflexion et de
discussion sur la question de l'indépendance, bien, doit faire inévitablement
partie de toute discussion constitutionnelle. Parce que, vous savez, quand on
parle de constitution, ce qu'on parle, là, dans les faits, c'est de la
souveraineté du peuple. Ce qu'on parle, dans les faits, c'est des règles fondamentales
qui régissent, qui gouvernent notre société. Et c'est pourquoi on va s'assurer
que M. Couillard ne passe pas à côté de ces éléments fondamentaux là. Je
rappelle donc au premier ministre que tout débat constitutionnel digne de ce
nom devra comporter les points, les dimensions dont je faisais état.
Ça serait bien aussi qu'il reconnaisse lui-même
que, lorsqu'on aborde des questions constitutionnelles, il y a une posture, qui
s'appelle celle d'un Québec indépendant, qui est tout à fait légitime et
valide. Et, bien sûr, nous, à Québec solidaire, c'est plus que ça. On considère
même que c'est une option qui est souhaitable et incontournable. Alors, si M.
Couillard ouvre, mais qu'il ouvre sur l'ensemble et qu'il reconnaisse, d'entrée
de jeu, la légitimité de notre option.
M. Khadir
: Alors,
pour compléter ce que vient de dire notre porte-parole, nous voulons clairement
que ça soit clair pour M. Couillard et son équipe que toute discussion
constitutionnelle, pour nous, doit avoir le peuple comme principal acteur du
débat, et non pas une petite élite, dont la culture politique sclérosée conçoit
l'action, la politique ou ce genre de décision là uniquement par le sommet.
Dans les sociétés modernes — j'ai
donné, ce matin, l'exemple de l'Islande, de l'Équateur — lorsqu'il y
a une décision importante de cette nature à prendre sur le projet politique
d'un pays, sa constitution, ses lois fondamentales, c'est le peuple qui doit
prendre cette décision-là. Donc, le meilleur véhicule pour le faire, c'est une
assemblée constituante pour que la constitution du Québec, bien, soit élaborée
par le peuple du Québec et non une petite élite enfermée trop souvent dans ses
privilèges.
Québec solidaire, donc, va défendre l'idée
qu'il faut redonner le pouvoir à la nation politique du Québec, à la nation québécoise
définie suivant le projet politique que, comme peuple, nous véhiculons, en
vertu, donc, de ce projet de décider de son avenir et de sa constitution via
une assemblée constituante. Dans ce genre de débat fondamental, en plus, c'est
que cela représente l'intérêt de surmonter tous les obstacles que le Québec a
connus au cours de 40 dernières années.
Vous savez, il y a eu au moins trois
consultations. Il y a eu le référendum de 1980, le référendum de 1995, mais
aussi le référendum sur Charlottetown. Et, à chaque fois, le Québec a dit non
parce que, justement... Bon, enfin, on peut dire, en 1995, on a failli réussir
parce qu'il y avait eu une mobilisation. Mais, pour bien comprendre notre
propos, c'est qu'il s'agit aussi d'une vertu stratégique pour que le Québec et,
dans son ensemble, le Québec politique puisse enfin avancer dans ce débat-là,
c'est qu'il faut se donner un levier puis il n'y a pas de levier plus puissant
que lorsque ce projet est appuyé par l'ensemble d'une nation, d'un ensemble
politique à travers une assemblée constituante dûment et légitimement formée.
Mme Massé : Alors, vous savez,
ce que j'ai envie de dire en terminant à Amir, c'est que ce débat-là, il ne
faut pas le laisser au seul premier ministre du Québec, il ne faut pas le
laisser aux seuls premiers ministres des autres provinces, du premier ministre
du Canada. La constitution, le vivre-ensemble, ce qu'on veut, ça nous
appartient collectivement.
Alors, j'espère que les Québécois et
Québécoises vont s'impliquer dans cette réflexion et ce débat-là. Merci.
M. Khadir
: Merci de
votre attention.
(Fin à 11 h 43)